9 mars 2017
Le diktat autocratique du tribunal de
la LACC
Les métallos d'Algoma
poussés
au pied du mur
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Le diktat autocratique du tribunal de la
LACC
• Les métallos d'Algoma poussés
au pied du mur
• Déclaration du Comité de
négociation de la section locale 2251 du Syndicat des
Métallos
• Piquet des métallos de Hamilton contre
le vol légalisé représenté par la LACC
La lutte pour la
dignité et les droits des chômeurs
• Un niveau de vie de standard canadien pour
tous les
travailleurs sans
emploi! - Pierre
Chénier
Entrevue
• Les organisations de défense des
chômeurs au Québec entreprennent une campagne pour
éliminer le « trou noir » - Line Sirois
Le diktat autocratique du tribunal de la
LACC
Les métallos d'Algoma poussés au pied du
mur
Les métallos organisés dans la section
locale 2251 du Syndicat des
Métallos ont dénoncé fermement les ordonnances
autocratiques du juge du
tribunal de la Loi sur les arrangements avec les créanciers
des compagnies (LACC), Frank Newbould. Le 6 mars, en vertu des
pouvoirs de police que lui accorde la LACC,
Newbould a émis une série de diktats.
Newbould a ordonné à la section
locale 2251 et aux employés
salariés de la section locale 2724 des métallos
d'Essar Steel Algoma de
cesser immédiatement de négocier des conventions
collectives avec leur
employeur en vertu de la Loi sur les relations de travail de
l'Ontario.
Newbould a ordonné aux comités de
négociation de ces sections
locales ainsi qu'à l'organisation des retraités d'Algoma
Steel de
parcourir les 700 kilomètres qui
séparent Sault Ste-Marie
et Toronto, afin de participer à des pourparlers sous
l'égide des
pouvoirs de police de LACC.
Les comités de négociation seraient
alors, selon l'expression de la
section locale 2251, « séquestrés à
Toronto selon les caprices d'un
juge » pour une période indéterminée
jusqu'à ce que de nouvelles
conventions collectives leur soient imposées.
Newbould a imposé un bâillon aux
comités de négociation, leur
interdisant de discuter de quelque aspect que ce soit des pourparlers
avec quiconque, y compris leurs propres membres. Avec la morgue
aristocratique d'un seigneur médiéval, Newbould a
écarté du revers de
la main le droit de parole des travailleurs en déclarant :
« La
médiation se tiendra en privé sans aucune
déclaration ou discussion
publique de la part de qui que ce soit. »
Newbould a ordonné qu' « une
procédure soit mise en oeuvre en ce
qui a trait à la négociation collective qui repose sur la
médiation »,
laquelle sera se tiendra à l'extérieur des lois du
travail de
l'Ontario. Le juge n'a pas expliqué ce que vont être ces
procédures en
vertu de la LACC, quelles en seront les règles d'engagement, et
si les
travailleurs organisés pourront faire la grève pour
défendre leurs
droits.
Newbould n'a pas spécifié avec qui les
comités de négociation vont
faire affaire et s'est contenté de dire que « la
compagnie, les
créanciers et les détenteurs de billets qui sont les
acheteurs en vertu
du processus de sollicitation d'investissements et d'achats vont
parler d'une seule voix ».
Ce « processus de sollicitation d'investissements
et d'achats »
n'a pas encore produit de gagnant et on ne sait toujours pas quand
Algoma Steel va émerger de la LACC. Il semble qu'en ayant
recours aux
pouvoirs de police de la LACC, ceux qui sont en position de
contrôle
veulent imposer des concessions antiouvrières aux
métallos,
aux employés salariés et aux retraités afin de
rendre le magot encore
plus alléchant pour l'oligarchie financière qui sortira
de la LACC en
position de contrôle de cet actif sidérurgique très
précieux du nord de
l'Ontario, qu'elle va probablement vendre pour faire un gros coup
d'argent au moment opportun.
Newbould sait que le président de la section
locale 2251, Mike Da
Prat, a des problèmes de santé et qu'il ne peut se rendre
à Toronto, ce
qui veut dire que le comité de négociation de la section
locale devra
agir sans la présence, l'expérience et les conseils sur
place de son président.
Newbould a ordonné
la tenue d'une médiation du 22 au 31 mars, et
que « si elle est dirigée par le médiateur, elle se
poursuivra par
après et prendra fin seulement par l'émission de
nouvelles ordonnances
de la cour ».
Cette dictature flagrante exercée contre la
classe ouvrière est
inacceptable. Les travailleurs organisés et leurs alliés
ne pourront
jamais se plier à une telle attaque contre leurs droits et leur
dignité. La classe ouvrière et ses alliés doivent
s'unir fermement face
aux pouvoirs de police sans masques de la LACC, à l'oligarchie
financière et aux
gouvernements fédéral et provinciaux. Pousser les
métallos au pied du
mur et abaisser les rapports de production à un niveau aussi
ignoble
n'est rien d'autre que de l'houliganisme organisé par
l'État.
Forum ouvrier dénonce avec mépris
les pouvoirs de police de
la LACC et les attaques contre la classe ouvrière canadienne et
appelle
tous les Canadiens à s'y opposer d'une seule voix. Il est temps
plus
que jamais que les travailleurs organisés adoptent le mot
d'ordre que Non c'est Non ! pour défendre les
droits de
tous.
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Déclaration du Comité de
négociation de la section locale 2251 du Syndicat des
Métallos (extraits)
La section locale 2251 a reçu une mise
à jour de son équipe
juridique au sujet d'une conférence qui a eu lieu devant le juge
Newbould pour discuter des procédures à suivre en ce qui
concerne les
négociations présentement en cours sous la forme d'une
médiation menée
par l'honorable Warren Winkler.
Alors qu'une réunion
s'est tenue à Toronto entre certaines parties
et l'honorable Warren Winkler, la section locale 2251 n'y a pas
participé.
La section locale 2251 ne s'est pas
présentée pour un certain
nombre de raisons, une des plus importantes étant que nous
négocions
avec l'employeur en vertu de la Loi sur les relations de travail.
Le syndicat local avait été avisé à un
moment donné que l'employeur demanderait un rapport recommandant
de ne pas instituer de
commission de conciliation parce qu'il entendait imposer les termes de
la convention collective.
Une lettre soulignant nos préoccupations a
été envoyée à
l'honorable Warren Winkler par le biais du conseiller juridique
de la
section locale 2251.
Dans cette lettre, nous avons également
avisé que nous aimerions
recevoir les communications directement de l'honorable Warren Winkler.
Nous avons été informés par notre
conseiller juridique que nos
préoccupations n'ont pas été bien accueillies par
l'honorable Warren
Winkler. À ce jour, la section locale 2251 n'a jamais
parlé avec, ni
rencontré l'honorable Warren Winkler.
Aujourd'hui, le 6 mars 2017, le juge Newbould
a tenu une conférence avec un certain nombre de
représentants légaux.
Les honorables Warren Winkler et William Kaplan y ont
assisté.
Le résultat de la conférence a
été une ordonnance du juge Newbould.
[...]
Au début, la section locale 2251
s'était opposée à ce que l'employeur
négocie sous le régime de la Loi sur les relations
de travail.
Une fois que le sous-ministre adjoint, Peter Simpson, a
ordonné
qu'un conciliateur soit dûment nommé, le conseiller
juridique nous a
informé que la plainte relative aux relations de travail de
l'Ontario
que nous avions déposée ne serait pas acceptée et
nous l'avons retirée.
Par conséquent, nous avons commencé
à négocier avec l'employeur et nous avons même fait
des
progrès.
Nous avons ensuite été informés
que nous devions assister aux séances de médiation devant
l'honorable Warren Winkler.
Cela signifiait que nous étions
entraînés à nouveau et à contrecoeur dans le
processus de la
LACC.
Nous avons tenté de conclure un accord avec la
compagnie en ce qui
a trait aux causes et effets de la médiation devant l'honorable
Warren
Winkler.
Au lieu de cela, nous avons reçu la
dernière ordonnance du juge Newbould.
À notre avis, cette ordonnance est
déraisonnable et inconstitutionnelle.
L'ordonnance ordonne entre autres choses que le
comité de
négociation assiste à la médiation à
Toronto. La seule exception est M.
Da Prat qui peut participer par vidéoconférence.
C'est totalement
inacceptable car le comité de négociation doit travailler
en équipe.
De plus, le comité doit pouvoir discuter
pleinement des propositions, des contre-propositions, etc.
Si le comité est divisé, il ne peut pas
faire cela efficacement, et ne peut représenter efficacement les
membres.
De plus, l'ordonnance empêche le comité de
négociation de discuter
avec quiconque de quoi que ce soit ayant trait à la
médiation.
Cela nous empêche de tenir nos membres
informés et de consulter nos
membres sur les principaux développements à propos
desquels le comité
sollicite traditionnellement leur point de vue.
Au cours des négociations ou dans le cas
présent, soit durant une médiation en vertu de la Loi
sur les arrangements avec les créanciers des compagnies,
parler avec nos membres est une responsabilité fondamentale pour
être en mesure de les représenter.
En fait, le 23 février 2017, nous
avons informé et consulté nos membres.
En outre, cette ordonnance stipule que nous devons
participer à la médiation entre les 22 et 31
mars 2017.
Et si le médiateur en décide ainsi, la
section locale devra par la
suite négocier continuellement et tout cela se terminera par une
ordonnance de la cour basée sur les recommandations du
médiateur.
Notre section locale n'a jamais été
confrontée à ce type d'ordonnances autocratiques.
Depuis toujours, les comités de
négociations ont pu parler avec
leurs membres, quitter la table de négociation si
nécessaire et n'ont
certainement pas été séquestrés à
Toronto selon les caprices d'un juge.
Nous croyons que cette ordonnance est
déraisonnable et vise à nuire à la section
locale 2251 et à ses membres.
Nous avons demandé à notre conseiller
juridique de déposer une requête pour aller en appel. Nous
croyons que cette ordonnance est
illégale.
Signé
Votre comité de négociation
de la section locale 2251
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Piquet des métallos de Hamilton contre
le vol légalisé représenté par la LACC
![](../../images2017/WorkersEconomy/Steel/170302-HamiltonLocal1005PicketBratinaOffice-01.JPG)
Le 2 mars, la section locale 1005 du Syndicat
des Métallos et ses
alliés ont tenu un piquet devant le bureau du
député fédéral de
Hamilton East-Stoney Creek Bob Bratina pour informer le public du fait
que la Loi sur les arrangements avec les créanciers des
compagnies
(LACC) vole aux travailleurs ce qui leur
appartient de droit. Des représentants de la section
locale 504
d'UNIFOR, de la section 6167 du SCFP, de la section 2323 de
l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de
l'aérospatiale, du district 21 de la FEESO et de
l'Organisation des
retraités actifs des métallos (SOAR) se sont joints
à la section 1005 avec leurs
drapeaux déployés et des pancartes
dénonçant les attaques contre
les pensions
des travailleurs.
Gary Howe, le
président de la section locale 1005 du Syndicat des
Métallos, a dit aux participants que cela fait plus de deux ans
et demi
qu'ils sont placés sous la LACC qui est du vol organisé.
La LACC enlève
aux travailleurs ce qu'ils ont gagné pendant leurs nombreuses
années de
dur labeur et qui leur appartient de droit, a-t-il
dit.
Lors du dernier épisode sous la LACC, les fonds
spéculatifs se sont
sauvés avec la somme de 1,1 milliard $ et la
même chose est en train de
se produire maintenant, a-t-il dit. La LACC est utilisée pour
priver
les aînés de leurs avantages sociaux, nier les droits
humains des
travailleurs et attaquer les emplois des travailleurs actifs.
La section 1005 poursuit sa lutte pour les emplois, les pensions
et les
avantages sociaux, a conclu Gary.
Anthony Marco, le président du Conseil du
travail du district de
Hamilton a dit que les travailleurs organisés ont toujours
appuyé la
section locale 1005. Ceux-ci comprennent que les attaques contre
la
section 1005 visent un effet de domino où non seulement les
travailleurs du secteur privé font face aux mêmes attaques
mais les
travailleurs du secteur public également. Les travailleurs
doivent
lutter à la fois contre leurs employeurs et contre le
gouvernement. Les
politiciens parlent de la classe moyenne, mais la classe moyenne
ça
n'existe plus, Nous sommes la classe ouvrière, a t-il dit, sous
des
applaudissements nourris. La solidarité est la priorité,
a-t-il ajouté.
Au nom des employés salariés de Stelco,
Tim Huxley a dit que les
salariés actifs et retraités appuient la
section 1005. Ils vivent la
même situation. Comme les travailleurs du 1005, ils ont
perdu leurs
avantages sociaux et ils ne sont pas d'accord avec la façon dont
la
compagnie est en train d'être restructurée. Il a
assuré les
membres de la section 1005 qu'ils ne sont pas seuls et a
ajouté qu'il
est vital de rester unis.
Bill Mahoney, le poète en résidence, a
été très applaudi quand il a récité
de manière vibrante son poème « U.S.
Steal » ( « steal » veut dire voleur,
« steel » est l'acier - note de FO).
Dans une brève présentation, le
député Bob Bratina a dit que les
députés locaux travaillent discrètement en
coulisses pour obtenir du
gouvernement libéral fédéral l'engagement qu'il va
prendre les mesures
nécessaires pour que Stelco soit une entreprise productive
viable et
durable quand elle émergera de la LACC.
![](http://cpcml.ca/images2017/WorkersEconomy/Steel/170302-HamiltonLocal1005PicketBratinaOffice-10.JPG)
![](../../images2017/WorkersEconomy/Steel/170302-HamiltonLocal1005PicketBratinaOffice-07.JPG) ![](../../images2017/WorkersEconomy/Steel/170302-HamiltonLocal1005PicketBratinaOffice-08.JPG)
![](../../images2017/WorkersEconomy/Steel/170302-HamiltonLocal1005PicketBratinaOffice-02cr.JPG) ![](../../images2017/WorkersEconomy/Steel/170302-HamiltonLocal1005PicketBratinaOffice-04.JPG) ![](../../images2017/WorkersEconomy/Steel/170302-HamiltonLocal1005PicketBratinaOffice-03.JPG)
![](../../images2017/WorkersEconomy/Steel/170302-HamiltonLocal1005PicketBratinaOffice-12cr.JPG) ![](../../images2017/WorkersEconomy/Steel/170302-HamiltonLocal1005PicketBratinaOffice-09cr.JPG) ![](../../images2017/WorkersEconomy/Steel/170302-HamiltonLocal1005PicketBratinaOffice-11cr.JPG)
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La lutte pour la dignité et les
droits des chômeurs
Un niveau de vie de standard canadien pour tous
les travailleurs sans emploi!
- Pierre Chénier -
Le ministre de la Famille, des Enfants et du
Développement social,
Jean-Yves Duclos, qui est chargé du dossier de
l'assurance-emploi, a
repoussé la demande des organisations de défense des
chômeurs de mettre
fin immédiatement au phénomène du « trou
noir » par lequel les
travailleurs épuisent leurs prestations d'assurance-emploi
avant de retourner au travail. Duclos a dit que la réforme
modeste
visant à abolir le trou noir n'apparaîtra pas au budget du
gouvernement
Trudeau le 22 mars.
![](../../images2017/WorkersEconomy/EI/File/130408-PerceEIDemo-NAS-01crop3.jpg)
Les travailleurs saisonniers de Percé demandent la fin du
« trou noir» le 8 avril 2013
|
Les organisations de défense ont mis de l'avant
la demande d'une
période de 32 semaines de prestations d'assurance-emploi
garanties à
tous les travailleurs saisonniers du Canada. Cela permettrait à
ces
travailleurs d'éviter cette période du trou noir
où leurs prestations
d'assurance-emploi sont terminées et où ils n'ont pas
encore repris
leur travail saisonnier. Les organisations ont mis en lumière
les
tragédies humaines bien documentées et
l'anxiété que vivent ces
travailleurs qui s'enfoncent dans la pauvreté et sont souvent
forcés à
l'exil.
Le prétexte invoqué pour refuser de faire
cette réforme est que le
régime de l'assurance-emploi a besoin d'une réforme en
profondeur. Le
fait même qu'une mesure d'urgence qui allégerait la
situation difficile
des travailleurs ne sera pas adoptée montre clairement que la
« réforme
en profondeur » des libéraux ne sera pas favorable
aux
travailleurs et à leurs communautés.
Le ministre Duclos, qui a écrit sur le sujet de
l'assurance-emploi,
est réputé comme un « spécialiste de la
question de
la sécurité du
revenu ». Il a entre autres écrit un long article en
anglais
intitulé « A
Better Income Security System for All Canadians » ( Un
meilleur système
de sécurité du revenu pour tous les Canadiens ) qui a
été publié
dans un ouvrage collectif publié en 2007 intitulé
« A Canadian
Priorities Agenda : Policy Choices to Improve Economic and Social
Well-Being » (Un programme de priorités
canadiennes : des choix
politiques pour améliorer le bien-être économique
et social. Duclos y écrit que l'assurance-emploi, l'aide sociale
et d'autres programmes sociaux devraient être remplacés
par un « système de sécurité du revenu
» qui « porte très attention... aux incitatifs et
à leur effet sur le comportement à court et à long
terme ». Un aspect du nouveau programme, écrit Duclos,
serait la création d' « un transfert de revenu de base...
dont la valeur nette déclinerait lorsque les niveaux de revenus
augmentent » et qui « remplacerait plusieurs autres
programmes de prestations comme l'aide sociale et les prestations
d'invalidité, parentales et de maladie ».
Duclos y écrit que le régime de
l'assurance-emploi « est devenu un
programme social lourd et à objectifs multiples qui fait
probablement
plus de mal que de bien ». Il y écrit aussi que le
régime dissuade les
travailleurs de se trouver un emploi et qu'il a des effets
négatifs sur
la participation à long terme des travailleurs au marché
du
travail. Il recommande que les cotisations à l'assurance-emploi
et le
niveau des prestations soient basés sur l'expérience (
« experience
ratings » ) afin de soi-disant équilibrer les taux de
cotisations et
les niveaux de prestations. Autrement dit, les entreprises qui
déclareraient moins de mises à pied paieraient moins en
cotisations et
les
travailleurs qui font moins de demandes et moins de demandes
fréquentes
de prestations toucheraient des prestations plus élevées.
C'est ce
qu'il appelle un système « simplifié »
et « équitable ».
En ce moment les groupes de
réflexion néolibéraux comme le C.D.
Howe Institute ( dont le ministre Duclos a été
Fellow-in-residence
pendant des années) martèlent la nécessité
de réformer le régime de
l'assurance-emploi pour qu'il soit encore plus aligné sur les
besoins du soi-disant marché du travail. Selon leur logique
intéressée, le régime cesserait ainsi de «
subventionner » les
travailleurs qui refusent de se déplacer là où les
employeurs veulent
qu'ils aillent selon les investissements qu'ils font à un moment
donné.
Bien que le ministre se soit gardé de dire ce
que sera sa réforme
en profondeur, il va bien sûr tenir des consultations à la
Trudeau
maintenant bien connues où le gouvernement définit tous
les paramètres
à l'avance. La discussion est orientée vers des
programmes antisociaux
et antiouvriers prédéterminés qui n'amènent
aucune solution aux
problèmes auxquels les travailleurs font face. Les
libéraux
subordonnent le régime de l'assurance-emploi à la demande
de la grande
entreprise à l'effet que les travailleurs doivent être
disponibles
quand et où les monopoles les veulent pour ensuite être
écartés sans
aucun souci pour leur bien-être lorsqu'on n'a pas besoin d'eux.
C'est
ce que la
grande entreprise appelle un « marché du
travail ».
L'élite dominante veut pouvoir déplacer
à volonté les travailleurs
des régions en décroissance économique vers les
régions en essor puis
les déplacer encore quand l'essor se transforme en son
contraire. Cela
rend la vie misérable aux travailleurs en chômage et leur
rend
difficile voire impossible de demeurer dans leur région et les
force à
accepter des emplois à des salaires et des conditions de travail
en
dessous des normes. C'est ce que cette élite appelle corriger
les
éléments qui dans le régime actuel dissuadent les
travailleurs de se
trouver un emploi. Dans ce contexte, c'est le comportement des
chômeurs
qui est censé déterminer s'ils reçoivent des
prestations et non les
conditions
sociales et économiques antiouvrières.
Dans sa lettre de mandat mise à jour que le
premier ministre
Trudeau a envoyée au ministre Duclos en
février 2017, on lit d'ailleurs
qu'il s'agit d' « améliorer notre régime
d'assurance-emploi afin de
mieux l'harmoniser aux réalités du marché du
travail d'aujourd'hui et
de façon à ce qu'il serve les travailleurs et les
employeurs ».
C'est le refrain bien connu que les travailleurs se font servir, qu'en
tant que marchandises ou choses, ils doivent se soumettre aux
vicissitudes du « libre marché » en vendant
leur capacité de travailler
car, comme le disent si bien les lilbéraux, un marché
libre et
concurrentiel de marchandises humaines et d'autres produits c'est ce
qu'il y a de
mieux.
Les travailleurs rejettent
fermement que le point de référence du
régime de l'assurance-emploi soit le « marché du
travail » organisé par
l'État, marqué par l'anarchie et le chaos imposés
par la domination de
l'économie par les oligopoles mondiaux privés. Ce
marché du travail est
une source de divisions, d'instabilité, et
d'anxiété parmi
les travailleurs. Il est une partie intégrante des conditions
sociales
d'ensemble qui visent à maintenir la classe ouvrière
comme une classe
exploitée et opprimée, sans organisation de
défense de ses droits et
sans conditions de vie et de travail de niveau canadien. Cette demande
à l'effet que le marché du travail doit être le
critère sur lequel
repose un
programme social élimine le concept même d'un programme
social qui
assure et garantit les droits de tous.
Une « réforme en profondeur »
d'un système qui possède une armée
permanente de chômeurs à la disposition de la grande
entreprise doit
comprendre des mesures d'urgence pour alléger le sort des
travailleurs,
y compris les plus vulnérables d'entre eux, et fournir à
tous les
travailleurs sans emploi un niveau de vie canadien en tout
temps. Une réforme sérieuse s'attaquerait au
problème général
d'éliminer le chômage une fois pour toutes en tant que
plaie
antisociale par la planification scientifique de l'économie
socialisée
de façon à servir le peuple et l'édification
nationale. [1]
Note
1. Les relations sociales entre la classe
ouvrière et ceux qui achètent sa capacité
de travailler - K.C. Adams
L'économie canadienne comprend un
système de rapports
de production dans lequel les travailleurs vendent leur capacité
de
travailler et ceux qui possèdent et contrôlent les forces
socialisées
de production achètent leur capacité de travailler. Pour
que ces
rapports de production se maintiennent il doit exister un certain
équiibre.
Pour la classe ouvrière, vendre sa
capacité de travailler à
l'intérieur de l'économie socialisée est la seule
façon de se procurer
un niveau de vie canadien. Les travailleurs reconnaissent cette
réalité
et sont prêts à vendre leur capacité de travailler
afin de se
reproduire eux-mêmes comme la classe productive et de maintenir
l'économie et la
société.
La vente de la capacité de travailler des
travailleurs possède un
caractère spécifique et un caractère
général. Le caractère spécifique
se manifeste pendant la vie active des travailleurs et leur engagement
dans différents endroits de travail. Le caractère
général existe
pendant toute leur vie en tant que vente de la capacité de
travailler
de toute la
classe ouvrière aux membres de la classe sociale et à
l'État qui
l'achètent en échange d'un niveau de vie canadien, de la
naissance à la
mort, quelles que soient les circonstances.
Ceux qui achètent la capacité de
travailler des travailleurs doivent reconnaître que les
travailleurs ont besoin d'un moyen de subsistance de la naissance
à la mort et dans toutes les périodes de leur vie, qu'ils
aient un emploi ou non peu importe la raison. Sinon, l'accord est
rompu. La classe ouvrière accepte l'équilibre qui existe
dans les rapports de production actuels si ceux qui achètent la
capacité des travailleurs de travailler acceptent que cet achat
est bon pour toute la vie des travailleurs , de la naissance à
la mort, qu'ils soient malades, blessés ou en santé, et
qu'il se fait à un niveau de vie canadien qui est acceptable
pour la classe ouvrière. Sans cela, l'arrangement est
inacceptable et la classe ouvrière va créer de nouveaux
rapports socialisés de production qui correspondent à
l'économie moderne socialisée et à ses forces de
production industrielle de masse.
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Entrevue
Les organisations de défense des chômeurs
au Québec entreprennent une campagne
pour éliminer le « trou noir »
« Le taux de
chômage officiel ne reflète pas la réalité
que nous vivons »
- Line Sirois -
Le 21 février dernier, le Conseil national
des chômeurs et
chômeuses, en collaboration avec Action-Chômage
Haute-Côte-Nord et
Mouvement Action-Chômage de Charlevoix, a tenu un point de presse
à
Baie-Comeau sur la Côte-Nord pour lancer sa campagne visant
à
l'élimination du « trou noir ». Les
organisations de défense des
chômeurs demandent au gouvernement fédéral de
trouver une solution à ce
drame humain que vivent les chômeurs privés d'appui.
![](../../images2017/WorkersEconomy/EI/GraphicLeTrouNoir.jpg)
Cliquer sur l'image pour l'agrandir
|
Le trou noir est cette période de la vie d'un
chômeur où ses
prestations d'assurance-emploi prennent fin avant qu'il ne soit de
retour au travail. On estime que plus de 16 000 travailleurs
et
travailleuses saisonniers du Canada sont aux prises avec ce
phénomène,
dont 40 % vivent au Québec et 27 % dans les
provinces atlantiques. Le trou noir est une expression de l'abandon des
chômeurs à leur sort par les riches et leurs gouvernements
qui refusent
de reconnaître la réalité que vivent les
chômeurs.
L'élite dominante ne se reconnaît aucune
responsabilité sociale
pour un système économique qui prive d'emplois des
millions de
travailleurs. Elle refuse conséquemment de compenser
adéquatement les
chômeurs à un niveau de vie canadien. Les mesures prises
par les
gouvernements successifs n'ont fait qu'aggraver la situation des
chômeurs.
Aujourd'hui moins de 40 % des chômeurs sont admissibles
à
l'assurance-emploi et ceux qui le sont font face à des mesures
vexatoires qui leur imposent des conditions de vie de plus en plus
intenables. Parmi les travailleurs les plus touchés, on trouve
ceux qui
vivent dans les régions éloignées qui ont perdu le
peu d'emplois
manufacturiers qui leur restaient et doivent vivre des industries
saisonnières comme les pêches, le tourisme ou la
sylviculture.
Forum ouvrier s'est entretenu avec Line
Sirois, la
présidente d'Action-Chômage de la Haute-Côte-Nord,
sur cette campagne
pour l'abolition du trou noir.
Forum ouvrier :
Pouvez-vous d'abord nous
expliquer comment il se fait que sur la Haute-Côte-Nord, vous
soyez
passés d'une obligation d'accumuler 420 heures de travail
pour
obtenir 32 semaines de prestations d'assurance-emploi à une
obligation
de travailler 560 heures pour obtenir 18
semaines de prestations.
Line Sirois :
Cela s'est fait en 2000,
avec le redécoupage des régions économiques de
l'assurance-emploi
qu'ils sont obligés de revoir aux 5 ans. En 2000, ils
ont décidé de
prendre la région de la Côte-Nord et de la diviser en
deux. Ils ont
jumelé la Basse-Côte-Nord avec la Gaspésie, et le
reste de la
Côte-Nord a été jumelé avec le
Bas-Saint-Laurent et d'autres régions au
taux de chômage très différent du nôtre. Ce
qui a fait que notre taux
officiel de chômage a diminué tout d'un coup et qu'on
s'est retrouvé du
jour au lendemain d'une obligation de travailler 420 heures
à une
obligation de travailler 560 heures, en un tour de main.
Le calcul est fait selon le taux de chômage
officiel de la région
économique de l'assurance-emploi. Plus le taux de chômage
officiel de
la région est bas, plus il vous faut d'heures de travail
accumulées
pour être admissible aux prestations et moins vous avez droit
à de
semaines de prestations. À Québec ils demandent 700
heures et
accordent 14 semaines d'assurance-emploi. Il n'y a pas une
région qui
est pareille au Canada, ce n'est pas équitable. À nulle
part le calcul
est fait selon le taux de chômage qu'on vit réellement
dans la région.
Le taux de chômage officiel ne reflète pas
la réalité que nous
vivons. Par exemple, plus les gens aptes à travailler quittent,
plus la
population active diminue et plus le taux de chômage diminue.
Cela
pénalise ceux qui restent.
Chez nous, au lieu de prendre la région de la
Côte-Nord et le
Nord-du-Québec comme on était avant, ils ont
changé les noms des
régions et refait les régions ce qui nous a beaucoup
pénalisés. Chez
nous, pour rajouter une semaine de prestations, il faut travailler
pendant deux semaines. Cela veut dire que pour nous autres, pour
obtenir 32 semaines d'assurance-emploi, ce qui est notre demande
en ce
qui concerne tous les travailleurs saisonniers du Canada, il faudrait
travailler 1400 heures ce qui est impossible dans la région
où on vit.
Ils nous imposent un chiffre qui est impossible.
Les gens sont sortis dans la rue en 2000, ils ont
bloqué des
routes, ont fait beaucoup de moyens de pression ce qui a donné
lieu à
des mesures alternatives mais toujours temporaires. En 2012, avec
la
réforme Harper toutes les mesures qui avaient été
mises en place ont
été enlevées, notamment l'ajout de cinq semaines
supplémentaires de prestations dans des régions
désignées dont la nôtre.
Un gros impact de cette réforme c'est l'exode
qui s'en est suivi.
On ne parle pas juste de jeunes mais de gens de 40-50 ans qui ont
vendu
leur maison et ont quitté la région. Il y a entre autres
nombre de
femmes qui ont quitté le travail saisonnier pour aller
travailler dans
le Grand-Nord comme femmes de chambre.
Nous avons aussi
été frappés de plein fouet par la crise
forestière
sur la Côte-Nord. On ne s'en est jamais remis. La compagnie
Kruger a
fermé ses portes. Nous sommes environ 12 000 personnes
sur la
Haute-Côte-Nord et nous avons connu la fermeture de deux scieries
qui
fournissaient l'emploi principal de nos gens. Une
troisième scierie a aussi fermé un peu plus loin.
L'emploi forestier,
qui était permanent, est devenu largement saisonnier. Cela a
fait très
mal à la Côte-Nord.
Le problème du trou noir s'est donc
trouvé amplifié. Il y a beaucoup de drames humains
derrière cela.
FO : Quelles sont les demandes qui sont
mises de l'avant par la campagne que vous avez annoncée ?
LS : On demande de rajouter des
semaines de
prestations pour tous les travailleurs saisonniers. On veut qu'on donne
à tous les travailleurs saisonniers les 32 semaines de
prestations
qu'ils sont supposés avoir. On y a droit, et on le demande
partout où
il y a de l'industrie saisonnière au Canada, peu importe le
taux de chômage.
Nous allons aller sur le terrain, conscientiser les
gens et les mobiliser.
Nous avons aussi une demande en ce qui concerne
l'assurance-emploi
et les prestations de maladie. Quand nous sommes allés
rencontrer les
décideurs à Ottawa, nous avons demandé
l'élimination du trou noir et de
la limite de 15 semaines des prestations de maladie ; ce sont
deux
choses inadmissibles.
Les 15 semaines de maladie, cela est prévu
dans le régime
d'assurance-emploi. Si le travailleur est admissible au régime
et a
accumulé 600 heures de travail et qu'il tombe malade, il
peut obtenir
de l'assurance-emploi à un taux de 55 % de son salaire
moyen. C'est
universel, c'est pareil partout à la grandeur du
Canada, mais on sait très bien que quand les gens ont des
maladies
graves comme le cancer 15 semaines ce n'est pas suffisant. Le
drame
humain continue après les 15 semaines, alors on fait
quoi ? On n'est
pas capable de retourner sur le marché du travail.
On s'attend à ce qu'il y ait des changements
là-dessus dans le
prochain budget mais, sur la question du trou noir, le ministre a dit
qu'il veut faire la réforme en profondeur, alors cela ne se fera
pas au
budget.
On a d'autres revendications, on veut une caisse
autonome de
l'assurance-emploi, mais ce sont les deux principales revendications
dans l'immédiat parce ce que c'est là qu'on vit des
drames humains.
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