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1er février 2018  

Le besoin du pouvoir décisionnel

Les travailleurs veulent déterminer eux-mêmes les conditions de travail

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Le besoin du pouvoir décisionnel
Les travailleurs veulent déterminer eux-mêmes les conditions de travail

Troisième semaine du lockout à l'aluminerie ABI de Bécancour au Québec

Les travailleurs déclarent avec force que « Le conflit chez ABI n'est pas un conflit privé»


Nouvelle-Écosse

Les travailleurs sociaux intensifient leur lutte pour déterminer leurs conditions de travail et pour faire augmenter les investissements dans les programmes sociaux
Les travailleurs du secteur public défendent leurs droits et les droits de tous

Toronto
Campbell Soup ferme son usine de production canadienne  - Janice Murray

Prince George
Les travailleurs des services alimentaires à l'Université du Nord de la Colombie-Britannique manifestent pour de meilleurs salaires et conditions de travail


Le besoin du pouvoir décisionnel

Les travailleurs veulent déterminer eux-mêmes
les conditions de travail

Les travailleurs de chaque secteur de l'économie cherchent à être le facteur clé dans la détermination de leurs conditions de travail, ce qui est leur droit. Les travailleurs sociaux, les enseignants, les infirmières, les travailleurs de la construction, les travailleurs des services alimentaires et les travailleurs dans chaque endroit de travail connaissent les conditions dans lesquelles ils travaillent. Ils savent ce qui est nécessaire à l'accomplissement de leur travail, qu'on parle des mesures de sécurité, du niveau des effectifs requis, des outils, de la formation, des instruments, des connaissances, etc. Ils savent quelle réclamation ils doivent faire à la valeur qu'ils créent pour s'assurer un niveau de vie et une retraite en sécurité à un standard canadien. Ils savent que leur travail contribue à un tout qui est l'économie interconnectée dans son ensemble. Pour que l'économie socialisée fonctionne sans crises et pour développer son plein potentiel, il faut que leur secteur particulier fonctionne en unisson avec les autres secteurs et les autres parties de l'économie, dans le respect et l'appréciation du travail de chacun et de tous.

Une des plus grandes fraudes perpétrée aujourd'hui concerne la façon dont l'économie moderne est organisée, en particulier les rapports entre ceux qui font le travail et ceux qui ne le font pas. Les travailleurs font le travail que la société requiert et produisent toute la valeur qui est contenue dans les biens et les services tandis que d'autres, la direction des entreprises, les propriétaires ou les politiciens et les bureaucrates du gouvernement, prennent les décisions, déterminent les conditions et la direction du travail, ils décident de ce qui advient du produit social que les travailleurs créent et comment la valeur est distribuée. En général, ils imposent une volonté et un objectif étroits qui bénéficient à ceux qui ont pris possession de toute la richesse qui est créée par la société. Cet arrangement bloque la voie à ceux qui font le travail et ont besoin de participer consciemment et collectivement à la prise de décisions sur les questions qui les concernent. Ils doivent être placés au coeur même de la vie moderne qui est l'endroit de travail. Un pays moderne ne peut pas se dire démocratique alors que ce désordre dans l'état des choses est perpétué.

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Troisième semaine du lockout à l'aluminerie ABI de Bécancour au Québec

Les travailleurs déclarent avec force que
« Le conflit chez ABI n'est pas un conflit privé»

Les quelque 1 030 travailleurs de l'aluminerie ABI ( Aluminerie de Bécancour Inc) ont maintenant été mis brutalement en lockout depuis le 11 janvier par les monopoles Alcoa et Rio Tinto qui en sont les propriétaires conjoints. Dès que les travailleurs ont été mis en lockout, le syndicat qui les représente, la section locale 9700 du Syndicat des Métallos, l'a dénoncé comme un geste odieux qui est au service d'un ordre du jour caché. Le syndicat a contacté la ministre du Travail et demandé que le gouvernement intervienne pour que les propriétaires reviennent à la table de négociation et négocient de bonne foi une convention collective qui soit acceptable aux travailleurs. La ministre a répondu qu'il s'agit d'un « conflit privé » dans lequel le gouvernement ne peut pas intervenir.

Les travailleurs rejettent fermement cette affirmation et demandent l'intervention du gouvernement. Lors de leur visite aux lignes de piquetage des travailleurs d'ABI le 25 janvier, les travailleurs membres du Syndicat des travailleurs de l'aluminium d'Alma, la section locale 9490 du Syndicat des Métallos, qui ont eux aussi vécu un lockout de 6 mois aux mains de Rio Tinto en 2012, ont déclaré avec force que le conflit n'est pas un « conflit privé » entre une compagnie et un syndicat local comme le prétend la ministre.

« Nous avons apporté avec nous notre roulotte de mobilisation que nous avons utilisée en 2012 et nous l'avons décorée aux couleurs des travailleurs de l'ABI pour qu'ils l'utilisent eux aussi », a dit le président du syndicat, Alexandre Fréchette. « Nous l'avons apportée pour qu'elle attire l'attention sur le conflit. Pourquoi, parce que l'impact du conflit c'est plus de 1000 travailleurs pris en otage, leurs familles, leur entourage et c'est toute une région prise en otage, les sous-traitants, les fournisseurs, plein de gens qui dépendent de l'aluminerie ABI. Il y a une dimension politique également. On a interpellé le gouvernement pour leur demander qu'est-ce qui se passe. Ils doivent répondre à la population si oui ou non Alcoa et Rio Tinto sont en demande sur des enjeux reliés à l'énergie, s'ils demandent des tarifs plus bas. Ils doivent répondre parce que cela concerne tous les Québécois. Ce n'est pas vrai que c'est un conflit privé entre une entreprise privée et le syndicat. Les rabais d'énergie qu'on consent aux alumineries, c'est nous le peuple québécois qui en faisons les frais parce qu'on subventionne ces gens-là. On a notre mot à dire là-dedans, on doit en être conscients et appuyer les travailleurs pour que le conflit dure le moins longtemps possible. »

Aux applaudissements de tous, il a annoncé que le syndicat d'Alma va fournir une aide financière de 15 000 $ par semaine jusqu'à la fin du conflit.

Le lendemain, lui aussi venu appuyer les travailleurs d'ABI sur leurs lignes, le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau, est revenu à la charge. « On se retrouve devant deux multinationales qui obtiennent des avantages importants sous forme d'électricité à très bas prix et qui prennent en otage toute une population. Le lockout a finalement bien peu à voir avec la négociation patronale-syndicale. Les travailleurs font les frais des manigances pour faire hausser les prix de l'aluminium et baisser les tarifs d'électricité. Le gouvernement du Québec ne peut rester les bras croisés », a-t-il dit. « Les ressources nous appartiennent en tant que Québécois et le gouvernement doit se souvenir qu'il est notre représentant. C'est nous qui votons pour le gouvernement, pas Alcoa. Le ministre Couillard doit parler aux dirigeants de cette compagnie pour qu'elle s'assoie à la table de négociation et qu'on ait un contrat négocié et non imposé comme ils veulent le faire en ce moment. »

Il était accompagné du directeur canadien des Métallos, Ken Neumann, qui s'est engagé à mobiliser toutes les sections locales à appuyer les travailleurs en lockout. Il était aussi accompagné de deux représentants du syndicat Los Mineros au Mexique qui ont transmis les salutations des mineurs du Mexique.

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Nouvelle-Écosse

Les travailleurs sociaux intensifient leur lutte pour déterminer leurs conditions de travail et pour faire augmenter les investissements dans les programmes sociaux

Les travailleurs sociaux de la Nouvelle-Écosse ont récemment envoyé une lettre au ministre des Services communautaires et ont établi un site web afin d'exprimer leurs opinions et de continuer à avoir un mot à dire sur leurs conditions de travail. Le site web s'appelle changeDCS.org.

Ce groupe de travailleurs est régi par la Politique 75, ce qui fait d'eux des praticiens privés. Ils entretiennent des relations de travail étroites avec les travailleurs sociaux du secteur public de la Nouvelle-Écosse et ont une expérience de première main des conditions de travail au ministère des Services communautaires (DSC). Ils ont choisi de se faire entendre au nom des clients vulnérables et des travailleurs du secteur public qui pourraient craindre des mesures de représailles s'ils soulevaient leurs préoccupations au sujet des conditions des enfants qui relèvent de l'assistance publique.

Forum ouvrier appuie les travailleurs sociaux de la Nouvelle-Écosse et la position qu'ils prennent de faire connaître leurs préoccupations face aux conditions de travail et aux répercussions de ces conditions sur les gens les plus vulnérables de la Nouvelle-Écosse. Leurs préoccupations devraient devenir un sujet de discussion large parmi le peuple.

Voici la lettre qui a été adressée au ministre des Services communautaires.

***

Cher ministre Regan,

Nous, soussignés, les travailleurs sociaux qui pour la plupart dispensons des services d'aide aux clients du ministère des Services communautaires, section de la Protection de l'enfance, vous écrivons afin d'exprimer nos sérieuses préoccupations au sujet de la prestation des services actuels et des facteurs de stress au DSC- Protection de l'enfance.

Les trois domaines suivants reflètent selon nous les problèmes que nous avons observés dans notre engagement avec les collègues et clients du DSC-Protection de l'enfance au cours de l'année dernière :

1. Des difficultés vis-à-vis la gestion des ressources humaines.

2. Des répercussions systémiques de la nouvelle législation touchant au DSC-PE et au ministère de la Justice (y compris les silos entre les agences provinciales et le gouvernement fédéral).

3. La planification des soins aux familles et à l'enfance.

Voici des exemples spécifiques de ces difficultés :

- le nombre élevé de dossiers qui a des répercussions néfastes sur la qualité de la gestion des dossiers et accroît le risque encouru par les enfants et les familles vulnérables ;

- l'augmentation importante d'absences et du roulement du personnel, pour des raisons multiples ;

- la sérieuse difficulté à joindre les travailleurs pour discuter de la prestation des services ;

- l'absence de leadership et de politiques au niveau du ministère qui permettraient d'améliorer la prestation des services aux clients et/ou aux enfants afro-néo-écossais ;

- malgré certains changements, le chaos persiste dans l'organisation des visites pour les familles, ce qui occasionne des pertes de temps de travail à faible salaire et même d'emplois parmi des personnes déjà traumatisées ;

- la réduction du salaire des travailleurs sociaux auxiliaires;

- la répercussion de l'adoption d'une nouvelle loi qui abrège effectivement les échéanciers pour les dossiers  de protection de l'enfance devant les tribunaux, ce qui cause une pression accrue sur les familles, sur les avocats de l'aide juridique et sur les collègues de la Protection de l'enfance

- l'appui administratif inadéquat aux travailleurs sociaux de première ligne et l'obligation pour eux de passer un temps déraisonnable dans la paperasse, les tâches administratives, et d'agir en organisateurs de ressources plutôt qu'en travailleurs sociaux qui peuvent consacrer leur temps à gérer les dossiers et offrir une prestation de services directe;

- l'absence d'une coordination essentielle entre le DSC et Revenu Canada pour venir à bout du délai  énorme qui existe avant l'obtention du Crédit d'impôt pour enfants par les familles extrêmement pauvres au moment où elles en ont le plus besoin, juste après qu'elles aient satisfait aux exigences pour reprendre la garde de leurs enfants ;

- les travailleurs sociaux qui ne veulent pas parler par peur de mesures disciplinaires, et les clients qui refusent de parler de peur que leurs liens avec la protection de l'enfance soient affectés

Bien que nous ne soyons pas nous-mêmes des travailleurs sociaux d'aide à l'enfance de première ligne, et que nous reconnaissions nos limites, n'étant pas intégrés au DSC, nous sommes suffisamment engagés et avons suffisamment d'expérience pour pouvoir faire nos observations avec crédibilité. Nous demandons que nos préoccupations soient entendues et qu'une attention sérieuse soit portée aux répercussions que vivent les familles vulnérables.

Veuillez répondre dès que possible et nous offrir l'occasion de rencontrer les cadres supérieurs.

Sincèrement,

Lanna MacLean (Dartmouth), Jackie Barkley (Halifax), Beth Toomey (Sydney), Debbie Reimer (Kentville), Ian "Tay" Landry (Dartmouth), Marlene Furey (Halifax), Pam Roberts (Halifax), Roger Godin (Halifax), Elizabeth Shein (Halifax), Diane Nickerson (Pubnico), Marie Meagher (Antigonish), Robert Wright (Halifax), Annemieke Vink (Dartmouth), Cheryl Thompson (Hansport), Marion Sheridan (Antigonish), Marjorie MacDonald (Sydney), Donna Fitzpatrick (Amherst), Andrea Boyce (Sackville), Ken Osbourne (Halifax)

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Les travailleurs du secteur public défendent
leurs droits et les droits de tous


Manifestation devant le parlement de la Nouvelle-Écosse, le 21 septembre 2017, contre
l'adoption le 22 août de la loi 148

L'attaque antidémocratique aux droits des travailleurs en Nouvelle-Écosse s'est exprimée en plein jour le 22 août 2017 lorsque le gouvernement libéral de Stephen McNeil a imposé son diktat aux enseignants, aux infirmières et à tous les autres travailleurs du secteur public en adoptant le projet de loi 148, la Loi sur la durabilité des services publics. Malgré les interventions de milliers de Néo-Écossais dont les enseignants, les étudiants, les conseillers et  les gens d'autres milieux, Stephen McNeil a refusé d'augmenter les investissements dans l'éducation ou de faire les changements et les améliorations demandés par les gens de la province. Au lieu de cela, il a imposé à tous son diktat d'austérité antisociale.

La démonstration par les professionnels de l'éducation de la détérioration des conditions dans les écoles, étayée par des faits, des statistiques et des recommandations, est tombée dans l'oreille d'un sourd. Les enseignants et les travailleurs de l'éducation ont refusé d'accepter le diktat du gouvernement McNeil qui a eu recours à la loi 75 pour leur imposer leurs salaires et leurs conditions de travail et qui a attaqué les conditions d'apprentissage des étudiants. Les enseignants ont intenté une poursuite en cour contre la loi et continuent de s'opposer aux manoeuvres du gouvernement pour s'attaquer à l'éducation encore davantage en ayant recours à un nouvel « examen ». De plus en plus de travailleurs de la Nouvelle-Écosse reconnaissent qu'ils doivent dire Non! à la direction actuelle des services publics et trouver une façon de mettre fin à cette tendance antisociale.

Les travailleurs sociaux se joignent aux autres travailleurs du secteur public pour demander une nouvelle direction

Les travailleurs sociaux, surtout dans le secteur de la protection de l'enfance, ont demandé des changements dans leurs conditions de travail. Dans un communiqué de presse du Syndicat des employés du gouvernement de la Nouvelle-Écosse (NSGEU), son président Jason écrivait le 11 octobre : « Les travailleurs sociaux du service de la protection des enfants doivent évaluer et protéger la sécurité et le bien-être des enfants dans le besoin. Ils ont besoin d'une charge de travail raisonnable qui leur permet d'avoir le temps et les ressources nécessaires pour prendre les décisions qui servent les besoins des enfants et des familles vulnérables. »

En mai 2017, le NSGEU a fait parvenir une lettre au gouvernement libéral de Stephen McNeil qui énumère les difficultés auxquelles les travailleurs sociaux font face en raison de conditions de travail spécifiques liées aux aspects suivants:

- la gestion des dossiers ;
- le niveau des effectifs ;
- la sécurité des travailleurs sociaux ;
- la sécurité des enfants qui leur sont confiés et
- leur capacité à satisfaire au niveau de soin requis par la nouvelle Loi sur les services à l'enfance et à la famille (2017).

Le NSGEU écrit dans sa lettre que « nous avons rassemblé un certain nombre de suggestions constructives afin d'améliorer les conditions de travail de nos membres et conséquemment les services qu'ils dispensent ».

Au lieu de féliciter les travailleurs sociaux de leur dévouement au bien-être des jeunes et de leur donner les ressources et le feu vert pour réaliser les améliorations désirées, le gouvernement a répondu par des paroles creuses de bureaucrates indifférents : « Le ministère est ouvert aux rencontres et aux discussions sur l'impact de l'important travail de transformation qui est fait au ministère des Services communautaires et qui vise à ce que les enfants et leurs familles reçoivent le meilleur service possible. Le ministère des Services communautaires partage l'engagement à fournir les outils et les conditions appropriés aux travailleurs sociaux pour qu'ils puissent accomplir leurs tâches importantes. »

Ces mots font partie du recueil de mots doux et d'énoncés de principe des libéraux de Stephen McNeil par lesquels ils cherchent à priver les travailleurs comme les enseignants, les travailleurs sociaux et d'autres travailleurs de leur droit de décider et d'intervenir pour résoudre les problèmes. « L'enfer est plein de bonnes volontés », comme le dit le proverbe qui s'applique très bien au refus de résoudre les problèmes parce que cela ne sied pas à l'ordre du jour d'austérité antisociale de l'élite dirigeante.

Des actes, pas des paroles !

Les travailleurs de la Nouvelle-Écosse ne contestent pas les intentions de McNeil ou des bureaucrates du ministère des Services communautaires. Ce serait futile de contester des paroles et des intentions et les travailleurs de la province ne le savent que trop. Ce sont leurs actes qu'ils contestent! Ils demandent comment il se fait que ceux qui ne font pas le travail prennent les décisions qui affectent ceux qui font le travail. Cette manière désuète de faire les choses est devenue la norme au Canada et cela explique en grande partie pourquoi les problèmes ne sont jamais résolus et pourquoi l'économie moderne ne peut pas être mobilisée pour fournir son plein potentiel afin de garantir les droits de tous et l'intérêt général de la société.

Les gouvernements de l'élite dirigeante de tous les niveaux au Canada sont très habitués à dire certaines choses afin d'être élus et de rester au pouvoir. Ils s'assurent que leurs partis politiques et leur parole dominent les médias de masse. Ils ont recours pour cela à l'argent, aux connections politiques et aux règles électorales archaïques qui mettent de l'avant et financent les partis politiques cartellisés plutôt que le processus politique qui devrait garantir le droit de tous d'être élus et d'élire au moyen d'un vote informé. L'avalanche de mots, de bonnes intentions et d'énoncés de principe est une façon de couvrir leurs actes antisociaux et le fait qu'ils n'ont rien fait de concret pour résoudre les problèmes auxquels le peuple fait face.

Combien de temps la Nouvelle-Écosse va-t-elle continuer d'être une province « moins nantie » qui ne possède pas d'économie diversifiée qui subvient à ses besoins et qui déploie le potentiel énorme du peuple et des ressources ? Pendant combien de temps la pauvreté des enfants va-t-elle être un problème au sujet duquel les forces de l'austérité vont verser des larmes de crocodile et prononcer leurs paroles creuses de sympathie ? Pendant combien de temps encore le système d'éducation va-t-il connaître le chaos ? Pendant combien d'années les travailleurs sociaux vont-ils faire face à des charges de travail toujours plus lourdes et à des problèmes de sécurité pour eux-mêmes et les enfants dont ils s'occupent ? Pendant combien d'années encore les efforts des travailleurs pour exercer leur droit de décider et de bâtir le nouveau vont-ils être entravés ?

La voie à suivre

La classe ouvrière de Nouvelle-Écosse, du Canada et du Québec doit intensifier ses efforts pour affirmer le droit des travailleurs de prendre les décisions en ce qui concerne leurs conditions de travail. Ceux qui font le travail se heurtent constamment à un gouvernement ou à une autre institution, une entreprise ou un organisme de direction qui imposent un ordre du jour antisocial qui est au service d'intérêts étroits, bafoue le droit des travailleurs de décider et bloque leurs efforts pour résoudre les problèmes. En discutant et en agissant comme un collectif pour mettre fin à leur marginalisation dans la prise de décision sur leurs conditions de travail et les autres enjeux qui les concernent et qui concernent l'intérêt général de la société, les travailleurs affirment non seulement leurs droits mais les droits de tous. 

Joignez-vous à la discussion et à cette force collective pour bâtir le nouveau !

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Toronto

Campbell Soup ferme son usine de
production canadienne

La compagnie Campbell Soup a annoncé le 24 janvier son intention de mettre fin à la production de soupe au Canada au cours des 18 prochains mois. La fermeture de sa seule usine de fabrication canadienne, située à Etobicoke en Ontario, va mettre 380 travailleurs au chômage. Cet acte de destruction nationale, par le démantèlement d'une installation de production en très bon état, qui fait partie du secteur canadien de la transformation des aliments, a été présenté de manière insensible comme « la meilleure ligne de conduite pour notre entreprise » comme si la décision était privée sans avoir un impact sur l'économie sociale, sur les gens et leur sécurité alimentaire.

Pour les travailleurs du district d'Etobicoke-Lakeshore à Toronto, il s'agit de la plus récente d'une longue série de fermetures et de démantèlements d'usines et de démolitions qui remontent à l'introduction en 1988 de l'accord de libre-échange avec les États-Unis. À cette époque-là , ce district était un des plus industrialisés de Toronto, avec de grandes usines telles que Goodyear Tire et Rubber, Anaconda Brass, Continental Can et beaucoup d'autres qui ont employé des milliers de travailleurs industriels qui produisaient d'énormes quantités de valeur nouvelle pour l'économie canadienne. Depuis lors, une à une, les usines ont fermé et les opérations ont été déplacées aux États-Unis ou ailleurs. Au cours de la récession de 2007-2009, ArvinMeritor, une usine de fabrication de pièces automobiles et Consumer Glass, parmi tant d'autres, ont fermé leurs portes, suivi plus récemment par la boulangerie Monsieur Christie.

Les gens d'Etobicoke, aux côtés des travailleurs de tout le pays, ont exprimé leur vive opposition à l'accord de libre-échange néolibéral pendant et après les élections de 1988. Ils étaient de plus en plus préoccupés par la direction néolibérale de l'économie et par la destruction qu'elle causerait à l'économie et dans leurs vies. Alors que de plus en plus d'usines fermaient leurs portes et quittaient le quartier, les travailleurs ont exprimé leur inquiétude et leurs préoccupations lors de forums et d'échanges sur la façon de développer « l'économie locale » et de faire cesser la destruction. Le problème auquel les travailleurs étaient confrontés à l'époque et le sont encore à l'heure actuelle est qu'ils n'ont aucun droit de regard ni de contrôle sur ces décisions majeures qui ont des conséquences graves sur leurs vies et l'économie socialisée.

En réponse à l'annonce de la fermeture de l'usine Campbell Soup, le conseiller municipal de la ville l'a qualifiée de « perte dévastatrice » et de « jour vraiment triste pour la communauté de Lakeshore ». Cela peut refléter les sentiments immédiats de beaucoup de gens mais ce qu'on attend des politiciens municipaux, provinciaux ou fédéraux, c'est qu'ils prennent position contre cette destruction nationale et ne se contentent pas de s'asseoir sur la clôture et de lever les bras, impuissants.

Entre autres sujets à discuter, on doit se rappeler que Campbell a installé une centrale de cogénération en 2016, qui génère 95 % de l'électricité nécessaire pour alimenter l'usine au moyen d'un générateur alimenté au gaz naturel qui produit également de la vapeur pour la transformation des aliments. Le projet - appelé projet de cogénération - était considéré à l'époque comme une étape importante vers l'efficacité énergétique et la durabilité. L'entreprise a reçu 5 millions $ de subventions de la part d'Hydro Ontario, soit 40 % de la valeur totale de l'installation du système dont l'argent provient de la valeur ajoutée produite par les travailleurs de l'Ontario.

Au moment du démarrage du projet de cogénération à l'usine Campbell, le ministre libéral de l'Énergie de l'Ontario, Bob Chiarelli, avait dit : « D'un point de vue commercial, cela a du sens - économiser de l'énergie signifie économiser et conserver de bons emplois en Ontario ». Pourtant, moins de deux ans plus tard, l'entreprise sera autorisée à partir sans être inquiétée et à détruire, comme propriété privée, l'usine modernisée, un atout précieux de l'économie canadienne. Le député provincial libéral local qui était présent lors de la séance photo au lancement du projet de cogénération financé par les fonds publics, n'a rien à dire sur la responsabilité sociale de l'entreprise envers sa circonscription ou envers l'économie de l'Ontario depuis l'annonce de la fermeture de l'usine.

Un tel état de choses est inadmissible. Peut-être que c'est la prérogative légale de Campbell Soup de ne plus exploiter une usine de production au Canada et de quitter le pays, mais une solution s'impose pour qu'on puisse continuer de produire localement de la nourriture et d'autres produits au Canada. Pourquoi Campbell Soup, ou Heinz ou l'une ou l'autre des compagnies qui ont liquidé leur production au Canada, seraient-ils autorisés à procéder à cette destruction nationale puis à continuer de vendre des produits de leurs usines américaines sur le marché canadien ? Ce problème nécessite une discussion et une solution.

L'usine d'Etobicoke est peut-être la « plus petite et la plus ancienne » de l'empire Campbell Soup, mais elle fait partie de tout un réseau d'arrangements sociaux dans l'industrie alimentaire et l'économie sociale au Canada. En plus d'être le moyen de subsistance des travailleurs de l'usine, Campbell achète environ 70 % de ses produits à des fermes situées à moins de 3,5 heures de route de l'usine de Toronto. Elle achète annuellement quelque 4 800 tonnes de carottes aux producteurs de la région de Holland Marsh, au nord de Toronto, pour qui la perte de ces ventes créera de graves problèmes, sans parler du secteur du transport et de la distribution qui sera touché. À l'heure actuelle, les producteurs agricoles n'ont pas négocié de contrats pour la récolte de cette année.

En ce qui concerne le quartier de Lakeshore, l'entreprise fournit actuellement de la nourriture à la banque alimentaire Daily Bread dont l'entrepôt est situé derrière l'usine et à l'école Second Street. Ce quartier abrite certains des endroits les plus pauvres de la région métropolitaine de Toronto. L'usine de Campbell approvisionne également d'autres banques alimentaires canadiennes.

Les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs à Etobicoke, comme ailleurs dans le pays, sont liés à la direction étroite de l'économie qui sert les riches et à leur avidité insatiable au détriment des travailleurs. La valeur ajoutée produite par les travailleurs doit retourner dans l'économie pour sa reproduction élargie et son renouvellement constant, ainsi que dans la société pour répondre à ses intérêts généraux. La fuite qu'organisent les monopoles mondiaux de la valeur ajoutée produite par les travailleurs canadiens, qui n'est donc pas réinvestie dans l'économie, devrait être considérée comme un vol qui doit cesser. Le démantèlement de la production et l'abandon des actifs construits par les travailleurs canadiens, qui sont détruits ou abandonnés, sans aucun effort pour renouveler les installations ou proposer une alternative dans la communauté montre bien la nécessité du changement vers un projet d'édification nationale sous le contrôle des travailleurs. La situation irrationnelle de la destruction nationale sous le contrôle de ces monopoles mondiaux au service de leurs intérêts privés étroits démontre le manque de contrôle des travailleurs canadiens sur leur propre économie et leur destin. Cela doit changer !

Il est temps de changer la direction de l'économie pour qu'elle cesse d'enrichir une petite minorité et serve les travailleurs, ceux qui produisent la richesse sociale !

À titre d'information : La compagnie Campbell Soup

L'usine de la compagnie Campbell Soup à Etobicoke est en activité à l'emplacement actuel depuis 1931, soit depuis 87 ans.

L'usine d'Etobicoke est la seule usine de Campbell au Canada et emploie actuellement un peu moins de 600 personnes à temps plein. L'âge moyen de ceux qui travaillent à l'usine est de 46 ans. Parmi ceux-ci, environ 200 qui font partie de l'administration centrale et des opérations commerciales canadiennes déménageront de l'usine d'Etobicoke à un autre emplacement dans la grande région métropolitaine de Toronto, qui comprendra « un centre d'innovation alimentaire ».

Campbell a fermé en 2009 son usine de Listowel, en Ontario, mettant 500 travailleurs au chômage. L'usine était le plus gros employeur de la ville de 6 500 résidents située à 40 km au nord-ouest de Kitchener.

L'entreprise emploie 18 500 personnes dans le monde. Elle a des usines à Maxton, en Caroline du Nord, à Napoleon, en Ohio, à Paris, au Texas, à Milwaukee, au Wisconsin et à Everett, dans l'État de Washington. La production de l'usine canadienne est en train d'être transférée aux usines de Caroline du Nord, de l'Ohio et du Texas où la compagnie dit qu'elle a une capacité excédentaire et donc elle n'augmentera pas ses effectifs de façon significative. La compagnie Campbell Soup possède également une usine en Australie et une en Allemagne.

Campbell Soup est une société américaine basée à Camden, dans l'État de New York et est cotée en bourse. Elle se classe au 337e rang sur la liste Fortune 500 des plus grandes sociétés industrielles. Ses ventes annuelles sont d'environ 8 milliards $. La société possède un certain nombre d'autres marques de produits dont Pepperidge Farm, Goldfish, V8, Prego, Pace, Plum Organics, Bolthouse Farms. En 2017 elle a acheté Snyder's-Lance et Pacific Foods.

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Prince George

Les travailleurs des services alimentaires à l'Université du Nord de la Colombie-Britannique manifestent pour de meilleurs salaires et conditions de travail

Le 24 janvier, les étudiants, les professeurs, le personnel et les membres de la communauté se sont joints à une manifestation pour appuyer les travailleurs des services alimentaires de l'Université du Nord de la Colombie-Britannique (UNBC) de la section locale 40 de Unite Here. Ces travailleurs luttent pour une nouvelle convention collective. Plusieurs participants à l'action ont été choqués d'apprendre que bon nombre des travailleurs qui préparent et servent les repas à l'UNBC depuis plus d'une décennie gagnent moins de 15 $ l'heure et n'ont aucun régime de retraite.

Le représentant du syndicat, Harley Augustino et plusieurs travailleurs de la cafétéria ont parlé de la situation inacceptable à laquelle ils sont confrontés en termes de salaires et de conditions de travail et de leurs efforts pour obtenir une convention collective qui leur est acceptable. Ils ont souligné qu'après 8 mois de négociation, l'entreprise est revenue avec une offre salariale insultante. Il y a une certaine ironie dans tout cela car l'UNBC annonce fièrement qu'elle a été nommée l'un des meilleurs employeurs de la Colombie-Britannique. Pourtant, l'administration permet, sans dire un mot, à la multinationale du Groupe Compass d'imposer des salaires et des conditions de travail aussi médiocres à ceux qui fournissent à l'université un service si nécessaire et si important.

Aaron Eckman, secrétaire-trésorier de la Fédération des travailleurs de la Colombie-Britannique, a été le premier invité à prendre la parole et a commencé par féliciter les travailleurs pour leur détermination et leur lutte collectives pour obtenir une convention collective qu'ils peuvent accepter avec dignité. Au cours de sa présentation, il a promis le soutien de milliers de travailleurs de toute la province et a dit que l'UNBC doit défendre ses employés contractuels. Il a souligné que par leur lutte pour élever leur niveau de vie, les travailleurs aident l'économie locale et cela devrait être reconnu.

Peter Ewart, le porte-parole de Debout pour le Nord a dit que le groupe Compass qui est l'entrepreneur pour les services alimentaires de l'UNBC, est la plus grande entreprise de services alimentaires au monde, avec des activités dans 50 pays et des dizaines de milliards de dollars de revenus chaque année. Il a dit que les travailleurs de la cafétéria font exactement ce qu'il faut faire pour mettre fin aux salaires de pauvreté et améliorer les conditions de travail en se mobilisant et en travaillant avec d'autres à l'université et dans la communauté pour demander une convention collective acceptable.

La dernière personne à parler a été Dawn Hemingway, représentante de Northern FIRE, l'Institut féministe à l'UNBC dévoué à la recherche et l'évaluation. Elle a parlé de la recherche et du travail communautaire de l'Institut qui souligne l'impact négatif significatif des emplois précaires et sous-payés sur la santé et le bien-être des travailleurs et de leurs familles. Elle a salué la force et la détermination des travailleurs et a demandé à l'administration de l'université d'appuyer ouvertement les droits et les revendications de ses travailleurs contractuels.

Parmi les autres organisations représentées au rassemblement il y avait le Syndicat canadien de la fonction publique, l'Association des professeurs de l'UNBC, le Groupe d'intérêt public de Prince George, le centre Northern Women et le Syndicat des employés du gouvernement de la Colombie-Britannique.

Face au refus de l'UNBC de discuter avec les travailleurs, dont le refus (à deux reprises) d'accuser réception de deux pétitions distribuées par les travailleurs qui demandent à l'université de se joindre à eux, les participants ont décidé de se rendre au bureau du président. Après avoir appris que le président était absent, les travailleurs ont demandé mais en vain s'il pouvait être rejoint par téléphone. Un appel téléphonique a alors été fait au vice-recteur à l'enseignement et à la recherche pour demander une rencontre avec lui. Après un certain temps et des négociations, il a été convenu qu'une délégation et un représentant des médias pourraient rencontrer trois vice-présidents de l'UNBC.

Reste à savoir quel sera l'impact de la rencontre mais plusieurs choses sont claires: l'appui aux justes demandes des travailleurs ne fait qu'augmenter sur le campus et dans la communauté, et les travailleurs des services alimentaires sont déterminés à se battre jusqu'à ce qu'ils obtiennent une convention collective qu'ils jugent acceptable.

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