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15 mars 2018  

ABI liquide la séance de négociation devant le médiateur
avec les travailleurs en lockout

Pas de place pour la provocation et un ordre du jour caché!


Manifestation des travailleurs en lockout devant l'Assemblée nationale le 8 février 2018 pour demander que l'Aluminerie de Bécancour négocie avec les travailleurs

ABI liquide la séance de négociation devant le médiateur avec
les travailleurs en lockout

Pas de place pour la provocation et un ordre du jour caché!
Opposons-nous à l'ordre du jour secret et intéressé d'ABI! Ce cartel mondial doit rendre des comptes! - Pierre Chénier

Les travailleurs du Labrador et du Québec défendent leurs droits
Les travailleurs de la Compagnie minière IOC votent un mandat de grève contre les demandes de concessions antiouvrières de la compagnie
Entrevue avec Dany Maltais, permanent syndical du Syndicat des Métallos
sur la Côte-Nord

Absurdités sur les tarifs et les guerres commerciales
C'est ainsi qu'on gère une économie? - K.C. Adams


ABI liquide la séance de négociation devant le médiateur avec
les travailleurs en lockout

Pas de place pour la provocation et un ordre
du jour caché!


Manifestation devant l'Assemblée nationale à Québec le 8 février 2018

Le 8 mars, près de deux mois après le début du lockout à l'Aluminerie de Bécancour Inc. (ABI), la première séance devant le médiateur entre la section locale 9700 du Syndicat des Métallos et les représentants d'ABI n'a duré que quelques minutes. Dans un geste flagrant de provocation, ABI a liquidé la session, même en présence du médiateur, et a maintenu son refus de négocier de bonne foi.

Un mois plus tôt, la ministre du Travail du gouvernement du Québec avait rencontré les deux parties séparément et laissé entendre que les négociations allaient reprendre devant le conciliateur-médiateur nommé par le gouvernement. Le syndicat a immédiatement demandé à reprendre les négociations mais ABI est restée silencieuse jusque peu avant cette rencontre du 8 mars à laquelle elle a mis fin brutalement, provoquant et insultant les travailleurs en lockout.


Point de presse du comité de négociation de la section locale 9700 suite à la liquidation de la rencontre de négociation par la compagnie

Selon la section locale 9700 des Métallos, le comité de négociation d'ABI s'est présenté à la table en disant dès le début qu'il n'avait aucun mandat pour négocier quoi que ce soit et qu'ABI avait retiré de la table son « offre finale ». Les travailleurs avaient rejeté cette offre le 10 janvier en disant cependant qu'il y avait des éléments qui pouvaient servir à une entente qui serait acceptable aux travailleurs.

Le président de la section locale, Clément Masse, a immédiatement qualifié le comportement de la compagnie de vengeur et de non productif.

« C'est un affront à tous les travailleurs », a-t-il dit. « Après deux mois dehors, ils nous disent que ce qu'ils ont déjà proposé ne constitue même pas une base de travail. Ils disent attendre nos suggestions, mais sur du vide. On ne négocie pas à partir d'une feuille blanche. C'est dommage que les représentants patronaux n'aient pas la décence de s'appliquer à mener une négociation de façon responsable, selon les règles de l'art. »

Clément Masse a ajouté que les négociateurs du syndicat se sont présentés à la session en présence du médiateur le 8 mars en confirmant leur intention de tenir des discussions sérieuses sur les enjeux qui demeurent, le régime de retraite et l'ancienneté.

« Aujourd'hui, on n'a senti aucune volonté de négocier réellement de la part de l'employeur », a-t-il dit. « Ils ne font qu'exprimer une vengeance à l'égard du rejet de leur offre. C'est la même ritournelle qu'au moment du lockout. Ils perdent de l'argent à cause de leur propre décision de décréter le lockout et ils essaient de nous faire porter le chapeau. Le jour où ils auront des mandats pour discuter concrètement des points en litige, ça nous fera plaisir de travailler avec eux de façon constructive. D’ici là, les travailleurs se tiennent debout, le moral est bon. »

Ce comportement continuellement provocateur de la compagnie ne fait que convaincre les travailleurs que les monopoles Alcoa et Rio Tinto, qui sont les propriétaires d'ABI, ont un ordre du jour caché. Ce cartel mondial cherche à imposer cet ordre du jour au détriment des conditions de vie et de travail des travailleurs, des multiples éléments au sein de l'économie régionale qui dépendent des activités d'ABI pour leurs activités et aux dépens de toute la population de la Mauricie-Centre-du-Québec.

Le secteur mondial de l'aluminium est engagé dans des intrigues internationales entre les grandes puissances et les cartels au sujet du contrôle et des prix. Le cartel Alcoa-Rio Tinto cherche à renforcer son contrôle, à faire monter les prix de l'aluminium et à abaisser les réclamations des travailleurs qui produisent le produit fini et les réclamations de ceux qui produisent les moyens de production, notamment l'hydroélectricité et l'infrastructure.

Le lockout chez ABI, qui n'est qu'une des multiples alumineries que le cartel mondial contrôle, a l'effet immédiat de réduire l'offre en aluminium et d'exercer une pression à la hausse sur le prix de marché. Le lockout vise à imposer des concessions aux travailleurs et au gouvernement du Québec pour tirer vers le bas la valeur que les travailleurs réclament de l'aluminium qu'ils produisent, le prix de l'hydroélectricité fournie par Hydro-Québec et les intrants des fournisseurs locaux.

L'ordre du jour caché du cartel, dont fait partie son refus provocateur de négocier, constitue une épreuve de force contre les travailleurs, la communauté locale, le peuple québécois et sa société. L'opposition à ce diktat requiert une résistance organisée consciente de la part des travailleurs et de leurs alliés pour qu'une convention collective acceptable aux travailleurs soit signée au plus tôt et pour empêcher que la situation ne dégénère encore plus.

Forum ouvrier réitère son entier appui aux travailleurs d'ABI et appelle les travailleurs du Québec et du Canada à leur fournir toute l'aide possible. Les actions provocatrices du cartel mondial, qui utilise une force productive importante comme une arme pour renforcer son contrôle sur la direction de l'économie du Québec et des économies dans le monde, ne concernent pas seulement les travailleurs et la communauté qui sont directement affectés. Les actions de ce cartel sont destructrices et ne doivent pas passer. Tous doivent dénoncer le cartel Alcoa-Rio Tinto et son ordre du jour caché qui est au service de ses intérêts privés étroits, au détriment du peuple.


Les membres de la section locale 8922 du Syndicat des Métallos, représentant les agents de sécurité, se joignent aux Métallos de la section 9700 dans un rassemblement de solidarité à l'extérieur de l'usine de Bécancour le 12 mars 2018. Ils se sont engagés à fournir une aide financière régulière aux travailleurs tant que va durer le lockout.

À titre d'information

Le contrôle mondial de la production d'aluminium par les monopoles mondiaux signifie que le lockout qui réduit la production à Bécancour a déjà fait augmenter le prix de marché du produit. Les rapports indiquent qu'Alcoa et Rio Tinto servent leurs clients nord-américains avec l'aluminium au prix maintenant plus élevé que leurs travailleurs produisent en Europe. Cette activité criminelle persiste parce que les travailleurs des alumineries ne contrôlent pas leur travail, l'aluminerie où ils travaillent et le produit social qu'ils produisent. Ils ne peuvent pas mettre à contribution leur responsabilité sociale et leur conscience, laquelle garantirait le paiement d'un prix de production adéquat pour l'électricité, ferait en sorte que les droits à l'endroit de travail sont garantis et que toute la valeur que les travailleurs produisent serve de façon planifiée à renforcer l'économie dans leur communauté, au Québec et au Canada, et contribue à humaniser l'environnement social et naturel.

Les intérêts privés qui contrôlent Alcoa et Rio Tinto sont obsédés par leurs propres intérêts étroits en contradiction avec l'ensemble. Ils se moquent que le lockout nuise aux intérêts de 1030 travailleurs et de leur communauté. C'est le dernier de leurs soucis qu'Hydro-Québec ne reçoive pas le prix de production pour l'électricité achetée par les oligarques impérialistes, ce qui oblige d'autres secteurs de l'économie à combler le manque de valeur. L'obsession des impérialistes pour leurs propres intérêts privés étroits est incompatible avec l'économie socialisée dans laquelle opèrent leurs entreprises. C'est la cause première des « défaillances du marché », des crises économiques récurrentes et des problèmes non résolus qui rongent l'économie et la société. Ils ne sont pas préoccupés des conséquences néfastes du vol d'électricité à Hydro-Québec, du lockout des travailleurs et de la destruction de leurs régimes de retraite et de la perte de valeur de l'économie québécoise. Ils portent des oeillères et ne veulent pas voir ce qui ne les intéresse pas, au-delà de leurs intérêts privés étroits.

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Opposons-nous à l'ordre du jour secret
et intéressé d'ABI!
Ce cartel mondial doit rendre des comptes!

Le communiqué qu'ABI a émis suite à sa liquidation de la séance de négociation nous en dit un peu plus long sur l'ordre du jour caché d'Alcoa-Rio Tinto.

ABI écrit :

Les représentants de la direction de l'Aluminerie de Bécancour (ABI) ont rencontré aujourd'hui la section locale 9700 du Syndicat des Métallos, les informant que l'usine a besoin de changements fondamentaux pour réussir à long terme. La rencontre s'est déroulée en présence de M. Jean Nolin, le conciliateur nommé au dossier par le ministère du Travail.

Les objectifs constants de la direction d'ABI au cours des longues négociations de l'année dernière, étaient d'assurer la pérennité de l'usine et de parvenir à une entente négociée. Cependant, les moyens de pression du syndicat durant ces négociations ont causé une détérioration importante des conditions d'opération dans l'usine, créant des dangers pour les employés, mettant les biens en péril, menaçant l'approvisionnement des clients et affectant négativement le rendement financier.

Le rejet par le syndicat d'une offre équitable et concurrentielle n'a laissé d'autre choix à la direction d'ABI que de prendre des mesures pour protéger ses employés et les actifs de l'usine. En conséquence, l'offre rejetée ne peut plus servir de base pour un règlement futur.

ABI n'est pas aussi compétitive qu'elle devrait l'être et cette situation doit être améliorée pour réussir à long terme.

Par conséquent, la structure opérationnelle d'ABI doit être réévaluée en visant l'amélioration significative de la productivité et de l'organisation de la main-d'oeuvre afin d'assurer une constance pour ses clients.

Dans sa diatribe intéressée et trompeuse contre les travailleurs, la compagnie déclare avoir retiré son « offre finale » de janvier pour deux raisons :

1. « L'usine a besoin de changements fondamentaux pour réussir à long terme. » La compagnie doit avoir la liberté de dicter ces changements sans que les travailleurs aient leur mot à dire ou exercent un contrôle sur leur orientation quelles que soient les conséquences.

2. « Les moyens de pression du syndicat durant ces négociations ont causé une détérioration importante des conditions d'opération dans l'usine » au point que la compagnie a été forcée de mettre ses travailleurs en lock-out « pour protéger ses employés et les actifs de l'usine » et a même retiré son offre finale. Si l'on considère que les négociations et ces « moyens de pression du syndicat » (des allégations qu'elle ne décrit même pas) datent de l'an dernier, soit bien avant la rencontre du 8 mars, c'est complètement malhonnête de la part de la compagnie de suggérer que les travailleurs et les tactiques qui leur sont imputées sont la raison pour laquelle ABI a retiré son « offre rejetée » et refuse de négocier une nouvelle convention collective.

En fait, ce que la compagnie considère comme « menaçante », c'est la tenue de négociations de bonne foi pour déterminer des conditions d'emploi qui respectent les droits des travailleurs et elle n'en veut tout simplement pas. Le cartel mondial veut un contrôle complet pour faire ce qu'elle veut et pour abaisser les réclamations des travailleurs à la valeur qu'ils produisent, et abaisser le prix de l'électricité que fournit la société d'État, sinon ce cartel menace de détruire l'usine.

C'est donc à une restructuration complète de ses opérations qu'ABI veut procéder selon ses propres termes et selon son diktat. ABI traite les travailleurs ou à tout le moins les travailleurs organisés en syndicat de saboteurs du processus de production. C'est une vision étrange et complètement dépassée de la réalité du monde d'aujourd'hui. Les travailleurs sont les producteurs de la richesse d'ABI et ils ont le droit de négocier et d'avoir un mot décisif sur leurs conditions de travail. La grande abondance d'hydroélectricité à bon marché est l'oeuvre du très dur labeur des travailleurs du Québec, qui a permis l'investissement de milliards de dollars de valeur. Le cartel mondial veut que le temps de travail vivant des travailleurs de l'aluminerie soit régi par ses propres termes et que la valeur de l'électricité incorporée dans le produit fini lui soit remise en-dessous de son prix de production. Cela n'a rien à voir avec un arrangement moderne ou civilisé.

La compagnie tient un langage de restructuration complète afin de criminaliser toute opposition de la part de ceux qui font le travail. Parler de restructuration et criminaliser les travailleurs qui demandent leur mot à dire et leurs droits n'a rien à voir avec la négociation d'une convention collective. Ce sont là les mots et les gestes de dictateurs qui veulent saboter un processus civilisé de négociation. Ces paroles, ces actions et la déformation de ce qu'est une négociation pour établir les conditions d'emploi sont des choses très menaçantes pour les travailleurs, la communauté et le Québec et elles sont entièrement inacceptables.

Les propos d'ABI touchent à l'absurde et seraient risibles si la situation n'était pas si sérieuse. Les employés que la compagnie se propose de protéger sont les employés qu'elle a mis en lockout. Cela rappelle la propagande de guerre des officiers de l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam qui disaient qu'ils devaient détruire un village pour le sauver. Qui sont ces malfaiteurs contre qui ABI veut protéger ses employés ? Ses propres employés ? Ceux qui sont unis dans la lutte contre le lockout et demandent que leurs droits soient respectés ? Les travailleurs organisés en syndicat ? Est-ce un effort du cartel pour diviser les travailleurs et les monter les uns contre les autres, ou même les remplacer ?

Chose certaine, ce n'est pas un signe d'une volonté de négocier de bonne foi avec les travailleurs qui produisent la valeur que les géants de l'aluminium convoitent. Si le mot « négociations » veut encore dire quelque chose, Alcoa-Rio Tinto doivent être rappelés à l'ordre et ramenés à la table de négociation. Le droit des travailleurs à leur mot décisif dans leurs conditions de travail et d'emploi doit être soutenu dans tous les endroits de travail, dans les régions et à l'échelle des pays. De tels enjeux ne sont pas et ne doivent pas devenir le terrain de jeu et de guerre des intérêts privés mondiaux pour servir leur quête étroite de profit d'argent maximum et de domination.

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Les travailleurs du Labrador et du Québec défendent leurs droits

Les travailleurs de la Compagnie minière IOC
votent un mandat de grève contre les demandes de concessions antiouvrières de la compagnie


Piquetage des travailleurs à l'extérieur du complexe de la Compagnie minière IOC à Labrador City durant la lutte en 2015 contre les mises à pied des travailleurs d'entretien

Les 5 et 6 mars dernier, les quelque 1300 travailleurs de la Compagnie minière IOC (Iron Ore Company of Canada) à Labrador City ont voté pour donner au comité de négociation un mandat de grève pour faire échec aux demandes de concessions antiouvrières de la compagnie. Quatre-vingt-dix pour-cent des 1300 travailleurs membres de la section locale 5795 des Métallos ont voté à 99,6 % en faveur d'un mandat de grève. Les travailleurs vont tenir d'autres réunions les 20 et 21 mars prochain pour discuter des négociations. Le 23 mars, ils seront en position légale de prendre un vote de grève.

Les 7 et 8 mars dernier, les quelque 300 travailleurs de l'IOC à Sept-Îles au Québec, membres de la section locale 9344 du Syndicat des Métallos, ont donné un mandat de grève massif à leur comité syndical à 99,2 %, avec un taux de participation de 88,3 %. Les travailleurs d'IOC à Sept-Îles font face aux mêmes demandes de concessions dans leurs conditions d'emploi.

Les travailleurs du monopole minier IOC génèrent énormément de valeur dans l'économie par l'extraction du minerai de fer, sa transformation en valeur d'usage sous formes de boulettes et de concentré et le transport de ces produits vers des usines où d'autres travailleurs vont les transformer encore plus et produire de l'acier. La compagnie exproprie la valeur ajoutée que les travailleurs produisent sous forme de profit d'argent pour ses propriétaires mondiaux. Les concessions exigées des travailleurs par le monopole vont accroître les profits en argent dont la majeure partie ne sont pas réinvestis dans les communautés locales mais sont soutirés comme c'est le cas des ressources naturelles épuisées. Les concessions ont pour effet de diminuer les salaires, les avantages sociaux et les pensions des travailleurs maintenant et dans l'avenir. Ces réclamations à la valeur produite par les travailleurs constituent le gros de la valeur qui provient de la production qui demeure à Labrador City et à Sept-Îles.

Les travailleurs extraient le minerai de fer du Labrador qu'ils concentrent et transforment en boulettes qu'ils préparent pour le transport par voie ferrée sur une distance de 418 km jusqu'aux installations portuaires de Sept-Îles à partir desquelles ces produits sont transportés vers différentes aciéries dans le monde. IOC est exploité par Rio Tinto Ore Group qui est une coentreprise Rio Tinto, Mitsubishi et Labrador Iron Ore Royalty Income Corporation qui en possèdent respectivement 58,7 %, 26,2 % et 15,1 % des actions.

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Entrevue avec Dany Maltais, permanent syndical du Syndicat des Métallos sur la Côte-Nord


Les travailleurs d'IOC à Sept-Îles au Québec donnent un mandat de grève sans
équivoque au syndicat.

Forum ouvrier :  Les travailleurs de la Compagnie minière IOC au Labrador et à Sept-Îles au Québec ont donné récemment de forts mandats de grève à leurs exécutifs syndicaux contre les demandes de concessions antiouvrières de la part d'IOC. Peux-tu nous en dire plus ?

Dany Maltais : Le vote de grève a été très massif. Nous sommes 301 travailleurs sur nos listes de travailleurs actifs à Sept-Îles. En 3 assemblées distinctes, il y a eu 266 travailleurs qui se sont déplacés. Il s'agit d'un pourcentage de 88 % comme taux de participation. Sur les 266 personnes présentes, il y a en a deux qui ont voté contre le mandat de grève. Nous sommes très contents du résultat.

Dans les négociations, il y a la question du monétaire commun, qu'on négocie à la même table, Sept-Îles et Labrador, comme les salaires, les régimes de retraite et le régime d'assurances. Parmi les demandes de concessions, il y en a deux qui touchent le régime de retraite. Le premier élément, qui est le plus important, c'est que l'employeur demande que les nouveaux travailleurs aient un régime de retraite à cotisations déterminées plutôt que le régime à prestations déterminées que nous avons en ce moment. Pour nous c'est inacceptable. D'une part, un régime à cotisations déterminées est beaucoup moins avantageux pour les travailleurs, notamment parce que le montant que les travailleurs touchent à la retraite n'est pas garanti avec ce régime. Aussi, pour obtenir un régime à prestations déterminées, les travailleurs ont fait des concessions sur les salaires dans les années 1990-2000. C'est inadmissible aussi qu'on essaie d'introduire une disparité de traitement dans le régime de retraite, qu'on autorise les clauses orphelines [ en vertu desquelles les travailleurs nouvellement embauchés reçoivent un salaire et des avantages sociaux moindres que les travailleurs déjà en place — note de FO ]. Nous ne voulons pas être l'instigateur qui fasse en sorte que la population nord-côtière s'appauvrisse dans les 20-30 prochaines années. On sait que les gens ont beaucoup moins de revenus à la retraite, qu'ils sont moins en santé. Abaisser encore plus les revenus force les citoyens en général à éponger le fardeau fiscal. Il y a un enjeu régional dans cette négociation. Nous ne voulons pas que les nouvelles personnes soient appauvries. Nous ne sommes pas une grosse communauté. Nous nous connaissons tous. L'industrie minière a relevé le niveau de vie des gens de la Côte-Nord mais si les gens deviennent appauvris, les gouvernements remettent le fardeau de leurs dépenses sur l'ensemble de la communauté. On ne veut pas être l'instigateur de cela.

Aussi, toujours en ce qui concerne le régime de retraite, IOC veut imposer une règle sur la notion d'âge auquel les travailleurs peuvent prendre leur retraite. À l'heure actuelle, après 30 ans de service, les travailleurs peuvent prendre leur retraite. L'employeur veut imposer, que même avec 30 ans de service, vous devez avoir atteint l'âge de 52 ans avant de prendre votre retraite sans pénalité. Cette mesure est encore organisée pour pénaliser les jeunes, les travailleurs qui commencent à 18 ou 19 ans qui atteignent leurs 30 années de service à 48 ou 49 ans et devront encore travailler plus longtemps pour ne pas subir des pertes. Notre économie n'est pas très diversifiée et il y a des jeunes qui vont vers ces emplois qui paient bien comme chez IOC, Alouette ou Arcelor Mittal quand ils sont très jeunes et y travaillent toute leur vie active. Les jeunes qui entrent chez IOC vont devoir donner des années de plus à l'employeur avant de partir à la retraite si cela passe.

Puis il y a la demande de concession sur la question des vacances prolongées, une autre perte que l'employeur veut imposer aux travailleurs. À l'heure actuelle, à mesure que vous accumulez de l'ancienneté, vous accumulez des journées de vacances supplémentaires que vous pouvez prendre en plus de vos vacances annuelles. L'employeur veut maintenant que les travailleurs prennent ces journées en argent, pas en temps. On dénonce cela aussi parce que cela s'attaque au principe de l'ancienneté. Alors qu'on parle de conciliation travail-famille c'est un retour en arrière qu'on nous propose.

Le quatrième enjeu, qui est un enjeu local, concerne les changements technologiques. Plus on avance dans le temps, plus on parle d'automatisation des tâches. Il y a deux ans, l'employeur a commencé à bâtir des programmes en fonction de l'automatisation de nos tâches. À l'heure actuelle, la règle est que les travailleurs touchés par l'automatisation peuvent aller déplacer des travailleurs moins anciens. Maintenant, l'employeur nous dit qu'il y a des tâches que nous ne serons plus capables de faire parce que cela va prendre des ingénieurs et des techniciens et que nous n'avons pas la formation nécessaire pour être en mesure de travailler avec les ordinateurs. Alors il veut donner ces tâches à des superviseurs et des gestionnaires qui ne feront plus partie de l'accréditation syndicale. Cela veut dire que progressivement, notre accréditation syndicale va sérieusement s'affaiblir et être à risque. Nous n'aurons plus la masse de travailleurs nécessaires pour bâtir un rapport de force. Si ça passe, ce n'est plus nous qui allons faire fonctionner la voie ferrée. L'employeur nous dit de ne pas nous en faire, que cela regarde le long terme, mais nous ne voulons pas passer cette négociation collective sans discuter de cette question-là. Nous voulons qu'il y ait une lettre d'entente intégrée à la convention collective qui dit que les nouvelles tâches qui seront créées en fonction de l'automatisation devront faire partie intégrante de l'accréditation syndicale. L'employeur nous dit qu'il n'accepte pas cette revendication.

FO : Veux-tu dire quelque chose en conclusion ?

DM : L'employeur doit retirer ces concessions. Dans cette négociation, nous parlons d'avenir. Nous parlons des jeunes et nous parlons de notre accréditation syndicale. Nous sommes responsables et la section locale doit s'assurer qu'on ait un avenir prospère. Je suis fier du travail que nous faisons pour l'ensemble de la communauté.

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Absurdités sur les tarifs et les guerres commerciales

C'est ainsi qu'on gère une économie?

Les travailleurs pourraient faire mieux que ces crises continuelles et cette intégration dans l'économie de guerre des États-Unis.

Les industries canadiennes de l'acier et de l'aluminium sont en plein bouleversement. Elles semblent être dans un état de chaos continuel. Algoma Steel est presque constamment sous la protection de la faillite en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). L'Aluminerie de Bécancour inc. (ABI) au Québec maintient en lockout plus de 1000 travailleurs depuis des mois pour leur arracher des concessions, à eux et à Hydro-Québec, et pour réduire l'offre afin de faire monter les prix de l'aluminium sur le marché international. Les aciéries de Stelco à Hamilton et à Nanticoke viennent juste de sortir de la protection de la faillite aux termes de la LACC pour la deuxième fois depuis 2006.

Après que la capacité de production et les marchés de Stelco aient été grandement réduits pendant la période du contrôle par US Steel de 2007 à 2017, les nouveaux propriétaires américains ont pris le contrôle des installations l'an dernier après que le tribunal de la faillite de la LACC les ait autorisés à ne pas assumer leur responsabilité sociale envers les retraités de Stelco et la restauration environnementale pour la pollution provenant du passé. Ce nouvel assaut d'impérialistes étrangers s'est produit après que les métallos de Stelco et la communauté de l'acier aient affronté une attaque après l'autre lorsque US Steel avait le contrôle des opérations. En 2013, USS a vendu une usine de Hamilton aux brigands internationaux allemands qui se font appeler MANA et qui ont pris le contrôle et ont presque immédiatement mis les métallos en lockout en leur demandant d'énormes concessions. Le lockout se poursuit toujours et les membres et supporters de la section locale 1005 mènent une lutte pour la justice à Mana.

Un assaut contre l'édification nationale et les droits du peuple

Les monopoles mondiaux dominent les secteurs de l'acier et de l'aluminium et les mettent sens dessus dessous pour servir leurs intérêts privés étroits. Le secteur de l'acier est particulièrement affecté par des prix de marché qui fluctuent beaucoup et sont déconnectés des prix de production, tantôt au-dessus, tantôt en dessous, ce qui cause des problèmes continuels. Ces secteurs ne sont pas au service d'une économie canadienne indépendante parce que tel n'est pas leur objectif. Ce concept d'ailleurs n'existe pas dans la conscience des impérialistes qui sont en position de contrôle et dont la vision du monde est celle qui correspond à l'intérêt étroit, comme si la société n'existait pas et que les droits, les réclamations et les besoins du peuple étaient des coûts débilitants et un drain sur leur profit d'argent.

Il n'y a pas de discussion présentement dans les cercles officiels de l'élite dirigeante sur un projet d'édification nationale et pour une économie canadienne qui ne serait pas dominée par les cartels supranationaux et il n'y a certainement pas de mesures pratiques dans ce sens. Tous les politiciens, économistes et experts officiels disent qu'une économie canadienne sous le contrôle des Canadiens est impossible dans ce monde dominé par des bâtisseurs d'empire mondiaux qui sont obsédés par l'expansion de leurs intérêts privés en tant que cartels supranationaux, au détriment de l'édification nationale et du droit des peuples de contrôler les affaires qui les concernent. Le peuple ici même fait face à des crises continuelles et maintenant à un président au sud qui menace d'imposer des tarifs sur l'acier et l'aluminium et qui déclare, sans se soucier une seconde du sort de l'humanité, que les guerres commerciales et même les vraies guerres sont de bonnes choses et sont gagnables.

Le monde réel auquel le peuple canadien fait face et le monde fantaisiste que les politiciens et les experts officiels et les personnes en position de contrôle inventent sont déconnectés l'un de l'autre. Le secteur de l'aluminium, qui est entièrement contrôlé par des bâtisseurs d'empire supranationaux, s'est installé au Canada à cause de l'abondance et des bas prix de l'électricité qui est de loin l'intrant matériel principal dans ce processus de production. Quel est donc le problème avec ce prix de marché de l'aluminium qui pousse le président Trump à menacer d'imposer un tarif ? Les manufacturiers des États-Unis veulent un aluminium au prix de marché le plus bas possible et l'aluminium canadien les sert bien grâce à une hydroélectricité peu dispendieuse, abondante et propre, une main-d'oeuvre qualifiée et une infrastructure moderne.

Si Trump veut un aluminium à un prix plus élevé et si les manufacturiers américains qui utilisent de l'aluminium appuient sa proposition, ce qui est très douteux, pourquoi ne pas le dire simplement et faire en sorte que les propriétaires mondiaux organisent un prix de marché plus élevé que le prix de marché fluctuant ? Le prix plus élevé pourrait être retourné à Hydro-Québec dans un plein échange avec l'électricité que ses travailleurs produisent. Certains trouvent ironique que les riches dans le monde qui contrôlent le secteur canadien de l'aluminium essaient déjà de faire monter les prix en réduisant l'offre au moyen du lockout chez ABI, et ils seraient certainement contents de la demande de Trump pour des prix plus élevés à condition bien sûr que ce soit eux qui les empochent et non l'État américain. Pourquoi faut-il une guerre commerciale ? Tout ce gâchis semble inexplicable et irrationnel.

Le problème en ce qui concerne ces secteurs et les autres secteurs économiques de base est que les personnes sensées au Canada, au Mexique et aux États-Unis qui veulent vivre en paix et soutenir un commerce international à l'avantage et au développement mutuels et qui s'opposent à une économie de guerre ne contrôlent pas leurs endroits de travail, ni l'économie plus généralement, ni les affaires politiques.

La menace de tarifs sur l'acier que Trump a proférée et vient maintenant de retirer temporairement est bizarre également du fait que près de 5 milliards $ d'acier produit au Canada a été expédié ces dernières années aux États-Unis alors que le Canada a importé environ 7 milliards $ d'acier fabriqué aux États-Unis. En faisant quelques ajustements dans la qualité et les types d'acier, on pourrait presque éliminer tout le commerce d'acier entre les États-Unis et le Canada et chaque pays pourrait produire pour combler ses propres besoins sans que la production en souffre. Il se créerait même des possibilités de développement compte tenu du fait que le Canada et les États-Unis sont si étendus d'est en ouest, et la production pourrait être développée rationnellement dans toutes les régions principales des deux pays, pour les rendre autosuffisantes en acier et même y développer la fabrication de produits à base d'acier. L'autre aspect très positif serait de commencer à extirper le Canada de l'économie de guerre des États-Unis dans laquelle l'acier et l'aluminium jouent un rôle clé.

Le problème encore une fois est le manque de contrôle par les travailleurs. Les travailleurs canadiens et leurs confrères du sud font face au dilemme de ne pas contrôler l'acier et le secteur de l'acier, l'économie plus large et la politique. N'ayant pas le contrôle, ils ne peuvent pas développer en pratique leur conscience sociale de la nécessité de tout d'abord bâtir une économie diversifiée qui subvient à ses besoins, puis, à partir de cette base souveraine sous leur contrôle, de chercher et trouver des peuples qui veulent faire du commerce selon les principes modernes de l'avantage et du développement mutuels et ne veulent pas de guerres commerciales destructrices ou de vraies guerres qui requièrent une économie de guerre.

Les Canadiens et leurs amis aux États-Unis doivent donner une nouvelle direction à l'économie parce que la situation actuelle évolue vers des guerres et des crises plus étendues et plus dévastatrices, ce qui n'est certainement pas une bonne chose. Les travailleurs sont capables de faire beaucoup mieux parce qu'ils ne sont pas motivés par l'objectif d'exproprier la richesse sociale à même la valeur que les autres travailleurs produisent et qu'ils ne spéculent pas, contrairement aux gens au pouvoir, sur la possibilité de mener des guerres commerciales destructrices gagnables et des guerres réelles pour voler les autres et détruire ce qu'ils ne peuvent pas contrôler. Le discours officiel selon lequel les guerres commerciales et les vraies guerres qui ciblent les autres travailleurs sont bonnes, gagnables et ont besoin d'une économie de guerre maintiennent tout le monde sous tension et bouleversé en attente de la prochaine crise ou de la prochaine guerre.

Les politiciens officiels et d'autres dirigeants au Canada se couvrent de honte par la façon dont ils répondent à la bravade de Trump de proposer des tarifs sur l'acier et l'aluminium canadiens puis de faire marche arrière à condition que les pourparlers de l'ALÉNA le satisfassent. Ces représentants canadiens ont tous déclaré qu'il faut développer l'économie de guerre commune nord-américaine, une économie essentielle pour le renforcement de la capacité de guerre de l'OTAN et de NORAD pour laquelle l'acier et l'aluminium sont cruciaux.

Le 8 mars, le Bureau du premier ministre Justin Trudeau a émis un communiqué sur la conversation téléphonique de Trudeau avec Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants des États-Unis, qui mentionne ceci :

« Les États-Unis sont le plus proche allié du Canada. Le Canada est un fournisseur sûr et sécuritaire d'acier et d'aluminium pour les États-Unis et est reconnu en vertu de la loi américaine comme faisant partie du complexe industriel de défense des États-Unis. »

Dans un communiqué au sujet de la conversation de Trudeau avec le leader de la majorité au Sénat américain, Mitch McConnell, le Bureau du premier ministre écrit :

En tant que proche allié des États-Unis, le Canada est un fournisseur sûr et sécuritaire d'acier et d'aluminium pour les États-Unis, et il fait partie de la base industrielle et technologique nationale des États-Unis en matière de défense nationale.

Le 1er mars, la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland a dit : « En tant qu'allié clé de NORAD et de l'OTAN, et en tant que principal acheteur de l'acier américain, le Canada percevrait comme absolument inacceptable toute restriction commerciale imposée sur l'acier et l'aluminium canadiens. [...] Le Canada est un fournisseur sûr d'acier et d'aluminium pour le secteur américain de la défense et de la sécurité. Le Canada est reconnu dans la loi américaine comme faisant partie de la plateforme technologique et industrielle nationale du secteur de la défense des États-Unis. »

Le 8 mars, suite à l'annonce que le Canada va être exempté du tarif mondial des États-Unis sur l'acier et l'aluminium, elle a dit :

Le Canada est le meilleur ami et le plus proche allié des États-Unis. Le Canada et les États-Unis ont le plus grand partenariat économique au monde. Nous sommes également des alliés indéfectibles du NORAD, de l'OTAN et tout au long de notre frontière pacifique et sécurisée de 8 891 kilomètres.

La crise est telle qu'aucun représentant officiel du Canada ou média de masse ne s'est opposé à ce discours belliciste et à l'intégration de l'économie canadienne dans l'économie de guerre des États-Unis. Les travailleurs du Canada, du Mexique et des États-Unis rejettent ce bellicisme et cette conception du monde antisociale officiels et s'organisent pour bâtir leur pouvoir de priver ceux qui sont en position de contrôle de leur pouvoir de détruire par des crises et des guerres ce que les humains ont construit.

En organisant et en luttant pour le nouveau, les travailleurs et leurs organisations politiques et de défense développent le facteur humain et la conscience sociale qu'une économie moderne doit avoir un objectif nouveau qui vise à développer l'économie socialisée dans tous les domaines sans crises ni guerres. Une économie moderne ne peut pas être bâtie sur la concurrence brutale et la guerre, elle se bâtit sur la coopération qui permet aux relations sociales modernes de garantir que les secteurs interreliés des forces productives socialisées fonctionnent en harmonie les unes avec les autres et en conformité avec leur caractère socialisé. C'est ainsi qu'est assurée la reproduction élargie de l'économie, sans guerres ni crises, pour qu'elle satisfasse les besoins et les réclamations des producteurs véritables et les intérêts généraux de la société.

Une économie moderne s'oppose aux guerres commerciales, aux guerres réelles et aux préparatifs de guerre. Elle cherche à garantir le bien-être de tous les membres de la société et ses intérêts généraux. Une économie prosociale qui repose sur un fondement aussi sain fait du commerce internationalement sur la base des principes de l'avantage et de développement mutuels et s'oppose consciemment à toutes les guerres commerciales et aux vraies guerres et aux préparatifs de guerre. Ce n'est pas ce qui se passe maintenant alors que l'économie canadienne est intégrée à l'économie de guerre des États-Unis et lui fournit du matériel brut et semi-fini tandis que l'économie américaine produit la plupart des produits finis sous forme d'armements de destruction individuelle et de masse.

Les travailleurs, avec leur conscience sociale moderne, peuvent donner une nouvelle direction à l'économie et ils peuvent le faire seulement en s'organisant pour se porter au pouvoir politiquement, avec de nouvelles relations sociales qui sont en harmonie avec les forces productives socialisées de la grande production industrielle moderne. C'est seulement en s'investissant du pouvoir que les travailleurs peuvent diriger l'économie sans crises ni guerres, selon leur conscience sociale, leur objectif, leur vision du monde, leurs principes et leurs relations sociales modernes, travaillant ensemble au bien de toute l'humanité et de l'environnement social et naturel.

Les travailleurs peuvent faire mieux !
Unissons-nous et organisons-nous pour bâtir le nouveau !

(LML, 10 mars 2018)

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