21 décembre 2017
Pour affirmer leurs droits, les
travailleurs ont besoin du
pouvoir collectif de priver du ceux qui les privent de leurs droits de
leur pouvoir de le faire
Les employeurs et leur État
privent
les travailleurs de la construction
de leurs droits
PDF
Pour affirmer
leurs droits, les travailleurs ont besoin du pouvoir collectif de
priver ceux qui les privent de leurs droits du pouvoir de le faire
• Les employeurs et leur État privent
les travailleurs de la construction
de leurs droits
• Les travailleurs de la construction luttent
pour des conditions saines et sécuritaires - Entrevue
avec Simon Lévesque, responsable du dossier santé et
sécurité de la FTQ-Construction
Les travailleurs
maritimes se mobilisent contre la Loi sur le précontrôle
antinationale du gouvernement Trudeau
• « Nous allons maintenant lutter contre
cette loi par le biais des
règlements »
- Entrevue avec Rob Ashton, président du
Syndicat international des débardeurs et magasiniers (SIDM) -
Canada
Les soins de
santé sont un droit!
• Les paramédics de l'Ontario
soulèvent des préoccupations face aux changements
à la Loi sur les ambulances
-
Entrevue avec Jason Fraser, président du Comité des
travailleurs
ambulanciers de l'Ontario du Syndicat canadien de la fonction
publique
• À nos lecteurs
Pour affirmer leurs droits, les
travailleurs ont besoin du
pouvoir collectif de priver ceux qui les privent de leurs droits
du
pouvoir de le faire
Les employeurs et leur État privent les
travailleurs
de la construction de leurs droits
Les travailleurs de la construction sont très
vulnérables face aux violations et à la négation
de
leurs droits. En plus du manque
général de contrôle auquel tous les travailleurs
font face à leurs endroits de travail,
l'emploi
dans la construction est instable car il se termine lorsqu'un projet
particulier est complété. Selon les statistiques et les
faits mêmes de
la vie,
le travail dans la construction est une occupation très
dangereuse où
les blessures et les décès par accidents et maladies
professionnelles
sont chose commune.
En fait, les travailleurs
de la construction mènent une lutte
constante pour humaniser leurs chantiers et cette lutte requiert que le
facteur humain/conscience sociale soit constamment mis de l'avant et
placé aux postes de commandes. Comment cela peut-il être
réalisé alors
que les travailleurs sont dans une position de subordination face
à
leurs
employeurs dans les conditions qui prévalent présentement
et qui
reposent sur le pouvoir de l'argent et où l'État
intervient
régulièrement pour criminaliser la lutte des travailleurs
à la défense
de leurs droits ? La réponse se trouve dans le pouvoir
collectif des
travailleurs de priver ceux qui les privent de leurs droits du pouvoir
qu'ils ont de le
faire.
Selon les employeurs et l'État, ce qui est le
plus important c'est
que le projet soit complété avec succès et non que
le facteur humain
s'affirme. Selon eux, le facteur humain doit subordonner ses droits au
succès du projet, ce qui veut dire qu'on doit limiter les droits
des
travailleurs de la construction et leur conscience sociale. Les
employeurs
et leur État affirment que le travail et la valeur que les
travailleurs
créent à la fois pour les employeurs et pour les
travailleurs de la
construction peuvent seulement être déployés si
tout le pouvoir décisionnel est subordonné aux
demandes et à la
conscience antisociale de l'employeur de finir le projet le plus vite
possible et avec le moins d'investissement possible dans le
bien-être
et
la sécurité des travailleurs. La vision du monde
antisociale des
employeurs et de leur État est irrationnelle et
désespérée et en
contradiction avec les conditions sociales modernes où les
droits
doivent être affirmés et non niés et où le
facteur humain/conscience
sociale doit être aux commandes en toutes circonstances.
Afin de réaliser leur objectif de
déshumaniser l'endroit de travail
et d'exercer un contrôle absolu comme l'ont fait dans le
passé les
seigneurs féodaux, les employeurs et leur État ont
recours à la force
et à la criminalisation organisée par l'État de la
conscience et de la
parole des travailleurs de même que de leurs collectifs. Ils
essaient
de priver
les travailleurs de leur droit de prendre et mettre en pratique
collectivement des décisions qui sont basées sur les
conditions
concrètes du chantier de construction afin de garantir un
environnement
sécuritaire et de satisfaire les besoins et les
réclamations des
travailleurs à ce qui leur appartient de droit, en tant que
producteurs
véritables de la valeur
que les employeurs convoitent.
Dans le monde moderne d'aujourd'hui, les gens ont des
droits parce
qu'ils sont des êtres humains. Les droits des travailleurs de la
construction et de tous les travailleurs ne peuvent pas être
niés ou
restreints de quelque façon que ce soit. Lorsque les
travailleurs
affirment leurs droits, les transformations se produisent qui
humanisent
l'environnement naturel et social, y compris l'endroit de travail
lui-même.
Toute force sociale, comme les employeurs et leur État, qui
prive les
travailleurs de leurs droits par sa façon d'agir, n'est pas apte
à
gouverner, que ce soit à l'endroit de travail ou au
gouvernement. La
classe ouvrière doit développer et gagner le pouvoir
collectif de
priver ceux
qui cherchent à priver les travailleurs de leurs droits de leur
pouvoir
de le faire, comme les peuples dans le passé ont
développé et gagné le
pouvoir de priver les seigneurs médiévaux de leur pouvoir
de priver.
En renforçant leurs collectifs et en affirmant
leurs droits par des
actions avec analyse, les travailleurs de la construction et les
travailleurs dans leur ensemble vont humaniser leurs endroits de
travail et tout l'environnement politique, social et naturel. Par leur
force collective, leurs actions et leur vision du monde moderne qui
placent le facteur
humain/conscience sociale aux postes de commandes, ils vont
développer
et gagner le pouvoir de priver les forces sociales qui cherchent
à
priver les gens de leurs droits du pouvoir de le faire.
Les travailleurs de la construction luttent pour des
conditions saines et sécuritaires
- Entrevue avec Simon Lévesque,
responsable du dossier santé et sécurité
de la FTQ-Construction -
Manifestation des travailleurs de la construction en grève au
Québec le 24 mai 2017
Les travailleurs de la construction du Québec
intensifient leur
lutte à la défense de leurs droits, dont le droit de
travailler dans
des conditions saines et sécuritaires. Les travailleurs de la
construction forment 5 % de la main-d'oeuvre au Québec
et
subissent 25 % des décès qui sont
officiellement reconnus comme étant
liés au travail. Un mégachantier comme celui du barrage
hydro-électrique La Romaine d'Hydro-Québec sur la
Côte-Nord a connu
quatre décès depuis le début des travaux
en 2009. Les travailleurs
blâment les méthodes de travail qui sont utilisées
et surtout le fait
que la voix et l'expertise des travailleurs ne sont pas
écoutées
lorsqu'ils
soulèvent l'existence de dangers et font valoir l'importance de
la
prévention sur les chantiers.
Forum ouvrier s'est
entretenu
récemment
avec
Simon
Lévesque,
le responsable du dossier santé et
sécurité de la
FTQ-Construction, sur la situation que vivent les travailleurs de la
construction et le travail que fait le syndicat pour défendre
leurs droits.
***
Forum ouvrier : Quel est le travail
principal que
le syndicat fait à l'heure actuelle pour transformer la
situation en ce
qui concerne la santé et la sécurité sur les
chantiers de construction ?
Simon Lévesque : La question de
la prévention,
en particulier du représentant en prévention nommé
et formé par les
travailleurs, est au centre de notre intervention.
Quand la Loi sur la santé et la
sécurité du travail a été
adoptée, en 1979, les législateurs se sont
donnés jusqu'en 1985 pour
l'appliquer à tous les secteurs. Nous, au niveau de la
construction,
nous sommes considérés au premier rang du premier groupe
prioritaire.
Nous sommes le seul milieu de travail qui a des
dispositions particulières dans la loi parce que nous
travaillons dans
le secteur le plus dangereux. Pourtant, toutes ces dispositions qui
sont dans la loi à notre sujet et qu'ils s'étaient
donné jusqu'en 1985
pour appliquer, n'ont jamais été mises en pratique.
Il n'y a jamais eu un politicien qui a eu le courage de
nous donner
les dispositions auxquelles on avait le droit, et, principalement, le
représentant en prévention. Les autres groupes
prioritaires l'ont eu,
mais pas nous. Cette loi-là n'a jamais été
fonctionnelle parce qu'on ne
nous a pas accordé ses dispositions dont le représentant
en prévention.
On ne les a jamais eues.
On a réussi, depuis 2010, dans certains
chantiers de grande
importance, à avoir des représentants en
prévention. On a obtenu notre
première décision en 2010, pour le prolongement de
l'autoroute 30, où
nous avons obtenu notre premier représentant en
prévention. Ensuite on
en a eus avec le CSUM [Centre universitaire de la
santé McGill].On a obtenu 5 représentants en
prévention, parce que nous
sommes 5 associations syndicales dans la construction. On en avait
demandé 5 parce qu'on ne voulait pas de conflit ou de
jalousie entre
syndicats, on a laissé tomber la question de la
représentativité, du
nombre de membres de chaque syndicat. Les 5
représentants en prévention étaient dans le
même bureau, ils
travaillaient ensemble. On a démontré que c'est possible.
Cela a porté fruit parce que sur les autres
grands chantiers de
construction, on les demande maintenant, et on demande à la
CNESST
[Commission des normes, de l'équité, de la santé
et de la sécurité du
travail] de se prononcer si les grands employeurs refusent de nous les
accorder. Quand on nous les refuse sur les chantiers de grande
importance, on demande à la Commission de se prononcer en vertu
de
l'article 221 de la Loi. Selon cet article, sur les chantiers de
grande
importaance, toutes les dispositions et tous les mécanismes de
prévention sont déterminés par la CNESST. Partout
oû nous avons obtenu
des représentants en prévention, cela a donné des
résultats.
Pourtant, les grands employeurs mettent de la pression sur la
Commission, ils mettent leur pouvoir politique en action pour nous
empêcher d'en avoir. Au chantier de La Romaine, nous avons
dû faire une
énorme pression médiatique, en particulier suite au
dernier décès, en
décembre 2016, qui était le 4e
décès sur ce chantier, pour
obtenir des représentants en prévention sur une base
volontaire.
Hydro-Québec a finalement accepté et nous avons
maintenant des
représentants en prévention sur le chantier depuis
près d'un an.
Pour que la prévention fonctionne, il faut une
collaboration. Il
faut que la collaboration soit bien intégrée, il faut que
cela
participe, qu'on travaille ensemble pour un objectif commun. Il faut
dire que là où on a réussi à imposer des
représentants en prévention,
la coopération n'a pas toujours été bonne. En
plus, on veut avoir des
représentants
en prévention partout, pas juste sur les chantiers de plus
de 500
travailleurs. Ce n'est pas seulement sur les grands chantiers qu'il
arrive des accidents mortels. Il en arrive sur tous les chantiers.
On veut développer des représentants en
prévention pour que les
employeurs n'aient pas le choix de prendre les mesures qui s'imposent
pour assurer que le travail est sécuritaire. On ne veut pas
s'attarder
juste aux équipements de protection individuelle. On veut
s'attaquer
aux vraies choses, à ce qui blesse et tue nos travailleurs. On
veut
s'attaquer aux méthodes de travail, on doit s'assurer que ce
sont les
bonnes méthodes de travail qui sont utilisées, les bons
outils, le bon
équipement. On doit s'attaquer à la question de la
santé également. Nos
travailleurs travaillent avec un paquet de contaminants, des solvants,
des choses qui finissent par les tuer à la longue. À
l'heure actuelle,
il y
a juste deux maladies professionnelles qui sont reconnues dans la
construction, l'amiantose et l'exposition à la silice.
Le problème qu'on rencontre, c'est qu'on ne nous
écoute pas. Quand
nos travailleurs veulent parler, souvent on se débarasse d'eux,
de ceux
qui ont parlé. Les travailleurs se font dire de se taire, qu'ils
n'ont
pas l'expertise de ces choses là, qu'il faut laisser cela aux
experts.
Au chantier de La Romaine, des travailleurs avaient soulevé que
la
façon dont on les faisait percer le roc ne concordait pas avec
leur
expérience et n'était pas sécuritaire. On leur
répondait que cela
regarde les géologues. Leur expérience n'était pas
respectée.
Le représentant en prévention est
important dans la construction
parce que les travailleurs n'ont pas de sécurité
d'emploi. S'ils se
plaignent et poussent plus loin leur démarche, s'ils appellent
leur
association, ils servent de cible. Même s'ils font une plainte
anonyme
à la CNESST c'est possible de déduire de quel secteur
vient l'appel.
Par contre, quand les travailleurs soulèvent les
problèmes à
travers les représentants en prévention, ils passent
directement par
lui. Il est au chantier à temps plein, ils passent par cette
personne,
elle est leur voix, elle défend leur point de vue. La voix des
travailleurs doit être protégée, sinon, dans un
contexte d'absence de
sécurité d'emploi, les
employeurs peuvent détecter les travailleurs qui se plaignent et
les
représailles pleuvent.
En plus de nos réclamations à la
Commission, nous faisons de
l'intervention directe sur les chantiers. Si on croit à la prise
en
charge par le milieu, on doit prêcher par l'exemple, on
intervient
directement sur les chantiers. Récemment encore, dans une
bâtisse de 15
étages, il y avait six étages sans garde-corps.
En 2017, on doit
encore se battre pour dire que les garde-corps c'est nécessaire.
Nous
intervenons fermement auprès des employeurs pour que des mesures
correctives soient appliquées immédiatement.
Les
travailleurs maritimes se mobilisent contre la Loi sur le
précontrôle antinationale du gouvernement Trudeau
«Nous allons maintenant lutter contre cette loi
par le biais des règlements»
- Entrevue avec Rob Ashton,
président du Syndicat international des
débardeurs et magasiniers, Canada -
Les travailleurs maritimes
qui travaillent au port de Vancouver et
dans les autres ports du pays s'opposent au projet de loi C-23, Loi
relative au précontrôle de personnes et de biens au Canada
et aux États-Unis. Cette loi étend le «
précontrôle », un processus de
dédouanement par
le pays de destination avant que la cargaison
ou la personne ne quitte le pays d'origine, de certains
aéroports au
Canada aux passages terrestres et maritimes. Il autorise le
prédédouanement de cargaisons par des agents
américains dans des
installations canadiennes, permet aux agents américains de
porter
des armes et de détenir, fouiller et utiliser la force contre
des
Canadiens dans des
installations de précontrôle au Canada.
Le Syndicat international des débardeurs et
magasiniers (SIDM)
s'est battu contre le projet de loi qui a maintenant
été adopté par
la Chambre des communes et le Sénat et, maintenant que la loi
reçu la
sanction royale, il continue de se battre et d'informer les Canadiens
sur ce que cette loi signifie. En collaboration avec la
Fédération des
travailleurs de la Colombie-Britannique et l'Association pour les
libertés civiles de la Colombie-Britannique, le SIDM a
organisé un
rassemblement le 16 décembre à la Place du Canada,
à Vancouver, sur le
quai où accostent les navires de croisière, le dernier
jour de la
saison de ce type de navires. Tous les travailleurs du SIDM
à la
Place
du Canada seront directement touchés par la loi C-23 et les
travailleurs maritimes de tout le pays devront maintenant subir un
contrôle de sécurité par le gouvernement canadien
et le département de
la Sécurité intérieure des États-Unis.
Les syndicats et de nombreuses autres organisations se
sont opposés
à la loi C-23 comme une violation des droits des passagers et
des
travailleurs, et une violation de la souveraineté nationale, par
la
transmission d'informations sur les Canadiens à un gouvernement
étranger. Cela va permettre à un gouvernement
étranger de déterminer si
un
travailleur canadien est autorisé à travailler ou non et
c'est une
invitation aux pouvoirs policiers d'un gouvernement étranger
à
intervenir en sol canadien en toute impunité et immunité.
Forum ouvrier a interviewé Rob Ashton,
le président du SIDM - Canada, après le rassemblement
du 16 décembre
***
Forum ouvrier : Peux-tu expliquer le but du
rassemblement à la Place du Canada le 16
décembre ?
Rob Ashton : Le rassemblement a
été organisé par
mon syndicat, le Syndicat international des débardeurs et
magasiniers,
et principalement par des jeunes travailleurs, pour faire
connaître ce
que le gouvernement du Canada fait avec la loi C-23. Irene Lanzinger,
présidente de la Fédération des travailleurs de la
Colombie-Britannique, et Josh Paterson, de l'Association pour les
libertés civiles de la Colombie-Britannique, ont
également pris la
parole. Le rassemblement a été organisé
très rapidement à un moment où
les gens sont occupés à d'autres choses, alors nous
croyons que
l'action a été un succès.
La loi C-23 a été négociée
secrètement entre le gouvernement Harper
et le gouvernement Obama en 2015 et elle a été
adoptée à la Chambre des
communes et au Sénat plus rapidement qu'un train à grande
vitesse. Nous
n'avons pas réussi à la faire modifier avant qu'elle soit
adoptée et
elle a reçu la sanction royale le 12
décembre. Nous en sommes maintenant à l'étape de
la réglementation et
nous allons maintenant lutter contre cette loi par le biais des
règlements.
Il est important de connaître l'historique du
programme
d'habilitation de sécurité. Après le 11
septembre 2001, le gouvernement
canadien a adopté le Programme d'habilitation de
sécurité en matière de
transport maritime. Les syndicats maritimes, y compris le SIDM, ont
résisté parce qu'il était trop intrusif et
outrancier. Pour
travailler à la Place du Canada où les navires de
croisière accostent à
Vancouver, un travailleur maritime doit posséder une
habilitation de
sécurité, soumettre ses empreintes digitales et subir une
vérification
détaillée de ses antécédents. Cela cause
beaucoup de problèmes mais le
programme comprend une procédure de griefs.
En vertu de la C-23, après que le gouvernement
canadien aura
accordé à un travailleur son habilitation de
sécurité, celui-ci sera
autorisé à travailler dans des endroits comme Place du
Canada et son
nom et sa date de naissance ainsi que d'autres renseignements seront
envoyés par le gouvernement canadien au département de la
Sécurité
intérieure des États-Unis pour dépistage. Si le
département de la
Sécurité intérieure des États-Unis fait un
« commentaire dérogatoire »,
alors le travailleur peut perdre son habilitation de
sécurité. Nous ne
savons pas ce que l'on entend par « commentaire
dérogatoire ». Nous
avons demandé aux représentants du gouvernement et
personne ne peut nous le dire. Nous connaissons l'attitude et les
actions de l'administration Trump à l'égard des
musulmans, des
minorités et des immigrants. Nous avons un grand nombre de
travailleurs
sud-asiatiques parmi nous et nous devons protéger tous les
travailleurs
contre les atteintes à leurs droits.
Nous sommes également préoccupés
par les pouvoirs et l'immunité
accordés aux gardes-frontières américains au
Canada. Si un
garde-frontière américain commet un crime au Canada, il
est réputé à
l'abri de toute accusation au Canada. Les gardes-frontières
américains
devront retourner aux États-Unis pour être
éventuellement poursuivis
par leur
gouvernement. Avec ce projet de loi, les gardes-frontières
américains
auront également la possibilité d'avoir des interactions
avec les
travailleurs, de les détenir et peut-être même de
les fouiller à nu.
Ce que nous avons toujours dit, à la Chambre des
communes, aux
députés, aux sénateurs, c'est que si le
gouvernement canadien autorise un travailleur à travailler au
Canada, aucune autre partie ne devrait
avoir le pouvoir de lui enlever cela. Nous avons eu un peu d'appui. Au
Comité de la sécurité publique de la Chambre des
communes,
Diane Watts, une députée conservatrice de la
Colombie-Britannique a
proposé notre amendement technique à cet effet et a
été appuyée par
Matthew Dubé, député néo-démocrate
du Québec. Cet amendement a été
rejeté. Au Sénat, nous avons aussi reçu l'appui de
certains sénateurs.
Au dernier jour du processus de trois jours au Sénat, il y a un
examen ligne par ligne du projet de loi. Même s'il s'agissait
d'un
volumineux projet de loi et non d'un projet de loi normal qui prend une
à deux heures, le projet de loi C-23 a été
adopté en 6 minutes et 55
secondes.
FO : Outre les préoccupations
concernant le
profilage racial et le ciblage des travailleurs qui appartiennent
à des
minorités nationales, avez-vous d'autres préoccupations
en ce qui a
trait à cette loi ?
RA : Nous nous inquiétons pour
tout le monde. En
ce moment, si je veux me rendre aux États-Unis et entrer dans
une zone
de prédédouanement, puis je change d'avis et
décide de ne pas voyager,
je peux simplement partir. En vertu de cette loi, une fois que j'aurai
entamé le précontrôle, je ne serai pas
autorisé à
partir tant que je n'aurai pas répondu à toutes les
questions que les
gardes-frontières américains voudront me poser, à
leur satisfaction.
Cela va même permettre à un garde-frontière
américain de faire une
fouille à nu d'un passager canadien sans la présence d'un
représentant
canadien.
Nous craignons qu'avec ces pouvoirs, la
Sécurité intérieure pourra
nier le droit de travailler à n'importe quel travailleur
maritime
canadien pour quelque raison que ce soit, et peut-être simplement
parce
qu'il s'oppose ouvertement à cette loi. Cela aura une incidence
sur
tous les travailleurs maritimes auxquels on réclame une
habilitation de
sécurité. Cela inclut tout le monde au terminal des
navires de
croisière à la Place du Canada et certains autres
travailleurs dans le
port, mais pas tous. Un travailleur ayant une habilitation de
sécurité
doit présenter une nouvelle demande tous les cinq ans. Pour les
travailleurs qui ont déjà l'habilitation de
sécurité c'est lorsque vous
appliquez de
nouveau que votre demande va à la Sécurité
intérieure. Nous avons un
système de répartition en vertu duquel nous
plaçons entre 50 et 300
travailleurs par jour à la Place du Canada pendant la saison des
navires de croisière. Nous estimons que jusqu'à 2000
travailleurs
pourraient être touchés par cela.
FO : Tu as soulevé à la
fois la question des
droits des travailleurs et de la souveraineté nationale. Peux-tu
nous
en dire plus à ce sujet ?
RA : Trudeau parle de défendre
la classe moyenne.
Mes membres sont de la classe ouvrière, pas de la classe
moyenne, et ce
que fait le gouvernement Trudeau, c'est attaquer la classe
ouvrière. Il
semble que vous êtes de la classe moyenne si vous êtes un
homme blanc
qui gagne des millions de dollars par an. En ce
qui me concerne, le gouvernement canadien vient de dire à la
face du
monde qu'il ne défendra pas la souveraineté canadienne.
Notre position
est la suivante : si un travailleur canadien est autorisé
par le
gouvernement canadien à travailler au Canada, aucun gouvernement
étranger n'a le droit de lui retirer cette autorisation.
FO : Quelles autres actions
envisagez-vous ?
RA : Transports Canada nous a dit qu'il va
se passer entre 18 et 24 mois
avant que la réglementation entre en vigueur alors les
rassemblements
vont devenir de plus en plus importants et nous n'allons pas nous
arrêter tant que la classe ouvrière ne pourra pas vivre en
paix parce
que la
classe ouvrière de ce pays se fait tromper depuis longtemps. On
lui a
dit pendant les élections que le gouvernement allait s'occuper
de la
classe ouvrière et tout ce qu'ils font, c'est attaquer la classe
ouvrière.
Les soins de santé sont un droit!
Les paramédics de l'Ontario soulèvent des
préoccupations face aux changements à la Loi sur les
ambulances
- Entrevue avec Jason Fraser,
président du Comité
des travailleurs
ambulanciers de l'Ontario du Syndicat canadien
de la fonction publique -
Le 12 décembre, des paramédics venus
de plusieurs villes de
l'Ontario ont convergé vers Queen's Park pour dénoncer
les changements
dangereux qui ont été faits à la Loi sur les
ambulances par le gouvernement dans le cadre de la loi
omnibus 160, Loi de 2017 renforçant la
qualité et la responsabilité pour les
patients.
La loi a été adoptée en troisième lecture
le 12 décembre et a reçu la
Sanction royale le même jour. La loi 160 est une loi omnibus
géante qui
abroge ou crée sept lois et en modifie plus de 30. Le
gouvernement
libéral de Kathleen Wynne l'a déposée le 27
septembre et l'a adoptée à
toute vitesse avec
seulement 4 jours d'audience publique, tous à Toronto. Les
syndicats du
secteur de la santé dénoncent cette loi comme une loi de
privatisation
encore plus poussée du secteur de la santé et une menace
encore plus
grande aux hôpitaux locaux. L'action à Queen's Park
était centrée sur
l'annexe 1 de la loi qui modifie la Loi sur les
ambulances. Voici une entrevue qu'a faite Forum ouvrier
avec Jason Fraser qui est le président du Comité des
travailleurs
ambulanciers de l'Ontario (CACO) du Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP). Il y a environ 8 000 paramédics en
Ontario et le CACO
en représente environ 5 000.
***
Forum ouvrier : Quels
sont les principaux changements qu'apporte la loi 160 à la Loi
sur
les
ambulances ?
Jason Fraser : Le CACO et les
paramédics de l'Ontario sont particulièrement
préoccupés par l'annexe 1
de la loi 160 et cette annexe comprend deux amendements
principaux.
Elle prévoit d'abord que des patients qui auront appelé
le 911 pour
obtenir une ambulance pourront être dirigés vers
d'autres institutions que les hôpitaux, qui sont la destination
traditionnelle.La deuxième mesure, qui nous préoccupe
beaucoup, permet
au ministre de faire des modifications à la Loi sur les
ambulances
et cela comprend la détermination de deux sites-pilotes
où l'on
permettra à des travailleurs qui ont une formation de
paramédics
d'exercer
leurs fonctions sur des camions de pompiers. Le gouvernement indique
que c'est un test qu'il veut faire. Ils essaient de trouver deux
municipalités-hôtes qui seront des sites-pilotes où
les paramédics
travailleront à partir de camions de pompier.
Nous ne savons pas exactement comment ce
détournement des patients
va fonctionner. Nous pensons que lorsque nous arriverons sur les lieux,
plutôt que d'amener le patient à un département
d'urgence d'hôpital
traditionnel, nous allons l'amener vers un autre centre de santé
comme
un centre de santé mentale par exemple. Chaque fois que le
gouvernement nous donne un exemple, c'est ce genre d'institution qu'il
mentionne. Si la réglementation et les protocoles
appropriés sont en
place, et que le patient n'est pas amené à une
institution privée qui
fonctionne au profit, alors nous sommes prêts à accepter
cette partie
de la loi. Mail il faut faire en sorte que les règlements, les
politiques et
les protocoles soient bien en place afin que les patients et les
paramédics soient protégés. Aussi, nous ne voulons
pas amener des
patients à des centres de santé privés. Nous ne
savons pas exactement
non plus qui va prendre la décision de diriger le patient vers
un autre
centre de santé qu'une salle d'urgence d'un hôpital. Ce
n'est
pas nous qui
avons
demandé ce changement. Cela fait des décennies que nous
amenons les
patients à des hôpitaux et le système fonctionne.
Peut-être
l'engorgement des hôpitaux explique-t-il le changement
proposé dans la
loi mais alors pourquoi ne pas financer les hôpitaux
adéquatement ?
La deuxième mesure prévue par
l'annexe 1 prévoit que des
travailleurs ayant une formation de paramédics qui travaillent
en ce
moment au service des incendies pourront fournir des services de
paramédics. Selon nous, c'est extrêmement
problématique. C'est notre
travail à nous. Il n'y a aucune preuve que des paramédics
travaillant à
bord de camions de pompier vont fournir un service meilleur que celui
que nous fournissons présentement. Cela va aussi augmenter la
responsabilité des municipalités parce que les
municipalités n'ont pas
de règlements, de protocoles et de garantie de qualité
pour des
services de paramédics qui seraient fournis par les services
d'incendie. Il faut
savoir qu'en Ontario, les municipalités sont les employeurs des
paramédics. Le financement des services préhospitaliers
est réparti sur
une base 50-50 entre les municipalités et le gouvernement
provincial.
Les paramédics de l'Ontario qui fournissent des services de
paramédics
font l'objet d'une réglementation très
développée. La surveillance
est très étendue, et il en est de même des
règlements et des mesures de
conformité pour que la sécurité des patients soit
garantie et ce
système n'existe pas dans les services d'incendie en ce qui a
trait
aux
soins aux patients.
Si le gouvernement provincial, le gouvernement
libéral, pense qu'il
faut accroître le nombre de paramédics en Ontario, des
paramédics qui
sont capables d'offrir des soins dans les communautés, alors il
devrait
réinvestir de l'argent dans les services préhospitaliers
qui existent
plutôt que de créer un second système.
En ce moment, la position de paramédic dans un
service d'incendie
n'existe pas en Ontario. Quelqu'un peut travailler comme pompier
à
temps plein en Ontario et travailler comme paramédic à
temps partiel
mais il doit exercer sa fonction de paramédic sur nos camions et
être
assujetti à notre réglementation et à nos mesures
de
surveillance.
Nous ne sommes pas d'accord que ce modèle soit
introduit et
personne ne semble en mesure de nous dire pourquoi il va l'être.
Tous
les syndicats du secteur préhospitalier sont opposés
à ce changement.
L'Association des municipalités de l'Ontario y est elle aussi
opposée.
Cet été, avant que le projet de loi ne
soit déposé et jusqu'au
débat en troisième lecture, nous avons tenu de nombreuses
réunions avec
des fonctionnaires du ministère de la Santé qui
travaillaient sur ce
dossier, nous avons parlé à plusieurs
députés et même avec le ministre
de la Santé en octobre. On ne nous a pas écoutés.
Le ministre a invité
le
SCFP à présenter des amendements qui nous satisferaient.
Le SCFP l'a
fait mais les amendements ont été rejetés.
Nous sommes très préoccupés de ce
qui va arriver aux patients. Nous
travaillons constamment auprès de nos patients pour leur fournir
le
meilleur service possible et nous voulons continuer de le faire. Le
gouvernement devrait augmenter le financement des services
préhospitaliers qui existent et non réinventer la roue et
bâtir un
deuxième
système. La lutte aux incendies et la prévention des
incendies et les
services préhospitaliers fournis par les paramédics sont
deux
professions différentes. Si les services préhospitaliers
et les
hôpitaux sont financés adéquatement, cela va aider
le système de santé
dans son ensemble.
À nos lecteurs
Ce numéro de Forum ouvrier est le
dernier de l'année.
Notre prochain numéro paraîtra le 18 janvier, peu
avant le début de la
nouvelle session du Parlement. Pendant cette pause, nous vous invitons
à vous joindre au travail du Centre ouvrier pour tracer la
voie à
suivre afin de faire un succès de la nouvelle année,
à la lumière
de tous les défis auxquels le mouvement ouvrier fait face. Pour
nous
rejoindre, nous écrire à centreouvrier@cpcml.ca.
Au nom du Centre ouvrier du PCC(M-L) et de
l'Équipe éditoriale et technique de Forum ouvrier,
nos meilleurs voeux à tous nos lecteurs pour le temps des
Fêtes et une nouvelle année heureuse et en
sécurité.
Pierre
Chénier
Secrétaire du Centre ouvrier du PCC(M-L)
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