Numéro 67 - 31 octobre 2020
Une restructuration ordonnée par des
intérêts privés étroits
Les gouvernements provinciaux se
servent de la pandémie pour masquer des
interventions antisociales
- Barbara Biley -
• Les grandes
pharmaceutiques mondiales prennent
d'assaut l'opinion publique
- K.C. Adams -
• Des
campagnes pour bloquer une nouvelle direction
pour le secteur pharmaceutique
Les élections en Colombie-Britannique
• Les
résultats
• Le
problème d'investir le peuple du pouvoir est
toujours là
• La
Reine leur a tout donné
- Peter Ewart -
Tous les yeux sur la Mi'kmaqi!
• De
vigoureuses actions se poursuivent pour affirmer
le droit issu des traités des pêcheurs mi'kmaq
de pêcher le homard
Déclarations de solidarité avec les pêcheurs
mi'kmaq
• Le Syndicat des
travailleurs et travailleuses des postes
• Fédération
canadienne
des enseignantes et des enseignants
• L'Union
nationale
des fermiers
À titre d'information
• Feuillet d'information
sur la décision Marshall
- Le bureau de négociation
Kwilmu'kw Maw-klusuaqn/ Initiative
pour les droits des Mi'kmaq -
Le peuple chilien vote en faveur d'une nouvelle
constitution
• La
participation massive au plébiscite ouvre la
voie à
de nouveaux arrangements constitutionnels
- Nick Lin -
25e anniversaire du référendum de 1995
• La
lutte du peuple du Québec pour s'investir de la
souveraineté
demeure un problème posé et à résoudre
- Claude Brunelle et
Christine Dandenault -
Une restructuration ordonnée par
des intérêts privés étrois
- Barbara Biley -
Les décisions prises par les gouvernements
fédéral et provinciaux prétendument en réponse à
la pandémie de la COVID-19 ont un tout autre
objectif que de protéger le bien-être du peuple et
de la société. Les « mesures d'urgence » et
les projets de loi adoptés depuis le mois de mars
n'ont rien à voir avec bâtir une économie
canadienne indépendante et suffisante pour
répondre aux besoins des Canadiens. Depuis le mois
de mars, en vertu de lois provinciales
respectives, les gouvernements ont déclaré des
états d'urgence par décrets, arrêtés ministériels
et ordonnances des autorités de la santé publique,
afin de prendre des mesures pour combattre la
pandémie.
Dans plusieurs
provinces, plus particulièrement au Québec, en
Ontario et en Alberta, et par toutes sortes de
moyens dans d'autres provinces, la pandémie sert
d'excuse aux gouvernements pour adopter des lois
et des méthodes de fonctionnement qui
restructurent considérablement l'État, menant à
l'élimination de toute autorité publique. C'est
l'offensive antisociale des 30 dernières
années qui se poursuit et qui s'intensifie dans le
but d'ouvrir un espace pour les oligarques
mondiaux les plus puissants afin qu'ils puissent
gouverner directement les affaires de la société
dans leurs propres intérêts étroits. Par exemple,
au cours des dernières décennies et partout au
pays, les gouvernements ont cédé de vastes
portions du secteur de la santé, notamment les
services alimentaires, l'entretien, les systèmes
d'informatique et les services de laboratoire des
hôpitaux et plus encore à certaines des plus
grandes entreprises multinationales étrangères.
Il y a eu une vaste prise en main des résidences
de soins de longue durée et de personnes autonomes
et semi-autonomes par des propriétaires et
gestionnaires d'entreprises privées, souvent
étrangères. À cette fin, les travailleurs de la
santé et leurs organisations ont subi des attaques
sans précédent, leurs salaires et leurs conditions
de travail étant perçus comme un coût et donc des
obstacles à l'ordre du jour des intérêts privés
étroits et des gouvernements qui les servent. Sous
couvert de la pandémie, les gouvernements
restructurent l'État, éliminant tout vestige d'une
autorité publique pour faire place à un contrôle
direct par les oligarques les plus puissants.
En Alberta
Les mesures du gouvernement Kenney en Alberta
illustrent bien ce qui précède. Depuis l'ouverture
de la deuxième session de l'Assemblée législative
de l'Alberta le 25 février, 34 lois ont été
adoptées, dont quatre sont liées directement à la
pandémie. La plupart de ces lois visent à
appliquer le programme du gouvernement du Parti
conservateur uni de déréglementation de
l'industrie et de privatisation de l'éducation et
de la santé afin de répondre aux demandes des
oligarques de l'énergie.
Les lois sont d'une
telle envergure et sont adoptées avec une telle
rapidité, un projet de loi antisocial et
antiouvrier n'attendant pas l'autre, qu'il est
difficile pour l'opposition populaire de ne pas
s'y perdre, tandis que le gouvernement Kenney
profite de sa majorité pour adopter les lois à
toute vapeur à l'Assemblée législative.
Le premier acte législatif de cette session a été
la Loi 1, Loi sur la défense des
infrastructures critiques. La définition
d'infrastructure publique dans la loi est
tellement vaste qu'elle permet aux autorités de
criminaliser les luttes grévistes des
travailleurs, les actions des jeunes contre les
changements climatiques et toute forme
d'opposition. Le projet de loi avait été déposé à
l'Assemblée législative le 25 février par le
premier ministre Kenney lui-même qui a dit très
clairement que la loi était une réponse directe
aux actions menées à l'échelle du pays en appui à
la lutte des défenseurs de la terre Wet'suwet'en
contre l'oléoduc du monopole énergétique Coastal
GasLink qui passera sur leur territoire ancestral
sans leur autorisation.
Depuis, le gouvernement a menacé la Commission
scolaire de Calgary de démantèlement en raison de
sa prise de position contre les compressions en
éducation, et a adopté des lois, dont la
Loi 32, Loi de 2020 sur la
restauration de l'équilibre dans les endroits de
travail en Alberta, qui apporte des
amendements au Code des normes d'emploi et
au Code des relations de travail qui
bafouent les droits des travailleurs. Peu après
l'adoption de la Loi 32, le gouvernement a
lancé un assaut majeur contre la classe ouvrière
en révisant deux importantes lois de la
législation ouvrière, la Loi sur la santé et
la sécurité du travail (OHS Act) et la Loi
sur l'indemnisation des travailleurs, afin
de préparer le terrain pour apporter des
changements en faveur des employeurs et à
l'encontre des droits des travailleurs.
En juillet, la Loi sur l'amendement des
statuts de la santé (Loi 30)
a été adoptée, une loi omnibus qui modifie neuf
lois et qui vise à couper des services et à ouvrir
la porte à la privatisation, y compris en faisant
de la sous-traitance dans les hôpitaux, en pavant
la voie aux cliniques chirurgicales privées et en
changeant la façon dont les médecins sont
rémunérés.
Le 13 octobre,
le ministre de la Santé a annoncé que le
gouvernement allait de l'avant avec la mise à pied
de 11 000 travailleurs de la santé et la
privatisation d'un secteur après l'autre dans le
système de santé, y compris la privatisation des
services alimentaires et de buanderie ainsi que
des services environnementaux, et qu'il continuera
de couper des postes d'infirmières par attrition
jusqu'à ce qu'il déclare lui-même la pandémie
terminée, puis il procèdera à l'élimination de
l'équivalent de 500 postes d'infirmières à
temps plein, ce qui se traduira, selon les
Infirmières et infirmiers unis de l'Alberta, par
la mise à pied de 750 infirmières.
Cet assaut contre les travailleurs et le tort
incroyable qu'il fera à la capacité du secteur de
la santé de combattre la pandémie n'émeuvent
aucunement le gouvernement Kenney qui est dirigé
par les Ernst & Young de ce monde qui visent à
apporter des changements qui favorisent les
oligarques et cherchent à éliminer les obstacles,
tels que les droits et les organisations des
travailleurs qui se dressent sur leur chemin.
En Ontario
Des rassemblements et des lignes de piquetage
devant les bureaux de membres du Parlement
ontarien sont organisés par les travailleurs de la
santé en août et en septembre 2020 pour
demander le retrait de la Loi 195.
Le 17 mars, le gouvernement de l'Ontario a
déclaré l'état d'urgence à l'échelle de la
province en réponse à la pandémie de la COVID-19.
En vertu des pouvoirs d'urgence dont le
gouvernement s'est muni, des décrets ont été pris
touchant à tous les aspects du fonctionnement de
l'économie, les rassemblements sociaux, la
fermeture des écoles, la fermeture des hôpitaux et
des résidences de soins de longue durée aux
visiteurs, et beaucoup d'autres.
Plusieurs des
décrets émis en vertu des pouvoirs d'urgence
stipulent explicitement qu'en dépit des
conventions collectives existantes, les employeurs
peuvent unilatéralement décider du nombre des
effectifs en personnel, redéployer le personnel
comme bon leur semble, changer les horaires de
travail ou la répartition des quarts de travail,
annuler les vacances, embaucher des travailleurs à
temps partiel, temporaires ou en sous-traitance,
et avoir recours à des bénévoles pour faire le
travail de syndiqués. Les procédures de grief ont
été suspendues en ce qui concerne toute question
contenue dans le décret. Malgré leur connaissance
directe de leurs endroits de travail, les
travailleurs de la santé ont été entièrement
exclus de toute prise de décision sur le
déploiement du personnel, sur les mesures à
prendre pour protéger les travailleurs et les
patients et, surtout en soins de longue durée, sur
comment mobiliser d'autres forces dont les
familles, les bénévoles, et les travailleurs de la
santé provenant de secteurs autres que celui des
résidences.
Le 7 juillet, la Loi de 2020 sur la
réouverture de l'Ontario (mesures adaptables en
réponse à la COVID-19), la Loi 195, a
été adoptée à l'Assemblée législative ontarienne.
La Loi étend les pouvoirs d'urgence du
gouvernement tout en éliminant les mécanismes de
surveillance de base au nom de la «
flexibilité ». La Loi 195 met fin
officiellement à l'état d'urgence (en date
du 24 juillet), mais permet aux décrets
d'urgence adoptés en vertu de la Loi sur la
protection civile et la gestion des mesures
d'urgence (EMCPA) d'être prolongés par ordre
de la lieutenante-gouverneure en conseil
(c'est-à-dire, le Cabinet provincial). Alors qu'en
vertu de l'EMCPA les décrets d'urgence devaient
être réapprouvés tous les 14 jours, la
Loi 195 prescrit qu'ils peuvent être
renouvelés par le Cabinet pour des périodes
de 30 jours et même jusqu'à un an, et les
pouvoirs conférés par la Loi peuvent être
prolongés pour encore une autre année. Les décrets
peuvent aussi être amendés pour qu'ils puissent
être appliqués à d'autres personnes ou groupes.
Entretemps, ce qui aurait dû être fait pour
veiller à ce que le système de santé puisse
combattre adéquatement la deuxième vague, déjà en
cours, n'a pas été fait.
Au Québec
Les travailleurs de la santé du Québec bloquent
des ponts à Montréal et dans la ville
de Québec, le 19 octobre 2020, pour
demander la satisfaction de leurs revendications
aux conditions dont ils ont besoin pour assumer
leur responsabilité envers la société.
L'état d'urgence dans la santé publique a été
déclaré le 13 mars. Parmi les premières
mesures adoptées, il y a eu les arrêtés
ministériels du 15 et du 21 mars, en
vertu desquels le gouvernement s'est donné le
pouvoir d'annuler les conventions collectives des
travailleurs de la santé et des services sociaux
et d'imposer des conditions de travail à
l'encontre des ententes négociées. Ces mesures ont
été justifiées par des pouvoirs appartenant au
ministre de la Santé en vertu de la Loi sur la
santé publique. Cette loi ne comprend aucune
référence à des annulations de conventions
collectives ou à des changements de conditions de
travail et le gouvernement du Québec n'a jamais
offert d'explications sur comment ces mesures
draconiennes protègent la santé du public.
Les arrêtés ministériels permettent au
gouvernement d'annuler les congés des
travailleurs, y compris leurs vacances, de changer
les affectations et les horaires, d'imposer des
journées de travail prolongées jusqu'à 12
heures et de « suspendre ou d'annuler les congés
déjà autorisés, ainsi que de refuser l'octroi de
nouveaux congés ». Ces arrêtés ministériels
ont été renouvelés continuellement et sont
toujours en vigueur.
Alors que le gouvernement a tout fait pour
permettre aux employeurs d'agir unilatéralement et
d'augmenter les risques pour les travailleurs, les
patients et les résidents de centres de soins de
longue durée, il a refusé d'écouter les
travailleurs de première ligne qui sont les mieux
placés pour décider comment organiser le travail
et ce qui est requis pour assurer la sécurité de
tout le monde. Il a aussi fermé la porte aux
autres qui cherchent à faire partie de la
solution, y compris les infirmières étudiantes qui
se sont portées volontaires pour venir prêter
mainforte et qui ont été ignorées.
Ensuite, le 3
juin, le gouvernement Legault a déposé le projet
de loi 61, Loi
visant la relance de l'économie du Québec et
l'atténuation des conséquences de l'état
d'urgence sanitaire déclaré le 13
mars 2020 en raison de la pandémie de la
COVID-19. Le projet de loi constituait
une restructuration majeure de l'État en ce qui
concerne la prise de décision. On y citait
l'urgence de la santé publique et la nécessité
d'atténuer ses conséquences sur l'économie comme
justification pour accorder à l'exécutif
gouvernemental tout le pouvoir d'annuler et de
passer outre les lois et les réglementations
existantes sous prétexte d'accélérer la relance de
l'économie. Le projet de loi 61 aurait
autorisé l'exécutif gouvernemental à passer outre
aux articles de la Loi sur la santé publique,
la Loi sur la qualité de l'environnement,
la Loi sur les expropriations, et la Loi
sur les contrats des organismes publics. En
plus, il accordait l'immunité face aux poursuites
aux ministres du gouvernement et à d'autres
agissant en vertu de la loi.
Une des principales caractéristiques du projet de
loi 61 est que tout changement apporté aux
lois existantes serait permanent. L'exécutif
gouvernemental aurait le pouvoir d'apporter des
changements législatifs sans discussion au sein de
l'Assemblée nationale ou avec les personnes
directement touchées par les nouvelles clauses,
accordant le plein pouvoir à l'exécutif de faire
toutes sortes d'arrangements avec des intérêts
privés sans l'examen du public.
Le projet de loi 61 aurait aussi prolongé
l'état d'urgence de la santé publique et les
pouvoirs accordés à l'exécutif gouvernemental pour
encore deux ans.
En raison de l'opposition massive du peuple, le
gouvernement du Québec n'a pas pu adopter le
projet de loi avant l'ajournement de l'Assemblée
nationale le 12 juin, et le 23
septembre, le gouvernement Legault a déposé le
projet de loi 66, Loi concernant
l'accélération de certains projets
d'infrastructure, en remplacement du projet
de loi 61. Le nouveau projet de loi
accorderait au gouvernement l'autorité de passer
outre les lois sur la protection environnementale
et sur les expropriations, mais non de passer
outre la Loi sur les contrats des organismes
publics ou d'accorder l'immunité aux
ministres du gouvernement ou de prolonger l'état
d'urgence de la santé publique.
Ce qu'ont en commun
ces mesures des gouvernements de l'Alberta, de
l'Ontario et du Québec, ainsi que d'autres, se
résume à trois choses :
1) les mesures prises visent une plus grande
restructuration de l'État pour servir les intérêts
privés;
2) les droits des travailleurs de la santé sont
bafoués, y compris leur droit d'agir
collectivement à la défense de leurs droits;
3) le corps politique dans son ensemble, en
particulier les travailleurs de la santé, les
patients et les aînés qui reçoivent les soins,
leurs familles et d'autres personnes en lien
étroit avec les patients et les aînés, sont
maintenus à l'écart.
4) ces mesures antisociales et ces stratagèmes
pour payer les riches pour ne pas avoir le
consentement du peuple et faire face à un examen
de plus en plus minutieux et à des actes de
résistance et d'opposition de la part de la classe
ouvrière et du peuple.
Par leurs mesures coercitives, les gouvernements
de l'Alberta, de l'Ontario et du Québec tentent de
nier l'expérience du peuple et les leçons tirées
dans la lutte contre la pandémie. Ces
gouvernements ont recours à des pouvoirs exécutifs
pour continuer d'imposer une direction de
l'économie qui fait en sorte que toute
l'organisation de la société repose la
multiplication des stratagèmes pour payer les
riches et la concentration du pouvoir et de la
richesse entre les mains d'une poignée de
personnes. Les travailleurs mettent de l'avant
leurs revendications basées sur la reconnaissance
collective que cette direction et la façon dont la
société est organisée n'ont pas réussi à
satisfaire les besoins de base du peuple.
(Photos : LML, HSAA, Radical
Citizen's Media, Let Nurses Speak, OCHU, J-M
Desrosiers)
- K.C. Adams -
L'accès à des produits pharmaceutiques abordables
est un aspect important de l'affirmation du droit
à la santé. Les gens n'acceptent pas que leur
bien-être soit à la merci de la réalisation de
profits par les cartels pharmaceutiques mondiaux.
Le Canada a besoin d'une industrie pharmaceutique
publique qui suffit à ses besoins et procure aux
Canadiens les médicaments dont ils ont besoin à un
coût minimal.
La nécessité d'un contrôle public d'une industrie
pharmaceutique indépendante au Canada est
davantage mise en évidence par la pandémie de
COVID-19 et le besoin de tests et de vaccins pour
prévenir la transmission, et de médicaments pour
atténuer les symptômes et diminuer les effets à
long terme et la mortalité.
Dans ces circonstances, le gouvernement libéral
de Justin Trudeau semble « parier » sur
certaines entreprises pharmaceutiques privées pour
la mise au point d'un vaccin efficace. Le 23
octobre, la presse rapportait :
« Ottawa va
fournir jusqu'à 173 millions de dollars à
l'entreprise Medicago de Québec, pour son
candidat-vaccin contre la COVID-19. Le premier
ministre Justin Trudeau a indiqué vendredi [23
octobre] que ces fonds serviront à faire
progresser le potentiel vaccin de Medicago et
à mettre sur pied une installation de production à
Québec.
« Le gouvernement fédéral a par ailleurs
réservé 76 millions de doses du futur vaccin
de Medicago au cas où les tests s'avéreraient
concluants.
« M. Trudeau a également indiqué que plus
de 41 millions seront investis pour d'autres
candidats-vaccins au pays, dont 18,2 millions
iront à l'entreprise Precision NanoSystems de
Vancouver. »
Pendant
ce
temps, le Conseil national de recherches Canada
dépense 23 millions de dollars pour soutenir
d'autres initiatives canadiennes de vaccination,
a déclaré Trudeau.
« Le premier ministre a déclaré que le Canada
avait signé six accords avec un certain nombre
d'entreprises participant à la course mondiale
pour produire un vaccin sûr et efficace contre
la COVID-19.
« Deux autres fabricants de vaccins américains,
Moderna et Pfizer, ont demandé à Santé Canada de
revoir leurs produits, qui font actuellement
l'objet d'essais cliniques.
« Il est raisonnable de s'attendre à ce que les
vaccins commencent à être déployés à un moment
donné en 2021, a déclaré Trudeau, mais même dans
ce cas, l'offre sera limitée et les populations
à haut risque seront priorisées pour
l'inoculation. [...]
« Le Canada a déjà des ententes de
principe avec plusieurs fabricants pour
l'élaboration d'un futur vaccin. Jusqu'à
maintenant, trois d'entre eux –
ceux d'AstraZeneca, de Moderna et de Pfizer –
sont au stade de demande d'autorisation par Santé
Canada.
« M. Trudeau assure que le Canada sera prêt
lorsqu'un vaccin sera disponible. En attendant, le
gouvernement fédéral a commencé à recevoir les
premiers tests de dépistage rapides de
l'entreprise pharmaceutique Abbott. Des centaines
de milliers d'entre eux sont en cours de
distribution à l'échelle du pays, a indiqué M.
Trudeau, et d'autres livraisons suivront sous
peu. »
Le rapport ne dit pas ce qu'il adviendra des
fonds utilisés pour « obtenir les droits »
s'ils s'avèrent que les vaccins en question ne
sont pas viables. S'agit-il d'un nouveau
stratagème pour payer les riches qu'on nous
présente au nom du grand idéal de protéger les
Canadiens contre la pandémie de COVID-19 ?
La nécessité d'une entreprise publique et
indépendante
pour garantir le droit à la santé pour tous
C'est dans ce contexte que les grandes sociétés
pharmaceutiques mondiales intensifient leur
campagne contre une opinion publique qui exige une
nouvelle direction prosociale pour ce secteur qui
soit fondée sur l'autosuffisance et l'entreprise
publique et qui ait pour mission de garantir le
droit à la santé pour tous et toutes.
Les grandes sociétés pharmaceutiques ont recours
à des agences et des groupes de réflexion
néolibéraux grassement payés pour entraîner
l'opinion publique dans des querelles sur les prix
et la disponibilité des médicaments et l'éloigner
d'une nouvelle direction axée sur l'autosuffisance
et l'entreprise publique. Leur campagne vise à
dénoncer les réglementations gouvernementales et
le contrôle des prix comme n'étant pas nécessaires
et leur faisant du tort et à entraîner le
peuple dans ce débat et à l'éloigner de toute
discussion sur une nouvelle direction.
Les grandes sociétés pharmaceutiques se servent
de gens ayant des maladies et des conditions rares
pour exiger du gouvernement qu'il finance leurs
traitements pharmacologiques à des prix
extravagants. La campagne fait partie de leurs
efforts pour obtenir un régime national
d'assurance-médicaments par lequel les
gouvernements puiseraient dans les fonds publics
pour acheter encore plus de produits de ces
cartels mondiaux de l'industrie pharmaceutique[1].
Le régime public/privé
d'assurance-médicaments qui est proposé ressemble
au régime de santé actuel dominé
presqu'entièrement par des intérêts privés et par
lequel les gouvernements distribuent des fonds
publics pour la construction et l'administration
d'hôpitaux, et pour payer des fournitures et des
produits pharmaceutiques produits par le privé
ainsi que pour la gestion de cliniques privées et
de résidences privées de soins de longue durée.
Dans le contexte actuel, les grandes sociétés
pharmaceutiques mondiales veulent nous entraîner
dans un débat à savoir si les gouvernements
devraient réguler le prix de marché des
médicaments ou laisser les fournisseurs décider
des prix et s'il y a nécessité d'un système
national privé/public d'assurance-médicaments. Des
patients atteints de maladies rares sont mobilisés
pour dénoncer toute réglementation des prix et
pour réclamer que tous les médicaments distribués
par les sociétés pharmaceutiques mondiales soient
disponibles aux prix fixés par ces compagnies. Les
gens sont encouragés à prendre position pour ou
contre le contrôle des prix et pour ou contre un
régime public/privé d'assurance-médicaments plutôt
que de regarder la situation dans la santé, de
voir le problème de l'approvisionnement des
produits pharmaceutiques tel qu'il se pose et de
discuter d'une nouvelle direction qui garantit le
droit à la santé de tous et toutes.
Les prix des médicaments sont-ils la
question ?
Le prix des médicaments exigé par les grandes
sociétés pharmaceutiques comprend le profit privé
qui, selon elles, reflète le coût de la
production, plus spécifiquement la valeur de la
recherche et du développement de nouveaux
médicaments. Cette affirmation soulève les
questions de qui décide de la direction de la
recherche, de ce qui doit être produit, de comment
les médicaments doivent être distribués et de ce
qui advient de la nouvelle valeur produite par les
travailleurs de l'industrie pharmaceutique, ce qui
comprend la valeur ajoutée ou le profit. Des
questions aussi importantes devraient-elles être
confiées à des grandes sociétés pharmaceutiques
dont l'objectif est le profit maximum et non de
garantir le droit de tous à des soins de santé
selon le niveau optimal atteint par les forces
productives et la science ?
Les grandes sociétés pharmaceutiques disent que
les gouvernements, par la réglementation des prix,
fixent souvent les prix de marché à un niveau égal
ou inférieur au « coût de production », ce
qui empêche les cartels pharmaceutiques de faire
le profit maximum. Sans les prix qu'ils déclarent
nécessaires, les cartels disent qu'ils ne peuvent
poursuivre leur recherche, ce qui limite les
nouveaux traitements et même la production de
médicaments en quantité suffisante tels que les
vaccins pour la grippe et d'autres médicaments
pour répondre aux besoins.
Mais le prix des médicaments est-il le
problème ? En réalité, ce problème des prix
de marché n'existerait pas si le secteur
pharmaceutique était organisé de façon
autosuffisante en tant qu'entreprise et service
publics, avec une autorité publique en qui le
peuple pourrait avoir confiance et qu'il pourrait
tenir responsable. Le secteur existerait pour
servir le peuple et les besoins en santé de toute
la population et garantir le droit à la santé pour
tous et toutes. La valeur créée dans une industrie
indépendante et contrôlée publiquement et
appartenant au public, ainsi que le produit social
lui-même, auraient comme but d'améliorer la santé
du peuple et de garantir le droit de tous à des
soins de santé de niveau optimal. La réalisation
publique de la valeur des produits pharmaceutiques
permettrait à cette valeur de revenir dans le
secteur et dans l'économie afin d'améliorer le
rendement des soins de santé et rehausser les
capacités scientifiques et de travail de tout le
monde engagé dans le processus de sorte que le
peuple et la société dans son ensemble en tirent
avantage. Dans les conditions actuelles, la valeur
saisie par les grandes sociétés pharmaceutiques
par la vente de médicaments est, la plupart du
temps, retirée de l'économie et du pays.
Un tel secteur pharmaceutique public rendrait
caducs un régime et un marché
d'assurance-médicaments public/privé ainsi que le
paiement de sommes faramineuses à même les fonds
publics aux intérêts privés qui contrôlent les
grandes sociétés pharmaceutiques. La recherche et
le développement de médicaments existeraient et
seraient développés au sein du système de santé
public par ses travailleurs. La connaissance, la
compétence et l'expertise grandissantes ainsi que
les avances scientifiques pourraient être
échangées avec d'autres partout dans le monde dans
un esprit d'avantage réciproque et de coopération
et non de concurrence à des fins de gain privé. La
connaissance et les avances médicales humaines
seraient universelles et à l'avantage de tout le
monde dans l'esprit que nous ne formons qu'une
seule humanité.
Lorsque réalisée, la valeur ajoutée que les
travailleurs produisent dans un secteur
pharmaceutique public retournerait dans ce secteur
pour servir à la recherche, au développement et à
la production de produits pharmaceutiques au
Canada pour le bien du peuple et du système de
santé, et non pour les intérêts privés étroits et
concurrents des sociétés pharmaceutiques
mondiales. Comment la valeur pharmaceutique est
réalisée devient alors une question que le peuple
décide en vertu du principe général que les soins
de santé sont un droit égal pour tout le monde. La
valeur que les travailleurs créent dans le cadre
d'un système de santé entièrement public serait
réalisée et resterait au Canada et il en
résulterait une augmentation de la valeur de la
capacité de travail de chacun et une amélioration
générale de la santé du peuple et de sa conscience
sociale ainsi que de sa capacité physique à
combattre et à surmonter les crises telles que la
pandémie de la COVID-19.
Qui contrôle ? Quel est l'objectif ?
L'enjeu, comme pour toute l'économie socialisée
et tous ses secteurs, est qui contrôle et quel est
l'objectif : la classe ouvrière elle-même
avec le grand objectif de servir le peuple et la
société ou les cartels mondiaux d'investissements
qui poursuivent l'objectif étroit de faire le
profit maximum afin de servir leurs intérêts
privés ?
Les sociétés
pharmaceutiques mondiales veulent détruire
l'opinion publique en faveur d'une nouvelle
direction vers l'autosuffisance et l'entreprise
publique dans le secteur pharmaceutique et dans
toute l'industrie de la santé. Elles veulent à
tout prix préserver leur contrôle privé du secteur
pharmaceutique. Elles veulent détourner l'opinion
publique dans des débats sans issue sur les prix
qu'elles font payer pour les médicaments et la
disponibilité de ces médicaments plutôt que
d'aller au fond du problème tel qu'il se
présente : la nécessité de garantir le droit
fondamental aux soins de santé pour tous et
comment le faire dans ce monde socialisé moderne.
Les questions de bien commun et de la santé de la
population et de la société requièrent des
solutions publiques et l'objectif de servir le
peuple et la société. De façon générale,
l'industrie de la santé a besoin d'une nouvelle
direction et d'un nouvel objectif qui soient de
garantir le droit à la santé pour tous. La
direction et l'objectif désuets des grandes
compagnies pharmaceutiques, qui sont de réaliser
le profit maximum et le contrôle privé de
l'industrie pharmaceutique dans son ensemble, ne
sont pas au diapason avec la direction et
l'objectif modernes qui sont de servir le peuple
et la société.
Le temps est venu d'établir une entreprise
publique et autosuffisante pour toute l'industrie
de la santé, y compris notamment le secteur
pharmaceutique, pour garantir le droit de tous à
des soins de santé tout au cours de leur vie.
Note
1. En
juin 2019, le gouvernement libéral de
Justin Trudeau a publié le rapport final du
Conseil consultatif sur la mise en oeuvre d'un
régime national d'assurance-médicaments de 204
pages intitulé Une
ordonnance pour le Canada :
l'assurance-médicaments pour tous.
Dans l'introduction du rapport
qui présente le mandat du Conseil consultatif,
on note l'absence de toute mention de
l'industrie pharmaceutique. Les auteurs du
rapport se contentent de dire :
« Les médicaments d'ordonnance
constituent une partie essentielle des soins de
santé. Toutefois, contrairement aux services
prodigués par les médecins et les hôpitaux, les
médicaments d'ordonnance ne sont pas couverts
par le régime public d'assurance-maladie, sauf
lorsqu'ils sont utilisés dans les hôpitaux.
Ainsi, une partie essentielle de ce système de
soins de santé, à d'autres égards si efficaces,
est financée de façon incohérente et n'est pas
également accessible à tous, ce qui fait qu'un
trop grand nombre de patients risquent de ne pas
obtenir les médicaments dont ils ont besoin. La
situation n'a fait qu'empirer avec l'émergence
d'un nombre croissant de médicaments spécialisés
à coût élevé utilisés pour traiter des maladies
chroniques complexes comme la polyarthrite
rhumatoïde grave, la sclérose en plaques et le
cancer. Ces nouveaux traitements, ainsi qu'un
nombre croissant de médicaments ultraspécialisés
et extrêmement coûteux pour des maladies rares,
menacent de surcharger les programmes
d'assurance publics et privés.
« Dans son budget de 2018,
le gouvernement fédéral a annoncé la création du
Conseil consultatif sur la mise en oeuvre d'un
régime national d'assurance-médicaments (le
Conseil). Le mandat du Conseil figure à
l'annexe 2. Sa tâche consistait à
conseiller le gouvernement sur la mise en place
d'un programme national d'assurance pour les
médicaments d'ordonnance – connu sous le nom de
régime d'assurance-médicaments – qui serait
abordable pour les Canadiens, leurs employeurs
et les gouvernements. Le gouvernement a demandé
au Conseil d'entamer un dialogue avec les
Canadiens et a publié un document de réflexion
exposant un éventail d'options possibles sur la
façon de faire progresser un régime national
d'assurance-médicaments et soulignant les
questions clés que le Conseil devrait aborder
dans ses travaux. »
Il est question de l'« industrie
pharmaceutique » ici et là, mais seulement
dans la mesure où le Conseil recommande
une meilleure réglementation de l'industrie et
une limite sur le financement du système de
santé par l'industrie pour éviter l'influence
indue.
L'industrie pharmaceutique, son
mode de fonctionnement, qui la contrôle et les
intérêts qu'elle sert sont des questions
totalement exclues de la discussion, des
éléments à ne pas remettre en cause. Ce type
d'arrangements ne peut que faciliter les
stratagèmes pour payer les riches dans lesquels
des fonds publics sont utilisés pour payer des
intérêts privés au nom d'un « programme national
d'assurance-médicaments ».
(Photos : LML)
Les grandes sociétés pharmaceutiques attaquent
l'opinion publique qui exige une nouvelle
direction pour ce secteur afin de servir le peuple
sur la base de l'autosuffisance et d'une
entreprise publique contrôlée par une autorité
publique à laquelle le peuple peut faire confiance
et qu'il peut tenir responsable. Les grandes
sociétés pharmaceutiques tentent de dévier la
discussion vers les prix de marché payés pour les
médicaments et l'introduction ou non d'un régime
privé/public d'assurance-médicaments, ce qui
garantirait une demande élargie et un paiement
pour leurs produits.
L'enjeu dans ce
secteur n'est pas le prix des médicaments demandé
par les sociétés pharmaceutiques mondiales ni
comment les Canadiens devraient le payer. Le
problème relève du contrôle privé des sociétés
pharmaceutiques mondiales du secteur
pharmaceutique et leurs visées de profit maximum
privé, et de la nécessité d'une nouvelle direction
qui comprend une entreprise publique qui suffit à
ses besoins, contrôlée par le peuple et son
objectif de garantir le droit de tous aux soins de
santé.
Un article a récemment été publié dans National
Newswatch intitulé « Exempter les médicaments liés
à la COVID des nouveaux contrôles de prix :
l'hypocrisie d'Ottawa », par Nigel Rawson et
John Adams[1].
On peut y lire : « En janvier, le
gouvernement fédéral compte transformer de façon
draconienne la réglementation de son tribunal qui
fixe les prix maximums des nouveaux médicaments et
des vaccins au Canada. [...] Des éléments clés du
projet gouvernemental ont été vertement critiqués
par les patients, les chercheurs et les analystes
en produits pharmaceutiques depuis son annonce
initiale en 2017. Ces inquiétudes se sont
accentuées pendant la pandémie de la COVID-19.
Plusieurs mois avant sa mise en oeuvre, le projet
a déjà bloqué l'accès à de nouveaux médicaments
importants pour les patients canadiens. »
Les auteurs se concentrent surtout sur le
tribunal gouvernemental, sur la question des prix
des médicaments et les répercussions possibles de
ceux-ci sur la production, la disponibilité et
l'approvisionnement de produits pharmaceutiques.
Ils soulèvent les problèmes d'« accès à de
nouveaux et importants médicaments » du point
de vue du marché pour des médicaments produits par
les grandes compagnies pharmaceutiques mondiales
et non du point de vue d'ouvrir une nouvelle
direction et un nouvel objectif pour le secteur,
qui servent le peuple et son droit aux soins de
santé.
Les auteurs soulignent : « Des études de cas
ont montré que les nouveaux règlements peuvent
exiger des fabricants qu'ils réduisent leurs prix
à des niveaux non viables. En outre, les essais
cliniques financés par les concepteurs de
médicaments ainsi que le nombre de nouveaux
médicaments au Canada ont diminué de façon
dramatique. »
On sonne l'alarme et on encourage les gens à se
lever à la défense des grandes compagnies
pharmaceutiques, ou à préconiser que le tribunal
et les contrôles de prix sont la voie vers
l'avant.
L'article continue dans cette veine, affirmant
que la proposition du gouvernement est «
hypocrite » puisqu'elle permet aux grandes
sociétés pharmaceutiques de dicter les prix des
médicaments pandémiques, mais pas des autres
médicaments : « Or, le 17 septembre,
Ottawa a annoncé une politique spéciale qui réduit
le pouvoir du tribunal d'examiner les vaccins et
les médicaments pour la COVID-19, tels que le
remdesivir, laquelle politique fait partie d'un
'effort gouvernemental visant à assouplir
provisoirement le processus de réglementation des
médicaments et des instruments médicaux
nécessaires au diagnostic, au traitement, à
l'atténuation ou à la prévention de la COVID-19'.
« Les fabricants pourront fournir ces produits
selon leurs propres tarifs en vigueur, sauf si le
tribunal des prix reçoit une plainte d'un ministre
fédéral ou provincial de la santé. C'est bien
qu'Ottawa ait commencé à comprendre que certains
éléments de la révision des prix représentent un
lourd fardeau réglementaire pour les concepteurs
de médicaments et un obstacle à ce que les besoins
des patients soient comblés. »
Les auteurs semblent enchantés de constater que
les grandes sociétés pharmaceutiques pourront
s'enrichir par la vente de vaccins et de
médicaments pour la COVID-19. La pandémie met en
lumière à quel point le Canada est dépendant de
ces compagnies et la nécessité d'une nouvelle
direction basée sur l'entreprise publique
autosuffisante dans le secteur pharmaceutique.
Les auteurs défendent la demande des grandes
entreprises pharmaceutiques de mettre fin au
contrôle des prix pour tous les médicaments. Ils
affirment : « Le Canada est présentement un
marché commercialement viable pour de nouveaux
médicaments et vaccins, malgré les obstacles créés
par les gouvernements fédéral et provinciaux qui
limitent, retardent ou refusent l'accès aux
nouveaux médicaments, en particulier les plus
dispendieux.
« Cependant, les nouveaux contrôles des prix du
fédéral empêcheront plusieurs nouveaux médicaments
d'entrer au Canada. Les Canadiens ayant des
maladies rares seront les premiers à en subir les
impacts. »
Les auteurs appellent les Canadiens à porter
plainte contre « la bureaucratie et les contrôles
des prix » auxquels les grandes sociétés
pharmaceutiques sont confrontées, et qui
empêcheront peut-être l'accès des patients à de
nouveaux médicaments ou, au contraire, à se ranger
peut-être du côté du gouvernement et de sa
prétention que le tribunal et les contrôles des
prix sont des mesures nécessaires. Ainsi, on
cherche à empêcher les Canadiens de se pencher sur
une nouvelle direction prosociale, d'en discuter,
de planifier et de s'y engager, pour soutirer une
fois pour toutes le secteur de l'emprise des
grandes sociétés pharmaceutiques mondiales.
Les auteurs donnent
l'exemple d'un cartel pharmaceutique mondial qui
refuse de vendre une nouvelle drogue –
le Trikafta – au Canada en raison
des « incertitudes qui planent sur les nouveaux
règlements de fixation des prix ». Ce recours
à des cas spécifiques vise à imposer un chantage
émotif aux Canadiens pour se plier aux termes des
grandes sociétés pharmaceutiques et pour accepter
leur domination, un peu comme lorsque les oeuvres
caritatives des grandes entreprises intimident les
gens en les prenant par les sentiments pour qu'ils
donnent de l'argent plutôt que de regarder les
problèmes en face et de les résoudre par une
nouvelle direction.
Pour le Trikafta et d'autres nouveaux
médicaments, selon les auteurs, les grandes
entreprises pharmaceutiques mondiales semblent
adopter une « approche attentiste. Depuis que la
réglementation a été finalisée en août 2019,
une liste grandissante de médicaments a été
approuvée aux États-Unis, mais n'a pas été soumise
à Santé Canada pour une évaluation ».
Les auteurs accusent le gouvernement Trudeau
d'accroître « la bureaucratie, ce qui rend le
Canada moins attrayant comme endroit où on peut
faire de la recherche et lancer de nouveaux
médicaments qui pourraient réduire les souffrances
des Canadiens et prolonger des vies ».
Les Canadiens devraient dénoncer cet argumentaire
et cette direction, et accuser les grandes
sociétés pharmaceutiques de bloquer et de détruire
le développement d'une recherche canadienne qui
s'appuie sur elle-même, d'une production
indépendante, d'une disponibilité de médicaments
et d'un développement de l'expertise par le biais
de l'entreprise publique.
À la fin de l'article, les auteurs
affirment : « La pandémie a une fois de plus
montré que notre système de santé est une
ressource limitée et fragile. Les médicaments
contribuent à la viabilité du système de santé et
des vies des patients. Le gouvernement fédéral
devrait reconnaître la valeur d'autres médicaments
innovateurs qui révolutionnent l'existence et
mettre en oeuvre des politiques rationnelles qui
permettent aux Canadiens de bénéficier des progrès
technologiques et qui encouragent la recherche et
le développement au Canada. Agir autrement serait
d'une grande hypocrisie. »
Si notre « système de santé est une ressource
limitée et fragile », c'est précisément parce
qu'il est contrôlé par les intérêts privés des
grandes entreprises pharmaceutiques qui rivalisent
pour dominer ce secteur tout en faisant le maximum
de profit et bloquent un développement canadien
indépendant. Pour rompre avec l'état « limité et
fragile » du système de santé, il faut une
nouvelle direction sous le contrôle du peuple dont
l'objectif est de garantir la santé en tant que
droit pour tous et non en tant que droit pour
quelques-uns à des fins de profit maximum.
Note
1. Les
auteurs Nigel Rawson et John Adams disent être
membres de l'Institut canadien en politiques de
santé (CHPI) et de la Coalition pour les
meilleurs médicaments (BMC).
Sur son site Web, le CHPI affirme
que son principal souci est « l'économie de la
santé et les questions politiques liées à
l'accès des patients aux biens et services
médicaux innovateurs, ainsi qu'aux questions
monétaires liées à la viabilité et le rapport
qualité-prix pour les contribuables. »
La BMC affirme que son objectif
est « Des programmes de médicaments qui
permettent un accès équitable et uniforme aux
médicaments pour tous les Canadiens ».
Ces objectifs et énoncés de
mission répondent à ceux des grandes sociétés
pharmaceutiques pour le profit maximum par la
vente de médicaments et son contrôle continu du
secteur pharmaceutique.
(Photos : LML)
Les élections en
Colombie-Britannique
Les résultats préliminaires basés sur les
suffrages exprimés le jour de l'élection,
le 24 octobre, sont les suivants :
NPD : 55, Parti libéral : 29, Parti
vert : trois et aucun indépendant élu.
Elections BC prévoit que les résultats définitifs
seront annoncés vers le 16 novembre en raison
du grand nombre de bulletins de vote par
correspondance (c'est-à-dire des électeurs qui ont
voté en dehors de leur circonscription) et de
bulletins de vote envoyés par voie postale. Ce
classement peut changer lors du décompte final,
mais pas suffisamment pour modifier la majorité du
NPD.
Au moment de la dissolution, la représentation à
l'Assemblée législative était la suivante :
NPD : 41, Parti libéral : 41,
Parti vert : deux, indépendants : deux
et un siège vacant.
Elections BC a déclaré que le taux de
participation était « d'au
moins » 52,4 %. Le nombre définitif
de votes exprimés, les députés élus à l'Assemblée
législative et la position des partis à
l'Assemblée législative ne seront connus qu'une
fois le décompte final terminé. Le dépouillement a
été prolongé en raison du grand nombre de
bulletins de vote par correspondance et par la
poste dus à la pandémie. Le nombre de bulletins de
vote reçus continue de changer chaque jour.
Pour alléger la pression sur les bureaux de
scrutin et maintenir les protocoles de la santé
publique, les électeurs ont été encouragés à
demander une trousse de vote par la poste et aux
bureaux d'Élection BC dans les circonscriptions.
Le nombre de bulletins de vote par la poste reçus
par Elections BC et envoyés aux bureaux de
circonscription avant le 29 octobre était
d'environ 525 000, ce qui ne comprend
pas les bulletins déposés directement aux bureaux
de circonscription au lieu d'être envoyés par la
poste. Sur les 1 827 201 bulletins
de vote jusqu'à maintenant
dépouillés, 1 217 201 ont été
déposés par anticipation le 24 octobre, le
reste sont des bulletins par correspondance et des
bulletins de vote par la poste.
À l'instar de tous les partis cartellisés, le
premier ministre élu, John Horgan, affirme qu'il a
reçu un mandat du peuple de la
Colombie-Britannique pour gouverner comme il
l'entend, même si, au mieux, son gouvernement n'a
reçu que 45,08 % des voix (au 29
octobre), avec un taux de participation dérisoire
de 52,4 % des électeurs admissibles. Son
soi-disant mandat repose donc sur les votes
de 23,62 % des électeurs admissibles.
De plus, de
nombreux électeurs parmi ce 23,62 %,
étaient fortement en désaccord avec le
déclenchement des élections en pleine pandémie et
trouvaient que cette décision était opportuniste,
antidémocratique et un simple coup de force. Tant
le déclenchement des élections que la campagne
électorale ont montré un mépris et une
indifférence face à la situation difficile parmi
le peuple, causée par les pertes d'emploi, les
pressions exercées sur les professionnels et les
travailleurs de la santé, les enseignants et les
travailleurs en éducation, les étudiants et les
parents, le problème des itinérants et la crise
croissante des opioïdes ainsi que les craintes
très réelles d'une résurgence de la COVID-19 et de
la répétition des décès tragiques, de la
souffrance et de l'isolement des résidents des
établissements de soins de longue durée. Beaucoup
ont voté avec réticence pour le NPD parce qu'ils
craignaient qu'un gouvernement libéral ne soit
encore plus brutal.
On ne peut certainement pas parler d'un
consentement des gouvernés pour le programme NPD.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, le
gouvernement minoritaire du NPD a été un
représentant docile et prédisposé à servir les
intérêts financiers privés internationaux qui
convoitent les ressources naturelles et humaines
de la Colombie-Britannique, comme on peut le voir,
entre autres, avec les projets de LNG Canada et du
barrage du Site C. Le 22 octobre, le Globe
and Mail a publié une entrevue avec John
Horgan dans laquelle ce dernier expliquait que sa
décision de déclencher les élections avait été
influencée par les conseils qu'il avait demandés
au président et chef de la direction de Jim
Pattison Group, la deuxième plus grande société
privée du Canada ayant des intérêts dans toutes
les grandes industries de la Colombie-Britannique.
Ni l'exécutif du NPD ni les membres ni les députés
n'ont été mobilisés dans la décision de déclencher
les élections.
La décision a été prise par le premier ministre
et une poignée de conseillers non élus. Il est
indéniable que le sentiment d'aliénation des
électeurs envers le processus politique est plus
répandu que jamais, en raison de l'élection
elle-même et de la marginalisation du corps
politique qui n'a pas son mot à dire sur les
questions qui le concernent. C'est
particulièrement ressenti par les travailleurs de
la santé et les familles des résidents en soins de
longue durée, les enseignants et les autres
travailleurs de l'éducation et les travailleurs de
l'industrie hôtelière qui manifestent avec force
contre l'échec du gouvernement à assumer la
responsabilité sociale des décisions annoncées.
Les travailleurs ont été complètement écartés de
la riposte à la pandémie et sont devenus la cible
des ordres venant d'en haut.
Alors que certains
espèrent que, maintenant que le NPD est
majoritaire, il peut être persuadé d'agir dans
l'intérêt du peuple et de l'environnement, les
plans du gouvernement de John Horgan sont déjà
inscrits dans le « Plan de relance » publié
quelques jours avant le déclenchement des
élections[1].
C'est une continuation de l'ordre du jour
néolibéral antisocial selon lequel la sécurité et
la prospérité de la Colombie-Britannique dépendent
des stratagèmes pour payer les riches, de l'appui
à l'entreprise privée, de la poursuite des projets
qui remettent des milliards de dollars aux
monopoles mondiaux, une voie qui s'est déjà avérée
désastreuse pour l'environnement, pour une
économie indépendante et qui viole les droits
ancestraux des peuples autochtones.
La grande majorité des Britanno-Colombiens a été
exclue de la décision de tenir des élections, de
toute discussion sur les problèmes auxquels fait
face le corps politique et les solutions qui
favoriseraient le peuple. Cette expérience fait
ressortir, une fois de plus, la nécessité de
nouvelles dispositions, du renouveau politique
pour mettre fin à la marginalisation du peuple et
d'une nouvelle direction pour l'économie fondée
sur la satisfaction des besoins du peuple.
Note
1. « La
restructuration
des arrangements étatiques pour renforcer
l'économie provinciale qui paie les riches »,
K.C.
Adams, LML, 3 octobre 2020
- Peter Ewart -
Encore une fois, les élections
d'octobre 2020 en Colombie-Britannique
montrent à quel point le système uninominal
majoritaire à un tour est déformé et comment il
concentre le pouvoir d'une manière qui va à
l'encontre de la volonté du peuple.
Lors des élections de 2020, le NPD n'a
obtenu que 45,03 % des voix (chiffres
basés sur un décompte non officiel des votes, les
bulletins de vote par la poste n'ayant pas encore
été dépouillés). Dans le cadre du système
uninominal majoritaire à un tour, bien qu'il ait
obtenu une minorité de voix au niveau provincial,
il est désormais un gouvernement majoritaire qui
détient 55 des 87 sièges de l'Assemblée
législative (ce qui représente 63,2 %
des sièges). Le NPD a gagné 14 siège de plus,
alors que sa part du vote populaire n'a augmenté
que de 5 % (par rapport
à 40,29 % lors des élections
de 2017).
Pour sa part, le
Parti libéral de la Colombie-Britannique a
obtenu 29 sièges avec 33,3 % du
vote populaire tandis que le Parti vert a obtenu
trois sièges avec 15,3 %, le Parti
conservateur aucun avec 2,35 % et les
autres partis aucun avec 1,9 %.
Dans un système électoral de représentation
proportionnelle, les résultats de l'élection
de 2020 auraient été sensiblement différents.
L'objectif d'un système de représentation
proportionnelle est que la répartition des sièges
de l'Assemblée législative reflète le plus
possible les résultats du vote populaire. Par
exemple, pour l'élection de 2020, avec un
système de représentation proportionnelle le
résultat aurait été tout d'abord que le NPD ne
disposerait pas d'un gouvernement majoritaire. Au
lieu de cela, dans l'Assemblée législative
de 87 sièges, le NPD détiendrait autour
de 39 sièges (au lieu de 55), le Parti
libéral autour de 31 sièges (au lieu de 29),
le Parti vert autour de 13 sièges (au lieu de
trois) et le Parti conservateur autour de deux
sièges (au lieu de zéro).
Après cette élection, avec l'actuel système
uninominal majoritaire à un tour, de nombreux
électeurs de vastes régions de la province
n'auront pas de députés qui représentent leur
préférence politique. Par exemple, il semble que
les libéraux seront évincés complètement des 14
sièges de l'île de Vancouver malgré qu'un nombre
important de résidents aient voté pour ce parti.
C'est la même chose pour une grande partie du
nord-est et du centre de la province où les
libéraux dominent et où le NPD, les verts et les
conservateurs sont exclus malgré un soutien
important.
Après la victoire de son parti aux élections
provinciales de 1972, l'ancien premier
ministre néodémocrate Dave Barrett a déclaré à la
presse que « la Reine nous a tout donné »[1]. Il voulait
dire par là que, dans le système électoral
majoritaire à un tour, le bureau du premier
ministre acquiert de grands pouvoirs et que « une
fois que le pouvoir est conféré [...], c'est la
prérogative du gouvernement de l'utiliser ».
Une fois qu'un premier ministre est élu, il ou
elle contrôle le Cabinet, les ministères
gouvernementaux, l'Assemblée législative et le
parti lui-même, et il y a peu ou pas de contrôle
sur ce pouvoir.
Comme l'a souligné l'ancien député, maintenant
décédé, du Crédit social, Rafe Mair, ces partis
politiques, quelle que soit leur affiliation, «
aiment le pouvoir absolu » et l'autoritarisme
inhérent au système uninominal majoritaire à un
tour, et « préfèrent attendre d'avoir100 %
d'autorité que de partager le pouvoir avec l'autre
camp détesté ». Oui, un jour tous les quatre
ans, nous avons le droit de voter. Mais pour le
reste de ces 1 460 jours environ, nous
vivons sous une sorte de dictature élue où le
peuple n'a aucun contrôle sur les décisions qui
touchent sa vie.
Le fait est que les électeurs de la
Colombie-Britannique sont privés de tout pouvoir à
cause du système électoral et de la domination des
partis cartellisés. Les groupes d'intérêt
puissants aiment cet arrangement, notamment les
grandes entreprises mondialisées, car il leur
permet de n'avoir à frapper qu'à une seule porte
pour obtenir ce qu'ils veulent. La représentation
proportionnelle ne résout pas le problème
fondamental de la privation de pouvoirs des
électeurs, mais au moins elle permet de mieux
refléter la volonté des électeurs. La
Colombie-Britannique a tenu un certain nombre de
référendums sur la réforme électorale, le plus
récent étant sur la proposition référendaire
de 2018 d'adopter la représentation
proportionnelle (qui a été rejetée). Toutefois,
que l'on soit pour ou contre la représentation
proportionnelle, les problèmes posés par le
système uninominal majoritaire à un tour et la
question plus vaste d'investir les électeurs du
pouvoir demeurent.
Note
1. Barrett,
Dave et William Miller. « Barrett : A
Passionate Political Life », Vancouver,
Douglas & McIntyre, 1995.
(Photos : LML)
Tous les yeux sur la Mi'kmaqi!
Vancouver, 24 octobre 2020
Tous
avec les Mi'kmaq !
Montréal
Dimanche 1er novembre
Rassemblement à midi; marche à 13 h
Place Émilie-Gamelin, 1500, rue
Berri
Organisé par Kaiatanoron Lahache et
Waieñhawi ahache
Facebook
Des actions militantes ont lieu partout au Canada
et au Québec pour affirmer les droits ancestraux
et issus des traités des peuples autochtones d'un
océan à l'autre, en particulier les pêcheurs
mi'kmaq qui affirment leur droit de participer à
la pêche au homard en Nouvelle-Écosse pour gagner
une « subsistance convenable », tel qu'énoncé
dans les traités signés entre la Couronne
britannique et les Mi'kmaq, qui demeurent en
vigueur aujourd'hui. Les Premières Nations, divers
syndicats et l'Union nationale des fermiers ont
publié des déclarations de solidarité avec les
pêcheurs mi'kmaq. Partout au Canada, des gens de
tous horizons rejettent également les tentatives
de l'État canadien de diviser le peuple sur une
base raciste et d'inciter à la violence raciste
contre les Mi'kmaq et d'autres peuples
autochtones. Les manifestations et les actions de
solidarité attribuent la responsabilité de la
situation à l'État canadien raciste qui refuse de
résoudre les préoccupations de longue date des
peuples autochtones et de redresser les injustices
historiques commises à leur encontre en affirmant
leurs droits et en rendant justice, comme il a le
devoir de le faire en tant que partie signataire
des traités[1].
Parmi les luttes
menées par les peuples autochtones, il y a la
nation algonquine anishinabeg du lac Barrière, qui
lutte pour protéger la population d'orignaux en
déclin rapide dans la réserve faunique de La
Vérendrye; la nation haudenosaunee et le mouvement
pour la restitution du territoire appelé
« 1492 Land Back Lane » près de
Caledonia en Ontario; les Wet'suwet'en et leur
lutte contre Coastal GasLink dans le nord de la
Colombie-Britannique ; la Société des femmes
guerrières Secwepemc et la lutte des guerriers
Tiny House contre le pipeline Trans Mountain; le
combat des Kanienkehà:ka de Kanehsatà:ke pour
affirmer leur revendication sur la pinède d'Oka;
ainsi que le camp Pekiwewin à Edmonton, qui assure
la sécurité de plus d'une centaine de personnes
qui, autrement, seraient des itinérants.
LML lance l'appel à tous à continuer de
s'organiser et de prendre part aux actions en
appui aux peuples autochtones pour veiller à ce
que le Canada entretienne avec eux des relations
justes, afin que la juste revendication des
pêcheurs mi'kmaq, parmi plusieurs autres, soit
dûment satisfaite telle que l'exigent les traités
dont le Canada est signataire et conformément aux
obligations du Canada en vertu du droit
international.
Ottawa, Ontario
Windsor, Ontario
Calgary, Alberta
Vancouver, Colombie-Britannique
Island Highway, Île de Vancouver
Note
1. Voir
aussi le reportage sur les actions de solidarité
Tous les yeux sur la Mi'kmaqi dans le
numéro
du 24 octobre 2020 du LML
(Photos : LML, A. Woo, K.
Teixeira)
Déclarations
de solidarité avec les pêcheurs mi'kmaq
Le STTP est solidaire des pêcheurs de homard
mi'kmaq qui revendiquent leur droit de pêche issu
de traités pour en tirer une subsistance
convenable. Le STTP condamne aussi les actes
blessants et haineux commis par des pêcheurs non
autochtones et leurs alliés. Les peuples
autochtones, qui font valoir leurs droits légaux
et traditionnels de pêche, ne devraient pas être
confrontés à la violence et à la haine.
Pour parvenir à une société fondée sur l'équité,
l'égalité et la justice, la réconciliation avec
les peuples et les communautés autochtones est
plus que jamais nécessaire. Et elle ne sera
possible que si nous respectons les traités,
comprenons le contexte de leurs luttes et
dénonçons l'oppression et la violence.
Jusqu'à l'arrivée
des colons, qu'ils ont accueillis, les peuples
autochtones ont occupé les terres sur lesquelles
nous vivons. Ces terres et leurs ressources leur
ont été enlevées de force par ces mêmes colons,
qui ont aussi envoyé leurs enfants dans des
pensionnats et nié leurs droits fondamentaux.
Les membres de la Première Nation des
Sipekne'katik se battent pour défendre leur droit
de pêche, conformément aux traités que leurs
ancêtres ont signés, il y a 260 ans, avec les
Britanniques. Le STTP reconnaît que les
communautés mi'kmaq ont le droit de pêcher pour
s'assurer une subsistance convenable. Ce droit est
protégé par les traités et confirmé par la Cour
suprême dans l'arrêt Donald Marshall de 1999.
Les droits issus de traités sont aussi enchâssés
dans le droit canadien puisqu'ils sont inscrits
dans la Constitution.
Appuyer les Premières Nations mi'kmaq dans leur
lutte pour la justice et le droit de vivre dans la
dignité fait partie du travail du STTP en vue de
créer un monde où règne l'égalité. Notre appui
fait partie de la réconciliation. Et celle-ci
exige la création de nouveaux rapports entre les
autochtones et les non-autochtones et la mise en
oeuvre des 94 appels à l'action que la
Commission de vérité et réconciliation a publiés
en décembre 2015.
Nous devons reconnaître les injustices passées
imposées par les colons aux peuples autochtones et
reconnaître les répercussions qui aujourd'hui
découlent de la colonisation. Nous devons dénoncer
ces injustices et travailler à les réparer. Nous
pourrons alors aller de l'avant vers un avenir
meilleur. C'est dans cet esprit que le STTP
exprime sa solidarité avec les pêcheurs de homard
mi'kmaq.
Voici quelques gestes que vous pouvez poser
1. Faites un don en argent
Frontlines Credit Union : virement
électronique à 752frontline@gmail.com
Première Nation Sipekne'katik : virement
électronique à monicah@sipeknekatik.ca (on peut
aussi utiliser Paypal)
2. Envoyez une lettre ou un courriel à votre
députée ou député fédéral ou lui passer un coup
de fil : Dites-lui que vous appuyez
les Mi'kmaq et demandez que le gouvernement prenne
des mesures pour protéger les pêcheurs et
s'opposer à la violence à leur endroit et à leur
criminalisation.
3. Participez à une action – Les
sympathisants à la cause des pêcheurs mi'kmaq
organisent des activités dans de nombreuses
localités. Participez-y.
4. Informez-vous
Pour les membres non autochtones, une partie de
la réconciliation consiste à se renseigner et à
acquérir une perspective historique. Les conflits
relatifs aux pêches existent dans la région de
l'Atlantique depuis de nombreuses années.
Apprenez-en davantage sur la crise de Burnt
Church, par exemple, qui a secoué la région
entre 1999 et 2002.
Renseignez-vous sur Clearwater, une entreprise
qui, avec l'approbation du gouvernement, fait une
pêche abusive des homards, et qui le fait en
dehors des paramètres saisonniers de la pêche. Le
PDG de Clearwater est l'homme le plus riche de la
Nouvelle-Écosse.
Cette situation démontre clairement le fondement
colonial de notre système juridique, le manque
d'engagement du gouvernement envers la
réconciliation et le peu d'égards envers les
principes de conservation et de durabilité.
La Cour suprême du Canada n'a pas rendu une
décision inébranlable dans l'affaire des droits de
pêche issus des traités, contribuant ainsi à la
formation d'alliances néolibérales entre le
gouvernement et les sociétés.
Et qu'en est-il de la conservation et de la
durabilité ? Clearwater pratique la pêche de
manière irresponsable en utilisant 6 500
casiers, ce qui est considérablement plus qu'un
bateau de subsistance mi'kmaq, qui en contient à
peine 50. Et Pêches et Océans Canada passe la
situation sous silence.
(22 octobre 2020. Photos :
AMSMC, M. Barnes)
La Fédération
canadienne des enseignantes et des enseignants
(CTF/FCE) se range aux côtés des peuples
autochtones du Canada tandis qu'ils poursuivent au
quotidien leur lutte pour la justice. Elle réitère
qu'elle condamne le racisme, la discrimination,
les actes d'intimidation et de violence, et la
haine sous toutes ses formes. En réponse aux
récents événements survenus en Nouvelle-Écosse, la
CTF/FCE soutient les Mi'kmaq dans leur volonté
d'exercer leurs droits inhérents issus des traités
et confirmés dans la Charte canadienne des
droits et libertés pour pratiquer une pêche
au homard de subsistance convenable. Ce droit leur
a été reconnu en 1760-1761 dans les traités
de paix et d'amitié et confirmé par la Cour
suprême du Canada dans la décision Marshall
en 1999.
Par solidarité, nous demandons à nos membres de
la Nouvelle-Écosse et d'ailleurs d'agir avec les
peuples autochtones d'une manière harmonieuse.
Dans un souci de vérité et un esprit de
réconciliation, nous demandons que les droits
inhérents des Mi'kmaq soient défendus, que la loi
soit maintenue et que le conflit qui cible
injustement les Mi'kmaq soit résolu au plus vite.
Shelley L. Morse, présidente
Fédération canadienne des enseignantes et des
enseignants
L'Union nationale des fermiers (UNF) est
solidaire avec les pêcheurs mi'kmaq qui affirment
légalement leurs droits issus de traités de
pratiquer une pêche pour une subsistance
convenable et elle condamne les actes racistes et
répréhensibles de violence et d'hostilité
perpétrés contre eux. Que les Mi'kmaq puissent
chasser, pêcher et cueillir fait partie des droits
inhérents, issus de traités et affirmés par la
constitution et nous appuyons leur lutte pour
exercer ces droits et le droit à la souveraineté
alimentaire. L'industrie de la pêche au homard
dans les provinces maritimes est dominée par une
corporation (Clearwater – l'une des plus grosses
compagnies de mollusques au monde verticalement
intégrée) et nous demandons que le droit légal des
pêcheurs mi'kmaq d'accès à une subsistance de ces
eaux soit respecté.
En 1999, la Cour suprême du Canada affirmait
les traités de paix et d'amitié (signés entre 1725
et 1779) par l'entremise de la décision
Marshall et déclarait le droit des Mi'kmaq de
tirer une « subsistance convenable ».
Le 17 septembre 2020, la Première Nation
Sipekne'katik, en tant que nation souveraine, a
décidé d'exercer pour la première fois ces droits
selon une pêche autoréglementée. Cette décision a
suscité de l'indignation et de la violence de la
part de la communauté des pêcheurs commerciaux et
fut accueillie par l'inaction de la part du
gouvernement et de la GRC. La violence a continué
à s'escalader et des pêcheurs non autochtones ont
érigé des barrages, incendié des bâtiments, des
bateaux, des véhicules et endommagé de
l'équipement de pêche afin de restreindre la pêche
– toutes des infractions aux droits légaux issus
des traités. Le 21 octobre 2020, il fut
confirmé qu'une injonction avait été mise en place
contre ceux qui entravaient l'accès des membres de
la bande Sipekne'katik à sa pêche.
En tant que
fermiers, nous sommes privilégiés d'avoir une
relation étroite avec la terre et nous avons la
responsabilité d'en soutenir la santé pour les
générations à venir. Nous, comme les pêcheurs
mi'kmaq, nous efforçons de nourrir nos communautés
et de gagner notre vie tout en protégeant la terre
et les eaux; nous travaillons aussi pour atteindre
la souveraineté alimentaire face aux systèmes
alimentaires contrôlés par les multinationales.
C'est par cet intérêt commun que nous sommes
solidaires avec leur lutte. Nous demandons au
premier ministre Trudeau, à la ministre Bernadette
Jordan et à la ministre Carolyn Bennett de
négocier de bonne foi afin de s'assurer que la
décision Marshall soit respectée, basée sur les
droits inhérents et les droits issus de traités
avec les Mi'kmaq de chasser, de pêcher et
cueillir, tels que protégés par l'article 35
de la Constitution canadienne. Ceci comprend
l'acceptation de l'autogestion par les Mi'kmaq, au
lieu du contrôle continu par le ministère des
Pêches et des Océans. Nous demandons également que
tous les actes de violence et les comportements
criminels envers les pêcheurs mi'kmaq et les
membres de leurs communautés soient passibles de
fortes conséquences. Nous sommes heureux que les
Mi'kmaq aient obtenu une injonction contre ceux
qui perturbent leur pêche, mais nous demandons à
Bill Blair, en tant que ministre de la Sécurité
publique, et à David Lametti, en tant que ministre
de la Justice, d'être imputables pour
l'application égale du respect de la loi et de
s'assurer que l'état du droit soit respecté.
L'UNF presse toutes les agences gouvernementales
pertinentes, aux niveaux provincial et fédéral, à
entamer des mesures audacieuses qui arrivent à
point pour s'assurer que les droits inhérents des
Mi'kmaq soient respectés et que la sécurité et la
protection des communautés mi'kmaq soient
priorisées. Nous sommes tous visés par les
traités.
À titre
d'information
- Le bureau de négociation
Kwilmu'kw Maw-klusuaqn/ Initiative
pour les droits des Mi'kmaq -
La Première Nation Sipekne'katik se rassemble à
Saulnierville, Nouvelle-Écosse, le 17
septembre 2020, pour célébrer l'ouverture de
la première pêche de subsistance modérée
Mi'kmaq, 20 ans après la décision R. c..
Marshall.
Que disent les décisions Marshall ?
En septembre 1999, dans l'affaire Donald
Marshall, la Cour suprême du Canada a statué
qu'une série de traités signés entre 1760
et 1761 par les Mi'kmaq et la Couronne
britannique étaient toujours valides.
Connus sous le nom de traités de paix et
d'amitié, ils prévoient que les Mi'kmaq ont le
droit de récolter et de vendre du poisson, des
animaux sauvages, des fruits et baies sauvages
pour assurer une subsistance convenable
Dans une deuxième décision, rendue en
novembre 1999, la Cour a « clarifié » sa
décision antérieure. Ensemble, ces deux décisions
sont appelées Marshall 1 et Marshall
2.
Qu'est-ce qu'une « subsistance
convenable » ?
La clause la plus importante des traités
de 1760 et 1761 est la soi-disant « clause de
maisons de troc » qui, selon la Cour
suprême, signifie, dans le contexte actuel, un
droit à un moyen de subsistance convenable. La «
clause de maisons
de troc » promettait aux Mi'kmaq (et aux
Wolastoqiyik et Peskotomuhkati) que des maisons de
troc ou postes de traite gérés par le
gouvernement seraient établis pour permettre aux
Mi'kmaq de vendre leurs produits comme la viande,
les fourrures, les plumes et le poisson. En
retour, les Mi'kmaq, les Wolastoqiyik et les
Peskotomuhkati ont promis de ne faire du commerce
que dans les maisons de troc.
Selon la Cour suprême, la promesse d'un poste de
traite et la promesse de ne faire du commerce que
dans une maison de troc équivaut à un droit « de
commercer pour se procurer les biens
nécessaires » (les marchandises européennes
dont, en 1760-1761, les Mi'kmaq en sont venus
à dépendre) et non un droit général de faire du
commerce pour des gains économiques importants.
« La notion de 'subsistance convenable' s'entend
des choses essentielles comme 'la nourriture, le
vêtement et le logement, complétées par quelques
commodités de la vie', mais non de l'accumulation
de richesses ... » (Marshall 1,
article 59)
Les traités signés en 1760-1761 par
les Mi'kmaq et la Couronne britannique sont
toujours valides.
Est-ce que toutes les ressources naturelles et
les aliments sont couverts par les
traités ?
Non. Les Mi'kmaq ont le droit continu de récolter
et de vendre tous les types de produits que les
Mi'kmaq commerçaient dans les années 1760.
Les articles qui peuvent être récoltés et vendus
pour gagner une subsistance convenable ne
s'étendent pas, par exemple, aux grumes. La Cour
suprême du Canada dans R. c. Bernard; R. c.
Marshall (« l'affaire de l'exploitation
forestière ») a conclu que lorsque les
traités ont été signés, il y avait tellement de
bois disponible pour le bois d'oeuvre que les
nouveaux colons n'avaient pas besoin d'acheter du
bois aux Mi'kmaq pour construire des maisons, des
granges, des hangars, etc.
Elle a conclu que, bien que les traités protègent
les droits des Mi'kmaw de récolter et de disposer
de certains articles, la coupe et la vente de
grumes (exploitation commerciale du bois)
n'étaient pas protégées en tant qu'« évolution
logique » d'une activité commerciale
traditionnelle.
Où le droit de traité à une subsistance
convenable peut-il être exercé ?
Alors que la Cour suprême a qualifié les
traités de 1760-1761 de « traités
locaux » exercés par des Mi'kmaq ayant
l'autorité communautaire, la territorialité des
traités de 1760 et 1761 n'est pas
claire et l'approche de l'Assemblée des chefs
Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse est que tous les
Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse ont les mêmes
droits dans toute la province.
Est-ce qu'il y a des limites au droit à une
subsistance
convenable issu de traité ?
Oui. La Cour
suprême a indiqué que l'exercice des droits issus
de traités, comme l'exercice des droits
ancestraux, peut être limité.
La Couronne peut limiter ou enfreindre le droit à
un moyen de subsistance modéré, mais il doit y
avoir un objectif public primordial pour limiter
l'exercice du droit –
comme la conservation ou la sécurité
publique. Toute atteinte doit être le minimum
nécessaire pour atteindre l'objectif public et le
groupe autochtone doit être consulté avant
que la limitation du droit ne soit imposée. Une
compensation doit être prévue en cas d'infraction.
Ceci est connu sous le nom de « arguments
justificatifs »; autrement dit, la Couronne
doit démontrer que les limites qu'elle impose au
droit issu de traité sont justifiées parce que
c'est la seule façon d'atteindre l'objectif public
primordial.
Les ressources qui sont récoltées pour obtenir un
moyen de subsistance convenable doivent être
équitablement partagées avec les non-Mi'kmaq.
À propos du bureau de négociation Kwilmu'kw
Maw-klusuaqn
Le bureau de négociation Kwilmu'kw Maw-klusuaqn
(KMKNO) travaille au nom de l'Assemblée des chefs
Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse dans le cadre des
négociations et des consultations entre les
Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse, la province de la
Nouvelle-Écosse et le gouvernement du Canada.
KMKNO a été développé par les Mi'kmaq pour les
Mi'kmaq.
Le but de ces négociations et consultations est
de mettre en oeuvre nos droits ancestraux et issus
de traités signés par nos ancêtres dans les
années 1700.
Le peuple chilien vote en faveur
d'une nouvelle constitution
- Nick Lin -
Dans son élan, le mouvement du peuple chilien
pour le changement a remporté la victoire lors du
plébiscite du 24 octobre pour décider si la
constitution actuelle, imposée en 1980 par la
dictature de Pinochet, doit être remplacée. LML
félicite chaleureusement le peuple chilien
pour ces résultats décisifs de plus
de 78 % de la population en faveur d'une
nouvelle constitution à la suite d'une
participation sans précédent. Le mouvement
populaire a ouvert la voie à de nouveaux
arrangements qui favorisent le peuple, et non les
intérêts privés et étrangers qui ont eu le feu
vert pour dominer le pays depuis le coup d'État de
Pinochet, ni les gouvernements qui ont poursuivi
le saccage néolibéral depuis ce temps. Cette
victoire est d'autant plus importante dans ces
conditions de pandémie qui ont exacerbé les crises
politiques et économiques auxquelles le peuple est
confronté.
Dans ce plébiscite,
le peuple devait répondre à deux questions. La
première était d'approuver ou de rejeter la
rédaction d'une nouvelle constitution. Le vote en
faveur d'une nouvelle constitution a été
de 78,27 %. La deuxième question était
le choix entre une Convention constitutionnelle –
composée de citoyens élus expressément pour
cette instance – ou une Convention
constitutionnelle mixte –
dont la moitié serait composée de députés siégeant
déjà au parlement et l'autre moitié de citoyens
élus à cette instance. Les Chiliens ont voté
à 79 % en faveur d'une Convention
constitutionnelle.
La composition de la Convention constitutionnelle
sera répartie également entre hommes et femmes,
constituant pas plus de 50 % plus un de
l'instance (c'est-à-dire un maximum de 78).
En outre, un certain nombre de sièges de la
Convention seront réservés aux peuples autochtones
qui forment 12 % de la population du
Chili. Le sénat chilien n'a pas encore décidé si
ces sièges feront partie des 155 sièges de la
Convention ou s'ils y seront ajoutés. Ce sera la
première fois dans l'histoire du Chili que les
peuples autochtones seront représentés dans une
instance constitutionnelle, rapporte teleSUR. Les
peuples autochtones ont aussi demandé d'être
représentés par un nombre égal d'hommes et de
femmes et que leur participation soit basée sur
leur identité en tant que nations et peuples sur
un pied d'égalité, plutôt que d'être limités
aux 10 peuples autochtones officiellement
reconnus par la Société de développement
autochtone national du Chili.
Les membres de la Convention constitutionnelle
seront élus l'année prochaine, le 11 avril
2021, le même jour que l'élection des maires, des
conseillers et des gouverneurs régionaux. La
convention élaborera alors une nouvelle
constitution pendant une période maximale
de 12 mois. Dès qu'on aura approuvé la
nouvelle constitution, un plébiscite de
ratification sera fixé dans lequel le vote sera
obligatoire.
Le Service électoral chilien (Servel) a rapporté
une participation de 7 529 459
personnes aux urnes, la participation la plus
élevée depuis les élections présidentielles
de 1993. Pour ce qui est du pourcentage de
participation de 51 %, il est le plus
élevé depuis 2012. Le 26 octobre, le
président de Servel, Patricio Santamaria, a noté
l'augmentation de la participation citoyenne, en
particulier parmi les jeunes, mais aussi parmi les
adultes plus âgés même si « un nombre important de
personnes n'ont pu participer sur ordre des
autorités de la santé parce qu'ils étaient en
confinement en raison de la COVID-19 ». Il a
aussi souligné que d'autres n'avaient pu
participer « tels que les personnes privées de
leur liberté et de leurs droits politiques en
raison d'une violation flagrante de leurs droits
humains ». Il a aussi fait valoir que plus
de 100 000 mineurs travaillaient le jour
du vote et n'ont pu exercer leur droit de vote.
Près de 60 000 Chiliens vivant à
l'étranger dans 65 pays – principalement
en
Argentine, les États-Unis, l'Espagne, le Canada et
l'Australie – étaient éligibles
pour voter. Plus de 80 % des votants à
l'étranger ont voté en faveur de la nouvelle
constitution.
La nécessité pour le peuple chilien de demeurer
vigilant
La nécessité pour le peuple chilien de demeurer
vigilant a été mise en lumière le 25 octobre,
lorsque le président Sebastian Pinera, lors d'un
discours au palais de la Moneda, s'est donné des
airs d'un gouvernement qui appuie le peuple et qui
l'accompagnera maintenant dans les prochaines
étapes du processus d'affirmation politique. « Ce
plébiscite n'est pas la fin, mais bien le
commencement d'une voie que nous devons tous
suivre ensemble, a-t-il dit. Jusqu'à maintenant,
la Constitution nous a divisés. Aujourd'hui, la
citoyenneté et la démocratie l'ont remporté et la
paix l'emportera sur la violence. C'est une
victoire pour tous les Chiliens. » Que penser
de ces belles paroles venant d'un président dont
le régime s'oppose violemment au peuple et à ses
justes revendications depuis plus d'un an ?
Le soir même du discours de Pinera, les gens
célébrant la victoire à Santiago au carré de la
Dignité ont été une fois de plus assaillis par la
répression violente et non provoquée de la police
nationale, les Cabineros, violence qui a commencé
avant la fermeture des urnes à 20 heures. La
police a encerclé le carré pour ensuite attaquer
les citoyens avec des canons d'eau et des gaz
lacrymogènes, interrompant les célébrations. Mais
lorsque la police est partie, les gens ont à
nouveau envahi le carré.
On peut se dire sans trop se tromper que c'est la
trahison que le régime de Pinera réserve au peuple
chilien, alors que le président doit terminer son
mandat en mars 2022, au même moment où la
nouvelle constitution doit être ratifiée.
Face à cette situation, le peuple chilien misera
sans doute sur le courage et la ténacité qui lui
ont permis de se rendre aussi loin. Avec l'appui
des peuples épris de paix et de justice partout
dans le monde, il l'emportera sur les néolibéraux
d'aujourd'hui qui défendent les arrangements
réactionnaires de l'ère de Pinochet.
25e anniversaire du référendum
de 1995
- Claude Brunelle et Christine
Dandenault -
Rassemblement pour le « Oui » à Montréal
le 25 octobre 1995 à la veille du
référendum
Le 30 octobre 2020 était le 25e
anniversaire du référendum en 1995 sur la
souveraineté du Québec dans lequel le peuple
québécois s'est prononcé dans les conditions
difficiles d'un déploiement tout azimut des forces
de l'establishment canadien pour écraser son désir
d'affirmer son droit en tant que nation
souveraine. Mais vingt-ans plus tard, le problème
demeure entier. L'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, qui est à la base de la
constitution actuelle, date d'il y a plus
de 150 ans. Il conserve les vieilles
prérogatives royales et les vieilles conceptions
de bâtisseur d'empire qui nient les droits de la
nation du Québec, des Premières Nations et du
peuple canadien.
Aujourd'hui, un profond mouvement existe parmi la
jeunesse en faveur d'un Québec moderne et
souverain qui défend les droits de tous et de
toutes, qui prend soin de l'environnement naturel
et social, qui entretient des relations d'égal à
égal avec les peuples des Premières Nations, le
peuple du Canada et les peuples du monde et qui
est une zone de paix. Il représente le désir de
tous ceux et celles qui vivent au Québec, qui
constitue une seule et même nation, formée de tous
ceux et celles qui y vivent, y travaillent, créent
la richesse. Ce mouvement est porteur de beaucoup
d'espoir. Ce mouvement objectif, indépendant,
cherche et aspire à établir un projet
d'édification nationale qui réponde aux
aspirations de tous et toutes, soit une société
moderne qui reconnaît que tous sont des êtres
humains jouissant des mêmes droits et devoirs et
contribuent ensemble comme force organisée à la
promotion du bien-être de tous.
Beaucoup d'illusions sont créées et entretenues
au sujet du système de démocratie dite
représentative alors que tous peuvent voir que ce
système ne les représente pas. En vertu des
arrangements actuels, le peuple n'exerce aucun
contrôle sur les prises de décision. Ces
institutions, au Québec comme dans tout le Canada,
ont été établies suivant l'expérience britannique
d'édification nationale du XIXe siècle qui a
conservé la « prérogative royale » et
maintenu les privilèges entre les mains d'une
infime minorité, ce qui était l'essence de
l'absolutisme et de la notion archaïque du « droit
divin des rois ». Que cette petite minorité
soit dirigée par un monarque, un président ou un
premier ministre, la plupart des organes du
pouvoir ou bien ne sont pas élus, ou bien sont
élus selon un processus qui empêche le peuple
d'exercer une démocratie conséquente selon le
principe « du peuple, par le peuple et pour le
peuple ».
Ce sont autant de leçons pouvant être tirées du
référendum de 1995.
Formulée par le parti majoritaire à l'Assemblée
nationale, le Parti québécois, la question
référendaire de 1995 était : «
Acceptez-vous que le Québec devienne souverain,
après avoir offert formellement au Canada un
nouveau partenariat économique et politique, dans
le cadre du projet de loi sur l'avenir du Québec
et de l'entente signée le 12
juin 1995 ? »
Un peu plus de 5 millions d'électeurs,
soit 93,25 % des personnes ayant droit
de vote, se sont exprimés. C'était un taux de
participation record au Québec. Le projet fut
rejeté par 50,58 % des votants,
contre 49,42 % en faveur. L'écart entre
le « oui » et le « non » a été
de 54 288 voix.
L'objectif déclaré du projet de loi
numéro 1, l'Avant-projet de loi sur la
souveraineté du Québec, était de donner à
l'Assemblée nationale le pouvoir de déclarer la
souveraineté du Québec et de réclamer « le pouvoir
exclusif de faire toutes ses lois, de percevoir
tous ses impôts et de conclure tous ses
traités ». Il prévoyait l'ébauche d'une
nouvelle constitution du Québec, le maintien des
frontières actuelles, la création d'une
citoyenneté québécoise, l'utilisation du dollar
canadien et le maintien des lois et programmes
sociaux en vigueur. Il prévoyait aussi que le
gouvernement du Québec propose un traité de
partenariat avec le reste du Canada basé sur
l'entente tripartite signée le 12
juin 1995 par le chef du Parti québécois
Jacques Parizeau, le chef du Bloc québécois Lucien
Bouchard et le chef de l'Action démocratique Mario
Dumont. Cette entente contenait certaines
propositions convenues par les trois chefs qu'un
Québec souverain ferait au Canada pour définir les
relations entre les deux pays.
Le projet de loi numéro 1 est passé en
première lecture à l'Assemblée nationale et le
gouvernement en a envoyé une copie à tous les
foyers du Québec accompagnée de l'accord
tripartite Parizeau-Bouchard-Dumont, en
préparation pour le référendum.
Le projet de loi a vite trouvé un grand appui
dans la société québécoise parce que le moment
était opportun et les conditions favorables à la
déclaration de la souveraineté du Québec. Les
forces progressistes du Québec et du Canada ont
également reconnu qu'il y avait urgence à établir
un nouveau partenariat économique et politique
entre le Québec et le Canada. Le référendum
de 1995 s'imposait comme façon de briser
l'impasse créée par l'intransigeance libérale
envers la souveraineté du Québec ainsi que plus
généralement envers le renouveau démocratique et
un nouveau partenariat économique et politique
entre le Québec et le Canada. Le mécontentement
face aux arrangements constitutionnels avait pris
de l'ampleur partout au Canada, pas seulement au
Québec. Le Forum des citoyens sur l'avenir du
Canada de 1990, auquel les gens ont participé
en très grand nombre, a montré que les Canadiens
ne faisaient pas assez confiance aux politiciens
pour les laisser rédiger la constitution et
réclamaient des changements en profondeur dans le
processus politique. Le besoin d'une constitution
moderne et de nouveaux arrangements pour remplacer
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867
basé
sur la négation de la nation du Québec et des
Premières Nations et la nécessité d'investir le
peuple du pouvoir de décider de toutes les
questions qui le concernent étaient à l'ordre du
jour et l'est toujours aujourd'hui.
Le référendum de 1995 était un geste
audacieux après près de 25 ans de pourparlers
sur la place du Québec dans la Confédération, de
soi-disant efforts de réforme constitutionnelle et
des initiatives du Québec pour affirmer sa
souveraineté : on pense à l'échec du
référendum québécois de 1980, à l'échec de
l'accord du Lac Meech en 1990, au rejet de
l'Accord de Charlottetown par les Canadiens dans
le référendum de 1992. C'est sans parler de la
période d'effervescence à la fin des
années 1960 au Québec autour de la lutte pour
la libération nationale et la souveraineté. Les
tentatives du gouvernement de Pierre Elliott
Trudeau d'écraser la lutte du peuple québécois
pour la nation par l'imposition de la Loi sur
les mesures de guerre sur le territoire du
Québec le 16 octobre 1970 avaient
échoué. Loin de se laisser écraser, la jeunesse
étudiante et d'autres collectifs avaient résisté à
l'occupation militaire et avaient obtenu des
appuis de partout au Canada.
Durant la période menant au référendum, les
libéraux dirigés par Jean Chrétien, chef du Parti
libéral du Canada, et Daniel Johnson, le chef du
Parti libéral du Québec, ont dressé tous les
obstacles possibles à une discussion sereine sur
les besoins de la nation québécoise et le besoin
d'une constitution moderne pour le Canada. Ils ont
recouru aux mensonges, à la déformation, à la
menace et au chantage pour subvertir tout effort
de discussion raisonnée. Le « camp du non » a
commis des infractions répétées à la Loi
référendaire du Québec, notamment en ce qui
concerne les limites des dépenses.
Supplément du Marxiste-Léniniste sur la
signification des résultats du référendum
(cliquer pour agrandir)
|
L'État colonial anglo-canadien appuyé par tout
l'establishment canadien, y compris les grandes
entreprises publiques et privées comme Via Rail,
Air Canada et Radio-Canada, a mené une vile
campagne de peur et s'est livré à toutes sortes de
tactiques illégales contrevenant à la Loi
référendaire du Québec pour assurer la
victoire du Non. Des sommes ont été versées à des
individus et à des entreprises dans cet effort
concerté pour priver la nation du Québec de la
souveraineté. Il y a eu les « manifestations
d'unité », dont la dernière –
le rassemblement de l'unité du 27
octobre 1995 –, ou les appels
interurbains gratuits enfreignant la Loi sur la
consultation populaire du Québec. Il y a également
eu la pratique permanente de corruption des
leaders ethniques, l'accommodement de gens en
position d'influence par des promesses d'emplois,
de subventions et d'autres récompenses pour
atteindre des fins politiques. Les libéraux sont
passés maîtres dans ce genre de chose, pas
seulement à Montréal, mais dans tout le pays.
Beaucoup d'efforts ont été faits après le
référendum de 1995 pour élargir le mouvement
d'indépendance nationale et « tendre la
main » aux minorités nationales. Or, sans
embrasser résolument et emphatiquement la
définition moderne de la nation, on retombe dans
ce qu'on appelle le modèle d'« intégration »,
le modèle européen ou français qui est l'autre
versant du multiculturalisme canadien raciste à la
moëlle. Le Parti québécois n'a pas été capable de
s'élever bien au-dessus de la nation «
française » ou « francophone ». Même
après avoir pris le pouvoir après la défaite de
Jean Charest à l'élection de 2012, entre
autres à cause de sa loi matraque contre les
étudiants du Québec au printemps 2012, le
Parti québécois de Pauline Marois a maintenu cette
vision désuète et divisive de la nation sur des
bases linguistiques et imposé plus tard sa charte
des valeurs sur des bases religieuses et
vestimentaires, qui a mené à sa défaite.
L'incapacité du mouvement pour l'indépendance de
sortir de ces carcans, qui comprend une opposition
quasi haineuse entre partisans de politiques
sociales « de gauche » et « de droite »,
le camp du « oui » et le camp du «
non », etc., explique aussi l'échec à
mobiliser la vaste majorité des Québécois autour
d'un projet commun d'État souverain et moderne et
d'un Québec qui défend les droits de tous.
Au lendemain de la défaite du référendum
de 1995, il était évident qu'il fallait
mettre tout en oeuvre pour ne plus cantonner le
projet de souveraineté dans une définition
dépassée et restreinte de la nation. Beaucoup ont
reconnu cette réalité. Un État moderne ne se
construit pas en fonction de la descendance. Un
État moderne se construit autour de grands idéaux
et un des grands idéaux de l'ère moderne est la
création d'un système politique dans lequel tous
ont des droits qui sont garantis du fait qu'ils
sont des êtres humains.
Aujourd'hui, la lutte pour la souveraineté
moderne, la souveraineté du peuple, se pose dans
les batailles qu'il mène dans le moment présent.
Elle repose dans les mains des travailleurs, les
jeunes, les femmes, les différents collectifs qui
forment le Québec et doit être au centre des
solutions de tous les problèmes auxquels est
confrontée la société sur la voie du progrès.
C'est le problème auquel les travailleurs sont
confrontés et qu'ils sont en train de résoudre en
plein coeur de la pandémie en ce moment en
défendant leur sécurité, celle de leurs pairs et
de l'ensemble de la population. Les vieilles
institutions dites démocratiques de même que le
système de partis cartellisés sont en faillite et
les empêchent de devenir les décideurs dans leurs
endroits de travail, les hôpitaux, les écoles et
les communautés. C'est le même blocage auquel ils
sont confrontés dans l'affirmation de la
souveraineté du peuple, de son droit de décider de
tout ce qui le concerne. Il n'y a pas de muraille
de Chine entre les deux.
Cette semaine,
Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du
Québec, a souligné le 25e anniversaire du
référendum de 1995 en disant « qu'il reste
encore quelque chose d'inachevé dans la place que
le Québec doit occuper au sein du Canada ».
La cheffe libérale estime que le gouvernement
québécois doit revendiquer entre autres sa
souveraineté culturelle. Elle a dit « que le
Québec est maître de son avenir, dans un Canada où
chacun doit pouvoir trouver la place qui lui
revient. [...] Le Québec ne doit pas renoncer à
ses demandes légitimes, ou laisser le pouvoir
fédéral prendre une expansion sans limites. »
Ainsi, rien n'a changé. La position libérale
actuelle montre que les libéraux n'ont pas
abandonné leur conception arriérée de grand empire
britannique qui refuse le droit à la souveraineté
et le droit du peuple de décider. Elle ramène les
vieux clichés de pouvoir et de rivalité entre les
provinces et le Canada et nie la nécessité
objective de régler les torts qui ont été rejetés
un après l'autre. Ce qui est inachevé est
l'application du droit du peuple de décider et
celui de parler en son propre nom.
(Photos : LML, Fonds d'archive
de compté de Verdun)
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