15 septembre 2016
Fête du travail 2016 : à la défense
des droits de tous et toutes!
Les travailleurs expriment leurs
préoccupations concernant leurs conditions de vie et de travail
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La Fête du travail 2016 à Hamilton
Fête
du
travail
2016
:
à
la
défense des droits de tous et toutes!
• Les travailleurs expriment leurs
préoccupations concernant leurs conditions de vie et de travail
US Steel doit rendre
des comptes
• Votre pension n'est pas aussi à
l'abri que vous le pensez
• Le Michigan poursuit US Steel
pour les émissions de dioxyde de soufre
Les travailleurs
accidentés se battent
pour leur droit à une indemnisation adéquate
• Justice pour les travailleurs
accidentés!
Fête du travail 2016 : à la
défense des droits de tous et toutes!
Les travailleurs expriment leurs préoccupations
concernant leurs conditions de vie et de travail
La Fête du travail 2016 au Canada a été marquée
par des marches et
d'autres activités qui ont été l'occasion d'exprimer les préoccupations
des travailleurs et des familles ouvrières ainsi que leur détermination
à se battre pour ce qui leur appartient de droit. Ils sont préoccupés
par la détérioration de leurs conditions de travail et de vie,
par le chômage, l'absence de sécurité à la retraite, les conséquences
de l'assaut antisocial dans la santé et l'éducation et par plusieurs
batailles que mènent les travailleurs présentement au Canada.
Halifax
Ottawa
Hamilton
Plus d'un millier de travailleurs et leurs familles ont
pris part à
la parade annuelle de la Fête du travail à Hamilton. Des membres de la
Section locale 1005 du Syndicat des métallos qui sont en lockout
depuis 2013 à Max Aicher North America (MANA) étaient au premier
rang
avec leurs camarades de US Steel qui se battent pour
exiger des comptes du monopole américain. Tous les secteurs de
l'économie de Hamilton étaient représentés. Les participants ont
demandé que cesse la privatisation des services publics en Ontario, une
hausse du salaire minimum, l'équité salariale et un programme national
de garderie, ainsi que la reconnaissance des droits des travailleurs
migrants,
dont l'accès à la résidence permanente.
Toronto
Des travailleurs et des syndicats de tous les secteurs
de l'économie ont participé à la marche de la Fête du travail à
Toronto. Ils ont réclamé que la société reconnaisse le droit à un moyen
de subsistance en sécurité, des salaires des pensions adéquats pour
tous au niveau le plus élevé que la société est en mesure d'offrir. Ils
ont demandé aux gouvernements libéraux du Canada et de l'Ontario
d'accroître les investissements dans les programmes sociaux et les
services publics pour assurer un environnement social et humain durable
pour tous les Canadiens et toutes les Canadiennes. Plusieurs discours
au début de la marche ont mis en lumière le fait que malgré leurs
promesses, les libéraux de Justin Trudeau ont pris la relève du
gouvernement Harper et plus encore pour ce qui est d'attaquer les
droits des travailleurs et ils ont appelé tout le monde à y résister.
Windsor
Des milliers de travailleurs du comté de Windsor et
Essex,
représentant tous les secteurs de l'économie, ont pris part à une
marche menée par les bibliothécaires d'Essex County, membre de la
section locale 2974 du Syndicat canadien de la fonction publique.
Les
bibliothécaires sont en grève depuis deux mois et demi pour résister
aux
tentatives de la commission des bibliothèques d'éliminer les congés de
maladie payés pour les travailleurs à temps partiel. Il y avait
également un contingent d'activistes de la campagne « Harvesting
Freedom » pour les droits des travailleurs migrants dans le
secteur
agricole.
Winnipeg
Saskatoon
Calgary
À Calgary il y a eu le huitième Barbecue annuel du
Conseil du
travail du district de Calgary pour les sans-travail et les
sous-employés. Des milliers de travailleurs y ont participé et des
syndiqués et des députés ont servi le repas. Le taux de chômage se
situe maintenant à 8,6 % en Alberta et beaucoup de
travailleurs ont
parlé des
grandes difficultés qu'ils ont à trouver un nouveau travail.
Edmonton
Il y a également eu le barbecue annuel du Conseil du
travail du
district d'Edmonton auquel ont notamment participé des travailleurs
accidentés sous la bannière de la justice pour tous. Beaucoup de
personnes ont signé la pétition des travailleurs accidentés exigeant
une mise à jour du système d'indemnisation en Alberta et que cessent
les
pratiques qui visent à nier systématiquement les prestations méritées.
Les participants à la fête ont montré qu'ils étaient d'humeur à se
battre pour leurs droits et qu'ils n'allaient pas accepter que leurs
droits et conditions dépendent du prix mondial du pétrole.
Prince George
Les célébrations de la Fête du travail à Prince George,
en
Colombie-Britannique, a été une véritable réussite. Plus
de 2 000
personnes ont participé à une marche et à d'autres activités sur le
parterre de l'hôtel de ville toute la matinée et l'après-midi du 5
septembre. L'événement était organisé par le Comité organisateur de la
Fête du travail et le Conseil syndical du Centre-Nord et parrainé
par 18 syndicats locaux et plusieurs groupes communautaires et
entreprises privées. Le thème d'ensemble était : « Le mouvement
ouvrier : passé, présent et futur — à la défense des droits de
tous et
toutes ! »
Vancouver
Un millier de personnes ont participé au piquenique de
la Fête du travail du Lower Mainland au stade Swangard à Burnaby.
Îles de Vancouver
Des piqueniques ont eu lieu à Port Alberni, Ladysmith,
Victoria et
Black Creek, à l'initiative des conseils syndicaux de l'île. Des
centaines de travailleurs et familles ont participé aux événements de
la journée.
US Steel doit rendre des comptes
Votre pension n'est pas aussi
à l'abri que vous le
pensez
Forum ouvrier reproduit ci-dessous des extraits
d'une lettre
ouverte de Bryce Moffat distribuée à la marche de la Fête du travail à
Hamilton. Bryce est un membre retraité de la section locale 1005
du
Syndicat des Métallos et un activiste de longue date.
***
La section locale 1005 du Syndicat des Métallos a
entrepris les
démarches pour obtenir du procureur général du Canada une enquête
publique sur les conditions qui ont rendu les épargnes de nos retraités
si accessibles à d'autres qui voulaient les manipuler. Nous allons
demander, entre autres choses, l'assurance garantie que lorsqu'un
Canadien met de côté son argent pour sa retraite après quarante années
de travail et de planification, il pourra disposer de cet argent quand
il le voudra. Cette assurance n'existe certainement pas aujourd'hui et
nous pouvons être certains que
« notre » gouvernement n'entend pas nous la donner.
Rappelez-vous, ce
sont nos gouvernements qui ont créé les lois qui ont donné aux
tribunaux et aux capitalistes vautours la liberté de faire ce qu'ils
font.
Cette enquête publique, si elle est un succès, va
offrir une grande
sécurité à « tous » les futurs retraités au Canada. La lutte
n'est
certainement pas uniquement pour aujourd'hui ou pour les syndicats
seulement ; elle concerne l'avenir de tous les travailleurs et
retraités canadiens. Tous les Canadiens ont intérêt à y prendre une
part active en l'appuyant.
Nous, de la section locale 1005 du Syndicat des
Métallos, réclamons
à juste titre ce qui nous appartient mais en ce moment nous sommes les
seuls à mener cette lutte. Nous invitons tous ceux qui sont intéressés
à cette question à nous joindre et cela va être toute une
aventure. Si nous ne faisons rien maintenant, en tant que travailleurs,
syndiqués et non syndiqués, nous allons perdre en peu de temps tous les
bénéfices que nous avons gagnés au cours des derniers soixante-dix ans.
En faisant partie d'un contingent uni solidement et qui défend tout le
monde, vous
pouvez faire en sorte que cette enquête devienne une réalité.
Quand nous suivons aveuglément les autres et que nous
les laissons
se servir de nous, nous devenons des moutons qui travaillent pour eux
et des victimes consentantes de leur indifférence. Quand nous ne
faisons aucun effort pour stopper une politique qui est moralement
répréhensible et que nous la laissons
passer, nous n'aidons pas à la défaire ; et quand nous tolérons
ou
soutenons la chose même que nous désapprouvons, nous faisons partie du
problème plutôt que de la solution.
[...]
Si une personne a le courage moral de contester le
principe même
d'une chose qui est mauvaise, alors, gagne ou perd, cette personne
fait quelque chose d'honorable. Nous devons nous attaquer au problème
du système de gouvernement que nous possédons aujourd'hui, de la façon
dont la classe
ouvrière et les moins fortunés sont traités, et de la distinction de
classe qui est si évidente et qui s'aggrave avant que les choses
deviennent encore plus à sens unique. Aujourd'hui, le profit financier
semble être le principal facteur qui guide tant de décisions de nos
gouvernements et cela va
être le cas jusqu'à ce que les travailleurs prennent eux-mêmes les
choses en main et font en sorte que la situation change.
Le Michigan poursuit US Steel pour les émissions de
dioxyde de soufre
En 2010, des essais de qualité de l'air ont révélé
que les
émissions de dioxyde de soufre sont élevées dans une zone comprenant
des parties du sud-ouest de Détroit, d'Ecorse et de Trenton dans l'État
du Michigan. Une exposition soutenue au dioxyde de soufre (SO2) est
liée à des maladies respiratoires chez les travailleurs et les
résidents. Les experts soulignent les niveaux élevés de SO2 dans des
zones à Détroit comme un facteur important qui place la ville en
première position parmi les plus grandes villes américaines pour
l'asthme chez les enfants.
Les responsables de l'environnement au Michigan ont
identifié
l'usine des Great Lake Works de US Steel, à Ecorse, comme l'un des cinq
plus grands producteurs de SO2 dans la région. Pour réduire les
émissions nocives de dioxyde de soufre conformément aux normes
fédérales, le Michigan Department of Environmental Quality (MDEQ),
s'appuyant sur l'autorité de l'article 430 des règlements d'État,
est
entré en négociation avec les cinq plus grands pollueurs pour élaborer
des plans de réductions individuelles des émissions de SO2. Quatre des
cinq plus grands pollueurs ont convenu d'un plan négocié avec le MDEQ
mais pas US Steel.
Au lieu de respecter le délai du 7 septembre pour
présenter un plan
pour réduire les émissions conformément aux normes fédérales, les
représentants de US Steel ont déposé le 19 août une poursuite
contre le
MDEQ en déclarant : « (US Steel) soutient que le MDEQ n'a pas les
pouvoirs juridiques constitutionnels pour
promulguer l'article 430 .... Même si une telle autorité existe,
les
délais prévus par l'article 430 ne peuvent pas être satisfaits
d'une
manière concevable et, en outre, l'article est discriminatoire,
arbitraire, déraisonnable et préjudiciable. »
Que l'État du Michigan ait le pouvoir ou non, US Steel
ne veut pas
conclure un accord pour réduire ses émissions de SO2. En réponse à ce
refus de respecter le délai pour déposer un plan, la directrice du
MDEQ, Heidi Grether, a dit: « US Steel sait depuis six ans qu'il a
besoin de réduire les émissions (de SO2). Plutôt que d'entreprendre de
bonne foi les démarches pour se conformer au règlement, ils ont tout
fait pour éviter de mettre en place les changements nécessaires pour
réduire l'impact de la contribution en SO2 de US Steel sur la région
.... Au lieu de cela, ils ont poursuivi une stratégie d'avantage
concurrentiel par rapport aux autres émetteurs de SO2. Ils doivent soit
se
conformer ou subir les conséquences réglementaires de leur inaction.
Cette obstruction doit cesser. »
Les scientifiques ont indiqué que l'expertise et la
technologie
existent pour réduire les émissions de SO2 telles que la pratique
industrielle largement utilisée de désulfuration des gaz provenant de
four à coke. Dès 2006, l'Agence fédérale américaine pour la
protection
de l'environnement a émis une recommandation à l'industrie
sidérurgique de Détroit en disant : « La plupart des usines de
coke
américaines et de nombreuses usines de coke à l'étranger désulfurent
déjà leur gaz, ce qui suggère que c'est abordable et rentable. »
Les responsables du Michigan ont déclaré que
l'organisme d'État ne
peut pas contraindre les monopoles à utiliser des méthodes spécifiques
pour lutter contre la pollution ; il peut seulement exiger le
respect
des normes de rendement. Le porte-parole du MDEQ, Michael Shore, a
écrit dans un courriel au Detroit News : «
Comment se conformer est uniquement une décision de l'entreprise. »
Par exemple, aux États-Unis, le monopole de l'énergie
DTE refuse
d'installer des technologies de désulfuration à sa batterie de cokes SG
sur l'île Zug, qui fournit du gaz empli de soufre à US Steel, parce
que, comme un porte-parole des services publics de l'État a
déclaré : «
La société (DTE) satisfait déjà à ses exigences. L'installation
SG assure la conformité avec les normes (SO2) et pour cette raison la
technologie de désulfuration n'a pas été nécessaire. »
US Steel fournit en énergie son usine de Great Lakes,
qui est
située sur les rives de la rivière Détroit directement en face de
Windsor, en Ontario, par la combustion de gaz de cokerie qu'elle achète
à partir des installations SG de DTE sur l'île Zug. Le gaz contient du
dioxyde de soufre qui est libéré lorsqu'il est brûlé. Les émissions de
SO2 à
l'installation SG de l'île de Zug sur la rivière Détroit relèvent du
mandat fédéral, mais le gaz qu'elle fournit lorsqu'il est brûlé dépasse
ces normes. Si DTE équipait son usine de l'île Zug avec la technologie
moderne pour éliminer le dioxyde de soufre du gaz qu'elle vend à US
Steel, elle aurait à facturer plus et USS dit que ses concurrents
auraient
un avantage si elle le faisait. L'arrogance, le diktat et
l'irrationalité du monopole sont évidents, même sur des questions qui
sont bien connues pour être nocives pour les travailleurs, ceux qui
vivent dans les communautés avoisinantes et l'environnement.
Remarques provenant du site Web
d'Environnement et Changement climatique Canada
Les pluies acides
Le terme général « dépôts acides » ne
désigne pas
simplement les pluies acides. Ces dépôts sont principalement dus aux
émissions de dioxyde de soufre (SO2) et d'oxydes d'azote (NOx), qui
peuvent être transformées en polluants secondaires secs ou humides,
comme l'acide sulfurique (H2SO4), le nitrate d'ammonium (NH4NO3) et
l'acide nitrique (HNO3), lorsqu'ils sont transportés dans l'atmosphère
à des centaines et jusqu'à des milliers de kilomètres de distance.
Le Canada ne peut mener seul cette lutte contre les
pluies acides.
C'est seulement en réduisant les émissions acides autant au Canada
qu'aux États-Unis que l'on peut mettre fin aux pluies acides. Plus de
la moitié des dépôts acides dans l'est du Canada proviennent
d'émissions dont l'origine est les États-Unis. Des régions comme le
sud-est de
l'Ontario (Longwoods) et Sutton, au Québec, reçoivent les trois-quarts
des dépôts acides provenant des États-Unis. En 1995, le transport
transfrontalier de dioxyde de soufre provenant des États-Unis vers le
Canada a été estimé à être entre 3,5 et 4,2 millions de
tonnes,
annuellement.
Sans contrôles additionnels autrement que ceux
identifiés dans
l'Accord Canada-États-Unis sur la qualité de l'air, les zones du sud et
du centre de l'Ontario, le sud et le centre du Québec, du
Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse continueront de recevoir des
quantités annuelles moyennes de dépôts humides de sulfates qui
dépassent
leurs charges critiques. La charge critique serait dépassée par
jusqu'à 10 kg/ha/an de dépôts humides de sulfates dans certaines
régions du centre de l'Ontario et le centre et le sud du Québec. En
conséquence, environ 95 000 lacs demeurent endommagés par les
pluies
acides. Les lacs dans ces régions neutralisent mal les dépôts de
sulfates ou pas aussi rapidement que dans les régions moins sensibles.
En fait, certains lacs sensibles continuent de s'acidifier.
Au total, sans contrôle additionnel, près
de 800 000 km2 dans le
sud-est du Canada, soit une superficie équivalente à la taille de la
France et du Royaume-Uni combinés, recevraient des niveaux nocifs de
pluies acides, c'est-à-dire, bien au-dessus des niveaux limites de
charge critiques pour les systèmes aquatiques.
Les travailleurs accidentés se battent
pour leur droit à une indemnisation adéquate
Justice pour les travailleurs accidentés!
Les travailleurs accidentés et leurs alliés en Alberta
intensifient
leur intervention pour que justice soit rendue aux travailleurs
accidentés. L'Association canadienne des travailleurs accidentés de
l'Alberta d'Edmonton fait circuler une pétition pour que soient
renouvelées la législation et l'administration de la Commission des
Accidents du
travail (CAT) comme partie intégrante de la défense les droits des
travailleurs accidentés. Ces droits comprennent le maintien du niveau
de vie que le travailleur avait avant son accident, la réinsertion
professionnelle lorsque possible pour les travailleurs qui ne peuvent
retourner à leur ancien emploi, et un encadrement rigoureux des
responsabilités
des employeurs
Les travailleurs accidentés font aussi valoir que les
personnes qui
se sont fait nier leur indemnisation et qui vivent présentement dans la
pauvreté ne deviennent pas pour autant « chose du passé » mais
doivent
au contraire être traités avec justice et indemnisés convenablement.
Ils ont récemment organisé un piquetage au Centre de
traitement Millard et ont aussi participé au BBQ de la Fête du Travail
du Conseil régional du travail d'Edmonton le 5 septembre où ils
ont
présenté une pétition qui est reproduite ci-dessous.
Le gouvernement NPD de l'Alberta a mis en place un
Groupe d'étude
de trois personnes pour examiner le fonctionnement de la CAT. À l'étape
initiale du processus on a proposé un questionnaire en ligne et on a
invité les gens à soumettre leurs opinions ou leurs mémoires. Le groupe
d'étude invite maintenant les travailleurs accidentés à
soumettre leur nom et les travailleurs choisis de façon aléatoire
seront invités à participer à des discussions. D'autres Albertains
seront aussi invités à rencontrer le Groupe d'étude.
Selon l'ordre du jour d'austérité néolibéral, le
système n'est plus
« viable » et cela sert de prétexte pour couper de façon
draconienne
dans l'indemnisation des travailleurs accidentés. En Ontario, par
exemple, le gouvernement libéral a adopté un projet de loi forçant la
Commission d'assurance et de sécurité au travail (CAST) de se
débarrasser d'un soi-disant « passif non comptabilisé », menant à
des
coupures aux indemnisations et à une augmentation en flèche des
demandes de prestation refusées.
En Alberta, les principes sur lesquels l'indemnisation
des
travailleurs était fondée ont depuis longtemps été abandonnés dans le
but de rendre les monopoles compétitifs sur le plan international tout
en coupant allègrement dans les cotisations patronales. La période
d'indemnisation d'un travailleur accidenté en Alberta est passée
de 58
jours en 2002 à 34 en 2015. Les cotisations patronales,
les plus basses
au Canada, ont diminué à chaque année depuis cinq ans, et représentent
environ la moitié des cotisations versées par d'autres provinces.
En 2015, les demandes de prestations
représentaient seulement 73 %
des dépenses totales de la CAT, y compris les sommes versées aux
médecins et aux travailleurs de la santé, tandis que 27 % a
servi aux
dépenses administratives qui n'est devenu qu'un vaste système visant à
trouver toutes sortes de prétextes
pour priver les travailleurs des indemnisations qui leurs reviennent de
droit. Cela représente environ 40 % des cotisations
patronales.
Selon la CAT, les statistiques sur la réduction des
cotisations
patronales et les périodes d'indemnisation réduites sont la preuve à
l'effet que les programmes de réintégration au travail fonctionnent.
Mais l'expérience directe des travailleurs accidentés est tout autre.
Les refus d'indemnisation sont nombreux, alors qu'on ne rapporte pas un
grand
nombre d'accidents ou bien qu'on prétend qu'il s'agit de « temps non
perdu » pour veiller à ce que les cotisations patronales ne soient
pas
affectées.
Un grand nombre de demandes d'indemnisation sont
carrément rejetées
d'emblée par la CAT, une sur dix, plus précisément. Un grand nombre de
travailleurs accidentés n'ont plus de quoi subvenir à leurs besoins
suite au refus de leur demande d'indemnisation.[1]
Dans un discours que Rachel Notley, alors dans
l'opposition, avait
livré lors d'une réunion organisée par l'Association canadienne des
travailleurs accidentés de l'Alberta, elle a dit que le système
d'indemnisation des travailleurs accidentés était fini. Notley avait
souligné que le système avait été mis en place il y a environ 100
ans
en tant
que « compromis historique » par lequel les travailleurs avaient
abandonné le droit d'intenter des poursuites contre leurs employeurs en
échange duquel les travailleurs ne subiraient pas de perte de revenu et
ne seraient pas forcés de « tenter leur chance » devant les
tribunaux.
Elle avait dit que le système n'est plus un partenariat mais
plutôt un système d'assurance extrêmement bon marché pour les patrons.
Elle a dit que les gouvernements progressiste-conservateurs ont
toujours considéré que le système d'indemnisation des travailleurs
n'était qu'une façon peu dispendieuse pour les entreprises de vaquer à
leurs affaires.
Notley avait aussi souligné que, par rapport aux autres
provinces,
les travailleurs de l'Alberta reçoivent en moyenne moins
d'indemnisations, et lorsqu'ils en bénéficient, c'est sur une période
moins longue. Les demandes d'indemnisation pour maladies industrielles,
pour lésions articulaires dues au travail répétitif ainsi que pour
stress et
problèmes d'ordre mental liés au travail ont moins de chance d'être
indemnisées. Les indemnisations prennent fin plus rapidement puisque la
CAT invente un travail pour ensuite indiquer à un travailleur invalide
à vie qu'il pourrait en principe faire ce travail et s'il ne le fait
pas il n'est plus éligible aux indemnisations. Très peu de travailleurs
peuvent être représentés adéquatement pour contester de telles
décisions.
Selon Notley, la situation fait en sorte que de plus en
plus on se
fie à des preuves médicales qui n'ont rien à voir avec la réalité. La
CAT croit sur parole des médecins qui donnent des diagnostiques sur des
gens qu'ils n'ont jamais examinées, avec en main des notes faites par
des gestionnaires de cas.
Notley avait alors invité les travailleurs à ne pas
reculer et à
continuer à mener la lutte. Les travailleurs accidentés apprécient ces
conseils et invitent, à leur tour, Notley à ne pas reculer devant les
pressions des puissants intérêts financiers et leur négation des droits
des travailleurs.
Note
1. Selon le rapport annuel 2015 de la
CAT, 3 327 demandes d'indemnisation devaient être examinées
en 2015 : 2 258 demandes d'examen par le Comité de
résolution de
différends et de révision des décisions de la CAT auprès du Comité
d'appels, 830
demandes d'indemnisation en appel devant le Comité d'appels et 346
décisions infirmées par le Comité d'appel. Selon la CAT, toute demande
d'étude qui ne passe pas à la prochaine étape est « résolue »,
sans
dire si la requête du travailleur a été un succès, si le travailleur a
obtenu gain de cause ou s'il n'a pas obtenu gain de cause et
a décidé de ne pas poursuivre sa démarche. Cette façon intéressée de
procéder fait en sorte que le nombre réel de requêtes non résolues
n'est pas rendu public.
Pétition — Justice pour les travailleurs accidentés
- Association canadienne
des travailleurs accidentés de l'Alberta -
1. Veiller à ce que la Commission d'indemnisation
des travailleurs
de l'Alberta assume sa responsabilité de protéger la santé et le
bien-être des travailleurs accidentés et qu'elle respecte leurs droits,
y compris le maintien du niveau de vie que le travailleur avait avant
d'être accidenté, une formation permettant la réinsertion
professionnelle
lorsqu'un travailleur ne peut plus retourner à son ancien emploi,
l'obligation pour l'employer de respecter sa responsabilité
d'accommoder les travailleurs accidentés et la pleine couverture des
besoins en santé des travailleurs accidentés.
2. Veiller à ce que la CAT ait un mandat
clair faisant en sorte que ses décisions soient fondées sur des preuves
médicales provenant de médecins qui ont examiné le patient ou de
cliniciens professionnels. Rétablir l'objectivité médicale en
remplaçant le Commissaire du groupe d'étude médicale et les Groupes
d'experts médicaux par des médecins légistes nommés à partir d'une
liste établie par un ordre professionnel de spécialistes ayant les
compétences nécessaires tel la Société canadienne des évaluateurs en
médecine.
3. Garantir le droit des travailleurs qui
font une requête à une justice naturelle, y compris : le droit de
contre-interroger sous serment les médecins et le personnel, le droit
de présenter des preuves, le droit a un procès équitable dès qu'une
requête est faite, le droit d'accès aux dossiers touchant au
demandeur.
4. Mettre fin aux programmes incitatifs qui
offrent des primes aux gestionnaires de prime ou à d'autres employés de
la CAT ou travailleurs de la santé pour qu'ils déclarent un travailleur
apte à retourner travailler.
5. Interdire la pratique consistant à «
juger » qu'un travailleur est prêt à retourner au travail ou est
en
mesure de gagner un revenu à un niveau donné, même lorsque le
travailleur ne peut ni obtenir un tel emploi ni travailler dans un tel
domaine ou encore que ce type de travail n'existe pas dans sa
communauté.
6. Accroître les indemnisations pour
invalidité permanente ou pour indemnité de décès pour qu'elles
reflètent les réelles répercussions de l'invalidité sur la vie d'un
travailleur.
7. Réouvrir tous les dossiers d'indemnisation
refusée aux travailleurs accidentés lorsque les décisions ont été
prises en vertu d'opinions de médecins rémunérés par la CAT et de
Groupes d'experts médicaux qui vont à l'encontre des observations et
des conclusions cliniques, d'examens directs et continus et de
preuves médicales provenant de médecins traitants.
8. Obliger la CAT à continuer d'indemniser un
travailleur accidenté dont la demande d'indemnisation a été acceptée
mais que la CAT cherche ou exige des enquêtes médicales plus poussées.
9. Que les travailleurs agricoles soient couverts
par la CAT.
10. Mener une enquête judiciaire indépendante sur
comment les travailleurs accidentés sont traités par la CAT.
Pour signer la pétition cliquer ici.
NUMÉROS
PRÉCÉDENTS | ACCUEIL
Site web: www.pccml.ca
Email: forumouvrier@cpcml.ca
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