Forum ouvrier

15 mai 2018

Rapport financier de Stelco pour le premier trimestre

Stelco n'est plus que l'ombre
de ce qu'elle a été

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Rapport financier de Stelco pour le premier trimestre
Stelco n'est plus que l'ombre de ce qu'elle a été

Négociez, ne dictez pas!
Les travailleurs en lockout d'ABI manifestent lors de l'assemblée des actionnaires d'Alcoa à Pittsburgh

Les travailleurs de la Compagnie minière IOC défendent la dignité du travail
La grève se poursuit au Labrador
Les travailleurs de Sept-Îles rejettent l'entente de principe


Rapport financier de Stelco pour le premier trimestre

Stelco n'est plus que l'ombre de ce qu'elle a été

Stelco Holdings inc, qui est contrôlée par un groupe financier américain appelé Bedrock, a publié son rapport du premier trimestre 2018. Fait intéressant, même si la production d'acier de Stelco est entièrement faite au Canada et que 80% de ses ventes y sont réalisées, tous les chiffres du rapport sont exprimés en dollars américains.

Entre autres choses, le rapport montre clairement que, sous le contrôle et l'objectif désuets de l'oligarchie financière, la capacité de production de Stelco n'est plus qu'un pâle reflet de ce qu'elle a été il y a tout juste vingt-cinq ans. La production en volume d'acier brut a été réduite d'environ 50 % et l'ensemble des produits dérivés est aujourd'hui fortement concentré sur les produits de valeur inférieure issus du laminage à chaud. Sur une base annuelle, le volume d'expédition équivaut à environ 2,5 millions de tonnes nettes, ce qui représente une hausse de 25 % par rapport au taux annuel de 2 millions de tonnes nettes en 2017. En termes historiques, le volume d'expédition pâlit en comparaison avec les volumes de production moyens du début du XXIe siècle, soit 5 millions de tonnes nettes et un revenu brut annuel d'environ 3 milliards $, ce qui serait beaucoup plus élevé en termes de dollars constants d'aujourd'hui.

En 2003, Hamilton (Hilton) Works de Stelco a livré à elle seule 2 137 000 tonnes nettes, Lake Erie Works contribuant la plus grande partie du reste. En outre, les produits dérivés les plus importants qui ont été expédiés à ce moment-là ont été surtout ceux de valeur plus élevée tels que la tôle d'acier laminé à froid, la tôle revêtue et l'acier en barres au lieu d'être principalement des produits laminés à chaud. Au premier trimestre de 2018, les volumes expédiés sont à 80 % des produits laminés à chaud, 14 % des produits revêtus , 2 % des produits laminés à froid et 4 % des produits autres.

En comparaison d'une année à l'autre, le revenu brut des ventes a progressé de 25 % à 482 millions $ par rapport au premier trimestre de 2017. Le volume d'acier expédié a augmenté de 23 % avec une hausse de 2 % des prix de vente moyens par rapport au premier trimestre de l'année dernière.

Le rapport indique que le profit brut exproprié de la nouvelle valeur produite par les métallos pour le premier trimestre a été de 68 millions $, contre 46 millions $ au premier trimestre de 2017. Le rapport indique que 16 millions $ de profits bruts ont été des profits sur les intérêts. Il s'agit d'une diminution de 34 millions $ par rapport aux 50 millions $ expropriés en profits d'intérêts au premier trimestre de 2017, principalement en raison d'une diminution « des intérêts sur les prêts et emprunts liés à la disparition du bilan de 1,8 milliard $ de dettes en vertu du processus de la LACC », dit le rapport. On mentionne également un montant exproprié de la nouvelle valeur produite par les travailleurs pour verser un dividende de 0,10 $ par action de Stelco Holdings.

Dans le contexte de l'anarchie généralisée au sein d'une économie qui souffre de crises récurrentes avec des fluctuations brutales des prix ainsi que de la demande et de l'offre pour de l'acier, ceux qui sont en position de contrôle publient un rapport financier après l'autre avec des mots d'accompagnement qui ne traitent pas des problèmes fondamentaux mais servent plutôt un ordre du jour particulier des intérêts privés en position de contrôle. Les métallos se souviennent de l'hystérie en 2003 au sujet d'une « crise de liquidités » qui a servi d'excuse frauduleuse à la première incursion de Stelco dans la loi antiouvrière appelée Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). La fraude d'une « crise de liquidités » a rapidement été déboutée avec l'annonce en 2004 de revenus trimestriels record de Stelco. Mais la réalité n'a pas changé la direction de destruction des intérêts privés étroits aux postes de commandes parce que l'oligarchie financière est aveuglée par sa cupidité et son fanatisme de pouvoir contrôler les choses sans souci pour les conditions matérielles et sociales.

Même s'il n'y jamais eu de crise de liquidités, Stelco est demeurée sous la LACC jusqu'en 2006, ce qui a permis à plusieurs personnes de manipuler le processus pour faire de gros coups d'argent en 2007 avec la vente de Stelco à US Steel, qui a marqué le début des années encore plus désastreuses sous son contrôle.

Depuis 2003, les actifs productifs de Stelco ont été dispersés aux quatre vents pour servir les intérêts privés à courte vue de l'intérêt privé particulier qui est en position de contrôle à un moment donné. Beaucoup de retraités se souviennent d'une époque où Stelco subvenait même à ses besoins en fait de production de minerai de fer et de charbon à coke canadien. De toute façon, les producteurs véritables  demeurent empêchés de prendre les décisions qui affectent la force productive là où ils travaillent et de contrôler leur secteur de l'économie ainsi que sa direction et son objectif d'ensemble afin que ceux-ci soient conformes à l'économie socialisée interconnectée du Canada.

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Négociez, ne dictez pas!

Les travailleurs en lockout d'ABI manifestent lors de l'assemblée des actionnaires d'Alcoa à Pittsburgh


Les travailleurs de l'aluminerie de Bécancour manifestent devant l'assemblée des actionnaires d'Alcoa à Pittsburgh, le 9 mai 2018.

Le 9 mai, plus de 100 travailleurs de l'aluminerie de Bécancour (ABI), en lockout depuis le 11 janvier, ont manifesté à Pittsburgh à l'occasion de l'assemblée des actionnaires d'Alcoa. Ils ont fait plus de 15 heures d'autobus pour aller piqueter devant l'hôtel où se tenait l'assemblée.

Des représentants du Syndicat des Métallos, détenteurs de procuration pour représenter des actionnaires, sont entrés dans l'assemblée pour s'adresser aux dirigeants d'Alcoa. Les travailleurs se sont rassemblés devant l'hôtel pour attirer l'attention sur leurs revendications. Le slogan principal de l'action des travailleurs était « Négociez, ne dictez pas ! » C'était une référence directe au fait que les propriétaires d'ABI, Alcoa-Rio Tinto, refusent de discuter avec les travailleurs pour négocier une convention collective. Ils leur lancent plutôt des menaces de restructuration complète de l'entreprise qui attaqueraient l'ensemble de leurs conditions de travail. Dans un autre geste de provocation, la compagnie a déposé un grief en dommages de 19 millions $ contre le syndicat sous l'accusation que les travailleurs auraient saboté la production depuis octobre 2017. Les travailleurs rejettent catégoriquement cette accusation diffamatoire sans fondement et la dénoncent comme le signe d'un ordre du jour caché de l'entreprise.

À l'assemblée, les métallos ont fait valoir aux actionnaires que les travailleurs n'étaient pas très loin d'une entente lorsque la compagnie a décrété un lockout. Ils ont dit que les actionnaires ont tout intérêt à demander à ceux qui contrôlent ABI de reprendre les négociations et régler le conflit pour que la production reprenne.

Lorsque la compagnie a rompu les négociations, les deux points qui achoppaient étaient le financement et les modalités du régime de retraite et la question du respect de l'ancienneté dans l'affichage de postes et les mouvements de main-d'oeuvre à l'usine. Le comité de négociation s'était montré ouvert à transformer son régime de retraite à prestations déterminées en régime de retraite à financement salarial. Dans ce régime, selon le comité, les risques seraient assumés par les travailleurs mais le régime serait indexé et les surplus serviraient à bonifier les prestations de retraite. Le régime serait le même pour tous les travailleurs et non un régime à deux vitesses divisant les travailleurs actuels et les futurs engagés comme le demande la compagnie.


Les travailleurs d'ABI devant les bureaux du Syndicat des Métallos à Pittsburgh,
le 9 mai 2018.

Lors de l'assemblée des actionnaires, la délégation des Métallos a rencontré le PDG d'Alcoa qui leur a dit que la compagnie va revenir à la table. Dans un communiqué, la compagnie a dit qu'elle reprendrait les négociations bientôt. Le gouvernement du Québec a nommé l'ancien premier ministre Lucien Bouchard médiateur spécial dans le conflit et une première rencontre a eu lieu le 11 mai entre les représentants du syndicat et le médiateur.

Le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau, a dit aux travailleurs présents à Pittsburgh que le syndicat allait entreprendre une tournée américaine des entreprises d'Alcoa et rencontrer leurs travailleurs dans la période qui vient pour dénoncer le lockout s'il n'y a pas de déblocage aux tables de négociation.

Pendant ce temps, les travailleurs du Québec, du reste du Canada et d'ailleurs continuent de se rendre à Bécancour sur les lignes de piquetage des travailleurs pour leur offrir leur appui y compris financier. Récemment, la dirigeante québécoise de l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), Magali Picard, est venue appuyer les travailleurs d'ABI au nom de l'Alliance et a apporté un appui financier. Une délégation du Conseil régional des Métallos de Toronto est aussi venue par autobus appuyer les travailleurs d'ABI. Deux syndicalistes de l'Australian Workers Union, qui représentent des travailleurs d'installations d'Alcoa en Australie, sont aussi venus appuyer leurs collègues d'ABI.

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Les travailleurs de la compagnie minière IOC défendent la dignité du travail

La grève se poursuit au Labrador


Un contingent de la section locale 5778 du Syndicat des Métallos de Fermont apporte
son appui financier aux travailleurs en grève d'IOC à Labrador City.

Le 17 avril, les travailleurs de la compagnie minière IOC au Labrador ont rejeté la dernière offre de la compagnie, disant qu'elle ne satisfait pas leurs revendications premières dans ce conflit. Soixante-seize pour cent des 1168 travailleurs ayant pris part au vote ont décidé que l'entente de principe conclue entre la compagnie et le comité de négociation de la section locale 5795 du Syndicat des Métallos ne corrrespondait pas aux besoins de l'ensemble des travailleurs. Les travailleurs ont pris cette décision pour défendre tous les travailleurs d'IOC, les travailleurs actuels et les plus jeunes provenant de leur communauté qui vont être engagés un jour. Ils ne devraient pas être forcés d'endurer des conditions de travail et d'emploi inférieures aux conditions actuelles comme le demande injustement la compagnie. Les travailleurs ont aussi exprimé leur appui pour ceux d'entre eux qui sont devenus malades ou ont été blessés au travail, qui représentent le nombre impressionnant d'environ 250 travailleurs sur un total de 1300.

La résistance des travailleurs a forcé la compagnie à retirer un certain nombre de concessions mais la question centrale d'une main-d'oeuvre précaire de nouveaux engagés demeure. La compagnie avait introduit une catégorie de travailleurs temporaires il y a quelques années et les travailleurs considèrent cela comme une attaque contre leur dignité et leurs droits et contre celle des jeunes travailleurs du Labrador et de leur communauté éloignée.

Avant cette ronde de négociations, IOC avait refusé d'engager des travailleurs à temps plein, imposant plutôt des emplois précaires temporaires aux nouveaux engagés. La compagnie avait même menacé les travailleurs d'offrir toutes les positions vacantes en sous-traitance si ceux-ci n'acceptaient pas cette catégorie de travailleurs temporaires et de l'inscrire dans leur convention collective. Pour bien souligner ce que la compagnie entendait faire, elle avait commencé à offrir en sous-traitance l'emploi de transport du minerai de la mine, de conduite des camions et d'utilisation de l'équipement lourd, des emplois qui jusque-là avaient été réservés aux travailleurs à temps plein. Les travailleurs ont décidé de mettre fin à cette arrogance de la compagnie.

En 2016, les travailleurs avaient accepté à contrecoeur d'autoriser un projet pilote de six mois d'engagement d'une main-d'oeuvre temporaire. Lorsque les négociations en vue d'une nouvelle convention collective ont débuté, la compagnie a demandé d'inclure cette catégorie d'employés temporaires sans sécurité et aux avantages sociaux très inférieurs dans la convention collective elle-même et selon un pourcentage inscrit dans la convention. Les travailleurs s'y sont opposés fermement et ont rejeté la proposition de la compagnie à 90 %.

Dans cette nouvelle « offre finale », IOC a laissé tomber la catégorie comme telle mais elle a demandé de grands changements dans la politique relative aux nouveaux engagés pour les deux premières années de leur travail à IOC. De nouvelles clauses de mises à pied et de rappel ont été proposées, très inférieures aux clauses actuelles, et il en a été de même des clauses sur les vacances. La période de probation a été prolongée. La proposition préserve ce que les travailleurs appellent un régime à deux vitesses et elle permet à la compagnie d'engager des travailleurs pendant quelques mois puis de les mettre à pied comme s'ils étaient une main-d'oeuvre temporaire.

Les travailleurs disent qu'ils n'acceptent pas que des gens de leur communauté travaillent côte-à-côte avec eux à des conditions séparées, inférieures et précaires. L'activité minière est de loin l'activité économique principale de la communauté de Labrador City et l'abaissement des conditions de travail de la main-d'oeuvre minière signifie en général l'aggravation des conditions de vie des gens de la région. Les travailleurs d'IOC au Labrador ont réussi jusqu'à maintenant à éviter des phénomènes comme le « fly-in/fly-out » (main d'oeuvre par navette aérienne sans résidence dans la communauté) et d'autres stratagèmes imposés par les monopoles miniers dans les communautés éloignées. Ils ont bâti une communauté viable et s'opposent fermement à toute proposition de la compagnie qui va créer une main-d'oeuvre précaire et bonne à jeter, ce qui va mener à l'aggravation d'ensemble des conditions de vie et de travail.

D'autres points qui achoppent dans la proposition de la compagnie sont son refus de lever les plafonds des bénéfices médicaux, que ce soit les médicaments ou les thérapies et son refus d'accroître les prestations de retraite, lesquelles ne sont pas adéquates. Les travailleurs qui se blessent ou deviennent malades au travail dans cet environnement plein de conditions dangereuses doivent souvent payer des milliers de dollars en médicaments et thérapies dont ils ont besoin pour continuer de travailler ou retourner au travail. Dans certains cas, les travailleurs ont dû payer de leurs poches 15 000 $ par année ce qui est intenable.

Les travailleurs maintiennent leurs lignes de piquetage et demandent que la compagnie négocie de bonne foi avec eux et signe une convention collective qui est leur acceptable ainsi qu'à la communauté.

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Les travailleurs de Sept-Îles rejettent
l'entente de principe


Manifestation des travailleurs de l'IOC à Sept-Îles, le 20 avril 2018

Les quelque 300 travailleurs d'IOC à Sept-Îles ont rejeté l'entente de principe conclue entre la compagnie et leur section locale du Syndicat des Métallos, la section 9344. Le 19 avril, ils ont voté à 94 % de ne pas accepter cette proposition. Cependant, les travailleurs de Sept-Îles n'ont pas encore l'autorisation de déclencher leur grève légale parce qu'ils n'ont pas pu en arriver à un accord avec la compagnie sur les services essentiels à fournir pendant la grève. IOC insiste pour que son contrat commercial avec Minerai de fer Québec pour le transport du minerai du lac Bloom jusqu'à Sept-Îles soit déclaré service essentiel. Des passagers utilisent le chemin de fer sur lequel oeuvrent les travailleurs de Sept-Îles mais ce n'est pas ce qui empêche d'en arriver à une entente. Le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) pourrait prendre plusieurs autres semaines avant de rendre sa décision.

Le lendemain de leur rejet de l'offre finale d'IOC, les travailleurs de Sept-Îles ont tenu une manifestation dans la ville pour exprimer leur appui à leurs collègues en grève au Labrador. La compagnie, niant la nécessité d'un accord de services essentiels avec les travailleurs et le CCRI, a annoncé la mise à pied de 117 travailleurs de Sept-Îles sous prétexte que la grève se poursuit au Labrador.

La lutte des travailleurs d'IOC au Labrador et à Sept-Îles est une lutte à la défense de la dignité des travailleurs et d'une vie elle aussi pleine de dignité pour les gens des communautés dans les régions éloignées.

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