26 avril 2018
28 avril, Journée de
commémoration des personnes
décédées ou blessées au travail
Affirmons le droit à des
conditions
de travail saines et sécuritaires!
28 Avril, Journée de
commémoration des personnes décédées ou
blessées au travail
• Affirmons le droit à des conditions de
travail saines et sécuritaires!
Les travailleurs parlent
à la défense de leurs droits
• Doug Finnson, président de la
Conférence ferroviaire de Teamsters Canada
• Peter Page, vice-président
exécutif du Réseau ontarien des groupes de travailleurs
accidentés
• Simon Lévesque, responsable de la
santé et de la sécurité, FTQ-Construction
• Nathalie Savard, présidente du
Syndicat des intervenantes et des intervenants
de la santé du Nord-Est québécois
• Geneviève Royer, orthopédagogue
au secondaire
• Denis St-Jean, agent national en
santé-sécurité pour l'Alliance de la fonction
publique du Canada
• Lui Queano, organisateur pour Migrante
Ontario
• Mike
Cartwright, représentant en santé-sécurité
au Syndicat des employés
d'hôpitaux et à la Fédération du travail de
la Colombie-Britannique
• Bill McMullan, aide-soignant, Île de
Vancouver
• Samantha Cartwright, aide-soignante,
Prince George
• Les camionneurs du Québec
s'apprêtent à rendre hommage à leurs
disparus - Normand Chouinard, camionneur
québécois
À titre
d'information
• Les blessures et les décès au
travail au Canada et à l'échelle internationale
• Les décès liés à
l'amiante - Peggy Askin, ancienne présidente du
Conseil du travail du district de Calgary
28 avril, Journée de
commémoration des personnes décédées
ou blessées au travail
Affirmons le droit à des conditions de travail
saines et sécuritaires!
Encore une fois cette année, à l'occasion
du 28 avril, les
travailleurs organisent des cérémonies et des rencontres
et observent
des minutes de silence pour pleurer les morts et lutter pour les
vivants. Ces événements sont organisés dans des
conditions très
difficiles alors que ceux qui contrôlent et possèdent les
endroits de
production
demandent d'en avoir le contrôle absolu afin de servir leurs
intérêts
privés étroits, sans que les travailleurs qui font la
production aient
un mot décisif ou un contrôle sur leurs conditions de
travail. Cela
comprend les conditions de santé et de sécurité.
Comment les conditions
de travail peuvent-elles être saines et sécuritaires si la
voie
indépendante et
organisée de ceux qui font le travail est
étouffée ?
Les monopoles demandent un contrôle
illimité sur les installations
de production et rejettent toute intervention du gouvernement dans
leurs affaires sauf pour des stratagèmes pour payer les riches
et le
recours
aux pouvoirs de police de l'État pour tenter d'écraser la
lutte des
travailleurs pour leurs droits. Les gouvernements aggravent les
problèmes
par leurs politiques et leurs actions au lieu d'établir des
normes de
production comme une question de principe et d'appliquer les normes de
santé et de sécurité sans lesquelles la production
n'est pas autorisée.
Ils agissent ainsi en invoquant de grands idéaux, la «
santé de
l'économie », ou l'« intérêt
national » qui selon eux requiert que
les monopoles soient compétitifs sur les marchés
mondiaux. Ils ont
recours à des formules et des pratiques fallacieuses comme
l'autoréglementation des industries. On voit bien ce que cela a
donné
par exemple dans l'industrie ferroviaire. Ce secteur est devenu un de
ceux où la santé et la sécurité des
travailleurs et celles du public
sont les plus
compromises alors que l'autoréglementation a mené
à une sérieuse
détérioration des conditions de travail, au point que le
travail au-delà du point d'épuisement est devenu chose
courante pour les travailleurs ferroviaires.
Les travailleurs rejettent le diktat qui veut qu'ils
n'ont pas de
rôle à jouer dans la détermination de leurs
conditions de travail. Ils
s'organisent en particulier pour briser le silence sur leurs
conditions, parmi les travailleurs et aussi au niveau de l'opinion
publique. Ils expliquent publiquement quels sont les problèmes
auxquels ils font face,
pourquoi ils se battent pour eux-mêmes et pour la
société. Ils
s'opposent à la désinformation des médias
monopolisés et mettent de
l'avant des demandes pour transformer la situation en leur faveur et en
faveur de la société. Ils demandent l'appui et la
participation de tous
dans des actions qui bâtissent une force unie et organisée
à la défense
des
droits. En faisant cela, ils cherchent aussi à échapper
aux pièges que
leurs dressent les monopoles et les gouvernements à leur service
pour paralyser leur initiative comme leur
maintien dans un état perpétuel de griefs et d'arbitrage,
que les monopoles se servent entre autres pour affaiblir les finances
des syndicats. Les travailleurs
agissent de plus en plus dans l'arène de l'opinion publique pour
défendre et
affirmer leur droit à des conditions saines et
sécuritaires et à une
indemnisation adéquate à un standard canadien pour les
travailleurs accidentés et devenus malades au travail.
Dans cette lutte
organisée pour affirmer leurs droits, les
travailleurs disent que des conditions de travail saines et
sécuritaires et une indemnisation adéquate pour les
travailleurs
accidentés sont une partie intégrante de l'échange
qui se produit entre
eux et leurs employeurs, l'échange de leur capacité de
travailler
contre des conditions définies qui
leur sont acceptables. Les insinuations et les accusations que c'est le
comportement des travailleurs qui est à blâmer pour les
accidents et
les maladies professionnelles sont une attaque frontale contre les
termes mêmes de cet échange. Il en résulte une
situation intenable en
ce qui concerne les relations de production aux endroits de travail et
dans la
société.
Chaque jour qui passe place les travailleurs devant la
nécessité de
renverser la situation en leur faveur en ce qui a trait à leur
santé et
leur sécurité et à celle du public en intensifiant
leur résistance et
en revendiquant une nouvelle direction de l'économie qui
reconnaît et
garantit les droits de tous. À cet égard, les
travailleurs trouvent les
façons
de se faire entendre et de briser le silence sur leurs conditions de
travail. Le mot d'ordre « Notre sécurité est dans
la lutte pour les
droits de tous » les guide dans leur travail pour
bâtir leur unité
d'action et affirmer leurs droits et les droits de tous.
Le 28 avril, les travailleurs expriment leur
détermination à
affirmer leur droit à des conditions de travail saines et
sécuritaires !
Les
travailleurs parlent à la défense de leurs droits
Doug Finnson, président de la Conférence
ferroviaire de Teamsters Canada
Le problème numéro un, c'est l'avalanche
de mesures disciplinaires
contre les travailleurs, le traitement des travailleurs qui se blessent
au travail. Selon l'employeur, la santé et la
sécurité sont notre
responsabilité. Quand un travailleur se blesse, la
réponse de
l'employeur est que « c'est toi qui t'ai fait mal, qui t'es
blessé »,
et le
travailleur reçoit une mesure disciplinaire. Je pense que les
employeurs déforment de façon
délibérée ce que c'est la santé et la
sécurité. Quand ils disent qu'ils vont mettre l'accent
sur la santé et
la sécurité, ça veut dire qu'ils vont
accroître les mesures
disciplinaires. Ils veulent blâmer les travailleurs de tout ce
qui se
passe. Il n'y a aucune
appréciation de la nécessité de faire le travail
de façon à ce qu'il
n'y ait pas d'accidents au lieu d'attendre que les accidents se
produisent. Ça n'a pas de sens à mon avis que nous soyons
si
profondément en mode réactif quand il est question de
santé et de
sécurité. Le fait que l'employeur a dans ses mains autant
de contrôle
sur la santé et la
sécurité dans l'industrie ferroviaire montre qu'il y a un
manque de
législation adéquate. Je pense aussi que les employeurs
tendent à
minimiser le nombre de blessures et d'accidents qui se produisent.
Lorsque les sociétés ferroviaires ont des ennuis, que
quelque chose de
terrible se produit, elles se cachent derrière les statistiques
et se
vantent qu'il y
a eu tant de millage de fait sans accidents.
Les problèmes de santé et de
sécurité sont souvent reliés à la
fatigue. Nous devons sortir du pattern qui existe dans l'industrie
ferroviaire, que lorsque les travailleurs ressentent la fatigue,
lorsque la fatigue s'installe à l'endroit de travail, tu dois
travailler quand même et faire un grief plus tard. Ça ne
devrait pas
être comme ça. Les travailleurs
se voient forcés de faire du temps supplémentaire ou de
travailler plus
longtemps que leur horaire le prévoit, plus longtemps que la
convention
collective le prévoit. J'appelle cela travailler maintenant et
faire un
grief plus tard. Il faut que le travailleur puisse s'arrêter,
puisse
dire que quelqu'un d'autre devrait conduire le train à sa place.
Nous
combattons constamment la fatigue.
Nous devons dire aux travailleurs qu'il s'agit de notre
santé et de
notre sécurité. C'est notre corps qui est meurtri, pas
celui de
l'employeur. Nous devons répandre le message partout. Dans notre
travail, nous informons les travailleurs, nous les éduquons,
nous
développons leur confiance dans leur capacité d'agir.
Surtout, ils
doivent être actifs
dans le syndicat. C'est seulement si vous êtes actif que vous
pouvez
comprendre ce à quoi nous faisons face en ce moment. C'est
essentiel
d'être actif dans le syndicat.
Peter Page, vice-président exécutif du
Réseau ontarien des groupes de travailleurs accidentés
Le Réseau ontarien des groupes de travailleurs accidentés
lance sa campagne « L'indemnisation des travailleurs
accidentés est un droit » les 11 et 12 septembre 2017
alors
que les députés reprennent la session parlementaire.
Depuis
le
mois
d'août,
le
Réseau
ontarien
des
groupes de travailleurs
accidentés (ONIWG) est engagé dans la campagne «
L'indemnisation des travailleurs accidentés est un droit !
». Nous avons adopté trois demandes que nous
présentons aux trois partis qui pourraient former le prochain
gouvernement. Nous leur demandons ce qu'ils vont faire à leur
sujet.
Ces
trois
demandes
sont
:
les
conditions
préexistantes,
pas de
coupures de prestations sur la base d'emplois fantômes, ce qu'on
appelle le « deeming », et la nécessité
d'écouter le médecin des travailleurs accidentés.
La CSPAAT (Commission de la sécurité professionnelle et
de l'assurance contre les accidents du travail) invoque des conditions
préexistantes pour réduire les prestations des
travailleurs accidentés. Elle dit que les travailleurs
souffraient d'une condition préexistante avant de se blesser, un
mal de dos chronique par exemple. Peut-être que le travailleur a
été déménageur pendant 25 ans et que son
dos ne l'a jamais fait souffrir. Puis, il a un accident, il se blesse
au dos et la Commission lui dit que cela vient de sa condition
préexistante, d'une scoliose par exemple, et elle réduit
ses prestations.
Ce
qu'on
appelle
le
«
deeming
»
c'est
cette pratique de la Commission par
laquelle elle présume que n'importe qui est
capable de travailler que cela soit le cas ou non. Nous connaissons
plusieurs travailleurs qui ne seront pas capables de retourner
travailler ou alors seulement pour un emploi limité qui ne peut
pas les faire vivre. La Commission déclare que le travailleur a
un emploi et réduit ses prestations du montant correspondant
pour
sauver de l'argent.
La
troisième
demande
concerne
cette
pratique
de
la
Commission
d'avoir recours à ses propres médecins pour
décider des conditions de santé d'un travailleur. Au lieu
d'écouter ce que dit le médecin du travailleur, elle fait
une évaluation sur papier avec un médecin qui fait juste
examiner des rapports et décide que le travailleur est capable
de retourner travailler. C'est eux qui prennent la décision. Ils
ne prennent pas en compte la situation de santé d'ensemble du
travailleur. Disons que le travailleur s'est cassé un bras. Ils
vont dire qu'un bras cassé est guéri en trois mois alors
ils réduisent les prestations même si le travailleur est
toujours souffrant et que son médecin de famille affirme qu'il
n'est pas apte à retourner au travail.
Nous
avons
maintenant
rencontré
23
députés
provinciaux
en
Ontario,
libéraux, progressistes-conservateurs et
néodémocrates. Nous allons tenir d'autres rencontres avec
des candidats de tous les partis sur les enjeux que les travailleurs
accidentés veulent voir traités par quiconque va former
le gouvernement.
Je
tiens
à
dire
également
que
la
CSPAAT
est maintenant
financée à 100 %. Le passif de financement est
comblé et pourtant les travailleurs accidentés se font
refuser leurs prestations et même encore plus qu'avant. La
Commission veut maintenant que son financement atteigne 120 %. Chose
certaine, elle n'a pas réglé le passif de financement en
augmentant les cotisations des employeurs. Elle a obtenu cet argent en
réduisant et coupant les prestations des travailleurs. En plus
de cela, cela prend parfois jusqu'à cinq ans avant qu'une
réclamation de prestation soit réglée.
Nous
disons
qu'une
indemnisation
est
un
droit.
Les
travailleurs
méritent d'être traités avec justice et
dignité.
Simon Lévesque, responsable de la santé
et de la sécurité, FTQ-Construction
La marche de la Journée de commémoration à
l'Assemblée nationale à Québec le 28 avril 2015
Ce qui me vient en tête d'abord et avant tout,
c'est le tueur
principal dans l'industrie de la construction, c'est l'amiante. On en a
partout dans la construction. Ils en ont mis partout dans les
bâtiments, des années 1950 au début des
années 1980. Nos travailleurs
sont exposés aux
matières qui contiennent de l'amiante. Au début des
années 1990, on
s'est aperçu que c'était un problème, des mesures
ont été prises dans
le cas des travaux de la construction, on a établi des travaux
à
risques faibles, moyens et élevés. Tout le monde
était d'accord que c'était une maladie sournoise, que
cela prenait
beaucoup de temps avant que la maladie se déclare. La
période de
latence pour développer un cancer causé par l'amiante, le
mésothéliome,
ou cancer de la plèvre, est entre 15 et 30 ans. Tu
arrives
à ta retraite pour te faire annoncer que tu souffres de
l'amiantose. Il
y a des cas où on ne reconnaît pas le
mésothéliome comme étant relié à
l'amiante et au travail. On est obligé de se battre pour le
faire
reconnaître. En plus, la norme d'amiante permise dans l'air est
dix
fois
plus élevée au Québec que dans le reste du Canada.
On demande au
gouvernement de changer la norme pour la mettre au moins au diapason de
la norme canadienne. C'est l'argument économique qui est
donné, qu'on a
été des producteurs d'amiante pendant longtemps, on
disait que ce
n'était pas dangereux. Encore aujourd'hui, c'est difficile de
faire
intervenir des inspecteurs sur des cas d'amiante, même si c'est
une
priorité. Du fait qu'il y a une longue période de
latence, il n'y a pas
de perception d'un danger immédiat.
Au niveau des chantiers, la construction est encore le
secteur qui
a le plus grand nombre de décès par année au
travail. On travaille fort
pour changer les comportements des employeurs. On stagne au niveau de
la prévention. Si les employeurs ne se font pas dire par les
inspecteurs de changer leurs
méthodes, s'ils ne reçoivent pas d'avertissements, ils ne
bougent pas.
Nous travaillons à la prise en charge par le milieu avec les
travailleurs. Les grands employeurs de la construction n'en veulent
pas. Eux, c'est leur droit de gérance qu'ils veulent conserver.
La
prise en charge par le milieu, pour nous en ce moment,
c'est le représentant en prévention, qui est d'ailleurs
prévu par la
loi, mais n'a pas été promulgué dans la
construction. On fait des
batailles pour en avoir. On a réussi à en gagner sur les
chantiers
de 500 travailleurs et plus. On en a gagné quelques uns
mais la
pression est
énorme de la part des employeurs pour ne pas en avoir, pour ne
pas
qu'il y ait de place pour les travailleurs alors que ce sont nos
conditions de santé et de sécurité. Il y a eu des
ouvertures chez
Hydro-Québec, il y a un dialogue, un changement
de
culture. Mais pour la plus grande partie des
grands entreprises, il y a un refus de travailler avec les syndicats.
On va continuer à se battre. Le représentant en
prévention, c'est
quelqu'un qui est là constamment, qui est au fait de tout ce qui
se
passe, qui s'assure que les accidents sont déclarés. Il
est là surtout
pour essayer de faire en sorte
que les accidents ne se produisent pas. Aussi, il protège les
travailleurs dans le contexte où on n'a pas de
sécurité d'emploi. Il y
un lien de confiance avec le représentant, qui n'agit pas comme
un
policier sur les chantiers. Dans les conditions actuelles c'est devenu
encore plus important. Les choses ont
changé sur les chantiers. Dans un passé pas si lointain,
il y avait des
actions des travailleurs sur les chantiers contre les employeurs qui
faisaient de l'intimidation. Quand cela dépassait les bornes, il
n'était pas rare que des travailleurs se rassemblent sur les
chantiers,
refusent de travailler et disent que le travail ne va
pas reprendre si l'intimidateur, le représentant des employeurs
n'est
pas exclu du chantier. Maintenant, dès qu'on ferait cela, on se
ferait
poursuivre. C'est nous qui nous faisons traiter d'intimidateurs. Les
rôles ont changé. Il faut regagner la place des
travailleurs sur les
chantiers.
Nathalie Savard, présidente du Syndicat des
intervenantes et des intervenants de la santé
du Nord-Est québécois
Il y a un très grand travail à faire en
ce qui concerne la santé et la sécurité de nos
membres.
Nos membres font souvent face à de la violence,
notamment dans les centres d'hébergement
de
soins
de
longue
durée (CHSLD), des patients qui
deviennent agressifs, des familles aussi qui ne
sont pas contentes et ce sont nos membres qui écopent. Les
employeurs
font des comités de santé et de sécurité au
travail, je crois que c'est
pour le bien-paraître. Quand on arrive pour discuter de
questions de fond comme la violence envers les infirmières,
notamment
en CHSLD, les problèmes de prévention, de l'inspection
qu'il faut faire
des leviers mécaniques pour les patients, ce sont des choses qui
ne
reçoivent pas l'attention nécessaire. Même chose
pour les matières
dangereuses qu'on doit utiliser, nous avons des cahiers à ce
sujet, qui
expliquent quoi faire, souvent les informations ne sont pas à
jour. Il
y a un manque de formation, par exemple pour nos infirmières qui
vont
travailler dans les maisons des gens. Peu de formation sur quoi faire
dans le cas de patients qui deviennent violents. Ce n'est pas de la
faute des patients. Il y a des cas de démence. Il semble qu'il y
a un
manque de volonté politique.
Aussi, la pression est très forte à cause
de la pénurie de
personnel, du manque de ressources dans les milieux. Les budgets ne
suivent pas les besoins. On voit de plus en plus de problèmes de
santé
psychologique. On essaie de les faire reconnaître comme maladie
professionnelle, ce n'est pas facile. Au niveau de la santé
mentale il y
a beaucoup
de préjugés de la part des employeurs, il y a aussi des
préjugés dans
la population en général. Récemment, au niveau de
la Loi sur la santé et la sécurité du travail
le réseau de la santé a été inscrit comme
un groupe prioritaire, à
cause des troubles musculo-squelettiques entre autres, et des
problèmes de santé psychologique, alors on espère
que cela va faire bouger les choses rapidement. (Dans la loi, les
groupes prioritaires sont ceux qui sont considérés comme
les plus
dangereux et ont donc besoin de mécanismes de prévention,
comme les
travailleurs de la forêt, des mines, de l'industrie chimique, etc
-
Note de FO ). Il y a aussi la question d'une maternité
sans
danger. On
essaie de garder de plus en plus les travailleuses qui sont enceintes
dans les milieux de travail. Avec la pénurie
d'infirmières, cela a
amené une pression énorme. Souvent nous devons intervenir
pour faire
respecter les limitations de ces travailleuses-là. Il faut faire
respecter
nos membres sur ce plan-là. On travaille de plus en plus vite,
on a de
moins en
moins de personnes. C'est complexe. Si on veut
garder nos gens au travail en santé, il faut s'en
préoccuper, il faut
faire des actions. Il faut mettre l'accent sur la formation, il faut
faire des comités qui sont paritaires syndicaux-employeurs
où on
soulève et on règle les problèmes. Il faut donner
de bons services aux
patients et
il faut que cela soit fait dans un milieu sécuritaire.
Geneviève Royer, orthopédagogue au
secondaire
Le principal problème c'est qu'aucun des
arrangements qui est fait
en éducation ne part des besoins que les enseignants ont
identifiés. Le
principal besoin dans le court-terme c'est la diminution du ratio
professeurs-élèves. Cette revendication est mise de
l'avant au moins
depuis 1995, alors que les professeurs ont identifié que
dans le
contexte social dans lequel on est, ils ont besoin d'avoir moins
d'élèves en classe. Pour être capable d'avoir un
enseignement de
qualité et de cibler les élèves en
difficulté et être capables
d'identifier l'aide dont on a besoin pour cet
élève-là. On ne peut pas
cibler les difficultés parce qu'on a 30
élèves et quand on cible des
difficultés les
ressources ne sont pas là. C'est le principal obstacle qui
existe et
qui crée le problème de burnout et d'épuisement
professionnel. Pour
éviter de résoudre le problème, il y a l'offensive
idéologique qui dit
qu'il n'y a pas d'argent et qu'on doit manoeuvrer en l'absence du
financement nécessaire. Les réformes qui ont
été mises sur pied, qui
ont été
imposées aux professeurs, c'était que les profeseurs sont
capables de
fonctionner à trente, en faisant six groupes de cinq
élèves, etc. C'est
une diversion parce que la diminution du ratio
professeurs-élèves, cela
voudrait dire qu'on investit en éducation, que de nouveaux
professeurs
sont engagés, que de nouvelles classes s'ouvrent. Ce serait
quelque
chose de positif mais dans le modus operandi de l'État ce n'est
pas
positif, c'est une dépense.
En même temps qu'on a
ce phénomène-là, le refus de diminuer le
ratio professeurs-élèves, on a aussi le
phénomène, qu'on a vu dans la
santé avec la désinstitutionnalisation dans les
années 1990, qui s'est
traduit dans les écoles par la normalisation des
élèves. La
normalisation voulait dire que l'élève devait être
dans une classe
régulière. Lorsque j'ai commencé, il y avait
énormément de classes
spécialisées. Le prétexte pour la normalisation
était de dire que les
élèves étaient marginalisés dans les
classes spécialisées et qu'il
fallait donc les introduire dans des classes régulières.
Ça été un
prétexte pour fermer année après année les
classes spécialisées et
intégrer ces
élèves-là mais sans services associés pour
répondre aux besoins.
En plus, c'est que l'offensive antisociale a un effet
sur les
familles, sur les enfants. Il peut y avoir un groupe de 30
avec 10-15
élèves qui ont des besoins particuliers qui ne sont pas
traités. Quand
les besoins ne sont pas traités et comblés, cela devient
une question
de comportement, cela devient le problème du professeur qui doit
apprendre à bien gérer sa classe etc,. La surcharge qui
est le résultat
de la destruction des arrangements en éducation est
présentée comme un
problème personnel de l'enseignant. Avec l'offensive
antisociale, on
reçoit beaucoup d'élèves qui ne déjeunent
pas le matin, des parents qui
eux-mêmes sont en crise, sans emplois, ayant besoin d'aide pour
équilibrer leur vie. Dans ce contexte, des collectifs sont
ciblés, ce
sont les parents qui doivent soi-disant apprendre à
élever leurs
enfants, etc. On cible des ennemis alors que l'organisation du
système
d'éducation est non scientifique, non rationnelle. Cela exerce
une
pression énorme sur les enseignants. Il y a eu une
éruption en flèche
des absences de
longue durée parmi les enseignants. Il n'est pas rare que des
enseignants soient absents pendant un an ou deux. C'est épuisant
pour
les enseignants d'avoir des jeunes en face d'eux et de savoir qu'ils ne
répondent pas à leurs besoins. Il y a une forme de
violence qui
s'installe, le groupe devient agité, les professeurs passent en
mode
survie, se
mettent à expulser des élèves. Cela est en
contradiction avec la
conscience professionnelle de pédagogue de l'enseignement. Avec
cette
destruction, beaucoup de parents choisissent d'aller au privé
parce
qu'il y a une stabilité, une certaine norme. Il y a un exode du
public
vers le privé. Pour faire face à cet exode, les
enseignants s'engagent
dans
plein d'activités qui vont au-delà de leur charge de
travail. Il y a la
question du nivellement vers le bas, par exemple de faire passer les
étudiants à tout prix. Les professeurs s'objectent
à ce nivellement
vers le bas, qui est une attaque à leur dignité en tant
qu'enseignants.
Ce qui nous sauve c'est le collectif. Les professeurs
font appel
les uns aux autres, s'aident mutuellement pour faire face aux
différentes situations. Ce que je vois là-dedans c'est
que notre tâche
a tellement augmenté, que les tâches sont devenues si
complexes dans le
contexte de l'offensive antisociale, que nous serions capables de la
faire
fonctionner l'école. Nous gérons l'argent, nous
gérons les activités
des élèves, nous gérons les relations avec les
parents. Nous apprenons à
aller chercher les forces de chacun pour résoudre les
problèmes
auxquels nous faisons face. En temps de négociations, les
enseignants
s'engagent aussi dans une lutte organisée syndicale pour
améliorer
leurs
conditions qui sont les conditions d'apprentissage des étudiants.
Denis St-Jean, agent national en
santé-sécurité pour l'Alliance de la fonction
publique du Canada
Chaque année nous adoptons un thème
particulier pour mettre
l'accent sur une problématique en ce qui concerne la
santé et la
sécurité de nos travailleurs et travailleuses. Cette
année, nous avons
retenu celle qui est très importante dans la fonction publique
fédérale, soit le harcèlement et la violence en
milieu de travail. On
demande à ce
qu'une loi oblige que le milieu de travail soit sécuritaire et
sain. On
veut une loi qui va soutenir les travailleuses qui rapportent les
incidents de violence et de harcèlement. On examine avec
beaucoup
d'attention le projet de loi C-65 sur le harcèlement et la
violence
sexuels qui chemine présentement à la Chambre des
communes et on attend
le
résultat des consultations publiques que le ministère du
Travail
effectue présentement à travers le Canada.
Au cours des années on fait des sondages
auprès de nos membres, au
sein de nos conférences nationales et régionales. La
réponse de nos
membres c'est numéro un, la violence et le harcèlement,
le second c'est
la problématique de la santé mentale en milieu de travail
et le
troisième c'est l'absence de formation sur ces sujets.
Le harcèlement et la violence prennent toutes
sortes de formes. On
parle évidemment de violence physique mais on parle aussi de
violence
psychologique. On parle d'intimidation, de menaces de
représailles, de
comportements inacceptables, d'incivilité. Cela se passe
principalement dans un rapport de force dans un milieu de travail,
où
les
gens qui sont dans les postes de support sont principalement
ciblés par
les intimidateurs. Dans la fonction publique fédérale, on
a des
sondages une fois tous les deux ans et les résultats sont
constants, à
peu près une personne sur cinq dans la fonction publique a
rapporté
avoir été victime de harcèlement en milieu de
travail et 25 %
d'entre elles n'ont pas pris d'action pour essayer de résoudre
le
problème de harcèlement. Cela dénote une absence
de confiance dans les
processus existants et une culture où le harcèlement est
toléré comme
condition normale de travail.
La plupart des cas d'intimidation en milieu de travail,
c'est le
cas d'une personne qui a le pouvoir, on parle de gestionnaires ou de
membres du personnel de direction, versus une personne qui a moins de
pouvoir. C'est un abus de pouvoir, une démonstration du rapport
de
force qu'on voit en milieu de travail. La seule façon de
contrecarrer
cette absence de pouvoir c'est évidemment de faire partie d'un
syndicat, d'être capable de trouver des solutions, que ce soit
par les
conventions collectives, les changements législatifs que nous
réclamons
et les recours légaux.
Bien sûr la santé mentale demeure un grand
problème parce que si le
milieu de travail est toxique alors cela affecte directement la
santé
mentale de nos travailleurs et travailleuses. C'est pour cela que nous
portons une grande attention au projet de loi C-65 qui va changer le Code canadien du travail.
Il faut qu'il y ait des remèdes au
harcèlement systématique, il n'y a pas beaucoup de
recours qui sont
améliorés en ce moment dans le projet de loi si ce n'est
que de faire
une enquête impartiale tel que prévu par
réglementation.
Lui Queano, organisateur pour Migrante Ontario
Manifestation à Toronto le 15 septembre 2017
Un des principaux problèmes en ce qui concerne
les travailleurs
migrants c'est qu'ils ne reçoivent pas l'équipement de
sécurité
nécessaire. Plusieurs d'entre eux travaillent sur des fermes et
sont
exposés aux fertilisants sans porter l'équipement de
protection requis.
C'est une chose
de base, mais elle ne leur est pas accordée. Parfois ils
reçoivent un
équipement de protection mais il n'est pas adéquat
ou il est usé et ils
ne peuvent pas en demander un autre. Ces travailleurs sont saisonniers
et le gouvernement n'accorde pas l'attention nécessaire à
leur
sécurité. Ils sont parmi les travailleurs les plus
vulnérables.
Migrante fait beaucoup de travail dans les
communautés en ce qui
concerne la sécurité des travailleurs. Nous informons
aussi les
travailleurs migrants de leurs droits aux endroits de travail. Nous les
encourageons à faire rapport des enjeux qu'ils vivent, à
en faire
rapport à Migrante, qui va les aider, y
compris au niveau juridique. Nous tenons des séminaires en
coopération
avec le Centre canadien de ressources pour les migrants (MRCC). Nous
invitons les travailleurs à venir au centre, à
s'éduquer sur
l'importance de la protection afin qu'ils aient les connaissances
nécessaires sur leur emploi et aussi
qu'ils n'aient pas peur de parler de leurs conditions de travail.
Migrante Canada visite les travailleurs migrants à
l'échelle du pays.
Par exemple nous sommes allés à
l'Île-du-Prince-Édouard où des
travailleurs migrants travaillent dans les pêcheries et n'avaient
aucune organisation. La
plupart étaient des travailleurs philippins. Migrante est en
train de
les aider à s'organiser.
Nous participons aussi à la campagne du Centre
d'action pour les
aidants qui demande au gouvernement fédéral d'abroger
immédiatement une
section de la loi qui nie le statut de résident permanent aux
immigrants ayant des handicaps. Il s'agit de la Loi sur
l'immigration et la protection des
réfugiés
qui nie le statut de résident permanent à une famille
entière si un de
ses membres est malade ou souffre d'un handicap qui causerait un
« fardeau excessif » au système de
santé au Canada. Les aidants
viennent à leur frais au Canada
dispenser ce service utile et nécessaire, pour se faire dire
qu'ils ne
sont pas acceptés comme résidents permanents.
Le travail de Migrante vise à ce que les
travailleurs migrants
prennent la parole, organisent, gagnent en confiance et aient une voix.
Mike Cartwright, représentant en
santé-sécurité au Syndicat des
employés d'hôpitaux et à la
Fédération du travail de la
Colombie-Britannique
Le plus gros défi en santé et
sécurité dans le système de santé est
le manque de personnel. Un grand nombre de nos blessures sont
causées
par l'insuffisance de personnel. Cela se produit chez les aides
soignants, les travailleurs des loisirs, le personnel d'entretien et
des cuisines, etc. La plupart de ces blessures sont de nature
musculo-squelettique, et il y aussi les coupures, les éraflures,
les
égratignures mais la majorité des blessures sont
musculo-squelettiques.
On note aussi une augmentation significative du stress au travail. Il y
a plus de blessures qui se produisent dans des institutions de soins
complexes, comme les soins aux aînés, que dans les
hôpitaux. Un grand
nombre de « résidences pour soins complexes »
ne sont pas appropriées à
ce genre de soins. Les édifices ne sont pas conçus pour
traiter les cas
de démence. Le personnel ne reçoit pas la formation
nécessaire. Il
manque de personnel. Souvent, une seule personne doit faire une
levée
de patients qui requiert deux personnes. Plusieurs foyers
d'hébergement ont été construits dans les
années soixante, soixante-dix
et quatre-vingt. Dans les foyers d'hébergement privés
à but lucratif,
les propriétaires veulent faire de l'argent plutôt qu'en
dépenser alors
souvent ils ne fournissent pas de leviers mécaniques ou d'autre
équipement dont les travailleurs ont besoin pour faire leur
travail de
manière
sécuritaire.
Le comité de
santé-sécurité de la Fédération du
travail de la
Colombie-Britannique fait du lobbying auprès du gouvernement
pour qu'il
modifie la réglementation de la Commission Worksafe BC et de
Worksafe
en ce qui concerne les niveaux d'effectifs et les niveaux de fatigue.
Nous avons émis des recommandations au sujet de la durée
de la
journée de travail parce qu'en ce moment il n'existe aucune
restriction sur le nombre d'heures que le travailleur peut passer au
travail.
Ces deux organismes sont chargés de
conscientiser les travailleurs
pour qu'ils connaissent leurs droits, sachent comment les mettre en
oeuvre et les défendre auprès du gouvernement. Le
comité de
santé-sécurité du Syndicat a aidé à
établir le curriculum du cours Connaissez
et
faites
respecter
vos
droits pour les membres qui se donne
dans des
sessions d'éducation membre à membre. Nous travaillons
aussi avec
toutes les sections locales de la province pour faire en sorte que
leurs comités conjoints de santé-sécurité
fonctionnent. Nous voulons
éduquer nos membres pour qu'ils soient capables d'affronter les
attaques des directions des institutions ou leur intimidation quand
elles disent «
Fais ce travail-là » même si ce n'est pas
sécuritaire. Nous voulons
donner les outils nécessaires à nos membres pour qu'ils
disent « Non !
J'ai le droit de refuser de faire un travail dangereux. J'ai le droit
de savoir quels dangers existent dans mon endroit de
travail. »
Bill McMullan, aide-soignant, Île de Vancouver
Je travaille dans une maison de groupe qui est la
maison de
plusieurs personnes. Les personnes dont je m'occupe sont des adultes
ayant de sérieux handicaps, à la fois cognitifs et
physiques. Ils ont
besoin d'un soutien personnel complet, avec des rendez-vous
médicaux,
la préparation et l'alimentation des repas, l'habillement, le
bain, les
activités sociales, essentiellement pour bien connaître
leurs besoins
et leur fournir les soins dont ils ont besoin.
En ce qui concerne nos conditions de travail, la plus
grande
difficulté à laquelle nous sommes confrontés est
le manque de
personnel. Il y a une érosion des postes à temps plein.
Chaque année,
il y a de plus en plus de postes à temps plein qui sont
transformés en
postes à temps partiel. Les salaires au sein de Community
Living BC
(CLBC) sont inférieurs à ceux des aides-soignants dans
les hôpitaux et
donc il y a un problème de rétention. Lorsqu'ils
commencent, les gens
travaillent souvent à plusieurs endroits, puis ils prennent un
emploi à
temps partiel ici et là et partout, ce qui les empêche
d'être
accessibles et disponibles pour des emplois à temps plein et les
employeurs en
profitent pleinement et peuvent ainsi éliminer les emplois
à temps
plein. Dans mon secteur, les travailleurs sont souvent isolés
les uns
des autres et certains des travailleurs les plus récents ne sont
pas
conscients de leurs droits et on tire avantage d'eux. Il y a beaucoup
de choses qui contribuent à dégrader la
santé et le bien-être des
travailleurs de
mon secteur. Nous avons du matériel vieillissant, des
lève-personnes,
des élingues, des lits modifiés, des baignoires
électriques et, en même
temps, vous avez une main-d'oeuvre vieillissante qui fait un travail
répétitif, alors vous avez besoin d'équipement qui
fonctionne.
Dans ce secteur, il existe à la fois des
opérateurs privés à but
lucratif et des sociétés à but non lucratif, tous
financés par le
gouvernement à travers le CLBC. Le problème est
qu'à mesure que les
besoins de services changent et qu'une personne a besoin de plus de
soins, le CLBC ne financera pas ces besoins accrus. Ils forcent
l'agence à
fournir des services et l'agence rejette le fardeau sur le personnel
qui doit faire plus avec moins. Nous avons également des
problèmes de
formation inadéquate pour traiter les personnes agressives.
De plus, certains des organismes privés parmi
les agences des
Services sociaux communautaires amèneront
délibérément des personnes
plus agressives à vivre dans un foyer de groupe, car plus
l'agression
est élevée, plus les fonds qu'ils reçoivent de
Community Living BC
(CLBC) sont élevés. Il n'est pas rare d'avoir une
aide-soignante
de 20 ans qui s'occupe d'un homme agressif sur une base
individuelle et
souvent le protocole est « enfermez-vous dans une pièce
quand ils sont
hors de contrôle ». C'est le plan de soutien face au
comportement. Sans
du personnel adéquat et une formation adéquate, la
sécurité des
travailleurs et la sécurité des personnes dont nous
prenons soin sont compromises.
Samantha Cartwright, aide-soignante, Prince George
Je travaille dans un complexe résidentiel de
soins de santé
ayant 58 lits. La plupart des patients sont des aînés
et environ 85 %
d'entre eux sont aux prises avec la démence au moment où
ils sont pris
en charge parce que malheureusement les listes d'attente sont si
longues. Les 15 % restants n'ont pas de
troubles cognitifs mais sont extrêmement malades physiquement
alors
certains d'entre eux résistent lorsque vous les soignez -
« Non, vous
n'utilisez pas ce système de levage, vous pouvez utiliser le
lève-personne Golvo », alors que le
lève-personne Golvo a été jugé
inapproprié. Les niveaux d'effectifs n'ont pas beaucoup
changé au cours
des 20 dernières années mais, il y a 20 ans,
les besoins physiques des
résidents étaient bien moindres qu'ils ne le sont
actuellement.
Notre travail est devenu complexe où il faut
équilibrer les besoins
des résidents avec la sécurité. Les personnes
atteintes de démence ont
de la difficulté à communiquer. L'eau pour certaines
personnes
atteintes de démence est en fait terrifiante et elles peuvent
devenir
agressives. Les équipes de bain sont toujours réduites
à une personne.
Même
lorsque le plan de soins nécessite deux ou trois personnes pour
faire
face à un comportement agressif, la personne responsable de
donner le
bain le fait toujours seule. Une des raisons est que les travailleurs
de l'équipe de bain sont vraiment bons dans leur travail et
savent que
s'ils ont un partenaire que le résident ne connaît pas,
cela créera une
situation plus dangereuse mais s'ils sont seuls, ils savent comment
faire face à l'agression car ils savent comment traiter avec la
personne, ils ont établi une relation de confiance avec elle.
Notre
travail comporte des risques et des dangers de par sa nature.
Les camionneurs du Québec s'apprêtent
à rendre hommage à leurs disparus.
- Normand Chouinard, camionneur
québécois -
Un événement important pour les
camionneurs et camionneuses du
Québec se tiendra le 28 avril prochain, Journée de
commémoration des
personnes décédées ou blessées au travail,
dans la petite municipalité
de Yamachiche, en Mauricie. Il s'agit d'un hommage aux camionneurs et
camionneuses décédés en exécutant leur
travail de
routier. C'est sous l'initiative et l'impulsion de l'organisme à
but
non lucratif SSPT chez les camionneurs (syndrome du stress
post-traumatique) que pour la première fois un tel rassemblement
aura
lieu.
SSPT chez les camionneurs
est né en 2013 lorsque le chauffeur
Patrick Forgues a eu un accident causant la mort quand un homme s'est
suicidé en se jetant devant son camion. Patrick a reçu un
diagnostic de
stress post-traumatique un mois plus tard et sa vie a
basculé. À
l'initiative de sa conjointe, Kareen Lapointe, une page
Facebook a été créée afin d'aider les
camionneurs et leurs familles à
démystifier le syndrome post-traumatique. « Un an plus
tard, la demande
étant tellement présente, nous avons fondé un
organisme à but non
lucratif qui s'appelle SSPT chez les camionneurs », peut-on
lire sur la
page Facebook de l'organisme.
Des gens de l'industrie du camionnage de partout au
Québec et
d'ailleurs pourront enfin commémorer leurs disparus. Il y aura
également des témoignages de camionneurs et camionneuses
accidentés
ainsi que des services d'aide sur les lieux de
l'événement. Ce sera
également une occasion pour rompre le silence sur les conditions
de
travail que
vivent les routiers tous les jours et sur les dangers constants
auxquels
ils font face. Le métier de camionneurs fait partie des
métiers les
plus dangereux, se tenant malheureusement toujours dans le peloton de
tête pour les blessés et décès au travail.
La reconnaissance du
syndrome du stress post-traumatique comme une maladie professionnelle
dans le
camionnage est un travail important alors que le nombre
d'accidents de la route ne fait qu'augmenter sur les routes en
Amérique
du Nord avec des conséquences énormes sur le bien
être des chauffeurs.
L'hommage du 28 avril pour les camionneurs et les
camionneuses est
une forme de culture moderne qui respecte le travail humain et les
êtres humains qui le font. Pour les chauffeurs, c'est un pas en
avant
pour créer les formes sociales dont ils ont besoin pour
s'organiser et
défendre leur sécurité, celle de leur famille et
celle du public.
Cela fait partie des efforts que les camionneurs font en ce moment pour
s'organiser comme une force collective qui défend les droits et
la
dignité des camionneurs et demandent qu'ils soient reconnus par
la
société.
À
titre d'information
Les blessures et les décès au travail au
Canada
et à l'échelle internationale
Les statistiques les plus récentes sur les
décès et les blessures
au travail au Canada sont celles de 2016 et proviennent de
l'Association des commissions des accidents du travail du Canada
(ACATC).
Les statistiques montrent qu'en 2016 le nombre de
décès au travail
a été de 905, en hausse par rapport
à 852 en 2015 et légèrement en
baisse par rapport à 919 en 2014. Cela
signifie 2,47 décès chaque jour.
Les secteurs où le nombre de décès était le
plus élevé sont la
construction (203), les services
gouvernementaux (158), la fabrication (144) et le transport et le
stockage (82). Parmi ces décès, 320 étaient
dus à des traumatismes et
des troubles traumatiques et 567 à des maladies, dont le
plus grand
nombre, soit 427, étaient des cas de néoplasmes
malins, de tumeurs et
de cancers.
Sur les 905 travailleurs
décédés, six sont des jeunes
travailleurs âgés de 15 à 19 ans, 20
âgés de 20 à 24 ans et 30
âgés
de 25 à 29 ans.
En plus de ces décès, 241 508
réclamations ont été acceptées en
raison d'une blessure ou d'une maladie liée au travail,
comparativement
à 232 629 en 2015 et à 239 643
en 2014, dont 7 583 réclamations
provenant de jeunes âgés de 15 à 19
ans, 22 005 de
travailleurs âgés de 20 à 24 ans
et 24 927 de travailleurs âgés de 25
à 29 ans. Les secteurs où le nombre de
réclamations acceptées pour le
temps perdu a été le plus élevé sont les
secteurs de la santé et des
services sociaux (43 836), manufacturier (33 084), du
commerce de
détail (26 924) et
de la construction (25 645) .
L'ACATC définit une blessure avec perte de temps
comme « les
réclamations où un travailleur est indemnisé avec
perte de salaire à la
suite d'une lésion professionnelle (ou d'une exposition à
une substance
toxique) les réclamations où un travailleur reçoit
une indemnité de
préjudice corporel avec ou sans perte de temps de
travail ».
Pour être incluse dans le rapport statistique, la blessure doit
avoir
été acceptée par un conseil ou une commission des
accidents du travail
(les cas non acceptés par une agence des accidents de travail ne
sont
pas inclus dans les rapports).
L'ACATC mentionne que le nombre de demandes
d'indemnisation avec
perte de temps acceptées a diminué
régulièrement depuis 1995 (passant
de 410 464 en 1995 à 241 508
en 2015) alors que le nombre de décès est
demeuré en moyenne de 915 par an. Cela indique probablement
un nombre
élevé de blessures non signalées, même parmi
les travailleurs
syndiqués, de réclamations contestées et
rejetées, et le déplacement
massif de la main-d'oeuvre vers des emplois précaires de toutes
sortes.
Cette précarité de l'emploi augmente même au sein
de la main-d'oeuvre
qui travaille pour les monopoles à mesure qu'ils sous-traitent
davantage le
travail afin de réduire les réclamations des travailleurs
à la valeur
qu'ils produisent. Ces travailleurs sont considérés comme
superflus et
ils sont rapidement remplacés lorsqu'ils se blessent, la
blessure
restant souvent non signalée sous la pression que le
sous-traitant peut
perdre son contrat avec le monopole s'il « cause des
problèmes » en
faisant rapport des blessures. Dans des provinces
comme l'Ontario, les employeurs obtiennent des «
remboursements » du
gouvernement s'ils réduisent le nombre de blessures
signalées.
Selon Worksafe BC, les préposés aux soins
de santé ou les
aides-soignants continuent d'avoir le taux de blessures le plus
élevé
de tous les groupes professionnels. Les aides-soignants fournissent des
soins personnels - lavage des patients, habillage, nourriture,
accompagnement aux toilettes de personnes handicapées et de
personnes
âgées dans
des maisons privées, des foyers de groupe, des hôpitaux et
des
résidences pour personnes âgées. Le taux de
blessures dans ce secteur a
été de 8,7 sur 100 travailleurs, soit quatre
fois plus que la moyenne
de 2,1 % pour la Colombie-Britannique. Lors d'une
série de réunions
organisées dans la province en mars pour se
préparer aux négociations provinciales qui
débuteront cette année, les
membres du Syndicat des employés d'hôpitaux qui
représente 49 000
travailleurs de la santé dans la province ont indiqué que
le surmenage
et le manque de personnel constituent leur principale
préoccupation et
demandent des augmentations des investissements
publics en soins de santé publics.
Le système d'indemnisation lui-même est
devenu « un système très
litigieux, difficile et encombrant », soulignent les
représentants des
travailleurs blessés. Le système n'est pas financé
correctement,
ajoutent-ils. Les travailleurs rapportent que leurs
réclamations,
lorsqu'ils sont légalement autorisés à en faire
une, sont
systématiquement
contestées.
Sur le plan international, les dernières
données datent du XXIe
Congrès mondial sur la sécurité et la santé
qui a eu lieu à Singapour
en 2017. Elles sont basées sur de l'information
recueillie en 2014-2015 et
sont inclues dans le rapport Estimations
mondiales
en 2017
des
accidents
de
travail
et des maladies professionnelles
présentées au Congrès.
Les données indiquent qu'environ 2,78
millions de décès liés au
travail surviennent chaque année, contre 2,33 millions
estimés dans
l'étude précédente achevée en 2014,
basée sur les données de 2010-2011.
Le nombre global total estimé d'accidents de travail mortels et
de
maladies professionnelles dans le rapport
de 2017 reflète l'ajout des cas liés au
système respiratoire causés par
les maladies pulmonaires obstructives chroniques et l'asthme
liés au
travail qui n'étaient pas inclus dans le rapport de 2014.
Pour les
accidents de travail mortels, on estime à 380 500 le
nombre de décès
par an, soit une augmentation de 8 %
par rapport à l'étude précédente. Les
maladies mortelles liées au
travail étaient au moins cinq fois plus élevées
que les décès dus à des
accidents du travail. En 2015, il y a eu 2,4 millions de
décès dus à
des maladies professionnelles mortelles, soit 0,4 million de plus
qu'en 2011. Ensemble, les maladies circulatoires
(31 %), les néoplasmes malins (26 %) et les maladies
respiratoires
(17 %) ont contribué à plus des trois quarts des
décès liés au travail,
suivis par les accidents du travail (14 %) et les maladies
transmissibles (9 %). Le nombre d'accidents de travail non mortels
a
été estimé à 374 millions, en nette
augmentation
par rapport à 2010.
Selon les chiffres, alors qu'en 2014 le nombre
total d'emplois pour
tous les pays a augmenté de 4 % par rapport
à 2010, le nombre estimé
d'accidents de travail mortels a augmenté
d'environ 8 % pour
atteindre 380 500. Au total, on estime que plus de 7500
personnes
meurent chaque
jour, 1000 d'accidents du travail et 6 500 de
maladies
professionnelles. Le taux d'accidents de travail mortels a
légèrement
augmenté entre 2010 et 2014.
L'Asie représente environ les deux tiers des
mortalités liées au
travail à l'échelle mondiale, suivie de l'Afrique
avec 11,8 % et de
l'Europe avec 11,7 %. Les Amériques et les
Caraïbes se situaient
à 10,9 % et l'Océanie à 0,6 %.
Les accords de libre-échange
néolibéraux et l'offensive antisociale
sont un facteur majeur de la détérioration continue des
conditions de
vie et de travail, y compris la santé et la
sécurité au travail, dans
tous les pays. Ils concentrent le pouvoir de décision entre les
mains
des oligopoles mondiaux sur une base supranationale. Les oligopoles
considèrent la réglementation en matière de
santé et de sécurité comme
un obstacle à leur recherche de profit et de domination. La
mortalité
et les blessures pèsent lourdement sur les travailleurs des pays
d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes en
raison de leur
surexploitation.
La Confédération syndicale internationale
a indiqué il y a deux ans que les oligopoles mondiaux tels que
Samsung,
Apple, Wal-Mart et d'autres emploient directement à
peine 6 % des
travailleurs qui créent la valeur de leurs empires mondiaux.
Les 94 %
restants travaillent pour de petites entreprises
qui sous-traitent le travail aux monopoles. Ces travailleurs sont
confrontés à des conditions encore pires, sans aucun
soutien en matière
de santé et de sécurité.
La situation est très semblable au Canada
où la classe ouvrière a été divisée
en catégories
arbitraires telles que « entrepreneur indépendant »,
« travailleur étranger temporaire »,
« travailleur sans papiers », entre autres. Les employeurs
utilisent ces qualificatifs, ainsi que
l'augmentation des emplois temporaires et occasionnels et d'autres
formes d'emplois précaires,
pour imposer des conditions de plus en plus dangereuses.
Les décès liés à l'amiante
- Peggy Askin -
Cent soixante-six travailleurs ont été
tués au travail ou sont
décédés des suites de maladies professionnelles en
Alberta en 2017.
Quatre-vingt-trois travailleurs sont décédés d'une
maladie liée au
travail, dont 67 décès liés à
l'exposition à l'amiante, 6 décès dus
à
des maladies respiratoires non liés à l'amiante,
et 10 décès de pompiers, dont neuf de cancer.
Les
pompiers
luttent depuis longtemps pour que certains cancers soient reconnus
comme liés à leur travail et leur exposition à
des agents
cancérigènes. Les travailleurs embauchés dans la
construction ont le
taux de mortalité par accident ou maladie professionnelle le
plus élevé.
« On a estimé
que l'amiante a été responsable d'environ 1 900
cas
de cancer du poumon et de 430 cas de mésothéliome au
Canada en 2011 »,
indique l'Étude d'impact de la réglementation du
gouvernement du
Canada. À l'heure actuelle, des travailleurs de plusieurs
générations,
âgés de cinquante à quatre-vingt
ans, meurent de maladies respiratoires directement liées
à l'exposition
à l'amiante en milieu de travail. Cette maladie est latente, les
fibres
restent dans les poumons pendant des décennies, puis commencent
à
ravager les poumons et la muqueuse des poumons.
Les travailleurs touchés sont ceux qui ont
construit et rénové tous
les bâtiments industriels, commerciaux et résidentiels et
qui ont été
exposés à l'amiante dans le cadre de leur travail. Les
travailleurs des
secteurs pétrolier et minier étaient également
exposés à l'amiante. Des
travailleurs de la Colombie-Britannique et des provinces de l'Ouest
ont travaillé dans les mines d'amiante à Cassiar, en
Colombie-Britannique, du début des années 1950
jusqu'à la fermeture de
l'exploitation minière en 1992.
Ce sont des générations de travailleurs
qui n'auraient pas dû être
exposés à l'amiante car c'est un fait connu que des
études menées dans
les années 1920 et 1930 ont
révélé le danger d'exposition à l'amiante. [1]
L'insensibilité des gouvernements au service des
monopoles en ce
qui concerne la vie des travailleurs est clairement
révélée dans les «
énoncés des coûts et avantages » en ce
qui concerne l'interdiction de
l'amiante. On y lit: « Les coûts administratifs pour le
gouvernement
sont estimés
à environ 4 millions $, et les coûts
administratifs
et de conformité pour les secteurs de la construction et de
l'automobile sont estimés à environ 30
millions $. De plus, la
prévention d'un seul cas de cancer du poumon ou de
mésothéliome
représenterait un avantage de bien-être collectif
estimé à plus d'un
million de dollars aujourd'hui. Compte tenu des effets de la latence de
l'exposition à l'amiante, les avantages devraient être
observables
de 10 à 40 ans après l'entrée en vigueur
du projet de Règlement
en 2019 ; par conséquent, la valeur actuelle des
avantages futurs par
cas serait plus faible que la valeur des cas actuels. Par exemple, un
million de dollars par cas en 2050 serait évalué
à
environ 380 000 $ par cas aujourd'hui (taux
d'actualisation de 3 % par
année). Par conséquent, si le projet de Règlement
permet de prévenir au
moins cinq cas de cancer du poumon ou de mésothéliome
chaque année (5,3
cas en moyenne), sur une période d'au moins 17 ans, les
avantages pour
la santé dans ces
secteurs (34 millions $) devraient alors justifier les coûts
administratifs et de conformité associés au projet de
Règlement (34
millions $). »
Les travailleurs québécois des mines
d'amiante ont mené une grève «
illégale » militante et courageuse de cinq mois
en 1949, contre les
conditions de travail dangereuses auxquelles ils étaient
confrontés. Le
mouvement ouvrier organisé s'est battu et continue de
lutter
pour que les employeurs soient tenus responsables du
nombre de décès causés par ces maladies
pulmonaires. Les travailleurs
continuent de se battre pour mettre fin à des conditions de
travail
dangereuses et de se donner du pouvoir pour demander des comptes aux
entreprises et aux gouvernements.
L'utilisation de l'amiante sera finalement interdite au
Canada
en 2018, presque un siècle après que les
conséquences mortelles de
l'exposition aient été révélées pour
la première
fois.
Voici les dates clés de l'histoire de
l'amiantose au Canada.
Les années 1920 : La
Metropolitan Life Insurance Co. crée
le Département d'hygiène industrielle à
l'Université McGill. On pense
que l'amiante rend les travailleurs malades et provoque une «
maladie
de la poussière » des poumons.
1984 : Une Commission royale de l'Ontario
suggère
d'interdire la fibre d'amiante et de crocidolite, mais suggère
que le
chrysotile peut être utilisé s'il y a des contrôles
sur la poussière.
1987 : Le Centre International de
Recherche sur le Cancer déclare l'amiante
cancérogène pour l'homme.
1998 : La Convention de Rotterdam, un
traité sur certains
produits chimiques dangereux et des pesticides dans le commerce
international, est adoptée et ouverte à la signature.
2004 : La Convention de Rotterdam entre
en vigueur.
2005 : Une interdiction de l'amiante
chrysotile à l'échelle de l'Union européenne prend
effet.
2018 : Le Canada interdit enfin
l'amiante et la Réglementation entrera en vigueur en 2019.
Note
1. « A look at
Canada's 140
year history
with asbestos », Presse Canadienne, le 15 décembre 2016
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