18 janvier 2018
Lockout à l'aluminerie ABI de
Bécancour au Québec
Tous avec les travailleurs de l'aluminium
en lockout!
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Rassemblement le 12 janvier 2018, le jour après que les
métallos aient été mis en lockout
Lockout à l'aluminerie ABI de
Bécancour au Québec
• Tous avec les travailleurs de l'aluminium en
lockout!
• Entrevue avec Clément Masse,
président de la section locale 9700 du Syndicat des
Métallos
• Tous avec les métallos d'ABI qui
luttent pour leur dignité et
leur unité! - Lettre à la rédaction
Lockout à l'aluminerie ABI de
Bécancour au Québec
Tous avec les travailleurs
de l'aluminium en lockout!
Le 11
janvier, les monopoles mondiaux Rio Tinto et
Alcoa ont mis en
lockout les 1030 travailleurs de l'aluminerie ABI de
Bécancour au
Québec. Le syndicat qui représente les travailleurs de
l'aluminerie, la
section locale 9700 du Syndicat des Métallos, a
immédiatement dénoncé
le lockout comme un geste odieux au
service d'un ordre du jour caché.
L'usine de Bécancour appartient à 25,1 %
à Rio Tinto et à 74,9 % à Alcoa. À
l'échelle mondiale, ces deux monopoles contrôlent la
production de
l'aluminium et d'autres produits fabriqués par plus
de 100 000
travailleurs. Au moyen de ce contrôle
écrasant, les monopoles manipulent constamment l'offre et le
prix de l'aluminium dans le but de
servir leurs intérêts privés étroits. Ce
n'est pas la première fois
qu'ils ont recours à un lockout pour réduire la
production d'aluminium
afin de faire monter son prix de marché tout en faisant pression
sur des travailleurs d'une usine en particulier pour qu'ils acceptent
de faire des
concessions. Les concessions principales que les monopoles demandent
chez ABI sont le démantèlement du régime de
retraite à prestations
déterminées des travailleurs et des changements au
régime d'ancienneté
établi depuis longtemps.
Le contrôle mondial de la production de produits
particuliers
exercé par un ou deux monopoles est devenu un problème
auquel les
travailleurs font face partout dans le monde. Ce contrôle devient
une
arme contre les travailleurs parce que la production et les ventes
peuvent être déplacées d'une installation à
l'autre pour attaquer la
classe
ouvrière et même des économies entières
à l'échelle mondiale.
Les travailleurs d'ABI ont rejeté les demandes
de concession de la
compagnie moins de 24 heures avant d'être mis en lockout. La
soudaineté
du lockout et la fermeture immédiate de deux séries de
cuves ont
démontré que la compagnie avait planifié son coup.
La réduction de
l'offre d'aluminium sur le marché et la pression
simultanée
pour des concessions de la part des travailleurs et pour une baisse du
prix de l'hydroélectricité par le gouvernement du
Québec semblent une
manoeuvre préparée d'avance.
Les travailleurs d'ABI ont dénoncé le
lockout de leur compagnie à
leur usine de même que son refus de négocier. Ce
comportement
antisocial est inacceptable partout où il se manifeste au
Québec et au
Canada. Les travailleurs ont appelé tous les travailleurs du
Québec et
du Canada à dénoncer les actions de Rio Tinto/Alcoa, et
demandent la
fin du lockout et la reprise des négociations.
Rassemblement des métallos le 12 janvier 2018 contre le lockout
décrété
le jour précédent
Commentaires des dirigeants syndicaux
Alain Croteau, le directeur québécois des
Métallos, a dit qu' «
on pense qu'il y a des intérêts financiers qui sont en jeu
là-dedans.
Lorsqu'une grande aluminerie comme Alcoa, ici à
Bécancour, ne produit
pas, ça fait en sorte qu'il manque d'aluminium sur le
marché et ça fait
grimper les prix... On pense que le lockout va durer au minimum de deux
à
trois mois. Ça peut aller à six, sept, huit mois,
peut-être plus, on ne
le sait pas. C'est triste pour la population. C'est triste pour les
familles des travailleurs ici. »
Le président de la section locale 9700 des
Métallos d'ABI, Clément
Masse, a dénoncé la perte de production et de valeur que
représente la
fermeture des cuves, une perte qui va dépasser la valeur
monétaire du
règlement qui pointait à l'horizon quand les
négociations ont été
brutalement suspendues. Ce fait en lui-même révèle
l'ordre du
jour caché qui se joue sur les prix de l'aluminium,
l'abaissement du
prix de l'hydroélectricité et l'imposition d'un nouveau
régime de
retraite et de mobilité du travail aux travailleurs dans les
usines
de ces monopoles au Québec.
Les travailleurs s'unissent pour défendre leurs
droits
D'autres travailleurs à l'échelle du
Canada font face à des
employeurs intransigeants du secteur privé ou public qui ne
veulent pas
discuter et négocier les conditions d'emploi. Ils ont
plutôt recours
aux lockouts, à la loi et aux ordonnances des tribunaux pour
imposer
leur volonté.
C'est le cas par exemple des travailleurs des services
publics
de la Nouvelle-Écosse qui ont fait face à une loi
antiouvrière qui leur
impose leurs conditions d'emploi, au lieu de pouvoir négocier
une
convention collective qui leur est acceptable.
À Hamilton, les métallos membres de la
section locale 1005 qui sont
à l'emploi de l'usine de Stelco dont s'est emparé le
monopole allemand
Max Aicher North America (MANA) en 2010, font face à des
mensonges et à
de l'extorsion. Après avoir promis le paradis sur terre quand il
a
acheté l'usine de US Steel et reçu des subsides
du gouvernement de l'Ontario, MANA a montré ses vraies couleurs
en 2013
quand il a demandé des concessions inacceptables aux
métallos de la
section 1005 et décrété un lockout dans le
but d'imposer son « offre
finale ». Le lockout a été
immédiatement suivi d'une injonction de la
cour qui rend impossible à la section locale de tenir un
piquetage effectif. MANA a engagé de la
main-d'oeuvre scab
dont des étudiants envoyés par le Collège Mohawk,
une institution
financée par les deniers publics. Les membres de
la section 1005 et
leurs sympathisants sont intervenus pour arrêter le flot des
scabs
provenant du collège Mohawk et se sont engagés à
ne pas
céder. Ils défendent avec détermination leur droit
à un emploi à
l'usine à des conditions qui leur sont acceptables.
À Sault Ste. Marie, les travailleurs de la
production et les
employés salariés à l'usine Algoma Steel se sont
maintenant retrouvés
trois fois en 25 ans sous le coup d'une ordonnance d'urgence du
tribunal de la Loi sur les arrangements avec les créanciers
des compagnies
(LACC). Leur plus récent épisode dans les méandres
de la LACC en est
maintenant à sa troisième année. Ceux qui sont en
position de contrôle
de l'usine et des procédures du tribunal essaient de forcer les
travailleurs de la production et les employés salariés
à se plier à la
pression de travailler sans convention collective et à accepter
des
conditions d'emploi qui sont imposées unilatéralement par
des
ordonnances de la
cour. Les 2 235 travailleurs de la section locale 2251
et les 470
employés salariés de la section locale 2724 ont
rejeté ce diktat et
demandent que des négociations se tiennent sous l'égide
de la Loi des relations de travail de l'Ontario et se fassent
sans l'ingérence, les contraintes et le diktat de la LACC.
Forum ouvrier appelle tous les travailleurs
du Québec et
du Canada à exprimer leur ferme appui aux travailleurs de
l'aluminerie
ABI et à tous les autres travailleurs qui sont
présentement engagés
dans la lutte de classe à la défense de leurs droits. La
classe
ouvrière organisée doit assumer sa responsabilité
sociale envers
elle-même et la
société de trouver la façon de priver les
monopoles
mondiaux de leur
pouvoir de priver les travailleurs de leurs droits. C'est possible de
le faire par une lutte collective déterminée ! Cela
doit se faire !
Quels sont les enjeux derrière le lockout
odieux d'ABI ?
Le 12 janvier, le Syndicat des Métallos a
diffusé un communiqué de
presse pour dénoncer le lockout des travailleurs de l'aluminerie
d'ABI
à Bécancour au Québec. Le syndicat souligne que le
lockout va
causer des souffrances dans
toute la région de la Mauricie en plus des épreuves que
vont
vivre directement les 1030 travailleurs de l'usine et les nombreux
fournisseurs
et les autres secteurs de la communauté qui sont
liés à l'usine.
Le Syndicat des Métallos dit que les
propriétaires étrangers de
l'entreprise ont refusé de donner un mandat aux dirigeants
locaux de
l'usine d'en arriver à un règlement à la table de
négociation. Le
président de la section locale 9700 du Syndicat des
Métallos a souligné
les manigances préméditées lorsqu'il a dit :
« On a réalisé hier
que les séries de cuves avaient commencé à
être fermées avant même que
ne commence la rencontre entre les parties convoquées par le
médiateur
du gouvernement. » Il a ajouté : « Le
directeur des ressources humaines
a clairement indiqué qu'il 'n'avait pas de mandat de
négocier'. C'est
à se demander si les vrais enjeux de ce conflit
étaient bel et bien à la table de négociations ou
dans les intérêts
commerciaux des deux géants de l'aluminium. »
La paralysie des dirigeants locaux de
l'entreprise va bien
au-delà des événements de la semaine
passée, ajoute Masse, car « en
décembre dernier, alors que les négociations allaient bon
train et que
des pas importants étaient faits sur le régime de
retraite, la
compagnie a préféré rompre les négociations
et déposer une offre finale
plutôt que
d'essayer de boucler la boucle avec un règlement
négocié ».
Le Syndicat des Métallos a dit que les deux
monopoles veulent
démanteler le régime de retraite à prestations
déterminées et les
arrangements de longue date en ce qui a trait à
l'ancienneté au moment
même où beaucoup de nouveaux employés sont ou vont
être engagés à l'usine.
Le directeur québécois des
Métallos, Alain Croteau, souligne que
les métallos ont vécu en 2012 un lockout similaire
avec Rio Tinto au
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il déclare dans un communiqué de
presse que «
cette compagnie n'hésite pas à faire souffrir des
centaines de familles
et appauvrir toute une région si leurs intérêts
commerciaux
sont en jeu. Or, aujourd'hui, on sait qu'ils vont pouvoir faire grimper
les prix de plusieurs produits d'aluminium et peut-être de la
prime
Midwest américain, tout en continuant de fournir le
marché à partir
d'usines qu'ils détiennent à 100 % plutôt
qu'à 25 %. »
En 2012, au moment où Rio Tinto planifiait
de mettre les
travailleurs en lockout à son aluminerie d'Alma au
Québec, il existait
un surplus de production dans le marché mondial de l'aluminium
et
l'arrêt de la
production à l'usine d'Alma a contribué à
réduire les inventaires et à
faire monter les prix sur le marché.
Un autre aspect qui préoccupe les travailleurs
est la demande
constante d'Alcoa auprès du gouvernement du Québec et de
la société
d'État qui fournit l'énergie de diminuer les tarifs
d'électricité pour
ses usines. La manipulation des prix pour favoriser certains puissants
intérêts privés est un facteur qui contribue aux
crises économiques
récurrentes. L'électricité est une importante
valeur déjà produite qui
est requise pour produire de l'aluminium. « Faut-il voir dans le
lockout une tactique pour semer l'incertitude et peser dans la balance
de tarifs d'électricité
inférieurs ? », demande Alain Croteau.
La section locale 9700 des Métallos dit
qu'elle est prête à
reprendre les négociations, mais elle s'attend à ce que
les monopoles
mondiaux en fassent autant. « Plusieurs des aspects en suspens
dans les
négociations concernent les mouvements de main-d'oeuvre. Ce sont
des
enjeux d'organisation du travail qui n'ont pas nécessairement
d'impact monétaire important. Cela demande toutefois un esprit
d'ouverture de la part de l'employeur. Un règlement est
certainement
possible, à condition que l'employeur le veuille »,
souligne Clément
Masse le président de la section locale 9700.
Entrevue avec Clément Masse, président de
la section locale 9700 du Syndicat des
Métallos
Forum ouvrier
: Comment
s'est déroulée la mise en lockout des quelques 1030
travailleurs
de l'aluminerie par les propriétaires de l'usine ?
Clément Masse
(à droite) s'adresse à la presse pendant le rassemblement
du 12 janvier 2018.
|
Clément Masse : Dans la nuit
de mercredi à jeudi
le 11 janvier dernier, à trois heures du matin, l'employeur
nous a
avisés qu'il décrétait un lockout.
Préalablement, mardi et mercredi
les 9 et 10 février, les travailleurs ont
rejeté à 80 % et avec un taux
de participation
de 85 % l'offre « finale et globale » de
l'employeur. Suite au rejet de
l'offre, nous n'avons pas eu de rencontre avec l'employeur. Nous
l'avons avisé du vote pris par les travailleurs, nous nous
attendions à
une rencontre avec le médiateur puisqu'il y a un
médiateur qui est
assigné à notre dossier. Au lieu de nous rencontrer, de
discuter avec nous de l'écart qui demeure entre les deux
parties,
l'employeur nous a mis en lockout et a immédiatement
commencé à fermer
deux séries de cuves dans l'usine. Il n'a fait aucune
démarche pour
essayer de trouver un compromis avec nous.
FO : Quelle était la
nature de la dernière offre de la direction ?
CM : L'offre était
différente de celle que nous
avons rejetée le 22 novembre à 97 % et un
taux de participation
de 90 %. On peut dire que l'offre était moins pire,
mais pas vraiment
meilleure. Au niveau du régime de retraite, il y a eu certains
changements dans l'offre patronale, mais
nous avons encore des questionnements. C'est un gros morceau et
peut-être que nous n'étions pas si loin d'une entente,
mais il fallait
plus de discussions et l'employeur a simplement refusé d'en
discuter
avec nous. En ce qui concerne la mobilité de la main-d'oeuvre,
par
contre,
sur la question de l'ancienneté, notamment dans les affichages
de
postes,
l'offre de l'employeur n'a pas passé du tout. Les travailleurs
demandent que l'ancienneté demeure dans le cas des mouvements de
main-d'oeuvre. Ce sont les deux principaux points qui font que l'offre
a été rejetée.
FO : Quels sont les derniers
développements depuis le déclenchement du lockout ?
CM : Nos travailleurs sont en
colère et demandent
que l'employeur s'assoie avec nous pour négocier. Nous avons
dressé nos
lignes de piquetage dès que le lockout a été
déclenché. Nous sommes
maintenant sous le coup d'une injonction qui limite le nombre de
piqueteurs à 15 par roulotte et nous avons 4
roulottes autour de l'usine. L'injonction nous interdit de
pénétrer sur
le terrain de la compagnie, de bloquer les camions qui entrent sur le
terrain avec les sous-traitants, d' « intimider » les
cadres et nous
ordonne de nous tenir à 5 pieds des cadres. Il y a aussi
une agence de
sécurité qui a été engagée qui est
là à nous surveiller 24
heures par jour 7 jours par semaine.
FO : Dans un communiqué
récent, tu dis que le
conflit dépasse celui d'un conflit local entre la direction et
les
travailleurs de l'usine. Peux-tu nous en dire plus à ce
sujet ?
CM : Compte tenu du coût
qu'engendre la fermeture
de deux séries de cuves, qui dépasse de beaucoup ce
que coûterait
un règlement, on en déduit que les employeurs ont
sûrement d'autres
visées que juste la négociation de nos conditions
à nous.
Si l'employeur avait voulu un règlement, il
serait venu s'asseoir à
la table. On a l'impression qu'avec le lockout c'est d'autres
éléments
qu'il veut régler. Entre autres, il y a le prix qu'il paie pour
l'électricité. Pour améliorer l'usine, il a besoin
d'une autre ligne de
tension dans le parc, et la question de qui va en payer les coûts
est
une grosse
question pour Alcoa. On sait qu'il y a eu des discussions entre Alcoa
et Hydro-Québec. Alcoa cherche toujours à abaisser le
prix qu'elle
paie pour son électricité et c'est possible que le
lockout soit un
levier pour obtenir gain de cause à ce sujet.
On se demande aussi avec le régime de retraite
qu'ils veulent
instaurer s'ils veulent en faire un modèle pour leurs autres
usines au
Québec, même chose en ce qui concerne l'ancienneté.
Nous n'avons pas de
preuves mais nous ne sommes pas les seuls à penser comme
ça.
Il demeure que l'employeur a quitté la table
alors qu'on négociait
le 21 décembre dernier. Il y avait un médiateur, qui
d'ailleurs avait
été demandé par l'employeur. Le médiateur
lui-même disait que les
choses avançaient, alors pourquoi l'employeur a-t-il
décidé d'arrêter
de négocier le 21 décembre. Il a juste
présenté son « offre
finale et globale » et n'a fait aucune tentative pour
reprendre les
discussions. Puis, au retour des fêtes, on a tenu nos
assemblées.
Pendant tout ce temps-là, l'employeur attendait pour faire son
lockout.
Pendant ce temps-là également, et depuis
le début, notre
proposition n'était pas d'aller en grève. Nous avons dit
en point de
presse que notre objectif n'était pas d'exercer notre droit de
grève
mais de ramener l'employeur à la table de négociation.
C'est toujours
notre objectif.
Les travailleurs de l'aluminerie ABI, membres de la section locale 9700
des Métallos, à un rassemblement d'appui pour les
travailleurs en lockout de Rio Tinto à Alma le 9 février
|
FO : Les appuis d'autres sections
locales des métallos ont commencé à arriver.
CM : Oui, la section d'Alma,
les travailleurs de
Rio Tinto d'Alma, nous a exprimé publiquement son appui. Son
président
Alexandre Fréchette a donné des entrevues pour exprimer
qu'ils sont
avec nous et d'autres sections locales ont commencé à
nous exprimer
leur appui. Le directeur québécois des Métallos,
Alain
Croteau, a lancé l'appel à toutes les sections locales
à considérer
toute l'aide qu'ils peuvent nous apporter, y compris financière.
Bien
sûr nous avons nos montants de secours de grève que nous
donnons aux
travailleurs, mais toute aide est grandement appréciée.
Il
faut dire
aussi que notre section locale est connue pour sa
générosité envers les
autres
travailleurs qui vivent des conflits alors nous apprécions
l'appui que
les autres sections locales nous expriment en retour.
FO : Veux-tu dire quelque
chose en conclusion ?
CM : Je reprends à mon
compte les paroles du
travailleur de Rio Tinto d'Alma qui a écrit une chanson lors du
lockout
de 2012 qui disait : « Je préfère
être debout
sur les lignes que d'être à
genoux dans l'usine ». Cela résume très bien
comment on se sent en ce
moment.
Tous avec les métallos d'ABI qui luttent pour
leur dignité et leur unité!
- Lettre à la rédaction -
En plein milieu de la nuit du 11 janvier, les
propriétaires de
l'aluminerie ABI à Bécancour au Québec ont mis en
lockout les
quelque 1030 travailleurs de l'usine, qui est un des plus gros
employeurs de la Mauricie-Centre du Québec. Les questions en jeu
demeurent l'opposition des travailleurs aux conditions de travail et
à
la
retraite à deux vitesses. Les travailleurs s'opposent aux
conditions à
deux vitesses comme une question de principe et du point de vue de la
dignité du travail et de leur unité, qui sont
intrinsèquement liées.
Produire une vaste quantité d'aluminium pour
l'économie, qui est
d'une grande valeur, est un geste digne qui demande le respect. La
dignité du travail, la dignité de ceux qui produisent la
valeur
aluminium pour l'économie est un aspect fondamental de la vie
moderne.
Chaque fois que cette dignité du travail est bafouée, la
classe
ouvrière doit
répondre par son unité et une lutte collective
organisée pour défendre
les droits de ceux qui sont attaqués.
Permettre aux propriétaires d'ABI d'imposer des
conditions qui
enfreignent le principe d'une classe ouvrière aux droits
indivisibles,
c'est manquer de respect pour les travailleurs qui produisent une si
grande quantité de valeur pour le Québec. Cela est
inacceptable, tant
pour les travailleurs de l'usine que pour tous les travailleurs du
Québec et du
Canada.
L'abaissement des conditions à l'usine en ce qui
concerne les
pensions causerait aussi du dommage au niveau de vie
général dans la
région qui dépend beaucoup de la valeur reproduite
à laquelle les
travailleurs font leur réclamation, quand ils travaillent ou
sont à la
retraite, à partir de la valeur qu'ils produisent.
Les travailleurs d'ABI disent aussi qu'ils
soupçonnent que les
monopoles Alcoa et Rio Tinto qui possèdent conjointement l'usine
(Alcoa à 75 % et Rio Tinto à 25 %)
ont
recours au lockout pour obtenir
des concessions du gouvernement du Québec, notamment en ce qui
concerne
le prix qu'ils paient pour leur
électricité, qu'ils cherchent constamment à
abaisser. Ce ne serait pas
la première fois qu'Alcoa essaie de faire pression pour faire
baisser
le coût de son hydroélectricité. En 2014, le
monopole américain avait
même menacé de fermer ses trois alumineries au
Québec si le
gouvernement québécois n'abaissait pas ses coûts en
hydroélectricité.
Si
Alcoa obtient une baisse de son prix, ce sont d'autres au Québec
qui
devront payer plus cher pour leur hydroélectricité ou
alors
Hydro-Québec devra s'endetter davantage. C'est inacceptable pour
tout
le monde.
D'autres travailleurs disent que le lockout est
peut-être un moyen
d'abaisser la production d'aluminium au Québec pour exercer une
pression à la hausse sur le prix de marché mondial de
l'aluminium.
Alcoa et Rio Tinto sont de loin les principaux fournisseurs d'aluminium
dans le monde et ils sont en position pour contrôler l'offre et
faire
porter le fardeau des arrêts de production aux travailleurs, et
même les
utiliser pour extorquer des concessions.
Le temps nous dira jusqu'où le complot est
allé. Il demeure que
ceux qui contrôlent et possèdent l'usine ont
unilatéralement rompu les
négociations avec les travailleurs en décembre dernier
alors que les
travailleurs disaient qu'ils n'étaient pas si loin d'une entente
qu'ils
pourraient accepter. Les propriétaires n'ont jamais repris les
pourparlers et
ont plutôt présenté leur « offre finale et
globale » inacceptable que
les travailleurs ont rejetée. Un jour plus tard, ceux qui sont
en
position de contrôle ont décrété un lockout
qui de toute évidence avait
été planifié d'avance.
Les travailleurs disent qu'ils se préparent
à un long conflit, car
c'est ce que ces propriétaires internationaux semblent avoir en
tête,
mais les travailleurs demeurent prêts à négocier et
à finaliser tout de
suite une convention collective qu'ils jugent acceptable et qui ne leur
manque pas de respect et n'attaque pas leurs droits et leur
dignité.
Tous
les travailleurs du Québec et du Canada doivent fournir toute
l'aide
possible aux travailleurs d'ABI qui luttent à la défense
de leurs
droits.
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