3 juillet 2018
Développements récents
dans la lutte des grutiers
du Québec pour leurs droits
Que devraient faire les grutiers
de la proposition provocatrice
du gouvernement du Québec?
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Rassemblement des grutiers à Montréal le 5 mai 2018
Développements
récents
dans
la
lutte
des
grutiers
du Québec pour leurs
droits
• Que devraient faire les grutiers de la
proposition provocatrice du gouvernement du Québec?
• Le rôle des médias
monopolisés à colporter des calomnies
antiouvrières du gouvernement
• La face hideuse de la « gestion du
risque »
• Les travailleurs s'expriment en appui aux
grutiers du Québec
Rassemblement à
la mine de sel à Goderich
• Barbecue communautaire et rassemblement en
appui aux travailleurs de la mine de sel en grève
Cinq longues
années en lockout
• La
section
locale 1005 du Syndicat des Métallos tient une ligne de
piquetage aux barrières de MANA
Développements récents dans
la lutte des grutiers du Québec pour leurs droits
Que devraient faire les grutiers de la proposition
provocatrice du gouvernement du Québec?
Manifestation des grutiers devant les bureaux de la Commission de la
construction du Québec le 21 juin 2018
Le 26 juin dernier, après avoir
refusé de se présenter au travail pendant une semaine,
les grutiers du Québec ont repris le travail. Les
quelque 1400 grutiers, dont la vaste majorité sont membres
de l'Union des opérateurs grutiers, avaient refusé de
travailler pour dénoncer les changements réglementaires
unilatéraux qui ont été
faits aux qualifications requises pour l'exercice de leur
métier. La Commission de la construction du Québec et le
gouvernement Couillard tentent d'imposer ces changements sans avoir
leur consentement bien que ce soit eux qui font le travail.
Le gouvernement a créé un cadre
d'illégalité, et non un cadre d'un corps politique qui
possède un gouvernement des lois où tous les individus,
les collectifs et les factions peuvent résoudre leurs
différends et en arriver à une solution qui convient
à tous sur une base pacifique qui soutient le principe
démocratique. Autrement dit, le processus
lui-même devrait avoir l'assentiment des parties
concernées. Au lieu de cela, le gouvernement commence par
proposer la réglementation que désirent les entreprises
de construction. Ensuite, les consultations se révèlent
frauduleuses parce qu'elles servent à promouvoir les arguments
diffamatoires et antiouvriers des monopoles de la construction. Par
exemple, l'affirmation est faite que les organisations de
défense des travailleurs sont un « monopole »
qui constitue une mafia. C'est pourtant de notoriété
commune dans la société que le terme s'applique
plutôt aux entreprises de construction et à leur collusion
avec le gouvernement, et non aux travailleurs qui défendent les
normes que la
société a établies en ce qui concerne l'engagement
des travailleurs, la santé et la sécurité,
l'activité des syndicats aux endroits de travail, etc.
Puis, une fois que les travailleurs sont expulsés
de ce qui est appelé le processus démocratique et qu'ils
mènent des actions pour défendre leur santé et
sécurité, ils deviennent «
illégaux ». Mais la répolnse des travailleurs
à la défense de leurs droits a été si
catégorique que le gouvernement se trouve maintenant dans
l'embarras. Le fait est
que l'action des grutiers a été si militante et une
expression si éloquente des intérêts de tous les
travailleurs de la construction, pas seulement des grutiers, et qu'elle
est clairement appuyée par le public, que le gouvernement
doit
maintenant se démener pour trouver quelque chose d'autre. Sa
« nouvelle approche » n'est pas différente de
la première. Elle est une nouvelle provocation que les
travailleurs rejettent. La question se pose alors : que doivent
faire les grutiers de cette nouvelle provocation ?
Les grutiers ont repris le travail à la
requête de leur syndicat. Le syndicat a enjoint les grutiers de
reprendre le travail suite au jugement rendu le 21 juin par un
juge du Tribunal administratif du travail ordonnant leur retour au
travail sous peine de sérieuses pénalités
individuelles et collectives. Les grutiers ont été
accueillis
chaleureusement à leur retour sur les chantiers par les autres
travailleurs de la construction, dont bon nombre ont perdu des
journées de salaire, ayant été renvoyés
à la maison car ils ne peuvent pas faire leur travail en
l'absence des grutiers. Plusieurs travailleurs de la construction ont
déclaré aux médias qu'ils appuient la lutte des
grutiers à la
défense de leur santé et de leur sécurité,
qui est aussi une lutte à la défense de la santé
et de la sécurité de tous les travailleurs et de la
sécurité du public.
Le même jour, suite au retour au travail des
grutiers, la ministre du Travail du gouvernement du Québec a
émis une déclaration qui dit notamment :
« [la ministre responsable du Travail] annonce
que le gouvernement du Québec rencontrera les dirigeants de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec (FTQ) afin de faire le point sur la grève
illégale tenue la semaine dernière. Une première
rencontre aura lieu avant les vacances de la construction afin
d'expliquer la nature
des modifications proposées au Règlement sur la formation
professionnelle de la main-d'oeuvre de l'industrie de la construction.
Un comité indépendant sur l'aspect sécuritaire du
Règlement sera ensuite mis en place afin de pouvoir
répondre aux inquiétudes de certains. ...Le
gouvernement du Québec rencontrera rapidement les dirigeants de
la
FTQ afin de revenir sur les événements de la semaine
dernière et de leur apporter les explications nécessaires
au sujet des modifications apportées au
Règlement. » ( notre souligné - FO)
Il n'y a aucune mention dans la
déclaration de la ministre que le gouvernement va rencontrer le
syndicat des grutiers ou même la FTQ-Construction dont il est une
section locale. La déclaration rejette du revers de la main les
deux revendications immédiates des grutiers. Il faut noter que
la déclaration de la ministre parle de «
modifications proposées » alors qu'elles ont
déjà été imposées. La
première
revendication des grutiers est que la nouvelle réglementation,
qui réduit en quantité et en qualité la formation
des grutiers, soit retirée. La seconde est qu'une table de
discussion soit établie qui comprendrait toutes les parties
prenantes du secteur de la construction pour
examiner calmement la réglementation actuelle et en
établir une nouvelle qui améliore les normes de
sécurité du métier de grutier dans le contexte des
changements que vit l'industrie, plutôt que de les
dégrader comme le fait le gouvernement avec ses changements
à la réglementation.
Ce sont des propositions sensées pour un
processus qui soutient le principe démocratique. Le
gouvernement devrait accepter ces propositions pour que la paix puisse
prévaloir sur les chantiers de construction au Québec.
Cette nouvelle provocation du gouvernement
suggère que les grutiers ne comprennent pas la nouvelle
réglementation et qu'ils doivent être informés et
éduqués sur son contenu. Par cette provocation, le
gouvernement démontre qu'il n'a pas l'intention de retirer la
nouvelle réglementation ou même de la modifier suite
à une « première
rencontre » avec la FTQ pour « expliquer la nature des
modifications proposées » ou après les
délibérations d'un « comité
indépendant » nommé par le gouvernement dont
on ne connaît pas encore la composition.
Les grutiers ont dit dès le début qu'ils
ne sont pas intéressés à entendre des «
explications au sujet des modifications [unilatérales]
apportées au Règlement ». Ils veulent que se
tiennent des discussions sérieuses sur la façon
d'améliorer la réglementation afin que la santé et
la sécurité des travailleurs de la construction et du
public soient
garanties.
Le premier ministre Philippe Couillard et
l'attaché de presse de la ministre en ont rajouté
à la provocation. En visite à Washington, le premier
ministre Couillard a dit à la presse au sujet de la nouvelle
réglementation que « c'est quelque chose qui est là
pour simplifier l'industrie de la construction, dans le bon sens. On ne
voit aucune évidence
qu'il y a quelque impact que ce soit sur la sécurité des
gens. À l'usage, on verra bien si effectivement les enjeux
qu'ils ont décrits se produisent
véritablement. »
En fait, il y a beaucoup de preuves établissant
que les « enjeux qui ont été
décrits » se sont produits. Prétendre
qu'aucune preuve n'existe d'un impact sur la sécurité, et
que le temps va démontrer si des accidents, que le premier
ministre appelle
« enjeux », se produisent, est non seulement
inacceptable mais risible.
La réglementation en place, que les
modifications imposées affaiblissent, existe parce que des
« enjeux » sérieux se sont déjà
produits. Cela fait longtemps que les grutiers attirent l'attention sur
les dangers de blessures et de décès qui existent dans
leur métier et sur la nécessité que la
réglementation la plus stricte encadre la formation et
la sécurité sur les chantiers. Le secteur de la
construction est le
secteur de l'économie au Québec où se produisent
le plus
grand nombre de décès et de blessures et le gouvernement
est responsable de mettre fin à cette situation.
Pour sa part, l'attaché de presse de la ministre
a dit à la presse qu'il n'est « pas question de rouvrir le
règlement » sur la formation réduite des
grutiers.
Pendant ce temps, de sérieuses menaces
pèsent sur les grutiers et leurs dirigeants et leur syndicat
à cause de la criminalisation de leurs justes revendications.
Ils sont sous le coup d'amendes énormes et même de
possibles peines d'emprisonnement pour ne pas être
retournés au travail tout de suite après que le Tribunal
administratif leur eut
ordonné de le faire le 21 juin. Le 22 juin, le
ministère des Transports a envoyé une mise en demeure aux
syndicats concernés les avertissant que le ministère va
leur réclamer tout dommage généré par ce
que le Tribunal administratif du travail a qualifié de
grève illégale.
Les grutiers luttent pour faire valoir la justesse de
leur cause à travers un espace légal d'action où
ils peuvent avoir une voix décisive sur leurs conditions de
travail. Cet espace leur est nié par le gouvernement à la
requête du diktat des intérêts privés qui
s'opère par les pouvoirs de police de l'État. Ces
pouvoirs de police prétendent être une
autorité publique au service de l'intérêt public
mais ce n'est clairement pas le cas. L'intérêt public ne
peut pas être servi si on nie les droits des travailleurs et si
les principes démocratiques sont foulés aux pieds.
En dépit des preuves et de l'expérience
vécue des travailleurs, le gouvernement et ses agences
déclarent que les travailleurs ne défendent aucune cause,
qu'ils agissent en criminels et qu'ils doivent se conformer à la
voie pacifique démocratique en capitulant au diktat de
l'État. Tout cela est fait pour balayer sous le tapis les
problèmes que
soulèvent les travailleurs, qui affectent directement leur
bien-être et les normes de la société. Cela ne doit
pas passer !
Une intervention positive à cet égard est
celle qu'a faite le Syndicat de l'enseignement des Seigneuries qui
représente les enseignants qui fournissent la formation
professionnelle aux grutiers. Le 29 juin, le syndicat a
dénoncé les gestes irresponsables du gouvernement et de
la CCQ. Il exige que des discussions sérieuses se tiennent sur
la
recherche de solutions viables et que ces discussions comprennent les
grutiers et les enseignants. Le syndicat s'engage à
défendre, aux côtés des grutiers et de leur
syndicat, le Diplôme d'études professionnelles qui a
donné des résultats positifs pour la réduction du
nombre de décès et de blessures là où des
grues sont utilisées.
Forum ouvrier appelle les travailleurs à
contacter leur député à l'Assemblée
nationale, à
écrire des lettres et à prendre la parole pour appuyer la
prise de position des grutiers et demander que le gouvernement et la
CCQ reculent et mettent fin à la criminalisation des
travailleurs qui se battent pour leurs droits et en arrivent à
une
entente acceptable sur la base d'un processus qui soutient le principe
démocratique.
Le rôle des médias monopolisés
à colporter
des calomnies antiouvrières du gouvernement
Le rôle des médias de masse monopolistes
dans le contexte de la lutte des grutiers pour leurs droits a
été d'accuser sans cesse les grutiers de causer des
millions de dollars de pertes à ceux qui possèdent et
contrôlent les projets de construction en raison de leur
arrêt de travail. Cette pression des médias pour
blâmer et attaquer les travailleurs
et leurs syndicats pour avoir défendu leurs droits et leur
dignité et causer des retards ne doit pas passer.
Les grutiers font face
à une pression
énorme de la part des pouvoirs de police et des médias de
masse afin qu'ils « acceptent » les nouvelles
réglementations sans plus de résistance. On leur dit
d'accepter les frauduleuses explications et le « comité
indépendant » du gouvernement Couillard et de cesser
toute résistance ou sinon faire
face à une répression encore plus grande de la part de
l'État. Comment cela va-t-il aider à résoudre soit
les dangers posés à la santé et à la
sécurité, soit le problème du gouvernement qui
pense pouvoir fouler aux pieds les principes démocratiques et
se tirer d'affaire ? On souhaiterait que tous les syndicats feront
des déclarations contre ce
modus operandi. Quant aux partis politiques de l'Assemblée
nationale du Québec, sans exception, ils ont tombé
tête première dans l'absurdité que les
revendications des travailleurs causent des problèmes sur les
chantiers de construction. Ce n'est pas acceptable.
Cette pression des médias et le consensus
à l'Assemblée nationale de blâmer et attaquer les
travailleurs et leurs syndicats pour défendre leurs droits et
leur dignité et provoquer des retards sur des projets importants
et des dommages à l'économie ne doivent pas passer.
Beaucoup ont dénoncé le rôle joué par les
médias en soulignant l'ironie d'un
gouvernement qui se dit préoccupé par les
dépassements de coûts des projets de construction. De tels
retards et dépassements de coûts sont courants dans une
industrie connue pour la collusion et même la corruption entre le
gouvernement et les monopoles de la construction, ce qui entraîne
d'énormes profits pour les intérêts privés
qui la contrôlent.
La face hideuse de la « gestion du
risque »
En visite à Washington, le premier ministre
Couillard a dit à la presse au sujet de la nouvelle
réglementation que « c'est quelque chose qui est là
pour simplifier l'industrie de la construction, dans le bon sens. Il
n'y a aucune preuve qu'il y a quelque impact que ce soit sur la
sécurité des gens. À l'usage, on verra bien si
effectivement les
enjeux qu'ils ont décrits se produisent
véritablement. » On voit ici le visage hideux de la
« gestion du risque » qui est un des mantras de
l'offensive antisociale des riches. Ils introduisent l'anarchie de pair
avec la violence. Ils mettent la vie de tous en péril avec leur
frénésie néolibérale destructive pour
s'emparer de ce qui appartient aux travailleurs de droit et disent que
les « risques » sont acceptables. Une logique criminelle
s'il en est une.
Seuls les riches avec leurs intérêts
antisociaux parlent de cette façon, comme si les
êtres humains sont des pièces dans un jeu de la roulette
sur les
marchés boursiers dont l'existence est soumise aux risques pris
par une poignée de pararsites pour s'enrichir. En ce XXIe
siècle, ce qui est
nécessaire avant toute chose c'est la participation active et
consciente de ceux qui font le
travail à établir des conditions de travail
adéquates.
La tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic,
dont le pays commémore cette année le 5e
anniversaire, a été le résultat direct de cette
gestion du risque au nom du profit et de la productivité. Les
problèmes que les travailleurs ne cessent de soulever sont
balayés sous le tapis jusqu'à ce qu'un désastre se
produise. C'est ce que demande le
premier ministre Couillard mais cela n'est pas acceptable. La classe
ouvrière doit intervenir d'une seule voix pour forcer le
gouvernement et la CCQ à renverser cette position intenable dans
laquelle ils ont placé les grutiers avec ce diktat et ces
pouvoirs de police.
Les travailleurs s'expriment en appui
aux grutiers du Québec
Forum ouvrier a reçu plusieurs
commentaires de travailleurs en appui à la lutte des
opérateurs de grue à la défense de leurs droits.
Ces droits comprennent le droit fondamental à des conditions de
travail saines et sécuritaires et à un travail qui se
fait dans les conditions les plus strictes en ce qui a trait à
la sécurité du public.
Un mécanicien du secteur du camionnage nous
dit :
« C'est clair selon moi que le gouvernement
utilise le prétexte de la pénurie de main d'oeuvre pour
diminuer les heures en formation des grutiers. C'est trop facile.
À ce
compte-là, on pourrait utiliser ce prétexte pour faire la
même chose partout, dans tous les secteurs. Qu'est-ce qui
pourrait les en empêcher ? Si jamais il y a pénurie
de
main-d'oeuvre, alors il faut en traiter , mais ça n'est pas la
façon. Comment des mesures comme la baisse des standards de
sécurité peuvent-elles être une manière
acceptable d'augmenter le nombre des grutiers ? Selon cette
logique, il y aurait deux poids, deux mesures, deux catégories
de grutiers, deux niveaux de formation, selon la
disponibilité de la main d'oeuvre ! Ça ne marche pas
comme cela. Il faut travailler selon les standards les plus
élevés en tout temps et en toutes circonstances, pas
seulement quand ça fait l'affaire des employeurs !
Une travailleuse de l'agro-alimentaire a dit à un de nos
journalistes :
« Moi je trouve inquiétant le silence de la
Commission des normes, de l'équité, de la santé et
de la sécurité du travail (CNESST). Comment une
institution gouvernementale dont le but est d'assurer la
sécurité en milieu de travail peut-elle ne pas prendre
position dans ce dossier ? Est-ce la mainmise du gouvernement
libéral qui est en
cause ? Si oui, ces institutions gouvernementales n'ont plus
aucune indépendance par rapport au pouvoir exécutif et le
parti politique au pouvoir, et ça c'est vraiment
inquiétant. Quel organisme public va prendre notre
défense dorénavant ? Le gouvernement veut donner
tout le pouvoir aux compagnies privées de tout
réglementer et les
pouvoirs publics refusent de jouer leur rôle. C'est
sérieux
comme problème. »
Le commentaire suivant a été recueilli auprès d'un
travailleur du Canadien Pacifique :
« Ça n'a vraiment pas d'allure ce
qui se passe. Il faut trouver un moyen pour les arrêter. Chez
nous, au Canadien Pacifique, dans l'industrie du rail, les normes de
santé et sécurité et la formation se
dégradent très vite. J'en suis l'exemple parfait.
Voilà à peine quelque mois, j'étais un commis
responsable de répondre aux camionneurs
intermodaux qui venaient porter leurs conteneurs à notre
terminal. J'étais assis derrière un ordinateur.
Maintenant, la direction du CP utilise une nouvelle technologie qui
permet aux camionneurs de faire le travail eux-mêmes. On m'a donc
muté dans la cour pour conduire les énormes grues
hydrauliques qui empilent les conteneurs et qui chargent
les trains. J'ai reçu une formation tout ce qu'il y a de minimal
et cette formation s'est faite dans des circonstances de
restructuration de la compagnie et d'un accroissement du volume au
terminal à cause du boom économique. Mon niveau de stress
est encore très élevé malgré toute l'aide
que m'apportent mes collègues plus expérimentés
que moi.
Je ne vous dis pas le nombre d'erreurs que j'ai faites ou de situations
périlleuses qui auraient pu mettre la vie des camionneurs en
jeu. Je connais des personnes qui se sont fait muter de leur position
pour devenir ingénieurs de locomotives, imagine. Les grosses
compagnies comme CP sont devenues tellement puissantes que non
seulement elles se
permettent de nous traiter de la sorte, mais elles dictent aux
gouvernements quoi faire. Il faut vraiment trouver un moyen de les
arrêter. »
Et ce commentaire de la part d'un camionneur :
« Nous les
camionneurs avons une longue expérience de la formation en
entreprise. Elle se résume en deux mots :
'Débrouille-toi !' Je suis sérieux. Dans le domaine
du transport, depuis plusieurs décennies, on se fait dire
d'apprendre sur le tas. Si un accident se produit, on se fait
blâmer d'avoir fait une mauvaise manoeuvre et de
ne pas avoir respecté les procédures. La plupart des
compagnies estiment que si nous avons une classe 1, c'est à
dire la classe de conducteur permettant de conduire tous les
véhicules lourds, nous sommes supposés tout
connaître. C'est loin d'être le cas. La multitude de
conditions et d'entreprises de transport, sans parler du type de
transport,
fait que la situation de tous et chacun diffère totalement. Il
n'existe pas de normes minimales obligatoires pour les camionneurs.
C'est à dire que les cours offerts dans des écoles
privées subventionnées, qui donnent une formation
complète de 5 mois, ne sont pas obligatoires. Moi j'ai
suivi un petit cours de 12 heures dans une école non
subventionnée et mes débuts dans le métier ont
été très ardus. Lorsque l'on se retrouve en
entreprise et que l'on demande un minimum de formation, on vous fait
lire une procédure que l'on doit signer et on est censé
avoir été formé. On nous rend responsables de
notre sécurité parce que nous avons lu et signé un
bout de papier. Ce n'est pas ce
que j'appelle de la formation. J'appuie entièrement les
grutiers. Il ne faut pas reculer d'un pouce sur notre santé et
sécurité. Nous autres les travailleurs nous voulons
défendre les normes les plus élevées, nous prenons
en main la responsabilité comme le font les grutiers de
manière courageuse. On doit résister d'une manière
ou d'une autre aux
tentatives du gouvernement ou des entreprises de prendre des
décisions qui nous affectent et qui nous mettent en
danger. »
Rassemblement à la mine de sel
à Goderich
Barbecue communautaire et rassemblement en appui aux
travailleurs de la mine de sel en grève
Un barbecue et un rassemblement communautaires ont eu
lieu le 28 juin en appui aux 350 travailleurs en grève
de la mine de sel Compass à Goderich, en Ontario. Le
rassemblement s'est tenu à Harbour Park qui surplombe le lac
Huron. C'est à partir de cet endroit que les immenses laquiers
partent pour livrer le sel extrait des
mines aux quatre coins de la région des Grands Lacs. Les
travailleurs, qui sont membres de la section locale 16-0 d'Unifor,
sont en grève depuis le 27 avril contre les concessions
réclamées par la compagnie dont des heures
supplémentaires imposées, que les travailleurs ont
refusé d'accepter. Des représentants de la
municipalité et des
membres de la communauté sont venus faire part de leur appui aux
travailleurs en grève. Un grand nombre de membres d'Unifor et de
retraités provenant de toutes les régions de la province
ont fait le trajet en autobus jusqu'à Goderich pour exprimer
leur solidarité.
Compass Minerals, une vaste société
supranationale dont le siège social est au Kansas, un
État de « droit au travail », a fait
l'acquisition de la mine en 1990 qui est la plus grande mine de
sel au monde. Elle peut produire 25 000 livres de sel de
voirie qu'on garde en réserve en prévision de la demande
hivernale.
Les représentants syndicaux au rassemblement ont
indiqué que Compass Minerals avait déclaré
récemment un dividende de 90 millions de dollars et que son
PDG touche près de 3,5 millions par année. La
section locale Unifor 16-0 souligne que la société
américaine tente de rendre le temps supplémentaire
obligatoire au
point d'imposer une semaine de travail de 70 heures et essaie
d'imposer d'autres concessions dont certaines enfreignent la Loi
sur les normes du travail . En plus de s'opposer aux concessions,
les travailleurs revendiquent la désignation d'un
représentant à la sécurité au travail
à temps plein en raison du niveau inacceptable d'accidents
à la mine et même d'un décès.
Dans leurs discours, les orateurs ont
dénoncé Compass et son recours à des mercenaires
briseurs de grève qu'ils font venir d'aussi loin que le
Nouveau-Brunswick pour assurer la production à la mine pendant
la grève qui est légale. Unifor a annoncé la tenue
d'une conférence du président au Centre de formation
d'Unifor dans la ville voisine
de Port-Elgin où il y aura des discussions sur quels moyens
prendre face à l'activité antiouvrière de la
compagnie et pour planifier des actions pour intervenir dans la
grève sur une base provinciale. Le syndicat compte mobiliser ses
équipes volantes pour mettre fin à la prolongation de la
grève due aux mercenaires briseurs de grève.
Pour de plus amples informations, lire l'article du Forum
ouvrier du 22 mai, «
Les travailleurs de Compass Mineral à Goderich, en Ontario, en
grève contre des concessions antiouvrières »
Cinq longues années en lockout
La section locale 1005 du Syndicat des Métallos
tient une ligne de piquetage aux barrières de MANA
Le 29 juin à 5 heures du matin, des
membres de la section
locale 1005 du Syndicat des Métallos et leurs supporters
ont amené
leurs bannières et leurs drapeaux aux barrières de MANA
pour marquer le
cinquième anniversaire du lockout organisé per
l'entreprise allemande
Max Aicher North America (MANA) en
juin 2013.
U.S. Steel a vendu son usine de barres et de blooms
en 2010. Les
gouvernements provincial et municipal et les médias ont
vanté cette
vente comme un véritable cadeau à l'industrie de l'acier
et à
l'économie locales. MANA a cependant arrêté la
production en
septembre 2011 et en décembre 2012, il avait mis
à pied tous les
travailleurs. La compagnie a ensuite demandé des concessions
inacceptables pendant les négociations pour une nouvelle
convention
collective, dont une coupure de salaire de 30 %, aucun
ajustement au
coût de la vie et le remplacement du régime de retraite
à prestations
déterminées par un régime de retraite à
cotisations déterminées.
Les travailleurs ont rejeté cette offre à 73 %
et une offre subséquente
à 86 %. MANA les a alors mis en lockout en
juin 2013. En janvier 2015,
il a commencé à faire fonctionner l'usine avec des scabs.
Les tribunaux
ont émis une injonction pour limiter la période de temps
pendant
laquelle les travailleurs
bloquaient l'entrée aux scabs mais tout le préjugé
antiouvrier du
gouvernement, des tribunaux, des médias et même
d'institutions
d'enseignement comme le collège Mohawk qui a fourni la
main-d'oeuvre
scab est toujours présent.
MANA a acheté l'usine. Il savait ce qu'il
achetait. Malgré cela, on
lui a permis de priver les travailleurs de leur moyen de subsistance et
ce sont les travailleurs qui sont blâmés ! Ils se
font dire que s'ils
veulent travailler, ils n'ont qu'à accepter ces conditions
d'esclaves.
Ils se font dire aussi que tout cela est bon pour l'économie
parce
que les propriétaires peuvent faire de plus grands profits.
C'est
révoltant. Il est temps de mettre à la poubelle
l'argument selon lequel
l'Ontario est ouvert aux affaires et la dignité des travailleurs
de
l'Ontario peut être attaquée en toute impunité.
Forum ouvrier salue les courageux
travailleurs de MANA et considère comme très brave la
position qu’ils ont prise. Depuis cinq ans, ils ont
persisté sans répit à lutter pour la justesse de
leur cause d’une manière qui défend la dignité du
travail contre toute adversité. Ils ont défié la
tentative des élites dirigeantes de fouler au pied leurs droits
et d’imposer leurs positions antiouvrières en toute
impunité. Les travailleurs de MANA font honneur à la
classe ouvrière de l’Ontario et du Canada.
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Email: forumouvrier@cpcml.ca
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