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19 avril 2018  

Les régimes de retraite menacés chez Alcoa

Alcoa s'attaque aux pensions
des employés salariés

Les régimes de retraite menacés chez Alcoa
Alcoa s'attaque aux pensions des employés salariés
Les vautours de la finance rôdent autour des employés d'Alcoa et d'Arconic
Alcoa continue d'exiger des concessions de tous les employés

Les travailleurs du Canadien Pacifique se préparent à la grève
Appuyons tous la juste lutte des travailleurs ferroviaires pour leurs droits!
Les travailleurs du CP sont déterminés à défendre leurs droits et leur dignité

Le projet de loi 152 de criminalisation des travailleurs de la construction
On invoque la « libre concurrence » pour attaquer les travailleurs - Pierre Chénier


Les régimes de retraite menacés chez Alcoa

Alcoa s'attaque aux pensions des employés salariés

Alcoa a déclenché une vaste attaque contre le droit à une pension de ses employés salariés aux États-Unis et au Canada. Alcoa compte six usines aux États-Unis et trois au Québec. Alcoa a annoncé unilatéralement qu'elle met fin aux régimes à prestations déterminées de tous ses 800 employés salariés actuels en Amérique du Nord. Les travailleurs salariés d'Alcoa ne possèdent pas de défense organisée sur une base collective. Ceux qui contrôlent le monopole ont simplement annoncé dans un communiqué la fin du régime de retraite à prestations déterminées et son remplacement au Canada par un régime d'épargne à cotisations déterminées et aux États-Unis par un régime d'épargne 401(k).

Alcoa a dit que les régimes de retraite à prestations déterminées existants vont être fermés le 31 décembre 2020 et être remplacés le jour suivant par des régimes d'épargne. Selon Roy Harvey, le président - directeur général d'Alcoa, cette attaque contre le droit des travailleurs à une pension, qui va permettre à la compagnie d'éliminer les pensions des salariés de son bilan financier, va « renforcer » son bilan.

Les futurs revenus des régimes de retraite devront provenir des régimes d'épargne individuels des salariés. Le lien entre le revenu garanti à la retraite et toute responsabilité sociale de l'entreprise à laquelle les travailleurs vendent leur capacité de travail va être rompu, une responsabilité qui bien sûr n'existe plus à la retraite du moins sous sa forme actuelle. Inutile de dire que les revenus qui vont « renforcer le bilan financier » n'ont rien à voir avec une amélioration de la production ou de l'efficacité, mais vont provenir directement des revenus actuels et des prestations à la retraite des travailleurs salariés.

Le PDG d'Alcoa a réitéré l'insulte antitravailleur que la concession qu'il a imposée aux travailleurs était nécessaire pour « réduire nos passifs (et) nous permettre de mieux nous préparer à un environnement cyclique incertain alors que nous positionnons notre entreprise pour l'avenir ». Les « nos » « nous » et « de nous » sont les propriétaires impérialistes qui insistent pour accroître leur expropriation de la nouvelle valeur produite par les travailleurs aux dépens des travailleurs, y compris les employés salariés tant actifs que retraités.

L'attaque d'Alcoa contre les pensions à prestations déterminées des salariés va à l'encontre de la tendance historique d'affirmer les droits de tous, y compris le droit à un niveau de vie garanti à la retraite. Les impérialistes encouragent les employés salariés à penser que leur sécurité et leur bien-être futurs reposent sur l'oligarchie financière, son pouvoir et son privilège de classe, et non sur l'unité avec la classe ouvrière pour défendre les droits de tous et donner une nouvelle direction prosociale à l'économie. L'attaque unilatérale d'Alcoa contre la sécurité à la retraite des employés devrait encourager les salariés à saisir que la tendance historique est de s'unir comme une seule classe ouvrière à la défense des droits contre les impérialistes et pour une nouvelle direction prosociale.

Ne touchez pas aux pensions et avantages sociaux à la retraite des travailleurs !
Luttons pour des pensions à prestations déterminées pour tous !

Note

Alcoa détient une participation de 74,9 % dans l'Aluminerie de Bécancour inc., Rio Tinto détenant les autres 25,1 %. Depuis le 11 janvier 2018, Alcoa maintient en lockout les 1 030 travailleurs de la fonderie d'ABI, exigeant des concessions, et utilise des employés salariés pour maintenir une production limitée. Ces employés devraient réfléchir soigneusement à envers qui est leur loyauté, aux oligarques qui les ont attaqués ou aux travailleurs québécois qui sont leurs alliés naturels. La direction locale d'ABI a déclaré qu'elle n'avait aucun mandat de son siège social aux États-Unis pour négocier une nouvelle convention collective.

En plus de la destruction du régime de retraite à prestations déterminées des salariés, Alcoa a annoncé dans le langage antiouvrier vulgaire habituel des oligarques qu'elle « ne contribuera plus à la couverture médicale des retraités pour ses salariés américains. La compagnie s'attend à ce que ce changement réduise son passif de 35 millions $ US ».

(Sources : Benefits Canada et Alcoa)

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Les vautours de la finance rôdent autour
des employés d'Alcoa et d'Arconic

Des rapports indiquent que tout de suite après que la nouvelle a été annoncée qu'Alcoa éliminait les pensions à prestations déterminées de ses employés salariés, les grands cartels d'assurance et leurs courtiers ont commencé à s'abattre sur ces travailleurs. Ils ont envoyé des circulaires et des publicités qui recommandent aux employés d'Alcoa aux États-Unis « d'entreprendre un programme d'épargne personnelle avec eux pour atténuer la réduction des prestations découlant de l'élimination du régime à prestations déterminées d'Alcoa ».

Cet effort s'est encore intensifié quand Arconic inc., l'entreprise dérivée créée récemment par Alcoa quand elle s'est divisée en deux parties, a annoncé qu'elle va « geler les régimes de retraite à prestations déterminées d'environ 7 900 de ses employés salariés et non syndiqués basés aux États-Unis. Le gel entrera en vigueur le 1er avril 2018 ».

Les requins financiers exploitent le climat d'insécurité avec des grands titres tels que « 401(k) d'Alcoa : un mauvais remplacement pour les pensions d'Alcoa » et des réimpressions d'articles comme celui du Wall Street Journal qui déplore l'incertitude liée aux plans d'épargne, « The Champions of 401(k) Lament the Revolution They Started » (les champions du 401(k) déplorent la révolution qu'ils ont commencée).

Un agent auprès des cartels financiers, Blueprint Income inc., a diffusé une série de publicités qui ciblent les travailleurs d'Alcoa et d'Arconic en disant : « Bien qu'un 401(k) est une façon d'accumuler des actifs, il ne fournit pas de stabilité financière et de garanties », et, dans une autre, « Les employés peuvent utiliser leurs épargnes du 401(k) pour acheter chez nous une pension personnelle ou une rente pour s'assurer d'un revenu à la retraite ».

Un autre article dit : « Alors que les pensions telles que structurées par Alcoa et d'autres entreprises ont cessé d'être la solution de retraite appropriée du point de vue de l'employeur, leur remplacement n'était pas censé être les 401(k). Les 401(k) ont été créés pour les cadres supérieurs qui avaient déjà maximisé leurs pensions, afin qu'ils accumulent plus de richesse pour soutenir leur mode de vie de retraité ... Comme ils n'offrent aucune garantie ou protection face au marché ou à votre propre longévité, les 401(k) ne peuvent tout simplement pas assurer la stabilité financière à la retraite. »

Les alternatives proposées par Blueprint requièrent que les revenus actuels provenant d'un salaire horaire ou fixe soient investis avec eux d'une manière ou d'une autre, mais avec des frais d'usager élevés. Les publicités appellent les travailleurs à agir tout de suite non pas pour défendre leur droit aux régimes à prestations déterminées que l'entreprise est en train d'éliminer, mais pour investir leurs revenus dans Blueprint et ses compagnies d'assurance associées. Dans une publicité intitulée « Le gel des pensions d'Arconic est un appel à l'action pour les employés », Blueprint écrit :

Les gels des pensions en 2018 signifient que les employés d'Arconic touchés par ces mesures doivent agir rapidement. Il est clair que les entreprises ... ne veulent pas gérer les régimes de retraite. Les options de régimes de retraite privés sont de plus en plus populaires et chez Blueprint Income, nous suggérons deux solutions de rechange aux employés d'Arconic afin de réduire l'écart de pension résultant du gel des pensions et d'augmenter leur revenu à vie garanti.

Première alternative au gel des pensions d'Arconic - acheter une pension personnelle

Nous croyons que c'est la meilleure option pour tous les employés d'Arconic. La pension personnelle est la meilleure alternative à une pension d'un employeur et est un moyen pour vous d'obtenir un revenu similaire à une pension à la retraite, sans la contribution de votre employeur. Au lieu d'être fournie par les employeurs, elle est cautionnée par des assureurs, comme un revenu provenant d'une rente. Mais contrairement à une rente habituelle, vous pouvez l'acheter en petits incréments au fil du temps.

Deuxième alternative au gel des pensions d'Arconic - acheter une rente de revenu

Une solution de rechange consiste à acheter une rente à revenu traditionnelle ... Les rentes à revenu procurent la sécurité financière que vous obtenez grâce à un flux mensuel de revenu garanti à vie aussi longtemps que vous êtes en vie. Il y a plusieurs façons d'accroître votre chèque de pension.

 Chez Blueprint Income, nous offrons des rentes à revenu provenant de plus de 15 compagnies d'assurance hautement cotées. Cliquez ci-dessous pour obtenir des soumissions personnalisées en temps réel où vous pouvez comparer les options offertes par différents assureurs sur la base d'éléments de comparaison similaires.

La base de comparaison n'est pas similaire parce qu'une pension est une chose et un régime d'épargne en est une autre - deux choses très différentes en fait. Les régimes d'épargne requièrent des déductions du revenu courant et garantissent une prestation de retraite seulement si l'épargne n'est pas épuisée.

Cela sent le même genre de collusion et de corruption auxquelles les travailleurs canadiens ont fait face dans le cas du ministre fédéral libéral des Finances Bill Morneau et de la société de retraite privée de sa famille. Il est devenu clair que, dans le cadre de l'offensive antisociale, l'oligarchie financière fait pression de tous côtés sur les travailleurs. Non seulement les cartels d'investissement possèdent-ils et contrôlent-ils les monopoles comme Alcoa et Arconic qui détruisent les régimes de retraite à prestations déterminées, mais ils possèdent et contrôlent aussi les « compagnies d'assurance et de retraite les mieux cotées » qui exigent des travailleurs qu'ils leur donnent leurs revenus sous forme de plans d'épargne et insistent pour « gérer » leurs économies.

Ceux qui possèdent et contrôlent l'économie socialisée et ses parties refusent de garantir la sécurité et le bien-être de ceux qui travaillent et produisent la valeur que les riches oligarques convoitent et exproprient pour financer leur mode de vie luxueux et leur privilège de classe. Dans cette situation, la « personne de l'État » manque à sa responsabilité sociale de défendre les gens, leur bien-être et leur sécurité, de la naissance à la mort.

La situation requiert que la classe ouvrière assume sa responsabilité sociale de se défendre elle-même et de défendre la société parce que les impérialistes et leurs institutions ne vont pas le faire. Pour les travailleurs, la nécessité est d'organiser et de bâtir leurs propres institutions pour défendre leurs droits dans le présent et lutter pour une nouvelle direction de l'économie qui garantit le bien-être et la sécurité de tous.

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Alcoa continue d'exiger des concessions
de tous les employés


Piquetage de masse devant l'usine par les travailleurs en lockout de l'Aluminerie de Bécancour en janvier 2018

L'annonce selon laquelle Alcoa et Arconic éliminent unilatéralement les régimes de retraite à prestations déterminées des employés salariés et non syndiqués montre bien que les oligarques impérialistes demandent des concessions de tous les travailleurs.

Alcoa maintient en lockout ses 1 030 travailleurs à l'Aluminerie de Bécancour inc. pour exiger des concessions sur un large éventail de questions, le tout dans le cadre d'un ordre du jour secret qui consiste entre autres à forcer une hausse du prix de l'aluminium. Le syndicat des travailleurs de l'aluminerie, la section locale 9700 du Syndicat des Métallos, a immédiatement dénoncé le lockout comme une mesure odieuse marquée d'un ordre du jour caché. Déjà en novembre dernier, Alcoa exigeait que les travailleurs syndiqués d'ABI acceptent la destruction de leur régime de retraite à prestations déterminées en commençant par en exclure tous les nouveaux employés.

Les membres de la section locale 9700 ont rejeté la demande avec mépris et ont déclaré à ce moment-là : « (Les Métallos) rejettent catégoriquement un régime de retraite discriminatoire et inférieur pour la prochaine génération de travailleurs ».

Avec son attaque contre les retraites à prestations déterminées. Alcoa espère pouvoir semer la division entre les travailleurs anciens et nouveaux, entre les employés salariés et à taux horaire en maintenant des régimes à prestations déterminées seulement pour les employés actuels à taux horaire, en éliminant les régimes à prestations déterminées pour les employés salariés et en n'offrant qu'un plan d'épargne à ces travailleurs et à tous les nouveaux travailleurs payés à l'heure. Ce stratagème pour diviser la classe ouvrière affaiblirait alors sa résistance aux concessions sur tous les fronts, que ce soit les régimes de retraite actuels à prestations déterminées, l'ancienneté, le recours aux travailleurs occasionnels et contractuels pour attaquer les travailleurs réguliers et la négation du droit des travailleurs syndiqués d'accéder à de nouveaux postes créés par des développements technologiques.

La section locale 9700 a souligné en novembre dernier que les travailleurs de Ciment Lafarge et de Resco Products inc. ont tous deux fait la grève pour s'opposer à des demandes de concessions visant à diviser la classe ouvrière. La section locale a déclaré que les travailleurs d'ABI rejettent ces attaques et sont déterminés à défendre leurs droits. Les Métallos et leurs supporters demandent aux travailleurs du Québec et du Canada de se joindre à eux dans leur lutte de résistance contre les concessions et pour l'affirmation des droits de tous.

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Les travailleurs du Canadien Pacifique se préparent à la grève

Appuyons tous la juste lutte des travailleurs ferroviaires pour leurs droits !

Le 17 avril, la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC) a annoncé qu'elle a a remis un préavis de grève de 72 heures au Canadien Pacifique (CP). Dans un communiqué de presse, la CFTC écrit que si les parties n’arrivent pas à une entente négociée, plus de 3000 conducteurs et ingénieurs de locomotive pourront exercer leur droit de grève le samedi 21 avril à 0 h 01. Les travailleurs du CP pourraient aussi ètre mis en lockout par la compagnie. Le 6 avril dernier, les travailleurs du CP ont voté un mandat de grève à 94,2 %. La convention collective avec le CP s'est terminée le 31 décembre 2017. Les négociations ont débuté le 16 novembre 2017 et des médiateurs fédéraux ont pris part aux négociations à partir du 29 janvier.

La CFTC fait remarquer que le CP a engrangé un profit de 2,4 milliards $ en 2017, en hausse de 1 milliard $ depuis 2014, bien que le volume des ventes ait peu changé pendant cette période. Elle attribue cette augmentation des profits, alors que les ventes ont stagné, aux coupures, aux mises à pied, aux fermetures et à une politique disciplinaire punitive. Elle mentionne aussi que le CP force les équipages de train à être disponibles 24 heures par jour, sept jours par semaine et les force à travailler au-delà de leur point d'épuisement.


Piquetage des travailleurs du CP durant la grève de 2015

« Bien que nous négocions de bonne foi, il s'agit de la troisième fois en six ans que nous nous dotons d'un mandat de grève au CP », a dit le président de la Conférence ferroviaire, Doug Finnson. « Or, nous voulons simplement un renouvellement juste et raisonnable de notre convention collective avec CP. Nous mettrons tout en oeuvre afin de parvenir à un règlement négocié, mais aussi acceptable pour nos membres afin de s'attaquer aux problèmes majeurs qui minent l'entreprise. »

Le syndicat a aussi donné un bref aperçu de l'état des négociations :

« Comme vous le savez, la Société a accepté très peu de choses que nous avons proposées. La Société continue d'insister sur les concessions et la décimation de notre repos et d'autres dispositions de la convention collective et a fait peu de mouvement en ce qui concerne leurs demandes de diminuer vos conditions de travail. Notre comité de négociation n'est pas prêt à accepter ces concessions afin d'obtenir des dispositions qui nous permettent d'adopter un système dans notre milieu de travail qui nous permet de travailler convenablement et conformément aux principes de la science du sommeil. »

Dans son communiqué du 14 avril, la CFTC écrit que le CP « tente de fabriquer une crise pour forcer une intervention du gouvernement pour qu'elle n'ait pas à négocier avec le syndicat des Teamsters ». Elle écrit que le CP a admis ouvertement au syndicat qu'il préfère avoir affaire à un arbitre nommé par le gouvernement plutôt que de négocier avec lui. « L'arbitrage mène à une meilleure convention collective pour l'entreprise. Négocier de façon à ne laisser au syndicat aucun autre choix que de faire la grève est une façon de forcer un arbitrage dans le dossier, et ce au détriment des clients et de l'économie », lit-on dans le communiqué.

Le syndicat écrit aussi qu'au Bureau d'arbitrage et de médiation des chemins de fer du Canada, les cas de travailleurs congédiés au CP ont augmenté de 500 % depuis que l'entreprise a importé un système américain de relations de travail en 2012 qui repose sur le congédiement et les suspensions des travailleurs. L'année 2017, selon le syndicat, a été une année record pour le nombre de cas d'arbitrage en raison de congédiements au CP et les dossiers du syndicat remontent à plus de 100 ans.

« La stratégie de confrontation du CP a échoué lamentablement. Il y a une montagne de preuves qui indique que leur style punitif de relations de travail ne fonctionne pas au Canada et a contribué à créer un clivage entre les parties, » a dit Finnson dans le communiqué.

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Les travailleurs du CP sont déterminés à défendre leurs droits et leur dignité

Les travailleurs ferroviaires du Canadien Pacifique se préparent à la grève ou à un lockout. Ils affrontent un régime antiouvrier brutal, en particulier depuis 2012 alors qu'une équipe de direction basée aux États-Unis s'est emparée du contrôle du monopole ferroviaire et que Hunter Harrison en est devenu le PDG. Harrison a donné sa démission du CP l'an dernier (il est mort à la fin de 2017) mais la nouvelle direction applique sa pratique antiouvrière vitriolique.

En 2012, le CP a refusé de négocier avec les travailleurs et présenté une liste de concessions inacceptables en ce qui concerne le régime de retraite, et comprenant des coupures dans les avantages sociaux et des changements aux horaires de travail qui forçaient les travailleurs à travailler de plus longues heures sans périodes de repos adéquates. Le refus de négocier de la direction n'a donné d'autre choix aux travailleurs que de déclencher la grève à laquelle le gouvernement Harper a immédiatement mis fin par une loi de retour au travail.

La combinaison du refus de négocier et du geste législatif était de toute évidence un coup monté. Le gouvernement et la direction de l'entreprise ont créé toute une hystérie dans le pays, accusant les travailleurs du CP de « nuire à l'économie » et à l'« intérêt national ». L'unique option selon cette hystérie était donc une fin à la grève par voie législative et l'arbitrage exécutoire plutôt que des négociations de bonne foi pendant une grève où les travailleurs n'ont pas de salaire et la compagnie perd des profits.

Aucun progrès n'a été réalisé depuis dans le règlement du problème de la fatigue et des horaires de travail, qui sont des enjeux cruciaux pour les travailleurs du rail. Chose importante, les travailleurs qui font le travail et connaissent les risques qui sont causés par leurs conditions de travail sont déterminés à avoir un mot décisif sur ces enjeux qui sont une préoccupation croissante non seulement pour les travailleurs mais pour le public. Les travailleurs refusent que leur mot à dire et leurs préoccupations soient écartées selon l'argument frauduleux qu'un système d'arbitrage qui leur est imposé par la loi peut remplacer un système de relations de travail et de négociations de bonne foi où les travailleurs ont le droit re retirer leur capacité de travail et de faire la grève afin d'atteindre un arrangement marqué par l'équilibre.

Un scénario similaire à celui de 2012 s'est produit en 2015 lorsque les travailleurs du CP ont déclenché la grève et le gouvernement fédéral a une fois de plus immédiatement annoncé qu'il déposait une loi de retour au travail. Les médias de masse ont répandu la désinformation voulant que les deux parties avaient « accepté l'arbitrage exécutoire » pour mettre fin à la grève sans l'intervention d'une loi. En fait, il s'agissait d'un chantage organisé par l'État en collusion avec le Canadien Pacifique pour imposer l'arbitrage exécutoire et nier aux travailleurs leur droit de grève. Cela a été fait sous prétexte que la non-interruption de l'activité du CP et son droit de ne pas négocier de bonne foi avec ses travailleurs servent « l'intérêt national » et « protègent l'économie ».

Au-delà de l'intervention routinière organisée par l'État pour bafouer la négociation collective, la direction du CP viole constamment la convention collective en toute impunité, sachant très bien que les travailleurs ne sont pas capables de mener une grève effective. Les congédiements de travailleurs et les changements unilatéraux de conditions de travail sont chose courante. La réponse typique du CP est de dire aux travailleurs que s'ils ne sont pas d'accord avec ces violations de la convention collective ils ont juste à déposer des griefs et à aller en arbitrage. En conséquence de cela, la liste de griefs non réglés au CP est immense.

Immense aussi est le nombre de mises en demeure qui sont émises par les arbitres du régime d'arbitrage de l'industrie ferroviaire contre le CP. La situation est telle qu'en janvier 2016, quelque chose de très rare s'est produit. Transport Canada a lui-même adressé au CP une mise en demeure par laquelle il demandait à la compagnie de modifier son système de mouvements de train et ses pratiques relatives à la gestion de la fatigue en Colombie-Britannique parce qu'ils « constituaient une menace immédiate à la sécurité des opérations ferroviaires ».

L'inspecteur de Transport Canada a écrit dans sa lettre que le CP ne comptait pas comme du temps passé au travail le temps passé à se déplacer aller-retour entre l'installation de repos et le terminal lorsque les travailleurs étaient assignés à un terminal loin de la maison ; que le CP n'accordait pas de temps de repos lorsqu'une assignation de travail venait d'être annulée et qu'il n'accordait pas de période de temps de sommeil suffisante avant une assignation à se rendre au travail. Il en résultait une fatigue extrême causée délibérément par le CP au détriment de la sécurité et du bien-être des travailleurs et du public.

Cette mise en demeure de Transport Canada est quelque chose de très rare parce que Transport Canada a constamment agi pour déréglementer l'industrie ferroviaire pour servir les intérêts privés des cartels ferroviaires/financiers. Cela montre à quel point le CP a imposé des conditions de travail dangereuses aux travailleurs ferroviaires en violation de leur convention collective et des normes de l'industrie.

Les travailleurs rapportent qu'ils gagnent la grande majorité de leurs griefs mais ceux-ci sont extrêmement coûteux pour le syndicat. En plus, cette situation persiste parce que le CP et les autres monopoles ferroviaires savent très bien que l'État ne va pas leur demander des comptes étant lui-même engagé dans la répression des luttes des travailleurs au nom de l'intérêt national et de la sauvegarde de l'économie. Pendant ce temps, la compagnie enfreint de façon routinière la convention collective, qui est censée gouverner les conditions d'emploi et des conditions de travail conformes aux normes.

Les travailleurs s'efforcent de briser ce pattern d'attaques de la compagnie menées en toute impunité et d'ingérence législative qui nie leur droit de grève. Comment les travailleurs peuvent-ils établir des normes et des rapports de production qui leur conviennent et créent une période d'équilibre ? Des périodes d'équilibre comprenant un arrangement avec l'employeur sur certains rapports et certains standards bénéficieraient aux travailleurs, au public et à l'économie. Pour que cela se produise, les travailleurs ferroviaires méritent et ont besoin de l'appui de tous les travailleurs pour briser le silence sur ce qu'ils vivent, dans le moment présent avec la possibilité d'une grève ou d'un lockout et dans le plus long terme. Les travailleurs doivent bâtir une unité large et une opinion publique à la défense des droits des travailleurs et de la nécessité d'actions avec analyse pour résister à l'atmosphère étouffante de la régression antisociale dictée par les cartels mondiaux et leurs valets politiques et pour la vaincre. Cela peut se faire ! Cela doit se faire !

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Le projet de loi 152 de criminalisation des travailleurs de la construction

On invoque la « libre concurrence »
pour attaquer les travailleurs

Le 17 avril, la Commission de l'économie et du travail de l'Assemblée nationale du Québec a débuté son étude article par article du projet de loi 152, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant le domaine du travail afin principalement de donner suite à certaines recommandations de la Commission Charbonneau. Forum ouvrier va suivre attentivement ces procédures et en faire rapport afin de défendre les droits des travailleurs de la construction et de leurs syndicats, dont le droit d'organiser sur les chantiers de construction pour se défendre et exercer un contrôle sur leurs conditions de travail. Le secteur de la construction est devenu un des secteurs économiques les plus dangereux du Québec en ce qui concerne les décès et les blessures au travail et les maladies professionnelles. Les mesures qui sont contenues dans le projet de loi 152 ne vont qu'aggraver ce problème en attaquant le droit des travailleurs de la construction d'organiser pour se défendre.

Le gouvernement essaie de justifier ce projet de loi en invoquant la Commission Charbonneau. [1]. La Commission Charbonneau a été mise sur pied par le gouvernement libéral en 2011. Son mandat officiel était d'examiner et de fournir des solutions aux stratagèmes allégués de collusion et de corruption dans l'octroi des contrats publics de construction et d'examiner les liens entre ces stratagèmes et le financement des partis politiques. Le mandat de la commission était aussi d'examiner l'infiltration possible de l'industrie de la construction par le crime organisé et les liens que cela pouvait avoir avec les partis politiques au pouvoir.

Une des façons dont les conclusions de la Commission Charbonneau sont utilisées pour attaquer les travailleurs c'est la déclaration qui est faite que la « libre concurrence » est la cible principale de la corruption, de la violence et de l'intimidation qui seraient le fait du crime organisé sur les chantiers. Selon la commission, le crime organisé cible non seulement la « libre concurrence » entre les compagnies mais aussi la « libre concurrence » entre les travailleurs pour le travail disponible.

L'insinuation s'élargit pour devenir une déclaration que les travailleurs utilisent des méthodes qui s'« apparentent » au crime organisé pour entraver la « libre concurrence » entre les travailleurs pour le travail disponible. Les travailleurs deviennent de plus en plus conscients que cette accusation de nuire à la « libre concurrence » entre eux est une vaste attaque contre le travail d'organisation syndical qui vise essentiellement à unir tous les travailleurs comme une seule classe ouvrière qui défend les droits de tous. La force de la classe ouvrière dans son opposition à la richesse accumulée et au pouvoir politique de la classe dominante réside précisément dans son unité et dans son pouvoir de retirer sa capacité de travailler sur une base de masse pour défendre ses droits. Le projet de loi 152 n'est pas seulement une attaque contre les travailleurs de la construction mais un assaut ouvert contre tous les travailleurs qui luttent pour s'unir en un mouvement collectif à la défense de leurs droits.

La Commission Charbonneau

Dans son rapport final, la Commission Charbonneau écrit :

« Combattre l'intimidation pour assainir la concurrence.

« Plusieurs témoignages entendus à la Commission ont démontré comment l'intimidation est utilisée à titre de stratégie anticoncurrentielle pour empêcher un entrepreneur, un travailleur ou un fournisseur d'entrer dans un marché particulier ou de soumissionner à un projet, pour l'évincer d'un marché où il est établi, pour tirer un avantage économique abusif du contrôle d'une ressource ou d'un produit, ou encore pour affaiblir une entreprise en vue de s'en emparer afin de blanchir de l'argent sale. »

Elle écrit ceci plus loin dans le rapport :

« Les coûts économiques de la collusion sont difficiles à établir, mais ils sont réels. Dans le cadre des marchés publics, la mise en concurrence des firmes de génie, des entrepreneurs et des fournisseurs par des processus d'appels d'offres permet au gouvernement d'obtenir des biens et services au meilleur prix possible. Par conséquent, la collusion dans l'octroi des contrats publics de construction entraîne généralement une hausse du coût des travaux, au détriment des donneurs d'ouvrage publics et des citoyens... Outre le fait qu'elle pousse les prix à la baisse, la concurrence produit des effets positifs non négligeables, dont ne bénéficient pas les donneurs d'ouvrage publics victimes de collusion. Sous la pression de la concurrence, les firmes reçoivent un puissant incitatif à réduire leurs coûts de production et à devenir plus efficientes. »

La commission d'enquête établie pour examiner le crime organisé était composée de juges, d'avocats et d'experts en droit criminel. Elle a adopté la conclusion qu'éliminer la collusion anticoncurrentielle parmi les entreprises, les firmes de génie-conseil et ceux qui octroient les contrats est la façon de résoudre les problèmes du secteur. La commission n'a pas examiné la concurrence qui existe dans le secteur et la suppression de la concurrence qui se fait par le biais de la concentration de la richesse et du pouvoir dans les mains de cartels mondiaux de la construction et financiers plus grands et plus puissants. La commission proclame les vertus de la concurrence sans examiner comment le système économique de richesse et de pouvoir concentrés dans les mains de quelques-uns supprime en fait la concurrence de manière tout à fait légale. Il le fait non seulement en supprimant ses concurrents mais en s'attaquant aux droits de la classe ouvrière. Au lieu de cela, la commission a braqué ses canons contre la classe ouvrière organisée en tant qu'entrave non pas à la concurrence dans l'octroi de contrats mais au droit des grandes compagnies de nier les droits des travailleurs de la construction et de leur nier voix au chapitre et contrôle sur leurs conditions de travail par l'unité d'action à la défense de leurs droits.

Selon la Commission Charbonneau, la résistance organisée des travailleurs de la construction entrave la capacité des entreprises de décider combien de travailleurs elles vont engager et quels travailleurs elles vont engager. Les grandes compagnies cherchent à tirer avantage du fait qu'il n'existe pas de sécurité d'emploi et de revenu dans le secteur et que les travailleurs sont très vulnérables et aisément remplaçables. Leur seule protection réside dans leur résistance organisée pour défendre leurs droits. Moins les travailleurs gagnent en salaires et avantages sociaux, plus les propriétaires peuvent exproprier en tant que profit la valeur nouvelle que produisent les travailleurs. La préoccupation de la commission pour les « coûts économiques » part du point de vue inverse : plus les travailleurs gagnent en salaires et en avantages sociaux et en conditions de travail plus sécuritaires par leur unité d'action à la défense de leurs droits, moins les propriétaires peuvent exproprier en tant que profit la valeur nouvelle que les travailleurs produisent.

La nécessité d'organiser à la défense des droits des travailleurs

Les travailleurs de la construction travaillent de projet en projet sans être certains qu'il y aura du travail pour eux. La lutte que mènent les travailleurs organisés de la construction pour combattre cette insécurité est un grand irritant pour les grandes compagnies qui contrôlent le secteur. Ils qualifient la lutte organisée par le biais du mouvement syndical comme de l'intimidation en opposition au « libre arbitre » et à la « mobilité » des travailleurs. Pendant ce temps, l'insécurité que vivent constamment les travailleurs est considérée comme nécessaire au fonctionnement adéquat du « libre marché du travail » et un aspect nécessaire de la « libre concurrence » que les travailleurs de la construction ne devraient pas être autorisés à perturber.

Une section du rapport de la commission traite précisément de ce que les impérialistes considèrent comme la nécessité de permettre à la concurrence entre les travailleurs de fleurir en restreignant le droit des travailleurs d'organiser. Le chapitre intitulé « Combattre l'intimidation pour assainir la concurrence » a propose une recommandation qui est devenue un des articles les plus importants du projet de loi 152.

Cette recommandation se lit ainsi :

« Les commissaires recommandent au gouvernement :

De modifier la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction (Loi R-20) afin de lutter contre l'intimidation dans l'industrie de la construction et de maintenir un climat propice à l'exécution du travail en y modifiant l'article 113.1 pour enlever les mots « dans le but de provoquer » et les remplacer par « susceptible de provoquer », et l'article 119.1 pour y ajouter les articles 113.1 et 119.0.3 dans l'énumération des infractions rendant inhabile à diriger ou représenter. »

Si le projet de loi est adopté, tout représentant syndical qui commet des gestes qui sont considérés comme étant « susceptibles de provoquer » une obstruction au libre fonctionnement (ou à la libre concurrence) des chantiers, ou qui va faire interférence à ce que la commission appelle le « droit de gérance », peut se voir interdire d'occuper tout poste de direction ou de représentation syndicale pendant une période pouvant atteindre cinq ans.

Il est clair que la Commission Charbonneau organisée par l'État et le gouvernement du Québec s'attaquent à la lutte organisée des travailleurs pour améliorer leurs conditions de travail, dont les conditions de santé et de sécurité. Les restrictions que propose le projet de loi 152 aux syndicats de la construction mènent au déploiement des pouvoirs de police contre le droit des travailleurs d'organiser à la défense de leurs droits. Les restrictions visent précisément à accroître la concurrence entre les travailleurs individuels pour le travail disponible et à les rendre plus vulnérables à l'exploitation et à l'abus de pouvoir.

Le gouvernement du Québec joue un sale rôle dans cette affaire au service des grandes compagnies de construction qui réclament le droit de monopole sans retenue d'agir comme bon leur semble. Les pouvoirs de police déployés contre les travailleurs de la construction renforcent l'autorité des intérêts privés qui sont déjà perçus comme la véritable autorité politique qui est en vigueur au Québec et au Canada, au détriment de l'intérêt public. Les travailleurs doivent s'unir contre le projet de loi 152 et avec les travailleurs de la construction à la défense de leurs droits. Cette attaque contre le droit des travailleurs d'organiser dans un secteur sert de modèle et de précédent aux attaques dans tous les secteurs. Cela ne doit pas passer !

Note

1. Pour de plus amples informations, lire :

- « Le renforcement des pouvoirs de police ne va pas résoudre les problèmes des travailleurs ou du secteur ! », numéro du 25 janvier 2018 de Forum ouvrier

- « Le projet de loi 152 au Québec utilise la Commission Charbonneau pour déployer encore plus les pouvoirs de police contre les travailleurs de la construction - Pierre Chénier », numéro du 5 avril 2018 de Forum ouvrier

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