5 avril 2018
Iron Ore: grève au Labrador,
rejet de l'offre finale à Sept-Îles
Les travailleurs des mines et du
transport en lutte pour la dignité du travail
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La
délégation de la section locale 9344 des
métallos d'IOC à
Sept-Îles au Québec se joint aux travailleurs de Labrador
City
sur leur ligne de piquetage, le 30 mars 2018.
Iron
Ore:
grève
au
Labrador,
rejet
de
l'offre finale à
Sept-Îles
• Les travailleurs des mines et du transport en
lutte pour la dignité du travail
Les
travailleurs
du
secteur
public
au
Nouveau-Brunswick
s'organisent
pour défaire le diktat du gouvernement
• La conférence « Mettre fin au
mandat
» met de l'avant la lutte unie pour des augmentations de salaire
dans le secteur public - Entrevue avec Daniel
Légère, président du SCFP au Nouveau-Brunswick
Les travailleurs du
secteur public de Nouvelle-Écosse luttent pour leurs droits
• Vote de mandat de grève annoncé
par le Conseil des syndicats de la santé
• Les travailleurs d'un foyer de soins
infirmiers demandent des améliorations
à leur
santé et sécurité et à celle des
résidents
Les travailleurs de la
santé de l'Ontario cherchent de nouvelles façons
d'affirmer leurs droits
• Les syndicats des travailleurs
d'hôpitaux forment une alliance
Abus du pouvoir de
l'État par le gouvernement du Québec
• Le
projet de loi 152 au Québec utilise la Commission Charbonneau
pour
déployer encore plus les pouvoirs de police contre les
travailleurs de
la construction - Pierre Chénier
Iron Ore: grève au
Labrador, rejet de l'offre finale à Sept-Îles
Les travailleurs des mines et du transport en lutte
pour la dignité du travail
La
délégation de la section locale 9344 des
métallos d'IOC à
Sept-Îles se joint aux travailleurs d'IOC
à Labrador City
sur leur ligne de piquetage, le 30 mars 2018. Les travailleurs de
Sept-Îles ont aussi rejeté les dernières
offres de la compagnie.
Les quelque 1400 travailleurs de la Compagnie
minière IOC au
Labrador sont maintenant en grève depuis le 27 mars. Ils
ont déclenché
la grève principalement contre le diktat d'Iron Ore qui veut
maintenir
une catégorie de travailleurs appelée «
main-d'oeuvre temporaire » dans
laquelle les travailleurs accomplissent les
mêmes tâches que les autres mais ont des conditions de
travail
dramatiquement inférieures.
Les travailleurs en grève sont
représentés par la section
locale 5795 du Syndicat des Métallos et par la petite
section
locale 6731 qui représente environ 30 travailleurs
d'entrepôt. Dès
qu'ils ont déclenché la grève vers 3 heures
du matin dans la nuit du 27
mars, les travailleurs du Labrador ont dressé leurs lignes
de piquetage. Sur ces lignes participent des travailleurs de deux
générations de mineurs toujours à l'emploi d'Iron
Ore. D'anciens
travailleurs de l'Iron Ore d'une troisième
génération, maintenant très
avancés en âge, qui se souviennent des luttes
passées pour les droits
des mineurs et de la communauté, viennent
fièrement exprimer
leur
appui.
Jeudi le 5 avril, les travailleurs d'IOC du
Labrador organisent une
manifestation sous le thème « Démolissez ce
mur ! Des droits égaux pour
tous ! Leur lutte est notre avenir ». La manifestation
est parrainée
par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et le Syndicat
des employés des secteurs public et
privé de Terre-Neuve-et-Labrador (NAPE) et tous les membres de
la
communauté sont invités à y participer.
À Sept-Îles la semaine dernière,
lors d'assemblées
générales tenues les 28
et 29 mars, les 301 travailleurs d'Iron Ore membres de la
section locale 9344 du Syndicat des Métallos ont
massivement rejeté
l'offre finale de la compagnie. Ils seront en position légale de
grève
le 10 avril prochain. Ils ont rejeté l'offre
à 98 % et le taux de participation aux assemblées a
été de 87 %.
La section locale 9344 des Métallos présente un
chèque aux travailleurs de Labrador City
en appui financier à leur grève.
Dans un bref entretien avec Forum ouvrier ,
suite aux
assemblées générales, Dany Maltais, le permanent
syndical du Syndicat
des Métallos sur la Côte-Nord, a mentionné que la
question des
changements technologiques est une des raisons majeures pour lesquelles
l'offre d'IOC a été rejetée :
« Les changements technologiques, c'est aussi
important pour nous à
Sept-Îles que la main-d'oeuvre temporaire l'est au
Labrador », a-t-il
dit. « L'employeur a commencé à bâtir des
programmes en fonction de
l'automatisation de nos tâches. À l'heure actuelle, la
convention
collective prévoit que les travailleurs touchés par
l'automatisation peuvent aller déplacer des travailleurs moins
anciens.
Mais il va y avoir aussi de nouveaux postes de créés. Les
définitions
de tâches vont être changées. Il va se créer
des nouveaux emplois qui
ne feront plus partie de l'accréditation syndicale. Nous
recherchons
une protection. Nous voulons que les nouveaux postes qui vont
être
créés, que les nouvelles tâches fassent partie de
l'accréditation
syndicale. L'employeur est arrivé à la table avec son
offre finale sans
s'adresser à cette préoccupation qui est très
importante pour nous, ce
que nous considérons comme un manque de respect de sa
part.»
Les travailleurs de Sept-Îles ont aussi
rejeté les offres
salariales de l'entreprise comme étant inadéquates,
notamment parce
qu'elles incorporent les bonis de vie chère qui sont des
montants
aléatoires qui varient selon l'augmentation du coût de la
vie. Ils ont
aussi rejeté l'offre de la compagnie parce qu'elle rejette les
augmentations de
prestations du régime de retraite à prestations
déterminées que les
travailleurs revendiquent. Les prestations du régime de retraite
ne
sont même pas indexées et c'est seulement par la
négociation que les
travailleurs peuvent obtenir des hausses de prestations et des
ajustements au coût de la vie.
« Chaque dollar investi dans le régime de
retraite et dans les
salaires, c'est un dollar qui reste dans la région, qui est
dépensé ici
pour des biens de première nécessité. Toute
l'économie régionale en
profite. On souhaite que les travailleurs et les retraités
actuels et
futurs puissent continuer à bien vivre ici », a dit
le président de la
section
locale 9344, Eddy Wright, sur le site web du Syndicat des
Métallos.
« Au niveau du régime de retraite, nous
apprécions aussi que
l'employeur ait retiré sa demande de concession de placer les
nouveaux
engagés sur un régime à cotisations
déterminées. Cependant, notre but
n'est pas seulement de ne pas faire des concessions mais
d'améliorer
nos conditions de travail et de vie », a dit Dany Maltais
à Forum ouvrier. À Sept-Îles, la question
de la main-d'oeuvre
temporaire a été réglée au niveau de la
négociation locale et ratifiée
par les travailleurs de Sept-Îles.
Les travailleurs de Sept-Îles seront en position
de grève légale
le 10 avril. Parce que leur travail chevauche la frontière
entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador,
ils sont
assujettis au Code canadien du travail qui a ses propres règles
et
délais. Il y a aussi la question des services essentiels
à régler,
parce que la
voie ferrée sur laquelle travaillent les métallos de
Sept-Îles dessert
aussi la population locale.
Le 30 mars, des membres de l'exécutif de la
section locale de
Sept-Îles se sont rendus à Labrador City pour appuyer les
travailleurs
en grève sur leurs lignes de piquetage et leur remettre un
chèque
de 25 000 $. Les travailleurs de Sept-Îles ont
été accueillis
chaleureusement sur les lignes par les métallos en grève,
et,
au nom de la section locale 6731, son président Tony
Reccord a dit : «
Nous les appuyons eux aussi. La solidarité et
l'égalité sont deux des
piliers des Métallos ».
Les travailleurs du Labrador extraient le minerai de
fer au
Labrador, qu'ils concentrent ensuite et mettent en boulettes. Les
travailleurs de Sept-Îles effectuent les tâches
reliées au transport de
ce concentré par chemin de fer jusqu'au port de Sept-Îles,
où les
débardeurs chargent le matériel sur les navires devant
être transporté
vers les aciéries du
monde entier. Les demandes des travailleurs d'IOC visent à
protéger et
à accroître leur réclamation à la valeur
qu'ils produisent afin de
garder le plus de valeur possible dans la région pour la faire
vivre.
Ce sont des demandes qui vont dans le sens de la défense de la
dignité
du travail et du bien-être des communautés qui
dépendent largement de
cette production pour vivre.
Dans les conditions actuelles, les réclamations
individuelles des
travailleurs à la valeur qu'ils produisent prennent la forme de
salaires, de pensions et d'avantages sociaux. Les réclamations
des
travailleurs actifs et à la retraite constituent le gros de la
valeur
provenant de la production qui demeure à Labrador City et
à Sept-Îles.
Si IOC réussit à
exproprier une portion plus grande de la valeur nouvelle que les
travailleurs produisent en réduisant les montants qui vont aux
salaires, aux avantages sociaux et aux pensions, ce montant additionnel
saisi sous forme de profits va quitter la communauté et aller
remplir
les coffres des propriétaires mondiaux. Il ne pourra pas
être utilisé par les travailleurs et la communauté.
Les demandes des travailleurs d'IOC sont justes et
méritent l'appui de tous les travailleurs.
La délégation des travailleurs d'IOC de
Sept-Îles aux bureaux des métallos à Labrador City.
(Photos:
Section locale 5795 du Syndicat des Métallos)
Les travailleurs du secteur public au
Nouveau-Brunswick s'organisent pour défaire le diktat du
gouvernement
La conférence « Mettre fin au
mandat » met de l'avant
la lutte unie pour des augmentations
de salaire
dans le secteur public
- Entrevue avec Daniel
Légère,
président du SCFP au Nouveau-Brunswick -
Forum ouvrier : Le SCFP au
Nouveau-Brunswick a tenu une conférence à la mi-mars sur
le thème « Mettre fin au mandat ». Quel
était le but de la
conférence ?
Daniel Légère : Le but
de la conférence
était de faire face à la situation actuelle. Au cours des
deux
dernières rondes de négociations, depuis environ 12
ans, le
gouvernement du Nouveau-Brunswick a négocié avec les
travailleurs du
secteur public sur la base d'un mandat visant à supprimer les
augmentations
salariales. Au fil des ans, nous avons vu beaucoup d'ententes
négociées
à 0 et 1 %. C'est la vision et la pratique du
gouvernement pour tous
les travailleurs du secteur public. Il s'en est tenu à ce mandat
au
cours de plusieurs rondes de négociation.
Nos membres ont constaté depuis un certain temps
qu'il leur est
plus difficile de joindre les deux bouts et de payer toutes les
factures à la fin de chaque mois. Nous avons effectué des
recherches à
ce sujet et, en fait, nos membres ont un revenu disponible
inférieur à
ce qu'il était il y a 12 ou 14 ans en raison de ce
mandat du
gouvernement durant les négociations de conventions collectives.
Par le biais de la conférence, nous avons
développé un outil
permettant à nos membres de visualiser leurs augmentations
salariales
par rapport aux augmentations du coût de la vie. Leur pouvoir
d'achat a
été considérablement réduit au cours des
dernières négociations. Nous
avons réuni environ 250 dirigeants à Fredericton
pour la
conférence. Nous avons développé un tas d'outils
pour mobiliser nos
membres. Notre économiste principal est venu du bureau national
du SCFP
pour montrer l'impact qui est produit non seulement sur nos membres
mais aussi sur nos communautés lorsque vous supprimez les
hausses
salariales. Les gens ont moins d'argent à dépenser et
tout le
monde est touché par cela.
La conférence a été très
animée. Les gens sont repartis pleins
d'énergie. Nous avons mobilisé tout le monde pour
être certains que
nous allions dans la bonne direction. Nous avions des urnes dans
lesquelles les gens pouvaient laisser leurs commentaires. Deux ou trois
fois par jour, nous avons tenu une séance à micro ouvert
pour entendre
les
commentaires des participants et nous avons reçu un appui massif
des
délégués présents. La conférence a
été le début d'un mouvement qui va
se poursuivre du 24 au 27 avril durant notre Congrès. Après
cela, nous
allons répéter l'expérience de la
conférence dans les régions avec des sessions de
formation en juin et des réunions de masse des membres à
l'automne, dans toute la province. Nous allons poursuivre
cette conférence parmi nos 28 000 membres dans la
province.
Une partie de notre plan consiste à coordonner
la négociation, à
partager l'information. D'après notre expérience,
lorsqu'un groupe
accepte le mandat du gouvernement, il devient plus difficile pour le
groupe suivant de s'y soustraire. Nous avons convenu de nous aider les
uns les autres pour faire en sorte de briser ce mandat du
gouvernement.
Nous n'agissons pas de manière isolée.
Nous avons
invité d'autres
syndicats du secteur public à se joindre à nous pour la
première partie
de la conférence pour entendre notre économiste. Nous
allons rencontrer
à nouveau les autres syndicats du secteur public du
Nouveau-Brunswick.
L'ensemble du secteur public a été touché par ce
mandat
gouvernemental. Ce que nous voulons faire cette fois, c'est
établir le
mandat nous-mêmes, y compris avec les autres syndicats du secteur
public, afin que le gouvernement ne puisse pas établir de
modèle. Nous
allons aviser le gouvernement que nous organisons pour obtenir des
augmentations de salaire réelles pour nos membres.
Les travailleurs du secteur public de
Nouvelle-Écosse luttent pour leurs droits
Vote de mandat de grève annoncé par le
Conseil
des syndicats de la santé
Les conditions dans les hôpitaux de la province
se détériorent. Les
problèmes comprennent la fermeture des services d'urgence et les
temps
d'attente extrêmes pour les soins de santé. Les conditions
défavorables
sont encore aggravées par le refus du gouvernement provincial,
de
l'Office de la santé de la Nouvelle-Écosse et du Centre
hospitalier Isaac Walton Killam (IWK Health Centre) de négocier
avec
les collectifs de travailleurs et de s'entendre sur des
modalités et
conditions d'emploi acceptables aux travailleurs de la santé. La
situation a incité le Conseil des syndicats de la santé
de la
Nouvelle-Écosse à annoncer le tout premier vote de
grève de l'unité de
négociation des
soins de santé à l'échelle de la province.
Le Conseil des syndicats de la santé de la
Nouvelle-Écosse est l'un
des quatre conseils que le gouvernement a créé
unilatéralement en vertu
du Health Authorities Act en avril 2015. Les conseils comprennent
un
total de 24 361 travailleurs de la santé
organisés en différents
syndicats, avec leurs propres négociateurs en chef et
négociateurs adjoints. [1]
Les lieux et la date du vote de mandat de grève
seront publiés dans
les prochains jours. Les quatre syndicats des quatre conseils tiendront
leurs propres votes et consultations avec leurs membres.
La résistance des travailleurs de la
Nouvelle-Écosse au diktat des libéraux de Stephen McNeil
a connu un développement important.
Les conditions
de travail et le refus de l'employeur de négocier sont des
facteurs
clés qui ont suscité la résistance. Ceux qui font
le travail n'ont
aucune autorité ou contrôle sur les décisions qui
affectent leurs
conditions
de travail, qui sont aussi les conditions de la livraison des soins de
santé des
Néo-Écossais.
Jason MacLean, le président du Syndicat des
employés du gouvernement de la
Nouvelle-Écosse (NSGEU), explique
pourquoi la tenue
maintenant d'un vote de grève est une étape importante
des négociations
collectives avec le gouvernement provincial : « Vous ne
pouvez pas
maintenir ainsi les gens dans l'incertitude tout en laissant Stephen
McNeil se vanter d'avoir cette grosse manne d'argent tandis
que le système de santé est en crise. Les gens
travaillent dans ce
système en crise, ils essaient de le maintenir à flot et
on ne leur
accorde même pas le respect de signer une entente avec eux
à la table
de négociations. »
Les conditions dans le système
d'éducation et dans le système de
soins de santé sont souvent décrites comme étant
en crise, et la
réalité montre bien que ce n'est pas
exagéré. Les enseignants de la
Nouvelle-Écosse continuent de s'opposer au recours aux pouvoirs
de police par le gouvernement McNeil pour imposer une convention
collective et des
réformes
majeures sans que ceux qui font le travail en aient le contrôle
ou
aient leur mot à dire. Les enseignants parlent de façon
détaillée
chaque jour des crises qui se poursuivent dans leurs
établissements
alors qu'ils luttent pour éduquer les jeunes sans les
investissements
provinciaux requis.
De même, les travailleurs de la santé
publient d'innombrables
rapports sur les conditions de travail qui exposent comment le
gouvernement nie le droit du peuple à des soins de santé
de qualité
livrés à temps. Les histoires abondent de gens qui
attendent dans les
couloirs pour voir un médecin, de longues files d'ambulances
devant le
centre de
santé d'urgence du Queen Elizabeth II, des attentes de
jusqu'à 10
heures pour voir un médecin et même de cas où des
gens quittent les
urgences pour appeler le 911 avant que la situation ne devienne
fatale.
Il s'agit bien d'une crise.
Le président du NSGEU qualifie à juste
titre la
situation de crise
dans les hôpitaux. Elle est aussi une crise dans la politique de
la
province qui se voit à l'incapacité de régler
aucun des problèmes
auxquels sont confrontés les gens, notamment la prestation de
soins de
santé de
qualité livrés à temps, qui est un droit des
Néo-Écossais.
« Les travailleurs de première ligne dans
la santé aux premières
font tout ce qu'ils peuvent. Cette crise cependant est la
responsabilité de Stephen McNeil et son déni constant
qu'une crise
existe ne soulage pas les patients qui attendent sur une civière
d'ambulance pendant plus de 10 heures seulement pour être
vus
par un
médecin »,
explique MacLean.
La crise politique est en partie le résultat de
l'objectif
néolibéral des libéraux McNeil d'imposer leur
programme d'austérité qui
est dicté par les riches impérialistes qu'ils
représentent. Le pouvoir
de prendre des décisions qui affectent la vie de la population
de la
Nouvelle-Écosse est entre les mains d'une classe
privilégiée qui a
usurpé le
pouvoir et l'utilise pour servir son but d'exproprier le profit maximum
de la nouvelle valeur produite par les travailleurs. Leur but est en
contradiction avec le droit des Néo-Écossais à des
soins de santé de
qualité livrés à temps. En fait, la plupart des
discussions dans les
groupes de réflexion et les médias des riches sont
axées sur la façon
de
manipuler les programmes sociaux et les services publics d'une
manière
qui réponde à leur objectif d'exproprier le maximum de
profits par la
privatisation ou d'autres méthodes.
L'annonce par les travailleurs de la tenue d'un vote de
mandat de
grève est une
initiative importante et courageuse. En s'organisant pour retirer leur
capacité de travailler, ils montrent qu'ils sont sérieux
dans leur
détermination à défendre leurs droits et les
droits de tous. Ils font
ce geste en dépit des menaces et des diktats incessants des
libéraux de
Stephen McNeil
d'imposer des conventions collectives aux travailleurs, de criminaliser
leur résistance et, par le biais des pouvoirs de police, de leur
refuser le droit de retirer leur capacité de travail. Cela
marque une
autre étape dans le développement d'une résistance
au privilège de
classe qui nie le droit des Néo-Écossais d'avoir leur mot
à dire sur
les affaires qui
touchent leurs vies et de résoudre les problèmes
très réels et sérieux
auxquels la société est confrontée.
Alors que les dates de conciliation sont fixées
pour avril et mai,
le Conseil des syndicats de la santé de la
Nouvelle-Écosse franchit une
étape importante en appelant à un vote de grève et
en mettant l'accent
sur les revendications des travailleurs pour des conditions d'emploi
acceptables pour eux-mêmes et pour des solutions. aux
problèmes
dans le secteur des soins de santé.
Note
1. Les 4 conseils sont :
Le Conseil des
syndicats de la santé de la
Nouvelle-Écosse -- nombre total de membres 6506.
Le Syndicat des employés du gouvernement de la
Nouvelle-Écosse
-- 3 808 membres et agira en tant que négociateur en chef
pour ce
conseil.
Le Syndicat canadien de la fonction publique - 1940 membres et
agira en tant que négociateur-adjoint.
Unifor --751 membres.
Le Syndicat des infirmières et infirmiers de la
Nouvelle-Écosse -- 7 membres.
Syndicats des professionnels administratifs
du Conseil de la
santé de la Nouvelle-Écosse -- 4 213 membres au
total.
NSGEU -- 2,979 membres et agira en tant que négociateur- adjoint
SCFP -- 1 195 membres et agira en tant que négociateur en
chef pour ce conseil.
Unifor -- 35 membres
NSNU -- 4 membres
Le Conseil des
syndicats des employés de soutien à la
santé de la Nouvelle-Écosse -- un total
de 4 029 membres.
NSGEU -- 1853 membres et agira en tant que négociateur-adjoint
SCFP -- 1093 membres
Unifor -- 1082 membres et agira en tant que négociateur en chef
pour ce conseil.
NSNU -- 1 membre
Le Conseil des
syndicats des infirmières de la
Nouvelle-Écosse -- un total de 9613 membres.
NSNU -- 5 149 membres et agira en tant que négociateur en
chef pour ce conseil
NSGEU -- 3 507 membres et agira en tant que
négociateur-adjoint
SCFP -- 484 membres
Les travailleurs d'un foyer de soins infirmiers
demandent des améliorations à leur santé et
sécurité et à celle des résidents
Piquetage des travailleurs de la résidence pour soins
infirmiers, membres de la section
locale 1876 du SCFP, devant le bureau du député
provincial
de Northside-Westmout-North
Sidney, Eddie Orrell, le 30 mars 2018
Le 29 mars, les travailleurs d'un centre
d'hébergement et de soins
de longue durée de North Sydney, en Nouvelle-Écosse, ont
organisé un
piquet d'information pour briser le silence sur leurs conditions de
travail et les conditions de vie des résidents du foyers de
soins
infirmiers. Les travailleurs du Northside Community Guest Home
ont soulevé leurs préoccupations quant aux effets des
pénuries de
personnel qui causent aux travailleurs des niveaux élevés
de stress et
d'épuisement professionnel, et des difficultés à
s'acquitter de leurs
tâches importantes, ce qui nuit aux conditions et à la
qualité de vie
des résidents. Les questions liées à la
qualité des soins et aux
conditions de
travail ne font qu'une seule et même chose.
Louise Riley, présidente du Comité de
coordination des soins de
longue durée du SCFP, a commenté les conditions de
travail : « Il y a
beaucoup de problèmes dans les foyers de soins infirmiers, comme
la
réduction du ratio du nombre de résidents par rapport aux
employés ; le
fait que les postes temporaires ne sont pas remplacés
par des postes à temps plein. »
Dans le cadre de l'offensive antisociale actuelle du
gouvernement
libéral de Stephen McNeil, avec ses vastes attaques contre les
programmes sociaux et les services publics, chaque journée de
travail
pour les travailleurs de la santé devient une lutte à
finir. Le refus
du gouvernement d'apporter les changements nécessaires pour
assurer des
conditions sécuritaires et adéquates aux travailleurs
dans les centres
d'hébergements et aux personnes dont ils ont la charge a atteint
un
point critique. Le programme d'austérité du gouvernement
McNeil
comprend le refus de s'attaquer aux pénuries de personnel, au
sous-emploi et au manque criant dans les centres d'hébergement
en
Nouvelle-Écosse
de lits en soins infirmiers.
Le programme antisocial des libéraux de McNeil,
qui sert les
intérêts de la riche élite qu'ils
représentent au gouvernement, cause
des problèmes généralisés dans tous les
services publics dont dépendent
les Néo-Écossais pour leur sécurité, leur
bien-être et l'avenir des
jeunes. Parce que les travailleurs qui accomplissent les tâches
cruciales liées
aux services publics se voient refuser un rôle décisif
dans leurs
conditions de travail, la société se voit empêcher
de résoudre les
problèmes auxquels les gens sont confrontés, ce qui
aggrave les
conditions sociales au lieu de les améliorer.
Face à cela, les infirmières se
lèvent pour prendre position pour elles mêmes et pour les
personnes qu'elles servent. Elles rejettent la pression exercée
sur elles de ne pas
s'exprimer
ouvertement sur les mauvaises conditions de travail auxquelles elles
sont confrontées à chaque jour, qui sont des conditions
tout
aussi mauvaises pour ceux qui dépendent de leurs services. Elles
refusent de se
taire !
En prenant position publiquement pour exposer les conditions dans leur
secteur, elles mettent l'accent sur le fait que les libéraux de
McNeil
refusent de reconnaître le droit moderne de tous à la
santé et de vivre
dans la dignité pendant les dernières années de
leur vie. Les
libéraux de Stephen McNeil se couvrent de honte qu'ils partagent
avec la riche élite qu'ils servent pour faire régresser
la
société en refusant
d'investir des fonds publics dans les soins de santé et d'agir
sur les
graves problèmes pourtant soulevés par les travailleurs
depuis
des années.
Piquetage des travailleurs de la résidence pour soins
infirmiers, le 30 mars 2018
(Photos:
SCFP-Nouvelle-Écosse)
Les travailleurs de la santé de
l'Ontario cherchent de nouvelles façons
d'affirmer leurs droits
Les syndicats des travailleurs d'hôpitaux
forment une alliance
Le 27 mars, le Conseil des syndicats
d'hôpitaux de l'Ontario du
Syndicat canadien de la fonction publique (CSHO/SCFP), l'Union
internationale des employés des services (UIES) -- Soins de
santé et
Unifor ont annoncé la formation d'une nouvelle alliance pour
négocier
une entente au nom des 75 000 travailleurs de la
santé regroupant le personnel infirmier, les
préposés aux
bénéficiaires, les porteurs, le personnel administratif,
le personnel
des services d'alimentation, le personnel de nettoyage et le personnel
de métier de 160 hôpitaux publics de la province. Il
est rare que des
syndicats forment une alliance en vue de négocier, car ils
négocient
normalement
d'une façon indépendante avec l'Association des
hôpitaux de l'Ontario
(AHO), le groupe de coordination des employeurs du milieu hospitalier.
L'alliance donne un coup d'envoi à une intense
campagne de
mobilisation des membres dont l'objectif est de faire pression sur les
hôpitaux de l'Ontario pour qu'ils retournent à la table de
négociation
et traitent leur personnel avec respect. Les travailleuses et
travailleurs d'hôpitaux membres d'Unifor, de l'UIES -- Soins de
santé et
du
CSHO/SCFP uniront leurs efforts pour se mobiliser contre les
concessions demandées par les hôpitaux et pour
négocier de nouvelles
conventions collectives justes et équitables sous la
bannière «
Ensemble pour le respect ». Parmi les actions collectives
prévues, il y
aura une journée de solidarité à l'échelle
provinciale le 11 avril , des manifestations sur les lieux de travail,
le 18 avril,
ainsi
que
des annonces publicitaires à la télévision et sur
les médias sociaux,
qui débuteront le 9 avril.
La formation de cette alliance est une tentative de
faire échec à la méthode de l'association des
employeurs de diviser les travailleurs sur la base de leur affiliation
syndicale en poussant une section à accepter des concessions ou
la détérioration des conditions pour ensuite faire la
même chose avec les autres syndicats et leurs travailleurs. La
méthode consistant à essayer d'établir un pattern
antisocial de retrait de fonds des programmes sociaux a
été utilisée sans relâche en Ontario depuis
que le
gouvernement libéral a lancé sa plus récente
offensive antisociale qui a débuté dans toute sa force en
2012 sous le gouvernement McGuinty. Cette méthode continue
d'être utilisée par exemple contre les enseignants et les
travailleurs de l'éducation alors que les syndicats sont
dressés les uns contre les autres pendant les
négociations pour instiguer des divisions et briser le sentiment
général des enseignants et des travailleurs de
l'éducation qu'ils sont unis à la défense de leurs
conditions de travail qui sont les conditions d'apprentissage des
étudiants. Les travailleurs de la santé de l'Ontario
essaient de briser cette méthode de division de leurs rangs afin
de défendre leurs conditions de travail sur lesquelles repose la
qualité du système de santé.
« En nous rassemblant, nous créons un
précédent pour demander que
nos membres soient traités avec tout le respect qu'ils
méritent. L'AHO
a refusé jusqu'ici de négocier de bonne foi mais je suis
convaincue
que nous sommes plus forts ensemble et que notre alliance donnera de
bons résultats pour les 75 000 travailleuses et
travailleurs du milieu hospitalier que nous représentons
collectivement », a déclaré la
présidente de l'UIES -- Soins de santé,
Sharleen Stewart.
« Ensemble, nous allons résister aux
concessions qu'exigent les
employeurs, surtout de la part de travailleuses qui gagnent de petits
salaires et qui méritent plus de respect », a fait
remarquer Katha
Fortier, adjointe au président national d'Unifor.
« Les charges de travail de nos membres sont
très lourdes ; les
travailleuses et travailleurs du milieu hospitalier sont
exténués et
stressés. Ils sont la cible de gestes violents au travail. Les
hôpitaux
ont conclu des ententes avec leur personnel paramédical, qui
suit le
contrat-type du secteur public, mais ils refusent d'étendre ce
modeste
contrat-type au personnel infirmier, au personnel de bureau et au
personnel de soutien que nous représentons, et sans tenir compte
des
problèmes comme la violence », a expliqué le
président du CSHO, Michael
Hurley.
Abus du pouvoir de l'État par le
gouvernement du Québec
Le projet de loi 152 au Québec utilise la
Commission Charbonneau
pour déployer encore plus les pouvoirs de police contre les
travailleurs de la construction
- Pierre Chénier -
Les consultations particulières de la Commission
de l'économie et du travail du gouvernement du Québec sur
le projet de loi 152, Loi
modifiant
diverses
dispositions
législatives
concernant
le
domaine
du
travail afin principalement de donner suite à certaines
recommandations
de la Commission Charbonneau, se sont tenues les 6 et 7
février dernier.
Les représentants des syndicats de la
construction sont intervenus
dans les consultations pour dénoncer le projet de loi. Ils ont
rejeté
les mesures empreintes de diffamation qui sont comprises dans le
projet
de loi selon lesquelles les travailleurs organisés en syndicats
agissent en criminels quand ils organisent sur les chantiers de
construction pour
défendre leurs droits, notamment leur droit de travailler dans
des
conditions salubres et sécuritaires. En dépit de la ferme
opposition
des représentants des travailleurs et des manifestations de
milliers de
travailleurs de la construction et de leurs alliés pendant la
grève de
la construction en mai 2017, qui ont vigoureusement défendu
la dignité
et
les droits de ces travailleurs, l'Assemblée nationale a
adopté à
l'unanimité le principe du projet de loi le 22
février, et l'a envoyé
au Comité pour être étudié article par
article.[1]
Plusieurs ont été surpris que lors des
consultations particulières,
presque rien n'ait été dit au sujet de la Commission
Charbonneau bien
que le projet de loi se présente dans une large mesure comme la
mise en
oeuvre des recommandations faites par la Commission dans son rapport
final du 24 novembre 2015.
La Commission Charbonneau a été
créée par le gouvernement libéral en 2011.
Son nom complet est Commission d'enquête sur l'octroi et la
gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction.
Elle a été créée suite à des
années de scandales dans la façon dont
les contrats publics ont été octroyés dans
l'industrie de la
construction. Le gouvernement du Québec, qui a
créé la Commission, est
le distributeur principal des contrats lucratifs aux entreprises de
construction et aux firmes d'ingénierie. Le gouvernement choisit
les
entreprises et les fait bénéficier de stratagèmes
pour payer les riches
qui font gonfler les prix des projets et leurs apportent d'autres
bénéfices.
Plusieurs ont accusé les partis politiques officiels, en
particulier le
Parti libéral, d'avoir reçu de vastes sommes d'argent des
entreprises
de la construction qu'ils ont utilisées pour se gagner des
sièges dans
le processus électoral.
Le gouvernement libéral a donné à
la Commission Charbonneau le mandat suivant :
- examiner l'existence de
stratagèmes et, le cas échéant,
de dresser un portrait de ceux-ci, qui impliqueraient de possibles
activités de collusion et de corruption dans l'octroi et la
gestion de
contrats publics dans l'industrie de la construction, incluant
notamment les organismes et les entreprises du gouvernement et les
municipalités,
incluant des liens possibles avec le financement des partis
politiques ;
- dresser un portrait de
possibles activités d'infiltration de l'industrie de la
construction par le crime organisé ;
- examiner des pistes de
solution et de faire des recommandations
en vue d'établir des mesures permettant d'identifier, d'enrayer
et de
prévenir la collusion et la corruption dans l'octroi et la
gestion des
contrats publics dans l'industrie de la construction ainsi que
l'infiltration de celle-ci par le crime organisé.
Le lien entre ce mandat et les relations de travail, et
les
activités organisées des syndicats des travailleurs de la
construction
à la défense de leurs droits n'est pas évident,
c'est le moins qu'on
puisse dire. C'est par le biais d'une vague de calomnies et
d'insinuations dans les médias de masse contrôlés
par les monopoles et
dans les déclarations
antiouvrières des porte-paroles du gouvernement qu'un lien a
été établi.
Lier la corruption dans l'octroi des contrats pour
payer les riches
et les relations de travail détourne l'attention de la
nécessité de
forcer les co-conspirateurs au gouvernement et dans la grande
entreprise à rendre des comptes. Cela permet à ceux qui
commettent des
crimes de s'en tirer indemnes et cela permet de renforcer les pouvoirs
de police
organisés par l'État pour qu'ils nient aux travailleurs
de la
construction leur droit de se défendre collectivement aux
endroits de
travail.
Le projet de loi 152 modifie trois lois du
travail :
- la Loi sur les normes
du travail ;
- la Loi sur les
relations du travail, la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de
la construction et
- la Loi sur la
santé et la sécurité du travail .
Afin de traiter du contenu antiouvrier du projet de
loi 152, il
faut partir de la définition qu'a donnée la Commission
Charbonneau et
le gouvernement du crime organisé.
En vertu de son mandat fixé par le gouvernement,
la Commission a
défini le crime organisé comme « un groupe
composé de trois personnes
ou plus, existant depuis un certain temps et agissant de concert dans
le but de commettre une ou plusieurs infractions pour en tirer un
avantage direct ou indirect ».
Plus loin dans son rapport, la Commission souligne de
manière
plutôt ambiguë qu'en vertu de son mandat, elle a
considéré que tous les
individus qui ont agi « de concert » dans un but
criminel commun
peuvent être considérés comme appartenant au crime
organisé, qu'ils
soient ou non membres en règle d'un groupe criminel.
L'article 467.1 du Code criminel donne
la définition suivante de ce qu'est une organisation
criminelle :
« organisation criminelle : Groupe, quel que
soit le mode d'organisation :
a) composé d'au moins trois personnes se
trouvant au Canada ou à
l'étranger ;b) dont l'un des objets principaux ou une des
activités
principales est de commettre ou de faciliter une ou plusieurs
infractions graves qui, si elles étaient commises pourraient
procurer —
ou procurer à une personne qui en fait partie -, directement ou
indirectement un avantage matériel, notamment financier.
La présente définition ne vise pas le
groupe d'individus formé au hasard pour la perpétration
immédiate d'une seule infraction. »
La Commission Charbonneau s'est donné une
définition beaucoup plus large du crime organisé que
celle qui se retrouve dans le Code criminel. Le
projet de loi 152 et ses pouvoirs de police accrus
contre les
travailleurs de la construction montrent bien pourquoi elle a agi
ainsi.
Dans son rapport, la Commission mentionne qu'elle a
considéré deux
catégories de crime organisé : ce qu'elle appelle
les « groupes
criminels de type mafieux » et « les groupes criminels
de type non
mafieux ». Elle décrit ce second groupe de la
façon suivante :
« La Commission regroupe dans cette
catégorie les groupes criminels
qui ne sont pas caractérisés principalement par le
recours à la
violence, à la menace de violence et au contrôle de
territoire. Ces
groupes sont davantage susceptibles de se livrer à des crimes de
nature
économique, qui sont moins associés à ce type de
méthode. Il peut
s'agir,
par exemple, de groupes se livrant à des activités de
corruption, de
collusion, de fraude ou de fraude fiscale. Ces groupes ne
possèdent pas
nécessairement une hiérarchie formelle ou des rituels
associés aux
groupes criminels de type mafieux. »
La Commission associe le crime organisé de type
« non mafieux » aux «
crimes de nature économique ». Elle suggère
que tous les individus
agissant « de concert » et engagés dans des
« crimes de nature
économique » non définis devraient être
considérés comme des membres
d'une organisation criminelle.
La question qui se pose alors, c'est comment les
« crimes de nature
économique » sont définis et qui fournit la
définition et dans quel
but ? Pendant la lutte pour la légalisation des syndicats,
le
gouvernement et la grande entreprise considéraient toute
activité
syndicale comme un « crime de nature
économique », défini de
façon large comme un crime organisé des travailleurs
visant à limiter
la liberté du commerce.
En ce qui concerne « les crimes de nature
économique » et qui est
en position de contrôler la définition, les travailleurs
de la
construction font remarquer que leur définition et celle de
leurs
employeurs sont diamétralement opposées. Selon la vision
des choses des
travailleurs de la construction qui sont payés pour leur
capacité de
travailler, il arrive souvent que les individus qui achètent
leur
capacité de travailler, leurs employeurs, commettent des «
crimes de
nature économique » contre les travailleurs.
Les employeurs, agissant de concert, font pression sur
les
travailleurs pour qu'ils travaillent de façon illégale,
les forçant à
accepter moins que leur salaire standard en échange de leur
capacité de
travailler. Par cette pression concertée sur les travailleurs,
ils forcent aussi les travailleurs à travailler à
leur salaire
standard mais sans les
déductions qui vont à la caisse de l'assurance-emploi, ou
à la
Commission des normes, de l'équité, de la santé et
de la sécurité du
travail, ou au régime d'avantages sociaux et de retraite de
l'industrie, etc. La pression de « nature
économique » des employeurs
sur les travailleurs prend aussi la forme d'une pression pour ignorer
les standards
de sécurité de l'industrie ou de la législation
sur
la santé et la
sécurité au travail.
Le vol des salaires et des réclamations de
l'État pour l'impôt, la
Régie des rentes, l'assurance-emploi et bien d'autres choses est
un
phénomène endémique dans l'industrie de la
construction, Les employeurs
exploitent la vulnérabilité des travailleurs de la
construction qui
vont d'un projet à l'autre sans sécurité d'emploi
ni reconnaissance
effective de l'ancienneté à moins qu'ils ne la mettent en
oeuvre
eux-mêmes par leur lutte organisée.
Les employeurs considèrent leurs tactiques
antiouvrières comme une
bonne façon de faire des affaires et non des « crimes de
nature
économique ». Ces bonnes pratiques d'affaires
comprennent les contrats
lucratifs de type payer les riches qui sont fournis par les
gouvernements. Les employeurs et le gouvernement ont cependant la
gâchette rapide quand il est question de qualifier de criminels
engagés
dans « des crimes de nature économique » les
travailleurs qui mènent
des actions collectives ou même individuelles pour
défendre leurs
droits.
Quand la Commission Charbonneau parle dans son rapport
et de ses
recommandations de ceux qui sont potentiellement engagés dans
des
crimes économiques, elle ne se réfère pas aux
employeurs qui commettent
ces crimes de nature économique. En fait, aucun de ces
employeurs qui
se livrent à ces crimes contre les travailleurs n'est
mentionné dans le rapport
de la
commission.
La situation est bien différente quand il est
question des
travailleurs parce que la Commission adopte la définition des
employeurs et du gouvernement de « crimes de nature
économique » et
l'applique à la classe ouvrière organisée.
La Commission écrit ce qui suit au sujet des
chantiers de construction de la Côte-Nord :
« La Commission a entendu huit témoins qui
se sont exprimés
relativement à des situations problématiques qui ont eu
cours sur des
chantiers de construction de la Côte-Nord entre 1996
et 2013. Le souci
de la Commission en entendant ces témoins était de
vérifier si les
pratiques portées à son attention, dont certaines
s'apparentaient à des méthodes utilisées par des
groupes criminalisés, découlaient de la possible
implication de tels groupes sur ces chantiers. »
La Commission aligne alors une série de
récits tirés des audiences.
Leur objectif principal est de dépeindre les travailleurs comme
des
individus qui organisent des actions « de concert »
pour extorquer un
avantage économique. La commission prétend que les
travailleurs mènent
des actions concertées en mettant sur pied des organisations
qui sont de simples paravents pour intimider les employeurs afin d'en
tirer un avantage économique ou pour nier leur droit de
gérance, ou les
forcer à engager plus de travailleurs qu'ils en ont besoin ou
des
travailleurs qu'ils ne voudraient pas engager, etc.
La Commission par exemple parle de comités de
chômeurs qui seraient
bâtis de toutes pièces par les travailleurs et avec qui
ils agiraient
de concert pour forcer la main des employeurs et les intimider pour
qu'ils engagent des travailleurs spécifiques. Cela, nous dit la
commission, tend à éliminer la concurrence entre les
travailleurs sur
le marché
du travail pour le travail disponible.
L'affaiblissement et l'élimination de la
concurrence sur le marché
du travail pour les emplois est un thème central qui parcourt
tout le
rapport de la Commission. Celle-ci ne manque pas de dire que c'est
là
un trait commun au crime organisé et aux actions
concertées des
travailleurs. Nous reviendrons sur cet aspect «
anti-concurrentiel »
dans le prochain article.
En élargissant la définition de crime
organisé et d'organisation
criminelle d'une manière intéressée, la Commission
Charbonneau a pavé
la voie au renforcement d'un régime policier contre les
travailleurs dans l'industrie de la construction sous
prétexte que les travailleurs mènent des actions qui sont
des « crimes
de nature économique » qui «
s'apparentent » au monde du crime organisé
de type « non mafieux ». Ces accusations contre la
classe ouvrière
organisée nous rappellent les déclarations d'avant la
Deuxième Guerre mondiale voulant que l'activité syndicale
soit un «
crime de nature économique » qui « restreint la
liberté du commerce ».
Pendant ce temps-là, les crimes réels des
grandes entreprises de la
construction qui profitent des contrats du gouvernement de type payer
les riches, qui versent de l'argent aux partis cartellisés au
gouvernement pour corrompre le processus électoral, et violent
les
droits des travailleurs ne sont pas punis. Le projet de loi 152
est
régressif et
une attaque contre les droits de tous. Il ne règle aucun des
problèmes
de l'industrie de la construction parce que cela n'est pas son but de
les régler. Ce projet de loi est une attaque de plus contre le
droit
des travailleurs de s'organiser de façon effective à la
défense de
leurs droits et d'ouvrir la voie à une direction prosociale de
l'économie.
(À suivre)
Note
1. La grève a été
brutalement réprimée le 30
mai 2017 par une loi de retour au travail du gouvernement du
Québec
adoptée sous prétexte que la grève nuisait
à l'économie. Cela, bien que
cette grève visait à faire échec à des
demandes de concessions qui
allaient aggraver les conditions de
travail dans la construction, notamment en déstabilisant encore
plus
les heures de travail du secteur. La Commission Charbonneau et le
projet de loi 152 sont tous les deux basés sur la
propagande
antiouvrière que la lutte des travailleurs de la construction
nuit à
l'économie parce qu'elle peut ralentir ou arrêter les
activités sur les
chantiers.
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