La lutte pour les droits et le renouveau en Inde

La marche de masse des fermiers à Delhi entre dans sa troisième semaine


Rassemblement des fermiers qui campent au poste frontalier de Tikri à l'extérieur de Delhi à l'occasion de la Journée des droits de l'homme, le 10 décembre 2020

Des rapports de New Delhi indiquent que des millions de fermiers sont rassemblés à la frontière entre le Pendjab et Delhi. La ville est assiégée. Il y a un Mela (rassemblement) d'au moins 60 à 70 kilomètres de long sur la route Grand Trunk (autoroute nationale). « Ambiance très festive, Langar (cantine végétarienne), spectacles culturels, les gens veillent les uns sur les autres, des travailleurs de la santé sont là, les villages environnants fournissent des légumes, du lait, du ghee (beurre clarifié) et des produits de première nécessité », a écrit une personne. Des rapports indiquent que les fermiers sont équipés pour y rester pendant des mois si nécessaire. Un contingent de Nihang Sikhs – des guerriers sikhs à cheval – a également rejoint les fermiers. « Ils ont attaché leurs chevaux aux barricades et pratiquent leurs arts martiaux », écrit l'observateur.


Un contingent de Nihang Sikhs, des guerriers sikhs à cheval, s'est joint aux fermiers, le 10 décembre 2020.

Le Comité de coordination India Kisan Sangharsh (AIKSCC) a émis ce communiqué de presse le 9 décembre :

« Le Groupe de travail national de l'AIKCC a pris les décisions suivantes :

- L'AIKSCC se joint aux organisations de fermiers pour dénoncer et rejeter la soi-disant « nouvelle » proposition non sincère et arrogante du gouvernement central.

- L'AIKSCC lance une campagne nationale [Sarkaar ki Asli Majboori – Adani, Ambani, Jamakhori] pour dénoncer le gouvernement Modi.

- L'AIKSCC appelle les organisations de fermiers à organiser des manifestations continues. »




Depuis le 7 décembre, les postes frontaliers de Tikri, Singhu, comme plusieurs autres postes frontaliers, qui mènent à Delhi, sont bloqués par les manifestations des fermiers.

Plusieurs séries de pourparlers avec le gouvernement n'ont pas satisfait les revendications des fermiers. Auparavant, le gouvernement répétait son mantra que les « agriculteurs ne comprennent pas ». Maintenant, il dit qu'il examinera leurs revendications et fera quelques changements. Les fermiers veulent l'abrogation pure et simple des lois incriminées. Se référant à l'agriculture contractuelle que ces lois introduisent, les fermiers disent que « la Compagnie des Indes orientales est de retour ». Un jeune fermier a souligné qu'au cours des 10 dernières années, le prix minimum de soutien (MSP) du paddy (riz) a augmenté de 18 %, mais le coût des intrants a augmenté de 53 %. Un autre jeune fermier a déclaré : « Le chef et le négociant ont les mêmes lettres. Ces chefs de partis politiques sont devenus des négociants pour Mukesh Ambani et Gautam Adani. »

Les affiliés du parti au pouvoir et certains de ses dirigeants ont tenté d'inciter les gens contre les fermiers en disant que les fermiers sont des « Khalistanis », ce qu'ils assimilent au terrorisme. Mais les agriculteurs de l'Haryana, du Rajasthan, de l'Uttar Pradesh et d'autres endroits appellent les gens à ne pas se laisser distraire. Ils répondent en disant : « Si la lutte pour les droits fait de vous un Khalistani, alors nous sommes tous des Khalistanis. »

Le 5 décembre, des gens partout en Inde ont brûlé des effigies des oligarques Mukesh Ambani, Gautam Adani et d'autres dont les grandes entreprises volent les terres des fermiers. Le 8 décembre, l'Inde a été fermée par une grève. Des centaines de millions de personnes ont fermé l'Inde pour exiger que le gouvernement réponde aux revendications des agriculteurs.

Des rassemblements de masse ont été organisés devant les missions de l'Inde à l'étranger pour soutenir les fermiers. Des millions de personnes ont signé des pétitions. Les Indiens non résidents (NRI), en particulier les Pendjabis à l'étranger, jouent un rôle important. Par exemple, les jeunes Punjabis de deuxième et troisième génération à l'étranger expliquent à leurs proches l'expérience des fermiers aux États-Unis et au Canada, où de grandes entreprises agroalimentaires ont volé les terres des peuples autochtones et des agriculteurs. De jeunes avocats des États-Unis, du Canada et de Grande-Bretagne ont examiné les lois et donnent des conseils juridiques aux fermiers du Pendjab. Ils ont également amassé beaucoup d'argent pour aider les fermiers qui sont en grande difficulté. Le 10 décembre, Journée internationale des droits de l'homme, ils ont organisé des rassemblements de voitures devant les missions indiennes, pour protester contre les violations des droits humains.

Le peuple de l'Inde est engagé dans des actions pour faire sa propre histoire. Les manifestations de masse et le courage du peuple révèlent une fois de plus que les arrangements que l'élite dirigeante a conclus avec les Britanniques en 1947 sont antipeuple. Les conditions mettent à l'ordre du jour pour solution la nécessité urgente d'investir le peuple du pouvoir. Elles révèlent également que la « plus grande démocratie du monde » n'est rien d'autre qu'une dictature impitoyable d'une minuscule élite dirigeante. Le peuple doit exercer lui-même sa souveraineté sans la médiation des partis politiques ou du gouvernement de parti. L'État qui a été créé en 1947 a mis des agents du Raj britannique en charge de relations intérieures et internationales qui favorisaient les intérêts étroits du Raj. Aujourd'hui, sous la mondialisation néolibérale, cela est devenu intolérable. Le fardeau qui est imposé au peuple est intenable. La lutte du peuple pour ses droits et les droits de tous donnera naissance à de nouveaux arrangements qui satisferont les réclamations que le peuple fait à la société et qui correspondent aux exigences de l'époque.

L'instigation de l'anarchie et de la violence est le modèle que les Britanniques ont développé après la première guerre d'indépendance en 1857 contre la domination britannique. Elle a été spécifiquement utilisée pour diviser le peuple indien en 1947 et les institutions imitent celles des Britanniques afin de reproduire leur règne en utilisant des Indiens au lieu de personnalités britanniques. C'est la « démocratie » que les forces de l'establishment, y compris ceux qui se disent libéraux et laïques, veulent que les gens sauvent « à tout prix » comme si elle était l'antidote et non le pourvoyeur de l'anarchie et de la violence. C'est le bandeau de l'anticonscience que ceux qui ont usurpé le pouvoir par la force manipulent chaque minute de chaque jour pour que personne ne regarde les conditions réelles et l'ensemble des relations sociales pour voir ce qu'elles révèlent. Le peuple doit lever ce voile de désinformation, de tromperie et de fraude.



Manifestation organisée par les jeunes en appui aux actions des fermiers, le 30 novembre 2020

Blocus à l'échelle de l'Inde et d'autres actions en appui à la marche des fermiers sur Delhi

Chandigarh, le 1er décembre 2020


Bengale-Occidental, Bhand, le 8 décembre 2020





Tamil Nadu, Bhand, le 8 décembre 2020




(Photos: AIKSCC, Indian Youth Congress, Xinhua, A. Bangar, A. Dhillon, H. Manne, D. Journalist, Chandigarh 17, H. Saini)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 84 - 14 décembre 2020

Lien de l'article:
La lutte pour les droits et le renouveau en Inde: La marche de masse des fermiers à Delhi entre dans sa troisième semaine - Meera Kaur


    

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