Supplément

Numéro 396 juin 2020

La justice et la fin de la brutalité et de l'impunité policières sont réclamées dans de grandes actions de masse partout aux États-Unis et dans le monde

États-Unis


Des dizaines de milliers de personnes marchent sur la route I-94 à Minneapolis le 31 mai 2020

Lors d'actions à Minneapolis et partout aux États-Unis, des gens de toutes les couches de la société et de tous les milieux, surtout les jeunes Afro-Américains, sont sortis par milliers pour réclamer courageusement que justice soit rendue pour George Floyd face à la violence de la police et de l'armée organisée par l'État sur une échelle massive. Ils ne dénoncent pas seulement le meurtre raciste, le 25 mai, de George Floyd, mais toutes les injustices et impunités pour de tels crimes qui sont monnaie courante aux États-Unis.

Parlant en son propre nom, le peuple a exprimé clairement son opposition à la violence raciste et policière et déclaré que ceux qui permettent de tels crimes ne parlent pas en son nom et devront rendre des comptes. Il dit « présent » et lutte pour humaniser sa société en exigeant de nouveaux arrangements et en rejetant les arrangements qui déshumanisent tout le monde, dont des forces policières et un système judiciaire qui sont basés sur la protection de la propriété privée et des intérêts d'une riche élite dirigeante, aux dépens du bien-être du peuple. Ceci se voit dans les centaines d'incidents de brutalité non provoquée par la police qui est armée jusqu'aux dents et militarisée, ainsi que par la Garde nationale, contre les manifestants qui réclament justice et reddition de comptes.

Seulement à Minneapolis, les manifestations ont lieu sans arrêt depuis le 26 mai, appelées par des organisations qui défendent les droits des Afro-américains, des étudiants du secondaire, des syndicats et des étudiants en médecine. Des actions massives ont eu lieu sur les lieux de la mort aux mains de la police de George Floyd, dans toutes les rues de Minneapolis et devant l'édifice du Capitole à Saint-Paul (ville jumelle de Minneapolis), à la résidence du gouverneur Tim Walz, à la résidence du procureur du comté Mike Freeman, à l'hôtel de ville de Minneapolis et devant les bureaux du coroner du comté de Hennepin qui avait publié un rapport trompeur sur le décès de George Floyd. Les quatre agents de police impliqués dans la mort de George Floyd ont été congédiés le 26 mai, lorsque les actions de masse ont commencé. Les actions soutenues ont fait en sorte que certaines autres revendications du peuple – que des accusations criminelles, y compris pour meurtre, soient portées contre les quatre anciens policiers de Minneapolis – soit répondues. Les manifestants ont continué d'exiger que des enquêtes soient menées sur toute violence policière et toute mort d'Afro-Américains et de minorités aux mains de la police au Minnesota ces dernières années. Ils revendiquent aussi un contrôle communautaire de la police et qu'on retire le financement des forces policières actuelles. Plusieurs entreprises et organisations locales ont pris position publiquement, rompant tout lien avec le Service de police de Minneapolis.

Washington est devenu un autre endroit où convergent les grandes manifestations, là où le président des États-Unis Donald Trump, qui représente l'inhumanité et le racisme des cercles dirigeants et leur recours gratuit à la violence contre le peuple, n'a fait qu'alimenter l'indignation par ses provocations calculées.

Des services commémoratifs ont eu lieu le 4 juin à Minneapolis et le 6 juin  à Raeford, en Caroline du Nord, le lieu de naissance de George Floyd où des gens en automobile ont fait la file sur plusieurs kilomètres pour offrir leurs condoléances à George et à sa famille. Un autre service aura lieu le 7 juin à Houston, au Texas, où il a aussi vécu.

Ce qui est frappant dans ces actions partout aux États-Unis, c'est que le peuple ne fait pas que contester la mort de George Floyd aux mains de la police, mais il exprime son désir de nouveaux arrangements politiques par lesquels il peut exercer un contrôle sur sa vie et ne soit plus victimisé par ceux qui ne le représentent pas et refusent de reconnaître ses droits.

Minneapolis, Minnesota



6 juin 2020

5 juin 2020


Service commémoratif en hommage à George Floyd, le 4 juin 2020


Hôtel de ville de Minneapolis, le 3 juin 2020

Devant le Capitol, Saint-Paul, le 2 juin 2020

Des étudiants en médecine se rassemblent devant les bureaux du médecin légiste
du comté de Hennepin, le 2 juin 2020.


Rassemblement à la résidence du gouverneur de l'État du Minnesota, le 1er juin 2020

Rassemblement au Capitole à Saint-Paul, le 1er juin 2020


Rassemblements syndicaux pour demander justice pour George Floyd, le 31 mai 2020

Des manifestants se rassemblent devant le Minneapolis Police Department Precinct 3, le 28 mai 2020. Ce commissariat de police a ensuite été incendié.


27 mai 2020



Rassemblement dans les rues de Minneapolis le 26 mai 2020 et  à l'endroit où George Floyd a été tué par la police la veille.

Washington, DC

Le huitième jour consécutif de manifestations à Washington, le 6 juin 2020


Le 5 juin 2020, Muriel Bowser, mairesse de Washington, renomme une partie de la 16e rue, qui mène directement à la Maison-Blanche, « Black Lives Matter Plaza ». Le lendemain les manifestants y ajoutent dans le même lettrage jaune: « Defund the Police » (Retirez les fonds à la police).



Les manifestants descendent la 16e rue, avec la place Lafayette et la Maison-Blanche derrière eux, le 3 juin 2020.

Boston, Massachusetts


Hartford, Connecticut

Dover, Delaware


Bethesda, Maryland


New York, New York


Brooklyn, New York


Columbus, Ohio


Détroit, Michigan

East Lansing, Michigan


Chicago, Illinois



Louisville, Kentucky


Raeford, Caroline du Nord


Mémorial et procession pour George Floyd, 6 juin 2020

Nashville, Tennessee

Ferguson, Missouri

Des Moines, Iowa

Atlanta, Géorgie


Miami, Floride


Montgomery, Alabama



Shreveport, Louisiane


Denton, Texas

Lubbock, Texas

Frisco, Texas

Phoenix, Arizona


Oakland, Californie


Anaheim, Californie


Stockton, Californie


Seattle, Washington

Actions au Canada

Malgré les difficultés de la pandémie de la COVID-19, les Canadiens se sont mobilisés par milliers leur indignation face à la mort de George Floyd aux mains de la police et soutenir à la lutte militante pour les droits aux États-Unis. Ils condamnent en même temps la violence policière raciste organisée par l'État au Canada et les conditions qui font des peuples autochtones, des noirs, des minorités nationales et des femmes des proies faciles.

À Toronto, le 27 mai, Regis Korchinski-Paquet, 29 ans, une femme autochtone noire, est tombée du 24e étage de son appartement dans des circonstances suspectes. Selon les agences de presse, la police qui avait été appelée par sa mère pour désamorcer une dispute familiale, était dans son appartement au moment de sa mort. L'avocate de la famille, Knia Singh, a déclaré aux journalistes que six policiers se sont présentés et sont entrés dans l'appartement avec Korchinski-Paquet, mais ont empêché les membres de la famille d'y entrer. Elle a dit que Regis Korchinski-Paquet a crié : « Maman, aide-moi » de l'intérieur de l'appartement, puis plus aucun bruit. Par la suite la police a dit qu'elle était tombée au sol. L'affaire fait actuellement l'objet d'une enquête par l'unité des enquêtes spéciales. Un rassemblement de masse a eu lieu à Christie Pitts le 30 mai, suivi d'une marche sur la rue Bloor, avec une bannière sur laquelle on pouvait lire « Not Another Black Life » (Pas une autre vie de Noir). La préoccupation des gens quant au rôle de la police dans la mort de Korchinski-Paquet est fondée. La police de Toronto a une longue histoire d'utilisation injustifiée de la force meurtrière contre les Noirs et les minorités nationales, comme ce fut le cas pour Sammy Yatim, Jeffrey Reodica, Andrew Bramwell, Faraz Suleiman, Wade Lawson et d'autres, ainsi que des personnes souffrant de maladie mentale, notamment Otto Vass, Lester Donaldson, Edmund Yu, Sylvia Klibingaitis et Andrew Loku.

À Montréal, le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) est également connu pour son mauvais traitement des Noirs et des autres minorités, notamment par le profilage racial et la brutalité policière et dans le quartier défavorisé de Montréal-Nord. Un cas tristement célèbre est la mort de Fredy Villanueva, 18 ans, aux mains de la police en 2008, pour laquelle le SPVM n'a pas été tenu responsable. Malgré cette notoriété, le chef de la police de Montréal, Sylvain Caron, a indiqué le 5 juin qu'il aimerait assister à une manifestation du 7 juin contre la violence policière et le profilage racial. Son invitation à participer a été retirée. « Malheureusement, je dois annuler l'invitation adressée au chef de la police, lit-on sur la page Facebook de l'organisatrice Anastasia Marcelin. Les citoyens sont terrifiés à l'idée qu'il soit là. Voilà la conséquence quand on perd confiance dans une institution qui devait être là pour nous sécuriser, qui a choisi de (nous) brutaliser. » De même, dans une déclaration commune les groupes Hoodstock, Justice for Victims of Police Killings et Tout Le Hood en Parle rejettent également la participation du chef du SPVM. « Nous tenons à exprimer notre vive opposition à la présence du chef de la police de Montréal à une manifestation contre la violence et la brutalité policières, car cela revient à renforcer l'impunité de la police, indique le communiqué. C'est également un manque de respect envers les victimes de la violence et de l'impunité policières, y compris envers les personnes tuées par la police de Montréal. »

Le 6 juin, le chef Allan Adam de la Première Nation Athabasca Chipewyan, en Alberta, a parlé de son traitement récent par des agents de la GRC. Il dit avoir été battu après avoir été arrêté parce que les autocollants sur ses plaques d'immatriculation de véhicule étaient périmés. « Parce que nous [les Premières Nations] sommes une minorité - et personne ne parle pour nous - chaque fois que nos gens font quelque chose d'incorrect, la GRC semble toujours avoir recours à une force excessive. Et cela doit cesser. Ça suffit », a déclaré Adam lors d'une conférence de presse à Fort McMurray. L'organisme de surveillance de la police de l'Alberta a été chargé d'enquêter.

La brutalité policière et la mort aux mains de policiers de membres des peuples autochtones sont des crimes sur lesquels le Canada a été fondé et qui se poursuivent encore aujourd'hui. Plus récemment, il y a eu des descentes policières chez les défenseurs de la  terre des Wet'suwet'en, et avant cela, les sièges par la police et l'armée à Oka, au Québec, au lac Gustafsen en Colombie-Britannique et à Ipperwash, en Ontario, où Dudley George a été tué par balle par la police. Il y a les « tournées des étoiles » par les policiers de Saskatoon, qui conduisent des hommes autochtones hors des limites de la ville et les laissent mourir par temps glacial. Il y a aussi les sévices sexuels infligés aux femmes autochtones par la Sûreté du Québec à Val-d'Or, et l'indifférence cruelle du gouvernement du Canada et des services de police face à la détresse des femmes et des filles autochtones disparues à travers le pays.

Les Canadiens se sont toujours opposés aux attaques racistes organisées par l'État sous toutes leurs formes, qu'il s'agisse des mesures d'immigration racistes, de l'incitation par la police et ses agents à des attaques racistes pour diviser le corps politique et blâmer le peuple pour le racisme, ou les tentatives de nier aux peuples autochtones leurs droits ancestraux et issus de traités, et même leur droit d'être. C'est dans cet esprit que les gens partout au Canada manifestent et s'organisent pour changer la situation, tout en se tenant côte à côte avec ceux qui aux États-Unis et dans le monde entier luttent également pour s'investir du pouvoir de décider et défendre les droits de tous.

Ottawa, Ontario



Plus de 15 000 personnes sont descendues dans les rues d'Ottawa le 5 juin 2020 et ont manifesté devant l'ambassade des États-Unis (en haut) et sur la Colline du Parlement.

Halifax, Nouvelle-Écosse



Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard

Montréal, Québec




Toronto, Ontario



Windsor, Ontario


Chatham-Kent, Ontario

Edmonton, Alberta


Calgary, Alberta



Vancouver, Colombie-Britannique



Prince George, Colombie-Britannique

Dans le monde

Rio De Janeiro, Brésil

Londres, Angleterre



Birmingham, Angleterre



Liverpool, Angleterre

Dublin, Irlande



Marseille, France

Berlin, Allemagne


Pologne



Helsinki, Finlande

Reykjavik, Islande


Zurich, Suisse


Portugal

Italie


Athènes, Grèce


Haïfa, Palestine



Dakar, Sénégal


Abuja, Nigéria


Perth, Australie


Sydney, Australie

Nouvelle-Zélande

(Photos: LML, MN DoT, T. Phan-Quang, Fight Back! News, Unicorn Riot, W. Harmon, L. Tran, C. Olsen, T.A. Crews, B. Sigal, redfishstream, Fibonacci Blue, T. Eytan, Gorilla Warfare, T. Nicholas, D. Cram, @MomsDemandFan, PRIndependence.org, D. Vila, D. Altshuler, P. Becker, A. Azikiwe, Guettarda, Chicago Race Riot of 1919 Commemoration Project, J. Grove, L.C. Dupard, @MsHardy777, N. Shockey, Caylin, P. Roeder, L.E. Nystrom, A. Diaz, M. Barbee, J. Friedman, C. Lyon, M. Polidore, Mike C., Progress Now AZ, D. Arauz, Jurban, Shumesa, H. Sheil, C. Burns, A. Harrison, International Wisdom Truth Freedom, V.P. Szigeti, S. Steinbach, M. Reinoso, Storeal, J.F. Muzzin, D. Canniff, J. Chalifoux, Go to Van, H. Mattar, W. Ayyoub, Brasil de Fato, S. Malik, D. Maddock, G. Sweeney, M. Louisa, L. Lenz, xomargolox, eldineet, S. Sharp, bigfloater, Cath, Vittoria, No Borders. J. Potash, Xinhua)

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