Des programmes sociaux pour payer les riches

« Pour le capital, tout objet n'a d'utilité que dans la mesure où il peut le conserver ou l'augmenter. » Karl Marx, Grundrisse : Cahier II

Les libéraux et les autres du camp impérialiste ne s'opposent pas en soi aux programmes sociaux, mais ils disent que ces derniers doivent servir les riches oligarques. Les programmes sociaux pour payer les riches tels que conçus par les impérialistes doivent contribuer d'une façon ou d'une autre à l'objectif du profit privé maximum et à la défense du statu quo. Le mouvement de la classe ouvrière doit faire face à ce problème avec des idées et une conscience claires.

Les partis cartellisés impérialistes conçoivent les programmes sociaux de façon à libérer les entreprises individuelles du fardeau de payer de leurs poches l'infrastructure et les programmes sociaux dont ils ont besoin pour fonctionner au sein d'une économie socialisée. Les programmes sociaux doivent générer un profit pour une section des oligarques, y compris la possibilité de prêts privés aux gouvernements. La tendance générale a maintenant été codifiée dans la forme de partenariats public-privé et est particulièrement évidente dans les projets gigantesques d'infrastructure en partenariats public-privé tels le barrage du site C, les projets de GNL Canada et d'autres projets semblables à l'échelle du Canada.

La plupart des aspects de ce qui est considéré comme le système public de santé au Canada sont approvisionnés de façon privée et sont une source de grand profit privé, que ce soit les fournitures pour les hôpitaux, les produits pharmaceutiques et la construction des moyens de production fixes tels les hôpitaux, leurs machines et leur équipement. La plupart des cliniques et des laboratoires de santé sont privés tout en étant financés par les fonds publics. Les fonds publics pour le système de santé proviennent des impôts des particuliers et des emprunts publics aux prêteurs privés. Une grande partie des fonds sont transférés du gouvernement fédéral au Québec et aux provinces et territoires, et une partie du financement provient aussi des frais d'usager et des primes d'assurance-maladie.

Il faut souligner que les soins médicaux de plusieurs organes, comme les soins oculaires et les soins dentaires, et certains traitements et médicaments en dehors de l'hôpital, ne sont pas couverts par les programmes sociaux et sont traités de façon privée moyennant des frais d'usager et une assurance privée. Les grandes entreprises pharmaceutiques et d'autres entreprises veulent un régime d'assurance-médicaments afin d'accroître leurs ventes garanties de médicaments. On le voit à la demande des grandes entreprises pharmaceutiques qui réclament des fonds publics initiaux pour financer un vaccin pour la COVID-19.

Dans le système public d'éducation, la construction des écoles est privée et presque toutes les fournitures comme les ordinateurs et les manuels sont fournies par des intérêts privés. L'éducation postsecondaire est devenue une source importante de revenus pour les entreprises privées au nom du développement des collèges, tandis que les universités font de la recherche et de la formation pour les grandes compagnies tout en étant financées par les deniers publics et de plus en plus par les frais de scolarité des étudiants et d'autres frais.

Le produit des soins de santé et de l'éducation, la capacité de travail de travailleurs en santé et instruits, est mis à la disposition des employeurs impérialistes sans que ceux-ci paient directement le prix de production aux institutions publiques qui ont produit cette capacité.

Le Pacte de l'automobile Canada–États-Unis de 1965 est devenu une source de grand profit pour l'industrie automobile des États-Unis. Les monopoles de l'automobile ont été attirés, entre autres choses, par le programme d'assurance-maladie national du Canada, qui a été codifié en 1966 en tant que Loi sur les soins médicaux. L'assurance-maladie a fait en sorte que les monopoles de l'automobile ont été libérés de la pression d'avoir à payer pour l'assurance-maladie privée de leurs employés comme c'est le cas aux États-Unis. Ils ont aussi été attirés par le programme d'assurance-chômage du Canada (l'AC, aujourd'hui l'AE ou assurance-emploi, très affaiblie) qui permettait aux compagnies de mettre des travailleurs à pied pour de longues périodes et qui payait une portion substantielle de leurs salaires. Cela veut dire aussi que la plupart des travailleurs de l'automobile demeuraient sur appel pendant qu'ils recevaient cette rémunération du gouvernement et étaient disponibles pour retourner au travail lorsque les monopoles de l'automobile les voulaient au travail.

Même lorsque les programmes sociaux sont consacrés à ceux qui ne peuvent pas travailler pour toutes sortes de raisons, blessure ou maladie, et sont frappés par la pauvreté, les programmes doivent servir le profit privé d'une manière ou d'une autre. Le logement en est un exemple, alors que les intérêts privés interviennent en construisant et vendant des logements sociaux au gouvernement pour un grand profit et souvent en gérant et en entretenant la propriété. Les bénéficiaires de l'aide sociale sont souvent logés dans des logements locatifs pour lesquels le gouvernement paie directement le loyer aux propriétaires. Aux États-Unis, les coupons alimentaires, maintenant remplacés par des cartes de débit de transfert électronique de prestations, sont distribués aux bénéficiaires qui les utilisent pour acheter de la nourriture.

Selon le mantra néolibéral, les gens doivent accepter les programmes sociaux pour payer les riches parce qu'ils sont « mieux que rien » ou « mieux que ce que les conservateurs offriraient ».

(Photos : LML, M. Sardinha)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 77 - 28 novembre 2020

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