Forum ouvrier

3 juillet 2018

Développements récents dans la lutte des grutiers
du Québec pour leurs droits

Que devraient faire les grutiers
de la proposition provocatrice
du gouvernement du Québec?

PDF


Rassemblement des grutiers à Montréal le 5 mai 2018

Développements récents dans la lutte des grutiers du Québec pour leurs droits
Que devraient faire les grutiers de la proposition provocatrice du gouvernement du Québec?
Le rôle des médias monopolisés à colporter des calomnies antiouvrières du gouvernement
La face hideuse de la « gestion du risque »
Les travailleurs s'expriment en appui aux grutiers du Québec

Rassemblement à la mine de sel à Goderich
Barbecue communautaire et rassemblement en appui aux travailleurs de la mine de sel en grève

Cinq longues années en lockout
La section locale 1005 du Syndicat des Métallos tient une ligne de piquetage aux barrières de MANA


Développements récents dans la lutte des grutiers du Québec pour leurs droits

Que devraient faire les grutiers de la proposition provocatrice du gouvernement du Québec?


Manifestation des grutiers devant les bureaux de la Commission de la construction du Québec le 21 juin 2018

Le 26 juin dernier, après avoir refusé de se présenter au travail pendant une semaine, les grutiers du Québec ont repris le travail. Les quelque 1400 grutiers, dont la vaste majorité sont membres de l'Union des opérateurs grutiers, avaient refusé de travailler pour dénoncer les changements réglementaires unilatéraux qui ont été faits aux qualifications requises pour l'exercice de leur métier. La Commission de la construction du Québec et le gouvernement Couillard tentent d'imposer ces changements sans avoir leur consentement bien que ce soit eux qui font le travail.

Le gouvernement a créé un cadre d'illégalité, et non un cadre d'un corps politique qui possède un gouvernement des lois où tous les individus, les collectifs et les factions peuvent résoudre leurs différends et en arriver à une solution qui convient à tous sur une base pacifique qui soutient le principe démocratique. Autrement dit, le processus lui-même devrait avoir l'assentiment des parties concernées. Au lieu de cela, le gouvernement commence par proposer la réglementation que désirent les entreprises de construction. Ensuite, les consultations se révèlent frauduleuses parce qu'elles servent à promouvoir les arguments diffamatoires et antiouvriers des monopoles de la construction. Par exemple, l'affirmation est faite que les organisations de défense des travailleurs sont un « monopole » qui constitue une mafia. C'est pourtant de notoriété commune dans la société que le terme s'applique plutôt aux entreprises de construction et à leur collusion avec le gouvernement, et non aux travailleurs qui défendent les normes que la société a établies en ce qui concerne l'engagement des travailleurs, la santé et la sécurité, l'activité des syndicats aux endroits de travail, etc.

Puis, une fois que les travailleurs sont expulsés de ce qui est appelé le processus démocratique et qu'ils mènent des actions pour défendre leur santé et sécurité, ils deviennent « illégaux ». Mais la répolnse des travailleurs à la défense de leurs droits a été si catégorique que le gouvernement se trouve maintenant dans l'embarras. Le fait est que l'action des grutiers a été si militante et une expression si éloquente des intérêts de tous les travailleurs de la construction, pas seulement des grutiers, et qu'elle est clairement appuyée par le public, que le gouvernement doit maintenant se démener pour trouver quelque chose d'autre. Sa « nouvelle approche » n'est pas différente de la première. Elle est une nouvelle provocation que les travailleurs rejettent. La question se pose alors : que doivent faire les grutiers de cette nouvelle provocation ?

Les grutiers ont repris le travail à la requête de leur syndicat. Le syndicat a enjoint les grutiers de reprendre le travail suite au jugement rendu le 21 juin par un juge du Tribunal administratif du travail ordonnant leur retour au travail sous peine de sérieuses pénalités individuelles et collectives. Les grutiers ont été accueillis chaleureusement à leur retour sur les chantiers par les autres travailleurs de la construction, dont bon nombre ont perdu des journées de salaire, ayant été renvoyés à la maison car ils ne peuvent pas faire leur travail en l'absence des grutiers. Plusieurs travailleurs de la construction ont déclaré aux médias qu'ils appuient la lutte des grutiers à la défense de leur santé et de leur sécurité, qui est aussi une lutte à la défense de la santé et de la sécurité de tous les travailleurs et de la sécurité du public.

Le même jour, suite au retour au travail des grutiers, la ministre du Travail du gouvernement du Québec a émis une déclaration qui dit notamment :

« [la ministre responsable du Travail] annonce que le gouvernement du Québec rencontrera les dirigeants de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) afin de faire le point sur la grève illégale tenue la semaine dernière. Une première rencontre aura lieu avant les vacances de la construction afin d'expliquer la nature des modifications proposées au Règlement sur la formation professionnelle de la main-d'oeuvre de l'industrie de la construction. Un comité indépendant sur l'aspect sécuritaire du Règlement sera ensuite mis en place afin de pouvoir répondre aux inquiétudes de certains. ...Le gouvernement du Québec rencontrera rapidement les dirigeants de la FTQ afin de revenir sur les événements de la semaine dernière et de leur apporter les explications nécessaires au sujet des modifications apportées au Règlement. » ( notre souligné - FO)

Il n'y a aucune mention dans la déclaration de la ministre que le gouvernement va rencontrer le syndicat des grutiers ou même la FTQ-Construction dont il est une section locale. La déclaration rejette du revers de la main les deux revendications immédiates des grutiers. Il faut noter que la déclaration de la ministre parle de « modifications proposées » alors qu'elles ont déjà été imposées. La première revendication des grutiers est que la nouvelle réglementation, qui réduit en quantité et en qualité la formation des grutiers, soit retirée. La seconde est qu'une table de discussion soit établie qui comprendrait toutes les parties prenantes du secteur de la construction pour examiner calmement la réglementation actuelle et en établir une nouvelle qui améliore les normes de sécurité du métier de grutier dans le contexte des changements que vit l'industrie, plutôt que de les dégrader comme le fait le gouvernement avec ses changements à la réglementation.

Ce sont des propositions sensées pour un processus qui soutient le principe démocratique. Le gouvernement devrait accepter ces propositions pour que la paix puisse prévaloir sur les chantiers de construction au Québec.

Cette nouvelle provocation du gouvernement suggère que les grutiers ne comprennent pas la nouvelle réglementation et qu'ils doivent être informés et éduqués sur son contenu. Par cette provocation, le gouvernement démontre qu'il n'a pas l'intention de retirer la nouvelle réglementation ou même de la modifier suite à une « première rencontre » avec la FTQ pour « expliquer la nature des modifications proposées » ou après les délibérations d'un « comité indépendant » nommé par le gouvernement dont on ne connaît pas encore la composition.

Les grutiers ont dit dès le début qu'ils ne sont pas intéressés à entendre des « explications au sujet des modifications [unilatérales] apportées au Règlement ». Ils veulent que se tiennent des discussions sérieuses sur la façon d'améliorer la réglementation afin que la santé et la sécurité des travailleurs de la construction et du public soient garanties.

Le premier ministre Philippe Couillard et l'attaché de presse de la ministre en ont rajouté à la provocation. En visite à Washington, le premier ministre Couillard a dit à la presse au sujet de la nouvelle réglementation que « c'est quelque chose qui est là pour simplifier l'industrie de la construction, dans le bon sens. On ne voit aucune évidence qu'il y a quelque impact que ce soit sur la sécurité des gens. À l'usage, on verra bien si effectivement les enjeux qu'ils ont décrits se produisent véritablement. »

En fait, il y a beaucoup de preuves établissant que les « enjeux qui ont été décrits » se sont produits. Prétendre qu'aucune preuve n'existe d'un impact sur la sécurité, et que le temps va démontrer si des accidents, que le premier ministre appelle « enjeux », se produisent, est non seulement inacceptable mais risible.

La réglementation en place, que les modifications imposées affaiblissent, existe parce que des « enjeux » sérieux se sont déjà produits. Cela fait longtemps que les grutiers attirent l'attention sur les dangers de blessures et de décès qui existent dans leur métier et sur la nécessité que la réglementation la plus stricte encadre la formation et la sécurité sur les chantiers. Le secteur de la construction est le secteur de l'économie au Québec où se produisent le plus grand nombre de décès et de blessures et le gouvernement est responsable de mettre fin à cette situation.

Pour sa part, l'attaché de presse de la ministre a dit à la presse qu'il n'est « pas question de rouvrir le règlement » sur la formation réduite des grutiers.

Pendant ce temps, de sérieuses menaces pèsent sur les grutiers et leurs dirigeants et leur syndicat à cause de la criminalisation de leurs justes revendications. Ils sont sous le coup d'amendes énormes et même de possibles peines d'emprisonnement pour ne pas être retournés au travail tout de suite après que le Tribunal administratif leur eut ordonné de le faire le 21 juin. Le 22 juin, le ministère des Transports a envoyé une mise en demeure aux syndicats concernés les avertissant que le ministère va leur réclamer tout dommage généré par ce que le Tribunal administratif du travail a qualifié de grève illégale.

Les grutiers luttent pour faire valoir la justesse de leur cause à travers un espace légal d'action où ils peuvent avoir une voix décisive sur leurs conditions de travail. Cet espace leur est nié par le gouvernement à la requête du diktat des intérêts privés qui s'opère par les pouvoirs de police de l'État. Ces pouvoirs de police prétendent être une autorité publique au service de l'intérêt public mais ce n'est clairement pas le cas. L'intérêt public ne peut pas être servi si on nie les droits des travailleurs et si les principes démocratiques sont foulés aux pieds.

En dépit des preuves et de l'expérience vécue des travailleurs, le gouvernement et ses agences déclarent que les travailleurs ne défendent aucune cause, qu'ils agissent en criminels et qu'ils doivent se conformer à la voie pacifique démocratique en capitulant au diktat de l'État. Tout cela est fait pour balayer sous le tapis les problèmes que soulèvent les travailleurs, qui affectent directement leur bien-être et les normes de la société. Cela ne doit pas passer !

Une intervention positive à cet égard est celle qu'a faite le Syndicat de l'enseignement des Seigneuries qui représente les enseignants qui fournissent la formation professionnelle aux grutiers. Le 29 juin, le syndicat a dénoncé les gestes irresponsables du gouvernement et de la CCQ. Il exige que des discussions sérieuses se tiennent sur la recherche de solutions viables et que ces discussions comprennent les grutiers et les enseignants. Le syndicat s'engage à défendre, aux côtés des grutiers et de leur syndicat, le Diplôme d'études professionnelles qui a donné des résultats positifs pour la réduction du nombre de décès et de blessures là où des grues sont utilisées.

Forum ouvrier appelle les travailleurs à contacter leur député à l'Assemblée nationale, à écrire des lettres et à prendre la parole pour appuyer la prise de position des grutiers et demander que le gouvernement et la CCQ reculent et mettent fin à la criminalisation des travailleurs qui se battent pour leurs droits et en arrivent à une entente acceptable sur la base d'un processus qui soutient le principe démocratique.

Haut de page


Le rôle des médias monopolisés à colporter
des calomnies antiouvrières du gouvernement

Le rôle des médias de masse monopolistes dans le contexte de la lutte des grutiers pour leurs droits a été d'accuser sans cesse les grutiers de causer des millions de dollars de pertes à ceux qui possèdent et contrôlent les projets de construction en raison de leur arrêt de travail. Cette pression des médias pour blâmer et attaquer les travailleurs et leurs syndicats pour avoir défendu leurs droits et leur dignité et causer des retards ne doit pas passer.

Les grutiers font face à une pression énorme de la part des pouvoirs de police et des médias de masse afin qu'ils « acceptent » les nouvelles réglementations sans plus de résistance. On leur dit d'accepter les frauduleuses explications et le « comité indépendant » du gouvernement Couillard et de cesser toute résistance ou sinon faire face à une répression encore plus grande de la part de l'État. Comment cela va-t-il aider à résoudre soit les dangers posés à la santé et à la sécurité, soit le problème du gouvernement qui pense pouvoir fouler aux pieds les principes démocratiques et se tirer d'affaire ? On souhaiterait que tous les syndicats feront des déclarations contre ce modus operandi. Quant aux partis politiques de l'Assemblée nationale du Québec, sans exception, ils ont tombé tête première dans l'absurdité que les revendications des travailleurs causent des problèmes sur les chantiers de construction. Ce n'est pas acceptable.

Cette pression des médias et le consensus à l'Assemblée nationale de blâmer et attaquer les travailleurs et leurs syndicats pour défendre leurs droits et leur dignité et provoquer des retards sur des projets importants et des dommages à l'économie ne doivent pas passer. Beaucoup ont dénoncé le rôle joué par les médias en soulignant l'ironie d'un gouvernement qui se dit préoccupé par les dépassements de coûts des projets de construction. De tels retards et dépassements de coûts sont courants dans une industrie connue pour la collusion et même la corruption entre le gouvernement et les monopoles de la construction, ce qui entraîne d'énormes profits pour les intérêts privés qui la contrôlent.

Haut de page


La face hideuse de la « gestion du risque »

En visite à Washington, le premier ministre Couillard a dit à la presse au sujet de la nouvelle réglementation que « c'est quelque chose qui est là pour simplifier l'industrie de la construction, dans le bon sens. Il n'y a aucune preuve qu'il y a quelque impact que ce soit sur la sécurité des gens. À l'usage, on verra bien si effectivement les enjeux qu'ils ont décrits se produisent véritablement. » On voit ici le visage hideux de la « gestion du risque » qui est un des mantras de l'offensive antisociale des riches. Ils introduisent l'anarchie de pair avec la violence. Ils mettent la vie de tous en péril avec leur frénésie néolibérale destructive pour s'emparer de ce qui appartient aux travailleurs de droit et disent que les « risques » sont acceptables. Une logique criminelle s'il en est une.

Seuls les riches avec leurs intérêts antisociaux parlent de cette façon, comme si les êtres humains sont des pièces dans un jeu de la roulette sur les marchés boursiers dont l'existence est soumise aux risques pris par une poignée de pararsites pour s'enrichir. En ce XXIe siècle, ce qui est nécessaire avant toute chose c'est la participation active et consciente de ceux qui font le travail à établir des conditions de travail adéquates.

La tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic, dont le pays commémore cette année le 5e anniversaire, a été le résultat direct de cette gestion du risque au nom du profit et de la productivité. Les problèmes que les travailleurs ne cessent de soulever sont balayés sous le tapis jusqu'à ce qu'un désastre se produise. C'est ce que demande le premier ministre Couillard mais cela n'est pas acceptable. La classe ouvrière doit intervenir d'une seule voix pour forcer le gouvernement et la CCQ à renverser cette position intenable dans laquelle ils ont placé les grutiers avec ce diktat et ces pouvoirs de police.

Haut de page


Les travailleurs s'expriment en appui
aux grutiers du Québec

Forum ouvrier a reçu plusieurs commentaires de travailleurs en appui à la lutte des opérateurs de grue à la défense de leurs droits. Ces droits comprennent le droit fondamental à des conditions de travail saines et sécuritaires et à un travail qui se fait dans les conditions les plus strictes en ce qui a trait à la sécurité du public.

Un mécanicien du secteur du camionnage nous dit :

« C'est clair selon moi que le gouvernement utilise le prétexte de la pénurie de main d'oeuvre pour diminuer les heures en formation des grutiers. C'est trop facile. À ce compte-là, on pourrait utiliser ce prétexte pour faire la même chose partout, dans tous les secteurs. Qu'est-ce qui pourrait les en empêcher ? Si jamais il y a pénurie de main-d'oeuvre, alors il faut en traiter , mais ça n'est pas la façon. Comment des mesures comme la baisse des standards de sécurité peuvent-elles être une manière acceptable d'augmenter le nombre des grutiers ? Selon cette logique, il y aurait deux poids, deux mesures, deux catégories de grutiers, deux niveaux de formation, selon la disponibilité de la main d'oeuvre ! Ça ne marche pas comme cela. Il faut travailler selon les standards les plus élevés en tout temps et en toutes circonstances, pas seulement quand ça fait l'affaire des employeurs !

Une travailleuse de l'agro-alimentaire a dit à un de nos journalistes :

« Moi je trouve inquiétant le silence de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Comment une institution gouvernementale dont le but est d'assurer la sécurité en milieu de travail peut-elle ne pas prendre position dans ce dossier ? Est-ce la mainmise du gouvernement libéral qui est en cause ? Si oui, ces institutions gouvernementales n'ont plus aucune indépendance par rapport au pouvoir exécutif et le parti politique au pouvoir, et ça c'est vraiment inquiétant. Quel organisme public va prendre notre défense dorénavant ? Le gouvernement veut donner tout le pouvoir aux compagnies privées de tout réglementer et les pouvoirs publics refusent de jouer leur rôle. C'est sérieux comme problème. »

Le commentaire suivant a été recueilli auprès d'un travailleur du Canadien Pacifique :

« Ça n'a vraiment pas d'allure ce qui se passe. Il faut trouver un moyen pour les arrêter. Chez nous, au Canadien Pacifique, dans l'industrie du rail, les normes de santé et sécurité et la formation se dégradent très vite. J'en suis l'exemple parfait. Voilà à peine quelque mois, j'étais un commis responsable de répondre aux camionneurs intermodaux qui venaient porter leurs conteneurs à notre terminal. J'étais assis derrière un ordinateur. Maintenant, la direction du CP utilise une nouvelle technologie qui permet aux camionneurs de faire le travail eux-mêmes. On m'a donc muté dans la cour pour conduire les énormes grues hydrauliques qui empilent les conteneurs et qui chargent les trains. J'ai reçu une formation tout ce qu'il y a de minimal et cette formation s'est faite dans des circonstances de restructuration de la compagnie et d'un accroissement du volume au terminal à cause du boom économique. Mon niveau de stress est encore très élevé malgré toute l'aide que m'apportent mes collègues plus expérimentés que moi. Je ne vous dis pas le nombre d'erreurs que j'ai faites ou de situations périlleuses qui auraient pu mettre la vie des camionneurs en jeu. Je connais des personnes qui se sont fait muter de leur position pour devenir ingénieurs de locomotives, imagine. Les grosses compagnies comme CP sont devenues tellement puissantes que non seulement elles se permettent de nous traiter de la sorte, mais elles dictent aux gouvernements quoi faire. Il faut vraiment trouver un moyen de les arrêter. »

Et ce commentaire de la part d'un camionneur :

« Nous les camionneurs avons une longue expérience de la formation en entreprise. Elle se résume en deux mots : 'Débrouille-toi !' Je suis sérieux. Dans le domaine du transport, depuis plusieurs décennies, on se fait dire d'apprendre sur le tas. Si un accident se produit, on se fait blâmer d'avoir fait une mauvaise manoeuvre et de ne pas avoir respecté les procédures. La plupart des compagnies estiment que si nous avons une classe 1, c'est à dire la classe de conducteur permettant de conduire tous les véhicules lourds, nous sommes supposés tout connaître. C'est loin d'être le cas. La multitude de conditions et d'entreprises de transport, sans parler du type de transport, fait que la situation de tous et chacun diffère totalement. Il n'existe pas de normes minimales obligatoires pour les camionneurs. C'est à dire que les cours offerts dans des écoles privées subventionnées, qui donnent une formation complète de 5 mois, ne sont pas obligatoires. Moi j'ai suivi un petit cours de 12 heures dans une école non subventionnée et mes débuts dans le métier ont été très ardus. Lorsque l'on se retrouve en entreprise et que l'on demande un minimum de formation, on vous fait lire une procédure que l'on doit signer et on est censé avoir été formé. On nous rend responsables de notre sécurité parce que nous avons lu et signé un bout de papier. Ce n'est pas ce que j'appelle de la formation. J'appuie entièrement les grutiers. Il ne faut pas reculer d'un pouce sur notre santé et sécurité. Nous autres les travailleurs nous voulons défendre les normes les plus élevées, nous prenons en main la responsabilité comme le font les grutiers de manière courageuse. On doit résister d'une manière ou d'une autre aux tentatives du gouvernement ou des entreprises de prendre des décisions qui nous affectent et qui nous mettent en danger. »

Haut de page


Rassemblement à la mine de sel à Goderich

Barbecue communautaire et rassemblement en appui aux travailleurs de la mine de sel en grève

Un barbecue et un rassemblement communautaires ont eu lieu le 28 juin en appui aux 350 travailleurs en grève de la mine de sel Compass à Goderich, en Ontario. Le rassemblement s'est tenu à Harbour Park qui surplombe le lac Huron. C'est à partir de cet endroit que les immenses laquiers partent pour livrer le sel extrait des mines aux quatre coins de la région des Grands Lacs. Les travailleurs, qui sont membres de la section locale 16-0 d'Unifor, sont en grève depuis le 27 avril contre les concessions réclamées par la compagnie dont des heures supplémentaires imposées, que les travailleurs ont refusé d'accepter. Des représentants de la municipalité et des membres de la communauté sont venus faire part de leur appui aux travailleurs en grève. Un grand nombre de membres d'Unifor et de retraités provenant de toutes les régions de la province ont fait le trajet en autobus jusqu'à Goderich pour exprimer leur solidarité.

Compass Minerals, une vaste société supranationale dont le siège social est au Kansas, un État de « droit au travail », a fait l'acquisition de la mine en 1990 qui est la plus grande mine de sel au monde. Elle peut produire 25 000 livres de sel de voirie qu'on garde en réserve en prévision de la demande hivernale.

Les représentants syndicaux au rassemblement ont indiqué que Compass Minerals avait déclaré récemment un dividende de 90 millions de dollars et que son PDG touche près de 3,5 millions par année. La section locale Unifor 16-0 souligne que la société américaine tente de rendre le temps supplémentaire obligatoire au point d'imposer une semaine de travail de 70 heures et essaie d'imposer d'autres concessions dont certaines enfreignent la Loi sur les normes du travail . En plus de s'opposer aux concessions, les travailleurs revendiquent la désignation d'un représentant à la sécurité au travail à temps plein en raison du niveau inacceptable d'accidents à la mine et même d'un décès.

Dans leurs discours, les orateurs ont dénoncé Compass et son recours à des mercenaires briseurs de grève qu'ils font venir d'aussi loin que le Nouveau-Brunswick pour assurer la production à la mine pendant la grève qui est légale. Unifor a annoncé la tenue d'une conférence du président au Centre de formation d'Unifor dans la ville voisine de Port-Elgin où il y aura des discussions sur quels moyens prendre face à l'activité antiouvrière de la compagnie et pour planifier des actions pour intervenir dans la grève sur une base provinciale. Le syndicat compte mobiliser ses équipes volantes pour mettre fin à la prolongation de la grève due aux mercenaires briseurs de grève.

Pour de plus amples informations, lire l'article du Forum ouvrier du 22 mai, « Les travailleurs de Compass Mineral à Goderich, en Ontario, en grève contre des concessions antiouvrières »




Haut de page


Cinq longues années en lockout

La section locale 1005 du Syndicat des Métallos tient une ligne de piquetage aux barrières de MANA

Le 29 juin à 5 heures du matin, des membres de la section locale 1005 du Syndicat des Métallos et leurs supporters ont amené leurs bannières et leurs drapeaux aux barrières de MANA pour marquer le cinquième anniversaire du lockout organisé per l'entreprise allemande Max Aicher North America (MANA) en juin 2013.

U.S. Steel a vendu son usine de barres et de blooms en 2010. Les gouvernements provincial et municipal et les médias ont vanté cette vente comme un véritable cadeau à l'industrie de l'acier et à l'économie locales. MANA a cependant arrêté la production en septembre 2011 et en décembre 2012, il avait mis à pied tous les travailleurs. La compagnie a ensuite demandé des concessions inacceptables pendant les négociations pour une nouvelle convention collective, dont une coupure de salaire de 30 %, aucun ajustement au coût de la vie et le remplacement du régime de retraite à prestations déterminées par un régime de retraite à cotisations déterminées. Les travailleurs ont rejeté cette offre à 73 % et une offre subséquente à 86 %. MANA les a alors mis en lockout en juin 2013. En janvier 2015, il a commencé à faire fonctionner l'usine avec des scabs. Les tribunaux ont émis une injonction pour limiter la période de temps pendant laquelle les travailleurs bloquaient l'entrée aux scabs mais tout le préjugé antiouvrier du gouvernement, des tribunaux, des médias et même d'institutions d'enseignement comme le collège Mohawk qui a fourni la main-d'oeuvre scab est toujours présent.

MANA a acheté l'usine. Il savait ce qu'il achetait. Malgré cela, on lui a permis de priver les travailleurs de leur moyen de subsistance et ce sont les travailleurs qui sont blâmés ! Ils se font dire que s'ils veulent travailler, ils n'ont qu'à accepter ces conditions d'esclaves. Ils se font dire aussi que tout cela est bon pour l'économie parce que les propriétaires peuvent faire de plus grands profits. C'est révoltant. Il est temps de mettre à la poubelle l'argument selon lequel l'Ontario est ouvert aux affaires et la dignité des travailleurs de l'Ontario peut être attaquée en toute impunité.

Forum ouvrier salue les courageux travailleurs de MANA et considère comme très brave la position qu’ils ont prise.  Depuis cinq ans, ils ont persisté sans répit à lutter pour la justesse de leur cause d’une manière qui défend la dignité du travail contre toute adversité. Ils ont défié la tentative des élites dirigeantes de fouler au pied leurs droits et d’imposer leurs positions antiouvrières en toute impunité. Les travailleurs de MANA font honneur à la classe ouvrière de l’Ontario et du Canada.


Haut de page


NUMÉROS PRÉCÉDENTS | ACCUEIL

Site web:  www.pccml.ca   Email:  forumouvrier@cpcml.ca