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5 avril 2018  

Iron Ore: grève au Labrador, rejet de l'offre finale à Sept-Îles

Les travailleurs des mines et du transport en lutte pour la dignité du travail

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La délégation de la section locale 9344 des métallos d'IOC à Sept-Îles au Québec se joint aux travailleurs de Labrador City sur leur ligne de piquetage, le 30  mars 2018.

Iron Ore: grève au Labrador, rejet de l'offre finale à Sept-Îles
Les travailleurs des mines et du transport en lutte pour la dignité du travail 


Les travailleurs du secteur public au Nouveau-Brunswick s'organisent pour défaire le diktat du gouvernement

La conférence « Mettre fin au mandat » met de l'avant la lutte unie pour des augmentations de salaire dans le secteur public - Entrevue avec Daniel Légère, président du SCFP au Nouveau-Brunswick

Les travailleurs du secteur public de Nouvelle-Écosse luttent pour leurs droits
Vote de mandat de grève annoncé par le Conseil des syndicats de la santé
Les travailleurs d'un foyer de soins infirmiers demandent des améliorations
à leur santé et sécurité et à celle des résidents


Les travailleurs de la santé de l'Ontario cherchent de nouvelles façons d'affirmer leurs droits
Les syndicats des travailleurs d'hôpitaux forment une alliance

Abus du pouvoir de l'État par le gouvernement du Québec
Le projet de loi 152 au Québec utilise la Commission Charbonneau pour
déployer encore plus les pouvoirs de police contre les travailleurs de la construction
- Pierre Chénier



Iron Ore: grève au Labrador, rejet de l'offre finale à Sept-Îles

Les travailleurs des mines et du transport en lutte
pour la dignité du travail


La délégation de la section locale 9344 des métallos d'IOC à Sept-Îles se joint aux travailleurs d'IOC à Labrador City sur leur ligne de piquetage, le 30 mars 2018. Les travailleurs de Sept-Îles ont aussi rejeté les dernières offres de la compagnie.

Les quelque 1400 travailleurs de la Compagnie minière IOC au Labrador sont maintenant en grève depuis le 27 mars. Ils ont déclenché la grève principalement contre le diktat d'Iron Ore qui veut maintenir une catégorie de travailleurs appelée « main-d'oeuvre temporaire » dans laquelle les travailleurs accomplissent les mêmes tâches que les autres mais ont des conditions de travail dramatiquement inférieures.

Les travailleurs en grève sont représentés par la section locale 5795 du Syndicat des Métallos et par la petite section locale 6731 qui représente environ 30 travailleurs d'entrepôt. Dès qu'ils ont déclenché la grève vers 3 heures du matin dans la nuit du 27 mars, les travailleurs du Labrador ont dressé leurs lignes de piquetage. Sur ces lignes participent des travailleurs de deux générations de mineurs toujours à l'emploi d'Iron Ore. D'anciens travailleurs de l'Iron Ore d'une troisième génération, maintenant très avancés en âge, qui se souviennent des luttes passées pour les droits des mineurs et de la communauté,  viennent fièrement exprimer leur appui.

Jeudi le 5 avril, les travailleurs d'IOC du Labrador organisent une manifestation sous le thème « Démolissez ce mur ! Des droits égaux pour tous ! Leur lutte est notre avenir ». La manifestation est parrainée par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et le Syndicat des employés des secteurs public et privé de Terre-Neuve-et-Labrador (NAPE) et tous les membres de la communauté sont invités à y participer.

À Sept-Îles la semaine dernière, lors d'assemblées générales tenues les 28 et 29 mars, les 301 travailleurs d'Iron Ore membres de la section locale 9344 du Syndicat des Métallos ont massivement rejeté l'offre finale de la compagnie. Ils seront en position légale de grève le 10 avril prochain. Ils ont rejeté l'offre à 98 % et le taux de participation aux assemblées a été de 87 %.


La section locale 9344 des Métallos présente un chèque aux travailleurs de Labrador City
en appui financier à leur grève.

Dans un bref entretien avec Forum ouvrier , suite aux assemblées générales, Dany Maltais, le permanent syndical du Syndicat des Métallos sur la Côte-Nord, a mentionné que la question des changements technologiques est une des raisons majeures pour lesquelles l'offre d'IOC a été rejetée :

« Les changements technologiques, c'est aussi important pour nous à Sept-Îles que la main-d'oeuvre temporaire l'est au Labrador », a-t-il dit. « L'employeur a commencé à bâtir des programmes en fonction de l'automatisation de nos tâches. À l'heure actuelle, la convention collective prévoit que les travailleurs touchés par l'automatisation peuvent aller déplacer des travailleurs moins anciens. Mais il va y avoir aussi de nouveaux postes de créés. Les définitions de tâches vont être changées. Il va se créer des nouveaux emplois qui ne feront plus partie de l'accréditation syndicale. Nous recherchons une protection. Nous voulons que les nouveaux postes qui vont être créés, que les nouvelles tâches fassent partie de l'accréditation syndicale. L'employeur est arrivé à la table avec son offre finale sans s'adresser à cette préoccupation qui est très importante pour nous, ce que nous considérons comme un manque de respect de sa part.»

Les travailleurs de Sept-Îles ont aussi rejeté les offres salariales de l'entreprise comme étant inadéquates, notamment parce qu'elles incorporent les bonis de vie chère qui sont des montants aléatoires qui varient selon l'augmentation du coût de la vie. Ils ont aussi rejeté l'offre de la compagnie parce qu'elle rejette les augmentations de prestations du régime de retraite à prestations déterminées que les travailleurs revendiquent. Les prestations du régime de retraite ne sont même pas indexées et c'est seulement par la négociation que les travailleurs peuvent  obtenir des hausses de prestations et des ajustements au coût de la vie.

« Chaque dollar investi dans le régime de retraite et dans les salaires, c'est un dollar qui reste dans la région, qui est dépensé ici pour des biens de première nécessité. Toute l'économie régionale en profite. On souhaite que les travailleurs et les retraités actuels et futurs puissent continuer à bien vivre ici », a dit le président de la section locale 9344, Eddy Wright, sur le site web du Syndicat des Métallos.

« Au niveau du régime de retraite, nous apprécions aussi que l'employeur ait retiré sa demande de concession de placer les nouveaux engagés sur un régime à cotisations déterminées. Cependant, notre but n'est pas seulement de ne pas faire des concessions mais d'améliorer nos conditions de travail et de vie », a dit Dany Maltais à Forum ouvrier. À Sept-Îles, la question de la main-d'oeuvre temporaire a été réglée au niveau de la négociation locale et ratifiée par les travailleurs de Sept-Îles.

Les travailleurs de Sept-Îles seront en position de grève légale le 10 avril. Parce que leur travail chevauche la frontière entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador, ils sont assujettis au Code canadien du travail qui a ses propres règles et délais. Il y a aussi la question des services essentiels à régler, parce que la voie ferrée sur laquelle travaillent les métallos de Sept-Îles dessert aussi la population locale.

Le 30 mars, des membres de l'exécutif de la section locale de Sept-Îles se sont rendus à Labrador City pour appuyer les travailleurs en grève sur leurs lignes de piquetage et leur remettre un chèque de 25 000 $. Les travailleurs de Sept-Îles ont été accueillis chaleureusement sur les lignes par les métallos en grève, et, au nom de la section locale 6731, son président Tony Reccord a dit : « Nous les appuyons eux aussi. La solidarité et l'égalité sont deux des piliers des Métallos ».

Les travailleurs du Labrador extraient le minerai de fer au Labrador, qu'ils concentrent ensuite et mettent en boulettes. Les travailleurs de Sept-Îles effectuent les tâches reliées au transport de ce concentré par chemin de fer jusqu'au port de Sept-Îles, où les débardeurs chargent le matériel sur les navires devant être transporté vers les aciéries du monde entier. Les demandes des travailleurs d'IOC visent à protéger et à accroître leur réclamation à la valeur qu'ils produisent afin de garder le plus de valeur possible dans la région pour la faire vivre. Ce sont des demandes qui vont dans le sens de la défense de la dignité du travail et du bien-être des communautés qui dépendent largement de cette production pour vivre.

Dans les conditions actuelles, les réclamations individuelles des travailleurs à la valeur qu'ils produisent prennent la forme de salaires, de pensions et d'avantages sociaux. Les réclamations des travailleurs actifs et à la retraite constituent le gros de la valeur provenant de la production qui demeure à Labrador City et à Sept-Îles. Si IOC réussit à exproprier une portion plus grande de la valeur nouvelle que les travailleurs produisent en réduisant les montants qui vont aux salaires, aux avantages sociaux et aux pensions, ce montant additionnel saisi sous forme de profits va quitter la communauté et aller remplir les coffres des propriétaires mondiaux. Il ne pourra pas être utilisé par les travailleurs et la communauté.

Les demandes des travailleurs d'IOC sont justes et méritent l'appui de tous les travailleurs.


La délégation des travailleurs d'IOC de Sept-Îles aux bureaux des métallos à Labrador City.

(Photos:  Section locale 5795 du Syndicat des Métallos)

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Les travailleurs du secteur public au Nouveau-Brunswick s'organisent pour défaire le diktat du gouvernement

La conférence « Mettre fin au mandat » met de l'avant
la lutte unie pour des augmentations de salaire
dans le secteur public


Forum ouvrier : Le SCFP au Nouveau-Brunswick a tenu une conférence à la mi-mars sur le thème « Mettre fin au mandat ». Quel était le but de la conférence ?

Daniel Légère : Le but de la conférence était de faire face à la situation actuelle. Au cours des deux dernières rondes de négociations, depuis environ 12 ans, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a négocié avec les travailleurs du secteur public sur la base d'un mandat visant à supprimer les augmentations salariales. Au fil des ans, nous avons vu beaucoup d'ententes négociées à 0 et 1 %. C'est la vision et la pratique du gouvernement pour tous les travailleurs du secteur public. Il s'en est tenu à ce mandat au cours de plusieurs rondes de négociation.

Nos membres ont constaté depuis un certain temps qu'il leur est plus difficile de joindre les deux bouts et de payer toutes les factures à la fin de chaque mois. Nous avons effectué des recherches à ce sujet et, en fait, nos membres ont un revenu disponible inférieur à ce qu'il était il y a 12 ou 14 ans en raison de ce mandat du gouvernement durant les négociations de conventions collectives.

Par le biais de la conférence, nous avons développé un outil permettant à nos membres de visualiser leurs augmentations salariales par rapport aux augmentations du coût de la vie. Leur pouvoir d'achat a été considérablement réduit au cours des dernières négociations. Nous avons réuni environ 250 dirigeants à Fredericton pour la conférence. Nous avons développé un tas d'outils pour mobiliser nos membres. Notre économiste principal est venu du bureau national du SCFP pour montrer l'impact qui est produit non seulement sur nos membres mais aussi sur nos communautés lorsque vous supprimez les hausses salariales. Les gens ont moins d'argent à dépenser et tout le monde est touché par cela.

La conférence a été très animée. Les gens sont repartis pleins d'énergie. Nous avons mobilisé tout le monde pour être certains que nous allions dans la bonne direction. Nous avions des urnes dans lesquelles les gens pouvaient laisser leurs commentaires. Deux ou trois fois par jour, nous avons tenu une séance à micro ouvert pour entendre les commentaires des participants et nous avons reçu un appui massif des délégués présents. La conférence a été le début d'un mouvement qui va se poursuivre du 24 au 27 avril durant notre Congrès. Après cela, nous allons répéter l'expérience de la conférence dans les régions avec des sessions de formation en juin et des réunions de masse des membres à l'automne, dans toute la province. Nous allons poursuivre cette conférence parmi nos 28 000 membres dans la province.

Une partie de notre plan consiste à coordonner la négociation, à partager l'information. D'après notre expérience, lorsqu'un groupe accepte le mandat du gouvernement, il devient plus difficile pour le groupe suivant de s'y soustraire. Nous avons convenu de nous aider les uns les autres pour faire en sorte de briser ce mandat du gouvernement.

Nous n'agissons pas de manière isolée. Nous avons invité d'autres syndicats du secteur public à se joindre à nous pour la première partie de la conférence pour entendre notre économiste. Nous allons rencontrer à nouveau les autres syndicats du secteur public du Nouveau-Brunswick. L'ensemble du secteur public a été touché par ce mandat gouvernemental. Ce que nous voulons faire cette fois, c'est établir le mandat nous-mêmes, y compris avec les autres syndicats du secteur public, afin que le gouvernement ne puisse pas établir de modèle. Nous allons aviser le gouvernement que nous organisons pour obtenir des augmentations de salaire réelles pour nos membres.


Les travailleurs du secteur public de Nouvelle-Écosse luttent pour leurs droits

Vote de mandat de grève annoncé par le Conseil
des syndicats de la santé

Les conditions dans les hôpitaux de la province se détériorent. Les problèmes comprennent la fermeture des services d'urgence et les temps d'attente extrêmes pour les soins de santé. Les conditions défavorables sont encore aggravées par le refus du gouvernement provincial, de l'Office de la santé de la Nouvelle-Écosse et du Centre hospitalier Isaac Walton Killam (IWK Health Centre) de négocier avec les collectifs de travailleurs et de s'entendre sur des modalités et conditions d'emploi acceptables aux travailleurs de la santé. La situation a incité le Conseil des syndicats de la santé de la Nouvelle-Écosse à annoncer le tout premier vote de grève de l'unité de négociation des soins de santé à l'échelle de la province.

Le Conseil des syndicats de la santé de la Nouvelle-Écosse est l'un des quatre conseils que le gouvernement a créé unilatéralement en vertu du Health Authorities Act en avril 2015. Les conseils comprennent un total de 24 361 travailleurs de la santé organisés en différents syndicats, avec leurs propres négociateurs en chef et négociateurs adjoints. [1]

Les lieux et la date du vote de mandat de grève seront publiés dans les prochains jours. Les quatre syndicats des quatre conseils tiendront leurs propres votes et consultations avec leurs membres.

La résistance des travailleurs de la Nouvelle-Écosse au diktat des libéraux de Stephen McNeil a connu un développement important. Les conditions de travail et le refus de l'employeur de négocier sont des facteurs clés qui ont suscité la résistance. Ceux qui font le travail n'ont aucune autorité ou contrôle sur les décisions qui affectent leurs conditions de travail, qui sont aussi les conditions de la livraison des soins de santé des Néo-Écossais.

Jason MacLean, le président du Syndicat des employés du gouvernement de la Nouvelle-Écosse (NSGEU), explique pourquoi la tenue maintenant d'un vote de grève est une étape importante des négociations collectives avec le gouvernement provincial : « Vous ne pouvez pas maintenir ainsi les gens dans l'incertitude tout en laissant Stephen McNeil se vanter d'avoir cette grosse manne d'argent tandis que le système de santé est en crise. Les gens travaillent dans ce système en crise, ils essaient de le maintenir à flot et on ne leur accorde même pas le respect de signer une entente avec eux à la table de négociations. »

Les conditions dans le système d'éducation et dans le système de soins de santé sont souvent décrites comme étant en crise, et la réalité montre bien que ce n'est pas exagéré. Les enseignants de la Nouvelle-Écosse continuent de s'opposer au recours aux pouvoirs de police par le gouvernement McNeil pour imposer une convention collective et des réformes majeures sans que ceux qui font le travail en aient le contrôle ou aient leur mot à dire. Les enseignants parlent de façon détaillée chaque jour des crises qui se poursuivent dans leurs établissements alors qu'ils luttent pour éduquer les jeunes sans les investissements provinciaux requis.

De même, les travailleurs de la santé publient d'innombrables rapports sur les conditions de travail qui exposent comment le gouvernement nie le droit du peuple à des soins de santé de qualité livrés à temps. Les histoires abondent de gens qui attendent dans les couloirs pour voir un médecin, de longues files d'ambulances devant le centre de santé d'urgence du Queen Elizabeth II, des attentes de jusqu'à 10 heures pour voir un médecin et même de cas où des gens quittent les urgences pour appeler le 911 avant que la situation ne devienne fatale. Il s'agit bien d'une crise.

Le président du NSGEU qualifie à juste titre la situation de crise dans les hôpitaux. Elle est aussi une crise dans la politique de la province qui se voit à l'incapacité de régler aucun des problèmes auxquels sont confrontés les gens, notamment la prestation de soins de santé de qualité livrés à temps, qui est un droit des Néo-Écossais.

« Les travailleurs de première ligne dans la santé aux premières font tout ce qu'ils peuvent. Cette crise cependant est la responsabilité de Stephen McNeil et son déni constant qu'une crise existe ne soulage pas les patients qui attendent sur une civière d'ambulance pendant plus de 10 heures seulement pour être vus par un médecin », explique MacLean.

La crise politique est en partie le résultat de l'objectif néolibéral des libéraux McNeil d'imposer leur programme d'austérité qui est dicté par les riches impérialistes qu'ils représentent. Le pouvoir de prendre des décisions qui affectent la vie de la population de la Nouvelle-Écosse est entre les mains d'une classe privilégiée qui a usurpé le pouvoir et l'utilise pour servir son but d'exproprier le profit maximum de la nouvelle valeur produite par les travailleurs. Leur but est en contradiction avec le droit des Néo-Écossais à des soins de santé de qualité livrés à temps. En fait, la plupart des discussions dans les groupes de réflexion et les médias des riches sont axées sur la façon de manipuler les programmes sociaux et les services publics d'une manière qui réponde à leur objectif d'exproprier le maximum de profits par la privatisation ou d'autres méthodes.

L'annonce par les travailleurs de la tenue d'un vote de mandat de grève est une initiative importante et courageuse. En s'organisant pour retirer leur capacité de travailler, ils montrent qu'ils sont sérieux dans leur détermination à défendre leurs droits et les droits de tous. Ils font ce geste en dépit des menaces et des diktats incessants des libéraux de Stephen McNeil d'imposer des conventions collectives aux travailleurs, de criminaliser leur résistance et, par le biais des pouvoirs de police, de leur refuser le droit de retirer leur capacité de travail. Cela marque une autre étape dans le développement d'une résistance au privilège de classe qui nie le droit des Néo-Écossais d'avoir leur mot à dire sur les affaires qui touchent leurs vies et de résoudre les problèmes très réels et sérieux auxquels la société est confrontée.

Alors que les dates de conciliation sont fixées pour avril et mai, le Conseil des syndicats de la santé de la Nouvelle-Écosse franchit une étape importante en appelant à un vote de grève et en mettant l'accent sur les revendications des travailleurs pour des conditions d'emploi acceptables pour eux-mêmes et pour des solutions. aux problèmes dans le secteur des soins de santé.

Note

1. Les 4 conseils sont :

Le Conseil des syndicats de la santé de la Nouvelle-Écosse -- nombre total de membres 6506.
Le Syndicat des employés du gouvernement de la Nouvelle-Écosse -- 3 808 membres et agira en tant que négociateur en chef pour ce conseil.
Le Syndicat canadien de la fonction publique - 1940 membres et agira en tant que négociateur-adjoint.
Unifor --751 membres.
Le Syndicat des infirmières et infirmiers de la Nouvelle-Écosse -- 7 membres.

Syndicats des professionnels administratifs du Conseil de la santé de la Nouvelle-Écosse -- 4 213 membres au total.
NSGEU -- 2,979 membres et agira en tant que négociateur- adjoint
SCFP -- 1 195 membres et agira en tant que négociateur en chef pour ce conseil.
Unifor -- 35 membres
NSNU -- 4 membres

Le Conseil des syndicats des employés de soutien à la santé de la Nouvelle-Écosse -- un total de 4 029 membres.
NSGEU -- 1853 membres et agira en tant que négociateur-adjoint
SCFP -- 1093 membres
Unifor -- 1082 membres et agira en tant que négociateur en chef pour ce conseil.
NSNU -- 1 membre

Le Conseil des syndicats des infirmières de la Nouvelle-Écosse --  un total de 9613 membres.
NSNU -- 5 149 membres et agira en tant que négociateur en chef pour ce conseil
NSGEU -- 3 507 membres et agira en tant que négociateur-adjoint
SCFP -- 484 membres

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Les travailleurs d'un foyer de soins infirmiers demandent des améliorations à leur santé et sécurité et à celle des résidents


Piquetage des travailleurs de la résidence pour soins infirmiers, membres de la section
locale 1876 du SCFP, devant le bureau du député provincial de Northside-Westmout-North
Sidney, Eddie Orrell, le 30 mars 2018

Le 29 mars, les travailleurs d'un centre d'hébergement et de soins de longue durée de North Sydney, en Nouvelle-Écosse, ont organisé un piquet d'information pour briser le silence sur leurs conditions de travail et les conditions de vie des résidents du foyers de soins infirmiers. Les travailleurs du Northside Community Guest Home ont soulevé leurs préoccupations quant aux effets des pénuries de personnel qui causent aux travailleurs des niveaux élevés de stress et d'épuisement professionnel, et des difficultés à s'acquitter de leurs tâches importantes, ce qui nuit aux conditions et à la qualité de vie des résidents. Les questions liées à la qualité des soins et aux conditions de travail ne font qu'une seule et même chose.

Louise Riley, présidente du Comité de coordination des soins de longue durée du SCFP, a commenté les conditions de travail : « Il y a beaucoup de problèmes dans les foyers de soins infirmiers, comme la réduction du ratio du nombre de résidents par rapport aux employés ; le fait que les postes temporaires ne sont pas remplacés par des postes à temps plein. »

Dans le cadre de l'offensive antisociale actuelle du gouvernement libéral de Stephen McNeil, avec ses vastes attaques contre les programmes sociaux et les services publics, chaque journée de travail pour les travailleurs de la santé devient une lutte à finir. Le refus du gouvernement d'apporter les changements nécessaires pour assurer des conditions sécuritaires et adéquates aux travailleurs dans les centres d'hébergements et aux personnes dont ils ont la charge a atteint un point critique. Le programme d'austérité du gouvernement McNeil comprend le refus de s'attaquer aux pénuries de personnel, au sous-emploi et au manque criant dans les centres d'hébergement en Nouvelle-Écosse de lits en soins infirmiers.

Le programme antisocial des libéraux de McNeil, qui sert les intérêts de la riche élite qu'ils représentent au gouvernement, cause des problèmes généralisés dans tous les services publics dont dépendent les Néo-Écossais pour leur sécurité, leur bien-être et l'avenir des jeunes. Parce que les travailleurs qui accomplissent les tâches cruciales liées aux services publics se voient refuser un rôle décisif dans leurs conditions de travail, la société se voit empêcher de résoudre les problèmes auxquels les gens sont confrontés, ce qui aggrave les conditions sociales au lieu de les améliorer.

Face à cela, les infirmières se lèvent pour prendre position pour elles mêmes et pour les personnes qu'elles servent. Elles rejettent la pression exercée sur elles de ne pas s'exprimer ouvertement sur les mauvaises conditions de travail auxquelles elles sont confrontées à chaque jour, qui sont des conditions tout aussi mauvaises pour ceux qui dépendent de leurs services. Elles refusent de se taire ! En prenant position publiquement pour exposer les conditions dans leur secteur, elles mettent l'accent sur le fait que les libéraux de McNeil refusent de reconnaître le droit moderne de tous à la santé et de vivre dans la dignité pendant les dernières années de leur vie. Les libéraux de Stephen McNeil se couvrent de honte qu'ils partagent avec la riche élite qu'ils servent pour faire régresser la société en refusant d'investir des fonds publics dans les soins de santé et d'agir sur les graves problèmes pourtant soulevés par les travailleurs depuis des années.


Piquetage des travailleurs de la résidence pour soins infirmiers, le 30 mars 2018

(Photos: SCFP-Nouvelle-Écosse)

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Les travailleurs de la santé de l'Ontario cherchent de nouvelles façons
d'affirmer leurs droits

Les syndicats des travailleurs d'hôpitaux
forment une alliance

Le 27 mars, le Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario du Syndicat canadien de la fonction publique (CSHO/SCFP), l'Union internationale des employés des services (UIES) -- Soins de santé et Unifor ont annoncé la formation d'une nouvelle alliance pour négocier une entente au nom des 75 000 travailleurs de la santé regroupant le personnel infirmier, les préposés aux bénéficiaires, les porteurs, le personnel administratif, le personnel des services d'alimentation, le personnel de nettoyage et le personnel de métier de 160 hôpitaux publics de la province. Il est rare que des syndicats forment une alliance en vue de négocier, car ils négocient normalement d'une façon indépendante avec l'Association des hôpitaux de l'Ontario (AHO), le groupe de coordination des employeurs du milieu hospitalier.

L'alliance donne un coup d'envoi à une intense campagne de mobilisation des membres dont l'objectif est de faire pression sur les hôpitaux de l'Ontario pour qu'ils retournent à la table de négociation et traitent leur personnel avec respect. Les travailleuses et travailleurs d'hôpitaux membres d'Unifor, de l'UIES -- Soins de santé et du CSHO/SCFP uniront leurs efforts pour se mobiliser contre les concessions demandées par les hôpitaux et pour négocier de nouvelles conventions collectives justes et équitables sous la bannière « Ensemble pour le respect ». Parmi les actions collectives prévues, il y aura une journée de solidarité à l'échelle provinciale le 11 avril , des manifestations sur les lieux de travail, le 18 avril, ainsi que des annonces publicitaires à la télévision et sur les médias sociaux, qui débuteront le 9 avril.

La formation de cette alliance est une tentative de faire échec à la méthode de l'association des employeurs de diviser les travailleurs sur la base de leur affiliation syndicale en poussant une section à accepter des concessions ou la détérioration des conditions pour ensuite faire la même chose avec les autres syndicats et leurs travailleurs. La méthode consistant à essayer d'établir un pattern antisocial de retrait de fonds des programmes sociaux a été utilisée sans relâche en Ontario depuis que le gouvernement libéral a lancé sa plus récente offensive antisociale qui a débuté dans toute sa force en 2012 sous le gouvernement McGuinty. Cette méthode continue d'être utilisée par exemple contre les enseignants et les travailleurs de l'éducation alors que les syndicats sont dressés les uns contre les autres pendant les négociations pour instiguer des divisions et briser le sentiment général des enseignants et des travailleurs de l'éducation qu'ils sont unis à la défense de leurs conditions de travail qui sont les conditions d'apprentissage des étudiants. Les travailleurs de la santé de l'Ontario essaient de briser cette méthode de division de leurs rangs afin de défendre leurs conditions de travail sur lesquelles repose la qualité du système de santé.

« En nous rassemblant, nous créons un précédent pour demander que nos membres soient traités avec tout le respect qu'ils méritent. L'AHO a refusé jusqu'ici de négocier de bonne foi mais je suis convaincue que nous sommes plus forts ensemble et que notre alliance donnera de bons résultats pour les 75 000 travailleuses et travailleurs du milieu hospitalier que nous représentons collectivement », a déclaré la présidente de l'UIES -- Soins de santé, Sharleen Stewart.

« Ensemble, nous allons résister aux concessions qu'exigent les employeurs, surtout de la part de travailleuses qui gagnent de petits salaires et qui méritent plus de respect », a fait remarquer Katha Fortier, adjointe au président national d'Unifor.

« Les charges de travail de nos membres sont très lourdes ; les travailleuses et travailleurs du milieu hospitalier sont exténués et stressés. Ils sont la cible de gestes violents au travail. Les hôpitaux ont conclu des ententes avec leur personnel paramédical, qui suit le contrat-type du secteur public, mais ils refusent d'étendre ce modeste contrat-type au personnel infirmier, au personnel de bureau et au personnel de soutien que nous représentons, et sans tenir compte des problèmes comme la violence », a expliqué le président du CSHO, Michael Hurley.

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Abus du pouvoir de l'État par le gouvernement du Québec

Le projet de loi 152 au Québec utilise la Commission Charbonneau pour déployer encore plus les pouvoirs de police contre les travailleurs de la construction

Les consultations particulières de la Commission de l'économie et du travail du gouvernement du Québec sur le projet de loi 152, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant le domaine du travail afin principalement de donner suite à certaines recommandations de la Commission Charbonneau, se sont tenues les 6 et 7 février dernier.

Les représentants des syndicats de la construction sont intervenus dans les consultations pour dénoncer le projet de loi. Ils ont rejeté les mesures empreintes de diffamation  qui sont comprises dans le projet de loi selon lesquelles les travailleurs organisés en syndicats agissent en criminels quand ils organisent sur les chantiers de construction pour défendre leurs droits, notamment leur droit de travailler dans des conditions salubres et sécuritaires. En dépit de la ferme opposition des représentants des travailleurs et des manifestations de milliers de travailleurs de la construction et de leurs alliés pendant la grève de la construction en mai 2017, qui ont vigoureusement défendu la dignité et les droits de ces travailleurs, l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité le principe du projet de loi le 22 février, et l'a envoyé au Comité pour être étudié article par article.[1]

Plusieurs ont été surpris que lors des consultations particulières, presque rien n'ait été dit au sujet de la Commission Charbonneau bien que le projet de loi se présente dans une large mesure comme la mise en oeuvre des recommandations faites par la Commission dans son rapport final du 24 novembre 2015.

La Commission Charbonneau a été créée par le gouvernement libéral en 2011. Son nom complet est Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction. Elle a été créée suite à des années de scandales dans la façon dont les contrats publics ont été octroyés dans l'industrie de la construction. Le gouvernement du Québec, qui a créé la Commission, est le distributeur principal des contrats lucratifs aux entreprises de construction et aux firmes d'ingénierie. Le gouvernement choisit les entreprises et les fait bénéficier de stratagèmes pour payer les riches qui font gonfler les prix des projets et leurs apportent d'autres bénéfices. Plusieurs ont accusé les partis politiques officiels, en particulier le Parti libéral, d'avoir reçu de vastes sommes d'argent des entreprises de la construction qu'ils ont utilisées pour se gagner des sièges dans le processus électoral.

Le gouvernement libéral a donné à la Commission Charbonneau le mandat suivant :

- examiner l'existence de stratagèmes et, le cas échéant, de dresser un portrait de ceux-ci, qui impliqueraient de possibles activités de collusion et de corruption dans l'octroi et la gestion de contrats publics dans l'industrie de la construction, incluant notamment les organismes et les entreprises du gouvernement et les municipalités, incluant des liens possibles avec le financement des partis politiques ;

- dresser un portrait de possibles activités d'infiltration de l'industrie de la construction par le crime organisé ;

- examiner des pistes de solution et de faire des recommandations en vue d'établir des mesures permettant d'identifier, d'enrayer et de prévenir la collusion et la corruption dans l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction ainsi que l'infiltration de celle-ci par le crime organisé.

Le lien entre ce mandat et les relations de travail, et les activités organisées des syndicats des travailleurs de la construction à la défense de leurs droits n'est pas évident, c'est le moins qu'on puisse dire. C'est par le biais d'une vague de calomnies et d'insinuations dans les médias de masse contrôlés par les monopoles et dans les déclarations antiouvrières des porte-paroles du gouvernement qu'un lien a été établi.

Lier la corruption dans l'octroi des contrats pour payer les riches et les relations de travail détourne l'attention de la nécessité de forcer les co-conspirateurs au gouvernement et dans la grande entreprise à rendre des comptes. Cela permet à ceux qui commettent des crimes de s'en tirer indemnes et cela permet de renforcer les pouvoirs de police organisés par l'État pour qu'ils nient aux travailleurs de la construction leur droit de se défendre collectivement aux endroits de travail.

Le projet de loi 152 modifie trois lois du travail :

- la Loi sur les normes du travail  ;

- la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction et

- la Loi sur la santé et la sécurité du travail .

Afin de traiter du contenu antiouvrier du projet de loi 152, il faut partir de la définition qu'a donnée la Commission Charbonneau et le gouvernement du crime organisé.

En vertu de son mandat fixé par le gouvernement, la Commission a défini le crime organisé comme « un groupe composé de trois personnes ou plus, existant depuis un certain temps et agissant de concert dans le but de commettre une ou plusieurs infractions pour en tirer un avantage direct ou indirect ».

Plus loin dans son rapport, la Commission souligne de manière plutôt ambiguë qu'en vertu de son mandat, elle a considéré que tous les individus qui ont agi « de concert » dans un but criminel commun peuvent être considérés comme appartenant au crime organisé, qu'ils soient ou non membres en règle d'un groupe criminel.

L'article 467.1 du Code criminel donne la définition suivante de ce qu'est une organisation criminelle :

« organisation criminelle : Groupe, quel que soit le mode d'organisation :

a) composé d'au moins trois personnes se trouvant au Canada ou à l'étranger ;b) dont l'un des objets principaux ou une des activités principales est de commettre ou de faciliter une ou plusieurs infractions graves qui, si elles étaient commises pourraient procurer — ou procurer à une personne qui en fait partie -, directement ou indirectement un avantage matériel, notamment financier.

La présente définition ne vise pas le groupe d'individus formé au hasard pour la perpétration immédiate d'une seule infraction. »

La Commission Charbonneau s'est donné une définition beaucoup plus large du crime organisé que celle qui se retrouve dans le Code criminel. Le projet de loi 152 et ses pouvoirs de police accrus contre les travailleurs de la construction montrent bien pourquoi elle a agi ainsi.

Dans son rapport, la Commission mentionne qu'elle a considéré deux catégories de crime organisé : ce qu'elle appelle les « groupes criminels de type mafieux » et « les groupes criminels de type non mafieux ». Elle décrit ce second groupe de la façon suivante :

« La Commission regroupe dans cette catégorie les groupes criminels qui ne sont pas caractérisés principalement par le recours à la violence, à la menace de violence et au contrôle de territoire. Ces groupes sont davantage susceptibles de se livrer à des crimes de nature économique, qui sont moins associés à ce type de méthode. Il peut s'agir, par exemple, de groupes se livrant à des activités de corruption, de collusion, de fraude ou de fraude fiscale. Ces groupes ne possèdent pas nécessairement une hiérarchie formelle ou des rituels associés aux groupes criminels de type mafieux. »

La Commission associe le crime organisé de type « non mafieux » aux « crimes de nature économique ». Elle suggère que tous les individus agissant « de concert » et engagés dans des « crimes de nature économique » non définis devraient être considérés comme des membres d'une organisation criminelle.

La question qui se pose alors, c'est comment les « crimes de nature économique » sont définis et qui fournit la définition et dans quel but ? Pendant la lutte pour la légalisation des syndicats, le gouvernement et la grande entreprise considéraient toute activité syndicale comme un « crime de nature économique », défini de façon large comme un crime organisé des travailleurs visant à limiter la liberté du commerce.

En ce qui concerne « les crimes de nature économique » et qui est en position de contrôler la définition, les travailleurs de la construction font remarquer que leur définition et celle de leurs employeurs sont diamétralement opposées. Selon la vision des choses des travailleurs de la construction qui sont payés pour leur capacité de travailler, il arrive souvent que les individus qui achètent leur capacité de travailler, leurs employeurs, commettent des « crimes de nature économique » contre les travailleurs.

Les employeurs, agissant de concert, font pression sur les travailleurs pour qu'ils travaillent de façon illégale, les forçant à accepter moins que leur salaire standard en échange de leur capacité de travailler. Par cette pression concertée sur les travailleurs, ils forcent aussi les travailleurs à travailler à leur salaire standard mais sans les déductions qui vont à la caisse de l'assurance-emploi, ou à la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail, ou au régime d'avantages sociaux et de retraite de l'industrie, etc. La pression de « nature économique » des employeurs sur les travailleurs prend aussi la forme d'une pression pour ignorer les standards de sécurité de l'industrie ou de la législation sur la santé et la sécurité au travail.

Le vol des salaires et des réclamations de l'État pour l'impôt, la Régie des rentes, l'assurance-emploi et bien d'autres choses est un phénomène endémique dans l'industrie de la construction, Les employeurs exploitent la vulnérabilité des travailleurs de la construction qui vont d'un projet à l'autre sans sécurité d'emploi ni reconnaissance effective de l'ancienneté à moins qu'ils ne la mettent en oeuvre eux-mêmes par leur lutte organisée.

Les employeurs considèrent leurs tactiques antiouvrières comme une bonne façon de faire des affaires et non des « crimes de nature économique ». Ces bonnes pratiques d'affaires comprennent les contrats lucratifs de type payer les riches qui sont fournis par les gouvernements. Les employeurs et le gouvernement ont cependant la gâchette rapide quand il est question de qualifier de criminels engagés dans « des crimes de nature économique » les travailleurs qui mènent des actions collectives ou même individuelles pour défendre leurs droits.

Quand la Commission Charbonneau parle dans son rapport et de ses recommandations de ceux qui sont potentiellement engagés dans des crimes économiques, elle ne se réfère pas aux employeurs qui commettent ces crimes de nature économique. En fait, aucun de ces employeurs qui se livrent à ces crimes contre les travailleurs n'est mentionné dans le rapport de la commission.

La situation est bien différente quand il est question des travailleurs parce que la Commission adopte la définition des employeurs et du gouvernement de « crimes de nature économique » et l'applique à la classe ouvrière organisée.

La Commission écrit ce qui suit au sujet des chantiers de construction de la Côte-Nord :

« La Commission a entendu huit témoins qui se sont exprimés relativement à des situations problématiques qui ont eu cours sur des chantiers de construction de la Côte-Nord entre 1996 et 2013. Le souci de la Commission en entendant ces témoins était de vérifier si les pratiques portées à son attention, dont certaines s'apparentaient à des méthodes utilisées par des groupes criminalisés, découlaient de la possible implication de tels groupes sur ces chantiers. »

La Commission aligne alors une série de récits tirés des audiences. Leur objectif principal est de dépeindre les travailleurs comme des individus qui organisent des actions « de concert » pour extorquer un avantage économique. La commission prétend que les travailleurs mènent des actions concertées en mettant sur pied des organisations qui sont de simples paravents pour intimider les employeurs afin d'en tirer un avantage économique ou pour nier leur droit de gérance, ou les forcer à engager plus de travailleurs qu'ils en ont besoin ou des travailleurs qu'ils ne voudraient pas engager, etc.

La Commission par exemple parle de comités de chômeurs qui seraient bâtis de toutes pièces par les travailleurs et avec qui ils agiraient de concert pour forcer la main des employeurs et les intimider pour qu'ils engagent des travailleurs spécifiques. Cela, nous dit la commission, tend à éliminer la concurrence entre les travailleurs sur le marché du travail pour le travail disponible.

L'affaiblissement et l'élimination de la concurrence sur le marché du travail pour les emplois est un thème central qui parcourt tout le rapport de la Commission. Celle-ci ne manque pas de dire que c'est là un trait commun au crime organisé et aux actions concertées des travailleurs. Nous reviendrons sur cet aspect « anti-concurrentiel » dans le prochain article.

En élargissant la définition de crime organisé et d'organisation criminelle d'une manière intéressée, la Commission Charbonneau a pavé la voie au renforcement d'un régime policier contre les travailleurs dans l'industrie de la construction sous prétexte que les travailleurs mènent des actions qui sont des « crimes de nature économique » qui « s'apparentent » au monde du crime organisé de type « non mafieux ». Ces accusations contre la classe ouvrière organisée nous rappellent les déclarations d'avant la Deuxième Guerre mondiale voulant que l'activité syndicale soit un « crime de nature économique » qui « restreint la liberté du commerce ».

Pendant ce temps-là, les crimes réels des grandes entreprises de la construction qui profitent des contrats du gouvernement de type payer les riches, qui versent de l'argent aux partis cartellisés au gouvernement pour corrompre le processus électoral, et violent les droits des travailleurs ne sont pas punis. Le projet de loi 152 est régressif et une attaque contre les droits de tous. Il ne règle aucun des problèmes de l'industrie de la construction parce que cela n'est pas son but de les régler. Ce projet de loi est une attaque de plus contre le droit des travailleurs de s'organiser de façon effective à la défense de leurs droits et d'ouvrir la voie à une direction prosociale de l'économie.

(À suivre)

Note

1. La grève a été brutalement réprimée le 30 mai 2017 par une loi de retour au travail du gouvernement du Québec adoptée sous prétexte que la grève nuisait à l'économie. Cela, bien que cette grève visait à faire échec à des demandes de concessions qui allaient aggraver les conditions de travail dans la construction, notamment en déstabilisant encore plus les heures de travail du secteur. La Commission Charbonneau et le projet de loi 152 sont tous les deux basés sur la propagande antiouvrière que la lutte des travailleurs de la construction nuit à l'économie parce qu'elle peut ralentir ou arrêter les activités sur les chantiers.

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