22 mars 2018
L'arrogance et le diktat des
propriétaires d'ABI à Bécancour
sont fermement dénoncés
Les travailleurs intensifient leur
soutien
aux travailleurs en lockout
Les travailleurs de l'aluminerie d'Arvida, membres de la section locale
1937 d'Unifor, sont venus à Bécancour le 15 mars 2018
annoncer leur soutien financier aux travailleurs
en lockout
L'arrogance
et
le
diktat
des propriétaires d'ABI à Bécancour
sont fermement dénoncés
• Les travailleurs intensifient leur soutien
aux travailleurs en lockout
• Le syndicat évalue la perte de revenus
que cause le lockout à Hydro-Québec
Luttons pour une
retraite en sécurité!
• La crise des régimes de retraite
- K.C. Adams
• Attaque en règle contre les
régimes de retraite des métallos en Grande-Bretagne
• Où est la démocratie? -
Bryce
Moffat
États-Unis
• Les enseignants de la Virginie de l'Ouest
défendent leurs droits et leur dignité
• Un monopole ferroviaire a
recours à des drones pour espionner
ses travailleurs au nom de la «sécurité»
L'arrogance et le diktat des
propriétaires d'ABI à Bécancour
sont fermement
dénoncés
Les travailleurs intensifient leur soutien aux
travailleurs en lockout
Manifestation devant l'Assemblée nationale à
Québec le 8
février 2018 pour demander au gouvernement d'intervenir
pour faire
débloquer les négociations afin que cesse le lockout
des travailleurs
de l'Aluminerie de Bécancour
Les travailleurs du Québec et du Canada
intensifient leur soutien
aux travailleurs en lockout de l'Aluminerie de Bécancour Inc.
Les
propriétaires d'ABI, Alcoa et Rio Tinto, refusent de
négocier une
convention collective que les travailleurs considèrent
acceptable. Le 8
mars dernier, le comité de négociation d'ABI s'est
présenté à la
table de négociation en déclarant qu'il n'avait aucun
mandat de
négocier quoi que ce soit et que la compagnie retirait son offre
du 10
janvier. Les travailleurs avaient déjà
rejeté cette offre tout en
disant
qu'elle comprenait des éléments qui pourraient servir de
base à une
entente. Le syndicat qui représente les travailleurs d'ABI, la
section
locale 9700 du Syndicat des Métallos, rapporte que les
représentants
d'ABI n'étaient pas sortis de la salle que le communiqué
de la
compagnie était déjà dans les médias. Le
communiqué d'ABI parle de la nécessité d'une
restructuration complète des
opérations et tente de justifier le refus de la compagnie de
négocier en prétendant que
les travailleurs ont saboté la production dans le courant de
l'année
dernière. C'est un communiqué grossier et irrationnel qui
a visiblement été écrit
avant la rencontre de négociation.
Les travailleurs d'ABI ne se sont pas laissés
intimider et ils
maintiennent leur position que la situation ne peut pas être
résolue
sans qu'ABI cesse ses provocations et négocie avec eux une
convention
collective qu'ils jugent acceptable. Cette position est
conforme aux intérêts des travailleurs d'ABI et de la
région de la
Mauricie-Centre-du-Québec, dans laquelle ABI est un des plus
gros
employeurs. Pour leur part, les travailleurs du Québec et du
Canada
considèrent le refus de négocier du cartel Alcoa-Rio
Tinto comme une
attaque contre la dignité et les droits de tous les travailleurs
et
ils multiplient leurs gestes d'appui aux travailleurs d'ABI. Ils
intensifient
notamment leur appui financier pour permettre aux travailleurs d'ABI de
tenir bon face à l'arrogance et l'intransigeance de la
compagnie.
Les travailleurs de l'aluminerie d'Arvida s'engagent à donner 22
000 $ par semaine aux lockoutés d'ABI
|
« Les appuis continuent d'affluer », a
dit le président de la section locale 9700, Clément
Masse, à Forum ouvrier. Par son comportement, ABI est
en train de susciter un élan de
solidarité comme j'en ai rarement vu. On reçoit de l'aide
des syndicats
d'un peu partout, on en a qui vient des autres provinces, des dons de
syndicats de professeurs, des appuis qui viennent de tous les drapeaux
syndicaux. C'est certain que notre syndicat est reconnu comme un
syndicat qui vient en aide aux autres, qui donne de bons montants
à
ceux qui sont en conflit. Les travailleurs nous le rendent bien
aujourd'hui. Tout de même, c'est exceptionnel ce qui se produit.
Il va
falloir que
la compagnie s'assoie avec nous pour régler le conflit. Il n'y a
pas
d'autre solution. »
Parmi les appuis les plus récents, il y a celui
des quelque 1200
travailleurs de l'aluminerie d'Arvida à l'emploi de Rio Tinto
(Syndicat
national des employés de l'aluminium d'Arvida, section
locale 1937
d'Unifor) qui sont venus en délégation le 15 mars et
ont annoncé un don
de 22 000 $ par semaine aux lockoutés d'ABI
jusqu'à la fin du
conflit. La délégation
est venue en autobus du Saguenay jusqu'à Bécancour pour
livrer le
premier chèque et manifester son appui.
« Nos membres ont accepté de
cotiser 10 $ de leur paie et la
section locale met l'équivalent, ce qui représente une
somme
d'environ 22 000 $ par semaine. Quand on sait combien
c'est important
dans un conflit de travail d'avoir les ressources financières
suffisantes pour soutenir les travailleurs, on pense que
notre geste pourra aider », a dit Alain Gagnon, le
président de la
section locale.
La délégation de la section 8922 du Syndicat des
Métallos annonce son appui financier aux travailleurs d'ABI
|
Le 12 mars, une délégation d'une
quarantaine de
militants de la section locale 8922 du Syndicat des
Métallos,
représentant les agents de sécurité du
Québec, est venue soutenir les
lockoutés Alors que les agents de sécurité sont
eux-mêmes en plein
coeur d'une ronde de négociation, les représentants ont
pris le temps
de venir annoncer un don mensuel récurrent de 500 $
aux lockoutés
d'ABI.
Le 10 mars, les Métallos de l'usine de bouletage d'Arcelor
Mittal à Port-Cartier sur la Côte-Nord ont annoncé
qu'ils vont faire un
don de 400 $ par mois rétroactif
au 15 janvier jusqu'à la fin du conflit. Toujours sur la
Côte-Nord, les
employés de soutien d'Arcelor Mittal à Fermont et les
travailleurs du
chemin de fer et du port d'Arcelor Mittal entre Port-Cartier et Fermont
ont aussi offert un appui financier.
Le 5 mars, le Syndicat national des
employés de l'aluminium de
Baie-Comeau (CSN), qui représente les 650 travailleurs de
l'aluminerie
d'Alcoa à Baie-Comeau, a annoncé qu'il versera un montant
de 30 000
dollars en appui aux 1030 travailleurs de l'usine ABI.
« Avec cet appui financier, nos membres ont voulu
démontrer leur
solidarité avec les travailleurs d'ABI, en les aidant durant
cette
période difficile », a déclaré Michel
Desbiens, le
président du syndicat.
« Les travailleurs de Baie-Comeau se sentent aussi
concernés par
les
enjeux qui touchent les travailleurs d'ABI sur les questions touchant
le
régime de pension et l'attribution des postes par
ancienneté. Nous leur
souhaitons un retour rapide de l'employeur à la table de
négociation. »
Plusieurs sections locales du Syndicat des
Métallos à travers le
Canada ont annoncé qu'elles vont fournir de l'appui financier
aux
lockoutés de Bécancour.
Plein appui aux travailleurs en lockout
d'ABI !
Le syndicat évalue la perte de revenus que cause
le lockout à Hydro-Québec
Illustration de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos
qui représente la perte de revenus de 604 464 $ par jour
causée à Hydro-Québec par le lockout à ABI
Dans son communiqué du 20 mars, le Syndicat
des Métallos estime que
le lockout à ABI prive Hydro-Québec
de 604 464 $ par jour de revenus, soit la valeur de
l'hydroélectricité qu'ABI achète de la
société d'État.
Cette donnée repose sur une étude faite
par un analyste indépendant qui est un spécialiste de
l'énergie.
L'étude mentionne d'abord que dès les
premières heures du lockout,
deux des trois séries de cuves d'aluminium étaient
arrêtées, ce qui
correspond aux deux tiers de la production d'aluminium de l'usine, dont
la production annuelle est habituellement de 439 999 tonnes
métriques
d'aluminium (moyenne établie en 2017).
Le décret 1070-2014 en date du 3
décembre 2014, définit les
conditions du contrat d'approvisionnement en électricité
entre le
gouvernement, Hydro-Québec et la compagnie (Alcoa et Rio Tinto
à
l'heure actuelle).
Selon l'étude, le contrat prévoit qu'ABI
doit payer pour la
puissance souscrite (735MWh l'hiver et 730MWh
l'été), soit le bloc
d'énergie qui lui est réservé par
Hydro-Québec, peu importe qu'elle
l'utilise ou non. En vertu du contrat, la compagnie ne pourrait
unilatéralement décider de réduire sa production
et payer uniquement
pour
l'énergie réellement consommée. Dans le même
esprit, elle ne peut
réduire unilatéralement sa production de façon
importante et continuer
de bénéficier des tarifs préférentiels
fixés par le contrat pour la
portion de production qu'elle effectue. De plus, si la compagnie
choisit de réduire sa production de façon significative,
elle s'expose
à une pénalité
de la part du gouvernement, selon l'étude. Les tarifs
préférentiels
d'électricité qui lui sont accordés le sont en
contrepartie d'une
production d'aluminium minimale. Lorsque la production annuelle passe
sous la barre des 380 000 tonnes, une pénalité
peut être imposée à ABI.
Cependant, le décret prévoit à
l'article 20.4 qu'en cas de « force
majeure », qui peut comprendre un lockout
décrété unilatéralement par
l'employeur, ce dernier voit ses obligations prévues au contrat
«
suspendues ». Ainsi, en raison du cas de « force
majeure », ABI n'est
pas tenue d'acheter tout le bloc qui lui est
réservé et n'est pas assujettie à une
pénalité liée à sa décision de
réduire sa production des deux tiers.
Selon l'étude, comme un bloc
d'électricité est réservé pour ABI et
que cette dernière n'est pas tenue de le payer puisqu'elle
invoque un
cas de « force majeure », la société
d'État se voit privée de revenus
importants.
Selon les calculs effectués à la demande
du Syndicat des Métallos
par cet expert indépendant en énergie, la
société d'État perd des
revenus de 604 464 $ par jour en hiver et perdrait des
revenus
de 600 352 $ par jour en été. Ainsi,
du 11 janvier au 19 mars
seulement, le lockout chez ABI aura
occasionné une perte de revenu de 41,7 millions $ pour
Hydro-Québec.
Sur une année, cela représente 220
millions de dollars (en supposant une relative stabilité du prix
de l'aluminium,
puisque ce
dernier entre dans le calcul du prix).
De plus, si le lockout n'était pas
considéré comme un cas de «
force majeure », une réduction des deux tiers de la
production se
traduirait par une pénalité d'une valeur annuelle
de 41,9 millions $.
Le syndicat rappelle que lors du lockout chez Rio Tinto
Alcan à
Alma, en 2012, le conflit avait coûté à
Hydro-Québec 148 millions $,
pesant lourdement dans le bilan de 2012 de la
société d'État. En effet,
dans le cas de Rio Tinto, qui est lui-même producteur
d'hydroélectricité au Saguenay-Lac-Saint-Jean avec ses
propres barrages et centrales, Hydro-Québec était
obligée en vertu du
contrat d'acheter les surplus de l'électricité produite
directement par
RTA à un prix déterminé par contrat, un prix
nettement supérieur au
prix de production, selon l'étude.
Le syndicat demande donc : « Est-ce que
Hydro-Québec et tous les
Québécois vont à nouveau devoir payer pour les
pratiques industrielles
douteuses des géants de l'aluminium ? »
Le président de la section locale des
Métallos qui représente les
travailleurs d'ABI, Clément Masse, dénonce cette
situation dans le
communiqué du syndicat :
« Si la compagnie bénéficie de
tarifs d'électricité avantageux de
la part de l'État québécois, c'est parce qu'elle
crée de bons emplois
ici », dit-il. « Aujourd'hui, elle rompt ce pacte
unilatéralement,
alors qu'une solution négociée était à
portée de main. Cela affecte
lourdement 1030 familles, l'économie de toute une
région et
maintenant on comprend que l'ensemble des Québécois en
paie aussi le
prix. »
Luttons pour une retraite en
sécurité!
La crise des régimes de retraite
- K.C. Adams -
L'entreprise privée
est incompatible avec le fonctionnement des secteurs
de base de
l'économie socialisée moderne
La crise des pensions au sein du système
impérialiste d'États tire
son origine d'une contradiction fondamentale : la
propriété et le
contrôle privés des forces socialisées de la
production industrielle de
masse. Le caractère fractionné et en perpétuel
changement de la
propriété privée de l'économie
socialisée et son objectif d'obtenir le
profit
maximum d'argent pour une minorité privilégiée
mènent à des conséquences graves
insolubles pour tous les aspects de l'économie, y compris les
régimes
de retraite. La responsabilité sociale de garantir une retraite
au
niveau de vie atteint par la société est en conflit avec
la propriété
et le contrôle privés instables et fractionnés des
secteurs de base. La
responsabilité sociale des pensions retombe sur les entreprises
privées
qui sont en position de contrôle en ce moment mais celles-ci ne
sont
pas en mesure de remplir ces obligations et elles ne veulent pas le
faire non plus.
Les entreprises
privées ne peuvent pas suivre le rythme du
développement des forces productives. Les développements
scientifiques
peuvent sembler excitants pour l'entreprise privée mais ils ont
de
sérieuses conséquences sur le taux de profit. Le profit
d'argent
maximum est après tout le but de l'entreprise privée mais
l'évolution
des forces
productives, qui entraîne une augmentation de la
productivité, exerce
une pression à la baisse sur le taux de profit. Un nombre moins
élevé
de travailleurs produisent la même quantité de produit
social mais
l'investissement dans son ensemble augmente considérablement.
Le taux de profit est calculé comme un rapport
entre la valeur
nouvelle que les travailleurs produisent et le montant total investi ou
le montant total de la valeur transférée des
matériaux et de la
machinerie consommés dans le processus de production. Qu'il soit
calculé d'une façon ou d'une autre, le taux de profit
subit
continuellement la
pression du développement des forces productives, comme en
témoignent
les industries des biens et des services.
Les secteurs sidérurgiques britanniques,
américains et canadiens
ont connu d'énormes changements des forces productives. Ce qui
était
produit il y a deux décennies peut maintenant être produit
avec une
fraction de la main-d' oeuvre. Parce que le secteur est
contrôlé
privément et pris au piège dans le système
impérialiste d'États, la
pression à la
baisse sur le taux de profit a entraîné crise après
crise. Les
faillites, la destruction des forces productives, la restructuration de
la propriété et les réclamations des
métallos, les stratagèmes
organisés par l'État pour payer les riches, et maintenant
les guerres
tarifaires et commerciales, sont chaotiques et déstabilisateurs.
Les
changements de propriété,
les mouvements de production d'un pays à l'autre, les demandes
brutales
de concessions antiouvrières exigées des métallos
actifs et à la
retraite, les stratagèmes organisés par l'État
pour payer les riches,
la manipulation par les monopoles des prix du marché et la
destruction
de forces productives en parfaite condition sont chose courante.
La crise est telle qu'en Grande-Bretagne, la
destruction des forces
productives de l'acier a été si massive que le pays dans
son ensemble
ne produit qu'une fraction de ce qu'il produisait autrefois. Mais la
quantité produite exprimée en tonnes ne
révèle qu'un aspect du
problème ; l'autre aspect provient du fait que la
quantité annuelle
totale réduite aujourd'hui à 7,5 millions de tonnes
métriques, comparativement aux 15,2 millions de tonnes
en 2000, peut être produite
avec beaucoup
moins de métallos actifs qu'il ne le fallait pour produire une
quantité
similaire il y a 18 ans.
Le fait que moins de travailleurs produisent la
même quantité
d'acier réduit également la valeur totale nouvelle que
les travailleurs
produisent. La machinerie et les matériaux ne produisent pas
eux-mêmes
de valeur nouvelle ; ils aident les travailleurs à produire
la valeur
nouvelle mais la machinerie ne peut que transférer la valeur
figée
que les travailleurs précédents ont produite en
fabriquant ces machines
et ces matériaux. La nouvelle valeur incorporée dans ces
machines et
ces matériaux a déjà été
réclamée et expropriée et ne peut donner lieu
à aucune nouvelle valeur supplémentaire.
Le système impérialiste de
propriété et de contrôle privés de
l'économie socialisée ne chérit pas le produit
social additionnel ; ce
qu'il chérit, c'est le profit d'argent qu'il tire de l'
échange du
produit social sur les marchés. Mais le prix de production du
produit
social chute de façon inversement proportionnelle à la
croissance de la
productivité, et le rapport de la nouvelle valeur à la
valeur
transférée de la machinerie et des intrants chute elle
aussi, ce qui fait baisser le taux de profit.
La crise qui résulte de la
propriété privée des forces productives
socialisées de la production industrielle de masse est telle que
Tata Steel, avec 8 000
métallos actifs en
Grande-Bretagne, détient la plus grande part de la
responsabilité
sociale de 124 000 retraités au sein du Régime
de retraite de British
Steel (BSPS) et d'autres métallos prennent leur retraite chaque
semaine. [1] Il
en va de même chez Stelco Steel à Hamilton, en Ontario,
où
un peu plus de 500 métallos actifs travaillent encore
à
Hamilton Works alors
que le nombre de retraités dans le régime de retraite de
la section
locale est d'environ 10 000.
Les nouveaux propriétaires de Stelco, qui sont
juste les plus récents d'une liste qui s'allonge, ont fait
sauter le régime de retraite au moyen du processus de faillite
de la Loi sur les arrangements avec
les créanciers des compagnies (LACC), qui avait
déjà exclu les nouveaux engagés. En
Grande-Bretagne, Tata Steel qui est aussi le plus récent d'une
longue liste de propriétaires privés, a réussi
à faire sauter le BSPS sans avoir recours à la protection
de la faillite, en utilisant une combinaison de pression de
l'État et de menaces de liquidation.
La sécurité
à la retraite requière la stabilité de la
propriété et
du contrôle dans l'économie socialisée. Cette
stabilité ne
peut pas être assurée
par l'entreprise privée ; elle ne peut provenir que d'une
forme de
contrôle étatique et de propriété commune
qui a un objectif moderne
conforme au caractère socialisé intégré des
forces productives modernes
de la production industrielle de masse. Un objectif moderne
considère
le produit social comme étant précieux pour sa valeur
d'usage qui
satisfait et garantit le bien-être du peuple et les
intérêts généraux
de la société, et contribue à humaniser
l'environnement social et
naturel. L'objectif et la conception modernes de la nouvelle classe
ouvrière ne
considèrent pas le produit social que produisent les
travailleurs comme
quelque chose qui doit être nié en tant que valeur
d'échange pour que
le profit en argent puisse être exproprié au profit d'une
petite classe
privilégiée de propriétaires de la richesse
sociale.
Sans le renouveau du processus politique au moyen
duquel les
producteurs véritables prennent le contrôle des forces
productives, du
produit social et de l'État, la bataille pour une retraite en
sécurité
continuera d'être sujette à des bouleversements et des
dangers. La
classe ouvrière doit mettre en oeuvre au maximum son
unité et son
pouvoir
collectif pour défendre ses droits à une pension
dans la situation
actuelle, et lutter tout aussi fermement pour le renouveau
démocratique du
processus politique afin de garantir les droits de tous et
résoudre la
contradiction, qui demande à être résolue, entre
les forces socialisées de la
production
industrielle de masse et leur propriété et contrôle
antagonistes par
des individus
d'une petite élite privilégiée.
Note
1. L'effectif ouvrier de Tata
Steel à
l'échelle du monde a
produit 27,5 millions de tonnes métriques de divers types
d'acier
en 2017. Tata Steel n'est qu'un monopole au sein du cartel
beaucoup
plus large appelé le Groupe Tata, un conglomérat mondial
qui exproprie
la valeur de la production de 700 000 travailleurs
dans le monde.
Voici le total annuel produit par certains pays en
millions de tonnes métriques d'acier pour 2017 :
Royaume-Uni 7.5 ;
Canada 13.7 ;
États-Unis 81.6 ;
Corée du sud 71.1 ;
Russie 71.3 ;
Inde 101.4 ;
Japon 104.7 ;
Chine 831.7 ;
Le
total à l'échelle mondiale est 1691,2.
En 1990, l'industrie sidérurgique britannique
employait environ 50 000 métallos. Il n'en reste
aujourd'hui que quelques milliers de plus que les 8 000 métallos
de Tata Steel. Le total
annuel de production d'acier du Royaume-Uni en 1967 était de
24,3 millions de tonnes et il a
chuté à 15,2 millions de tonnes en 2000. La chute de la
production et de l'emploi reflète non
seulement la productivité mais aussi la réorganisation de
l'économie impérialiste selon les
intérêts privés des cartels mondiaux, pas
seulement dans la production d'acier, mais plus
largement dans le secteur manufacturier et dans d'autres secteurs.
Attaque en règle contre les régimes de
retraite
des métallos en Grande-Bretagne
Manifestation à Port Talbot contre les attaques contre les
pensions des métallos
Le monopole indien Tata Steel Limited, qui
emploie 80 000
travailleurs dans la production sidérurgique partout dans le
monde, a
annoncé l'année dernière qu'il va restructurer les
régimes de retraite
à prestations déterminées des travailleurs en
Grande-Bretagne. Cette
attaque contre le droit des travailleurs à leur pension
touche 124 000 membres du régime de retraite des
métallos de la
Grande-Bretagne, le British Steel Pension Scheme (BSPS). Tata Steel a
présentement à son emploi 8 000 travailleurs
actifs dans des usines en
Grande-Bretagne et au Pays de Galles. La compagnie est membre de Tata
Group, un cartel qui exproprie la valeur
de la production effectuée par 700 000 travailleurs
à l'échelle
mondiale.
Les concessions exigées des métallos et
des retraités britanniques
affectent les prestations du régime de retraite qu'ils
reçoivent
présentement et celles qu'ils doivent recevoir
éventuellement suite à
une restructuration du régime de retraite BSPS et de ses 26
milliards $
de fonds accumulés. Tata Steel et les représentants du
gouvernement ont menacé les retraités que s'ils
n'acceptent pas les
concessions demandées pour réduire les prestations de
leur régime
de retraite et
les contributions de la compagnie au fonds puisées à
même la nouvelle
valeur produite par les travailleurs actifs, l'élite
impérialiste
dominante qui contrôle le secteur sidérurgique va fermer
les usines
appartenant à
Tata. L'objectif recherché par les réductions des
prestations de
retraite et des contributions de la compagnie au régime de
retraite est
de faire en sorte que les oligarques qui possèdent et
contrôlent les
usines accroissent leur expropriation de la valeur que les
métallos
produisent.
Ensemble, Tata Steel et le régulateur des
régimes de retraite ont
activement participé à l'extorsion de ce qui appartient
de droit aux
travailleurs. Ils ont tous deux déclaré que sans ces
concessions
antiouvrières et sans une injection de fonds publics de
l'État de type
payer les riches dans le cartel privé afin d'augmenter et de
garantir
le profit
d'argent des détenteurs du capital-actions et de la dette, le
secteur
sidérurgique de l'économie ne va pas et ne peut pas
fonctionner. Le
chantage qu'ils font est très connu de plusieurs métallos
canadiens.
Même les mots et les menaces se ressemblent. Ils se
résument à cette
rengaine antisociale : « Nous, les impérialistes qui
sommes en position
de contrôle, avec l'appui indéfectible et la
bénédiction des autorités
de l'État qui représentent nos intérêts
privés, refusons de gérer
l'économie et les usines si notre objectif de profit d'argent
maximum
n'est pas réalisé. Pour ce faire, vous les travailleurs
devez réduire
les réclamations que vous faites à la valeur que vous
produisez sous
formes de
salaires et de prestations de retraite et l'État doit nous
fournir des
fonds publics. Sinon, nous allons déclarer faillite, nous allons
bloquer les réclamations que vous faites à nos actifs
privés, qui
appartiennent majoritairement aux prêteurs d'argent ; nous
allons ou
bien fermer les usines et mettre en péril votre moyen de
subsistance
actuel, ou bien
vendre l'entreprise pour moins que rien à un investisseur
(initié) qui
ne sera pas encombré de toutes ces responsabilités
sociales envers les
régimes de retraite actuels, les autres avantages
postérieurs à
l'emploi et l'assainissement de l'environnement. »
Workers' Weekly, le journal en ligne du Parti
communiste
révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste),
souligne que
Tata Steel et le régulateur gouvernemental ont placé
les 124 000
membres du BSPS devant un choix douloureux : passer à un
régime de
remplacement inférieur inventé par Tata Steel, ou
à un Fonds de protection des régimes de retraite (PPF).
On y lit : «
Les deux plans rapporteront en moyenne aux travailleurs moins que
l'ancien, mais, pour un grand nombre de travailleurs à la
retraite qui
n'ont pas pu participer au choix pour des raisons de santé, la
seule
option qui restait était le PPF, l'option qui de façon
générale est la
moins avantageuse. » Les retraités devaient choisir
l'un ou l'autre des
plans de réduction de leurs prestations de retraite entre
octobre et
décembre 2017.
Comme les retraités étaient forcés
de faire un choix entre deux
options impossibles, ils sont rapidement devenus la proie de «
vautours
déguisés en conseillers financiers » qui,
comme l'explique le Workers' Weekly
, « se sont rués sur les travailleurs touchés,
cherchant des victimes
faciles de fraudes de grande envergure.
L'échéancier serré a créé les
conditions idéales pour permettre à ces
soi-disant conseillers de tirer profit de la situation. Ils ont offert
aux travailleurs une troisième option, soit le transfert complet
de
leurs pensions par le biais de ce qui est appelé un transfert
DB, une
option dont le Comité spécial sur le Travail et les
Régimes de retraite
(du
parlement du Royaume-Uni), dans son rapport sur la fermeture du
régime
de retraite, a dit qu'elle n'était 'généralement
pas dans le meilleur
intérêt des personnes concernées ' ».
Selon les rapports, plusieurs milliards de dollars ont
été
siphonnés des retraités en magouilles et en frais. Sous
la pression de
ces vautours, 2 600 retraités ont accepté le
transfert de leur régime
de retraite à la troisième option. Avec le recul, les
retraités ont
perdu une grande partie de leurs prestations, une situation d'une telle
ampleur que la police s'en est maintenant mêlée pour faire
la lumière
sur comment un vol aussi flagrant a pu être commis.
Le président du Comité spécial sur
le Travail et les Régimes de
retraite, Frank Field, qui est membre de l'opposition au gouvernement
du Royaume-Uni, a exprimé beaucoup de critiques une fois que le
mal a
été fait : « Les retraités se sont fait
voler par les vautours de la
finance...Une fois de plus, nous avons vu le régulateur des
régimes de retraite faire de la musique pendant que Rome
brûle alors
qu'il aurait dû voir venir l'escroquerie...Toutes les
autorités
responsables doivent agir maintenant pour empêcher que d'autres
gens se
fassent arnaquer. »
Workers' Weekly écrit : «
Toute cette affaire témoigne de
façon accablante de la politisation des intérêts
privés au moyen de
cette décision arbitraire prise en commun par un grand monopole
international, le gouvernement et les autorités de
l'État, une décision
qui viole le droit du peuple à un moyen de subsistance
décent à la
retraite. Elle met en lumière la nécessité que les
travailleurs
s'organisent à la défense de leurs intérêts
et pour leur propre pouvoir
décisionnel sur la direction de l'économie, afin que la
production
vitale ne soit pas soumise aux aléas du marché, que leurs
réclamations
au produit social sous forme de salaires, de régimes de retraite
et de
programmes
sociaux soient garanties et que les monopoles soient privés du
pouvoir
de priver les travailleurs de ces réclamations. »
Où est la démocratie?
- Bryce Moffat -
En 1773, le « Boston Tea Party »
a contesté fermement cette fraude
par laquelle les colonies américaines étaient
taxées par le
gouvernement britannique sans qu'elles soient
représentées au Parlement
britannique. On appelait cela une « taxation sans
représentation », une
rafle fiscale monumentale.
Au Canada, à mon
avis, la taxation « avec représentation » n'est
pas très en vogue non plus et la situation va juste s'empirer si
les
travailleurs continuent de la tolérer. De la façon dont
notre parlement
est structuré, certains de nos politiciens ne peuvent pas faire
grand-chose à ce sujet, alors que d'autres ne vont simplement
rien
faire peu
importe ce qu'ils disent pendant les élections.
Quand les droits des travailleurs en vertu de la Charte
sont
violés, légalement bien sûr, les travailleurs sont
souvent laissés sans
possibilité de résoudre à l'amiable les
problèmes qu'on leur a imposés.
Quand ils font des efforts pour combattre une injustice, il y a souvent
des restrictions en vigueur pour rendre toute contestation très
difficile et
toujours incroyablement coûteuse. Quand c'est le gouvernement ou
l'élite dirigeante qui sont contestés, l'affaire est
souvent laissée
sans solution et à leur avantage, parce c'est seulement les
très riches
qui peuvent se permettre de longues poursuites en cour. En ce qui
concerne le reste, c'est Marie-Antoinette qui l'a bien dit :
« « Ils
n'ont pas
de pain ? Qu'ils mangent de la brioche ! »
Dans un système capitaliste, les gens peuvent
faire des progrès
dans la vie sur la base de leur mérite et ça c'est
très bien. Le
système tend à trouver une place pour ces gens-là,
et pour ceux aussi
qui en raison des circonstances jouent un rôle secondaire.
Malheureusement, ce système donne aussi beaucoup
d'opportunités aux
parasites corporatifs
qui veulent avoir tout cuit en bouche aux frais de la
société.
Pendant que tout cela se produit, les puissants
deviennent encore
plus puissants et gardent fermement sous leur contrôle les forces
policières avec lesquelles ils peuvent contrôler ceux qui
les
contestent. De cette façon-là, en faisant jouer
l'autorité de leurs
positions, ils peuvent présumer avec satisfaction que le public
fait
face à trop d'obstacles
pour pouvoir les contester.
Si les travailleurs, en cherchant à se
défendre, s'écartent de la
loi, les autorités peuvent traiter le problème rapidement
sur une base
de crime et châtiment au lieu d'essayer de régler le
problème.
Un bon exemple de cela ce
sont les incidents qui se sont produits à
la conférence du G-20 à Toronto en 2010. Je crois
que cela nous en a
dit long sur ce que nos dirigeants démocratiques pensent de nos
droits
garantis par la Charte. Un autre exemple, et il y en a plein d'autres,
c'est l'habitude qu'ils ont d'imposer des lois de retour au
travail aux gens qui sont en grève de façon légale
et justifiable ; ou
comment on permet aux entreprises de s'enfuir, légalement bien
sûr,
avec les épargnes des travailleurs pour la retraite qu'ils ont
amassées
pendant de nombreuses années de travail et d'épargne. Au
sujet de cette
question des régimes qui sont privés de
sécurité, le
gouvernement fédéral a été
interpellé formellement pour qu'il mène une
enquête publique pour traiter de nos justes préoccupations
mais il a
simplement refusé de le faire.
L'establishment ne manque pas de moyens pour essayer
d'influencer
notre façon de penser. Par des phrases souvent obscures lors
d'entrevues, de tables rondes et d'autres événements du
genre, les
enjeux sont présentés avec une rhétorique suave et
éloquente qui vise à
amener les travailleurs à accepter l'ordre du jour
intéressé du monde
corporatif. Quand on écoute ou on lit ces déclarations,
on en apprend
autant en lisant entre les lignes que les lignes elles-mêmes, en
portant attention à ce qu'elles ne disent pas autant qu'à
ce qu'elles
disent. Des présentations comme celles-là, à mon
avis sont de la diversion qui vise à distraire ceux qui ne sont
pas sur
leurs gardes
et ceux qui se laissent aisément influencer.
Par exemple, on nous donne souvent à lire des
nouvelles très bien
tournées ; une attaque contre la personnalité de
quelqu'un alors qu'un
autre s'en tire indemne. On entend très peu parler du fiasco de
la centrale de génératrices au gaz à Oakville ou
de notre dette brute
nationale qui
montre, certainement en partie, le fouillis dans lequel ce
pays se trouve. Tout ce scénario nous amène à
penser à quel point
l'argent des travailleurs est dilapidé pour des choses dont on
ne
tirera jamais les bénéfices.
En tant qu'électeurs, nous avons encore le
« droit démocratique »
d'élire des gens pour nous représenter au Parlement, ou
pour faire comme bon leur semble au Parlement. Malheureusement,
beaucoup trop de nos
élus payés au Parlement sont devenus des pions
involontaires d'un
système créé pour satisfaire la cupidité
d'une puissante élite
et, nous les électeurs, sommes les pions involontaires qui les
plaçons
là.
Bryce Moffat est un retraité de l'ancienne usine
de Stelco de
Hamilton en Ontario et un membre retraité de la section
locale 1005 du
Syndicat des Métallos. Courriel : Brycemoffat2@gmail.com.
États-Unis
Les enseignants de la Virginie de l'Ouest
défendent leurs droits et leur dignité
Les enseignants et leurs supporters manifestent le 2 mars 2018 à
la législature de l'État à Charleston en Virginie
de l'Ouest
Forum ouvrier félicite
les 34 000 enseignants de la
Virginie de l'Ouest et d'autres employés des écoles
publiques qui se
sont défendus et ont défendu l'éducation
publique. Le 7 mars, suite à
des journées de grève à l'échelle de
l'État qui ont débuté le 22
février, les autorités de l'État ont dû
retraiter
et
passer une loi qui comprend les principales demandes des enseignants et
des travailleurs de l'éducation, dont une augmentation de
salaire
de 5 %. Alors que d'autres employés de l'État,
visiblement encouragés
par le courage et les actions des enseignants, s'apprêtaient
selon des
rapports à s'engager dans la lutte eux aussi, l'augmentation
de salaire a été étendue dans la loi à tous
les travailleurs de l'État
et pas seulement aux enseignants.
Les travailleurs du secteur public en Virginie de
l'Ouest sont
confrontés à un gouvernement antisocial rétrograde
qui
représente les intérêts privés
étroits de l'élite dirigeante riche et a
recours aux pouvoirs de police pour priver les travailleurs de leurs
droits. Les syndicats du secteur public ne sont pas reconnus par la
loi. Ceux qui
existent ne peuvent recueillir que des cotisations syndicales
volontaires auprès des travailleurs individuels. Aucun employeur
public
n'a le pouvoir légal de négocier des conditions
collectives d'emploi
avec ses employés. Les enseignants n'ont aucun droit de
négociation
collective ou de convention collective et n'ont aucun droit
légal de
prendre un
quelconque moyen de pression. S'ils le font, ils font face à des
pouvoirs de police tels que des injonctions, des amendes,
l'emprisonnement, la suspension et la perte d'emploi.
Les enseignants n'ont pas reçu d'augmentation
salariale
substantielle depuis des années et ont fait face à de
fortes
augmentations de paiements d'assurance médicale dans le cadre du
programme de l'Agence publique d'assurance des employés et font
face à
des menaces de nouvelles hausses. Les autorités de l'État
de Virginie
de l'Ouest ont mis
en place un programme d'austérité antisociale agressif
qui laisse les
programmes sociaux et les services publics profondément
sous-financés
et incapables de s'acquitter de leurs responsabilités sociales.
Les
enseignants disent que leur salaire est le quatrième plus bas de
tous
les États.
Selon les médias américains, les
enseignants ont mis de l'avant les cinq principales revendications
suivantes :
- mettre en échec par des lois l'expansion des
écoles à charte ;
- tuer dans l'oeuf une proposition d'éliminer
l'ancienneté au travail ;
- saborder un projet de loi qui vise à affaiblir
davantage les
syndicats en leur retirant le droit de déduire les cotisations
syndicales volontaires par le biais des feuilles de paie ;
- réduire les frais d'assurance maladie et
résoudre la crise dans
les soins de santé par une augmentation des impôts des
grandes
entreprises ;
- accorder une augmentation de salaire immédiate
d'au
moins 5 pour cent.
Comme les enseignants n'ont pas de convention
collective, même
l'augmentation de salaire doit être adoptée par la
législature de
l'État et signée par le gouverneur. Les enseignants ne se
font aucune
illusion sur la nature non représentative du système
politique officiel
de la Virginie de l'Ouest, qui est contrôlé et
dominé par un gouverneur
milliardaire et d'autres représentants des grandes entreprises.
L'élite
dirigeante politique et économique doit être forcée
d'en venir à un
accord et c'est ce que les enseignants ont réussi à
faire.
Pour contester les autorités de l'État et
obtenir satisfaction à
leurs demandes, les enseignants du secteur public et d'autres
travailleurs de l'éducation ont renforcé les syndicats
existants avec
une participation massive et un leadership local revigoré. Ils
ont
exigé que les autorités de l'État signent leurs
cinq revendications de
base. Pour ajouter à
l'urgence de la situation, les enseignants ont organisé une
grève
nationale de deux jours à partir du 22 février,
suivie d'un
prolongement de deux jours qui a entraîné la fermeture de
toutes les
écoles publiques de l'État. Les autorités de la
Virginie de l'Ouest les
ont menacés avec des amendes sévères et d'autres
attaques mais les
enseignants
sont restés fermes quant à l'acceptation de leurs cinq
demandes qu'ils
veulent faire inscrire dans la loi.
Vigile à la législature de l'État, une des actions
de masse organisées par les enseignants
et leurs supporters
Le 27 février, le gouverneur de
l'État, un oligarque du charbon et
de l'agriculture, a promis de répondre aux demandes des
enseignants,
mais seulement en paroles, car la législature de l'État a
refusé
d'inscrire cet accord dans une loi, En réponse, les travailleurs
de
l'éducation ont tenu des réunions de masse et des
rassemblements dans
tout l'État où ils ont voté massivement pour
continuer la grève jusqu'à
ce que leurs demandes soient adoptées dans une loi. Tout au long
de la
grève, les enseignants et leurs partisans ont organisé
des
rassemblements militants dans leurs comtés locaux et au Capitole
de
l'État à Charleston. Selon tous les rapports, une grande
partie
des 277 000 étudiants touchés et des parents
ont participé aux
rassemblements.
Un aspect de la grève a été
l'initiative des directeurs d'école
des 55 comtés de fermer toutes les écoles publiques.
Le surintendant en
chef a déclaré que les enseignants avaient fait preuve
d'une
détermination et d'une unité remarquables pour leur cause
et qu'ils
avaient obtenu un appui si large de la population qu'il serait prudent
de
fermer les écoles et d'éviter d'aggraver le conflit par
des mesures
policières.
Grâce à une mobilisation de masse et
à la diffusion inlassable de
leurs opinions parmi la population, les enseignants ont réussi
à
organiser un arrêt de travail à l'échelle de
l'État et, ce faisant, ont
obtenu un soutien important à leur juste cause. La clé a
été la
libération du facteur humain et de son énergie
individuelle et
collective. Les
enseignants et leurs supporters ont trouvé des moyens inventifs
de se
mobiliser, de communiquer entre eux sur l'Internet et d'organiser des
réunions de masse dans des lieux peu orthodoxes comme des
centres
commerciaux abandonnés et fermés.
Rassemblement du 5 mars 2018 à la législature de
l'État à Charleston
La classe ouvrière est le centre de
l'économie
socialisée qui produit
la valeur dont le peuple et la société ont besoin pour
leur existence.
Les enseignants transmettent les connaissances accumulées par la
société d'une génération à l'autre
et, ce faisant, augmentent la valeur objectivée de la
capacité de travail de chaque
personne. Les
enseignants et les autres membres de la classe ouvrière sont la
source
d'où les relations sociales et les institutions politiques
peuvent être
renouvelées et modernisées pour se conformer à
l'économie socialisée.
En se défendant avec courage et
détermination, les enseignants des écoles publiques de la
Virginie de l'Ouest et d'autres
travailleurs ont trouvé un moyen de
défendre leurs droits en ce
moment contre les attaques des intérêts privés
étroits de l'oligarchie
au pouvoir et ont fait un grand pas en avant en prenant position pour
leurs droits et les programmes sociaux. La question à laquelle
ils font face maintenant, et à laquelle tous les travailleurs
font face, c'est de soutenir cette marche vers l'avant en
bâtissant leurs organisations indépendantes et en
développant leur pensée et leur voie
indépendantes.
Un monopole ferroviaire a recours
à des drones pour espionner les travailleurs
au nom de la «sécurité»
On a rapporté plus tôt en mars que le
monopole
ferroviaire Union
Pacific Railroad a recours à des drones pour espionner ses
travailleurs
sous prétexte de s'assurer qu'ils suivent les règles de
sécurité. Union
Pacific Railroad est une entreprise ferroviaire de transport de
marchandises qui exploite 8 500 locomotives sur un parcours
de plus de 52 000 kilomètres dans 23 États
à l'ouest de Chicago et de
la Nouvelle-Orléans. Il est la deuxième plus grande
société ferroviaire
des États-Unis, après BNSF Railway de Berkshire Hathaway
et une des plus
grandes compagnies
de transport dans le monde. L'Administration fédérale de
l'aviation des
États-Unis (FAA) a approuvé l'utilisation
de drones par Union Pacific en 2015. La compagnie emploie
maintenant 126 opérateurs de drones certifiés pour
l'inspection par
drones des lignes ferroviaires et des ponts. En
décembre 2017, Union
Pacific a commencé à avoir recours aux drones pour
espionner ses
travailleurs. D'autres sociétés ferroviaires utilisent
aussi des
drones. BNSF Railway a
été autorisé par la FAA à
utiliser des drones dans des zones qui sont en dehors du champ visuel
et la nuit. CSX a aussi recours à des drones, notamment pour
inspecter
son réseau ferroviaire. Norfolk Southern Corp. effectue des
inspections
de ponts à l'aide de drones.
Les travailleurs du rail des
États-Unis s'opposent fermement à
l'utilisation de drones pour les espionner. Ils la dénoncent
comme une
attaque à leur dignité et à leur droit à la
vie privée et comme une
attaque à leur santé et sécurité et
à celles des communautés. Ils
disent que ces drones qui volent au-dessus de leurs tètes
pendant
qu'ils travaillent
sont extrêmement
dangereux. Ils détournent leur attention de sorte que les
travailleurs tendent à regarder en l'air plutôt
qu'en avant et
plutôt que de se concentrer sur leur tâche. Cela nuit
grandement à leur
capacité de se concentrer sur leur travail et à leur
tranquillité
d'esprit pendant qu'ils travaillent. Les travailleurs ferroviaires
disent aussi
que les drones vont être utilisés pour les criminaliser et
prendre des mesures
disciplinaires contre eux sous prétexte
qu'ils
enfreignent les règles de sécurité. Les mesures
disciplinaires contre
les travailleurs, qui sont déjà monnaie courante dans le
secteur
ferroviaire et visent souvent les travailleurs qui dénoncent les
conditions de travail non
sécuritaires, augmentent à l'heure actuelle alors que les
travailleurs
sont accusés d'infraction aux règles sur la base de la
surveillance par
drones. À l'heure actuelle, les travailleurs ferroviaires
ripostent à
ce recours aux drones en inondant de plaintes la ligne
téléphonique de
sécurité d'Union Pacific et en déposant des
plaintes auprès de
la FAA et de
l'Administration fédérale
des chemins de fer (FRA).
Union Pacific a interrompu son utilisation de drones
pour
espionner ses employés le 1er mars dernier dans le but d'en
arriver à
un « processus de collaboration » avec les syndicats
dans le recours
aux drones. Le monopole a aussi annoncé qu'il reprendra sa
surveillance
aérienne dans les prochaines semaines.
L'affirmation d'Union Pacific selon laquelle il a
recours aux
drones pour s'assurer que les travailleurs respectent les règles
de
sécurité n'a rien à voir avec la
réalité. En fait, ce sont les entreprises
ferroviaires qui n'ont cessé de s'attaquer à la
santé et à la sécurité
des travailleurs et du public depuis des années. Elles ont
réduit les
inspections et
l'entretien mécanique des trains afin de les garder en mouvement
le
plus possible et de réduire les temps d'arrêt le plus
possible. Elles
ont réduit leur main-d'oeuvre syndiquées afin d'affaiblir
la lutte unie
organisée des travailleurs pour leurs droits, notamment leur
droit de
travailler dans des conditions salubres et sécuritaires. Les
travailleurs sur le
terrain rapportent que le personnel de direction des entreprises de
transport pousse les travailleurs à arrondir les coins en ce qui
concerne la santé et la sécurité tout en mettant
en place des mesures
pour les blâmer et les punir lorsque des travailleurs se blessent
ou
même meurent au travail, et pour forcer les travailleurs au
silence. Le même phénomène se produit dans
plusieurs autres secteurs.
Les travailleurs canadiens, en particulier les
travailleurs
ferroviaires, peuvent apprécier à quel point la situation
aux
États-Unis est similaire à la leur. Il ne serait pas
surprenant que les
sociétés ferroviaires canadiennes se mettent elles aussi
à avoir
recours aux drones pour des « raisons de
sécurité » sous prétexte de
demeurer
concurrentielles avec les compagnies américaines. Le projet de
loi C-49
du gouvernement Trudeau qui est appuyé par des monopoles
ferroviaires
comme le CP et le CN et est maintenant rendu au Sénat, rend
obligatoire
l'installation par les entreprises d'enregistreurs audio-vidéo
dans les
locomotives et leur donne accès au contenu des
enregistrements. Les travailleurs doivent s'organiser pour faire
interdire ces mesures irresponsables et dangereuses.
Ce qui est visé ici, dans l'objectif de servir
les intérêts privés
étroits des monopoles ferroviaires, c'est le facteur humain,
lequel est
déployé dans la lutte organisée des travailleurs
à la défense de leurs
droits et des droits de tous et pour préserver leur
sécurité et la
sécurité des communautés. C'est seulement cette
activité prosociale des
travailleurs organisés qui peut changer la situation d'une
façon qui va
bénéficier aux travailleurs et à la
société. Cette utilisation de
drones pour espionner les travailleurs ferroviaires des
États-Unis
rappelle certainement aux travailleurs canadiens les propos des
représentants du Canadien Pacifique et d'autres comme eux en
commission
parlementaire
sur le projet de loi C-49. Ils ont dit que les chemins de fer sont
sécuritaires en ce qui a trait aux équipements et aux
rails et que le
seul problème qui reste c'est celui des « facteurs
humains » qui sont la
cause principale des incidents ferroviaires. Un de ces
représentants
est même allé jusqu'à dire que le jour où
les processus ferroviaires
vont être
« entièrement automatisés », c'en sera
fini des accidents. Au
contraire, pour assurer et améliorer la sécurité
ferroviaire et les
conditions de sécurité dans les autres industries, il
faut que les
travailleurs mettent en oeuvre le facteur humain en menant une lutte de
classe consciente pour des conditions sécuritaires et en faisant
fonctionner le
secteur de manière professionnelle selon les plus hauts
standards
possibles et dans l'objectif de combler les besoins du peuple. C'est ce
qui va protéger les travailleurs et les communautés dans
lesquels les
divers systèmes de transport sont actifs.
La « sécurité
ferroviaire » ne peut pas être une affaire de menaces
et un régime
policier
suspendu au-dessus de la tête des travailleurs pour que les
monopoles
aient carte blanche pour servir leur quête étroite de
profit maximum
privé et faire taire et criminaliser les travailleurs. Le
recours aux
drones et à d'autres mesures d'espionnage des travailleurs rend
le
secteur ferroviaire encore plus dangereux. L'opposition des
travailleurs ferroviaires aux conditions de travail non
sécuritaires
est une partie intégrante de la lutte qu'ils mènent pour
leurs droits
et les droits de tous. Dans les conditions actuelles de l'offensive
antisociale, il s'agit d'une lutte quotidienne de vie ou de
mort contre les manoeuvres
irresponsables et dangereuses que les monopoles et les gouvernements ne
cessent d'inventer pour servir leurs intérêts
étroits et empêcher les
travailleurs de prendre l'initiative pour résoudre le
problème d'une
manière qui bénéficie à la
société.
Les travailleurs canadiens dénoncent le recours
aux drones
contre les
travailleurs ferroviaires américains et appuient leur lutte pour
l'abolir.
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