23 novembre 2017
Congrès bisannuel de la
Fédération des travailleurs de l'Ontario
Réglons les comptes avec notre
propre classe dirigeante
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Congrès bisannuel de la
Fédération des travailleurs de l'Ontario
• Réglons les comptes avec notre propre
classe dirigeante
• Les défis qui se posent pour les
travailleurs de l'Ontario - Enver Villamizar
Les libéraux et
les
conservateurs de l'Ontario adoptent une loi de retour au travail contre
le personnel scolaire des collèges en grève
• Négociez, ne dictez pas!
• Félicitations à tous ceux qui
ont lutté pour affirmer les droits de tous! -
David
Starbuck
L'entreprise du
ministre des Finances Bill Morneau prend le contrôle du
régime
de retraite de Stelco
• Les parasites s'engraissent à
même les pensions des travailleurs
• Administration du régime de retraite
de Stelco pour un frais
d'usager convenu par contrat
Des métallos du
Québec en grève intensifient leur campagne nationale et
internationale
• Intensifions l'appui aux travailleurs de
CEZinc en lutte pour leur dignité et leurs droits! -
Pierre Chénier
La propagande au sujet
d'une
pénurie de main-d'oeuvre dans l'industrie du camionnage
• Les camionneurs discutent de la
nécessité de s'organiser à la défense de
leurs droits dans toutes les conditions - Normand Chouinard
Congrès bisannuel de la
Fédération des travailleurs de l'Ontario
Réglons les comptes avec notre
propre classe dirigeante
La Fédération des travailleurs de
l'Ontario (FTO) tient son Congrès
bisannuel sous le thème « Power ON » (Activer
notre pouvoir) du 20
au 24 novembre 2017 à l'hôtel du Centre Sheraton
de Toronto.
C'est le dernier congrès de
la fédération avant les
élections provinciales qui doivent se tenir le 7 juin 2018.
Il se tient
alors que les libéraux de Justin
Trudeau semblent s'apprêter à signer le Partenariat
transpacifique (PTP)
auquel s'est fortement opposée la classe ouvrière de
l'Ontario aux dernières élections, en particulier les
travailleurs de l'automobile.
Pendant
ce temps, alors qu'il s'agit de prendre en main la lutte ici contre la
classe dirigeante canadienne et son gouvernement Trudeau qui a
assujetti le Canada à l'autorité des États-Unis,
les travailleurs
organisés de l'automobile, qui sont concentrés
principalement en
Ontario, se font dire de joindre leurs efforts à ceux de
l'administration Trump pour attaquer le Mexique
dans le
cadre des négotiations de l'ALÉNA. L'objectif, dit-on,
serait d'élever
les salaires et les standards au Mexique pour que les monopoles ne
puissent pas s'en servir pour abaisser les salaires des Canadiens et
menacer de déménager la production au Mexique.
Au même moment, les métallos qui
mènent
une lutte déterminée et continue contre le vol
légalisé qui se fait sous
les auspices de la Loi sur les arrangements avec les
créanciers des compagnies
(LACC) et pour s'engager dans une nouvelle direction
d'édification
nationale au sein d'une économie qui subvient à ses
besoins, se font dire d'abandonner leur propre pensée et leur
propre
vision du monde pour suivre aveuglément Trudeau et Trump dans
leur
opposition au soi-disant dumping de l'acier par les Chinois au Canada,
qui serait devenu le problème principal.
Les libéraux
de Justin Trudeau refusent de défendre ce qui appartient de
droit aux
travailleurs canadiens, y compris leurs pensions, leurs avantages
sociaux, leurs aciéries, leurs emplois et leur économie,
lesquels sont
des choses que les Canadiens peuvent contrôler. On dit aux
métallos et
à d'autres travailleurs d'oublier la réalité
à laquelle ils sont confrontés et
d'abandonner leurs propre lutte contre les monopoles américains
et les
autres
monopoles étrangers qui détruisent l'industrie canadienne
de l'acier et
l'économie plus généralement. Abandonnez vos
propres demandes dans le cadre d'un projet d'édification
nationale, se font dire les travailleurs ;
ralliez-vous
derrière tel ou tel monopole qui a de la difficulté
à concurrencer
d'autres monopoles à l'échelle mondiale.
Considérez chaque demande
des monopoles et de la classe dirigeante comme la vôtre et
renoncez à
organiser vos propres forces ouvrières pour une lutte
déterminée et
indépendante pour vos droits, pour une nouvelle direction de
l'économie
et pour l'édification nationale, ce qui veut
nécessairement dire régler les comptes avec notre propre
classe dominante ici même au
Canada.
L'élite dirigeante
fait des pieds et des mains pour présenter les
problèmes auxquelles la classe ouvrière fait face comme
étant «
quelque part ailleurs » dans un espace mondial soi-disant
organisé par des forces obscures
que les Canadiens ne peuvent pas contrôler et en fait ne veulent
pas
contrôler. Les travailleurs canadiens veulent contrôler les
affaires
qui
les affectent directement dans l'ici et le maintenant et dans la
réalité concrète du Canada. Pour bloquer ce
désir de contrôler leurs
affaires, la classe dirigeante tente de détourner les
travailleurs
canadiens vers d'autres voies, les incitant par exemple à
s'organiser comme une masse votante derrière différentes
variantes
d'un ordre du jour qui sert
les riches et ne provient pas de la pensée et de la conception
du monde
de la classe ouvrière. C'est ce qui s'est passé en 2015,
lorsqu'on a fait pression sur les travailleurs pour qu'ils votent
pour l'ordre du jour néolibéral
d'austérité de Trudeau en opposition à la variante
de Harper, au lieu que la classe
ouvrière
ait son propre objectif et ordre du jour.
La classe ouvrière
doit
s'attaquer à ce problème d'être constamment
poussée à s'aligner derrière des
intérêts qui ne sont pas les siens si elle veut
espérer aller de l'avant. On assiste à l'heure
actuelle aux tentatives de la classe dominante de rallier la classe
ouvrière derrière des ajustements aux lois du travail de
l'Ontario. Des
réformes qui servent la classe ouvrière au sein
du régime bourgeois de démocratie représentative
sont possibles seulement si la classe
ouvrière mène une lutte
déterminée pour ses propres droits, pour son propre ordre
du jour et objectif et place
fermement ses intérêts comme
étant ceux de la
nation. Si les travailleurs réduisent leur objectif à
celui d'ajuster des lois du travail qui ne proviennent pas de la
classe ouvrière elle-même et de sa propre pensée et
conception du
monde, cela ne servira pas leur lutte à la défense de
leurs droits et de leur mouvement pour leur
émancipation.
La classe ouvrière a mis de l'avant des demandes
très importantes
de changements aux lois du travail et à d'autres lois afin de
servir
ses propres intérêts. Par exemple, les travailleurs
ont mis à
l'ordre du jour la défense des pensions qu'ils ont et de
l'extension
des
pensions à tous.
Les métallos, leurs
alliés et les travailleurs de différents secteurs
de l'économie luttent pour mettre fin au vol
légalisé en vertu de la
LACC de ce qui leur appartient de droit, dont leurs pensions.
Les travailleurs réclament justice pour les
camrades accidentés, le retrait des lois qui visent à
miner le
droit de s'organiser et de négocier collectivement et ils
demandent
la fin des lois du travail qui créent des couches de
travailleurs ayant
des droits différents selon qu'ils sont citoyens ou non ou selon
d'autres considérations.
Les travailleurs demandent que cesse l'ordre du jour
néolibéral
d'austérité, qu'on augmente les investissements dans
les programmes
sociaux et qu'on cesse de payer les riches.
La classe ouvrière demande que le Canada mette
fin à sa
participation dans les guerres prédatrices au service de
diverses
alliances impérialistes au nom du maintien de la paix. Les
travailleurs s'opposent à l'ingérence du Canada dans des
pays comme le
Venezuela, la
Corée, Haïti et dans toute région du globe que les
impérialistes
américains
ont prise pour cible. Les travailleurs veulent un gouvernement
antiguerre et ils veulent faire du Canada une zone pour la paix.
Les délégués au Congrès de
la FTO peuvent faire progresser leur
cause en soulevant de toutes les façons possibles ces questions
importantes parmi les travailleurs quand ils retournent chez eux, et
ainsi entreprendre de régler les comptes avec leur propre
classe
dirigeante.
Les défis qui se posent pour
les travailleurs de
l'Ontario
- Enver Villamizar -
Au moment où la Fédération des
travailleurs de l'Ontario tient son
congrès bisannuel à Toronto, l'adoption de la loi de
retour au travail
par le gouvernement ontarien contre le personnel scolaire des
collèges
en grève préoccupe de nombreux travailleurs.
En adoptant cette loi de retour au travail contre le
personnel
scolaire en grève, le gouvernement Wynne poursuit la
criminalisation des luttes grévistes des travailleurs. Pour
cacher un
peu les choses et avoir l'air d'adoucir les coups qui sont
portés, le
gouvernement impose l'arbitrage (dans ce cas-ci, la
médiation-arbitrage). Mais en
forçant l'arbitre de façon très explicite à
agir à l'intérieur des
paramètres de l'austérité antisociale du
gouvernement, le gouvernement fait de l'arbitre son serviteur. Cela lui
permet d'imposer une convention
collective sans avoir à le faire directement. Il s'assure
aussi que l'arbitre va
agir strictement à l'intérieur des paramètres
fixés par lui plutôt que selon les besoins des
travailleurs qui livrent les
différents services et des gens qui les utilisent.
C'est devenu un mécanisme
préféré de l'élite dirigeante en Ontario
d'essayer d'éliminer le droit des travailleurs d'avoir
véritablement
voix au chapitre sur les salaires et les conditions de travail en
présentant l'arbitrage comme une «
alternative ». Depuis 2008, lorsque le gouvernement
ontarien a forcé le
retour au travail des employés du transport public, il a
cherché à
abolir le droit de grève au nom de la «
protection du
public » tout en s'assurant que les arbitres et le
régime d'arbitrage
ne vont pas faire les investissements accrus qui s'imposent dans les
services publics. Il s'agit là du programme
général de la classe
dirigeante en Ontario puisque les progressistes-conservateurs ont aussi
fait leur cette demande, à la fois lorsqu'ils participaient au
gouvernement
minoritaire des libéraux et lorsqu'ils étaient dans
l'opposition dans un
gouvernement libéral majoritaire.
En 2011, le banquier Don Drummond a
été chargé par le gouvernement
libéral de Dalton McGuinty de proposer une restructuration
d'ensemble
des services publics de l'Ontario pour libérer des milliards de
dollars
de revenus publics par le biais de la dette et du
financement déficitaire et d'autres manoeuvres directes pour
payer les riches en faveur des monopoles que favorisaient les
libéraux. Le rapport Drummond, qui a été
publié
en 2012, a abordé la
question des relations de travail et cherché à «
ré-équilibrer » le
régime des relations de travail dans son ensemble pour
empêcher les
travailleurs --surtout ceux du secteur public -- de défendre
ou d'améliorer leurs conditions de travail sous prétexte
que cela
représentait un coût inacceptable pour le gouvernement et
le «
contribuable ». En même temps, les milliards de
dollars en paiements
d'intérêts à cette même banque TD pour
laquelle Drummond avait déjà
travaillé de même que les paiements à d'autres
monopoles en Ontario
n'ont pas été présentés comme un coût
devant être réduit mais comme la
raison d'être de la restructuration.
Le rapport de la Commission de la réforme des
services publics de
l'Ontario que présidait Drummond appelait le gouvernement
à « établir
des critères objectifs spécifiques et bien définis
dont les arbitres de
différends seraient tenus de tenir compte lorsqu'ils formulent
leurs
décisions. Par exemple, le critère portant sur la
'capacité de payer' devrait être élargi de
manière à inclure
l'environnement économique et
financier et des critères de productivité, dans le cadre
des décisions
d'arbitrage ».
Le programme des libéraux est le programme de
l'élite dirigeante
d'utiliser toute occasion qui se présente de limiter le droit
des
travailleurs de dire Non et de dépeindre les
travailleurs comme
un « coût » tandis que payer les riches va de
soi et ne doit pas être
remis en question. Dans le cas de la grève du personnel scolaire
des
collèges, la façon dont cela est fait est par le
recours au régime d'arbitrage
et à la normalisation des nouvelles instructions qui
établissent
les
critères que les arbitres doivent suivre.
Le gouvernement est allé au-delà de la
simple demande que l'arbitre
doit baser son jugement sur la « capacité de
payer » d'un employeur. Le
gouvernement établit d'autres critères qui
l'empêchent de faire
autre chose qu'imposer l'austérité
néolibérale. La loi
de retour au travail du personnel scolaire des collèges
reprend mot pour mot ce qu'a dit la loi de 2008 qui a mis fin
à la
grève des travailleurs de la Société des
transports de Toronto en ce
qui a concerne les limites du pouvoir décisionnel de l'arbitre.
La loi se lit ainsi dans les deux cas :
« Pour rendre sa sentence, le
médiateur-arbitre prend en
considération tous les facteurs qu'il estime pertinents,
notamment les
critères suivants :
« 1. La capacité de payer de
l'employeur compte tenu de sa situation financière.
« 2. La mesure dans laquelle des services
devront peut-être être
réduits, compte tenu de la sentence arbitrale, si les niveaux de
financement et d'imposition actuels ne sont pas relevés.
« 3. La situation économique
prévalant en Ontario.
« 4. La comparaison, établie entre
les employés et des employés
comparables des secteurs public et privé, des conditions
d'emploi et de
la nature du travail exécuté.
« 5. La capacité de l'employeur
d'attirer et de garder des employés qualifiés.
« 6. Les objets de la Loi de 1997
sur le règlement des différends dans le secteur public. »
En 2015, les libéraux de Kathleen
Wynne ont adopté une
loi de retour au travail contre quatre groupes de travailleurs en
grève
du secteur de la maternelle au secondaire qui imposait un
échéancier
arbitraire pour une « entente négociée »
après que les grèves aient été
déclarées illégales. Si l'échéancier
n'était pas respecté,
le dossier était envoyé immédiatement à
l'arbitrage. Le geste qui a été
commis contre le personnel scolaire est similaire à cela car il
impose
lui aussi un échéancier arbitraire et non réaliste
et présente
l'arbitrage comme la solution.
Alors que de plus en plus de luttes de travailleurs
sont
criminalisées par des lois de retour au travail, et alors que
les lois
qui déclarent que les travailleurs fournissent un service
essentiel
interdisent la grève, le recours à l'arbitrage pour
imposer des
conventions collectives est de plus en plus fréquent. Dans
certains
cas, ce sont les travailleurs
qui demandent l'arbitrage lorsqu'ils n'arrivent à rien à
la table de
négociation et qu'ils espèrent qu'un arbitre
indépendant va leur rendre
justice. Le régime d'arbitrage est cependant en train
d'être
restructuré et il y a fort à parier que quiconque recevra
l'aval de
l'élite dirigeante au Canada pour remporter la prochaine
élection
ontarienne sera chargé
de rendre cette restructuration permanente.
L'objectif principal du recours aux lois de retour au
travail et à
l'arbitrage comme soi-disant alternative est d'éliminer la
capacité des
travailleurs d'avoir voix au chapitre sur leurs salaires et leurs
conditions de travail. Cela fait directement partie du programme
d'ensemble de l'élite dirigeante de nier les
intérêts du peuple et son
droit de
conscience au moyen du renforcement des pouvoirs de police de
l'État.
Or, ce mot décisif des travailleurs est le facteur
décisif pour la
défense des services publics et leur amélioration. En ce
qui concerne
l'éducation, les actions du gouvernement sont condamnables parce
qu'elles éliminent le facteur décisif dans la
défense des conditions
d'apprentissage des étudiants bien que le gouvernement affirme
que tout
ce qu'il fait vise à servir les intérêts des
étudiants. En imposant
l'arbitrage et en disant aux employeurs qu'ils n'ont pas besoin de
négocier, le gouvernement fait du diktat (du gouvernement puis
de
l'arbitre ligoté par le gouvernement) la norme. Cela ne favorise
pas
les
travailleurs ou ceux qui dépendent des services que ceux-ci
fournissent.
L'élite dirigeante et ses gouvernements vont de
plus en plus
déclarer les services comme étant «
essentiels », non pas pour défendre
l'intérêt public mais pour nier le droit de grève
des travailleurs ou le droit de recourir à d'autres actions pour
faire en sorte qu'ils ont les conditions de travail nécessaires
à la livraison de ces services indispensables. Alors que les
travailleurs
vont trouver les façons de rejeter ce diktat, le gouvernement va
chercher à
renforcer son pouvoir de criminaliser toute action tel
le ralentissement de travail, en les qualifiant de «
grèves illégales »
puisqu'elles sont « coordonnées », comme la
Commission des relations
de travail l'a fait dans des jugements précédents contre
les enseignants et
d'autres travailleurs.
Les travailleurs de l'Ontario doivent garder en
tête cette
tendance lorsqu'ils
élaborent une voie vers l'avant qui sert leurs
intérêts. Une solution
qui est présentée est qu'en élisant le NPD on va
s'attaquer à ce
problème et donner un certain levier aux travailleurs. Il faut
discuter de comment
cela
va donner un
levier aux travailleurs et un levier pour quoi. En plus, comment cela
va-t-il contester le programme de
l'élite dirigeante de mettre toutes les ressources de la
société à la disposition des riches et de mettre
les ressources et le territoire du Canada sous l'autorité des
États-Unis? Il faut discuter si cela va renforcer ou non la
position des travailleurs pour affirmer leurs droits et les droits de
tous et voir comment cela va le faire, sinon cela ne fera que divertir
les travailleurs de la solution des problèmes auxquels ils font
face en ce moment.
Il arrive aussi que les travailleurs se font
dire
que l'arbitrage tel que prescrit dans le cas des collèges est
mieux
qu'une grève qui n'en finit plus et que la vraie façon de
mener cette
lutte c'est d'élire un gouvernement différent.
Quoi qu'il en soit, trouver la façon de dire
Non ! au
diktat des employeurs et du gouvernement est essentiel comme l'est la
mobilisation du public large pour qu'il affirme que le mot à
dire des
professeurs est garant de la défense des droits de tous. En
votant un Non !
retentissant à l'offre imposée par l'employeur
par vote obligé, le personnel scolaire des collèges a
montré que les
travailleurs rejettent massivement ce diktat. Voilà un facteur
très
positif. Ce Non! doit continuer à
s'exprimer et ne pas
être
supprimé. Il montre que le
sentiment qui habite les travailleurs est d'affirmer leur
dignité et de
rejeter le diktat. Ce sentiment provient de la fierté
qu'ils éprouvent à effectuer leur important travail et
à livrer les
services vitaux à la société. C'est ce facteur qui
favorise la société
dans l'ensemble et c'est pourquoi il est important de trouver les
moyens d'empêcher que la voix des travailleurs dans la
détermination de
leurs salaires et de leurs conditions de travail soit
éliminée.
Les libéraux et les conservateurs
de l'Ontario
adoptent une loi de retour au
travail contre le personnel scolaire des collèges en grève
Négociez, ne dictez pas!
Le 16 novembre 2017, les membres du personnel scolaire des
collèges ont rejeté massivement l'offre imposée
par vote obligé du Conseil des employeurs des collèges.
Dimanche le 19 novembre, le projet de
loi 178, Loi de 2017 sur le règlement du conflit
de travail dans les collèges d'arts appliqués et de
technologie de l'Ontario,
a été adopté en troisième lecture. Le Parti
progressiste-conservateur
(PC) a voté en sa faveur et le NPD a voté contre le
projet de loi.
La loi de retour au travail a été
adoptée après que le personnel
scolaire des collèges en grève ait massivement
rejeté l' « offre
finale » du Conseil des employeurs des collèges
le 16 novembre lors
d'un vote qui leur a été imposé par la Commission
des relations de
travail de l'Ontario. Le gouvernement de l'Ontario est alors
intervenu pour exiger qu'une entente soit conclue avant 17 heures
sans
quoi il nommerait un médiateur-arbitre et déclarerait la
grève
illégale. Cette heure-butoir a été donnée
bien que les conditions qui
avaient empêché le personnel scolaire d'en arriver
à une entente
acceptable pendant les 5 dernières semaines -- l'absence de
négociation
de bonne foi de la part du Conseil, dans le meilleur
intérêt des
étudiants, du personnel scolaire et du système
collégial -- n'avaient
pas changé.
Les membres du personnel scolaire du collège La Cité
retournent en classe en silence le 20 novembre 2017 pour protester
contre la loi de retour au travail.
|
Lorsque l'heure limite a été atteinte sans
qu'une entente soit
conclue, le gouvernement a annoncé qu'il déposait un
projet de loi
déclarant la grève illégale et envoyant toutes les
questions non
réglées à l' «
arbitrage-médiation » exécutoire. Il a
été incapable
d'obtenir le passage accéléré du projet car le NPD
s'y est opposé, ce
qui fait que
le Parlement a été en session pendant la fin de semaine.
Dans un document d'information gouvernemental
publié trois heures
après cette échéance arbitraire, il était
indiqué que le
médiateur-arbitre aurait le pouvoir exclusif de trancher toutes
les
questions qu'il estime nécessaires à la conclusion d'une
nouvelle
convention collective, et pourrait essayer d'aider les parties à
régler
toute question connexe.
En d'autres termes, le médiateur-arbitre aurait le pouvoir
singulier
d'imposer une nouvelle convention collective aux 12 000
membres à temps
plein et à charge de travail partielle, ce qui aura des
conséquences
significatives pour le nombre encore plus grand de membres à
temps
partiel, sessionnels et à contrat du personnel scolaire qui
sont toujours sans syndicat. Il est clair que le résultat de
leur vote
sur leur adhésion à un syndicat va maintenant prendre
encore plus de
signification.
Le gouvernement a présenté son
dépôt du projet de loi de retour au
travail comme une façon d'aider les étudiants en se
basant sur
l'affirmation frauduleuse que les deux parties étaient dans une
impasse
alors qu'en réalité le Conseil des employeurs a
sabordé les
négociations en forçant un vote sur son offre
inacceptable.
Dans le préambule du projet de loi 178, le
gouvernement prétend
avoir tenté pendant les cinq semaines de la grève d'aider
les parties à
résoudre leurs différends par la médiation, mais
sans succès. En
conséquence, il écrit que « l'éducation et
la préparation à l'emploi de
plus de 220 000 étudiants à temps plein s'en
trouvent
perturbées », ajoutant que pour certains, «
l'achèvement de leurs
études et la réussite des objectifs d'apprentissage du
programme
nécessaires à leur employabilité risquent fort
d'être compromis ». Il
évoque alors les programmes de « préparation
à l'emploi » et le nombre
d'étudiants en cours de formation comme apprentis et
inscrits aux programmes d'alphabétisation et de formation de
base, de
rattrapage scolaire et de formation de deuxième carrière.
Il parle
aussi des clients qui reçoivent une variété de
services de recherches
d'emploi financées par le gouvernement de l'Ontario et d'autres
services d'aide à l'emploi qui passent par les collèges.
Pour justifier sa loi qui met fin à la
grève, le gouvernement
poursuit en disant que « ces effets négatifs, en
particulier pour les
étudiants vulnérables, pourraient se faire sentir
à long terme » et que
la poursuite du conflit « donne donc lieu à de graves
préoccupations
d'intérêt public ».
La loi de retour au travail s'assure que le cadre de
référence pour
toute convention collective sera le programme d'austérité
antisocial et
néolibéral de la classe dirigeante qui exige de la part
du peuple qu'il
fasse preuve de retenue pour qu'on paie les riches en attaquant les
programmes sociaux et les conditions de travail. La loi exige à
ce
sujet
du médiateur-arbitre qu'il prenne en considération des
critères comme
la « capacité de payer » des collèges et
la situation économique de la
province. Elle demande aussi au médiateur-arbitre de prendre en
considération « la mesure dans laquelle des services
devront peut-être
être réduits, compte tenu de la sentence arbitrale, si les
niveaux de
financement et d'imposition actuels ne sont pas
relevés. »
Les membres du personnel scolaire de différents collèges
retournent au travail par grands groupes et affichent des photos de
groupe sur la page Facebook du SEPFO, exprimant leur unité et
leur détermination face à la loi de retour au travail.
Sur la photo, les membres du personnel scolaire du collège
George Brown à Toronto se préparent à retourner au
travail le 20 novembre 2017.
Pour tromper les crédules, le gouvernement
prétend que rien n'a «
pour effet d'interdire aux parties de continuer à
négocier en vue de
conclure une nouvelle convention collective, ce qu'elles sont
encouragées à faire ». Rien, à part le
fait que le Conseil n'a plus
besoin de négocier alors que la grève des travailleurs a
été rendue
illégale,
ce qui serait le cas sans doute aussi de toute grève du
zèle menée pour
affirmer leurs droits.
Pour que tous comprennent que toute opposition à
la loi ne sera pas
tolérée, celle-ci indique que toute personne qui
contrevient ou omet de
se conformer à son interdiction de grèves ou de lock-outs
est reconnue
coupable d'une infraction. Sur déclaration de
culpabilité, une personne
devra payer une amende d'au
plus 1 000 $ ; dans le cas d'un employeur ou d'un
syndicat, l'amende
pourra atteindre 25 000 $. Chaque jour de contravention
ou de non
respect de la loi constitue une infraction distincte.
De plus, une grève qui contrevient à la
loi est réputée constituer une grève
illégale aux fins de la Loi de 2008 sur la
négociation collective dans les collèges et est
soumise aux pénalités que cette loi prévoit.
La loi 178 stipule que chaque employé de
l'unité de négociation «
sans tarder, reprend l'exercice des fonctions rattachées
à son emploi
ou continue de les exercer, selon le cas ». Jusqu'à
ce qu'une nouvelle
convention collective soit en vigueur, les conditions d'emploi qui
s'appliquaient la veille de l'entrée en vigueur de la loi de
retour au travail continuent de s'appliquer, à moins que les
parties
n'en conviennent autrement.
La loi 178 contient des dispositions
prévoyant que l'employeur et
le syndicat s'entendent sur un médiateur-arbitre ou, si cela
n'est pas
possible, qu'il soit nommé par le ministre du Travail et
prévoyant un
échéancier à cet effet et pour le début des
procédures par le
médiateur-arbitre. La loi ne permet aucune remise en question de
la
nomination et des procédures du médiateur-arbitre.
Forum ouvrier dénonce ces efforts
cyniques qui sont faits pour présenter ce diktat
anti-démocratique comme une
façon d'aider les
étudiants. La vie a montré que seules les solutions qui
proviennent des
travailleurs eux-mêmes et pour lesquelles ils luttent
établissent un
équilibre qui favorise les intérêts de la
société et non ceux des
riches.
Félicitations à tous ceux qui ont
lutté pour
affirmer les droits de tous!
- David Starbuck -
Les membres du personnel scolaire du collège Cambrian à
Sudbury se préparent à retourner
au travail le 21 novembre 2017.
Le dimanche 19 novembre, le gouvernement
libéral de l'Ontario et
les conservateurs provinciaux ont adopté le projet de
loi 178, Loi de 2017 sur le règlement du conflit
de travail dans les collèges d'arts appliqués et de
technologie.
Plus de 12 000 membres du personnel scolaire à temps
plein et à
charge partielle se sont vus forcés de cesser leur grève
et de
retourner dans les salles de classe. Cette mesure est intervenue trois
jours après que le personnel scolaire ait massivement
rejeté la
dernière offre du Conseil des employeurs des collèges
(CEC) par un vote
de plus de 86 % et un taux de participation
de 95 %.
Les résultats de ce vote ont été
une répudiation complète de la
position du CEC selon laquelle la grève ne jouissait d'aucun
appui du
personnel scolaire mais était l' ouvre de quelques têtes
chaudes du
syndicat. Les résultats du vote ont clairement montré que
les membres
du personnel scolaire sont unis dans leur rejet de toute tentative de
leur
dicter une résolution au conflit qui ne provient pas de la
négociation.
Leur Non ! retentissant a renforcé leurs
demandes de sécurité d'emploi, de
conditions de
travail qui correspondent au travail important qu'ils effectuent, de
liberté d'association et de syndicalisation pour les
employés
contractuels et de droit pour le personnel
scolaire à un rôle significatif dans la prise de
décision académique Au lieu d'obliger le CEC à
négocier une convention
collective qui
servirait de cadre à la résolution de la crise dans les
collèges de
l'Ontario, le gouvernement libéral de Wynne a adopté les
tactiques et
les méthodes d'intimidation du CEC et a forcé le
personnel scolaire à
mettre
fin à sa grève sous peine d'amendes
de 1 000 $ par jour pour chaque
personne et 25 000 $ par jour pour le syndicat. Les
amendes imposées
aux travailleurs et à leurs organisations violent le droit des
travailleurs de retirer leur capacité de travail, un droit
garanti par
la loi naturelle.
Les membres du personnel scolaire doivent être
félicités pour avoir voté Non
au chantage et au diktat dans des conditions difficiles. Le fait qu'ils
n'aient pas été capables de forcer l'employeur à
négocier et se sont
fait imposer une loi de retour au travail montre que les
libéraux et
les progressistes-conservateurs ne sont pas aptes à
gouverner. Ils ont montré par leur grève qu'il est
nécessaire
d'augmenter les investissements dans le régime collégial
en Ontario
afin d'affirmer les droits des travailleurs de l'éducation et le
droit des
jeunes
à un système d'éducation moderne. Ils ont
montré que le CEC est
totalement incapable ou refuse de reconnaître les besoins et les
intérêts des étudiants
ou du personnel scolaire. Le personnel scolaire a exposé les
plans du
CEC d'attaquer le facteur humain, le facteur le plus important dans le
système d'éducation, en s'appuyant de plus en plus sur
l'intelligence
artificielle et la robotique dans les deux prochaines décennies.
Ils
ont dynamisé la lutte contre la sur-exploitation du travail
à temps
partiel,
sessionnel et à contrat. Les étudiants des
collèges ont constaté que si
les membres du personnel scolaire qui préparent les jeunes de la
province par l'éducation et la formation ne peuvent pas
travailler
dans
des conditions stables avec des droits alors quelle chance ont les
jeunes ?
Le CEC, malgré le soutien de certains membres de
la College Student
Alliance, n'a pas réussi à mobiliser les étudiants
contre le personnel
scolaire. Il a imposé cinq semaines de torture à tout
le système
collégial afin d'imposer sa volonté et celle des
monopoles et des
riches sur la communauté collégiale. Les étudiants
ont rejeté la ligne
du
CEC que les membres du personnel scolaire étaient cupides et
mettaient
la vie des étudiants à risque pour satisfaire leurs
propres objectifs
égoïstes. Ils ont appuyé la position du personnel
scolaire que la lutte
est pour un système collégial financé
adéquatement, qui reconnaît les
droits de tous les membres de la communauté collégiale et
cherche
à garantir ces droits.
Les membres du personnel scolaire retournent en classe au
collège Fleming le 20 novembre 2017.
Le CEC et le gouvernement de l'Ontario n'ont jamais
cherché à
négocier avec l'équipe de négociation du personnel
scolaire d'une
manière à résoudre le conflit et à fournir
un cadre pour résoudre les
problèmes auxquels fait face le système collégial.
Le CEC a adopté la
position selon laquelle le personnel scolaire doit limiter ses demandes
à ce
qui est acceptable pour le CEC et le gouvernement de l'Ontario. Lorsque
le personnel a refusé et persisté à formuler des
demandes visant à
régler les problèmes de fond du système
collégial, le CEC a
déclaré que les demandes du personnel étaient
exorbitantes et partant
déraisonnables. Ceci, malgré le fait que l'Ontario ne
finance ses
collèges
qu'à 60 % de la moyenne canadienne.
Malgré les appels constants du personnel
scolaire au CEC à
retourner à la table de négociation, le CEC a
refusé. C'est seulement
après trois semaines que le CEC est revenu à la table
pour quelques
jours puis, lorsqu'un accord semblait à portée de la main
suite aux
concessions faites par le syndicat, le CEC a brusquement quitté
les
négociations
et a insisté sur la tenue d'un vote sur sa dernière
offre, ce qui a
prolongé le conflit de dix autres jours. Même après
le vote écrasant en
faveur du Non, le CEC a refusé de négocier ou de s'en
remettre à
l'arbitrage sans appel. Au lieu de cela, Kathleen Wynne est intervenue
pour forcer le retour au travail des professeurs et imposer une
médiation-arbitrage aux parties. Par ce geste, elle a
tiré les marrons
du feu pour le CEC sans aborder aucun des problèmes auxquels est
confronté le système collégial ontarien.
Maintenant que s'effectue le retour au travail, les
directions des
collèges refusent de consulter les professeurs et les
étudiants pour
déterminer un protocole de retour au travail qui sert les
intérêts de
tous les membres du système collégial. Au lieu de cela,
les directions
des collèges insistent sur un processus de retour au travail qui
permettrait de
compléter l'année collégiale à la fin du
mois d'avril prochain. Si les
collèges peuvent imposer un calendrier qui se termine à
la fin d'avril,
ils vont épargner plusieurs dizaines de millions $ en
salaires et en
remboursement des étudiants.
Une chose à noter est que le tour de passe-passe
du retour au
travail du gouvernement de l'Ontario a éliminé une
enquête du groupe de
travail sur le système collégial de l'Ontario qui aurait
déposé son
rapport dans les six prochains mois, en mai, environ un mois avant les
prochaines élections provinciales. Cela aurait placé
toutes les
questions
entourant les collèges à l'avant-plan de la campagne
électorale. Ce
groupe de travail était censé avoir été
accepté dans le cadre des
négociations durant les quelques jours qui ont
précédé le changement
soudain du CEC qui s'est retiré de la table de
négociation et a demandé
la tenue obligatoire d'un vote. Maintenant, la tenue d'une
enquête du
groupe de travail va dépendre de la décision du
médiateur-arbitre. Elle
peut se tenir ou ne pas se tenir. En tout cas, tout rapport sera
presque certainement retardé jusqu'après
l'élection. Cela ne peut
qu'aider les libéraux de Wynne.
Retour au travail au collège Mohawk le 20 novembre 2017
Les actions du CEC ont coûté des centaines
de millions $ à
l'économie de l'Ontario. Perdus sont les quelque 100
millions $ des
salaires du personnel scolaire et les étudiants doivent recevoir
une
compensation pour les problèmes que cela a causé à
leur vie et le
stress qui leur a été imposé. Le gouvernement a
été contraint
d'offrir une compensation aux étudiants, bien moindre il faut le
dire que ce
qui leur est raisonnablement dû. Les étudiants se voient
offrir des
remboursements de frais de scolarité s'ils abandonnent leurs
cours dans
les deux prochaines semaines. Ces actions ont la marque du
désespoir
alors que le gouvernement cherche à endiguer les dommages
à sa
réputation et à ses chances de réélection
en juin
prochain. Ils ont
échoué à compenser adéquatement les
étudiants pour le chaos causé à
leur existence.
Les débats autour du projet de loi 178 ont
duré moins de deux
heures et demi pour les trois lectures. Les libéraux et les
conservateurs ont montré du mépris envers les
collèges, les étudiants
et le personnel scolaire et tous les travailleurs de l'Ontario en
refusant toute discussion sur la signification de la loi et en adoptant
celle-ci sans débat.
Le fait que moins de la moitié de leurs membres étaient
présents à la
session montre leur mépris total envers les droits des
travailleurs et
la nécessité de leur faire rendre des comptes. Montrant
bien leur
couardise et leur peur des travailleurs, Kathleen Wynne et Patrick
Brown n'ont même pas pris la parole en deuxième ou
troisième lecture.
Les
libéraux et les conservateurs qui ont pris la parole ont
blâmé le
personnel scolaire pour le conflit et le NPD pour avoir
retardé le retour des étudiants en classe en refusant
d'adopter en une
journée le projet de loi de retour au travail sans qu'il soit
examiné. Ils n'ont pas abordé les problèmes
auxquels sont
confrontés les
collèges
que la grève avait pourtant portés à l'attention
de tous.
Retour au travail au collège du Sault le 20 novembre 2017
Maintenant, le travail consiste à faire en sorte
que cette victoire
morale des professeurs des collèges de l'Ontario se transforme
en une
victoire matérielle. Il faut lutter pour financer les
collèges de
l'Ontario au niveau canadien et lutter pour la défense des
droits de
tous jusqu'au bout. Les libéraux et les conservateurs refusent
de
reconnaître
que les collèges de l'Ontario souffrent d'un sous-financement
chronique. Le déni des droits découle de ce
sous-financement et du
désir des riches et des monopoles d'avoir un système
collégial qui sert
leurs intérêts et non ceux des jeunes et de la population
de l'Ontario.
Le personnel scolaire est de retour au travail mais la
lutte
continue, quoique sous une forme nouvelle. Les prochaines
élections en
Ontario et la période qui les précède offrent aux
membres du personnel
scolaire l'occasion de faire progresser leur lutte et celle de toute la
communauté collégiale. Le personnel scolaire et les
étudiants ont placé
les
collèges de l'Ontario et leur besoin de renouveau au centre de
l'ordre
du jour politique de la province. Ils ont besoin de continuer cette
lutte. En 2007, le gouvernement libéral a cherché
à maintenir les
collèges à l'écart de l'agenda politique des
élections ; en 2017, ils
ont cherché à atteindre le même objectif en
manoeuvrant pour
que tout groupe de travail sur la situation ne rende son rapport
qu'après les prochaines élections. Le personnel scolaire
et les
étudiants des collèges de l'Ontario ne peuvent se
permettre d'accorder
un autre tour de passe-passe qui empêcherait que les
collèges reçoivent
l'attention qui leur est due pendant la campagne électorale. La
demande
qui vise
à financer les collèges de l'Ontario à un niveau
canadien et à
reconnaître les droits de tous doit être prise en compte.
Le personnel scolaire et les étudiants doivent
s'efforcer de garder
la question des collèges dans la mire des yeux du public avant
et
pendant les élections. Il est maintenant temps de discuter de la
façon
dont les étudiants et le personnel scolaire peuvent intervenir
pendant
la campagne électorale pour maintenir bien vivantes leurs
demandes.
L'entreprise du ministre des Finances
Bill Morneau prend le contrôle
du régime de retraite de Stelco
Les parasites s'engraissent à même
les pensions des travailleurs
La préparation par le ministre des Finances Bill
Morneau d'une loi
fédérale sur les pensions qui profite à sa propre
entreprise n'est pas
uniquement un problème de corruption individuelle. Cela
soulève le
problème plus profond du parasitisme et de la corruption en
général
d'un système où les entreprises privées
prélèvent systématiquement de
l'argent sur les pensions des travailleurs alors qu'une retraite pour
tous à un standard canadien est loin d'être une
réalité.
Les entreprises privées ne devraient rien avoir
à faire avec les
pensions. Les retraites ne sont pas une entreprise productive. Les
pensions font partie de la réclamation que les travailleurs font
à la
valeur qu'ils ont produite en vendant leur capacité de
travailler. Tout
profit privé tiré des pensions est similaire à
l'usure corrompue des
prêts sur
salaire où une partie du salaire des travailleurs leur est
volée.
L'administration des
pensions, quelle que soit leur forme actuelle,
et tout investissement des fonds de pension devraient être un
service
public géré par une entreprise d'État sans qu'un
frais d'utilisation ne
soit exigé. Aucune somme d'argent ne devrait être
retirée des fonds de
pension, que ce soit à titre de profit ou pour un travail
administratif.
Dans la conception rétrograde des gouvernements
et de l'élite
impérialiste au pouvoir, toute activité économique
doit profiter à
quelques privilégiés qui possèdent et
contrôlent l'économie. La
conception dominante est corrompue et rétrograde et doit
être remplacée
par une conception moderne prosociale.
Une conception moderne place les véritables
producteurs, leurs
besoins et leur bien-être au centre de l'économie et au
contrôle de
toutes les affaires qui affectent leur travail et leur vie. Le but de
l'économie doit être de soutenir les droits de tous, y
compris leur
droit économique à un moyen de subsistance à un
standard canadien, de
la
naissance à la mort.
L'économie moderne est essentiellement sociale.
Elle est faite des
forces productives modernes interreliées de la production
industrielle
de masse et d'une classe sociale productrice, la classe ouvrière
qui
travaille en coopération. La conception et le but qui
régissent
l'économie doivent être conformes au caractère
social des forces
productives
modernes. Une économie socialisée a besoin de relations
de production
socialisées où les véritables producteurs
contrôlent ce qu'ils
produisent et sa distribution. Le privilège de classe et le
parasitisme, comme celui des intérêts privés qui
volent les pensions,
devraient être bannis.
Les travailleurs affectés aux régimes de
retraite chez Morneau
Shepell ne sont pas des employés de l'État qui
travaillent à fournir un
service public ou un programme social. Les employés de
l'État vendent
leur capacité de travailler à une agence de
l'État, qui utilise ensuite
leur temps de travail pour fournir un service public ou un programme
social. Un service public devrait en principe être accessible
à tous,
indépendamment de la situation sociale ou de la richesse, et
donc être
dispensé sans frais d'utilisation. Ce n'est pas le cas lorsque
la
conception dominante est antisociale et que des frais d'utilisation
sont demandés pour les services publics ou pire lorsque le
service
public est
privatisé, comme dans le cas de Morneau Shepell et de
l'administration
des pensions.
Les travailleurs vendent
leur capacité de travailler à l'entreprise
privée du ministre Morneau. Morneau Shepell utilise ensuite leur
temps
de travail pour administrer les régimes de retraite à un
taux agréé par
contrat. Les frais d'utilisation payés à Morneau Shepell
pour que ses
employés administrent les pensions dépassent le montant
que la
compagnie verse aux travailleurs pour leur capacité à
travailler et
pour tout le matériel et l'équipement utilisés
pendant le processus. Le
montant qui reste des frais d'usager va aux propriétaires en
tant que
profit parasitaire et est totalement sans mérite. Inutile de
dire que
l'ensemble des frais d'usager draine l'argent des fonds de pension et
que cela
devrait être banni comme une pratique corrompue.
Les travailleurs qui s'occupent de l'administration des
pensions en
tant que service public et ceux qui travaillent pour des entreprises
parasitaires comme Morneau Shepell sont également instruits,
formés et
compétents. La couche additionnelle de parasites qui
possèdent et
contrôlent les entreprises privées et réclament des
bénéfices
d'entreprise
pour le service public que leurs travailleurs fournissent est
totalement inutile, parasitaire et corrompue. En plus des frais
d'usagers qui drainent les fonds de retraite, le profit d'entreprise va
dans les coffres des riches, tel le ministre des Finances, Bill
Morneau, qui
les dissimule dans des paradis fiscaux ou qui achète des villas
en
France.
Administration du régime de retraite de Stelco
pour un frais d'usager convenu par contrat
Le 15 novembre 2017, la Commission des
services financiers de
l'Ontario (CSFO) a émis une déclaration annonçant
que Morneau Shepell
Ltd. va prendre en charge, à compter du 1er
janvier 2018,
l'administration des cinq régimes de retraite à
prestations déterminées
de Stelco qui ont été supprimés du bilan
financier de Stelco. L'annonce de la CSFO fait suite à celle du
mois
dernier lorsqu'elle avait octroyé un contrat à Morneau
Shepell pour
administrer le régime de retraite enregistré des
travailleurs de Sears,
qui est en train de liquider ses activités en vertu des pouvoirs
de
police de la Loi sur les arrangements avec les créanciers
des
compagnies (LACC).
L'octroi d'un contrat pour
des frais d'usager payés à un
administrateur privé est un autre coup dur porté aux
régimes de
retraite à prestations déterminées de Stelco, qui
sont maintenant
exclus du bilan financier de Stelco et inaccessibles aux nouveaux
employés. La destruction des régimes de retraite à
prestations
déterminations des travailleurs
de Stelco et des autres avantages postérieurs à l'emploi
(APE), ou des
« problèmes légués par le
passé » comme les appellent les riches avec
mépris, a été l'objectif de l'élite
impérialiste dirigeante qui
contrôle Stelco depuis 2003.
Avec courage et détermination, les
métallos dirigés par la section
locale 1005 du Syndicat des Métallos ont combattu cet
objectif
antisocial de ceux qui sont en position de contrôle. En ayant
recours
aux pouvoirs de police de la LACC et à l'immense richesse
sociale, aux
connexions et à la production sidérurgique continentale
de US
Steel, les impérialistes ont maintenant complété
cette bataille et
réalisé cet objectif particulier. Pour être en
mesure de retirer les
prestations déterminées et les APE du bilan financier de
Stelco et d'en
priver les nouveaux engagés, il aura fallu 14 années
aux impérialistes,
deux rondes de LACC, des lock-outs à répétition
des métallos, la
destruction d'une grande partie de la capacité de production de
Stelco
dont le haut-fourneau de Hamilton,.ce qui a réduit
considérablement le
nombre de travailleurs actifs, le transfert des clients vers les usines
américaines de US Steel, le retrait d'une énorme
quantité de richesse
sociale de Stelco par des pratiques de corruption, surtout après
la
première incursion dans la LACC et de multiples changements de
propriété et de contrôle.
L'élimination des régimes de retraite
à prestations déterminées et
des APE pour les nouveaux employés de Stelco fait partie de la
destruction continue de ces programmes dans tous les secteurs
privés de
l'économie. Cela réduit le niveau de vie de la classe
ouvrière
canadienne en concentrant une partie toujours plus grande de la
richesse sociale
que les travailleurs produisent entre les mains des riches.
L'élite
impérialiste dominante vise maintenant l'élimination
légalisée des
pensions à prestations déterminées dans le secteur
public avec le
projet de loi antisocial C-27 de Trudeau/Morneau. Les pensions à
prestations déterminées des travailleurs de Postes Canada
semblent être
les premières à
être visées mais les travailleurs des postes sont
déterminés à les
défendre par une lutte prolongée.
Avec l'ajout des cinq
régimes de retraite de Stelco, Morneau
Shepell étend son empire. La compagnie du ministre des Finances
Bill
Morneau administre maintenant, pour des frais d'usagers
lucratifs, 40 %
des fonds de pension des travailleurs des 500 plus grandes
entreprises
au Canada.
Au lieu d'administrer les pensions de Stelco comme un
service
public sans qu'un frais d'usager, tels les bénéfices
d'entreprise, soit déduit des
fonds de pension, le gouvernement de l'Ontario, par
l'intermédiaire de
sa Commission des services financiers, a agi à titre d'agent de
l'expansion de l'empire privé de Morneau. La LACC, la CSFO et
les lois
fédérales sur les pensions, comme le projet de loi C-27,
sont des armes
utilisées pour légaliser le vol de ce qui appartient de
droit aux
travailleurs.
Les métallos font remarquer que, comme c'est
l'habitude avec ces
sortes d'annonces anti-travailleurs, l'élite impérialiste
dirigeante a
mobilisé ses experts dans les universités, les groupes de
réflexion et
les médias pour mystifier et embellir les stratagèmes
pour payer les
riches et attaquer les travailleurs. Faisant fi du fait que les
nouveaux
propriétaires de Stelco ont en fait éliminé les
régimes de retraite à
prestations déterminées et les APE en tant que
responsabilité sociale
de l'entreprise, un professeur de Hamilton a détourné
l'attention en
disant que les régimes de retraite de Stelco sont en meilleur
état que
ceux des employés de Sears. « Cela ne veut pas dire que
les pensions de
Stelco ne seront pas réduites à un moment donné
dans l'avenir », a
déclaré dans les médias locaux ce professeur bien
accommodé. « Il est
trop tôt pour savoir quelle coupure pourrait être
nécessaire parce que
nous ne savons pas quelles sommes d'argent vont rentrer », a
ajouté le
professeur au service des riches avant de féliciter des
collègues de
l'élite impérialiste dominante, dans ce cas-ci les
propriétaires de
Morneau Shepell et le ministre des Finances Morneau, qui exploitent
«
le modèle d'excellence » qu'est un service de pension
pour des frais
d'usager élevés et le gain privé.
Faisant le bilan de leur
expérience, les métallos de Hamilton
disent que la direction qu'ont prise les gouvernements en
général est
antiouvrière et corrompue, et comprend le recours à la
LACC, à la
législation et à d'autres armes. En particulier, une
odeur
infecte de
corruption liée à l'affaire Stelco émane d'Ottawa,
de Toronto et de
Hamilton,
alors que les gouvernements libéraux fédéral et
ontarien distribuent
des contrats de services publics profitables à une
société
d'administration des régimes de retraite qui est liée aux
libéraux et
dont le principal propriétaire est le ministre des Finances.
Au lieu de défendre les pensions et les
avantages sociaux des
travailleurs et d'étendre à tous les régimes de
retraite à prestations
déterminées à un niveau canadien, les
gouvernements s'enfoncent de plus
en plus dans les bas-fonds de la corruption, des privilèges de
classe
et du déni des droits des travailleurs. Ils transforment les
retraites
en des
sources de profit pour les intérêts privés et
abandonnent à eux-mêmes
des millions de retraités. Cette direction est
complètement erronée. La
classe ouvrière a la responsabilité sociale de
s'organiser et de lutter
pour mettre fin à cette direction et donner une nouvelle
direction
prosociale à l'économie et au pays.
Des métallos du Québec
en grève intensifient
leur campagne nationale et internationale
Intensifions l'appui aux travailleurs de CEZinc
en lutte pour leur dignité et leurs droits!
- Pierre Chénier -
Le 12 novembre, les 371 travailleurs de
CEZinc à
Salaberry-de-Valleyfield ont entamé leur dixième mois de
grève à la
défense de leur dignité de travailleurs et de leurs
droits. Ils
continuent de rejeter les concessions inacceptables demandées
par
l'employeur qui est le Fonds de revenu Noranda-Glencore.
Les concessions demandées concernent en
particulier le régime de
retraite. La compagnie exige toujours l'introduction d'un
système par
lequel les travailleurs vont graduellement utiliser une portion de leur
salaire pour cotiser au régime de retraite. La compagnie
réduirait
d'autant la valeur qu'elle met dans le régime de retraite. Cela
abaisserait
directement les salaires des travailleurs tout en augmentant la
réclamation des propriétaires à la valeur nouvelle
que les travailleurs
produisent. La compagnie demande également que l'âge de
départ des
travailleurs à la retraite anticipée soit reporté
dans le temps. La
retraite anticipée est une nécessité pour ces
travailleurs qui
travaillent dans un
environnement marqué par l'utilisation de produits hautement
toxiques.
Les travailleurs de CEZinc rejettent ces concessions.
Ils le font
par respect pour les travailleurs qui se sont battus avant eux pour ce
régime de retraite et leurs conditions de travail, par esprit de
dignité pour le travail qu'ils accomplissent dans des conditions
très
difficiles et parce que ces concessions sont une descente en spirale
qui mène à
d'autres demandes aux travailleurs d'abandonner ce qu'ils ont accompli.
Sur leurs lignes de piquetage, les travailleurs portent des pancartes
qui disent entre autres choses « Nous ne reculerons
pas ! »
Par contre, qu'est-ce qui motive le Fonds de revenu
Noranda et le
géant minier Glencore, lequel possède 25 % du
Fonds, ce qui le met en
position de contrôle, et est le fournisseur exclusif du
concentré de
zinc qui entre à la raffinerie et l'acheteur exclusif du
métal de zinc
qui en sort ? S'enrichir encore plus, alors qu'ils
croulent déjà sous les richesses, en abaissant les
conditions des
travailleurs ? La manipulation du prix du zinc dans le cadre de la
collusion et de la rivalité entre les monopoles pour le
contrôle des
marchés et l'édification d'empire ? Une entente
d'initiés et des
manoeuvres comptables au sein même du Fonds de
revenu-Glencore ?
Toutes ces réponses ? Rien de prosocial ou de
pro-travailleur
là-dedans ! Rien qui ait quoi que ce soit à voir
avec la solution des
problèmes du secteur minier ! Juste l'intérêt
privé étroit qui est
imposé aux travailleurs et à la communauté en
dépit de tout le dommage
que cela cause.
Les travailleurs persistent dans leur juste
grève et demandent avec
raison l'appui accru des autres travailleurs et de la
communauté, au
Québec, au Canada et dans le monde.
Ils ont à ce sujet entrepris la campagne «
Adoptez un (une)
gréviste » par laquelle les différentes
sections locales des Métallos
de l'ensemble du Canada sont appelées à faire un don
récurrent à un
gréviste au montant et à la fréquence de leur
choix, peu importe la
durée du conflit.
Ils demandent aux travailleurs et à leurs
alliés d'envoyer un
message aux dirigeants du Fonds de revenu Noranda et de Glencore pour
manifester leur appui aux grévistes. [1]
Le message se lit ainsi :
« Bonjour,
« Je vous écris
pour manifester mon appui envers les 371
travailleurs de la CEZinc en grève depuis février dernier
à
Salaberry-de-Valleyfield.
« Le 2 octobre,
ces derniers ont rejeté les dernières offres
patronales, très similaires à celles ayant mené
à la grève en février,
dans une proportion de 97 %. Le résultat est
clair : les concessions
demandées sont inacceptables.
« Les demandes de
l'employeur témoignent d'un manque de
reconnaissance envers les employés et les conditions difficiles
d'exercice de leur travail.
« Vous occupez un
poste névralgique dans l'entreprise. Ce faisant,
vous êtes en partie responsable de ce que vivent
aujourd'hui 371
familles. Et au-delà des syndiqués, c'est toute la
communauté de
Salaberry-de-Valleyfield qui écope. Nous vous invitons à
jouer un rôle
positif dans le règlement de ce conflit. Les grévistes
sont solides, la
solidarité est au rendez-vous. Des syndicalistes de partout au
Québec
et dans le monde les appuient. Ils ne rentreront pas à genoux.
« Mais plus cette
grève dure, plus le retour sera difficile et cela
risque d'hypothéquer les relations de travail. Il n'est pas trop
tard
pour négocier de bonne foi un contrat équitable, à
l'avantage de tous.
« Merci de votre
attention.
« Un-e sympathisant-e des membres de la
SL 6486 des Métallos. »
En plus, le Syndicat des Métallos a lancé
une campagne mondiale
contre Glencore pour aider à dénouer la grève
d'une manière qui soit
acceptable aux travailleurs. Les représentants des
grévistes de CEZinc
ont participé à des actions notamment à Toronto,
en Suisse, en
Australie et en Colombie pour recueillir de l'appui à leur lutte
et
exprimer
leur appui aux autres travailleurs dans le monde qui affrontent les
attaques du géant mondial Glencore contre leurs droits.
Le 9 novembre dernier, le Comité
exécutif d'IndustriALL, le
syndicat international qui selon son site web représente 50
millions de
travailleurs des secteurs miniers, de l'énergie et du secteur
manufacturier dans 140 pays, a entériné la campagne
mondiale contre Glencore.
Dans son communiqué, le Comité
exécutif mentionne que les
travailleurs de Glencore dans au moins 3 pays mènent une
lutte ardue
contre les attaques de l'entreprise. En plus de la grève
à
Salaberry-de-Valleyfield, il y a un lock-out qui dure depuis mai
dernier contre les travailleurs de la mine Oaky North en Australie qui
se battent
contre la tentative de la compagnie de les remplacer par des
sous-traitants. En Afrique du Sud, le Syndicat national des
métallurgistes d'Afrique du Sud mène une campagne pour un
salaire chez
Glencore qui permet de vivre et demande une négociation
collective au
plan national et une harmonisation des conditions d'emploi sur les
sites de
Glencore. L'entreprise a récemment refusé la
présence de permanents
syndicaux sur ses sites. Elle emploie 27.000 travailleurs et
travailleuses en Afrique du Sud.
La lutte des travailleurs de CEZinc se poursuit et
mérite l'appui de tous.
Plein appui aux grévistes de
CEZinc !
Glencore se bat pour son intérêt privé
étroit de monopole
au
détriment des travailleurs et de tous !
Les travailleurs de CEZinc luttent pour
leurs droits en tant que
producteurs de la richesse
sociale et contre l'abaissement du niveau de vie de
tous !
Note
1. Pour signer le message d'appui aux
grévistes de CEZinc, cliquer ici
La propagande au sujet d'une
pénurie de
main-d'oeuvre dans l'industrie du camionnage
Les camionneurs discutent de la nécessité
de s'organiser à la défense de leurs droits dans
toutes les conditions
- Normand Chouinard -
Une grande illusion est propagée au sein du
mouvement pour la
défense des droits des camionneurs au Québec et au
Canada. Les grands
employeurs et les médias parlent abondamment d'une
pénurie de main
d'oeuvre qui existerait dans le secteur. Cela, semble-t-il, va forcer
les grandes entreprises de transport à améliorer les
conditions de
travail des camionneurs parce que le déséquilibre entre
l'offre et la
demande va les favoriser. Dans ce scénario inventé, la
lutte organisée
des camionneurs pour la défense de leurs droits, de leur
dignité et
pour une nouvelle direction prosociale de leur industrie ne serait plus
nécessaire,
Cette illusion qui vise à paralyser les
camionneurs est d'autant
plus dangereuse que non seulement elle cherche à faire croire
aux
camionneurs que les changements vont se faire naturellement, via
l'offre et la demande, mais que ceux qui sont en position de
contrôle à
tous les niveaux et qui sont responsables des crises et des
problèmes
récurrents vont changer magiquement et de leur propre chef leur
conception et leurs façons de faire. Un conte de fées
nous est servi à
l'effet que les conditions d'une pénurie de main-d'oeuvre vont
pousser
les grandes compagnies à s'adapter et à trouver des
solutions nouvelles
qui vont bénéficier aux travailleurs, sans que ceux-ci
aient à lever le
petit doigt pour s'organiser et mener des actions avec analyse pour
défendre leurs droits.[1]
Au contraire, au milieu de grandes transformation
technologiques et
de bouleversements dans l'ensemble des industries du transport et de la
création de grands corridors de commerce et de voies de
transport, la
situation exige vigilance et clairvoyance. Le besoin d'organisation et
de pensée indépendantes de la part des camionneurs n'a
jamais
été si grand ou plus urgent. La tâche de
défendre leurs droits revient
aux camionneurs et camionneuses eux-mêmes. Aucun remède ne
viendra des
Dieux de la Peste.
Jamais une quelconque pénurie de main-d'oeuvre
qui a pu se produire
dans le transport ou ailleurs dans l'économie n'a freiné
la
détérioration des conditions de travail des camionneurs
et les attaques
contre leurs droits. Aucun déséquilibre, réel ou
imaginaire, entre
l'offre et la demande n'a poussé les cercles dirigeants de
l'industrie
à adapter
leur comportement dans un sens qui favorise les intérêts
de la classe
ouvrière. Ils trouvent toujours des façons de
défendre leurs propres
intérêts. La préoccupation de ceux qui sont aux
postes de contrôle est
toujours de rendre les conditions favorables à leurs propres
intérêts
privés étroits.
Le convoi des camionneurs du Québec arrive à
l'Assemblée nationale le 19 novembre 2016.
Certains font mention d'améliorations
spécifiques ou temporaires
qui se sont produites mais celles-ci ont toujours été le
résultat de
l'insistance des camionneurs. Dans l'ensemble, la situation
générale
des camionneurs s'est profondément
détériorée. Les conditions concrètes
ont poussé les camionneurs à demander une augmentation
immédiate de
leurs salaires et une amélioration immédiate de leurs
conditions de
travail de même que la reconnaissance effective de leur
métier en tant
que métier d'importance nationale, afin d'assurer leur
sécurité, celle
des nouveaux chauffeurs à venir et celle du public.
L'exemple des camionneurs intermodaux aux
États-Unis
Le cas des camionneurs intermodaux aux
États-Unis est significatif
du genre de main-d'oeuvre qui est en train d'être
créée dans le
camionnage. USA Today a publié récemment un
reportage sur les
conditions de travail qui prévalent pour une grande
majorité des
camionneurs intermodaux affectés au transport de conteneurs au
Port de
Los Angeles et de Long Beach.[2]
L'article révèle que les chauffeurs immigrants sont
forcés de signer
des contrats exclusifs avec des entreprises de transport
affectées au
transport de conteneurs. Les contrats déterminent
littéralement tous
les aspects de la vie de ces camionneurs, comme s'ils étaient
des
esclaves. Plusieurs chauffeurs se voient forcés de s'endetter
pour
acquérir un camion qui correspond aux exigences
environnementales de
l'État de Californie. Ensuite les compagnies de transport
utilisent
leurs dettes comme un moyen de coercition et enferment les chauffeurs
dans des arrangements qui les laissent totalement impuissants en ce qui
a
trait à leurs conditions de travail et de vie. S'ils quittent
leur
emploi, ils perdent leurs camions et leur moyen de subsistance mais pas
leur dette. S'ils sont malades ou s'absentent par fatigue ou raison
familiale, ils peuvent se faire renvoyer et perdre également
leurs
camions.
Plusieurs chauffeurs se voient forcés de
payer pour des frais qui habituellement sont la responsabilité
des
employeurs et finissent par travailler sans pouvoir faire quelque
réclamation que ce soit à la valeur qu'ils produisent.
Ils doivent
parfois de l'argent à leur employeur et ce malgré des
journées de
travail de plus
de 15 heures. Des centaines d'accidents se produisent
à cause
de ces conditions de travail. Plus de 40 chauffeurs sont
décédés ces
dernières années suite à des accidents de travail
dans ces deux ports
seulement. Ces conditions nous rappellent les villes de compagnies
d'acier et de charbon dont parle la chanson « Seize
tonnes » où les travailleurs étaient
obligés d'acheter de la compagnie tout ce dont ils
avaient besoin. Ils lui redonnaient leur salaire et
même
plus. Parfois leurs salaires étaient payés en bons
d'achat
valables
uniquement dans les magasins de la compagnie. C'est seulement le
travail d'organisation et les luttes syndicales qui ont mis fin
à
ces
pratiques antiouvrières inhumaines.
Voici une citation du reportage qui est
intéressante.
« L'éminent leader des droits civiques
Julian Bond a appelé les
camionneurs portuaires californiens les nouveaux fermiers noirs du Sud
de l'après-guerre civile. Les fermiers de cette
époque louaient des
terres agricoles pour gagner leur vie et s'endettaient
régulièrement
auprès de leurs propriétaires. Les pratiques
prédatrices répandues ont
rendu
presque impossible aux fermiers de se sortir de leur
situation. »
L'intimidation et la culture de la peur n'ont pas
empêché par
contre plus de 1000 chauffeurs de porter plainte depuis 2010
dans cet
État. La lutte de ces camionneurs intermodaux, qui ont
décidé de parler
ouvertement de ce qui se passe, a finalement créé une
brèche dans
l'opinion publique. La révélation des conditions qu'ils
vivent
a amené les travailleurs d'autres secteurs de l'économie
et l'opinion
publique en général à forcer de grands
monopoles de distribution
comme Costco, Wal-Mart et Target à annuler certaines livraisons
de
conteneurs provenant du réseau d'entreprises de transport en
question.
La lutte des camionneurs et leur détermination ont brisé
le silence et
créé une situation où même les médias
de masse ne peuvent pas nier que
ces conditions rétrogrades existent et doivent cesser.
Seule la résistance organisée des
camionneurs va décider si ces
pratiques inhumaines vont être éliminées au Canada
et aux États-Unis.
Les travailleurs du transport doivent continuer de briser le silence
eux-mêmes sur les conditions dans leurs propres secteurs et de
mener leurs propres
batailles. Cette lutte pour leurs droits et pour humaniser leurs
endroits de
travail s'unit à la lutte de tous ceux qui se battent pour leurs
droits. Une lutte organisée et déterminée peut
stopper cette descente
en spirale des conditions de travail et créer une main-d'oeuvre
qui
effectue le travail mais qui est fière de le faire et
déterminée à le
faire seulement si ses droits sont reconnus et respectés dans un
environnement humain.
Piquetage de camionneurs américains à Washington devant
l'édifice du département des
Transports en octobre 2017,
dans le cadre de journées nationales d'action des camionneurs
à la défense de leurs droits
Ceux qui propagent l'illusion dans le mouvement des
camionneurs que
la pénurie de travailleurs et des propriétaires
accommodants vont
changer les conditions pour le mieux veulent paralyser les camionneurs
et faire cesser leur travail d'organisation et leurs luttes à la
défense de leurs droits. N'oublions pas qu'il y a une chose qui
ne change pas: les
travailleurs
peuvent compter seulement sur eux-mêmes, organisés dans
leurs
collectifs, pour se défendre et défendre leurs droits.
Les cercles dirigeants vont essayer de créer de
la panique, pénurie
de main-d'oeuvre ou non. Leurs appels généralisés
à la main-d'oeuvre
étrangère pour gonfler le bassin des travailleurs nous
montre seulement
qu'ils détestent ce qu'ils appellent le « plein
emploi » parce que
celui-ci leur enlèverait une arme de plus dans la guerre qu'ils
mènent pour exploiter la classe ouvrière. La
répétition ad nauseam
d'une propagande au sujet d'une pénurie de main-d'oeuvre qui
viendrait
freiner la croissance économique a été
menée de pair avec l'édification
d'un système esclavagiste de camionneurs intermodaux en
Californie qui est maintenant dévoilé. Et
ce serait sur eux que l'on devrait compter pour trouver
des solutions à nos problèmes et défendre nos
droits ? Certainement
pas !
De nombreux camionneurs refusent de tomber dans ce
piège de
l'anti-conscience qui a été tendu pour nous piéger
et nous paralyser.
Nous devons bâtir et renforcer nos propres organisations et nous
en
servir pour développer notre propre pensée, notre propre
logique et nos
analyses et nos luttes afin d'avancer d'un pas ferme vers une nouvelle
direction de l'industrie et ainsi contribuer, en tant que contingent de
la classe ouvrière, à ouvrir les portes au progrès
de la société.
Note
1. Pour les camionneurs, cette soi-disant
pénurie de
main-d'oeuvre est une véritable insulte et une arme à
double tranchant.
Quand il n'y a pas de pénurie, la concurrence accrue pour les
emplois
disponibles abaisse les salaires et les conditions de travail. Les
camionneurs se voient forcés de travailler plus fort sans que
leur
bien-être personnel soit assuré ou ils risquent de perdre
leur emploi.
Puis, dans une situation de « pénurie » de
travailleurs,
les
transporteurs augmentent la pression sur eux et leur disent de
travailler plus fort et plus vite à cause de la «
pénurie ». D'une manière
ou d'une autre, ce sont les travailleurs qui paient le prix à
moins
qu'ils organisent et
résistent.
2. «
Forced
into
debt.
Worked
past exhaustion. Left with nothing »
par Brett Murphy. Édition du 16 juin 2017 de USA
Today.
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