Important anniversaire

Le 200e anniversaire de naissance de Friedrich Engels

Deux cents ans d'histoire se sont écoulés depuis la naissance de Friedrich Engels le 28 novembre 1820 à Barmen, en Allemagne. Malgré le passage de tant de temps et d'événements, les actions et la pensée révolutionnaires de Friedrich Engels sont aujourd'hui présentes comme un guide pour l'action pour régler les comptes avec la vieille conscience de la société et permettre la naissance de la personnalité démocratique moderne.

Le Manifeste du Parti communiste, écrit par Friedrich Engels et Karl Marx en 1848, présentait le communisme au monde comme la condition nécessaire pour accomplir l'émancipation de la classe ouvrière. Friedrich Engels a consacré toute sa vie à l'avancement du mouvement de la classe ouvrière. Malgré les attaques incessantes contre sa personne par des personnalités politiques et les États allemands, français et autres, il a démontré en pratique, comme l'a dit Hardial Bains lors de la conférence tenue à l'occasion du 100e anniversaire de la mort d'Engels en 1995, que : « Le communisme ne peut pas être soumis par l'intimidation, il ne peut avoir peur des piqûres d'épingle. Il doit attirer les meilleurs esprits de notre époque, comme il l'a fait dans le passé. Il doit présenter à la classe ouvrière ce qu'il y a de mieux dans tous les domaines. Il doit ouvrir un avenir pour les êtres humains et non pour les anges. Il doit créer une société que les êtres humains veulent, pas la perfection, pas un monde imaginaire. La société à créer est celle que la classe ouvrière doit créer pour elle-même, un monde où elle ne fera plus face à l'humiliation, à l'avilissement et aux crimes des oppresseurs. La classe ouvrière doit créer une société dans laquelle l'humanité ne fait pas face aux guerres, aux maladies, à la pauvreté et à la marginalisation. »

Engels a commencé son oeuvre politique pour le communisme avec Marx en réglant leurs comptes avec leur conscience philosophique d'autrefois. Ils l'ont fait pour hisser le drapeau de la classe ouvrière dans les conditions sociales de l'époque et les exigences de la pratique révolutionnaire. En réglant leurs comptes avec leur conscience d'autrefois, ils ont cherché à se donner, ainsi qu'à la classe ouvrière, un manifeste qui les guiderait dans la vie, leur permettrait d'engager des actions fondées sur l'analyse qui ouvriraient une voie pour le Nouveau et contribuerait à l'émancipation de la classe ouvrière.

Engels explique le règlement de comptes avec leur conscience philosophique d'autrefois dans son ouvrage Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande. Pour régler les comptes, il a fallu, entre autres, tourner à l'envers la philosophie idéaliste du grand philosophe allemand Friedrich Hegel pour la remettre sur ses pieds et développer dans la pratique la philosophie du matérialisme dialectique et historique. Engels écrit :

« [...] cette philosophie dialectique dissout toutes les notions de vérité absolue définitive et d'états absolus de l'humanité qui y correspondent. II ne subsiste rien de définitif, d'absolu, de sacré devant elle; elle montre la caducité de toutes choses et en toutes choses, et rien ne subsiste devant elle que le processus ininterrompu du devenir et du périr, de l'ascension sans fin de l'inférieur au supérieur, dont elle n'est elle-même que le reflet dans le cerveau pensant. Elle a, il est vrai, également son côté conservateur; elle reconnaît la légitimité de certaines étapes du développement de la connaissance et de la société pour leur époque et leurs conditions; mais elle ne va pas plus loin. Le conservatisme de cette manière de voir est relatif, son caractère révolutionnaire est absolu – le seul absolu, d'ailleurs, qu'elle laisse prévaloir.

« [...] on proclame comme étant la vérité absolue tout le contenu dogmatique du système de Hegel, ce qui est en contradiction avec sa méthode dialectique, qui dissout tout ce qui est dogmatique; voilà comment le côté révolutionnaire de la doctrine de Hegel est étouffé sous le foisonnement de son aspect conservateur. Et ce qui est vrai de la connaissance philosophique l'est également de la pratique historique. [...]

« Chez Hegel, le développement dialectique qui se manifeste dans la nature et dans l'histoire, c'est-à-dire l'enchaînement causal du progrès de l'inférieur au supérieur qui s'impose à travers tous les mouvements en zigzag et tous les reculs momentanés, n'est donc que le calque du mouvement autonome de l'Idée se poursuivant de toute éternité, on ne sait où, mais, en tout cas, indépendamment de tout cerveau humain pensant. C'était cette interversion idéologique qu'il s'agissait d'éliminer. [...]

« Nous conçûmes à nouveau, d'un point de vue matérialiste, les idées de notre cerveau comme étant les reflets des objets, au lieu de considérer les objets réels comme les reflets de tel ou tel degré de l'Idée absolue. De ce fait, la dialectique se réduisait à la science des lois générales du mouvement, tant du monde extérieur que de la pensée humaine – deux séries de lois identiques au fond, mais différentes dans leur expression en ce sens que le cerveau humain peut les appliquer consciemment, tandis que, dans la nature, et, jusqu'à présent, également dans la majeure partie de l'histoire humaine, elles ne se fraient leur chemin que d'une façon inconsciente, sous la forme de la nécessité extérieure, au milieu d'une série infinie de hasards apparents.

« Mais, du coup, la dialectique des idées ne devint que le simple reflet conscient du mouvement dialectique du monde réel et, ce faisant, la dialectique de Hegel fut totalement renversée, ou, plus exactement : elle se tenait sur la tête, on la remit de nouveau sur ses pieds. Et cette dialectique matérialiste, qui était depuis des années notre meilleur instrument de travail et notre arme la plus acérée, fut, chose remarquable, découverte à nouveau [...]. »

La conscience impérialiste obscurantiste affirme l'idée que toutes les choses et les relations sont immuables. L'élite dirigeante fait tout pour empêcher le peuple de construire une société nouvelle et de faire avancer l'émancipation de la classe ouvrière. Elle déclare qu'il n'y a pas d'alternative à son programme de payer les riches pour sortir des crises économiques récurrentes, quelles que soient les difficultés qu'elles causent pour les peuples et les guerres et la destruction des forces productives qu'elles déchaînent. L'oligarchie rejette l'ère moderne à laquelle elle est directement confrontée, une ère dans laquelle les êtres humains naissent en société et possèdent des droits en raison de leur qualité d'êtres humains, car cela détruirait les privilèges de classe des oligarques et leur paradis sur terre de puissance et de richesses privées immenses.

La philosophie dialectique, comme l'affirme Engels et comme le prouve la vie elle-même, est une répudiation catégorique de l'incapacité actuelle des impérialistes de répondre aux exigences de l'époque, ce qui les mène à avancer des théories en faillite sur la fin de l'histoire, la fin de l'idéologie et la fin de la science. La philosophie dialectique « dissout toutes les notions de vérité absolue définitive et d'états absolus de l'humanité qui y correspondent ». Le Nouveau doit naître et la classe ouvrière est la force sociale qui peut le faire naître consciemment par des actions organisées avec analyse.

Honorons l'héritage de Friedrich Engels en redoublant nos efforts pour bâtir les institutions de la classe ouvrière et renforcer sa conception du monde et sa conscience révolutionnaires pour accomplir sa mission historique d'ouvrir la voie de son émancipation.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 84 - 14 décembre 2020

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