15 février 2018
Les infirmières du
Québec agissent pour mettre fin à
la crise dans leur secteur
Briser le silence
sur des conditions
de travail intenables et la dégradation
des soins aux patients
- Pierre Chénier -
Manifestation des infirmières devant l'hôpital
Hôtel-Dieu de Lévis le 1er décembre 2017
Les infirmières du Québec
agissent pour mettre fin à la crise dans leur secteur
• Briser le silence sur
des conditions de travail intenables et
la dégradation des soins
aux patients - Pierre Chénier
• Entrevue
avec Félix-Olivier Bonneville, vice-président,
responsable de la
catégorie du personnel en soins infirmiers et
cardiorespiratoires,
FSSS-CSN
Nouvelle-Écosse
• Les infirmières obtiennent du
succès dans la lutte à la défense de leurs droits
et des droits de tous
Sous-développement
chronique
dans
les
provinces
atlantiques
• Fermeture de l'ancienne usine d'aliments
McCain à Saint-André au
Nouveau-Brunswick
Les compagnies
minières « nagent dans l'argent »
• Les travailleurs savent où l'argent va
• Répercussions négatives de
l'expropriation privée de la valeur
sociale - K.C. Adams
Les infirmières du Québec
agissent pour mettre fin à la crise dans leur secteur
Briser le silence sur des
conditions de travail intenables et la dégradation des soins
aux patients
- Pierre Chénier -
Pour tenter de résoudre la crise
dans leur secteur,
les infirmières du Québec intensifient leur campagne pour
briser le
silence sur leurs conditions de travail intenables qui rendent
impossible la livraison adéquate des services de santé
à la population.
Un message affiché sur Facebook par une
infirmière de l'Estrie
à la
fin janvier, dans lequel elle déplorait le caractère
inhumain des
conditions de travail et leur impact sur l'intégrité
physique et
mentale des infirmières, est devenu viral en quelques jours.
Les infirmières ont mené plusieurs
actions ces dernières semaines
pour alerter le public sur la situation à laquelle
elles-mêmes et leurs
patients font face depuis plusieurs années. Elles ont tenu des
manifestations devant les différents centres de santé et
des sit-in
dans les hôpitaux. Le fait qu'elles
mènent des actions
directement dans les
endroits de travail montre la gravité de la situation. Les
infirmières
font aussi circuler des déclarations d'appui à leur
cause. Un syndicat a fourni des formulaires de
soins
sécuritaires à ses membres pour qu'elles rapportent des
situations
dangereuses qui se produisent au travail et qui compromettent la
qualité et la sécurité des soins fournis aux
patients. Les
infirmières
participent
à des regroupements avec des associations de patients, des
groupes de
médecins et même des gestionnaires qui en ont assez et ne
veulent plus
se taire. Ces collaborations se forment devant la
réalité de la crise du
système de santé pour discuter et proposer des
solutions aux problèmes.
Les infirmières prennent la parole en
dépit de menaces de
représailles, dont des suspensions, pour
avoir
parlé de situations inacceptables. Elles et
leurs syndicats
ont mis de l'avant différents slogans qui illustrent bien le
sens de
leur action, dont « On ne se taira plus ! » et
« On a notre
quota ! ».
Certaines parlent de la «
loi du silence » qu'on cherche
à leur imposer. Elles se réfèrent ainsi à
une situation complexe qui
est créée avec la restructuration antisociale du
système de santé dont
un pilier est la Loi 10, la Loi modifiant l'organisation et la
gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux
notamment par l'abolition des agences régionales,
adoptée sous le bâillon par le gouvernement du
Québec en 2015. Il
s'agit d'une loi de concentration de pouvoirs dans les mains du
ministre de la Santé qui affecte tous les aspects du
fonctionnement des
établissements de santé. Le ministre a le pouvoir de
nomination,
d'autorisation et de
révocation des conseils d'administration, le pouvoir d'ordonner
des
fusions d'établissements, de décider des budgets des
établissements et
des structures organisationnelles. Surtout, il a imposé par
cette loi le concept que la réforme de la santé telle
qu'effectuée par
cette loi est une réforme strictement administrative qui vise
à mieux
coordonner les soins de santé et qui n'affecte pas les soins.
C'est
absurde de prétendre que les tâches administratives sont
sans rapport
avec les soins, ou que les coupures de personnel administratif
n'affectent pas les soins, ou encore que la centralisation des
tâches
administratives ne se fait pas au détriment des besoins locaux
ou
individuels.
Par cette affirmation, le ministre se donne le pouvoir
de déclarer
que toutes les conséquences négatives de ses actions
intéressées, qui
sont exigées par les intérêts privés qui
se sont emparés du système
de santé public, sont imputables à la négligence
au
niveau local. Les
coupures de services et toute dégradation des soins sont ainsi
imputées
à
la mauvaise gestion administrative des gestionnaires locaux ou au refus
du changement de la part des infirmières et des travailleurs
et travailleuses de la santé en général.
« Il n'y a pas de coupures ou de
dégradation des soins » est le
mot d'ordre du ministre. Conséquemment, la dénonciation
sur la place
publique des coupures dans la santé devient une « action
concertée » de
nature politique des
syndicats juste pour discréditer le gouvernement ou encore une
violation
du
mandat des gestionnaires de procéder à une « saine
gestion » des centres de santé selon le diktat du
ministre. Non
seulement les infirmières se font-elles dire qu'elles ont un
devoir
déontologique de ne pas laisser les patients sans service
infirmier et sont donc souvent forcées de faire des
journées de 16 heures, mais on leur rappelle aussi leur
devoir de
loyauté
envers les employeurs qui est interprété comme une
interdiction de
parler de ce qui se passe au travail
Autrement dit, un système de gestion de type
mafieux est imposé pour
faire en sorte que les objectifs privés l'emportent tandis que
le
gouvernement nie l'existence des problèmes qui ne cessent de
s'aggraver. Le chaos devient la norme, mais les problèmes sont
balayés sous le tapis au moyen de pressions de toutes sortes, y
compris les
révocations
de gestionnaires et les suspensions d'infirmières et autres
travailleurs et travailleuses de la
santé. Cela ne fait qu'aggraver la détresse physique,
mentale et
émotionnelle
des infirmières et dégrader encore plus les soins aux
patients au point
de mettre leur vie en danger.
Pour ajouter à l'insulte, dans une situation qui
est déjà exacerbée
par la privatisation des soins de santé, la privatisation encore
plus
poussée est présentée comme la seule solution
possible à tout ce
dysfonctionnement ! Ce type de gestion et de direction que les
intérêts
privés ont imposé au système de santé est
contraire aux besoins du
corps politique. Une société moderne repose sur une
économie
socialisée où les travailleurs produisent en commun, et
cela s'applique
aussi aux travailleurs et travailleuses de la santé, une immense
valeur
pour la société. Les infirmières qui s'occupent
des patients en notre
nom doivent avoir le droit de déterminer les conditions de
travail et
les
salaires dont elles ont besoin pour que les services qu'elles
dispensent soient faits de manière responsable. Elles
ont le droit
à leur mot à dire pour déterminer où les
investissements sont requis et
quelles conditions elles ont besoin pour livrer les services.
Les infirmières font une contribution importante
à leur propre bien-être qui est essentiel au
bien-être de tous
les membres qui forment la société et qui
dépendent du système de santé. En brisant le
silence
étouffant qui leur est
imposé et en intervenant sur la place publique pour
dénoncer ces
situations, pour prendre position contre la dégradation de leurs
conditions
de travail
et des services de santé dont les gens dépendent, elles
accomplissent
le premier pas nécessaire dans la lutte pour mettre fin à
la crise dans
le secteur de la santé. La position que prennent les
infirmières était plus que nécessaire. Elle est
courageuse et mérite l'appui de
tous et de toutes.
Entrevue avec Félix-Olivier Bonneville,
vice-président, responsable
de la catégorie du personnel en soins infirmiers et
cardiorespiratoires, FSSS-CSN
Piquetage de
membres de la
FSSS-CSN du réseau de la santé à Gatineau, le 12
février 2018, pour marquer
le 3e anniversaire de la Loi 10 antisociale qui a des effets
négatifs sérieux sur le système de santé.
Forum ouvrier : Depuis
quelques semaines, les
infirmières du Québec ont intensifié leur campagne
pour briser le
silence sur leurs conditions de travail qui sont aussi les conditions
de la livraison des soins de santé à la population.
Comment
caractérises-tu la situation à laquelle les
infirmières font face en
ce
moment ?
Félix-Olivier Bonneville :
Nous vivons une
pénurie d'employés. Il est difficile de trouver des
infirmières. Il y a
aussi beaucoup d'infirmières qui sont diplômées
mais qui n'ont pas
rejoint le système public. Le chiffre était
d'environ 1600 depuis un an
qui ne sont pas entrées dans le système public. Il y a eu
un
sondage qui leur a été envoyé pour savoir les
raisons qui les poussent
à ne pas rejoindre le réseau. Est-ce pour poursuivre
leurs études,
réorienter leur carrière, etc. ?
Cela aussi est combiné à une gestion des
horaires qui fait qu'on se
retrouve avec du temps supplémentaire obligatoire à
foison. Il y a
aussi les problèmes d'attraction et de rétention de
personnel. Beaucoup
d'infirmières laissent la profession dans leurs 5
premières années de
travail. Il y a le problème des ratios du nombre de patients par
infirmière en vertu desquels la charge de travail augmente
constamment.
Cela se produit, il ne faut pas oublier, dans les conditions où
les cas
sont de plus en plus lourds ne serait-ce que par le vieillissement de
la population ; il y a les avancées dans la science, qui
font qu'on
sauve maintenant des patients qu'on ne sauvait pas auparavant. La
complexité des soins augmente en même temps que la charge
de travail
augmente.
La pénurie influe sur l'organisation du travail
et plus on a une
charge de travail élevée, plus on fait face à
toute une série de
problèmes qui en découlent. La santé et
la sécurité au travail sont
affectées. On vit notamment les troubles de santé
mentale,
l'épuisement
professionnel, la liste est longue.
Le temps supplémentaire obligatoire est devenu
une réalité dans le
monde infirmier. On a l'impression que c'est même devenu un outil
de
gestion. En tant qu'infirmier on a un devoir déontologique de ne
pas
abandonner un patient, c'est quelque chose qui nous est remis en pleine
face par les gestionnaires, qu'on doit offrir les soins et s'il n'y a
pas une relève pour assurer ces soins
sécuritaires-là, on se fait
rappeler que c'est notre responsabilité de rester. Par contre
nous
avons aussi un droit et un devoir de dire qu'à un moment
donné on n'est
plus apte à avoir la vigilance nécessaire pour fournir le
soin.
Après 16 heures de travail, on n'a plus la vigilance
nécessaire pour le
faire.
C'est un stress continuel qui affecte beaucoup le personnel infirmier.
Si en plus tu es à temps complet, tu fais déjà une
semaine complète de
travail, avec le temps supplémentaire obligatoire tu te ramasses
avec
de très grosses semaines. C'est pour cela que les emplois
à temps partiel sont si populaires parce que, de toute
façon, les infirmières engagées à temps
partiel vont être contraintes de faire des heures
supplémentaires. Un temps partiel leur offre des semaines de
travail plus raisonnables.
Il faut tenir compte aussi des compressions
budgétaires qui ont été
appliquées depuis au moins cinq ans. Ces compressions-là
font qu'il y a
des économies de bout de chandelle qui se font partout. Elles se
font
par exemple sur le dos des employés de bureau ; il y a
moins d'agents
administratifs pour gérer les tâches administratives. Ce
travail incombe alors aux infirmières. Les coupures s'appliquent
aussi
aux préposés aux bénéficiaires, dont on
diminue le nombre par unité de
soins. Cela retombe aussi dans la cour des infirmières, vient
alourdir
leur charge.
Maintenant, si vous ajoutez à cela la
Loi 10, les bouleversements
que la Loi 10 a apportés, on voit qu'on demande de plus en
plus de
mobilité et de flexibilité aux infirmières et aux
membres du réseau. Il
y a moins de stabilité dans les conditions de travail, et cela a
un
impact sur la santé des employés et sur la
rétention des
employés. On a de moins en moins de port d'attache comme
auparavant.
Avant, si votre poste était dans un CLSC, vous restiez dans le
CLSC.
Maintenant on peut être transféré ailleurs selon le
besoin. Cela a un
grand impact sur la rétention. Il faut comprendre que la
mobilité et la
flexibilité se font maintenant à l'intérieur
d'établissements qui sont
rendus tellement gros qu'un établissement peut couvrir toute une
région
administrative. [1]
Par exemple, le CISSS (Centre intégré de santé et
de services sociaux)
du Bas-Saint-Laurent est gigantesque. La mobilité et la
flexibilité qui
sont exigées affectent de manière particulièrement
aigue les gens sur
les
listes de rappel, surtout les employés de soutien.
Il devient aussi de plus en plus difficile de
rencontrer les
gestionnaires pour régler un problème en amont. En plus,
un même
gestionnaire peut avoir à gérer des unités
très différentes l'une de
l'autre. Gérer un CLSC et un Centre Jeunesse ce n'est pas la
même chose.
Bref, la restructuration de la santé qui a
été faite nous affecte directement.
FO : Quel travail la
FSSS et ses syndicats font-ils pour changer la situation ?
FOB : La
première étape serait de pouvoir
s'asseoir avec le ministre de la Santé Gaétan Barrette.
Cela fait des
mois qu'on lui a envoyé une demande de rencontre avec la
fédération et
nous n'avons reçu qu'un accusé de réception.
Vigile devant l'Assemblée nationale le 6 février 2015
contre l'adoption de la Loi 10
|
On travaille très fort en ce moment parce qu'en
vertu de la Loi 10,
nous sommes en pleine négociation locale des matières qui
ne sont pas
dans la convention collective qu'on a signée nationalement.
C'est dans
cette négociation locale qu'on cherche à donner plus de
stabilité à nos
membres, par exemple en établissant des postes à temps
complet qui ne sont pas soumis à du temps supplémentaire
obligatoire.[2]
Il y a quelque chose de nouveau qui se produit en ce
moment, c'est
le travail que nous faisons en commun avec des gestionnaires, des
groupes de médecins, des associations de patients pour amener
des
solutions aux problèmes du système de santé. On
appelle cela le
mouvement 15 Solutions et la CSN en fait partie. Je ne suis pas
très
vieux mais je ne me rappelle pas qu'on se soit assis avec des
gestionnaires dans un regroupement pour travailler tous ensemble pour
améliorer les choses.
C'est important d'amener ces choses-là sur la
place
publique. Avant il
y avait des infrastructures dans le réseau où on
pouvait aller
soulever les problèmes et discuter de ce qui se passe, mais la
réforme
du système de santé a aboli ces instances. Le ministre
Barrette nous
dit de ne pas aller sur la place publique et on nous rappelle
constamment
notre devoir de loyauté envers notre employeur qui nous pousse
au
silence, mais on n'a pas le choix que d'aller sur la place publique
pour
faire passer notre message. D'ailleurs même les gestionnaires
commencent à parler publiquement parce que cette réforme
adoptée sous
le bâillon est ingérable.
C'est important que la population fasse comprendre au
ministre que
les services publics sont importants, qu'on est prêts à se
battre pour
eux, qu'on veut garder nos services publics et les garder comme des
services de qualité. Le ministre aime beaucoup la privatisation,
avec
les Groupes de médecins de famille notamment qui sont des
groupes
privés. Leur but est supposément d'offrir des
médecins de famille à
tout le monde, mais il reste qu'ils vont chercher leurs ressources dans
nos CLSC, lesquelles migrent ainsi vers le privé. Les CLSC,
c'est un
fleuron, il faut les améliorer, pas les détruire.
On voit que les pouvoirs économiques ne nous
entraînent pas vers plus de solidarité sociale et il y a
plein de combats à mener.
1. La Loi 10, Loi modifiant
l'organisation et la gouvernance du réseau de la santé et
des services
sociaux notamment par l'abolition des agences régionales, a
été
adoptée sous le bâillon le 7 février 2015
par le gouvernement libéral
de Philippe Couillard en dépit de l'opposition massive
des travailleurs et travailleuses de la santé et de gens de tous
milieux. Elle concentre le pouvoir décisionnel de tout le
système de
santé dans les mains du ministre de la Santé par le biais
d'instances
administratives dont les membres sont nommés ou autorisés
par le
ministre. Elle élargit grandement la notion
d'établissement de soins de
santé qui
devient un méga-établissement qui peut aller
jusqu'à couvrir une région
entière, ce qui donne un pouvoir accru direct d'action au
ministre pour
démanteler les services ou les privatiser sur une vaste
échelle.
2. La Loi 10 a imposé une fusion des
accréditations syndicales, ce qui fait que les conventions
collectives
locales doivent être renégociées dans l'ensemble
des syndicats touchés
par les fusions.
Le délai de négociation des stipulations
locales est très serré.
Les syndicats ont un peu plus de 12 mois pour mener ces
négociations et
si les parties ne s'entendent pas, c'est un médiateur-arbitre
qui
tranche. Les négociations locales portent sur des choses qui
n'ont pas
été adoptées dans la négociation aux tables
nationales, comme la
mobilité de main-d'oeuvre, l'aménagement des heures et de
la semaine de
travail, les modalités relatives à la prise du temps
supplémentaire, au
rappel au travail et à la disponibilité, etc.
Nouvelle-Écosse
Les infirmières obtiennent du succès dans
la lutte à la défense de leurs droits et des droits de
tous
Pancartes de la grève de 2014 des infirmières de
Nouvelle-Écosse
Au début de janvier, 167 infirmières
et infirmiers du Syndicat des
employés généraux du gouvernement de la
Nouvelle-Écosse (NSGEU) ont
remporté une petite victoire face aux attaques des
libéraux de Stephen McNeil
contre les droits des travailleurs. Le 1er avril 2014, ces
infirmières
ont déclenché une grève malgré la Loi 37
du gouvernement McNeil, la Loi sur
les services essentiels
dans la santé et les
services communautaires, qui a
déclaré illégal le droit de certains travailleurs
jugés « essentiels »
de retirer leur capacité de travailler. Par le biais d'autres
mesures
législatives prises depuis lors, les libéraux de Stephen
McNeil ont
cherché à imposer
leur diktat aux travailleurs du secteur public,
aux enseignants et aux travailleurs de la santé en utilisant des
pouvoirs de police déguisés en législation.
Face à des conditions inacceptables,
les 167 infirmières avaient
pris des mesures en 2014 pour défendre leurs droits et
elles ont
été
suspendues par les Autorités de la santé du District de
la capitale
pendant deux jours après leur grève «
illégale ». Le NSGEU a déposé 167
griefs à ce moment-là, soutenant que la mesure
disciplinaire était injuste, excessive et arbitraire.
L'affaire est allée devant un
médiateur-arbitre qui a ordonné que
la lettre de suspension soit retirée du dossier personnel des
infirmières. En outre, les suspensions sans solde de deux jours
ont été
réduites à une journée de suspension non
payée et à une journée de
suspension payée. Le président du NSGEU, Jason MacLean, a
déclaré suite à la
décision : « Le NSGEU est fier de ses
infirmières et de leur volonté de
tenir tête au gouvernement qui utilise la loi pour les priver de
leurs droits.
Pendant ce temps, les infirmières sont allées en
grève illégale puis en grève légale
quelques jours plus tard. Elles se sont
tenues debout
... et les infirmières forcées de rester au travail et de
fournir des
services d'urgence les ont appuyées de mille et une
façons. »
En effet, les travailleurs qui défendent leurs
droits assument leur
responsabilité sociale de se défendre et
de défendre les droits de tous. Quand les employés
gouvernementaux défendent leurs conditions de travail, ils
défendent le niveau de services
publics qui sont offerts, que ce soit l'éducation, les soins de
santé ou d'autres
services
publics sur
lesquels les Canadiens comptent chaque jour. Forum ouvrier
félicite les infirmières de la Nouvelle-Écosse et
du Québec qui se sont
levées et sont allées au front pour défendre
leurs droits et les
droits de tous à des programmes sociaux et des services publics
dont
les gens ont besoin et qu'ils méritent.
Sous-développement chronique dans
les provinces atlantiquess
Fermeture de l'ancienne usine d'aliments McCain
à Saint-André au Nouveau-Brunswick
Une fois de plus les gens des provinces de l'Atlantique
font face à
une attaque cruelle contre eux et leur économie. L'empire de
l'alimentation Dr. Oetker a annoncé qu'il va fermer l'ancienne
usine
d'aliments McCain dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick en mai
prochain.[1] Il a annoncé
que la production de l'usine va être
déménagée
vers des installations qu'il contrôle à London, en
Ontario, et à Lodi,
au New Jersey.
La perte de 180 emplois manufacturiers aura de
sérieuses
répercussions sur la communauté de 18 000
habitants dans la région de
Grand Sault/Grand Falls où Saint-André est située.
La disparition de la
valeur reproduite en salaires, en avantages sociaux et en
régimes de
retraite pour ceux qui travaillent directement dans
l'usine est amplifiée par la perte de revenus provenant de
l'approvisionnement et du transport du produit social produit et par la
perte de possibilité de réinvestissement dans l'usine et
dans la
communauté en utilisant la valeur ajoutée à
venir.
Cherchant à faire passer la compagnie pour
socialement responsable,
la vice-présidente exécutive de Dr. Oetker, Cécile
Van Zandijcke, a
dit : « Nous sommes très préoccupés par
le sort de notre équipe de
Grand Falls et nous allons nous asseoir avec chaque travailleur pour
discuter d'un parcours d'avenir spécifique pour lui. C'est notre
objectif immédiat à partir de maintenant »,
a-t-elle dit.
« Nos employés ont fait tout ce qu'ils
devaient faire, mais les
industries de l'alimentation sont aux prises avec d'importantes
secousses économiques depuis quelques années et le
marché aujourd'hui
est rendu ultracompétitif. Pour que Dr. Oetker puisse continuer
d'opérer avec efficacité dans ce contexte difficile, nous
devions nous
tourner vers
la restructuration de notre opération manufacturière
canadienne, » a
dit Van Zandijcke.
Sur le site web de Dr. Oetker on peut lire :
« Les employés
bénéficieront d'une indemnité de départ
supérieure aux exigences
réglementaires. Ils recevront en surcroît un appui et de
l'aide dans
leur planification de carrière. La compagnie maintiendra son
régime
médical et dentaire jusqu'au 31 décembre 2018.
« Dr. Oetker mettra aussi sur pied un Fonds
communautaire de 4
millions $ pour Grand Falls comme contribution à la
requalification à l'emploi et au développement
économique et
travaillera avec tous
les niveaux de gouvernement, y compris avec le maire de Grand
Falls. »
En fait, nous avons affaire à une compagnie
prédatrice qui, comme
toutes les autres, recherche le meilleur rendement sur son
investissement. Ces efforts de relations publiques et ces belles
paroles au sujet de « l'approche environnementale de la famille
envers
la gestion de l'entreprise, ses initiatives pour assurer des emplois
ainsi que son
engagement général sur les plans social et
culturel » visent à
désinformer le corps politique pour que celui-ci accepte son
sort comme
s'il était décrété par l'au-delà et
pour qu'il sympathise avec la
compagnie plutôt que de lutter pour une économie dont la
direction est
établie en fonction de la satisfaction des besoins du peuple et
où
la
destruction
nationale est déclarée illégale.
L'entreprise qui est la propriété de la
famille a pris le contrôle
de l'usine il y a moins de quatre ans lorsque ses propriétaires
ont
fait l'acquisition de la division de pizza congelée de McCain.
Lorsqu'ils ont annoncé la fermeture, ils ont
répété le refrain habituel
d'« un marché alimentaire ultracompétitif et de
plus en plus
difficile » et du
besoin de « restructuration de nos opérations
manufacturières
canadiennes ». Cette affirmation simpliste passe sous
silence qu'au
moment de l'acquisition de la division de pizza congelée de
McCain
en 2014, la compagnie était en train de construire une
nouvelle usine
d'aliments à London en Ontario grâce aux 19
millions $
de subsides fédéraux et provinciaux pour payer les
riches. Elle a aussi
décidé qu'elle allait seulement louer l'usine de
Saint-André. Ceux qui
contrôlent l'empire McCain savaient certainement en 2014 que
les
nouveaux propriétaires n'avaient aucune intention de maintenir
la
production à l'usine de Saint-André. McCain pour sa part
n'avait jamais eu l'intention de renouveler l'installation en utilisant
la
nouvelle valeur produite à l'usine et les Allemands ne voulaient
pas le faire non plus quand ils en ont pris le contrôle.
Andrea Davis, la directrice des relations publiques et
gouvernementales de McCain, manque de franchise quand elle se dit
«
surprise et déçue » de la nouvelle de la
fermeture de l'usine. « On ne
nous avait donné aucun signe que l'usine était en
difficulté et comme
l'annonce du projet de fermeture de Dr. Oetker est très
récente, nous
n'avons pas eu le temps d'examiner la situation à long
terme », a-t-elle dit.
L'usine qui va fermer est louée et appartient
toujours à
l'empire McCain. Est-ce que McCain va la ressusciter après avoir
déjà
vendu sa division de pizza congelée ? C'est peu probable.
Le problème est clair. La classe ouvrière
des provinces de
l'Atlantique n'a pas plus de contrôle ou de mot à dire sur
son travail,
sur son économie ou sur son destin que la classe ouvrière
ailleurs au
pays. Les travailleurs ont besoin d'une économie à
secteurs multiples
qui subvienne à ses besoins. Depuis des décennies,
l'empire McCain et,
depuis trois ans, les propriétaires milliardaires allemands de
Dr.
Oetker, ont pris la valeur ajoutée produite par les travailleurs
à
l'usine de Saint-André et d'autres installations pour leur
propre usage, comme profit d'entreprise, d'intérêt ou de
loyer ou comme
investissement dans de nouvelles installations ailleurs et pour
d'autres projets. De toute
évidence, la valeur ajoutée n'a pas été
retournée à l'usine de
Saint-André ni récemment ni lorsqu'elle faisait partie de
l'empire
McCain. Sinon, elle n'aurait pas autant besoin d'un sérieux
renouvellement.
Sans des rénovations et un renouvellement
constants, la
dépréciation qui s'en suit permet aux
intérêts privés de déclarer tout
bonnement que l'usine est vieille et louée, et qu'on ne peut
rien faire
sauf la détruire et déménager la production aux
États-Unis et en
Ontario. Les propriétaires privés de Dr. Oetker ne vivent
pas et ne
travaillent pas au
Nouveau-Brunswick
où le taux de chômage en décembre était
de 7,8 %, alors que la moyenne
nationale était de 5,7 %. Ces intérêts
privés se fixent comme objectif
de devancer la compétition pour qu'ils puissent, au
détriment des
autres, empocher les profits à l'échelle mondiale.
En 2014,
l'empire commercial Oetker était évalué,
selon Forbes, à 12 milliards $ et chacun des huit
enfants a hérité
d'une part égale de 12.5 %, soit environ 1,5
milliard $ chacun. Les
provinces de l'Atlantique ne font pas partie de leurs plans sauf celui
d'une exploitation momentanée.[2]
Suite à l'annonce de la fermeture de l'usine,
les médias
monopolisés ont paradé leurs experts et politiciens pour
tenter
d'expliquer le problème avec leur refrain usé à la
corde qu'on ne peut
rien faire et qu'il n'y a pas d'alternative. Leur intervention vise
à
décourager la classe ouvrière de discuter de la situation
et
d'envisager des
alternatives.
Les médias citent Sylvain Charlebois, le doyen
de la faculté
d'administration de l'Université Dalhousie à Halifax, qui
explique la
destruction des provinces de l'Atlantique à partir de la
conception du
monde décadente des impérialistes. Il dit : «
Des employeurs étrangers,
devant les coûts élevés au Canada et une devise
volatile, sont peu
disposés à dépenser des millions en technologie
robotique et en
systèmes automatisés pour renouveler des usines
canadiennes décrépites.
Ils préfèrent fermer et déménager la
production vers d'autres usines.
La concentration élevée de propriétés
étrangères fait en sorte que le
secteur manufacturier alimentaire est vulnérable aux pertes
d'emploi.
Cela se
produit depuis plus d'une décennie. Les Canadiens ont peu de
contrôle
sur ces décisions... Je ne crois pas que les choses vont
s'arrêter là. Il y aura d'autres fermetures. »
[3]
Le tour est joué ! Il n'y a rien à
discuter
puisque, de toute façon, les
Canadiens n'ont aucun contrôle. La destruction nationale est
inévitable
et on n'y peut rien. Le professeur décrit une situation sans
offrir un
point d'ancrage favorable aux Canadiens ni analyse et encore moins une
synthèse de ce qui pourrait se développer si le pouvoir
de l'État
était entre les mains de la classe ouvrière et non entre
celles des
intérêts privés. Les intérêts
étrangers contrôlent tout, et puisque le
Canada est un endroit stagnant, ces entreprises font simplement ce
à quoi on pouvait
s'attendre. Fin de l'histoire.
Les médias passent ensuite le micro aux
politiciens serviles qui
disent à peu près la même chose mais, cette fois,
au nom du peuple. Le
bureau de TJ Harvey, le député fédéral de
la région, a émis un
communiqué pour expliquer que la compagnie ne voyait pas la
pertinence
d'investir dans de nouveaux équipements pour une usine où
elle n'était
que locataire. « Le gouvernement n'aurait pas pu influencer la
décision
de Dr. Oetker. Cette décision était difficile mais sans
appel », lit-on
dans le communiqué.
C'est seulement lorsque la classe ouvrière va
décider de se
représenter elle-même qu'elle va commencer à faire
entendre une voix
qui va discuter de solutions aux problèmes à partir d'un
objectif
prosocial. Une nouvelle direction qui sert la classe ouvrière et
qui
sert l'économie des provinces de l'Atlantique ne tient pas de la
magie,
mais elle
requiert que la classe ouvrière prenne elle-même en main
l'édification
nationale.
(Voir aussi l'article de Forum ouvrier « Campbell Soup
ferme son usine de production canadienne » de Janice
Murray dans le
numéro du 1er février, sur la fermeture de l'usine
Campbell à Toronto
et la stratégie d'approvisionner le marché alimentaire
canadien à
partir d'usines aux États-Unis. Parmi les autres compagnies
de l'industrie des aliments qui ont fermé leurs usines au Canada
récemment, il y a : JL Heinz Co., Kellogg, Unilever Canada
Inc., et
Smucker's.)
Notes
1.Les compagnies Dr. Oetker dans
divers pays du monde sont gérées
par Oetker International à Bielefeld, en Allemagne. Bien que
leurs
activités soient concentrées dans les marchés de
l'Europe de l'Est et
de l'Europe de l'Ouest, Dr Oetker maintient aussi une présence
en
Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Dr. Oetker s'est
établi au Canada en 1960 alors qu'il portait le nom de
Condima Imports
Ltd. La compagnie a changé de nom à quelques reprises
avant d'adopter
une fois
pour toutes Dr Oetker Ltd. en 2003. En 1992, Dr. Oetker Ltd.
Canada a
fait l'acquisition des produits Shirriff. En 2003, le Ristorante
Pizza
a
été lancé, et « a connu un succès
extraordinaire sur le marché ». On
prétend que le succès des produits Dr. Oetker est
dû à ses « efforts
constants pour innover ».
Dans sa présentation, la compagnie omet de
mentionner que le
fondateur de la compagnie, Rudolf-August Oetker, était membre du
parti nazi qui a eu recours aux travaux forcés
pendant
le Troisième Reich et qu'elle s'est imposée en tant que
la principale
industrie manufacturière dans la période
d'après-guerre grâce aux
avantages obtenus du passé. Voici la version
aseptisée
d'elle-même qu'elle présente sur son site web :
La compagnie canadienne est
une succursale de la
compagnie familiale Oetker Group. Établie en 1891 avec le
lancement de
la première levure chimique en Allemagne, Dr. Oetker aujourd'hui
respecte la tradition qui lui a été léguée
qui affirme que « la
meilleure recette est la qualité » ainsi que
l'engagement à
consolider une présence durable dans les pays où elle
fait affaire.
En 2016, les ventes de Dr. Oetker à l'échelle
mondiale étaient de 3
milliards $.
2. Forbes.com : Les gens les plus riches au monde
selon Forbes
3.Cité dans le Globe
and Mail
Les compagnies minières «
nagent dans l'argent »
Les travailleurs savent où l'argent va
Bloomberg News écrit : « Les
sociétés minières nagent tellement
dans l'argent que les investisseurs ne sont pas sûrs où
l'industrie va
tout dépenser ». Mais les travailleurs savent ce que
les investisseurs
savent, soit qu'une partie de ces « flux de trésorerie
disponibles » est
utilisée pour extorquer des concessions aux
travailleurs et aux gouvernements du monde entier. Les monopoles
mondiaux utilisent en partie la valeur accumulée
expropriée comme un
butin de guerre pour imposer des concessions aux travailleurs, payer
moins d'impôts, obtenir des incitatifs financiers et payer des
prix
encore plus bas pour l'électricité, comme dans le cas des
ententes de
Rio
Tinto avec Hydro-Québec, et maintenir à la hausse les
prix du marché.
Le 11 janvier, les monopoles mondiaux du Groupe Rio
Tinto et
d'Alcoa ont mis en lockout 1 030 travailleurs à
l'aluminerie ABI de
Bécancour, au Québec. L'an dernier, 371 travailleurs
de CEZinc à
Salaberry-de-Valleyfield au Québec, appuyés de leurs
alliés, ont
dû faire une
longue grève pour repousser les attaques contre
leurs pensions et leurs droits d'ancienneté par le cartel
mondial
Glencore. Les travailleurs miniers et du raffinage du monde entier sont
quotidiennement engagés dans des batailles rangées pour
défendre leurs
droits contre les attaques de ces cartels qui « nagent dans
l'argent. »
Bloomberg poursuit : «
BHP, Glencore, le groupe Rio
Tinto et Anglo American Plc ont généré un
flux de trésorerie
disponible de 31,9 milliards $ au cours de leurs exercices
financiers 2017, ce qui surpasse leurs prises lors de la
dernière
flambée des matières premières en 2011, selon
les
estimations des analystes compilées par Bloomberg. En 2018,
le flux
sera estimé à 31,2 milliards $. »
L'indice Bloomberg World Mining, qui recense les
actions de 117
sociétés, a doublé depuis janvier 2016 et a
enregistré l'année dernière
son plus haut profit cumulé depuis 2012.
« Rio Tinto, qui a effectué l'année
dernière un versement record
intérimaire de 2,5 milliards $ en dividendes et a
racheté plus de 2
milliards $ d'actions, devrait effectuer son versement de
dividendes
annuelles le plus élevé de son histoire et
racheter 1,9 milliard $
d'actions. Glencore qui normalement
préfère les transactions plutôt que les versements
de dividendes, a
promis en décembre de doubler cette année ses versements
en dividendes.
« Même après ces distributions aux
actionnaires, l'industrie disposera de 80 milliards $ en
liquidités excédentaires au cours des trois prochaines
années, selon Macquarie Group Ltd ....
Avec les prix des métaux du zinc au palladium, les plus
élevés depuis plusieurs années, quatre
des principaux producteurs mondiaux ont généré des
flux de trésorerie disponibles qui ont
totalisé environ 87 millions $ par jour l'an dernier. Une partie
de la manne sans précédent est
consacrée aux dividendes .... Le cuivre, le nickel et le minerai
de fer (les prix) ont augmenté de
plus de 50 % en 2016, tandis que les métaux précieux ont
affiché des gains dans les deux
chiffres », a rapporté Bloomberg.
Répercussions négatives de
l'expropriation
privée de la valeur sociale
- K.C. Adams -
L'expropriation privée de la valeur produite par
les travailleurs
perturbe énormément une économie
socialisée. Cela présente un problème
dont les travailleurs discutent afin de le surmonter. La valeur
expropriée privément que les travailleurs produisent en
tant que force
sociale collective, est en situation de contradiction avec la nature
socialisée de l'économie. C'est la source des crises
économiques
récurrentes, du développement inégal, de la
pauvreté, du fossé
grandissant entre riches et pauvres et des guerres prédatrices
et
interimpérialistes pour éliminer les concurrents,
s'emparer des forces
productives des autres et détruire ce que les plus puissants ne
contrôlent pas.
La valeur expropriée privément est
utilisée pour perpétuer la
relation sociale inégale et antagoniste entre la classe sociale
qui
vend sa capacité de travail et la classe sociale qui
achète la capacité
de travail des travailleurs. Dans la relation sociale inégale et
antagoniste actuelle, les véritables producteurs de la valeur
sociale
n'ont aucun contrôle
sur le travail qu'ils font ou le produit social qu'ils produisent. La
valeur sociale expropriée est utilisée pour
étendre les empires privés
de ceux qui achètent la capacité de travail des
travailleurs. Cela
contredit la nécessité d'utiliser la valeur sociale pour
élargir l'économie socialisée dans son ensemble en
conformité avec son
interdépendance et
avec le fait bien réel que les gens dans le monde moderne
naissent en
société et dépendent de l'économie
socialisée et de la société pour du
travail et leur bien-être de la naissance à la mort.
Pour construire leurs empires, ceux qui achètent
la capacité de
travail des autres utilisent leur pouvoir de contrôle sur
l'économie et
l'État pour rivaliser avec les autres empires et extorquer des
concessions aux travailleurs et aux autres secteurs de
l'économie, au
lieu de permettre aux différentes parties de l'économie
de fonctionner
en harmonie
les unes avec les autres comme l'exige une économie
socialisée moderne.
Ils utilisent constamment leur pouvoir pour faire pression sur la
classe ouvrière afin de réduire sa réclamation
à la valeur qu'elle
produit individuellement et socialement. Ceux qui exproprient
privément
le produit social ne sont pas capables de le contrôler et
finissent par
détruire ce qu'ils ne peuvent pas contrôler dans le chaos
des crises
économiques et des guerres.
Ils agissent comme des cartels pour manipuler les prix
du marché
afin de favoriser leurs intérêts privés - à
la fois les prix qu'ils
paient pour la valeur fixe et en circulation du processus de production
et les prix qu'ils demandent pour le produit social que leurs
travailleurs produisent. Tout ceci est très destructeur. Cela
s'exprime
parfois de
manière flagrante, comme la demande de Rio Tinto et maintenant
d'Alcoa
pendant le lockout à l'aluminerie ABI pour des tarifs plus bas
d'électricité de l'État, ou de façon plus
dissimulée avec la
manipulation des prix du marché, qui est rarement
révélée au public mis
à part quelques exemples comme le cas récent de fixation
des prix du
pain au
Canada.
Ils utilisent leur pouvoir pour refuser de payer selon
un échange
approprié pour la valeur socialement reproduite de la
capacité de
travail des travailleurs. Cela comprend le paiement de la valeur de
l'éducation et de la santé que possèdent les
travailleurs qui
travaillent pour des entreprises particulières et cela comprend
leur
bien-être à la
retraite, qui doit faire partie de l'échange global pour la
capacité de
travail des travailleurs.
Ils refusent de payer selon un échange
approprié pour la valeur
qu'ils utilisent de l'infrastructure et des services publics sans
lesquels aucune partie de l'économie ne pourrait fonctionner. Le
paiement en échange de la valeur sociale reproduite, de
l'infrastructure et des services publics, y compris les
équipements
culturels, devrait être
automatiquement inclus dans un prix de production établi au
prorata du
prix de production de tous les produits et retourné aux
institutions
qui ont produit la valeur en premier lieu afin qu'elles puissent
continuer à fonctionner au niveau nécessaire.
Ils utilisent la valeur sociale qu'ils exproprient non
pour bâtir
l'économie socialisée dans son ensemble à l'aide
d'un développement
égal de toutes les régions du pays et entre les sections
qui produisent les moyens de production et les sections qui produisent
les articles de
consommation, mais pour étendre le pouvoir de leurs empires
privés en concurrence les uns avec les autres. Ceci est chose
commune dans les communautés d'extraction
des
ressources où ceux qui achètent la capacité de
travailler des
travailleurs retirent des communautés la valeur sociale que les
travailleurs produisent pour l'utiliser ailleurs dans leurs empires
privés.
Cela laisse la plupart des petites communautés et régions
du Canada
dans un état
chronique de développement à sens unique ou de
sous-développement. Cela
se voit aussi lorsque les intérêts privés se
dressent contre la nécessité de
réinvestir dans une usine en particulier. Des exemples
récents sont la
fermeture de l'usine de fabrication de produits alimentaires Dr. Oetker
au Nouveau-Brunswick et de l'usine de soupe Campbell à
Toronto. Ces usines ferment sous prétexte qu'elles doivent
être
renouvelées alors que
ceux qui les contrôlent sont ceux qui devaient faire ce
renouvellement.
Les intérêts privés des oligopoles
militent contre le développement
d'une économie à aspects multiples, autant là
où leurs avoirs privés
existent que dans tout le pays. La valeur sociale expropriée est
retirée de l'économie tandis que les programmes sociaux,
les services
publics, les infrastructures, la santé et la
sécurité, le
renouvellement des
équipements, la recherche et le développement, le
développement
multiforme et l'intérêt général de la
société manquent
d'investissements.
Ceux qui possèdent et contrôlent les
forces productives, achètent
la capacité de travail de la classe ouvrière et
exproprient le produit
social, tournent la situation sens dessus-dessous en exigeant que la
richesse sociale collective de l'économie contrôlée
par l'État leur
soit remise en combines pour payer les riches, ce qui est devenu
monnaie
courante.
La conception étroite de ceux qui achètent
la capacité de travailler des travailleurs est
contraire à une vision large qui est imprégnée de
la conscience sociale nécessaire dans toute
économie moderne. L'économie socialisée a besoin
d'une conscience sociale moderne qui
considère le développement non comme une
compétition entre ses parties, mais comme
étant un tout interconnecté, où les parties de
l'ensemble travaillent en conformité les unes avec les autres
pour leur avantage mutuel. En travaillant ensemble, les parties et le
tout sont plus forts, plus
grands, plus stables et sûrs que lorsque les parties sont en
concurrence les unes avec les autres
et sont indifférentes au bien-être des autres parties,
à l'amélioration de l'ensemble, à
l'épanouissement du facteur humain/conscience sociale et aux
intérêts généraux de la
société.
NUMÉROS
PRÉCÉDENTS | ACCUEIL
Site web: www.pccml.ca
Email: forumouvrier@cpcml.ca
|