Forum ouvrier

29 mai 2018

Les travailleurs du CP continuent de mettre
de l'avant leurs justes demandes

Les chefs de train, les mécaniciens de locomotive et les travailleurs des communications et de la signalisation déposent leur avis de grève
PDF


Les travailleurs du CP continuent de mettre de l'avant leurs justes demandes
Les chefs de train, les mécaniciens de locomotive et les travailleurs des communications et de la signalisation déposent leur avis de grève

Congrès triennal de la FTQ-Construction
Les travailleurs de la construction du Québec défendent la dignité du travail
Entrevue avec Richard Goyette, avocat en droit du travail et ancien
directeur général de la FTQ-Construction


Les travailleurs du transport en commun de Montréal défendent leurs
conditions de travail et le transport public

Les travailleurs d'entretien donnent un mandat de grève 


Un monopole américain menace de fermer le Huron Central Railway en Ontario
Des menaces et du chantage typiques de la destruction nationale

Au calendrier d'événements


Les travailleurs du CP continuent de mettre de l'avant leurs justes demandes

Les chefs de train, les mécaniciens de locomotive et les travailleurs des communications et de la signalisation déposent leur avis de grève

La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC) et la Fraternité internationale des ouvriers en électricité (FIOE) ont émis un communiqué de presse le 26 mai pour annoncer qu'ils ont signifié à Canadien Pacifique (CP) un avis d'intention de faire la grève, à compter du mardi 29 mai à 22 h, s'il n'y a pas de règlement négocié d'ici là.

Les syndicats ont publié l'avis de grève le lendemain du rapport du Conseil canadien des relations industrielles selon lequel les travailleurs du CP avaient voté massivement pour rejeter l'offre finale de la compagnie. Les travailleurs ont été forcés de voter sur l'offre de la compagnie sur ordre de la ministre fédérale du Travail le 20 avril dernier, quelques heures seulement avant le début prévu de la grève. Les membres de la CFTC au CP ont voté à 98,1 % pour rejeter l'offre, avec un taux de participation d'environ 77 %, tandis que les membres de la FIOE ont voté à 97,2 % pour la rejeter, avec une participation de 89 %. La CFTC représente environ 3 000 chefs de train et mécaniciens de locomotive au CP et la FIOE représente environ 360 employés des communications et de signalisation du CP.

Dans le communiqué conjoint, les syndicats rapportent qu'après une journée de négociations avec le CP une fois le vote de rejet de l'offre annoncé, il était tout à fait clair que l'entreprise refusait toujours de négocier sur la base des justes demandes des travailleurs du CP. « Le CP nous offre encore ce que les travailleurs ont voté pour rejeter il y a à peine quelques heures. L'entreprise ne veut clairement pas respecter ses employés et négocier de façon sérieuse », dit dans un communiqué le président de la CFTC, Doug Finnson. « Le CP n'a pas arrêté de changer ses positions au cours des négociations et il n'y a pas vraiment d'indication qu'une entente est possible. Nous avons donné au Canadien Pacifique toutes les occasions raisonnables de négocier et d'éviter une grève, mais cela ne nous a menés nulle part, » a dit l'officier principal de la FIOE, Steve Martin.


Affiche durant la grève chez CP en 2012, dénonçant le refus de longue date de la compagnie de traiter de la question des horaires de travail.

Parmi les questions importantes que les travailleurs ont soulevées durant les négociations, il y a la fatigue causée en grande partie par des horaires irrationnels et dangereux, l'exigence que les travailleurs soient essentiellement disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et la discipline punitive et les relations de travail conflictuelles de la compagnie. La position de l'entreprise tout au long des négociations a été de rejeter les demandes des travailleurs, affirmant que des changements qui protégent les travailleurs et le public ne répondent pas au besoin de « flexibilité des conditions de travail » et que les travailleurs doivent être « ouverts au changement » dans le cadre d'un environnement compétitif.

Le CP compte sur la propagande antiouvrière dans les médias monopolisés pour appuyer ses attaques contre les travailleurs. Les médias monopolisés reconnaissent l'existence des travailleurs ferroviaires seulement quand il y a une grève ou une menace de grève. Il y a d'ailleurs déjà des rapports de presse qui attaquent les travailleurs du CP, alléguant que leur grève causera des difficultés aux expéditeurs de grain et aux autres compagnies ferroviaires qui doivent expédier leurs produits. Ils ne parlent pas des conditions auxquelles les travailleurs sont confrontés ou de la justesse de leurs demandes de conditions de travail qui protègent à la fois les travailleurs et le public. Ils ne disent pas non plus que le CP provoque délibérément une grève et compte sur l'intervention du gouvernement fédéral pour l'écraser. Le CP compte sur le gouvernement fédéral pour empêcher une grève ou forcer par loi le retour au travail des travailleurs en grève, au nom de « l'intérêt national » et même de la nécessité de « continuer la conversation », alors que celle-ci existe uniquement dans leur imagination.

Jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de négociations pour traiter des graves problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs du CP, ceux qui opèrent et entretiennent l'ensemble du réseau ferroviaire et qui connaissent directement les dangers posés à eux-mêmes et au public par leurs conditions de travail. Les travailleurs rejettent les menaces et tiennent bon. Leurs demandes sont justes et leur lutte pour un contrat acceptable par l'exercice de leur droit de retirer leur capacité de travail doit être appuyée.

Haut de page


Congrès triennal de la FTQ-Construction

Les travailleurs de la construction du Québec défendent la dignité du travail

La FTQ-Construction, le syndicat de la construction affilié à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, tient son congrès triennal à Victoriaville du 5 au 7 juin. Avec plus de 75 000 membres, il est le plus grand des cinq syndicats de la construction du Québec, comprenant 43 % de tous les travailleurs de la construction. Le congrès va discuter de ce que le syndicat a accompli au cours des quatre dernières années et établir son programme pour les quatre années à venir. Comme il s'agit d'une année électorale générale au Québec, le congrès va aussi aborder la plateforme électorale de la FTQ-Construction, avec les principales revendications qu'elle va présenter.

Le congrès se tient à un moment crucial pour les travailleurs qui doivent trouver la façon de défendre le syndicat qui subit une grande pression de se soumettre à l'offensive antisociale des grandes entreprises de la construction et du gouvernement du Québec à leur service. Les travailleurs et leur syndicat ont été la cible d'attaques organisées par l'État et de la propagande calomnieuse qui les accuse de corruption et d'activités de type mafieux sur les chantiers de construction, alors qu'il est notoire que ces choses-là sont la marque de commerce des grandes entreprises de construction. Les travailleurs ont fait face à ces attaques avec courage et parfois avec un esprit de défi lorsque nécessaire. L'accusation d'intimidation qui leur est portée, alors qu'ils organisent à la défense de leurs droits contre le refus des employeurs de leur fournir des conditions de travail adéquates et même de leur payer leur salaire comme convenu, illustre bien la vision profondément antiouvrière de leurs accusateurs.

Forum ouvrier publie une entrevue avec Richard Goyette, avocat en droit du travail et ancien directeur général de la FTQ-Construction, sur les problèmes et les défis auxquels sont confrontés les travailleurs de la construction à l'heure actuelle.

Forum ouvrier souhaite tout le succès possible aux délégués du congrès de la FTQ-Construction qui vont délibérer sur la façon de faire entendre leur voix et de mener une action effective pour fournir des solutions aux problèmes auxquels ils font face.

Haut de page


Entrevue avec Richard Goyette,
ancien directeur général de la FTQ-Construction

Forum ouvrier  : Alors que la FTQ-Construction se prépare à tenir son congrès triennal, quels sont selon toi les principaux problèmes auxquels les travailleurs de la construction du Québec sont confrontés en ce moment ?

Richard Goyette : Les problèmes remontent à loin. À chaque fois que les gouvernements se sont penchés sur l'industrie de la construction depuis les 50 dernières années, plutôt que de dire que le problème c'est l'absence de sécurité d'emploi et d'ancienneté, l'absence de sécurité du revenu, le nombre effarants de morts par année, au lieu de s'occuper des côtés humains de la construction, ils ont rendu les politiques plus restrictives, policières, mis des gens à l'amende, etc. Ils ont négligé de dire que c'est une industrie précaire, dangereuse, cyclique, saisonnière, qu'en moyenne les chantiers durent deux mois et demi bien qu'il y en ait qui durent beaucoup plus longtemps. À chaque fois qu'il y a eu des crises dans l'industrie, ils ont dit que le problème ce sont les syndicats qui se battent entre eux. Même quand ils ont organisé des commissions d'enquête pour nous châtier, dans les recommandations des commissions revenait toujours la question que la source des problèmes c'était le problème d'assurer le gagne-pain des travailleurs, le problème de l'absence de sécurité, que ce soit la sécurité d'emploil, du revenu ou la sécurité physique sur les chantiers. 


Protestation de travailleurs de la construction du Québec pendant leur grève de 2017 contre la mobilité du travail à tout vent et les horaires de travail déstabilisés.

Si tu veux régler les problèmes de la construction, ce n'est pas en mettant des mesures de répression c'est en donnant aux gens une sécurité, c'est cela le problème. Si tu te fais voler ton salaire et la Commission de la construction du Québec est très longue à réagir, et cela ne peut faire l'objet d'un grief, dans une industrie où il y a des milliers de blessés, 50 mort par année, où on travaille au noir et qu'on te met au silence, où les dispositions de la Loi sur la santé et la sécurité du travail qui est en vigueur depuis 1980 n'ont toujours pas été promulguées dans la construction, il y aura toujours des crises dans l'industrie. Le gouvernement se permet toujours d'intervenir en faveur des propriétaires, des maîtres-d'oeuvre et des grosses entreprises au moyen de la répression des travailleurs. La main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction est maintenue dans une situation précaire, comme si l'industrie n'était pas une industrie structurée. Prenons par contre l'exemple des grutiers. Eux, ils ont une clause d'ancienneté et de sécurité d'emploi. C'est eux qui déclarent le plus d'heures, qui font le plus de temps supplémentaire déclaré. L'employeur ne peut pas dire au grutier de ne pas déclarer ses heures, qu'il va le mettre dehors s'il les déclare. Et voilà que c'est sur eux qu'on frappe, avec le nouveau règlement pour permettre à n'importe qui de faire du levage. Si ce n'est pas planifié, j'aimerais qu'on m'explique. Et ils savent très bien que dans le cas des grutiers, cela met en péril la sécurité des travailleurs et du public.

On nous parle de pénurie d'emploi dans la construction pour essayer de justifier ce genre de mesures. Parmi les travailleurs et les salariés de la construction, il y en a 18 % qui quittent le métier à chaque année. Ce n'est pas une pénurie de main-d'oeuvre, c'est une pénurie de capacité de rétention. Les crises dans l'industrie de la construction sont réglables, sans police. Sécurité d'emploi, sécurité du revenu, droit de rappel, rappel des surplus quand il manque vraiment de main-d'oeuvre, dispositions de la loi de santé et sécurité appliquées une fois pour toutes dans la construction. Les solutions sont là. Je ne crois pas que les gouvernements vont le faire, à moins qu'on leur arrache ces solutions. Il faut se rappeler que 68 % des contrats dans la construction sont gouvernementaux. Est-ce que le gouvernement préfère la précarité en tant qu'administrateur et qu'il ne veut pas trop de soucis et laisse les compagnies faire ce qu'elles veulent ?

FO : Quel rôle joue le projet de loi 152, la Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant le domaine du travail afin principalement de donner suite à certaines recommandations de la Commission Charbonneau, face à cette situation ?

RG : La première chose, c'est de tirer les conclusions, que le problème ce sont les insécurités, les instabilités. Le projet de loi 152 est une mesure de plus pour imposer le silence aux travailleurs et dans l'industrie. Il ajoute des mesures répressives.

Le projet de loi 152 touche entre autres choses la fonction de représentant syndical qui a porté un geste qu'ils appellent de l'intimidation. Si tu es reconnu coupable d'intimidation, tu ne pourras plus tenir un rôle de représentant syndical pendant 5 ans. Si tu as été reconnu coupable dans ton passé, cette mesure va s'appliquer à toi aussi. Le projet de loi en rajoute sur les infractions qui constituent de l'intimidation. C'est fait de façon délibérée. Cela se discute partout dans l'industrie que c'est pour décapiter sur le plan professionnel ceux dont on veut se débarrasser parce qu'ils ont brassé les choses, pas pour se mettre de l'argent dans leurs poches, pour défendre leurs membres. En ce qui concerne la santé-sécurité, si tu lèves le ton pour défendre la vie d'un travailleur, tu viens d'intimider l'employeur. Tu essaies d'abord poliment de le convaincre, puis tu lèves le ton et tu peux perdre la possibilité d'être représentant syndical pour une période allant jusqu'à 5 ans.

FO : Quelles sont les perspectives qui s'ouvrent aux travailleurs à ton avis ?

RG : Il faut parler des solutions, comme je viens de le mentionner. Il faut retourner à nos planches à dessin et établir des processus de sécurité du revenu, de sécurité physique et de sécurité d'emploi. Puis il faut établir le plan de revendications et les moyens d'action pour les réaliser. Il faut une plateforme de revendications pour l'action politique et l'action sociale. Il faut montrer que nos revendications servent l'intérêt collectif, ce qui est le cas, mais le montrer. Montrer que la sécurité d'emploi, la disponibilité régionale des emplois, c'est bon pour la région. Si tu fais vivre les gens de la région, ce n'est pas comme de l'argent qui va dans les poches des millionnaires, cela reste dans la région. Il y a un lien direct entre nos revendications et l'intérêt public. Il serait bon aussi de travailler sur l'opinion publique, ce n'est pas facile parce qu'elle est filtrée par les médias. Mais au moins pour qu'elle dise que peut-être on a raison.

Les travailleurs de la construction construisent le Québec. Ils sont fiers de leur métier. C'est une belle industrie. Nous sommes partout, dans les écoles, les hôpitaux, dans l'agroalimentaire, dans la pétrochimie, l'avionnerie.

Ce sont des êtres humains qui font ce travail. Il faut s'occuper de ces humains.

Il faut le faire. C'est ça mon message.

Haut de page


Les travailleurs du transport en commun de Montréal défendent
leurs conditions de travail et le transport public

Les travailleurs d'entretien donnent
un mandat de grève


Vote de grève des travailleurs d'entretien du transport en commun de Montréal
le 27 mai 2018 (CSN)

Réunis en assemblée générale le 27 mai, les travailleurs d'entretien de la Société de transport de Montréal (STM) ont donné à 98 %  un mandat de grève générale illimitée à leur syndicat à exercer au moment jugé opportun.

Les 2400 travailleurs d'entretien et leur syndicat, le Syndicat du transport de Montréal-CSN, font état d'une avalanche de concessions qui leur sont demandées et qui équivaudraient pratiquement au démantèlement de leur convention collective et à une violation systématique de leurs droits. Les principales concessions concernent la conversion de quarts de travail de jour en quarts de soir et de nuit, l'imposition du temps supplémentaire et la privatisation de services.

Le 24 mai, la Société de transport de Montréal (STM) a annoncé qu'elle va demander unilatéralement au gouvernement du Québec, le 6 juin prochain, l'intervention d'un médiateur dans ses négociations avec le Syndicat du transport de Montréal. Le 14 mai, la STM avait demandé au syndicat de présenter une demande conjointe pour que le gouvernement nomme un médiateur, mais le syndicat avait refusé. Pour justifier sa requête de la médiation, la STM invoque une impasse dans la négociation avec les employés d'entretien, le fait qu'ils ont refusé de faire des heures supplémentaires dans la semaine du 7 mai et qu'ils s'apprêtaient à voter d'autres moyens pour faire échec aux concessions.

En fait, l'impasse dont il est question est créée de toutes pièces par la STM pour extorquer des concessions antiouvrières et attaquer les services, sous la menace d'un décret des conditions de travail. Les négociations se tiennent sous les auspices de la Loi 24 adoptée par le gouvernement du Québec en 2016 qui a restructuré les négociations dans le secteur municipal. En demandant unilatéralement l'intervention d'un médiateur, la STM précipite le processus prévu par la Loi qui établit des échéanciers aux négociations et impose la médiation. Ceci mène à la nomination d'un mandataire spécial si la médiation échoue ou si le gouvernement décide qu'il existe des circonstances spéciales pour la nomination de ce mandataire. Sur réception du rapport secret du mandataire qui fait état de l'échec de la négociation, le ministre peut présenter un projet de loi de décret de la convention collective.

Armée de ces pouvoirs de police, la STM refuse donc de négocier avec ses travailleurs pour les soumettre au chantage d'« accepter » l'inacceptable ou de faire face au décret de leurs conditions. Les travailleurs d'entretien rejettent ce chantage et demandent une convention négociée qui leur est acceptable et qui défend les services à la population.

Pendant ce temps, les 4 500 chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro de la STM négocient également une nouvelle convention collective et font face au refus de la STM d'accéder à leurs justes revendications pour des circuits qui correspondent aux conditions réelles des conditions de la circulation à Montréal. Eux aussi sont sous le coup de la Loi 24.

Haut de page


Un monopole américain menace de fermer le Huron Central Railway en Ontario

Des menaces et du chantage typiques de la destruction nationale

L'économie a besoin d'une nouvelle direction prosociale


  Carte du Huron Central Railway (cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le monopole américain Genesee & Wyoming menace de fermer le chemin de fer long de 283 km qu'il exploite entre Sudbury et Sault-Ste-Marie dans le Nord de l'Ontario. Pour continuer d'exploiter le chemin de fer au-delà de cette année, le cartel mondial américain exige 46,2 millions $ en subsides publics des gouvernements provincial et fédéral.

À chaque année, 13 000 wagons de marchandises transigent par ce chemin de fer à l'intention de plusieurs compagnies dans le nord-est dont trois expéditeurs industriels importants, Essar Steel Algoma à Sault-Sainte-Marie, la papeterie Domtar à Espanola et la scierie EACOM à Nairn Centre. Le chemin de fer Huron Central (HCR) est lié à la principale ligne de CP à Sudbury. Genesee & Wyoming exploite le HCR en vertu d'un bail signé en 1997 avec le Canadien Pacifique, le propriétaire de la ligne ferroviaire.

La compagnie ferroviaire se plaint que les tarifs du transport de marchandises payés par les expéditeurs sont inférieurs à son prix de production du service de transport, compte tenu surtout de la valeur requise pour entretenir la ligne. La compagnie américaine a reçu des fonds publics pendant toute la durée du bail. La ville de Sault-Ste-Marie et les gouvernements fédéral et ontarien ont accordé en 2010 des subsides gouvernementaux à Genesee & Wyoming pour une somme de 33 millions $. La compagnie revient à la charge et exige maintenant 23,1 millions $ de la province et un montant équivalent du gouvernement fédéral. En cas de refus, Genesee & Wyoming menace d'abandonner le chemin de fer.

Ceci pose un sérieux problème aux résidents et aux entreprises du Nord de l'Ontario. Les expéditeurs disent qu'ils ne peuvent débourser davantage pour la livraison de leurs marchandises parce que leurs produits deviendraient non concurrentiels sur les marchés ailleurs que dans le nord. Les subsides d'État au chemin de fer sont en partie des subsides aux expéditeurs, en particulier aux trois grands producteurs industriels. La papeterie Domtar et la scierie EACOM subissent la pression grandissante des tarifs accrus aux États-Unis tandis qu'Algoma Steel est presque toujours en crise et a constamment recours à l'état d'exception des pouvoirs de la protection de la faillite de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.

Si on transformait le HCR en entreprise publique, cela empêcherait la compagnie américaine d'exproprier et de retirer la valeur sous forme de profit privé, et ce serait un pas dans la bonne direction. Par contre, cela institutionnaliserait et rendrait permanents les taux subventionnés de l'État pour les principales industries ayant recours au service public. Il faudrait aller chercher la valeur ailleurs dans l'économie pour compenser le manque de revenus du chemin de fer public. Cela perpétuerait les stratagèmes pour payer les riches pour ces grandes industries privées. Comme c'est le cas en général, d'autres intérêts privés refuseraient de payer pour ce subside par le biais des impôts des sociétés ou d'autres moyens. Ce manque à gagner serait alors manipulé et servirait à invoquer l'austérité pour le peuple et des réductions dans la valeur échangée contre la valeur créée au sein de programmes sociaux tels l'éducation et la santé publiques ou encore à justifier des levés de fonds sous forme d'emprunts faits par l'État auprès de créanciers privés, ce qui est encore une fois un programme pour payer les riches.

Le refus de traiter de la question de la destruction nationale vient d'un refus de reconnaître que la source du problème est dans la rivalité pour le profit maximum entre les différentes parties de l'économie sous le contrôle et la propriété d'intérêts privés. Chaque partie revendique son droit d'exproprier le plus de nouvelle valeur possible que les travailleurs produisent au détriment des autres parties et de l'ensemble. Elles se battent sans arrêt pour en exproprier le plus gros montant possible à l'avantage de leurs propres intérêts privés. Cette rivalité continuelle pour la valeur que les travailleurs produisent est en contradiction avec le caractère socialisé de l'économie moderne et de ses parties interreliées. L'échange de valeur au sein de l'économie socialisée doit être fondé sur l'avantage réciproque afin de consolider l'ensemble conformément à son caractère moderne interrelié.

Une façon d'y remédier serait une nouvelle direction prosociale pour l'économie qui éliminerait la rivalité entre ses parties interreliées et remplacerait cette rivalité par la coopération à l'avantage réciproque et pour le bien commun des parties interreliées et de l'ensemble. Cette économie fonctionnerait comme un tout unique, harmonieux et interrelié dont le but serait l'édification nationale au service du bien-être de l'économie et du peuple plutôt qu'un objectif contraire à ce bien-être comme celui d'exproprier la valeur pour le bénéfice de cartels privés qui rivalisent entre eux.

Avec cette nouvelle direction, la valeur que les travailleurs produisent dans les usines, que ce soit à Algoma, Domtar ou EACOM, ne se retrouverait pas dans des coffres privés extérieurs à l'économie, mais resterait dans le nord et serait redistribuée conformément au caractère moderne, socialisé et interrelié de l'économie. Cela consoliderait et développerait le tout et ses parties interreliées, en particulier l'industrie manufacturière, l'infrastructure, les services publics et les programmes sociaux locaux.

La production et la réalisation de nouvelle valeur dans l'économie est inégale et nécessite la coopération pour fonctionner sans interruption et sans crises. Par exemple, les faibles volumes et les longues distances du HCR résultent en une plus faible réalisation de la valeur produite. Une nouvelle valeur doit être apportée pour maintenir le chemin de fer pour le bien commun de l'ensemble. C'est aussi de cette façon qu'on pourrait développer le service ferroviaire aux passagers partout dans le Nord de l'Ontario, ce qui est une revendication pressante et une nécessité pour le peuple. Les intérêts privés en rivalité les uns avec les autres refusent de coopérer pour le bien commun.

Le déplacement de nouvelle valeur a déjà fonctionné au Canada pour appuyer l'édification nationale mais seulement de façon limitée. Certaines entreprises publiques ont hérité d'un monopole comme Postes Canada, Air Canada dans ses premiers balbutiements et même le Canadien National à un certain moment. La nouvelle valeur réalisée plus élevée grâce aux routes plus courtes et plus achalandées a été déplacée vers les routes où la nouvelle valeur réalisée était moindre. Pour que cela fonctionne avec le HCR, ou avec le chemin de fer et le port menacés dans le Nord du Manitoba que les propriétaires américains refusent de réparer et d'exploiter, pour ne donner que deux exemples, il faudrait transformer tout le système de chemins de fer au Canada en une entreprise publique unique, ce qui permettrait à la valeur réalisée d'être déplacée des routes plus profitables vers celles qui sont moins utilisées et sont plus longues.

Cela maintiendrait les subsides pour payer les riches accordés aux industries privées comme Algoma, Domtar et d'autres bénéficiaires, mais un certain équilibre pourrait être établi pour qu'ils exproprient un profit moyen et ne soutirent pas autant à l'économie. S'ils refusaient ces arrangements, ils pourraient céder leur droit de propriété et de contrôle et rendre les industries publiques pour qu'elles servent l'économie et le bien commun.

D'une façon ou d'une autre, quelque chose de radical s'impose pour changer la direction et le but de l'économie si le Canada veut avoir une économie stable et viable sans crises récurrentes et qui sert le peuple de manière égale dans toutes les régions du pays. On ne peut maintenir la direction actuelle de concurrence pour le profit maximum privé, de crises constantes et de programmes de payer les riches au détriment de la sécurité économique et du bien commun. On doit y mettre fin.

Haut de page



Au calendrier d'événements



AU CALENDRIER D'ÉVÉNEMENTS

Haut de page


NUMÉROS PRÉCÉDENTS | ACCUEIL

Site web:  www.pccml.ca   Email:  forumouvrier@cpcml.ca