Un rassemblement belliciste fondé sur les préoccupations actuelles de l'OTAN
- Nick Lin -
Le 27 octobre, une conférence d'une journée
intitulée « Préparer l'OTAN et les alliés aux
défis à venir » s'est tenue à Sofia, en
Bulgarie, durant laquelle le secrétaire adjoint
Mircea Geoana a prononcé un discours où il a
exposé les préoccupations actuelles de l'OTAN.
Le discours faisait
partie de la première table ronde intitulée «
L'OTAN dans la prochaine décennie : assurer
la paix et la sécurité dans un environnement
sécuritaire difficile ».
Geoana a dit : « La tâche principale de
l'OTAN pendant la pandémie est de veiller à ce que
la crise sanitaire ne se transforme pas en crise
de sécurité. [...] Nous avons fait le nécessaire
pour assurer la sécurité de nos forces, maintenir
notre état de préparation opérationnelle et
soutenir nos missions et les opérations, de notre
présence ici dans la région de la mer Noire à la
lutte contre le terrorisme en Irak et en
Afghanistan ». Il a mentionné que les troupes
des pays de l'OTAN appuient leurs réponses civiles
nationales à la COVID-19.
Il a mis en lumière ce qu'il a appelé des zones
d'instabilité préoccupantes pour l'alliance
agressive, dont « l'Afrique du Nord et le grand
Moyen-Orient », et les « Balkans de l'ouest
[...], où nous voyons une confluence de menaces
provenant de l'ingérence des nationalistes, des
islamistes, des radicaux et des Russes ». Les
activités de la Russie sur son propre territoire
ont été décrites comme « une recherche de
domination de ses voisins ici dans la région de la
mer Noire et tout le long du flanc oriental de
l'OTAN, en étendant sa présence militaire aux
frontières de l'OTAN ».
Geoana a également cité l'importance de la
cyberguerre et de l'intelligence artificielle pour
l'avenir de l'OTAN, en disant : « Nous sommes
engagés dans une nouvelle course technologique où
les conflits sont de plus en plus définis par les
octets, les mégadonnées et l'IA, comme l'a dit le
ministre, autant que par les balles et les
cuirassés. Et l'OTAN est le moteur de
l'innovation. Notre organisation scientifique et
technologique gère un réseau de plus
de 6 000 scientifiques et ingénieurs de
toute l'Alliance. Ils se consacrent à
l'intégration des technologies les plus avancées
dans les plateformes de l'OTAN et des alliés [...]
« Au cours des 70 ans d'histoire de l'OTAN,
nous avons largement dominé la course
technologique, mais cette domination est
maintenant remise en question. D'autres pays comme
la Russie et la Chine, des pays qui ne partagent
pas les mêmes valeurs que nous, développent de
nouvelles technologies : des missiles
hypersoniques aux systèmes autonomes, en passant
par l'intelligence artificielle et la
cyberguerre. »
Il a poursuivi en disant que les établissements
postsecondaires et les domaines de la science et
du génie devraient être utilisés pour maintenir la
domination de l'OTAN, et aussi que les jeunes
devraient également être mobilisés dans « la
transformation de nos sociétés et pour faire en
sorte que nos économies et nos armées restent
fortes ».
Il a également incité les membres de l'OTAN à se
subordonner aux intérêts supranationaux de
l'alliance agressive au nom de «
l'interopérabilité », déclarant : «
[...] nous devons nous assurer de ne pas créer un
fossé technologique infranchissable entre les
alliés. C'est la raison pour laquelle l'OTAN joue
un rôle central, convenant de normes entre tous
les alliés. Nous ne sommes donc pas 30
nations distinctes, mais une seule alliance
unie ». Il n'a pas mentionné la demande de
l'OTAN selon laquelle les pays membres devraient
consacrer 2 % de leur PIB à l'armée,
indépendamment de ce que veulent les citoyens de
ces pays.
Geoana a prétendu
que l'OTAN était préoccupée par les changements
climatiques, citant un récent discours du
secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, «
sur les implications très réelles et croissantes
de notre climat changeant, qui exerce une pression
sur les ressources de base comme la nourriture,
l'eau et l'énergie, qui alimente les conflits et
l'augmentation des menaces existantes ». Il a
ajouté que « l'OTAN est directement touchée par le
réchauffement de la planète. Par exemple, lors de
notre mission de formation en Irak cet été à
Bagdad, les températures ont régulièrement
dépassé 50 degrés Celsius. Imaginez-vous être
dans ce genre de chaleur, sans parler de porter un
équipement de combat complet ». Rien n'a été
dit sur le fait que l'OTAN et ses activités
agressives sont collectivement l'un des plus gros
émetteurs de gaz à effet de serre responsables des
changements climatiques.
Geoana a dit que le secrétaire général de l'OTAN
« dirige un processus appelé OTAN 2030. Il
vise à regarder vers le futur afin que l'OTAN
puisse continuer à protéger nos près d'un milliard
de citoyens dans la décennie à venir et bien
au-delà. L'OTAN 2030 consiste à maintenir
l'alliance forte, littéralement, en continuant
d'investir davantage dans les capacités dont nous
avons besoin pour dissuader et nous défendre sur
terre, en mer, dans les airs, dans l'espace et
dans le cyberespace.
« Rendre également l'OTAN plus forte
politiquement, en apportant à la table de l'OTAN
plus de questions qui touchent notre sécurité –
même si parfois, comme nous le voyons, de nos
jours, les discussions peuvent ne pas être
faciles.
« Et aussi, troisièmement, adopter une approche
plus globale. Cela ne signifie pas une présence
mondiale en soi, car l'OTAN reste une organisation
régionale par définition et par traité. Mais en
travaillant toujours en étroite collaboration avec
nos partenaires du monde entier pour défendre nos
valeurs et notre mode de vie. Et cela est
primordial pour notre succès continu.
« Donc, une armée forte, une alliance politique
forte est essentielle. Mais cela ne suffit pas.
Nous avons également besoin de sociétés fortes
capables d'empêcher, d'endurer, de s'adapter et de
rebondir après tout ce qui leur arrive. Dans les
années à venir, nous devons mettre beaucoup plus
l'accent sur la résilience.
« Les alliés de l'OTAN ont déjà convenu de normes
élevées de résilience dans des domaines tels que
la continuité des gouvernements, la sécurité des
transports et des communications, y compris
le 5G, l'approvisionnement en énergie, en
nourriture et en eau. Et nous travaillons en
étroite collaboration avec l'Union européenne,
avec le secteur privé et la société civile, et le
milieu universitaire sur tout cela, car en fin de
compte, bien que la résilience soit une
responsabilité nationale, c'est aussi un effort
collectif.
« Dans le cadre de l'OTAN 2030, nous voulons
aller plus loin et convenir d'exigences plus
strictes en matière de résilience lors de la
réunion des chefs d'État et de gouvernement de
l'OTAN l'année prochaine. »
Geoana a conclu en promouvant la fiction selon
laquelle l'alliance agressive de l'OTAN assure la
sécurité collective de ses membres, alors qu'elle
menace la sécurité et le bien-être de tous ceux
qui ne se soumettent pas à son ordre du jour. Le
fait de rejoindre le racket de protection de
l'OTAN, a-t-il prétendu, a « protégé la Bulgarie
depuis 15, 16 ans maintenant. Et elle
continuera de le faire pendant de nombreuses
années à venir. Nos pays sont unis sur deux
continents pour une seule, simple et puissante
raison : nos valeurs, notre liberté, notre
démocratie, nos droits de l'homme, l'État de
droit ».
La première table ronde comprenait également des
remarques liminaires des organisateurs et des
commanditaires, ainsi que des remarques des
responsables de la défense bulgares.
Il y avait trois autres tables rondes, qui ont
développé les préoccupations de l'OTAN exposées
dans le discours de Geoana.
La deuxième table ronde était intitulée « Tâches
clés de l'OTAN dans un environnement de sécurité
dynamique. Risques et menaces non militaires non
traditionnels pour l'OTAN et les États membres.
L'OTAN adoptera-t-elle de nouveaux
rôles ? » qui a été décrit dans les
documents de la conférence comme suit :
« La pandémie mondiale causée par le coronavirus
a un effet dévastateur sur de nombreux pays. De
nombreuses personnes ont été infectées et beaucoup
ont perdu la vie. Les économies subissent de
lourdes pertes. La crise a un impact sur les
activités et les exercices de l'OTAN.
« À la suite du choc initial, les États membres
et l'OTAN ont été en mesure de coordonner leurs
efforts pour faire face à la crise, en utilisant
pleinement les structures et capacités communes de
l'OTAN. Quelles sont les implications de la crise
de la COVID-19 sur les opérations et les capacités
de l'OTAN ?
« Quelles sont les premières analyses et leçons
tirées de la crise et que devons-nous faire pour
être mieux préparés si des menaces similaires se
produisent à l'avenir ? Quelles conclusions
pour la prévision, la préparation et la
coopération stratégiques de l'OTAN peuvent être
tirées ? »
La troisième table ronde, intitulée « Fournir à
l'OTAN de nouvelles capacités dans le nouvel
environnement technologique », a été décrite
par les organisateurs comme suit :
« Les nouvelles technologies peuvent
considérablement améliorer les capacités de
l'OTAN. En même temps, leurs vulnérabilités et
leurs faiblesses doivent être connues. D'autre
part, les rivaux stratégiques développent
également des capacités militaires basées sur les
nouvelles technologies.
« Quelles sont les approches et politiques de
l'OTAN face aux technologies émergentes et
perturbatrices et aux nouvelles menaces non
militaires ? Comment coordonner la
planification et le développement des capacités
basées sur les nouvelles technologies ? Les
avantages et les inconvénients des nouvelles
technologies. Existe-t-il une fracture numérique
au sein de l'OTAN et comment la surmonter ?
Comment l'OTAN et l'UE devraient-elles mieux
coordonner les approches ? »
La dernière table ronde était intitulée «
Anticiper l'avenir. Comment préparer l'OTAN et les
alliés à faire face aux risques et menaces
futurs » et a été décrite comme suit :
« L'environnement de sécurité complexe, qui
combine les risques et menaces anciens et
nouveaux, nécessite une meilleure évaluation et
une vision stratégique. Une meilleure
compréhension de la nature de ces risques et un
leadership fort sont nécessaires pour y faire
face. Ceci est particulièrement pertinent pour
l'utilisation des nouvelles technologies pour
atteindre la supériorité des capacités et des
opérations.
« Comment pouvons-nous mieux préparer l'OTAN et
les États membres à faire face aux défis à
venir ? Que faut-il faire au niveau national
et de l'OTAN pour pouvoir évaluer les
développements négatifs potentiels ou l'impact des
nouvelles technologies sur les capacités de
défense et la nature de la guerre dans son
ensemble ? Que devons-nous faire maintenant
pour être en mesure de prévoir et de répondre de
manière adéquate aux crises et défis futurs ?
Quels sont les politiques et mécanismes de
coordination qui nous aideront à mieux nous
préparer à faire face aux nouvelles
crises ? »
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 74 - 21 novembre 2020
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