30e anniversaire du Forum des
citoyens sur l'avenir du Canada
La classe dominante tourne le dos aux conclusions de la Commission Spicer à ses risques et périls
Il y a trente ans, le 1er
novembre 1990, le gouvernement fédéral
annonçait la création de la Commission Spicer,
officiellement connue sous le nom de Forum des
citoyens sur l'avenir du Canada. Au cours
des audiences publiques, la Commission Spicer a
entendu les points de vue de plus de 400 000
Canadiens qui ont été présentés dans le Rapport
à la population et au gouvernement du Canada.
Les opinions exprimées par les Canadiens à
la Commission Spicer étaient très importantes, car
c'était pour eux une rare occasion de s'exprimer à
un moment où le mécontentement envers le
gouvernement, le parlement, les partis politiques,
les politiciens et même des syndicats était à son
comble. Les gens voulaient des changements dans la
façon de faire les choses et ils voulaient que ces
changements leur soient favorables plutôt que des
changements qui favorisent ceux qui sont en
position de pouvoir et de privilège. Ils avaient
amplement de choses à dire et l'ont dit sans
hésitation à la Commission.
Entre autres choses, les Canadiens ont dit qu'il
y avait des lacunes dans le processus politique.
Au sujet de la Commission Spicer, le dirigeant du
PCC(M-L) Hardial Bains a écrit :
« Les Canadiennes et les Canadiens réclament des
changements qui reflètent la maturation d'un
peuple et d'un pays. Ils sont profondément
conscients de l'absence de respect des normes les
plus élémentaires de responsabilité des élus
envers le peuple. Cette capacité de concevoir le
manque, d'abstraire ce qui n'est pas et de saisir
ce qu'il faut faire pour combler un besoin, est
sans doute l'indice le plus important de la
maturation du Canada. »
Loin de prêter attention à ce que les Canadiens
leur disaient, les cercles dirigeants du Canada
ont tout fait pour cacher sous le tapis cette
conscience collective des Canadiens. Ils se sont
lancés dans un vaste programme de destruction de
la nation pour anéantir toutes les réalisations de
la société et du peuple. Loin de renoncer à leurs
positions privilégiées, ils ont utilisé ces
positions pour concentrer de plus en plus de
pouvoir entre leurs propres mains. Cela a rendu le
processus électoral plus en plus antidémocratique
au point que dire que ce processus confère au
gouvernement le consentement des gouvernés n'a
aucun sens.
En même temps, un peuple ne renonce pas à ses
réalisations collectives, surtout pas parce que
des dirigeants corrompus lui disent de le faire.
Il s'appuie sur ces réalisations. Il apprend à
défendre ce qui lui appartient de droit. Il
persiste à trouver des solutions pour aller de
l'avant et lorsqu'il voit comment contribuer à la
solution, il le fait sans hésitation.
Les points de vue et les aspirations exprimés à
la Commission Spicer n'ont pas conduit à des
réformes du processus politique qui répondent aux
aspirations des Canadiens et aux exigences d'une
société moderne qui reconnaît et garantit la
souveraineté du peuple. Cela signifie que le
pouvoir de décision doit être entre les mains du
peuple et cela demeure l'objectif des luttes que
mènent les travailleurs d'un océan à l'autre.
C'est ce qu'ils continuent de vouloir.
Aujourd'hui, dans tout le pays, les travailleurs
sont en première ligne pour s'assurer que la
pandémie de COVID-19, que le gouvernement utilise
comme une occasion d'enrichir les riches, ne
bouleverse pas leur vie. Dans leur lutte contre
l'offensive antisociale, ils sont de plus en plus
conscients de la nécessité de nouveaux
arrangements – d'institutions et de lois qui
garantissent leurs droits. Les travailleurs
reconnaissent que les injustices et les inégalités
ne sont pas le fait de quelques éléments corrompus
ou de mauvaises politiques, mais qu'elles font
partie intégrante d'un pouvoir, d'un appareil
d'État et d'institutions étatiques qui divisent la
société entre ceux qui sont riches et privilégiés
qui affirment que leur destin est de gouverner et
de s'enrichir et ceux qui sont dirigés de manière
à les priver de pouvoir et à la merci des riches.
L'anniversaire de la Commission Spicer intervient
à un moment où les libéraux de Trudeau et toutes
les forces réactionnaires tentent de diviser le
corps politique comme jamais auparavant afin
d'imposer leur diktat et de maintenir les
Canadiens esclaves des arrangements obsolètes du
XIXe siècle appelés démocratie libérale. Le but de
leur politique est que l'ensemble de la société se
soumette aux riches dans leur quête de richesses.
Cela montre que les Canadiens doivent intensifier
leurs luttes pour affirmer leur souveraineté et
renouveler les institutions démocratiques afin de
conjurer les dangers qui les menacent et mettre
fin à la destruction nationale.
La classe dominante tourne le dos aux conclusions
de la Commission Spicer à ses propres risques et
périls. La voie de la destruction qu'elle poursuit
montre qu'elle est inapte à gouverner. Les
Canadiens ne resteront pas sans rien faire alors
que les élites dirigeantes ont choisi une voie
dangereuse pour le peuple et son environnement
social et naturel.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 85 - 16 décembre 2020
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