Numéro 62 - 3 octobre 2020
La politique étrangère du gouvernement
Trudeau
Tentatives de justifier la restructuration
impérialiste anglo-américaine des
institutions internationales et
de l'ordre mondial
- Pauline Easton -
• L'allocution
éhontée de Justin Trudeau à l'Assemblée
générale des Nations unies
- Hilary LeBlanc -
Au Parlement
• La
«Loi sur l'aide en réponse à la pandémie»
- Nick Lin -
• Des
milliers de personnes sont exclues des nouvelles
prestations de soutien au revenu
- Réseau des droits des
migrants -
Vaste mouvement d'opposition en Alberta à la
violence raciste
• Dénonçons
la protection de la violence raciste par l'État!
- Peggy Morton -
Des vigiles partout au Québec pour les victimes de
racisme
• Justice
pour Joyce Echaquan
- Christine Dandenault -
• Vigiles
pour Joyce Echaquan
• 4
octobre: Vigiles des Soeurs par l'esprit
Le plan de relance de l'économie de la
Colombie-Britannique
• La
restructuration des arrangements étatiques pour
renforcer l'économie provinciale qui paie les
riches
- K.C. Adams -
Début de la 75e session de l'Assemblée
générale des
Nations unies
• 75e
anniversaire de l'adoption de la Charte de l'ONU
- Dougal MacDonald -
• Discours
de Miguel Mario Diaz-Canel Bermudez, président
de la République de Cuba, au débat général à
l'ONU
SUPPLÉMENT
L'importance de l'analyse des événements en cours
• La
bataille pour la présidence aux États-Unis
La politique étrangère du
gouvernement Trudeau
- Pauline Easton -
La conception de la réalité du gouvernement
Trudeau, manifestée dans le discours du premier
ministre à la session annuelle de l'Assemblée
générale des Nations unies le 25 septembre,
est horriblement empêtrée dans ses propres
machinations et préjugés. Sa perception des
événements en cours qui fait abstraction des
résultats de l'ordre mondial néolibéral le plonge
dans un embrouillamini perpétuel, mais ce n'est
pas le pire de l'affaire. Le vice mortel de ces
gens est dans un chauvinisme effréné à la défense
d'institutions démocratiques libérales
anglo-américaines anachroniques, une mégalomanie
et une attitude intolérante envers tous ceux qui
n'épousent pas leurs valeurs et réclament leur
droit d'être. Cette attitude intolérante est
raciste et conduit à la violence.
La conception de la réalité du gouvernement
Trudeau ne répond même pas aux normes les plus
minimales de la cognition humaine. Guidée par le
dogme de la « troisième voie » et l'OTAN,
cette conception s'accorde avec celle du Quincy
Institute for Responsible Statecraft et du US
Council on Foreign Relations, qui ont tous deux
déclaré leur appui à Joe Biden dans l'élection
présidentielle aux États-Unis.
C'est une
conception de la réalité basée sur
l'anticonscience, délibérément façonnée pour
dissimuler la réalité, répandre la déformation et
bloquer les efforts des peuples du monde pour
s'investir de pouvoir et pour s'assurer que le
Nouveau l'emporte sur l'Ancien. Et tout cela est
fait au nom du « changement » et du «
renouveau », des « solutions vertes »,
du « multilatéralisme », de la « paix »,
etc.
Derrière cette conception se trouvent les
intérêts de classe de la bourgeoisie impérialiste
anglo-américaine imposés par les États qu'elle a
soumis à ses intérêts par la domination économique
et politique, la diffamation, la persécution, la
criminalisation et la terreur. Dans cette
anticonscience, les oligarques financiers
internationaux ont besoin d'un séduisant parleur,
comme ils voient Justin Trudeau, tant qu'il
apprend à contenir son arrogance. Ils semblent
séduits par son talent de savoir quoi dire ce
qu'il faut à tout moment et en toutes
circonstances, comme le lui ont appris ses
gestionnaires. Dans l'anticonscience, ces gens ne
voient que ce que leur maître veut qu'ils voient.
Toutes les écoles de la pensée néolibérale
préconisent la restructuration actuelle des
institutions internationales pour s'adapter au
nouvel ordre mondial impérialiste anglo-américain.
Pour faire appel aux forces les plus arriérées et
anticonscientes à la fois au pays et au niveau
international, la bêtise est présentée comme une
analyse et une pensée convaincantes sans même un
minimum de respect de soi ou d'intégrité
scientifique. Des distinctions sont attribuées aux
individus qui commettent des atrocités contre la
grande voie de la civilisation tandis que les
forces qui se battent pour humaniser
l'environnement naturel et social et les relations
internationales sont diabolisées.
Ceux qui imposent au monde leurs propres
machinations et préjugés sous-estiment le rôle du
monde objectif, les contradictions qui lui sont
inhérentes et leur niveau de maturation. La
maturation des contradictions inhérentes au monde
objectif arrive toujours comme un coup de masse
pour ceux qui refusent de reconnaître la réalité.
Les tentatives des défenseurs du système
impérialiste d'États sous la domination des
intérêts impérialistes anglo-américains d'échapper
aux lois de l'histoire sont vouées à l'échec. La
vie elle-même est inspirée par la montée du
Nouveau qui supplante l'Ancien. Les lois de
l'histoire favorisent inexorablement la montée du
Nouveau contre l'Ancien. Mais les politiques et
les arrangements que ces forces impérialistes
mettent en place conduisent tout aussi
inexorablement à des souffrances prolongées, à la
corruption, à la destruction et à la guerre et
doivent donc être combattus.
Cela montre
l'urgence de la lutte pour s'investir de pouvoir
de ceux qui, à l'échelle mondiale, défendent des
causes justes, pour se débarrasser du bagage de
l'anticonscience afin de progresser dans leur
marche en avant. Les théoriciens et porte-paroles
d'une conception antihumaine de la réalité sont
les instruments du système impérialiste d'États
qui disent aux travailleurs qu'ils ne doivent pas
vivre selon ce qu'ils savent eux-mêmes, mais se
laisser abuser par le double discours néolibéral
qui se prétend progressiste, opposé au
nationalisme replié, au populisme, au racisme, à
la maltraitance des femmes et aux atteintes aux
droits humains.
Les peuples du monde apprennent de leur
expérience directe, et c'est pourquoi on tente
constamment de les convaincre de tourner le dos à
leur expérience et de plutôt écouter et adopter
les préjugés de toutes sortes. Mais le double
discours néolibéral se révèle toujours dans la
haine passionnée que manifestent les
propagandistes à la gomme et des champions de
l'élite impérialiste dirigeante à l'endroit de
ceux qui se battent pour des causes justes. Cette
haine les conduit à des intrigues irrationnelles,
à la collaboration avec la machine de guerre
impérialiste américaine et à commettre, ce
faisant, leurs propres crimes.
Cela permet de comprendre à quoi se livrent le
gouvernement Trudeau et ses ministres en ce
moment.
Voir aussi:
1. « Le
multilatéralisme impérialiste du Canada »,
Margaret Villamizar, LML, 22
février 2020
- Hilary LeBlanc -
L'adresse du premier ministre Justin Trudeau au
débat général de la 75e session de
l'Assemblée générale des Nations unies le 25
septembre a été une démonstration d'arrogance et
d'aveuglement volontaire.
Dans son message
enregistré, Justin Trudeau a utilisé cette tribune
pour faire la promotion de la conception
impérialiste d'un nouvel ordre mondial pour
laquelle milite une partie de l'oligarchie
financière internationale dans sa lutte pour le
contrôle des peuples et des ressources du monde
dans les conditions actuelles. Ce n'est rien
d'autre qu'une tentative désespérée de présenter
les loups sous un déguisement de brebis pour
qu'ils puissent poursuivre sans opposition leur
destruction et pillage.
Ces mêmes forces qui ont amené le monde au bord
de l'épuisement en imposant le néolibéralisme
veulent maintenant restructurer les institutions
internationales créées dans la période qui a suivi
la Deuxième Guerre mondiale pour faire basculer le
système impérialiste d'États du côté des intérêts
de l'impérialisme anglo-américain.
Justin Trudeau a dressé un tableau très sombre de
la situation mondiale. Sans préciser qui est le «
nous » qu'il invoque, il dit :
« Le monde est en crise. Et pas seulement à cause
de ces derniers mois. Pas seulement à cause de la
COVID-19, mais à cause des dernières décennies et
à cause de nous. C'est notre avertissement et nous
ne pouvons pas l'ignorer. À maintes reprises,
l'histoire nous a montré que le prix à payer pour
s'être dérobé, pour avoir refusé d'agir, est
beaucoup trop élevé. »
Il a ensuite donné le compte rendu suivant des
événements tumultueux qui ont conduit à la
Deuxième Guerre mondiale et à ses terribles pertes
de vies humaines :
« Nos parents et grands-parents ne se souviennent
que trop bien de ce que la vie était dans les
années 1930 et 1940. Les économies se
sont effondrées. Les gouvernements – et les
systèmes de gouvernement – se sont effondrés.
Des millions de personnes sont mortes. »
Poursuivant sur le thème du « nous », qui
comprendrait non seulement l'ensemble des
Canadiens, mais aussi présumément tous les peuples
du monde, il dit :
« Nos parents et grands-parents ont choisi de se
relever et de rebâtir. Ils ont mis sur pied des
institutions multilatérales comme les Nations
unies. Ils ont créé des institutions financières
internationales comme la Banque mondiale, le FMI
et d'autres institutions de Bretton Woods.
« Et ils ont jeté les bases d'un ordre
international fondé sur des règles grâce auquel
nous avons connu une période de prospérité commune
sans précédent durant la seconde moitié du XXe
siècle. »
Ainsi, au lieu d'analyser la cause de la crise,
Justin Trudeau déforme les grands événements du
XXe siècle pour non seulement couvrir les forces
et les institutions responsables de la crise, mais
pour également les présenter comme la solution. Il
a refusé de dire que la crise est le résultat des
destructions et du pillage impérialistes des
ressources mondiales, de l'exploitation et de
l'oppression impitoyables des peuples du monde qui
sont imposés par les institutions financières que
son gouvernement soutient. Il n'a rien dit des
guerres d'agression, des coups d'État et du
recours aux sanctions par les impérialistes
américains et l'OTAN, leur alliance militaire
agressive dont le Canada est partie intégrante,
imposés aux peuples du monde depuis la fin de la
Deuxième Guerre mondiale. De la même façon, il a
ignoré honteusement le rôle que le système
impérialiste d'États joue dans l'asservissement,
la pauvreté et l'appauvrissement grandissant des
pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et des
Caraïbes, ainsi que dans l'instauration et le
soutien de gouvernements corrompus.
Au lieu de cela, Trudeau a déclaré que le
problème est que :
« Aujourd'hui, toutes ces institutions ne sont
plus en mesure de faire ce pour quoi elles ont été
conçues, à savoir défendre le multilatéralisme et
le droit international, protéger les droits de
l'homme et ouvrir les marchés. »
« C'est là ce que la crise du COVID-19 a mis en
exergue, sans l'ombre d'un doute. Que les choses
doivent changer, et pas seulement sur la scène
mondiale, mais aussi à la maison », a-t-il
ajouté.
Projetant sa mauvaise conscience sur les 193
membres de l'ONU dont les conditions ne sont pas
celles du Canada, il laisse entendre clairement
qu'assumer la responsabilité des « échecs » ne
fait pas partie de son ADN. Trudeau déclare : «
Nous n'en faisons pas assez pour les personnes les
plus vulnérables – que ce soient les
personnes âgées qui meurent dans des
établissements de soins de santé, ou les personnes
sans-abri pour qui chaque soir est une lutte. Nous
n'allons pas assez loin pour éliminer l'injustice
systémique, qu'il soit question de racisme envers
les Noirs ou les Autochtones, d'homophobie ou de
sexisme.
« Dans les difficultés de nos citoyens, nous
pouvons voir les échecs de nos institutions –
de notre monde. »
Bien que la COVID-19 ait engendré une crise
humanitaire et que de nombreux pays soient
maintenant au bord du gouffre, le discours de
Trudeau contient un double langage néolibéral pour
détourner les revendications des peuples du monde
pour s'investir du pouvoir et pour le renouveau
démocratique afin de remplacer les institutions
démocratiques libérales anachroniques du XIXe
siècle qui mettent le pouvoir décisionnel entre
les mains d'élites qui gouvernent au nom du peuple
pour servir les riches et empêchent le peuple de
trouver des solutions.
Justin
Trudeau a mis en garde contre la menace des
changements climatiques et a dit qu'il faut
« une nouvelle façon de penser » qu'il
s'agisse du climat, des inégalités ou de la santé.
Il a lancé un appel éhonté à renforcer le pouvoir
des élites au nom de l'élimination de «
l'impasse » dans les organes de décision.
« Trop souvent, l'action concertée est bloquée.
Les besoins des citoyens sont niés en raison de
l'impasse dans les organes de décision », a accusé
Justin Trudeau.
« Et pourquoi ? Parce qu'il y a peu de
conséquences pour les pays qui ignorent les règles
internationales. Pour les régimes qui pensent que
la puissance fait la force. Peu de conséquences
pour les pays où les personnalités de l'opposition
sont empoisonnées alors que les cyberoutils et la
désinformation sont utilisés pour déstabiliser les
démocraties.
« Peu de conséquences lorsque des citoyens
innocents sont détenus arbitrairement et que les
libertés fondamentales sont réprimées. Lorsqu'un
avion de civils est abattu depuis le ciel. Quand
les droits des femmes ne sont pas traités comme
des droits de la personne. Quand personne n'a
aucun droit. »
Il s'agit d'une tentative effrontée de légitimer
le rôle du Canada dans la détention arbitraire de
citoyens innocents, son mauvais traitement
flagrant des libertés fondamentales des peuples
autochtones, des migrants, des réfugiés et des
adversaires politiques, mais aussi son propre rôle
dans les bombardements de civils. C'est une menace
à peine voilée contre les pays qui refusent de se
soumettre au système impérialiste d'États. Accuser
les autres de ce que font les impérialistes
eux-mêmes, y compris le Canada, est la plus basse
forme de louange de soi. Justin Trudeau devrait se
rappeler que les faits sont têtus. Ce que font
l'État canadien et ses services de renseignement
n'est pas chose du passé.
Cette défense des institutions et des valeurs
démocratiques libérales anglo-américaines est un
discours néolibéral méprisable avec lequel Justin
Trudeau et ses proches collaborateurs du
gouvernement canadien pensent qu'ils réussiront à
couvrir ce qu'ils font avec leur « groupe de
Corée », leur « groupe de Lima »,
l'Organisation des États américains, l'OTAN,
l'utilisation de doctrines criminelles comme la
responsabilité de protéger, les « interventions
humanitaires » pour mener et justifier des
coups d'État « constitutionnels », les
sanctions et les agressions criminelles. Cette
demande de restructurer les institutions
internationales pour établir un contrôle
impérialiste anglo-américain sur la prise de
décision est justifiée au nom de l'urgence de la
situation et de l'obligation de rendre des
comptes. Ce qu'est la responsabilité et à qui les
organes de gouvernement doivent rendre des
comptes, qui les établit, leur but et au service
de qui ils sont, tout cela est laissé dans
l'ombre.
« La seule façon d'arranger les choses, la seule
façon de bâtir un avenir meilleur pour nos enfants
et nos petits-enfants, c'est de travailler
ensemble. En nous défendant les uns les autres,
quelles que soient les lignes dessinées sur des
cartes », a dit Justin Trudeau.
Il a terminé son discours par ces mots ;
« Nous devons comprendre nos possibilités et nos
responsabilités pour agir réellement, ensemble.
Pour nous protéger les uns les autres, pour nous
soutenir les uns les autres. »
« Si nous relevons ce défi, je sais que, comme
nos grands-parents l'ont fait il y a 70 ans,
nous jetterons les bases d'un monde
meilleur. »
Ce que doivent faire les peuples du monde pour «
se protéger les uns les autres », cela,
Justin Trudeau ne le dit évidemment pas dans cette
promotion éhontée d'un soi-disant nouvel ordre
mondial impérialiste. La restructuration des
institutions internationales pour permettre le
contrôle impérialiste anglo-américain sur les
affaires du monde ne fera que prolonger la
putréfaction, la corruption et le pouvoir amoral
du système impérialiste d'États, tout cela au nom
de grands idéaux. Elle aggravera les dangers que
font peser les forces impérialistes
contrerévolutionnaires sur les peuples du monde.
Au Parlement
- Nick Lin -
Le 28 septembre, le gouvernement a présenté
un projet de loi à la Chambre des communes –
le projet de loi C-4, Loi relative à certaines
mesures en réponse à la COVID-19 – qui
comprend trois nouvelles prestations pour
remplacer la Prestation canadienne d'urgence
(PCU). Les reportages indiquent que « des millions
de bénéficiaires de la PCU passeront
automatiquement à l'assurance-emploi (AE). Des
règles d'admissibilité élargies signifieront que
plus de personnes pourront être
admissibles ».
Dans le cadre d'un accord négocié avec le NPD
pour obtenir son appui à une motion de confiance
liée au discours du Trône, l'assurance-emploi
fournira une prestation imposable d'au
moins 500 $ par semaine,
ou 300 $ par semaine pour les
prestations parentales prolongées. Les personnes
admissibles à l'AE auront droit à un minimum
de 26 semaines de prestations régulières.
On dit que le nouveau libellé négocié par le NPD
élargit l'admissibilité à toute personne qui « a
des affections sous-jacentes, suit des traitements
ou a contracté d'autres maladies qui, de l'avis
d'un médecin, d'un infirmier praticien, d'une
personne en situation d'autorité, d'un
gouvernement ou d'un organisme de santé publique,
la rendraient plus vulnérable à la
COVID-19 ».
Alors que de
nombreux bénéficiaires de la PCU seront
automatiquement transférés à l'AE, les
travailleurs autonomes ou qui ont un numéro
d'assurance sociale (avec des dates expirées)
débutant par les chiffres de la série 900
doivent présenter une nouvelle demande. On nous
informe que les fonctionnaires de l'Agence du
revenu du Canada ont commencé à entrer en contact
avec environ 400 000 personnes
appartenant à la catégorie des personnes ayant un
numéro d'assurance sociale qui débute par les
chiffres de la série 900. Cette catégorie
comprend ceux qui ne sont pas citoyens canadiens
ou résidents permanents, y compris les
travailleurs étrangers temporaires et les
étudiants internationaux ainsi que les demandeurs
de statut de réfugiés et certains autres groupes.
Les Canadiens qui ont reçu la PCU par l'entremise
de l'Agence du revenu du Canada, mais qui
pourraient avoir 120 heures assurables et
répondre à d'autres critères d'admissibilité
peuvent également être admissibles à l'AE. Selon
un communiqué de presse du gouvernement, ils
peuvent s'attendre à leur premier paiement à
partir du 14 octobre.
Les règles permettent aux prestataires de
conserver tous leurs revenus de travail tout en
continuant de toucher une partie de leurs
prestations d'assurance-emploi. Les bénéficiaires
renoncent à 50 cents de la prestation pour
chaque dollar gagné au-delà du seuil
de 38 000 $. Les bénéficiaires
doivent faire « des efforts raisonnables et
continus de recherche d'emploi » tout en
recevant de l'assurance-emploi. Ces efforts
peuvent inclure le contact avec des employeurs, la
préparation d'un curriculum vitae ou une lettre de
présentation, l'inscription et la recherche dans
des banques d'emplois et la soumission de demandes
d'emploi.
Le gouvernement a créé trois nouvelles
prestations pour les Canadiens qui ne sont pas
admissibles à l'assurance-emploi, qui sont
de 500 $ par semaine :
- La Prestation canadienne de relance
économique est destinée aux travailleurs
autonomes ou aux travailleurs à la demande qui
ne sont pas admissibles à l'AE.
- La Prestation canadienne de maladie pour la
relance économique est destinée aux travailleurs
qui sont malades ou qui doivent s'isoler en
raison de la COVID-19.
- La Prestation canadienne de relance
économique pour les proches aidants est destinée
aux personnes qui ne peuvent pas travailler
parce qu'elles doivent s'occuper d'un enfant ou
d'une personne à charge pour des raisons liées à
la COVID-19.
L'ensemble devrait coûter 37 milliards de
dollars. Le programme de la PCU a versé environ 80
milliards de dollars en prestations à près de neuf
millions de personnes. Le projet de loi prévoit
également un autre 17 milliards de dollars pour
d'autres mesures.
Le 28 septembre, les libéraux ont proposé
une motion soutenue par le NPD et le Parti vert
qui, si elle était approuvée, permettrait au
gouvernement de faire adopter en une seule journée
le projet de loi, qui passerait toutes les étapes
prévues à la Chambre des communes. Après son dépôt
à la chambre le 29 septembre, il a été adopté à
l'unanimité vers 3 h du matin le 30 septembre. Il
a reçu la sanction royale le 2 octobre.
Le 29 septembre, le directeur parlementaire
du budget (DPB) a publié un rapport qui est une
mise à jour de ses projections du déficit fédéral
en fonction des annonces de dépenses faites
jusqu'au 1er septembre. Ces projections ne
comprennent aucun des nouveaux engagements de
dépenses mis de l'avant dans le discours du Trône.
Selon le DPB, déjà en vertu des politiques en
place avant le 1er septembre, le déficit
fédéral devrait s'élever à 328,5 milliards de
dollars en 2020-2021, dont environ 226
milliards de dollars de mesures en réponse à la
COVID-19. Le bureau du DPB rapporte que, par
rapport à la taille de l'économie, le déficit
s'élève à 15 % du PIB –
le déficit budgétaire le plus important
depuis 1966-1967.
- Réseau des droits des migrants -
À 3 h ce matin [le 30 septembre], lors
d'une rare séance qui s'est terminée au petit
matin, le Parlement a adopté une loi créant de
nouvelles prestations de soutien au revenu –
PRE (prestations canadiennes de relance
économique) – pour remplacer la PCU
[Prestation canadienne d'urgence].
La PRE exclut les migrants sans un numéro
d'assurance sociale (NAS) valide.
Des centaines de milliers de migrants qui ne
peuvent pas renouveler leur NAS en raison de
retards dans le traitement de leur permis de
travail et d'études – même de leurs demandes
de résidence permanente – sont exclus. Les
migrants sans-papiers qui vivent et travaillent
dans ce pays pendant des années sans statut se
sont vu refuser un soutien essentiel au revenu.
Nous sommes dans la deuxième vague de la
COVID-19, et encore une fois, les règles
d'immigration sont utilisées pour refuser la
protection aux migrants. Bien que la loi sur le
soutien au revenu soit effectivement adoptée, il y
a encore une solution pour nous : accorder le
statut d'immigration complet et permanent à tous
et toutes au Canada, garantissant ainsi un NAS
valide.
Déjà plus de 350 organisations
et 8 000 personnes ont signé une lettre
appelant à #StatusforAll.
Mercredi dernier
[le 23 septembre], le discours du Trône du
gouvernement fédéral a promis « un soutien et une
protection complets » pour les migrants qui
travaillent dans le secteur de l'alimentation et
le secteur agricole, et que le gouvernement «
continuera à faire venir de nouveaux arrivants et
à soutenir la réunification des familles ».
Le gouvernement sait que la façon la plus simple
d'y parvenir est d'assurer un statut d'immigration
complet et permanent à toutes les 1,6 million
de personnes dans le pays sans statut de résident
permanent.
Mais, au lieu de cela, les politiciens ont adopté
une loi qui nie le soutien au revenu :
- aux travailleurs domestiques migrants et
autres qui ont demandé la résidence permanente
dès janvier 2020 et qui sont autorisés à
vivre et à travailler au Canada, mais qui n'ont
plus de NAS valide en attendant une réponse à
leur demande ;
- aux travailleurs migrants, y compris
d'anciens étudiants internationaux, dont les
permis de travail ont expiré ou expireront
bientôt en raison des retards causés par la
COVID-19, et qui ne pourront pas travailler pour
subvenir à leurs besoins et à ceux de leur
famille ;
- aux sans-papiers qui ont perdu leur statut
d'immigrant en raison de règles injustes, mais
qui sont restés dans le pays pour occuper des
emplois essentiels et peu valorisés –
nettoyage, livraison, soins, restauration,
construction – et qui édifient une
communauté.
L'action vaut mieux que les paroles. Seule la
pression de notre part poussera les politiciens à
bâtir une société juste avec des droits égaux et
un statut d'immigration complet pour tous. Nous
planifions de futures actions et les annoncerons
bientôt. Si vous êtes migrant ou sans-papiers,
contactez-nous pour vous organiser ! Partagez
largement cette
pétition.
Notre demande de statut pour tous gagne de plus
en plus de terrain. Samedi dernier, l'émission
d'enquête W5 sur la chaîne CTV a examiné en
profondeur comment l'absence de statut permanent
place les travailleurs agricoles migrants dans des
situations d'exploitation dangereuses.
Écoutez
les travailleurs raconter leurs récits de
résistance.
Ensemble nous vaincrons.
Hussan & Karen
Réseau des droits des migrants
P.S. : Si vous avez un permis de travail d'études
supérieures qui expire ou si vous connaissez
quelqu'un qui en a un, joignez-vous à cette
réunion pour faire partie de la lutte pour le
changement : webinaire
Zoom
Vaste mouvement d'opposition en
Alberta à la violence raciste
- Peggy Morton -
Manifestation à Calgary, le 3 juin 2020,
une d'une série de manifestations qui se
sont tenues en Alberta suite à la mort de George
Floyd, pour demander la fin de la
violence et de l'impunité policières.
Les membres de Red Deer contre le racisme ont
organisé un rassemblement à Red Deer le 20
septembre, où sont intervenus des orateurs de
l'Alberta rurale contre le racisme (RAAR) et de
l'Alliance noire et autochtone de l'Alberta
(ANAA). Plusieurs de ces événements ont été
organisés récemment dans les régions rurales de
l'Alberta pour qu'il y ait des discussions dans la
communauté et pour élever la voix contre le
racisme, dont deux événements réussis à Red Deer.
Le 20 septembre cependant, des groupes
racistes en provenance de plusieurs villes
albertaines sont venus à Red Deer, ont attaqué le
rassemblement, commis des voies de fait contre les
participants, et forcé l'annulation de
l'événement.
Une attaque semblable a eu lieu le 10
septembre à Ponoka, où un conducteur a foncé avec
sa voiture sur les manifestants, blessant une des
personnes. La GRC a refusé de mener une enquête.
Une conférence de presse du 14 septembre pour
dénoncer cette attaque a été interrompue par des
individus qui hurlaient des épithètes racistes. Le
porte-parole de la GRC a dit à un journaliste qui
le questionnait sur le rôle que la GRC avait joué
à la conférence de presse a dit : « Est-ce
que vous insinuez que la voix d'un groupe est plus
importante que celle de l'autre ? Parce que
ce n'est pas le cas. Nous laissons tout le monde
dire ce qu'ils ont à dire le plus pacifiquement
possible. C'est ainsi que ce pays
fonctionne. »
Les organisateurs de l'événement du 10
septembre ont aussi parlé du harcèlement constant,
des menaces de mort et de violence, y compris la
violence armée, au sujet desquels la GRC a refusé
d'enquêter.
L'État soutient qu'il s'agit de «
manifestants » et de «
contre-manifestants » qui se livrent à une «
confrontation ». Une des organisatrices de
l'événement du 20 septembre a dénoncé le fait
qu'on dise d'elle qu'elle est une «
contestataire ». Elle est une citoyenne
préoccupée qui participe à l'organisation de
discussions publiques afin de trouver des
solutions aux vrais problèmes, a-t-elle dit. Le
but des soi-disant contre-manifestants était de
mettre fin au rassemblement et d'empêcher la
discussion publique.
Lorsque la violence sert à arrêter la discussion
politique et à empêcher de trouver une solution
aux problèmes, parler de « manifestants » et
de « contre-manifestants » vise à
délibérément semer la confusion sur ce qui se
passe vraiment. Cette façon de penser est
irrationnelle et montre le rôle que joue l'État
dans la propagation de la confusion sur qui fait
la promotion du racisme et de la violence, qui
sont fomentés et organisés par l'État.
La GRC a aussi d'abord refusé de faire enquête
sur les attaques du 20 septembre, mais
lorsque la vidéo de l'attaque est devenue virale,
elle a publié un communiqué de presse le 23
septembre qui affirme : « Au moment où des
manifestants se préparaient à l'événement et avant
que la GRC n'arrive sur les lieux tel que prévu,
une échauffourée a éclaté entre deux groupes
différents de manifestants, où un homme a
prétendument attaqué un autre homme. Une vidéo de
cet incident a été enregistrée avant que la GRC de
Red Deer n'arrive sur les lieux et ce sont des
personnes sur les lieux qui ont montré la vidéo
aux agents ». Le seul fait vérifiable de
cette déclaration est que la GRC était totalement
absente quand l'attaque raciste a eu lieu.
Le ministre albertain de la Justice, Kaycee Madu,
a dit que la GRC l'avait informé que les agents
avaient été en retard parce que les organisateurs
avaient changé l'endroit du rassemblement. Kisha
Daniels, une cofondatrice d'Alliance noire et
autochtone Alberta, a répondu que la GRC savait
très bien que le lieu avait été changé à la suite
des menaces de violence. Le surintendant de la GRC
de Red Deer, Gerard Grobmeier, a ensuite prétendu
que les organisateurs étaient « arrivés plus
tôt ». Les organisateurs affirment qu'ils ont
informé la GRC qu'ils avaient reçu des menaces de
mort et de violence, y compris par des armes à
feu. Une vidéo avait été publiée en ligne montrant
les « préparatifs » pour une attaque. La GRC
avait fini par s'engager à être là une heure avant
le début du rassemblement, mais n'a pas tenu
parole.
Une des organisatrices du rassemblement, Cheryl
Jaime Baptiste, a dit à Global News que lorsque la
GRC est arrivée, les agents n'ont fait « aucun
effort pour intervenir et c'est
inexcusable ». Les organisatrices ont aussi
affirmé que la police n'a rien fait pour faire
respecter une ordonnance d'interdiction. S'il est
vrai qu'il n'y a rien de nouveau dans ces
agissements – considérant l'histoire raciste
de la GRC depuis les premiers jours jusqu'à
aujourd'hui – sa complicité dans ces attaques
n'est pas moins répréhensible. Ce qui est clair,
c'est que la GRC est complice de ces attaques
violentes menées par des voyous racistes et les
facilite.
« Tous les Albertains, peu importe leur race,
leur religion ou leur croyance, ont le droit de
vivre leur vie en paix, et je dénonce tout
comportement de sectarisme et
d'intolérance », a dit le ministre de la
Justice Madu lors d'une conférence de presse
le 22 septembre.
Madu ne dit pas que proférer des menaces de mort,
commettre une agression avec un véhicule et violer
une ordonnance d'interdiction sont des infractions
criminelles et que leurs auteurs seront activement
traduits en justice. Il prétend que la question en
est une de « sectarisme et d'intolérance »,
mettant de côté les crimes réels qui y ont été
commis. C'est de l'hypocrisie pure et simple de la
part du ministre lorsqu'on sait que le
gouvernement Kenney lui-même a lancé l'appel à des
actions de vigilantisme contre les peuples
autochtones et les Canadiens solidaires des
Wet'suwet'en, alors qu'il accusait les peuples
autochtones d'« endommager irrémédiablement
l'économie » et adoptait la loi 1 qui
cible spécifiquement la défense des droits
autochtones, de leurs terres et de leurs lois. Non
seulement attaque-t-il sans cesse les droits, mais
il a délibérément tenté de faire diversion pour ne
pas s'occuper des problèmes politiques et
économiques auxquels le peuple est confronté, au
lieu de fournir des solutions. Ceux qui cherchent
à trouver des solutions sont la cible d'attaques
organisées par l'État.
Pour ce qui est du gouvernement Trudeau, il se
prépare à adopter une législation au nom de
combattre les discours haineux, qui ciblera ceux
et celles qui luttent pour leurs droits. La
vice-première ministre Chrystia Freeland affirme
que les « vignes et les mauvaises herbes »
qu'elle décrit comme étant les « prêcheurs de la
haine, les populistes en colère de l'extrême
droite et de l'extrême gauche » qui « s'en
prennent à des groupes comme le nôtre »,
c'est-à-dire ceux qui ont usurpé le pouvoir
politique et économique et empêchent le peuple de
s'investir de pouvoir, doivent être éradiquées.
Un bon exemple de comment l'État intervient pour
attaquer les forces progressistes sous
couvert de lutter contre la « haine » ou à«
l'extrémisme » a été donné lors d'une conférence
de presse le 24 septembre par une porte-parole des
organisateurs des actions dans l'Alberta rurale. À
Canmore, les organisateurs s'étaient fait dire que
si des « contre-manifestants » se présentaient,
l'événement serait annulé. La menace on ne peut
plus claire est que les victimes de violence
seront accusées d'« inciter la violence »,
a-t-elle dit.
En revanche, les représentants municipaux de
Lacombe ont salué un événement prévu dans cette
ville et ont dit que si des groupes racistes
venaient dans leur ville pour attaquer le
rassemblement, les résidents de la place eux-mêmes
les pourchasseraient et les expulseraient. C'est
l'esprit qui anime les Canadiens déterminés à
mettre fin à toutes formes de crime haineux. Les
attaques qui ont eu lieu à Red Deer et à Ponoka
ont été dénoncées de toutes parts. Non seulement
doit-on s'opposer résolument à de telles attaques,
mais ceux qui sont au pouvoir doivent rendre des
comptes pour les attaques et la violence racistes
de ceux qu'ils protègent et qu'ils incitent
eux-mêmes à l'action. Les attaques contre le droit
de conscience et de parole visent à supprimer les
efforts exercés par le peuple pour s'investir du
pouvoir pour que les droits de tous et toutes
soient enchâssés et garantis.
Des vigiles partout au Québec pour
les victimes de racisme
- Christine Dandenault -
Vigile devant la demeure de Joyce Echaquan après
son décès à l'hôpital le 28 septembre 2020
Le lundi 28 septembre, Joyce Echaquan, une
jeune femme atikamekw de Manawan dans Lanaudière,
âgée de 37 ans et mère de 7 enfants, est
décédée au Centre intégré de santé et de services
sociaux de Lanaudière (CISSS de Lanaudière) à
Joliette dans des circonstances troublantes. Elle
avait été admise quelques jours plus tôt pour des
douleurs à l'estomac. Le 28 septembre, elle
s'est filmée en direct sur Facebook alors qu'elle
lançait un appel à l'aide et se sentait mourir. Au
lieu de recevoir les soins dont elle avait besoin,
elle a été ostracisée. On entend sur la vidéo des
propos racistes et dénigrants à son endroit tenus
par une infirmière et une préposée aux
bénéficiaires présentes dans sa chambre. Sa vidéo
montre également qu'elle était attachée et des
rapports indiquent qu'on lui a administré de la
morphine. Joyce est décédée peu après. Dans les
jours qui ont suivi la tragédie, deux membres du
personnel impliquées ont été congédiées et au
moins deux enquêtes sont en cours, une menée à
l'interne par le CISSS de Lanaudière et une autre
par le coroner.
Partout au Québec
et au Canada, le peuple a réagi vivement, attristé
et indigné, à la vidéo qui a fait le tour du
monde. De nombreuses vigiles ont été organisées en
solidarité avec la famille Echaquan et les
communautés autochtones dès le lendemain et les
jours suivants à Joliette, à Québec devant
l'Assemblée nationale, à Pikogan en Abitibi, à
Cookshire-Eaton en Estrie, à Uashat près de
Sept-Îles, sur le territoire non cédé du
Nitassinan au Saguenay, à Sherbrooke, à Pessamit
près de Baie-Comeau, au Lac-Simon en Outaouais, à
Ottawa et ailleurs. Des vigiles virtuelles ont
aussi été organisées. De nombreuses organisations
autochtones, de défense de droits ainsi que des
syndicats ont dénoncé le traitement qui a été
infligé à Joyce. Ce samedi, le 3 octobre, une
manifestation Justice pour Joyce se tient à
Montréal ainsi qu'une marche de guérison à Québec.
Cette tragédie survient quelques jours à peine
avant la tenue, le 4 octobre 2020, de
la 15e Vigile commémorative annuelle des
Soeurs par l'esprit. Celle-ci a été initiée
en 2006, pour rendre hommage aux plus
de 4000 femmes autochtones disparues et
assassinées et réclamer justice et des vigiles
sont prévues, virtuelles et physiques au Québec et
au Canada. Le nom de Joyce Echaquan sera sur
toutes les lèvres.
Cette tragédie se produit également un an après
le dépôt, le 30 septembre 2019, du
rapport de la Commission Viens, la Commission
d'enquête sur les relations entre les Autochtones
et certains services publics au Québec :
écoute, réconciliation et progrès[1]. La Commission
avait été mise sur pied le 21
décembre 2016 à la suite des allégations
d'abus sexuel de la part de huit officiers de la
Sûreté du Québec (SQ) contre des femmes
autochtones de Val-d'Or en octobre 2016.
Parmi les 142 recommandations se trouve celle
qui demande explicitement l'accroissement de
l'accès aux services de santé et aux services
sociaux, tant en milieu urbain qu'en milieu
autochtone.
Le Rapport final de l'Enquête nationale sur les
femmes et filles autochtones disparues et
assassinées a également été publié en juin 2019[2]. Il demande que
le Canada soutienne les droits de tous et de
toutes et abolisse la notion de droits qui repose
sur les privilèges et la discrimination envers
ceux et celles qui sont dans une position
inférieure dans l'échelon du pouvoir.
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) transmet ses plus sincères
condoléances à la famille de Joyce Echaquan de
même qu'à la communauté Atikamekh pour la perte
d'un être cher dans des conditions aussi
inhumaines. Justice doit être rendue pour Joyce
Echaquan et sa famille, pour toutes les femmes
disparues et assassinées et leur famille et pour
les peuples autochtones, leurs organisations et
leurs alliés partout au pays.
Amos, Québec
Mistassini, Québec
À l'hôpital d'Alma (à gauche), Québec et devant
l'Assemblée nationale à Québec
Cookshire-Eaton, Estrie, Québec
Pessamit près de Baie-Comeau,
Québec
Joliette, Québec
Ushaw, Québec
Ottawa, Ontario
Notes
1. « La
Commission d'enquête sur les relations entre les
Autochtones et certains services publics rend
son rapport public », 30
septembre 2019
2. Rapport
final de l'Enquête nationale sur les femmes et
les filles autochtones disparues et
assassinées
Montréal
Manifestation Justice pour Joyce
Samedi 3 octobre - 13 h
à 15 h
Place Émilie-Gamelin (Coin Sainte-Catherine et
St-Hubert)
Québec
Marche de guérison
Samedi 3 octobre - 13 h
Départ : Assemblée nationale (1045, rue des
Parlementaires)
La marche se rendra sur les Plaines d'Abraham
pour se recueillir.
Le plan de relance de l'économie
de la Colombie-Britannique
- K.C. Adams -
Le 17 septembre, juste avant le
déclenchement des élections provinciales
du 24 octobre 2020, le gouvernement de
la Colombie-Britannique a publié un plan de
relance économique intitulé « Stronger BC for
Everyone » (Une Colombie-Britannique plus
forte pour tous). Ce plan est la continuation de
l'offensive néolibérale antisociale dont le but
est de restructurer l'État pour renforcer les
stratagèmes pour payer les riches dans le système
impérialiste d'États dominé par les États-Unis.
Ce plan
contient de nombreuses mesures pour payer les
riches qui en fait politisent les intérêts privés.
En d'autres termes, les changements structurels du
plan renforcent la prise de contrôle du pouvoir
décisionnel des fonctions exécutives et
législatives par les oligarques mondiaux les plus
dominants. L'économie socialisée et les ressources
humaines et naturelles de la Colombie-Britannique
leur appartiennent et ils n'acceptent aucune
limite quant à ce qu'ils peuvent en faire. Il n'y
a rien dans ce plan qui laisse penser à une
alternative prosociale à la domination de
l'économie par de puissants intérêts privés
mondiaux.
Mettre l'économie et le domaine politique sous
l'autorité d'intérêts privés semble une évidence.
La création d'emplois, les salaires et les
avantages sociaux des travailleurs ainsi que les
programmes sociaux et les mesures pour protéger et
assainir l'environnement sont tous présentés dans
le jargon néolibéral de ceux qui détiennent et
contrôlent l'économie. Dans ce plan, il est répété
continuellement que la voie de la reprise après la
crise consiste à fournir à l'entreprise privée des
fonds publics provinciaux et fédéraux. Selon le
gouvernement, l'avenir est entre les mains des
riches et de leur pouvoir décisionnel avec lequel
ils contrôlent l'économie, et des gouvernements
qui s'assurent que les oligarques aient les fonds
publics, le pouvoir politique et les institutions
étatiques nécessaires pour exploiter la classe
ouvrière et utiliser à leur avantage les immenses
ressources naturelles de la province.
Plusieurs points importants sont absents du plan
de relance. Il manque une analyse des raisons pour
lesquelles les crises économiques sont une
caractéristique récurrente de l'économie de la
Colombie-Britannique, tant les crises générales
que les crises particulières à certains secteurs
de la Colombie-Britannique, comme la foresterie.
Le gouvernement dit qu'il représente les
travailleurs et une orientation sociale-démocrate,
mais nulle part dans le plan il n'essaie
d'expliquer pourquoi l'économie s'écroule
périodiquement ni pourquoi la pauvreté reste une
caractéristique constante.
L'absence d'enquête et de discussion sur
l'origine des crises et des problèmes économiques
récurrents conduit à l'acceptation de l'échec
actuel de la direction de l'économie et à la
politisation d'intérêts privés qui sont en
contrôle à tous les niveaux. L'absence d'enquête
et d'analyse entraîne également la pensée
politique vers le point de vue erroné selon lequel
des travailleurs qui luttent doivent être des
spectateurs impuissants de leur propre destin et
se contenter de choisir entre les bonnes et les
mauvaises politiques des partis cartellisés de
l'élite au pouvoir. Cela empêche la classe
ouvrière de bâtir ses propres organisations
indépendantes, surtout ses organisations
politiques, et de développer sa propre pensée, sa
théorie, son analyse, ses points de référence et
son programme politique et de s'engager dans des
actions pour défendre ce qui lui appartient de
droit. L'exigence d'arrêter de payer les riches et
d'augmenter les investissements dans les
programmes sociaux fait partie intégrante de la
lutte pour s'investir du pouvoir et de
l'épanouissement de la personnalité démocratique
qui naissent des actions pour défendre les droits
de tous et de toutes.
En l'absence d'enquête et de discussion sur une
nouvelle direction, le gouvernement du NPD va de
l'avant à toute vitesse avec des programmes pour
payer les riches qui se sont révélés être un échec
complet, comme le montre la crise actuelle. Les
mesures du plan visant à politiser les intérêts
privés sont d'une ampleur stupéfiante. Le
gouvernement promeut avec insistance la position
néolibérale selon laquelle, en payant les riches,
une partie de la richesse générée finira par
profiter aux travailleurs. Le soutien de
l'entreprise privée avec des fonds publics
s'inscrit dans la ligne néolibérale erronée selon
laquelle c'est la seule façon de créer des
emplois, de développer l'économie et de générer de
la valeur pour soutenir les programmes sociaux,
même si cela s'est avéré faux et que les riches
s'enrichissent davantage et les problèmes sociaux
et de l'environnent naturel s'aggravent.
L'économie de la Colombie-Britannique est plus
que jamais intégrée à l'économie de guerre
américaine et entre les griffes de l'oligarchie
mondiale. Le plan de relance du NPD est une
tentative de bloquer la discussion sur la
nécessité d'une nouvelle direction de l'économie
pour changer son but, pour que son but soit de
satisfaire les besoins du peuple et de la société.
La nouvelle direction de l'économie affirme le
développement de la coopération et de l'avantage
réciproque de tous ses secteurs et parties par une
planification opposée à la concurrence
destructrice et à la recherche du profit privé
maximum de l'impérialisme. La nouvelle direction
vise à utiliser l'énorme capacité productive de la
production moderne et du commerce international
pour répondre aux besoins et au bien-être de
l'ensemble de l'humanité sans guerre ni
exploitation, pour humaniser l'environnement
naturel et social et faire du Canada une zone de
paix.
Un aspect qui est aussi absent du plan de relance
est les deux plus grands projets public-privé
actuellement en cours. Le premier est le barrage
du site C et la centrale électrique sur la rivière
de la Paix, avec des lignes de transport
d'électricité pour alimenter les mines, les puits
de gaz et les usines de GNL contrôlées par les
riches du monde entier. Le deuxième est le projet
LNG Canada, d'extraction du gaz par fracturation
hydraulique dans le nord-est de la
Colombie-Britannique, de construction du gazoduc
Coastal GasLink, très contesté, à travers des
terres autochtones non cédées, jusqu'à Kitimat sur
la côte ouest, et la construction d'une usine de
GNL et d'un nouveau terminal portuaire. Ces
projets sur des terres autochtones non cédées sont
des projets très controversés de plusieurs
milliards de dollars pour payer les riches du
monde entier et accroître leur emprise sur le
Canada.
Un autre aspect
absent du plan est le fait que le gouvernement
emprunte de l'argent à des prêteurs privés, ce qui
entraîne une dette énorme envers eux, qui siphonne
continuellement une valeur énorme de l'économie
par le service de la dette. Cette année, le
gouvernement de la Colombie-Britannique prévoit un
déficit de 12,8 milliards de dollars. Il
prévoit de vendre des obligations d'une valeur
de 18,5 milliards de dollars à des
investisseurs institutionnels pour couvrir le
déficit et refinancer les emprunts qui arrivent à
échéance.
Le déficit de cette année devrait porter la dette
provinciale actuelle envers les prêteurs privés
à 87,9 milliards de dollars. Les intérêts
annuels payés aux prêteurs s'élèvent à près
de 3 milliards de dollars. Aucun gouvernement
de la Colombie-Britannique n'a jamais proposé ou
même discuté d'une alternative aux emprunts auprès
de prêteurs privés, qui est en fait une autre
forme de paiement des riches qui devrait être
interdite parce qu'inutile, socialement
irresponsable et même criminelle.
Le plan de relance fournit des détails sur la
manière dont les fonds publics seront canalisés
pour soutenir l'entreprise privée à tous les
niveaux. Il contient un plan directeur sur la
manière dont les oligarques mondiaux prennent des
mesures pour structurer l'État afin que l'économie
de la Colombie-Britannique garantisse que les
fonds publics collectifs soient constamment
utilisés pour payer les riches et détournés du
financement des programmes sociaux. Ce plan
directeur écarte l'idée de faire du développement
des entreprises et des services publics l'épine
dorsale du renouveau de l'économie.
Les
fonds publics destinés à soutenir l'économie
impérialiste ont également pour but d'entretenir
une couche de propriétaires de petites et moyennes
entreprises, d'intellectuels et de certains
dirigeants syndicaux qui devront se rallier à
l'oligarchie impérialiste mondiale contre la
classe ouvrière et les peuples autochtones.
L'objectif général du jargon néolibéral est de les
convaincre que leur avenir et celui des
Britanno-Colombiens ne peuvent exister que dans
les limites de « bonnes politiques ». Aucune
alternative ne doit être envisagée, et surtout pas
celle d'une nouvelle direction de l'économie qui
briserait l'emprise des oligarques mondiaux sur
leur vie et leur avenir et qui bâtirait un nouvel
État qui affirme ses responsabilités sociales
envers le peuple et la Terre Mère.
Les travailleurs ont maintenant trente ans
d'expérience avec l'offensive antisociale et son
dogme néolibéral. Ils ne doivent pas se laisser
tromper par le charabia des Justin Trudeau, John
Horgan et autres partisans des stratagèmes pour
payer des riches. Le point de départ du renouveau
économique est la nécessité d'une nouvelle
direction de l'économie pour arrêter de payer les
riches et augmenter les investissements dans les
programmes sociaux.
Note
Pour des extraits du plan de relance économique
du gouvernement de la Colombie-Britannique avec
commentaires (en anglais), cliquez ici.
Début de la 75e session de
l'Assemblée générale des Nations unies
- Dougal MacDonald -
Une commémoration du 75e anniversaire de l'ONU le
21 septembre 2020.
La 75e session de l'Assemblée générale des
Nations unies s'est ouverte le 15 septembre. Le
thème de cette année est: « L'avenir que nous
voulons, l'ONU qu'il nous faut : réaffirmons notre
attachement collectif au multilatéralisme ». Ce
thème est censé guider toutes les activités de
l'ONU et de ses organes, y compris le débat
général de haut niveau qui a eu lieu du 22 a 29
septembre.
Cette année, l'ONU souligne son 75e anniversaire
le 24 octobre, qui est célébrée comme la Journée
des Nations unies depuis 1948. La Journée des
Nations unies est l'anniversaire de l'entrée en
vigueur, en 1945, de la Charte des Nations
unies. Avec la ratification de ce document de
fondation par la majorité de ses signataires, y
compris les cinq membres permanents du Conseil de
sécurité, les Nations unies ont officiellement vu
le jour.
La Charte des Nations unies est le traité de
fondation des Nations unies. Elle a été signée par
50 des membres originaux de l'ONU à San Francisco
le 26 juin 1945, six semaines après que
l'Allemagne nazie ait capitulé à la fin de la
Deuxième Guerre mondiale. La Charte est entrée en
vigueur le 24 octobre 1945, la date
officielle de la formation de l'ONU, après avoir
été ratifiée par les cinq membres permanents
officiels du Conseil de sécurité – la
République de Chine (remplacée par la République
populaire de Chine le 25 octobre 1971),
la France, l'Union des républiques socialistes
soviétiques, le Royaume-Uni et les
États-Unis – et la majorité des autres
signataires. Tous les membres des Nations unies
ont le devoir de défendre les 111 articles de
la Charte de l'ONU. L'article 103 de la
Charte de l'ONU stipule que les obligations envers
les Nations unies priment sur toutes les autres
obligations de traité.
Le préambule de la Charte nomme quatre principaux
objectifs :
- à préserver les générations futures du fléau de
la guerre qui deux fois en l'espace d'une vie
humaine a infligé à l'humanité d'indicibles
souffrances,
- à proclamer à nouveau notre foi dans les droits
fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la
valeur de la personne humaine, dans l'égalité de
droits des hommes et des femmes, ainsi que des
nations, grandes et petites,
- à créer les conditions nécessaires au maintien
de la justice et du respect des obligations nées
des traités et autres sources du droit
international,
- à favoriser le progrès social et instaurer de
meilleures conditions de vie dans une liberté plus
grande.
L'article 1 de la Charte affirme clairement
les quatre principaux buts et principes des
Nations unies :
- maintenir la paix et la sécurité
internationales et à cette fin : prendre des
mesures collectives efficaces en vue de prévenir
et d'écarter les menaces à la paix et de réprimer
tout acte d'agression ou autre rupture de la paix,
et réaliser, par des moyens pacifiques,
conformément aux principes de la justice et du
droit international, l'ajustement ou le règlement
de différends ou de situations, de caractère
international, susceptibles de mener à une rupture
de la paix ;
- développer entre les nations des relations
amicales fondées sur le respect du principe de
l'égalité de droits des peuples et de leur droit à
disposer d'eux-mêmes, et prendre toutes autres
mesures propres à consolider la paix du
monde ;
- réaliser la coopération internationale en
résolvant les problèmes internationaux d'ordre
économique, social, intellectuel ou humanitaire,
en développant et en encourageant le respect des
droits de l'homme et des libertés fondamentales
pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de
langue ou de religion ;
- être un centre où s'harmonisent les efforts des
nations vers ces fins communes.
Enfin, les quatre premiers principes de l'ONU
sont clairement affirmés au début de l'article
2 :
- l'Organisation est fondée sur le principe de
l'égalité souveraine de tous ses membres.
- les membres de l'Organisation, afin d'assurer à
tous la jouissance des droits et avantages
résultant de leur qualité de membre, doivent
remplir de bonne foi les obligations qu'ils ont
assumées aux termes de la présente Charte.
- les membres de l'Organisation règlent leurs
différends internationaux par des moyens
pacifiques, de telle manière que la paix et la
sécurité internationales ainsi que la justice ne
soient pas mises en danger.
- les membres de l'Organisation s'abstiennent,
dans leurs relations internationales, de recourir
à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre
l'intégrité territoriale ou l'indépendance
politique de tout État, soit de toute autre
manière incompatible avec les buts des Nations
unies.
Bien qu'ils soutiennent en parole leur allégeance
aux articles de la Charte de l'ONU, les
impérialistes américains et leurs alliés ne ratent
aucune occasion pour aller à l'encontre de la
Charte dans les faits. Ils violent constamment la
souveraineté nationale, continuent d'humilier
d'autres pays ou de commettre des agressions
ouvertes contre eux, et refusent de rendre des
comptes pour leurs méfaits qui menacent l'humanité
entière, ce qui met en lumière la nécessité de
réformer et de renouveler l'ONU. À l'occasion
du 75e anniversaire de la ratification de la
Charte de l'ONU, il est important de souligner une
fois de plus l'urgente nécessité pour l'ONU et ses
instances d'enchâsser et de défendre l'égalité et
la souveraineté de toutes les nations et pour
toutes les nations grandes ou petites de défendre
les normes et les lois régissant les relations
internationales afin d'assurer la paix mondiale.
Pour y arriver, plus que des mots vides, il faut
des gestes concrets.
Une des nécessités les plus urgentes est de
réformer le Conseil de sécurité de l'ONU. Deux
principes fondamentaux des relations
internationales sont que toutes les nations ont un
statut égal et que le droit à la souveraineté de
toutes les nations doit être défendu. Ces
principes ont été gagnés de haute lutte et par le
sang versé par des millions de personnes pendant
la Deuxième Guerre mondiale et sont diamétralement
opposés au précepte impérialiste de la « loi du
plus fort ». Défendre ces principes est le
devoir de toutes nations pour veiller à ce que
jamais plus le monde ne soit plongé dans une
guerre mondiale. La Charte des Nations unies
adhère à ces principes, mais en pratique, ceux-ci
se heurtent à la composition même du Conseil de
sécurité qui ne répond pas aux exigences de notre
époque.
Le Conseil de sécurité s'est vu confier la
question cruciale du maintien de la paix. En vertu
du Chapitre VII de la Charte, le Conseil de
sécurité a un pouvoir d'exécution permettant de «
maintenir ou rétablir la paix et la sécurité
internationales », pouvant aller du recours à
des sanctions économiques et/ou à d'autres
sanctions qui excluent l'emploi de la force armée
jusqu'à l'action militaire internationale.
Cinq grandes puissances demeurent des membres
permanents du Conseil de sécurité des Nations
unies : la Grande-Bretagne, la Chine, la
France, la Russie et les États-Unis. Non seulement
cette composition est-elle totalement non
représentative de la majorité des 198 pays
qui constituent l'ONU aujourd'hui, mais ces
grandes puissances ont le droit de véto sur toutes
questions qui se trouvent devant le Conseil de
sécurité. Bien que le « droit de véto » ne
soit pas explicitement mentionné dans la Charte,
l'article 27 affirme que les décisions «
importantes » sont prises « par un vote
affirmatif [...] dans lequel sont comprises les
voix de tous les membres permanents ». Les
membres permanents votent en fonction de leurs
propres intérêts nationaux, non pas en fonction
des intérêts des peuples du monde, qui sont
bafoués à volonté.
Depuis 1972, les États-Unis se sont servis
de leur droit de véto plus que tout autre membre
permanent. Le Conseil de sécurité usurpe le
processus de prise de décisions, rendant les
décisions de l'Assemblée générale sans effet. Un
renouvellement de la composition des arrangements
du Conseil de sécurité est requis pour rendre
l'ONU plus démocratique et plus efficace en tant
qu'instrument pour sauvegarder la paix mondiale et
pour qu'elle cesse de servir à justifier
l'intimidation et l'agression par les États-Unis
et ses alliés et partenaires de l'OTAN, ce qui est
à l'origine du désastre qu'on connaît dans le
monde aujourd'hui.
Voici le discours de Miguel Mario Diaz-Canel
Bermudez, président de la République de Cuba, à
la 75e session ordinaire de l'Assemblée
générale des Nations unies, le 22
septembre 2020.
Monsieur le Secrétaire général ;
Monsieur le Président,
Le président cubain Miguel Diaz-Canel
Bermudez s'adresse à l'Assemblée générale
de l'ONU le 22 septembre 2020.
|
Une épidémie mondiale a radicalement changé la
vie quotidienne. Du jour au lendemain, des
millions de personnes sont contaminés et des
milliers d'autres meurent, alors que leur
espérance de vie était supérieure grâce au
développement. Des systèmes hospitaliers aux
prestations de haut niveau se sont effondrés, et
les structures de santé des pays pauvres souffrent
de leur incapacité chronique. Des confinements
draconiens transforment en déserts virtuels les
villes les plus populeuses. La vie sociale
n'existe plus si ce n'est à travers les réseaux
numériques. Les théâtres, les discothèques, les
galeries, voire les écoles, sont fermés ou
redimensionnés.
Nos frontières ont été fermées, nos économies se
contractent, nos réserves s'épuisent. La vie subit
un remaniement radical de ses coutumes ancestrales
et l'incertitude remplace la certitude. Même les
meilleurs amis ne se reconnaissent plus sous les
masques qui nous protègent de la contagion. Tout
change.
Il est urgent non seulement de juguler la
pandémie, mais de démocratiser dès maintenant
cette organisation qui s'avère indispensable si
l'on veut qu'elle réponde efficacement aux besoins
et aux aspirations de tous les peuples.
Le droit auquel aspire l'humanité de vivre dans
la paix et la sécurité, dans la justice et dans la
liberté, ce qui est la base de l'union des
nations, est constamment menacé.
Plus de 1,9 billion de dollars sont
dilapidés à l'heure actuelle dans une course aux
armements insensée qui a, pour point de départ, la
politique agressive et belliciste de
l'impérialisme dont le principal représentant est
le gouvernement actuel des États-Unis, un pays qui
cumule 38 % des dépenses militaires
mondiales.
Il s'agit d'un régime foncièrement agressif et
moralement corrompu, qui méprise et attaque le
multilatéralisme, recourt au chantage financier
dans ses rapports avec les institutions des
Nations unies, se retire avec une arrogance inouïe
de l'Organisation mondiale de la santé, de
l'UNESCO et du Conseil des droits de l'Homme.
Paradoxalement, le pays qui accueille le siège
des Nations unies s'écarte aussi de traités
internationaux essentiels comme l'Accord de Paris
sur les changements climatiques, répudie l'accord
nucléaire consensuel avec l'Iran, fomente des
guerres commerciales; met fin à ses engagements
envers des instruments de contrôle internationaux
en matière de désarmement; militarise le
cyberespace; multiplie la coercition et les
sanctions unilatérales contre ceux qui ne se
plient pas à ses visées et parraine le
renversement par la force de gouvernements
souverains par des méthodes de guerre non
conventionnelles.
Ancrée dans cette attitude qui méconnaît les
vieux principes de la coexistence pacifique et du
respect du droit d'autrui à l'autodétermination
comme garantie de la paix, le gouvernement présidé
par Trump manipule, en outre, à des fins
subversives la coopération en matière de
démocratie et de droits de l'Homme, alors que dans
son pays les expressions de haine, de racisme, de
brutalité policière et les irrégularités du
système électoral et du droit de vote des citoyens
prolifèrent pratiquement sans contrôle.
Il est urgent de réformer les Nations unies. On
ne saurait retarder plus longtemps l'actualisation
et la démocratisation de cette puissante
organisation issue de deux guerres mondiales qui
ont coûté des millions de vies et qui est le
résultat de la prise de conscience universelle de
l'importance du dialogue, de la négociation, de la
coopération et de la légalité internationale.
Quelque chose de tout à fait essentiel et profond
a échoué, quand on constate à quel point les buts
et principes de la Charte des Nations unies sont
violés jour après jour et que l'on recourt
toujours plus fréquemment à la force ou à la
menace de la force dans les relations
internationales.
On ne saurait préserver plus longtemps comme s'il
était naturel et inamovible un ordre international
inégal, injuste et antidémocratique qui fait
passer l'égoïsme avant la solidarité et les
intérêts mesquins d'une puissante minorité avant
les justes aspirations de millions de personnes.
Tout en appuyant aux côtés d'autres États et de
millions de citoyens du monde les demandes encore
insatisfaites de transformation des Nations unies,
la Révolution cubaine défendra toujours
l'existence de l'organisme auquel nous devons le
peu de multilatéralisme, mais indispensable, qui
ait survécu à l'arrogance impériale.
De cette même tribune, Cuba a réitéré à maintes
reprises sa volonté de coopérer à la
démocratisation de l'ONU et à la défense de la
coopération internationale que celle-ci est la
seule à pouvoir sauver. Comme l'a dit le général
d'armée Raul Castro Ruz, Premier secrétaire du
Parti communiste de Cuba : « La communauté
internationale pourra toujours compter sur la voix
sincère de Cuba face à l'injustice, à l'inégalité,
au sous-développement, à la discrimination et à la
manipulation, et en faveur de l'instauration d'un
ordre international plus juste et équitable,
vraiment axé sur l'être humain, sur sa dignité et
sur son bien-être. »
Monsieur le Président,
Revenant à la gravité du moment actuel, que
beaucoup attribuent uniquement à la pandémie de
COVID-19, j'estime essentiel d'avertir que ses
effets dépassent largement le domaine sanitaire.
À cause de ses séquelles néfastes, du nombre
impressionnant de morts, des dommages à l'économie
mondiale et de la dégradation des niveaux de
développement social, l'expansion de la pandémie
ces derniers mois angoisse et désespère les
dirigeants et les citoyens de pratiquement toutes
les nations.
Or, la crise multidimensionnelle qu'elle a
suscitée prouve clairement que les politiques
déshumanisées imposées par la dictature à outrance
du marché sont profondément erronées.
Aujourd'hui, nous sommes douloureusement témoins
du désastre auquel le monde a été poussé par le
système de production et de consommation
irrationnel et insoutenable du capitalisme, par
des décennies de règne d'un ordre international
injuste et d'application d'un néolibéralisme
brutal et effréné qui n'a fait que creuser les
inégalités et sacrifier le droit des peuples au
développement.
À la différence de ce néolibéralisme d'exclusion,
qui met de côté et rejette des millions d'êtres
humains, les condamnant à survivre avec les restes
du banquet de 1 % des plus riches, le
virus de la COVID-19 frappe sans discrimination
les uns et les autres, mais ses effets économiques
et sociaux dévastateurs seront mortels pour les
plus vulnérables et les personnes à faible revenu,
qu'elles vivent dans le monde sous-développé ou
dans les poches de pauvreté des grandes villes
industrialisées.
Selon des prévisions de l'Organisation des
Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
(FAO), 130 millions de personnes pourraient
venir s'ajouter aux 690 millions qui avaient
faim en 2019 par suite de la récession
économique causée par la pandémie. Des études de
l'Organisation internationale du travail (OIT)
indiquent que plus de 305 millions d'emplois
ont d'ores et déjà disparu, et que plus
de 1,6 milliard de travailleurs sont menacés
dans leurs moyens de subsistance.
Nous ne pouvons pas affronter la COVID-19, la
faim, le chômage et l'inégalité économique et
sociale croissants entre les personnes et entre
les pays comme des phénomènes indépendants. Il est
urgent de mettre en place des politiques
intégrales priorisant l'être humain, et non les
profits économiques ou les avantages politiques.
Il serait criminel de remettre à demain des
décisions d'hier et d'aujourd'hui. Il est
impératif de promouvoir la solidarité et la
coopération internationales pour atténuer le choc.
Seules les Nations unies, justement parce
qu'universelles, ont l'autorité et la portée
nécessaires pour relancer le juste combat de
supprimer la dette extérieure impossible à
rembourser qui, aggravée par les retombés
socio-économiques de la pandémie, menace la survie
des peuples du Sud.
Monsieur le Président,
Quand le SARS-CoV-2 est apparu et que les
premiers indices prouvaient qu'il risquait de
provoquer une pandémie, Cuba n'a pas été prise au
dépourvu.
Forts de l'expérience acquise durant des
décennies de lutte contre de terribles épidémies,
dont certaines ont été introduites délibérément
dans le cadre de la guerre permanente contre son
projet politique, nous avons immédiatement mis en
oeuvre une série de mesures fondées sur nos
capacités et nos forces : un État socialiste
organisé, responsable de veiller sur la santé de
ses citoyens, un capital humain hautement qualifié
et une société où le peuple participe largement à
la prise de décision et à la solution des
problèmes.
L'application de ces mesures, de pair avec les
connaissances accumulées durant plus de 60
ans d'efforts intenses pour créer et fortifier un
système de santé de qualité ouvert à tous, ainsi
que la recherche et le développement scientifique,
nous ont permis non seulement de préserver le
droit de tous les citoyens sans exception à la
santé, mais encore de faire face à la pandémie
dans de meilleures conditions.
Nous y sommes parvenus malgré les sévères
restrictions qu'entraîne le blocus économique,
commercial et financier prolongé que nous imposent
les États-Unis et que le gouvernement actuel, même
en pleine pandémie, a brutalement durci ces deux
dernières années, preuve qu'il est un élément
essentiel de sa politique hostile envers Cuba.
L'agressivité du blocus a été portée à un degré
qualitativement nouveau, qui augmente son
caractère d'obstacle réel et déterminant dans la
conduite de l'économie et du développement de
notre pays. Le gouvernement étasunien a intensifié
notamment la traque des transactions financières
internationales de Cuba et adopté depuis 2019
des mesures qui violent le Droit international
pour priver le peuple cubain de son droit de se
pourvoir des combustibles dont il a besoin dans sa
vie quotidienne et pour son développement.
Dans le but de nuire à la Révolution cubaine et
de la diaboliser, ainsi qu'à d'autres
gouvernements qu'il taxe d'adversaires, les
États-Unis publient des listes fallacieuses,
dénuées de légitimité, à partir desquelles ils
s'arrogent le droit d'imposer au monde des mesures
coercitives unilatérales.
Il ne se passe pas une semaine sans que ce
gouvernement n'émette des déclarations contre Cuba
ou lui impose de nouvelles restrictions. En
revanche, il est paradoxal qu'il se soit refusé à
qualifier de terroriste l'attaque perpétrée
le 30 avril dernier par un individu qui, armé
d'un fusil d'assaut, a tiré à plus de trente
reprises sur l'ambassade cubaine à Washington dans
le but avoué de tuer.
Nous dénonçons la politique de deux poids deux
mesures pratiquée par le gouvernement des
États-Unis dans la lutte contre le terrorisme et
exigeons qu'il condamne publiquement cette attaque
brutale.
Nous demandons par ailleurs que cessent
l'hostilité et la campagne de diffamation contre
l'action altruiste que constitue la coopération
médicale internationale de Cuba qui, forte d'un
prestige élevé et de résultats vérifiables, a
contribué à sauver des centaines de vies et à
réduire l'impact des maladies dans de nombreux
pays. Des personnalités internationales et des
organisations sociales au prestige notable ont
reconnu l'oeuvre humaniste du Contingent
international Henry Reeve de médecins spécialisés
en situation de catastrophe naturelle et de graves
épidémies, et ont plaidé pour que lui soit octroyé
le Prix Nobel de la paix.
Alors que le gouvernement des États-Unis ignore
l'appel à conjuguer des efforts dans le combat
contre la pandémie et se retire de l'Organisation
mondiale de la santé, Cuba, répondant aux demandes
qu'elle a reçues, et guidée par la profonde
vocation solidaire et humaniste de son peuple, a
renforcé sa coopération en dépêchant plus
de 3 700 coopérants organisés en 46
brigades médicales dans 39 pays et
territoires touchés par la COVID-19.
Aussi condamnons-nous le chantage crapuleux que
les États-Unis exercent sur l'Organisation
panaméricaine de la santé afin que celle-ci lui
serve d'instrument dans son agression maladive
contre Cuba. Mais la force de la vérité finira par
faire voler les mensonges en éclats et l'histoire
remettra les faits et les protagonistes à leur
place. L'exemple de Cuba prévaudra.
Nos travailleurs dévoués de la santé, fierté
d'une nation formée selon la pensée de
Marti : « La patrie, c'est l'humanité »,
recevront ou non le Prix que mérite leur
noblesse ; néanmoins, depuis des années, ils
ont gagné la reconnaissance des peuples bénis par
leur travail de santé.
Le gouvernement des États-Unis ne cache pas son
intention d'imposer à Cuba, dans les prochains
mois, de nouvelles mesures d'agression encore plus
dures. Nous déclarons une fois de plus devant la
communauté internationale que notre peuple, fier
de son histoire et attaché aux idéaux et à
l'oeuvre de sa Révolution, saura résister et
vaincre.
Monsieur le Président,
La prétention d'imposer sa domination
néocoloniale à Notre Amérique en déclarant
publiquement l'actualité de la Doctrine Monroe
viole la Proclamation faisant de l'Amérique latine
et des Caraïbes une Zone de paix.
La République bolivarienne du Venezuela –
nous tenons à le réaffirmer publiquement de cette
tribune virtuelle – pourra toujours compter
sur la solidarité de Cuba face aux tentatives de
déstabiliser et de saper son ordre
constitutionnel, son union civique et militaire et
de détruire l'oeuvre entamée par Hugo Chavez Frias
et poursuivie par le président Nicolas Maduro
Moros en faveur du peuple.
Nous rejetons aussi les actions des États-Unis
visant à déstabiliser la République du Nicaragua
et ratifions notre solidarité indéfectible envers
son peuple et son gouvernement conduit par le
commandant Daniel Ortega.
Nous nous solidarisons avec les nations des
Caraïbes qui exigent une juste réparation pour
l'horreur de l'esclavage et de la traite des
esclaves qu'elles ont subis, dans un monde où la
discrimination raciale et la répression des
communautés de descendants d'Africains ne cessent
de s'aggraver.
Nous ratifions notre engagement historique envers
l'autodétermination et l'indépendance du peuple
frère portoricain.
Nous appuyons la réclamation de souveraineté
légitime de l'Argentine sur les Îles Malouines,
les Îles Sandwich du Sud et la Géorgie du Sud.
Nous réitérons notre engagement envers la paix en
Colombie et notre conviction que le dialogue entre
les parties est la seule voie permettant
d'instaurer une paix stable et durable dans ce
pays.
Nous appuyons la recherche d'un règlement
pacifique et négocié à la situation qui a été
imposée à la Syrie, sans ingérence extérieure et
dans le respect total de sa souveraineté et de son
intégrité territoriale.
Nous réclamons un règlement juste au conflit du
Moyen-Orient, lequel repose sur l'exercice réel
par le peuple palestinien de son droit inaliénable
à construire son propre État dans les frontières
antérieures à 1967, avec Jérusalem-Est comme
capitale, et nous rejetons les tentatives d'Israël
d'annexer de nouveaux territoires en Cisjordanie.
Nous exprimons notre solidarité avec la
République islamique d'Iran face à l'escalade
agressive des États-Unis.
Nous réaffirmons notre solidarité invariable avec
le peuple sahraoui.
Nous condamnons énergiquement les sanctions
unilatérales imposées injustement à la République
populaire démocratique de Corée.
Nous rejetons une fois de plus l'intention de
l'OTAN de s'étendre jusqu'aux frontières de la
Russie et d'imposer injustement des sanctions
unilatérales à ce pays.
Nous refusons l'ingérence étrangère dans les
affaires intérieures de la République de Belarus
et réitérons notre solidarité avec son président
légitime, Alexandre Loukachenko et avec le peuple
frère de ce pays.
Nous condamnons les ingérences dans les affaires
intérieures de la République populaire de Chine et
rejetons toute tentative de porter atteinte à son
intégrité territoriale et à sa souveraineté.
Monsieur le Président,
Compte tenu des graves circonstances actuelles,
nous sommes contraints, pour la première fois
en 75 ans, de tenir cette Assemblée générale
des Nations unies sur le mode virtuel.
La communauté scientifique cubaine, une autre
fierté de la nation qui, dès le triomphe de la
Révolution des justes, a annoncé au monde son
intention de devenir un pays d'hommes et de femmes
de science, travaille sans relâche sur l'un des
premiers vaccins dans le monde à être entré dans
la phase des essais cliniques.
Ses créateurs et d'autres chercheurs et
spécialistes, en articulation avec le système de
santé, mettent au point des protocoles de soins
pour les malades contagieux, les patients rétablis
et la population à risque, ce qui nous a permis de
sauver 80 % des contagieux et de
maintenir un taux de mortalité inférieur à la
moyenne du continent et du monde.
« Des médecins, et non des bombes ! »,
s'est exclamé un jour le leader historique de la
Révolution cubaine et le promoteur principal de
l'essor des sciences à Cuba, le commandant en chef
Fidel Castro Ruz. Telle est notre devise. Sauver
des vies et partager ce que nous sommes et ce que
nous avons, quel que soit le sacrifice, voilà ce
que nous offrons au monde depuis les Nations unies
auxquelles nous demandons un changement en accord
avec la gravité du moment.
Nous sommes Cuba !
Battons-nous ensemble en faveur de la paix, la
solidarité et le développement.
Je vous remercie
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