La corruption gouvernementale dépasse les bornes
Une enquête de CBC News intitulée « The Big
Spend » a révélé que des milliards de dollars
d'aide fédérale liée à la pandémie sont allés à
des entreprises qui réalisent ce que la CBC
appelle des « profits considérables ». Bon
nombre d'entreprises qui reçoivent une partie de
l'aide de 240 milliards de dollars liée à la
pandémie distribuent en même temps des dividendes
aux actionnaires, donnent des options d'achat
d'actions aux dirigeants et continuent
d'exproprier la valeur ajoutée de la nouvelle
valeur que produisent leurs travailleurs. Cette
corruption flagrante de payer les riches est
maintenant considérée comme « normale » et «
un droit » de faire des affaires au Canada.
Un reportage de la
série porte sur la Subvention salariale d'urgence
du Canada (SSUC). Jusqu'en décembre, 50
milliards de dollars ont été remis à
environ 356 000 entreprises par le biais
de la SSUC pour payer les salaires de leurs
employés. Le programme a été prolongé jusqu'à
l'année prochaine et le total des paiements
devrait dépasser 100 milliards de dollars.
Selon le gouvernement, cet argent était destiné à
aider les petits commerces de détail et autres
entreprises à conserver l'emploi de leurs
travailleurs. Les petits détaillants en
particulier risquent de faire faillite car les
confinements forcés dus à la COVID-19 les ont
durement frappés. Cependant, bon nombre des plus
puissants cartels mondiaux l'utilisent comme un
stratagème pour payer les riches, créant une
arnaque aux proportions inégalées.
La majorité des entreprises qui bénéficient de la
subvention salariale ne sont pas cotées en bourse
et, selon le droit de propriété privée, n'ont pas
à publier leurs états financiers. Selon CBC News,
il n'y a pratiquement pas d'information accessible
au public « sur les entreprises qui ont reçu de
l'argent, combien elles en ont reçu ou ce qu'elles
en ont fait. Seules les entreprises cotées en
bourse doivent divulguer leurs états
financiers. »
Sur les milliers qui reçoivent des subventions,
CBC News n'a pu identifier que 213
entreprises parce qu'elles sont cotées à la Bourse
de Toronto. Ces entreprises ont indiqué avoir reçu
des paiements de la SSUC dans leurs documents
publics.
« Même avec leurs états financiers, il est
impossible pour des comptables extérieurs à
l'entreprise de déterminer combien de travailleurs
ont été aidés par la subvention », écrit CBC
News qui affirme que le gouvernement Trudeau a été
très peu coopérant pour ce qui est d'obtenir des
informations détaillées.
Selon les chiffres officiels du gouvernement, qui
n'identifient pas les entreprises, un total de 380
entreprises ont reçu plus de 5 millions de
dollars chacune en soutien de la SSUC, tandis que
près de 3 500 entreprises ont reçu
entre 1 et 5 millions de dollars. Le
plus grand bénéficiaire de la SSUC parmi ceux qui
ont déclaré publiquement leurs états financiers
est Air Canada, qui a déclaré jusqu'à
présent 492 millions de dollars en
subventions salariales. L'Imperiale (Imperial Oil)
est la deuxième avec 120 millions de dollars.
Le fabricant mondial de pièces automobiles Linamar
arrive au troisième rang avec 108,06 millions
de dollars. Les 20 principaux bénéficiaires
cotés en bourse de fonds provenant de la SSUC qui
ont été identifiés par CBC News ont jusqu'à
présent reçu une aide gouvernementale totale
de 1,693 milliard de dollars. Parmi les
entreprises bénéficiaires identifiées, 32 ont
reçu plus de 20 millions de dollars chacune.
Cinquante-trois entreprises ont reçu plus
de 10 millions de dollars chacune du
programme de la SSUC. Ces 53 entreprises ont
en même temps, « distribué collectivement près
de 2 milliards de dollars aux actionnaires
entre avril et septembre ». Au moins sept de
ces entreprises ont également archeté des actions
cet été pour augmenter le cours de leurs actions,
tandis que d'autres ont distribué des options
d'achat d'actions aux dirigeants.
Treize des entreprises identifiées comme recevant
des subventions ont augmenté leur revenu net
depuis le début de l'année, pendant la pandémie,
par rapport à 2019. Ces treize incluent
Leon's, qui a reçu 32 millions de dollars de
la SSUC et Extendicare qui a empoché 82,2
millions de dollars. Extendicare est l'un des plus
grands opérateurs privés et à but lucratif de
soins de longue durée et à domicile au Canada,
avec plus de 23 000 travailleurs.
Extendicare et Sienna Senior Living Inc., une
autre société privée de soins de longue durée, ont
reçu plus de 157 millions de dollars en
argent fédéral et provincial lié à la COVID-19
pour payer les riches. Tout en recevant ces fonds
publics, elles ont transféré un total combiné
de 74 millions de dollars en dividendes à
leurs actionnaires. « Pendant ce temps, rapporte
CBC, plus de 480 résidents et employés sont
morts de la COVID-19 dans les résidences de soins
de ces entreprises en Ontario. »
L'entreprise de
services d'entretien d'immeubles GDI, qui a
reçu 29,4 millions de dollars de la SSUC,
compte plus de 20 000 travailleurs au
Canada et aux États-Unis. La société « prospère
dans un contexte de demande accrue de services de
nettoyage », rapporte CBC News. Le revenu
brut de la société a augmenté de plus
de 10 % pendant la pandémie, avec un «
revenu trimestriel record » en juillet, août
et septembre 2020. GDI a déclaré un profit
net en hausse de plus de 300 % par
rapport à l'année dernière et le cours de ses
actions a « atteint un record absolu ».
Malgré toutes ces « bonnes nouvelles », le
gouvernement lui a donné près de 30 millions
de dollars « pour aider à payer les salaires de
ses employés ».
Des milliards de dollars du programme d'aide du
gouvernement lié à la pandémie vont aux
entreprises dont les profits sont en hausse,
malgré le ralentissement économique général et
l'effondrement de milliers de petites entreprises,
le chômage massif et les problèmes sociaux. Le
gouvernement aura versé plus de 100 milliards
de dollars aux termes de la SSUC d'ici la fin du
programme l'an prochain. Il dit que ce programme
est destiné à aider les entreprises qui luttent
pour garder les employés sur leur liste de paie,
mais refuse de donner des détails spécifiques sur
les entreprises et le nombre de travailleurs
concernés. CBC News affirme que l'Agence du revenu
du Canada, qui administre la SSUC, refuse toujours
de divulguer les noms des bénéficiaires du
programme et de donner plus de détails, et que la
ministre fédérale du Revenu Diane Lebouthillier et
la ministre des Finances et vice-première ministre
Chrystia Freeland refusent de répondre aux
questions au sujet du programme.
Sous prétexte d'aider les travailleurs à
conserver leur emploi et à empêcher la faillite
des petites entreprises, le gouvernement a
distribué des milliards de dollars dans des
stratagèmes pour payer les riches tout en gardant
les détails secrets. La corruption des
gouvernements au Canada dépasse les bornes; ils se
livrent à ces pratiques malgré la très grande
demande du côté des besoins de la population. Les
oligarques mondiaux et leurs intérêts privés
décident du scénario à suivre et les gouvernements
ne font que l'exécuter. Les médias monopolisés
garantissent que le peuple n'entend pas parler de
la résistance, il entend seulement parler des
luttes intestines des riches pour savoir qui
contrôle les institutions de l'État et comment le
butin est divisé.
Seuls les travailleurs mobilisés politiquement
peuvent mettre fin à la corruption avant qu'elle
ne détruise le Canada et le monde entier dans des
crises et des guerres sans fin.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 86 - 19 décembre 2020
Lien de l'article:
La corruption gouvernementale dépasse les bornes
Site Web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|