Des élections sans précédent pour une nouvelle assemblée nationale


3 décembre 2020 : grand rassemblement dans les rues de Caracas en fin de campagne électorale

L'élection qui se tiendra le 6 décembre a été convoquée conformément à la Constitution du Venezuela qui exige qu'une nouvelle assemblée nationale doit être élue avant que le mandat de l'actuelle Assemblée n'expire le 5 janvier 2021.

Le rôle de l'Assemblée nationale, une des cinq branches indépendantes de l'État, consiste notamment à adopter des réformes législatives et constitutionnelles, approuver des budgets publics, évaluer et/ou retirer des ministres et des fonctionnaires, approuver des accords internationaux, nommer des individus à des fonctions des pouvoirs publics telles que les recteurs du Conseil électoral national et les juges de la Cour suprême et autoriser un déploiement à l'extérieur du pays des Forces armées bolivariennes nationales et, à l'intérieur du pays, de missions militaires étrangères.

Il y a 20,7 millions d'électeurs qui sont inscrits et un total de 277 députés – 111 de plus qu'à la législature actuelle – chercheront à se faire élire. Quarante-huit d'entre eux seront élus en vertu d'un nouveau système national de vote par liste et 96 en vertu de listes régionales, les deux systèmes étant basés sur la méthode de représentation proportionnelle de Hondt. Il y a aussi 130 députés dans 67 circonscriptions géographiques qui seront élus en vertu d'un système majoritaire uninominal à un tour et 3 députés autochtones seront choisis par leurs communautés. Tous auront un mandat de cinq ans, du 5 janvier 2021 au 5 janvier 2026.

Le vote sera facilité par le recours à des machines électroniques à écran tactile construites au pays. En mars dernier, plus de 49 000 machines à voter, soit la presque totalité, ont été détruites dans l'incendie criminel de l'entrepôt où ils étaient rangés. Après qu'un individu a voté à l'aide de l'écran tactile, le système imprime un bulletin en papier montrant les choix, que l'électeur peut vérifier avant de le placer dans la boîte de scrutin. Ensuite, l'électeur signe le bulletin et laisse son empreinte digitale dans un registre, rendant toute fraude extrêmement difficile. Les bulletins de vote peuvent aussi être comparés aux décomptes électroniques lors de la vérification des résultats. Le système électoral du Venezuela est généralement considéré comme l'un des plus avancés sur le plan technologique, le plus transparent et fiable au monde.

Des observateurs internationaux inspectent une machine à voter.

L'élection se tient dans le respect des règles de l'Organisation mondiale de la santé sur la biosécurité. Le port du masque sera obligatoire pour les votants et les responsables du scrutin et il y aura du désinfectant pour les mains à chaque bureau de scrutin. Les machines à écran tactile seront désinfectées après chaque vote. La milice bolivarienne est responsable de veiller au respect des protocoles de distanciation physique à l'intérieur et à l'extérieur des bureaux de vote, et le personnel électoral doit avoir un résultat négatif à un test pour la COVID-19 avant d'assumer ses fonctions.

La présidente du Conseil national électoral (CNE), Indira Alfonzo, a annoncé cette semaine que plus de 200 observateurs électoraux internationaux de 34 pays, ainsi que le Conseil des experts électoraux d'Amérique latine (CEELA), participeront à l'observation du vote. L'Union européenne a décliné l'invitation à envoyer une mission d'observation après que le Venezuela a refusé les conditions qu'elle avait tenté d'imposer, notamment le report de l'élection.


4 décembre 2020 : des observateurs internationaux au Venezuela pour surveiller les élections

Le gouvernement des États-Unis – avec l'appui des républicains et des démocrates – s'ingère activement dans l'élection, poursuivant sans répit son ordre du jour de changement de régime. En plus de leurs sanctions économiques brutales et de leur pillage des ressources du peuple vénézuélien, les États-Unis ont sanctionné des représentants du gouvernement vénézuélien et deux représentants du CNE, y compris sa présidente Indira Alfonzo, les accusant d'« ingérence électorale » pour avoir refusé de bafouer la Constitution, les lois et la souveraineté du Venezuela et de permettre aux États-Unis de dicter les conditions d'une « élection libre et équitable » au Venezuela !

La coalition des partis d'opposition, appelée « G4 », soutenue par les États-Unis, qui comprend le Parti de la volonté populaire de Juan Guaido ainsi que Justice d'abord, Action démocratique et Une nouvelle ère, boycotte comme prévu l'élection et appelle les Vénézuéliens à faire de même. Cependant, certaines sections de plusieurs partis du « G4 » ont rejeté la campagne de boycottage et participent à l'élection avec des candidats, clairement las de la préférence de leurs dirigeants pour les tentatives de coup d'État violentes plutôt que pour les élections, et du soutien à la guerre économique des États-Unis contre leur pays. Les États-Unis ont également imposé des sanctions à cinq de ces dirigeants de l'opposition, les accusant de « complicité » avec le gouvernement.

Agissant à l'unisson avec les impérialistes américains, le gouvernement Trudeau ne cesse de se déshonorer en chantant les louanges de l'infortuné Juan Guaido, disant de ce fantoche des États-Unis qu'il est le président « légitime » du Venezuela dont l'unique intérêt est de « restaurer la démocratie » au pays, en dépit d'innombrables preuves du contraire. Le Canada a aussi automatiquement déclaré les élections du 6 décembre « illégitimes », comme il l'a fait pour toutes les autres élections depuis la dernière élection parlementaire en 2015 qui a été remportée par une coalition de partis d'opposition. Cette assemblée contrôlée par l'opposition, dont le mandat arrive à terme, est la seule branche de l'État vénézuélien que le Canada considère « légitime », même si une des premières mesures de cette assemblée a été de défier un ordre de la Cour suprême de suspendre trois députés accusés d'achat de votes, après quoi elle a entrepris d'adopter des lois considérées anticonstitutionnelles, faisant en sorte que la Cour suprême a déclaré qu'elle contrevenait à la loi, annulant ainsi ses décisions.

Dès le départ, la coalition de l'opposition s'est également livrée à une manoeuvre illégale après l'autre pour tenter d'expulser le président Nicolas Maduro de son poste d'élu. Lorsque cela a échoué, l'assemblée est devenue une base pour la « présidence par intérim » fictive du député Juan Guaido et pour le gouvernement parallèle que les États-Unis et le Canada ont tenté d'imposer aux Vénézuéliens. Elle a aussi traîtreusement servi à gagner de l'appui à la guerre économique sauvage dirigée par les États-Unis contre le peuple vénézuélien et à laquelle participent aussi le Canada et l'Union européenne.

Les enjeux seront énormes aux élections du 6 décembre. Ce sont 107 partis politiques et 14 400 candidats, un nombre sans précédent, qui se présentent dans cette élection de l'Assemblée nationale. Les partis sont regroupés principalement en cinq blocs. L'un est le Grand Pôle patriotique, comprenant le Parti socialiste Uni (PSUV) au pouvoir, et sept autres partis. Une autre alliance, plus petite, appelée Alternative révolutionnaire populaire, s'identifie comme étant chaviste et comme faisant partie de la révolution bolivarienne. Les partis d'opposition antichavistes ont aussi formé trois alliances, n'étant pas parvenus à former une seule coalition.



3 décembre 2020, Caracas

La faction de l'opposition dirigée par Guaido et Leopoldo Lopez a récemment annoncé qu'en plus de boycotter les élections, elle organisera sa propre « consultation populaire » du 6 au 12 décembre. Ces gangsters qui ont été à l'origine d'au moins deux tentatives ratées de prise de pouvoir par un coup d'État violent, et qui ont toujours soutenu les sanctions criminelles des États-Unis, demandent aux Vénézuéliens, y compris à ceux qui vivent à l'extérieur du pays, de répondre à trois questions : Exigez-vous que cesse l'usurpation de la présidence par Nicolas Maduro et appelez-vous à des élections présidentielles et parlementaires libres, équitables et vérifiables ? Rejetez-vous l'événement du 6 décembre et demandez-vous que la communauté internationale n'en tienne pas compte ? Exigez-vous que les démarches nécessaires soient prises auprès de la communauté internationale pour activer la coopération, l'accompagnement et l'aide pour venir à la rescousse de notre démocratie ?

Mais le peuple vénézuélien n'a pas résisté à toutes sortes de perfidies et d'épreuves, même au prix de sa vie, pour défendre sa révolution bolivarienne, pour ensuite faire volte-face et convenir que la solution aux problèmes du pays consiste à remettre le contrôle de ses institutions et de ses ressources à des oligarques locaux et étrangers qui ne s'intéressent qu'à leurs intérêts privés aux dépens de la nation et du peuple vénézuéliens : un programme néolibéral contrerévolutionnaire que ces éléments ont essayé d'imposer par la force, mais qui n'a pas réussi jusqu'à présent.

Au contraire, le peuple organisé du Venezuela a montré de quel bois il se chauffe en défendant résolument son droit à l'autodétermination, à la souveraineté, au droit international et au droit de tous les peuples de vivre en paix, tout en trouvant des solutions pacifiques à leurs différends plutôt que la guerre et la coercition. L'exemple des élections au Venezuela, comme celles en Colombie, en Bolivie, en Argentine et en Équateur, entre autres, offrent aux peuples de Notre Amérique de profondes leçons sur la nécessité pour les peuples d'acquérir le pouvoir politique pour pouvoir exercer leur souveraineté. Les impérialistes américains et leurs lèche-bottes comme le gouvernement Trudeau ne reconnaîtront jamais un résultat qui interdira de faire tout ce qu'ils veulent dans un pays ou contre un pays. Ils sont passés maîtres dans l'organisation de révolutions de couleurs, de coups constitutionnels et des pires attaques violentes comme celles qui ont sévi en Bolivie au cours de l'année suivant le coup qu'ils ont fomenté dans ce pays. Ils sont l'auteur des coups qui continuent de sévir en Haïti, au Honduras, en Colombie et dans d'autres pays grâce à leur recours criminel à la subversion, à l'ingérence, aux assassinats et à d'autres méthodes, surtout cachées, pour subvertir toute tentative du peuple d'exercer son pouvoir décisionnel souverain.

Les Canadiens ne font qu'un avec le peuple vénézuélien et espèrent que les élections du 6 décembre lui seront favorables. Non à l'ingérence des impérialistes américains, de l'Organisation des États américains, de l'organisation bidon appelée Groupe de Lima et de tous les autres forums « multilatéraux » qui leur servent de plateforme pour attaquer la révolution bolivarienne et le projet d'édification nationale du peuple vénézuélien !

(Sources : Venezuelanalysis.com, People's Dispatch, Pagina 12. Photos : CNE, @NicolasMaduro)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 80 - 5 décembre 2020

Lien de l'article:
Des élections sans précédent pour une nouvelle assemblée nationale - Margaret Villamizar


    

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