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8 mars 2018  

Journée internationale de la femme 2018  

Lutter pour s'investir du pouvoir en cette Journée internationale de la femme  

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Entrevue avec des travailleuses
Nathalie Soullière, travailleuse de la construction, membre de la Fraternité inter-provinciale des ouvriers en électricité (FIPOE)
Magali Giroux, travailleuse des postes, membre de la section locale de Montréal du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes
Nathalie Savard, présidente du Syndicat des intervenantes et des intervenants de la santé du Nord-Est québécois
Manon Castonguay, présidente de la section locale 6486 du Syndicat des Métallos (travailleurs de l'affinerie CEZinc à Salaberry-de-Valleyfield)

À titre d'information
L'histoire de la Journée internationale de la femme - Janice Murray

Les libéraux de la Nouvelle-Écosse remettent le pouvoir de décision en éducation à des intérêts privés
Les Néo-Écossais prennent la parole - Kevin Corkill

Assemblées générales annuelles des syndicats provinciaux de l'éducation en Ontario
Les enseignants et les travailleurs de l'éducation doivent parler en leur propre nom - Laura Chesnik
Les objectifs antisociaux derrière le programme d'éliminer la prise de décision locale - Enver Villamizar 


Les travailleurs des universités affirment leur droit de dire Non!
Le personnel enseignant de l'Université York déclenche la grève
Les travailleurs de Carleton disent Non! aux attaques à leur régime de retraite à prestations déterminées



Entrevue avec des travailleuses

Nathalie Soullière, travailleuse de la construction, membre de la Fraternité inter-provinciale des
ouvriers en électricité (FIPOE)

Je suis une travailleuse membre de la FIPOE. Je suis électricienne et j'ai aussi mes cartes de soudeur. Je suis membre du Comité des ouvrières de la FIPOE qui est un groupe de femmes qui se réunit quelques fois par année pour parler des divers problèmes auxquels les femmes font face. Notre comité s'adresse surtout aux femmes. Notre travail est de fournir les ressources pour les aider, leur faire connaître les ressources qui existent pour que les choses aillent bien pour elles. Il y en a qui ont de la difficulté à se faire accepter dans leur milieu de travail. Il y a des employeurs qui ne veulent carrément pas de filles. Le comité a fait un sondage auprès des travailleuses pour savoir quelles sont leurs attentes envers le comité. Il y en a beaucoup qui nous ont dit qu'elles ne travaillent pas, que ce ne sont pas tous les employeurs qui sont intéressés à embaucher une fille. Soit qu'elles ne sont pas engagées ou ne sont pas rappelées.

Dans le milieu de la construction, quand le chantier est fini, c'est « bye-bye, allez vous en chez vous ». Un problème important, et ce n'est pas un problème seulement pour les femmes, c'est la conciliation travail-famille. Ce n'est pas évident pour les femmes qui sont monoparentales et pour les hommes aussi qui sont dans la même situation, avec les horaires que nous avons. Par exemple, demain matin je commence à travailler à 6 heures et demie à Montréal et je demeure à 45 minutes de ma place de travail. Il n'y pas de garderie d'ouverte à cette heure-là. Moi ça va parce que mes filles sont assez vieilles pour être autonomes mais pour les personnes monoparentales qui ont des enfants qui sont d'âge préscolaire, c'est tout un problème. Le milieu de la construction n'est pas toujours bien adapté à ces conditions. Je pense qu'il faut continuer à augmenter le nombre de filles sur la construction, mais il faut s'assurer qu'elles ont la formation et les connaissances nécessaires.

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Magali Giroux, membre de la section locale de Montréal du Syndicat des travailleurs et
travailleuses des postes

Le 8 mars est une journée encore importante et pertinente parce que c'est important de se rappeler. Oui il y a eu du chemin de fait et il y a des femmes qui ont lutté très fort, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire. Il y a encore beaucoup d'écart aux niveaux salarial et social.

Si on prend le secteur des postes, c'est encore majoritairement des hommes qui sont facteurs, même si cela s'améliore. On est actuellement en train de mener une lutte pour l'équité salariale, aujourd'hui, en 2018 ! Les femmes factrices rurales et suburbaines, un groupe majoritairement composé de femmes, gagnent 30 % de moins que les facteurs urbains, qui sont majoritairement des hommes. On a encore un problème. On a un problème dans nos instances syndicales qui sont majoritairement composées d'hommes. Il y a des contraintes familiales - on a des enfants, une famille. On porte encore beaucoup la charge, la charge mentale, les rendez-vous d'école, de santé, l'achat des vêtements - hiver, été, automne -, les rendez-vous chez le dentiste, le médecin.

Il y a des efforts dans le syndicat pour faciliter la participation des femmes. Les formations se font les fins de semaine pour rendre cela plus accessible. Les femmes peuvent venir accompagnées de leurs enfants - la garderie est fournie par le syndicat, ou encore il paie les frais de garde. Ce sont des ajouts. Aux assemblées, les enfants sont les bienvenus. Quand on voit que les femmes veulent s'impliquer, on peut les aider et les encourager et les aider à cheminer là-dedans.

Dans la société, les batailles importantes : l'équité, l'égalité, le mouvement #moiaussi. Pour moi c'est d'une importance capitale - on est dans un air de changement, il y a quelque chose qui se passe, il faut que cela continue à changer.

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Nathalie Savard, présidente du Syndicat des intervenantes et des intervenants de la santé du Nord-Est québécois 

À 90 %, nos membres, qui sont des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes, sont des femmes. Avec ce qu'on vit présentement dans le domaine de la santé, nos conditions qui ne sont pas faciles, les absences pour maladie, le temps supplémentaire, les difficultés de concilier le travail, la famille, les études, célébrer le 8 mars prend tout son sens. Nous avons des femmes qui se sont battues avant nous pour les droits des femmes. Comme femmes nous avons un combat à mener au niveau de nos conditions de travail, au niveau des services publics, et avec en plus tout ce qui se passe avec la dénonciation des abus, le 8 mars prend cette année un sens encore plus large.

On a vécu des choses au niveau de la dénonciation des abus sexuels, au niveau de la dénonciation d'abus dans les conditions de travail, il faut être là et se battre tant qu'il le faudra. Il faut défendre nos conditions de vie, de travail et être présentes dans la société, notamment pour la défense des conditions de vie dans les régions. Quand on parle des femmes que nous représentons, c'est tout à leur honneur de voir comment elles tiennent à s'occuper de leurs familles, comment elles tiennent à s'occuper de la santé des patients dans nos régions, comment elles ont à coeur qu'ils aient accès à de bons services près d'où ils vivent. Nous sommes actives aussi avec les organisations communautaires pour que les associations de femmes par exemple continuent d'avoir les budgets nécessaires pour faire leur travail auprès des gens en difficulté.

En ce qui nous concerne, présentement, ce qui rend malade nos gens c'est l'organisation du travail, c'est le temps supplémentaire, c'est la déficience de l'organisation du travail, tous ces changements qui ont été faits par un ministre médecin dans son bureau tout seul sans rien connaître de la réalité des gens sur le terrain. Face à ces problèmes, les mesures disciplinaires ne règlent absolument rien. Chez nous on a des gens qui ont fait faire des chandails noirs et ont mis leur numéro d'employé en arrière pour contester. Il n'y avait rien d'écrit sur le chandail. L'employeur les a avisés que les bénéficiaires avaient peur de leur chandail. On voulait donner des avis disciplinaires. J'ai des gens à la Baie-James à qui on a enlevé leur titre d'emplois et on leur a donné un autre titre pour faire une économie pour le budget. On leur demande de faire les mêmes tâches mais moins payés. Quand elles ne le font pas en disant qu'elles ne font plus partie de leurs tâches, elles ont des rencontres avec l'employeur pour insubordination et des mesures disciplinaires sont prises contre elles. C'est un règne de terreur qui est en train d'être installé. Cela fait juste aggraver les problèmes.

C'est tout cela qu'on soulève cette année à l'occasion du 8 mars.

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Manon Castonguay, présidente de la section locale 6486 du Syndicat des Métallos (travailleurs de l'affinerie CEZinc à Salaberry-de-Valleyfield


Les travailleurs de CEZinc en grève manifestent devant le lieu où se tient l'assemblée des actionnaires à Toronto, le 28 avril 2017.

Mon message à l'occasion du 8 mars, c'est que tout est possible. Il n'y a aucune barrière que les femmes ne peuvent pas franchir. En ce qui me concerne, j'ai commencé à travailler à l'affinerie en 1997 et j'étais la première femme à y travailler. Maintenant nous sommes 18 femmes sur un total de 368 travailleurs. Je suis aussi la première femme présidente de la section locale. C'est important d'ouvrir les portes des métiers non traditionnels aux femmes. Ce sont des emplois qui sont souvent bien rémunérés. On parle d'atteindre l'indépendance financière des femmes, mais souvent les femmes monoparentales sont obligées d'occuper un, deux ou trois emplois pour soutenir leur famille. Si elles travaillent dans un milieu non traditionnel, souvent elles vont pouvoir atteindre le même objectif avec un seul emploi. Je trouve très déplorable la situation des femmes monoparentales qui n'ont pas l'indépendance financière, qui font face à toute une bataille à tous les mois pour arriver à mettre la nourriture sur la table et payer le loyer. Souvent ce sont des emplois précaires, à temps partiel, où les femmes se retrouvent avec des 20 heures par semaine et ne connaissent pas leur horaire de travail d'avance. Ce n'est pas une chose qui devrait se produire à notre époque. Les femmes doivent avoir un emploi à la hauteur de leurs besoins parce que c'est cela qu'elles méritent.

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À titre d'information

L'histoire de la Journée internationale de la femme


Site historique à Copenhague, au Danemark, où les femmes du monde entier se sont réunies
pour la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes en 1910 et ont adopté la résolution établissant la Journée internationale de la femme.

Une résolution fut adoptée par la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, au Danemark en 1910, créant la Journée internationale de la femme. La résolution fut adoptée à l'unanimité par les plus de 100 femmes déléguées provenant de 17 pays participants, parmi lesquelles se trouvaient les trois premières femmes élues au Parlement de la Finlande. La résolution fut présentée par la communiste allemande Clara Zetkin, qui avait d'abord proposé l'idée d'une manifestation annuelle en appui aux travailleuses et aux droits des femmes à la première Conférence internationale des femmes socialistes à Stuttgart, en Allemagne en 1907.

Cette deuxième Conférence internationale des femmes socialistes réaffirma les principes adoptés à la première conférence sur le suffrage féminin. Ces principes établirent le cadre de la résolution visant à créer une Journée internationale de la femme qui portait sur la question des droits politiques des femmes.

Le document indique en partie :


La communiste allemande Clara Zetkin (1857-1933) est l'auteur de la proposition initiale de la Journée internationale de la femme en 1910. Elle était active dans le Parti social-démocrate d'Allemagne jusqu'en 1916, lorsqu'elle a cofondé la Ligue Spartacus du Parti. En 1919, elle s'est jointe au Parti communiste d'Allemagne, qu'elle a représenté au Reichstag de 1920 à 1933.

« Le mouvement des femmes socialistes de tous les pays répudie le droit de vote limité des femmes comme une falsification et une insulte au principe de l'égalité politique du sexe féminin. Il lutte pour la seule expression vivante concrète de ce principe : le suffrage universel de la femme ouvert à tous les adultes et lié par aucune condition de la propriété, du paiement des impôts, du niveau d'éducation ou toutes autres qualifications, qui excluent les membres de la classe ouvrière de la jouissance de ce droit. Elles continuent leur lutte, pas en alliance avec les réformistes du droit bourgeois des femmes, mais en alliance avec les partis socialistes et elles luttent pour le suffrage de la femme comme une des exigences qui, du point de vue du principe et de la pratique, est la plus importante pour la démocratisation du suffrage. »

Déclarant que les partis socialistes dans tous les pays sont « tenus de se battre avec énergie pour l'introduction du vote des femmes », il affirme que le mouvement des femmes socialistes doit prendre part aux luttes organisées par les partis socialistes pour la démocratisation du suffrage, tout en s'assurant que dans ce combat, « il faut insister sur la question du suffrage universel des femmes à cause de son importance d'un point de vue des principes et de la pratique ».

La résolution visant à créer la Journée internationale de la femme déclare que :

« Afin de faire progresser l'émancipation politique des femmes, il est du devoir des femmes socialistes de tous les pays d'agiter infatigablement selon les principes ci-dessus mentionnés au sein des masses laborieuses ; de les éclairer par des discours et la littérature sur la nécessité sociale et l'importance de l'émancipation politique du sexe féminin et utiliser donc toutes les occasions de le faire. En menant cette propagande, elles doivent tirer le meilleur parti en particulier des élections à toutes sortes d'institutions politiques et publiques ».

Les déléguées ont résolu que :

« En accord avec les organisations politiques et syndicales du prolétariat, qui sont animées d'une conscience de classe dans leur pays, les femmes socialistes de toutes nationalités ont à organiser une Journée de la femme spéciale qui, en première ligne, doit promouvoir la propagande pour le suffrage des femmes. Cette demande doit être discutée en relation avec toute la question de la femme selon la conception socialiste des choses sociales. »

L'année précédente, une « Journée de la femme » avait été organisée aux États-Unis, le dernier dimanche de février 1909, par le Comité national des femmes du Parti socialiste américain, marquée par des manifestations pour les droits des femmes. Le suffrage des femmes ainsi que les droits des travailleuses, notamment dans l'industrie du vêtement, ont été au centre de ces manifestations. Cette journée de la femme a honoré les milliers de femmes impliquées dans les nombreuses grèves dans les premières années du XXe siècle dans plusieurs villes, dont Montréal, Chicago, Philadelphie et New-York. Ce fut une période où les femmes se sont jointes à la population active par milliers et ont lutté aux côtés des hommes pour s'organiser collectivement et améliorer leurs conditions brutales de travail.

Plus tard, en 1909, les travailleurs de l'industrie du vêtement à New-York - dont 80 % étaient des femmes - ont quitté leur travail et ont marché pour les droits syndicaux, des salaires décents et des conditions de travail dans ce qu'on a appelé le « soulèvement des 20 000 ». L'arrêt de travail avait été appelé « grève du mouvement des femmes » et s'est poursuivi du 22 novembre 1909 jusqu'au 15 février 1910. La Ligue syndicale des femmes a fourni le cautionnement pour les grévistes arrêtés et d'importantes sommes pour les fonds de grève durant l'arrêt de travail.

Premières célébrations de la Journée internationale de la femme

Le 19 mars 1911 était la date fixée pour la première Journée internationale de la femme par la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes et, mettant en pratique leur résolution, des rassemblements organisés ce jour-là en Autriche, au Danemark, en Allemagne et en Suisse furent suivis par plus d'un million de femmes et d'hommes. « Le vote pour les femmes unira notre force dans la lutte pour le socialisme » était l'appel de ces rassemblements. En plus de la revendication du droit d'élire et d'être élues, elles réclamaient le droit au travail et à la formation professionnelle et la fin de la discrimination au travail. Une femme socialiste écrivait à l'époque :

« La première Journée internationale de la femme a eu lieu en 1911. Son succès a dépassé toutes les attentes. Lors de la Journée de la femme travailleuse, l'Allemagne et l'Autriche ont été témoin du bouillonnement d'une mer houleuse de femmes. Des réunions ont été organisées partout - dans les petites villes et même dans les villages, les salles étaient si bondées qu'elles ont dû demander aux travailleurs masculins de céder leur place aux femmes.

« Ce fut certainement la première démonstration du militantisme des travailleuses. Pour faire changement, les hommes sont restés à la maison avec les enfants et les épouses, les ménagères en captivité, sont allées aux réunions. Pendant les plus grandes manifestations de rue, dans lesquelles 30 000 femmes prenaient part, la police a décidé de retirer les bannières des manifestantes, les travailleuses ont pris position et résisté. Dans la bagarre qui a suivi, un bain de sang a été évité grâce à l'intervention des députés socialistes au Parlement. »

L'année suivante, les femmes en France, aux Pays-Bas et en Suède prirent part à des actions pour marquer la Journée internationale de la femme. Dans la période précédant la déclaration de la Première Guerre mondiale, la célébration de la Journée internationale de la femme s'opposa à la guerre impérialiste et exprima la solidarité entre les travailleuses de pays différents en opposition à l'hystérie chauvine nationale des cercles dirigeants. En Europe par exemple, la Journée internationale de la femme était l'occasion d'envoyer des conférencières d'un pays dans un autre pour offrir leurs salutations.

Les femmes russes célébrèrent leur première Journée internationale de la femme le dernier dimanche de février 1913 (dans le calendrier julien, ce qui correspondait au 8 mars dans le calendrier grégorien en usage ailleurs), sous les conditions brutales de la réaction tsariste. Il n'y avait aucune possibilité que des femmes organisent des manifestations ouvertes mais, dirigées par les femmes communistes, elles ont trouvé des façons de célébrer cette journée. Des articles sur la Journée internationale de la femme furent publiés dans les deux journaux légaux des travailleurs de l'époque, y compris les salutations de Clara Zetkin et autres.

Un essai écrit en 1920 par une militante communiste de l'époque décrit la célébration de 1913 :

« Durant ces années sombres, les réunions étaient interdites. Mais à Petrograd, à la Bourse Kalashaikovsky, ces travailleuses qui appartenaient au Parti ont organisé un forum public sur « La question féminine ». Le prix d'entrée était de cinq kopecks. C'était une réunion illégale mais la salle était remplie. Des membres du Parti ont pris la parole. Mais cette réunion animée 'fermée' était à peine terminée que la police, alarmée au sujet de la tenue d'une telle réunion, est intervenue et a arrêté plusieurs oratrices.

« C'était d'une grande importance pour les travailleurs du monde que les femmes de Russie, qui vivaient sous la répression tsariste, devraient y participer et en quelque sorte reconnaître par des actions la Journée internationale de la femme. C'était un signe encourageant que la Russie se réveille et que les prisons et potences tsaristes soient impuissantes à vaincre l'esprit de lutte et de protestation des travailleurs. »

Les femmes en Russie continuèrent de célébrer la Journée internationale de la femme de diverses manières au cours des années suivantes. Beaucoup de celles engagées dans l'organisation se retrouvèrent dans les prisons tsaristes alors que le slogan « pour le vote aux travailleuses » devenait un appel ouvert pour le renversement de l'autocratie tsariste.

Le premier numéro de Femme ouvrière (Rabotnitsa), une revue pour les femmes de la classe ouvrière, fut publié en 1914. La même année, le Comité central bolchevik décida de créer un comité spécial chargé d'organiser des réunions pour la Journée internationale de la femme. Ces réunions eurent lieu dans les usines et lieux publics pour discuter des questions liées à l'oppression des femmes et pour élire les représentantes parmi celles qui participèrent à ces discussions et adoptèrent des propositions pour travailler sur le nouveau comité.

Journée internationale de la femme de 1917 en Russie

En Russie, en 1917, la Journée internationale de la femme était un moment de lutte intense contre le régime tsariste. Les travailleurs, y compris les travailleuses des industries du textile et de la métallurgie, étaient en grève dans la capitale et l'opposition à la participation de la Russie à la guerre impérialiste qui faisait rage en Europe grandissait. Le 8 mars (23 février dans le calendrier julien), des milliers de femmes descendirent dans les rues de Saint-Pétersbourg dans une grève pour le pain et la paix. Les ouvrières d'usine, rejointes par les épouses de soldats et d'autres femmes, exigèrent « Du pain pour nos enfants » et « Le retour de nos maris des tranchées ». Cette journée a marqué le début de la Révolution de Février, qui a conduit à l'abdication du tsar et à la mise en place d'un gouvernement provisoire.

Le gouvernement provisoire décréta le suffrage universel et reconnut des droits égaux pour les femmes. Suite à la Révolution d'Octobre 1917, le gouvernement bolchevique mit en oeuvre une législation plus avancée qui garantissait dans les lieux de travail le droit des femmes de participer directement à l'activité sociale et politique. Celle-ci éliminait tous les obstacles formels et concrets qui, auparavant, auraient signifié la subordination de leur activité sociale et politique, ainsi que leur soumission aux hommes. Une nouvelle législation sur l'assurance maternité et la santé fut proposée et approuvée en décembre 1917. Un fonds public d'assurance fut créé, sans aucune retenue sur les salaires des travailleurs, qui bénéficiait à la fois aux travailleuses et aux épouses des travailleurs. Cela signifiait que les femmes étaient maintenant traitées à part égale alors que ni elles ni leurs enfants n'étaient dépendants des conjoints et des pères pour leur bien-être.

Après 1917

Le 8 mars, en tant que Journée internationale de la femme, est devenue officiel en 1921 lorsque les femmes bulgares participant au Secrétariat des femmes de l'Internationale communiste proposèrent une motion qu'elle soit célébrée de manière uniforme dans le monde ce jour-là. Le 8 mars fut choisi afin de souligner le rôle joué par les femmes russes dans la révolution dans leur pays, et à travers leurs actions, dans la lutte des femmes pour leur émancipation à l'échelle internationale.

Le premier rassemblement de la Journée internationale de la femme en Australie a eu lieu en 1928. Il a été organisé par les femmes communistes là-bas et a exigé une journée de huit heures, un salaire égal pour un travail égal, les congés payés annuels et un revenu décent pour les chômeurs.

Les femmes espagnoles ont manifesté contre les forces fascistes du général Francisco Franco pour célébrer la Journée internationale de la femme en 1937. Les femmes italiennes ont célébré en 1943 la Journée internationale de la femme par des manifestations militantes contre le dictateur fasciste Benito Mussolini qui envoyait leurs fils mourir durant la Deuxième Guerre mondiale.

De cette façon, depuis 1917, la Journée internationale de la femme a été à la fois une journée de célébration de la lutte des femmes pour se donner un pouvoir d'agir et une journée pour affirmer de manière militante l'opposition des femmes à la guerre impérialiste et à l'agression. Son esprit a toujours été que pour gagner les droits des femmes et la lutte pour la sécurité et la paix, les femmes doivent se mettre au premier rang du combat et des gouvernements qui représentent ces demandes.

(Tiré du numéro du 8 mars 2010 du Marxiste-Léniniste)

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Les libéraux de la Nouvelle-Écosse remettent le pouvoir de décision en
éducation à des intérêts privés

Les Néo-Écossais prennent la parole

Le gouvernement libéral de Nouvelle-Écosse utilise le projet de loi 72, Loi sur la réforme de l'éducation, pour légaliser la remise de l'éducation entre les mains des intérêts privés et la destruction qui s'ensuit de tous les arrangements en vigueur, dont le droit des enseignants et des travailleurs de l'éducation organisés en syndicats de négocier leurs salaires et conditions de travail. Le gouvernement McNeil s'efforce d'imposer l'arbitraire dans la prise de décision et de détruire les arrangements précédents en ce qui concerne les conditions d'emploi et le rôle des membres de la communauté dans l'éducation publique. Le gouvernement effectue ces changements sans que ceux qui sont directement mobilisés dans l'éducation et les gens qu'il prétend représenter aient leur mot à dire ou consentent à ces changements. Les Néo-Écossais persistent à prendre la parole contre cela et se battent pour leurs droits et le droit du corps politique à l'éducation publique.

Le projet de loi 72 a été envoyé au Comité des modifications législatives le 2 mars après qu'il ait passé l'étape de la deuxième lecture. Le 5 mars, le comité a entendu les interventions de plus de 60 personnes qui ont condamné le projet de loi. Les enseignants, les conseillers en orientation, les parents et les représentants du Syndicat des enseignants de Nouvelle-Écosse (NSTU), du Syndicat des employés du gouvernement de la Nouvelle-Écosse (NSGEU) et du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) ont tous dit Non ! au projet de loi. Ils ont demandé aux libéraux de Stephen McNeil de mettre fin à l'imposition de ce projet de loi qui vise soi-disant à réformer le système d'éducation de la Nouvelle-Écosse. Ils disent que ce projet de loi ignore les préoccupations de tous ceux qui travaillent dans le domaine de l'éducation.

Le projet de loi 72 impose de nombreuses recommandations formulées par Avis Glaze, chef de la direction d'Edu-Quest International Inc., une entreprise d'éducation privée dont le siège social est situé à Delta, en Colombie-Britannique. Les libéraux de Stephen McNeil ont demandé à cette entreprise privée de produire un rapport contenant des directives pour changer la structure du système d'éducation en Nouvelle-Écosse. Pour ajouter à l'injure, ils ont constamment ignoré, boudé diront certains, les opinions et les propositions de ceux qui travaillent dans le système d'éducation de la Nouvelle-Écosse.

L'une des principales propositions acceptées dans le projet de loi 72 est de retirer les directeurs d'école, les directeurs adjoints et les administrateurs du Syndicat des enseignants de la Nouvelle-Écosse, une mesure qui n'a rien à voir avec l'amélioration de l'éducation publique par l'augmentation des investissements. Liette Doucet, présidente du NSTU, a dit : « C'est une punition pure et simple pour le rôle important que les directeurs, les directeurs adjoints et les administrateurs ont joué au sein du NSTU depuis sa création jusqu'au ralentissement de travail de l'an dernier et la première grève à l'échelle de la province de l'histoire du NSTU. »

Une autre mesure importante est la dissolution des commissions scolaires élues et leur réorganisation en tant que « centres d'éducation régionaux ». À première vue, ce changement ressemble à une mise en scène, donnant l'impression que quelque chose de décisif et de positif vient d'être accompli. En fait, le pouvoir dans le système d'éducation est centralisé entre les mains du gouvernement provincial qui est un pouvoir exécutif. Le changement établit des précédents en privant les enseignants et les travailleurs du droit de déterminer leurs conditions de travail et les membres des communautés locales du droit de participer à déterminer la direction que doit prendre le système d'éducation et de choisir ceux qu'ils veulent pour le diriger.

Un des aspects les plus odieux de la législation proposée est l'insistance à imposer les recommandations de Glaze, comme si elles étaient parole d'évangile. Le ministre Zach Churchill n'a pas pu s'empêcher de constamment la louanger en présentant le projet de loi à la législature : « Comme Avis Glaze nous a dit de le faire ... » Nous serons en mesure « d'atteindre les buts et les objectifs que madame Glaze a établis pour nous ». « Avis Glaze nous a mis au défi de faire un examen de conscience... et d'aller de l'avant d'une manière qui soit stimulante et qui ébranle le statu quo. »

Il faut se demander comment Avis Glaze a acquis une telle influence sur le gouvernement de la Nouvelle-Écosse. Vit-elle en Nouvelle-Écosse, travaille-t-elle en Nouvelle-Écosse, travaille-t-elle dans le système d'éducation en Nouvelle-Écosse ? La réponse à ces trois questions est non. Comment se fait-il que cette société privée ait réussi à ce point à capter l'attention des libéraux de McNeil au point qu'ils appliquent les « recommandations » de sa pdg sans tenir compte des préoccupations bien connues des Néo-Écossais ? Que les idées soient bonnes ou mauvaises, ce gouvernement est tellement déterminé à imposer le contrôle privé de l'éducation qu'il a perdu tout sentiment de honte. On ne peut laisser entre ses mains la responsabilité envers le peuple de reconnaître le droit des travailleurs de déterminer leurs conditions de travail et de négocier une convention collective et le droit des Néo-Écossais d'avoir leur mot à dire sur le système d'éducation de leurs enfants et des jeunes.

Ceux qui sont mobilisés dans le système d'éducation veulent le développer et le rendre meilleur. Ignorer les besoins du corps politique de mettre de l'avant les réclamations qu'il doit faire est inacceptable. L'opposition au projet de loi 72 est importante. Elle exprime le défi du peuple et va lui permettre d'acquérir l'expérience dont il a besoin pour aller plus loin.

Cela montre que ces intérêts privés sont déterminés à imposer leur diktat sur tous les aspects de la politique publique, dont l'éducation, au moyen de leur mainmise sur l'appareil de l'État, pour faire en sorte que chaque mesure sociale que prend le gouvernement va avantager leur gain privé.

De la même manière, le désir apparent de vengeance du gouvernement montre que les intérêts privés qui contrôlent l'État ne vont jamais se réconcilier avec quelque concession que les travailleurs ont pu arracher si cela empiète le moindrement sur ce qu'ils considèrent leur droit absolu de piller le trésor public et de garantir le paiement de la dette publique. Lorsqu'un progrès même modeste est fait, les intérêts privés ne concèdent pas que la chose a échappé à leur contrôle. Ils décident plutôt de reprendre la lutte dès que c'est possible pour imposer leur diktat sur la politique de l'État et restaurer ainsi leur domination sur la politique fiscale de l'État afin que toute mesure qui est prise leur apporte l'avantage maximum.

La criminalisation des travailleurs et des syndicats qui défendent leurs droits est une victoire à la Pyrrhus. Tant que les travailleurs trouvent des moyens de résister, ils ne pourront pas réussir. Aucun gouvernement qui gouverne sans le consentement des gouvernés ne peut réussir longtemps. Honte aux libéraux ! Les Néo-Écossais vont continuer de prendre la parole!

On peut rejoindre Kevin Corkill à nsworkersforum@yahoo.com.

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Assemblées générales annuelles des syndicats
provinciaux de l'éducation en Ontario

Les enseignants et les travailleurs de l'éducation doivent parler en leur propre nom

Du 9 au 12 mars, la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l'Ontario (FEESO) et l'Association des enseignantes et des enseignants catholiques anglo-ontariens (OECTA) tiennent leur assemblée générale provinciale annuelle.

Ensemble, les deux syndicats représentent environ 105 000 enseignants et travailleurs de l'éducation, qui fournissent les services d'éducation dans les villes, les municipalités et les villages de l'Ontario. L'OECTA représente les enseignants des commissions scolaires anglo-catholiques et la FEESO représente les enseignants et les autres travailleurs de presque tous les secteurs, de la maternelle à l'éducation des adultes dans les commissions scolaires publiques anglo-catholiques et francophones et elle a aussi du personnel dans les écoles et universités privées.

Plusieurs délégués pensent en ce moment aux élections ontariennes du 7 juin. Il est vraiment absurde que dans au moins une de ces assemblées, les dirigeants des trois partis représentés au parlement ontarien ont été invités non pas pour écouter les délégués et entendre leurs opinions, mais pour s'adresser à eux. Un des traits du processus politique non représentatif est de réduire ceux qui connaissent les problèmes et savent comment les résoudre au rôle de spectateurs qui sont censés choisir un représentant qui va parler en leur nom. Ce représentant met en oeuvre un diktat qui provient d'intérêts privés mais les enseignants et les travailleurs de l'éducation, qui sont tous membres du corps politique, sont censés « écouter », et, vienne l'élection, ils sont « libres » de « choisir » celui dont le parti est le plus convaincant quand il déclare se soucier de leurs préoccupations.

Chaque parti a défini les « enjeux » pour les lecteurs qui doivent ensuite « choisir » pour qui voter bien qu'ils n'aient joué aucun rôle dans l'élaboration de ces soi-disant enjeux électoraux. Les enseignants, les travailleurs de l'éducation, les infirmières, les travailleurs industriels et les autres travailleurs qui créent toute la valeur dans la société se font dire qu'ils doivent adapter leurs demandes aux « enjeux » qui sont définis par les firmes de marketing que les partis qui forment le système cartel de partis ont engagées pour diriger leurs campagnes. Si nous ne le faisons pas, alors on nous dit que nos « enjeux » ne sont pas ceux que les partis qui sont capables de « gagner l'élection » ou les « parties prenantes » - qui sont les intérêts privés - ont identifiés. Le cadre dans lequel oeuvrent tous les partis qui luttent pour le pouvoir et la plateforme et les différents « enjeux » qu'ils définissent doivent correspondre à l'ordre du jour global d'austérité néolibérale selon lequel les travailleurs sont un « coût » et payer les riches est l'objectif de la société qu'on le veuille ou non. Cette direction des choses ne peut pas être contestée.

Les enseignants et les travailleurs de l'éducation de l'Ontario et du Canada se sont dressés comme une force puissante qui dit Non ! aux attaques contre nos salaires et nos conditions de travail parce que nous savons que ces conditions sont aussi les conditions d'apprentissage des étudiants.

Nous ne pouvons accepter qu'à chaque jour nous identifions les problèmes et ce dont nous avons besoin pour faire notre travail de façon adéquate, une limite aux tailles de classes, des effectifs adéquats pour les étudiants avec des besoins spéciaux, des services professionnels de santé mentale et d'autres services et que nous n'ayons pas voix au chapitre ou de contrôle pour mettre en oeuvre les changements nécessaires.  Comment s'attaquer à ces problèmes n'est pas l'enjeu auquel nous faisons face au 21e siècle. Le problème est politique. Les travailleurs ont besoin de renouveler le processus politique pour que la prise de décision ne soit pas constamment usurpée par les partis cartellisés et leurs machines de marketing et par les intérêts privés qui dictent ce qu'on peut et ne peut pas faire. Nous devons concentrer nos énergies sur la solution de ce problème. Nous ne sommes pas des quémandeurs. Le temps d'essayer de convaincre les gouvernements de faire ce qu'il faut faire est fini. Nous sommes capables de parler en notre propre nom !

Laura Chesnik est une enseignante au primaire à Windsor en Ontario

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Les objectifs antisociaux derrière le programme d'éliminer la prise de décision locale

Les assemblées générales annuelles de la FEESO et de l'OECTA se tiennent environ un an après que le gouvernement de l'Ontario ait modifié la loi de négociation collective provinciale qu'il a imposée aux enseignants et aux travailleurs de l'éducation de la maternelle à la 12e année et qui permettait de prolonger les conventions collectives provinciales en vigueur afin d'éliminer la négociation locale. Ces conventions collectives prolongées prennent fin le 21 août 2019.

Un objectif majeur qui a animé le gouvernement libéral de l'Ontario et l'élite dirigeante qu'il représente a été d'éliminer petit à petit toute voix décisionnelle des enseignants, des travailleurs de l'éducation et des autres travailleurs du secteur public sur leurs salaires et leurs conditions de travail au niveau local. Cela avait pour but de faciliter l'imposition de leur ordre du jour d'austérité directement à ces travailleurs. Bien que les choses en soient arrivées à un point de rupture avec la Loi de 2012 donnant la priorité aux élèves, l'élite dirigeante n'a pas abandonné cette direction.

Comment affirmer le droit de décider de la direction du système d'éducation en Ontario demeure le problème à résoudre pour les enseignants et les travailleurs de l'éducation. Affirmer ce droit à un mot décisionnel est la condition même de l'affirmation du droit de la jeunesse à une éducation qui sert un projet moderne d'édification nationale pour le Canada.

La perte de négociation au niveau local

Cela fait maintenant deux rondes de négociation de la maternelle au secondaire en six ans où une négociation locale véritable a été éliminée, ce qui a empêché les représentants locaux élus des syndicats et des commissions scolaires d'avoir leur mot à dire. Les commissions scolaires administrent le système d'éducation et établissent la politique qui prescrit le fonctionnement des écoles et affecte donc de façon significative ceux qui fournissent l'éducation et ceux qui la reçoivent. En l'absence de négociations locales, les problèmes qui surgissent à cause de la direction néolibérale d'ensemble qui est imposée au système d'éducation ne cessent de s'aggraver et les commissions scolaires locales font preuve de plus en plus d'arbitraire dans ce qu'elles font.

Plus de violations du droit de grève

Lors de la dernière ronde de négociations entre les collèges de l'Ontario et leur personnel scolaire qui a mené à la grève, le gouvernement a donné le feu vert aux collèges de refuser de négocier avec le personnel scolaire en laissant entendre qu'il allait forcer le personnel à reprendre le travail si aucune entente n'était conclue. C'est ce qui s'est passé alors que le gouvernement a imposé une convention collective au personnel scolaire en imposant l'arbitrage exécutoire qui a éliminé le droit du personnel scolaire de dire Non ! par la grève. Il s'agit là de la méthode la plus récente que le gouvernement ait utilisée pour violer le droit de grève après qu'il ait eu à affronter la résistance de masse à son diktat exercé par la loi 115.

Les objectifs antisociaux sont toujours à l'oeuvre

L'élite dirigeante considère que le désir des enseignants et des travailleurs de l'éducation, de même que des commissions scolaires qui supervisent l'éducation au niveau local, d'exercer le pouvoir décisionnel comme  une entrave à l'imposition de réformes néolibérales. Cela a été exprimé très clairement dans la feuille de route pour la réforme des services publics qui a été commandée par le gouvernement de l'Ontario en 2011. Le gouvernement avait alors nommé l'ancien banquier de TD Don Drummond et un conseil consultatif pour décider de comment restructurer les services publics afin de servir les riches. Le Rapport Drummond qui a été produit a recommandé entre autres choses au gouvernement d'imposer la négociation provinciale de la maternelle à la fin du secondaire afin de renforcer son pouvoir sur les dépenses publiques dans l'éducation, essentiellement les salaires et les conditions de travail des travailleurs. Dans le passé, la négociation provinciale était devenue volontaire suite aux réformes du gouvernement Harris qui avaient notamment éliminé la capacité des commissions scolaires locales de percevoir leurs propres taxes pour financer l'éducation.

L'élimination de la prise de décision locale vise à faciliter le retrait des fonds de l'éducation publique pour payer les intérêts privés qui détiennent la dette publique. Cela se fait en attaquant les salaires et les conditions de travail de ceux qui fournissent l'éducation publique, tout en modifiant ce qui est enseigné et comment c'est enseigné et comment se fait le financement afin de satisfaire plus directement la demande des plus grands monopoles mondiaux d'une force de travail hautement qualifiée pour servir leurs intérêts étroits plutôt que l'édification nationale. Par exemple, en septembre 2017, le gouvernement de l'Ontario a annoncé une « modernisation » du système scolaire en Ontario pour favoriser l'« équité » et les « compétences polyvalentes » sur lesquelles on a dit peu de choses. Ceux qui selon le gouvernement appuient cette modernisation comprennent le géant informatique IBM spécialisé dans le nuage. Il semble que cet examen va réellement commencer suite à la prochaine élection ontarienne. Cette « modernisation » est envisagée alors que l'Ontario se positionne comme une plaque tournante pour les entreprises de haute technologie. La question qui se pose est comment le système d'éducation peut-il être vraiment « modernisé » sans que le pouvoir décisionnel sur la direction de l'éducation et de l'économie n'appartienne à ceux qui fournissent l'éducation ?

Ces dernières années, le gouvernement a aussi cherché à placer sous son contrôle des montants toujours plus grands de prestations et d'avantages de retraite pour les utiliser pour financer diverses manoeuvres pour payer les riches. Le gouvernement Wynne a par exemple modifié ses pratiques comptables pour inclure le Régime de retraite des enseignants de l'Ontario, le plus gros régime de retraite public en Amérique du Nord, comme un avoir gouvernemental bien que le gouvernement ne contrôle pas le fonds. Le gouvernement n'a jamais expliqué de façon sérieuse pourquoi il a agi de la sorte et au service de qui la mesure a été prise. Le vérificateur général de l'Ontario a examiné un certain nombre de pratiques du genre et en a conclu que les comptes du gouvernement deviendraient rapidement peu fiables.

Le gouvernement ontarien a aussi, lors de négociations provinciales, négocié un regroupement de tous les fonds d'avantages sociaux à la retraite gérés localement par les commissions scolaires en une gigantesque Fiducie de soins de santé au bénéfice d'employés. Cette fiducie est supervisée par un conseil d'administration formé de membres nommés par les différents syndicats provinciaux, le gouvernement et les organismes provinciaux de fiduciaires. Une fois sélectionnés, les membres du conseil sont considérés comme des représentants de la fiducie et doivent en vertu de ses règles mener leurs activités dans un cadre où les membres et leur bien-être sont considérés comme un coût et où la fiducie doit maximiser le rendement sur les investissements des énormes fonds qu'elle gère. En vertu de cet arrangement, et bien que l'impression est donnée que les syndicats et les membres ont leur « mot à dire » sur la direction de la fiducie, les membres qui sont nommés sur le conseil représentent la fiducie plutôt que les syndicats provinciaux, sans parler des membres. En plaçant les fiducies partiellement sous son contrôle, le gouvernement ontarien se place lui-même en position de décider comment les actifs du fonds sont utilisés et investis. Les plans que le gouvernement nourrit pour ces fonds qui doivent fournir des avantages à ceux qui fournissent l'éducation n'ont fait l'objet d'aucune discussion publique.

Tandis que la prise de décision locale sur les salaires et les conditions de travail est restreinte, les commissions scolaires locales sont encouragées, incitées et parfois obligées de privatiser la livraison de services publics d'éducation dont elles ont la compétence pour combler le manque d'investissement du gouvernement.

Au nom de l' « internationalisation » du système de l'éducation de l'Ontario, les commissions scolaires ont commencé à participer à la concurrence par le biais d'agences privées de recrutement pour recruter des étudiants internationaux comme source de revenus. Le secteur de la maternelle à la fin du secondaire fait maintenant l'objet de recrutement d'étudiants internationaux pour pallier aux coupures à l'éducation qui ont débuté sous le gouvernement Harper et se sont poursuivies sous le gouvernement McGuinty. En plus, on a de plus en plus recours à des entreprises privées qui fournissent des plate-formes d'éducation en ligne en tant que moyen d'éliminer le facteur humain dans l'éducation et de « faire plus avec moins » au lieu d'améliorer la qualité de l'éducation et d'utiliser la technologie au service du facteur humain. Une fois de plus, on ne s'engage pas dans cette direction en mobilisant ceux qui fournissent l'éducation dans la décision de ce qui est requis. C'est le gouvernement de l'Ontario qui dicte ces choses qui sont ensuite mises en oeuvre par les commissions scolaires.

Ces réformes causent de sérieux problèmes dans le système d'éducation alors que la prise de décision par les représentants élus localement est progressivement éliminée et que les arrangements sont faits sans que ceux qui vont être affectés par les décisions et qui ont à coeur les meilleurs intérêts des étudiants participent dans la décision et aient le droit de dire Non ! Les délégués qui se préparent à participer aux assemblées générales annuelles ont en tête les conséquences de cette direction qui est imposée au système d'éducation de la maternelle à la fin du secondaire. Les syndicats locaux ont d'ailleurs soumis des résolutions touchant les problèmes posés par ce plan provincial d'avantages sociaux à la retraite et la façon dont le gouvernement a utilisé la négociation provinciale pour outrepasser les clauses des conventions collectives locales qui soutenaient des normes plus élevées. Les délégués veulent aussi que la technologie serve l'éducation.

Ces préoccupations montrent que les enseignants et les travailleurs de l'éducation n'ont pas leur mot décisionnel à dire présentement sur leurs conditions de travail et qu'ils doivent affirmer leur droit de déterminer leurs salaires et leurs conditions de travail car ce sont les conditions d'apprentissage des étudiants.

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Le personnel enseignant de l'Université York déclenche la grève


Manifestation à l'Université York le 5 mars 2018

Le 5 mars, les aide-enseignants, les assistants diplômés et les enseignants à temps partiel de l'Université York, membres de la section locale 3903 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), ont déclenché la grève après avoir rejeté massivement l'offre finale de l'Université York.

La section locale 3903 du SCFP représente près de 3 000 enseignants à contrat, assistants d'enseignement, professeurs adjoints, assistants diplômés et assistants de recherche à l'Université York au sein de trois unités distinctes : l'unité 1 (étudiants diplômés ayant un contrat d'enseignement, pour la plupart des assistants d'enseignement), l'unité 2 (personnel enseignant contractuel) et l'unité 3 (professeurs adjoints d'université). Les trois unités tentent de négocier une convention collective avec York depuis plusieurs mois déjà.

Lors d'assemblées où la participation fut massive, c'est par un Non ! retentissant que les membres des trois unités ont voté contre la présentation de l'« offre finale » de l'Université York à un vote de ratification. « Nos membres ont de façon claire et sans équivoque transmis à l'administration de l'Université York le même message que nous lui faisons parvenir depuis des mois, que ses positions à la table de négociation sont inacceptables », a dit Devin Levebvre le président de la section locale 3903 du SCFP.

« L'université aurait pu écouter ce que nous avons à lui dire et elle aurait pu négocier. Elle a plutôt choisi de défendre des positions qu'elle savait inacceptables auprès du comité de négociation et des membres », a dit Lefebvre.

Il a dit à CBC que le syndicat considère qu'il y a trois questions prioritaires qui doivent être traitées : la sécurité d'emploi pour le personnel contractuel, l'accessibilité et l'équité au travail et un financement stable et prévisible des études supérieures.

Démontrant que la lutte du personnel enseignant des collèges de l'Ontario pour des conditions de travail stables est aussi une préoccupation dans les universités, Maija Duncan, l'agente de communications du syndicat, a dit que le personnel contractuel apprend parfois seulement quelques jours à l'avance s'il enseignera ou pas au cours du prochain semestre. « Beaucoup de gens enseignent à York depuis cinq, dix, parfois vingt ans et à chaque semestre ils doivent repostuler s'ils veulent travailler », a -t-elle dit.

« Nous sommes profondément préoccupés que l'administration soutienne que tout se déroulera comme d'habitude et qu'elle n'annulera pas les cours », a dit Devin Lefebvre. L'administration se doit d'être honnête envers les étudiants. Nos membres ont la responsabilité de livrer 60 % des cours sur le campus et tout ne se déroulera définitivement pas comme d'habitude »

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Les travailleurs de Carleton disent Non! aux attaques à leur régime de retraite à prestations déterminées

Le 5 mars, huit cents membres du personnel administratif, technique et des bibliothèques de l'Université Carleton ont entamé une grève pour défendre leurs régimes de retraite à prestations déterminées. Le syndicat souligne que bien que l'administration prétende le contraire, elle exige la suppression des termes clés qui protègent les membres contre les modifications aux dispositions du régime de retraite qu'elle est en mesure de décider sans l'accord du syndicat. L'université a tenté de dépeindre le syndicat comme cherchant un « traitement spécial » pour son régime de retraite parce qu'il refuse d'accepter les changements apportés par l'université aux dispositions qui se réfèrent à son unité de négociation dans le régime de retraite commun de tous les employés de l'université. Le syndicat a répondu que les protections qu'il veut garder contre les changements apportés à son régime de retraite à prestations déterminées bénéficient à tous les participants au régime et que, dans d'autres institutions, il arrive que différents groupes qui font partie d'un régime commun aient des dispositions différentes.

L'université répand de la désinformation sur les demandes du syndicat, les présentant comme une tentative de prendre le contrôle du régime de retraite. Le  syndicat a répliqué en expliquant pourquoi il défend avec une telle détermination le régime de retraite contre des modifications arbitraires. 

« Au cours des 15 dernières années, Carleton a mis en oeuvre une série de réductions très importantes des avantages du régime de retraite, dont l'élimination du pont permettant de prendre une retraite anticipée, une augmentation de la pénalité pour une retraite anticipée et, surtout, l'élimination de la protection dans le régime contre la réduction des avantages postérieurs à l'emploi (la « garantie de non réduction » qu'aucune autre université ontarienne ayant un régime hybride n'a supprimée).

« Mais ce n'est pas le pire. En 2010, l'université a décidé de demander aux participants de payer une part importante de l'obligation de cotisations de l'employeur, soit environ 2 % de la masse salariale. Cela contrevenait à la convention collective de la section locale 2424 du SCFP et un grief a été déposé à ce sujet en 2010. La résolution de ce grief en 2015 n'a été qu'une mesure temporaire - une lettre d'entente qui a pris fin en 2017 avec notre convention collective. L'employeur a alors proposé à la table de négociation de supprimer le libellé du contrat qui protège notre taux de cotisation au régime de retraite face à des changements ultérieurs qui seraient faits sans le consentement du syndicat. Il s'agit clairement d'une concession - cette disposition qui protège nos taux de cotisation est inscrite dans notre convention collective depuis plus de 40 ans et l'employeur n'a pas donné de bonnes raisons de la retirer. Comme nous l'avons fait pour régler le grief, le syndicat a de nouveau offert d'accepter le maintien de l'augmentation des tarifs de 2011 jusqu'à son expiration en 2021. L'employeur a rejeté notre proposition et exigé que cette disposition soit éliminée de la convention collective de nos membres. » 

Forum ouvrier appuie entièrement les travailleurs en grève de Carleton et lance l'appel à tous d'aider à faire échouer les tentatives de l'université de diviser les divers collectifs de travailleurs de l'université pour imposer sa restructuration antisociale du régime de retraite.

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