Loi fédérale sur la
responsabilité de 2006
Le gouvernement Harper échoue à rétablir la confiance dans les institutions démocratiques
- Mémoire du PMLC -
Soumis au Comité permanent du Sénat sur les
Affaires juridiques et constitutionnelles le 7
septembre 2006
L'honorable sénateur Donald H. Oliver,
président du Comité permanent du Sénat sur les
Affaires juridiques et constitutionnelles
Monsieur le président et membres du Comité,
Le projet de loi C-2, Loi fédérale sur la
responsabilité, a pour objectif déclaré d'«
améliorer la confiance des Canadiens à l'égard de
leur gouvernement et des représentants qu'ils ont
élus ». La confiance des citoyens a été
ébranlée par les scandales qui ont mené à la
Commission Gomery, nous dit-on, et le projet de
loi C-2 ferait en sorte que cela ne se répète pas.
Le projet de loi s'intéresse notamment à modifier
la Loi électorale du Canada. Le présent
mémoire discute de certaines de ces modifications
et donne les raisons pour lesquelles elles
n'atteindront pas le but professé.
* * *
Le matériel de référence publié par le
gouvernement Harper sur la Loi sur la
responsabilité cite la réforme du
financement des partis politiques comme un des
éléments clés, la plaçant dans le contexte
suivant : « La Loi électorale du Canada
réglemente les contributions aux campagnes
électorales et le financement des candidats et des
partis politiques au Canada. La Loi assure la
transparence et réglemente les activités et
relations financières des partis politiques et des
candidats. Il faut cependant faire davantage pour
ramener la confiance du public dans l'intégrité du
processus démocratique et veiller à ce que
l'influence ne puisse s'acheter avec des
contributions politiques. Les contributions des
sociétés, des syndicats et des organisations sont
particulièrement préoccupantes, car, à l'heure
actuelle, celles-ci peuvent provenir de sources
inconnues. »
Le gouvernement explique qu'en ce qui concerne le
financement politique, le but de la Loi sur la
responsabilité est de « renforcer les lois
qui régissent le financement des partis politiques
et des candidats pour réduire la possibilité que
des gens exercent une influence en versant des
contributions importantes ». Le gouvernement
Harper présente les modifications à la Loi
électorale du Canada comme un moyen «
d'accroître la transparence, de réduire la
possibilité d'influencer les politiciens en leur
versant des contributions et d'aider les
Canadiennes et les Canadiens à avoir davantage
confiance dans l'intégrité du processus
démocratique ». De plus, il affirme que les
changements « placeront les donateurs sur un pied
d'égalité et inciteront les partis politiques à
faire participer plus directement
l'électorat. »
Il va de soi, donc, que notre devoir est
d'examiner les changements proposés pour voir
s'ils permettront d'atteindre l'objectif visé et
de tirer les conclusions qui s'imposent.
Après avoir examiné ces changements, nous sommes
d'avis qu'ils ne permettront pas d'atteindre
l'objectif visé. Entre autres, il y a le fait
qu'il n'y a pas eu de délibérations sur ce qui a
mené au scandale des commandites. Il n'est pas
suffisant de déterminer quels méfaits ont été
commis, ni même d'en décrire certains et
d'attribuer la faute dans les cas soumis à
l'examen. Blâme et responsabilité ne sont pas
synonymes. Pensons aux deux pilotes américains qui
ont été trouvés en faute et qui ont été blâmés
pour la mort de quatre soldats canadiens dans
l'incident des « tirs amicaux ». Qui en porte
la responsabilité ? Pourquoi des soldats
canadiens continuent-ils de se faire tuer par des
« tirs amicaux » ?
En ce qui concerne l'enquête sur le Programme des
Commandites, si on a révélé comment des fonds
publics se sont retrouvés dans les coffres du
Parti libéral, on ne s'est pas attaqué à la raison
pour laquelle ces choses se produisent. On ne
s'est pas penché sur le fait que certains partis
politiques ont un besoin désespéré d'argent en
général et sur ce qui a mené un parti établi
depuis longtemps au Canada à voler des fonds du
trésor public. Autrement dit, on n'a pas examiné
la crise dans laquelle est plongé le système de
démocratie représentative dominé par les partis ou
d'un processus électoral conçu pour porter au
pouvoir des partis politiques. On n'a pas cru bon
d'examiner pourquoi les citoyens se sentent
impuissants et à l'écart et comment ils sont
réduits au statut de masse votante. L'affaire a
été confinée à l'existence de personnes sans
scrupules au sein du Parti libéral et dans la
fonction publique, à des lacunes du processus
administratif et à l'absence d'un mécanisme de
supervision adéquat.
La pratique, la norme ou le code de conduite de
la responsabilité ministérielle qui avait court il
n'y a pas très longtemps en tant que mécanisme de
responsabilisation a tout simplement été écarté.
Les conséquences pour le corps politique ne sont
même pas examinées. Les citoyens, les membres des
partis politiques pris individuellement et les
partis politiques eux-mêmes, les députés, les
fonctionnaires -- tous sont placés dans la
position intenable de ne pas savoir ce qui les
attend. De nouvelles lois sont adoptées sans
délibérations dignes du nom et sont passées à
toute vapeur pour avancer des intérêts partisans
en usant de sophismes, comme par exemple : Le
but est la responsabilisation, la transparence,
changer la façon de faire du gouvernement. C'est
ce que vont accomplir ces changements. Ce sont de
bons changements parce que le but est bon et que
les Canadiens le veulent. Alors quiconque s'oppose
à ces changements s'opposent à ce que les
Canadiens veulent.
À notre avis, les mesures prévues par le projet
de loi et la façon dont elles sont discutées
montrent que l'objectif n'est pas sérieux. Il n'a
qu'une valeur de propagande. Qui décide de
l'objectif et que doit être cet objectif n'est pas
discuté ni approuvé, mais pris comme une vertu.
On prétend ensuite que la solution à un problème
sérieux est d'accroître la réglementation
régissant les partis politiques et la surveillance
et l'imputabilité des élus et des fonctionnaires.
Le contexte
Durant l'enquête de la Commission
Gomery, il est ressorti que le programme des
commandites avait été conçu lors d'une retraite
fermée du cabinet du Parti libéral le 1er et
le 2 février 1996. L'objet principal des
délibérations à cette rencontre était un rapport
contenant des recommandations sur l'unité
nationale préparé par le ministre des Affaires
intergouvernementales, Marcel Masse. Le rapport
recommandait entre autres « le renforcement de
l'organisation du Parti libéral du Canada au
Québec », c'est-à-dire « l'embauche
d'organisateurs, la recherche de candidats,
l'identification des circonscriptions pouvant être
gagnées aux prochaines élections fédérales et
l'utilisation des techniques politiques les plus
modernes pour atteindre l'électorat ciblé ».
D'autres recommandations portaient sur «
l'accroissement de la présence fédérale au
Québec », qui est devenu synonyme d'ingérence
et d'interférence dans les affaires politiques du
peuple québécois, souvent de façon illégale, comme
l'organisation de la « manifestation pour l'unité
nationale » à Montréal durant le référendum
de 1995.
C'est le fait que, pour le cabinet fédéral, la
solution à la crise constitutionnelle du Canada
était de faire élire des libéraux au Québec, et
qu'il a décidé de le faire à tout prix, de pair
avec le refus du gouvernement du Canada de
reconnaître le droit du peuple québécois à
l'autodétermination, y compris à la sécession s'il
le désire, qui a mené à ce qu'on a appelé le
scandale des commandites. Il s'en est suivi un
régime bien rodé de pots-de-vin par lequel des
fonds ont été acheminés dans les coffres du Parti
libéral et des campagnes électorales ont été
financées en infraction à la loi.
À ce jour, les faits reliés à cette affaire n'ont
pas été entièrement enquêtés et personne n'a été
tenu responsable d'infractions à la Loi des
élections du Canada. Comment croire, dans
ces conditions, que les politiciens seront tenus
responsables à l'avenir. Le Parti libéral s'est
absout en expulsant quelques membres et en
remboursant l'État pour l'argent qu'il a reçu par
des contrats gouvernementaux qu'on sait être issus
de pots-de-vin. Le fait que, pour rembourser les
contribuables, le Parti libéral ait utilisé des
fonds publics obtenus en conséquence de campagnes
électorales menées en contravention à la loi n'est
pas considéré comme une préoccupation valable.
L'idée que ce serait l'absence de loi le
problème
Pour ce qui est du financement
politique, la solution proposée avec la Loi
fédérale sur la responsabilité, pour qui il
s'agit uniquement d'un problème de « loi et
ordre », est d'instituer d'autres lois, de
multiplier les restrictions sur les dons aux
partis politiques et de prolonger la période
durant laquelle des poursuites peuvent être
entamées. La clé, selon le premier ministre, est
de « renforcer la loi ». Il préconise la même
approche pour ce qui est des infractions dans la
fonction publique.
Le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC)
trouve absurde l'idée que le problème soit
l'absence de loi. Par exemple, dans une des notes
explicatives de la loi sur la responsabilité il
est question d'« interdire les contributions
secrètes aux candidats ». Par définition, une
« contribution secrète » est une contribution
qui est inconnue, alors l'idée de les interdire
est ridicule. Les actes qui sont à l'origine du
scandale des commandites n'ont pas été posés grâce
à l'absence de loi, ils ont été commis en
contravention à la loi, et ce, impunément et
pendant de longues années. Les faits démontrent
que, par le programme des commandites, les
représentants du Parti libéral ont enfreint des
lois déjà en place dans leurs tentatives de
manipuler les résultats d'élections au Québec en
essayant de contourner la loi électorale.
Une des modifications proposées à la Loi
électorale du Canada est que les
contributions en argent comptant
dépassant 20 $ deviennent illégales et
qu'un reçu soit émis pour toutes les
contributions, en argent comptant ou autres,
de 20 $ et plus. L'image qui est restée
dans la tête de tout le monde avec le scandale des
commandites est celle de sacs d'argent échangés
dans des restaurants. Les députés et sénateurs ne
vont certainement pas croire qu'une telle
interdiction puisse empêcher l'utilisation
illicite de l'argent pour influencer les affaires
politiques à l'avenir. En fait, il s'agit d'une
approche unilatérale qui accroît la discrimination
envers les simples citoyens et leur participation
à l'établissement de partis politiques. Tant que
les élections demeurent essentiellement une
affaire d'argent, plutôt qu'un moyen d'habiliter
les citoyens à exercer un contrôle sur leur choix,
sur les élus et sur les gouvernements, ces
modifications ne font que faciliter la
concentration du pouvoir entre les mains d'un
nombre de plus en plus restreint d'individus, ce
qui en soi facilite la corruption, le favoritisme
et le copinage.
L'impact du projet de loi C-2 sur les
formations politiques : Violation du droit à
la liberté d'association
Lorsque les libéraux ont déposé le
projet de loi C-24, Loi modifiant la Loi
électorale du Canada et la Loi de l'impôt sur le
revenu (financement politique), le PMLC
avait soutenu que l'imposition de limites sur les
contributions faites à des partis politiques
enregistrés constitue une atteinte au droit à la
liberté d'association. La liberté d'association
est généralement comprise comme étant
l'interdiction de pénaliser les citoyens dans leur
effort pour établir une association de leur choix
dans la mesure où ladite association n'a pas pour
but de commettre des infractions à la loi. La
réalité du projet de loi C-2 est qu'un des
éléments de la liberté d'association, soit la
capacité de recueillir des fonds pour bâtir une
association, devient en soi un acte criminel.
L'individu qui contribue plus
de 1 000 $ à la caisse d'un parti
politique enregistré commettra une infraction à la
loi. Celui qui fait une contribution
de 21 $ en argent comptant ou qui
accepte une contribution de 21 $ en
argent comptant commettra une infraction à la loi.
Le régime de cotisations politiques mensuelles,
une vieille tradition pour les partis ouvriers,
sera illégal si la cotisation
dépasse 83,33 $ par mois.
La réforme interdira à des personnes de
recueillir de l'argent entre elles pour un
objectif politique commun, selon leurs conditions,
si elles participent aux élections en tant que
parti enregistré. Par exemple, si un parti
politique veut réaliser un projet qui requiert de
grandes sommes d'argent, comme établir une
institution éducative, il ne pourra pas faire
appel directement à la population pour des
contributions importantes. À l'heure où le rôle
des partis politiques au Canada est discrédité
plus que jamais, entre autres parce qu'ils sont
perçus comme de vulgaires machines électorales, le
projet de loi C-2 aura pour effet d'enraciner la
conception du parti politique en tant
qu'organisation qui ne fonctionne que comme une
machine servant à briguer des voix et qui, de
surcroît, est financé par le trésor public pour
chaque vote qu'il reçoit. Les médias font
présentement état de plaintes à propos du
processus de mise en candidature du Parti
conservateur et l'on voit quels problèmes
surgissent quand ceux qui contrôlent un parti
bafouent les désirs et les attentes des membres.
De plus, les limites sur les contributions
qu'impose le projet de loi C-2, comme le faisait
le projet de loi C-24, rendent maintenant illégaux
les moyens par lesquels les partis politiques
représentés à la Chambre des communes se sont
établis. Un nouveau parti politique ne pourra pas
recueillir des contributions politiques
importantes comme celles sollicitées par le Parti
conservateur (réformiste) auprès de l'industrie du
pétrole en Alberta, ou celles sollicitées par le
NPD auprès des syndicats. Il est intéressant de
noter à cet égard qu'avant l'entrée en vigueur des
limites sur les contributions des syndicats et des
sociétés, les libéraux discouraient sur l'«
apparence d'influence indue » créée lorsque
des contributions politiques importantes sont
faites et sur le besoin de transparence, alors que
le Parti libéral a accepté un don de 2
974 341,20 $ d'une société à
dénomination numérique. Le NPD, lui, a plus que
doublé les contributions qu'il recevait des dix
principaux contributeurs syndicaux par rapport à
l'année précédente. Cela montre bien la nature
intéressée de ce type de réformes électorales,
puisqu'elles vont à toutes fins pratiques bloquer
la formation d'une opposition politique aux partis
établis à la Chambre des communes et accroître les
querelles à l'intérieur et entre ces partis. Les
partis à la Chambre des communes se sont assurés
un financement perpétuel de l'État de plusieurs
millions de dollars, avec la formule de
subventions par votes obtenus. Ce financement de
l'État est à son tour utilisé comme garantie
contre des prêts bancaires et, étrangement, cette
dernière pratique n'est pas considérée comme une
forme détournée de financement par des sociétés
privées.
La différence entre réglementer les élections
et
réglementer les partis politiques
Durant les audiences du Sénat sur le
projet de loi C-2, il est ressorti que les
conservateurs n'ont pas rapporté les frais
d'admission au congrès de mars 2005 du Parti
conservateur en tant que contributions politiques.
Cet incident signale un développement politique
très significatif au Canada, un développement qui
est manifeste dans le projet de loi C-2 et dans le
projet de loi C-24 avant lui. Plus il y a de
nouveaux règlements régissant la conduite des
partis politiques enregistrés, plus s'efface la
distinction entre le rôle de l'État dans la
conduite des élections et le rôle de l'État dans
le contrôle des partis politiques. Le premier est
justifiable, nécessaire et en mal de renouveau
démocratique. Le second est inacceptable et
antidémocratique et rend ridicule toute notion de
liberté politique.
C'est sur un terrain dangereux qu'on s'avance
parce que l'établissement d'un pouvoir aussi
étendu de l'État sur le corps politique représente
un État policier en devenir. L'incident à propos
des frais d'admission au congrès du Parti
conservateur a certainement fait ressortir
l'ampleur de la subordination des affaires
internes des partis politiques à la réglementation
de l'État et qu'une affaire politique tout à fait
routinière devient tout à coup un acte suspect, un
délit potentiel ou réel.
L'État peut en toute légitimité réglementer les
élections. Il a le devoir et la responsabilité de
garantir que tous les citoyens, quel que soit leur
richesse, puissent exercer leur droit d'élire et
d'être élu. Il a le devoir de garantir que les
élections aient lieu dans des conditions où les
citoyens puissent délibérer sans restriction de
l'avenir de leur société, de sélectionner et
d'élire des candidats issus de leur milieu,
d'établir l'ordre du jour et d'élire leur
gouvernement. Il faut munir le Canada de telles
lois électorales et mettre fin à l'exclusivité
présentement accordée aux partis politiques dans
les élections et les affaires du gouvernement.
Une distinction entre le financement des partis
politiques et des candidats et le financement des
élections
Si la distinction entre la
réglementation des partis politiques et la
réglementation des élections est de plus en plus
effacée, celle entre le financement du processus
électoral et le financement des partis politiques
l'est aussi.
Au Canada, la législation actuelle est censée
garantir la tenue d'élections « libres et
équitables » par un régime de limites sur les
dépenses électorales et, plus récemment, sur les
contributions politiques. Ce régime est hors de
contrôle et contraire à la liberté politique parce
que 1) les campagnes électorales n'ont plus
ni début, ni fin; 2) l'argent requis pour
concurrencer dans une élection, même avec des «
limites de dépenses », est hors de la portée
de quiconque n'est pas nanti ou lié à ceux qui
travaillent dans les coulisses du pouvoir pour le
compte des partis de l'establishment; 3) la
concurrence inhérente pousse les partis de
l'establishment à constamment tenter de se
surpasser, notamment en trouvant des échappatoires
dans la loi ou des moyens de la contourner;
et 4) la demande de contrôle de l'argent
dépensé par les partis politiques durant les
élections est devenue un cri de bataille pour le
contrôle des partis politiques eux-mêmes et des
personnes qui leur versent des contributions. Tout
en ne respectant pas la promesse de garantir « des
chances égales », le système de démocratie
représentative dominé par les partis crée une
énigme qui met en péril la notion même de liberté
d'association politique et les droits et libertés
politiques connexes. C'est ce qu'on voit entre
autres avec les restrictions sur les dépenses de «
tiers partis » qui ont pour tout effet
pratique de décourager la participation organisée
aux élections.
Les fonds publics doivent servir à financer la
sélection et l'élection des candidats par les
électeurs
Une des anomalies de l'évolution de la
législation électorale au Canada est que plus on
prétend reconnaître le droit de tous les membres
du corps politiques d'élire et d'être élus, plus
est renforcé le rôle des partis politiques en tant
qu'« organisations politiques primaires »
plutôt que d'habiliter les citoyens à exercer
leurs droits politiques. La Loi électorale est
ainsi devenue une loi habilitant des partis
politiques privilégiés, plutôt que d'habiliter
tous les membres du corps politique à participer à
la gouvernance. Le gouvernement par décrets
exécutifs est une extension de ce phénomène. Ni la
Chambre des communes ni le Sénat ne peut délibérer
des projets de loi de façon responsable et avec le
temps voulu. Pour leur part, les députés n'ont pas
le pouvoir d'établir l'ordre du jour du
gouvernement et les membres des partis ont de
moins en moins de contrôle sur leur parti.
Le PMLC est d'avis que l'État ne doit financer
personne : il doit financer le processus de
sélection des candidats. Tous ceux et celles qui
désirent être candidat ou candidate à une élection
passent d'abord par la sélection et l'État finance
tout le processus. Cela veut dire que ce serait la
responsabilité de comités de circonscription non
partisans, établis sous le contrôle d'une
commission électorale, de s'assurer du bon
fonctionnement du processus de sélection.
Ces comités assumeraient la responsabilité de
fournir l'information nécessaire concernant tous
les candidats à l'ensemble de l'électorat. Ils
auraient la responsabilité d'organiser des débats
et des assemblées auxquels sont invités à
participer tous les candidats qui se présentent à
la sélection. Si les travailleurs dans une usine
ou d'autres endroits de travail désirent
sélectionner un des leurs pour les représenter à
l'élection, les moyens de le faire doivent être
mis à leur disposition. Ceux qui sont choisis par
les partis politiques doivent aussi passer par
cette étape du processus électoral. Les électeurs
d'une circonscription sélectionneraient pas plus
de trois personnes comme candidats à l'élection.
Les membres d'un parti politique seraient égaux à
tous les autres qui se présentent.
La prochaine étape du processus électoral se
ferait dans le même ordre de choses : des
fonds publics serviraient à fournir aux électeurs
toute l'information nécessaire pour faire un choix
informé. Qu'un candidat ait de l'argent ou non,
qu'il soit d'accord non avec les vues d'un parti
politique particulier, il a les mêmes possibilités
de se présenter aux élections. Ce n'est que si le
processus de sélection est financé par des fonds
publics et qu'aucun fonds public n'est mis à la
disposition de groupes d'intérêts particuliers, y
compris les partis politiques, que cela peut se
faire.
Il n'y aurait pas de raison d'avoir des lois qui
s'immiscent dans le fonctionnement des partis
politiques si les fonds publics servaient à
financer le processus électoral. Par exemple, une
des justifications données pour réglementer et
contrôler les courses à la chefferie des partis
politiques est que le chef du parti pourrait
devenir le premier ministre à cause de la place
actuelle des partis politiques dans le système. Si
on habilite les citoyens à exercer leur droit de
sélectionner et d'élire, le gouvernement serait
formé par des députés à qui on a confié la tâche
de gouverner le pays suivant la volonté de la
majorité, et le premier ministre et les autres
ministres seraient élus par eux.
Conclusion
Il y a un peu plus de deux ans et demi,
un régime de financement politique a été institué
qui finance les partis en leur donnant des
subventions en fonction du nombre de votes et
établit des limites sur les contributions
politiques. Ce régime en place n'a pas amélioré la
perception qu'ont les citoyens de l'intégrité et
de l'honnêteté du système parce qu'il n'a
substantiellement rien changé au rapport entre les
partis politiques, leur rôle dans le corps
politique et la marginalisation des électeurs par
le système de gouvernement de parti. La clé
est-elle le 4 000 $ de différence
entre les limites imposées par les libéraux et
celles imposées par les conservateurs ?
Prétendre que changer les limites des
contributions de 4 000 $ et
éliminer les contributions des sociétés et des
syndicats (quand on sait déjà qu'il y a mille et
une façons de contourner cette restriction) feront
la différence, c'est pousser à l'absurde le
concept de réforme. La véritable réforme
démocratique commence avec la proposition du PMLC
que le gouvernement finance le processus
politique, pas les partis politiques.
Comme l'a indiqué le PMLC lorsque le projet de
loi C-24 a été adopté, chaque réforme de la Loi
électorale du Canada n'a fait qu'exacerber
la crise du système de gouvernement de parti. Il
est évident qu'il en sera encore ainsi avec la Loi
fédérale sur la responsabilité et les
modifications qu'elle apporte à la Loi électorale.
Ces modifications sont encore du genre à accroître
la concentration du pouvoir entre les mains de
quelques-uns. Le résultat sera le contraire de ce
que les Canadiens veulent.
Le PMLC croit que les sénateurs doivent s'assurer
que les modifications proposées à la loi fassent
l'objet de délibérations adéquates auprès de ceux
qui ont des choses à dire et aussi longtemps qu'il
le faudra. Sans discuter du but visé et sans tirer
les conclusions qui s'imposent, comment juger des
changements proposés et comment déterminer s'ils
atteindront l'objectif visé ? Ce problème ne
disparaîtra pas. Il serait préférable de s'y
attaquer maintenant, avec tout le temps qu'il
faut, que d'espérer en vain qu'il disparaisse en
sanctionnant un projet de loi mal conçu.
(LML 8 septembre 2006)
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 85 - 16 décembre 2020
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