Le Forum belliciste d'Halifax sur la sécurité internationale

Le forum belliciste sur l'insécurité complote
contre les peuples


Rassemblement antiguerre à Halifax contre l'agression impérialiste américaine de l'Iran,
le 11 janvier 2020

Le Forum d'Halifax sur la sécurité internationale (FHSI), qui s'est tenu du 20 au 22 novembre 2020 à Halifax, se décrit lui-même comme « la première réunion importante de dirigeants de la défense et de la sécurité depuis les élections présidentielles aux États-Unis ». À son grand désespoir, les élections présidentielles aux États-Unis ne sont pas encore terminées. Seuls une vingtaine de pays ont reconnu Joe Biden comme le nouveau président des États-Unis et d'autres attendent une sorte d'annonce formelle par une quelconque commission électorale. Cependant, les institutions américaines sont plongées dans une telle crise qu'elles sont incapables de décider quelle est cette autorité.

Conséquemment, au lieu que les élections américaines aient fourni une ligne de marche claire aux fauteurs de guerre rassemblés à Halifax, les dysfonctionnements des institutions démocratiques américaines des États-Unis sont quelque chose que le FHSI est incapable de surmonter. Dès le départ, l'ordre du jour du FHSI, qui repose sur la prétention que l'adoption de bonnes politiques les sortira de la crise profonde dans laquelle ils sont plongés, est rongé par la crise.

Les tentatives de rejeter la responsabilité de la crise sur tel ou tel individu ne sont pas convaincantes. La crise ne peut pas être surmontée parce que les impérialistes sont incapables de surmonter les conditions qui ont dépassé de beaucoup leur capacité de tout contrôler par leur monopole de l'usage de la force. L'ordre du jour du FHSI reflète les problèmes auxquels font face les cercles dirigeants pour décider comment maintenir le rôle des États-Unis en tant que « dirigeants indispensables ». On le voit aux trois principales sessions publiques : « La démocratie contre nous-mêmes : divisés, nous échouons », « 75 ans plus tard : reconstruire l'ordre mondial démocratique » et « L'après 2020 : le monde avec les États-Unis ».

L'ordre du jour révèle les problèmes toujours plus graves auxquels font face les cercles dominants qui sont prisonniers des vieilles formes qui sont anachroniques et ne servent plus leur objectif aujourd'hui. Leur modèle d'État-nation a d'abord été établi après la guerre civile en Angleterre dans les années 1660, puis perfectionné et imposé à l'humanité sous la forme d'États démocratiques libéraux au XIXe et au début du XXe siècle reposant sur les définitions intéressées de « paix, ordre et bon gouvernement », puis renforcé après la Deuxième Guerre mondiale sous la forme de l'État-providence basé sur l'idéologie et les mécanismes anticommunistes de la guerre froide et visant à maintenir les peuples désinformés et privés de pouvoir. Depuis la chute de l'Union soviétique il y a trente ans, cette démocratie impérialiste, loin d'avoir prouvé sa supériorité, a démontré son essence élitiste, raciste et fondamentalement inhumaine et son incapacité à fournir une quelconque justification pour elle-même et son monopole sur l'usage de la force au pays et à l'échelle internationale.

L'intensification des conflits entre les factions rivales qui luttent pour le pouvoir, tant au niveau interne, pour le contrôle des pouvoirs exécutifs et militaires, qu'à l'échelle internationale, et en particulier au sein du bloc de l'OTAN, donne lieu à des expressions de plus en plus extrêmes d'une obsession morbide pour la défaite. Leur désespoir est palpable alors que ces factions complotent et manigancent comment former les femmes et les jeunes pour qu'ils prennent en main les fonctions de la bureaucratie afin qu'elle continue à fonctionner tout en maintenant les peuples dans un état de dispersion et privés de pouvoir. Malgré le tapage sur la recherche de solutions pacifiques aux problèmes, et sur la fin du scénario de « guerre perpétuelle », ou son maintien sous prétexte qu'il constitue une méthode « antiterroriste robuste » légitime, ce conflit ne vise pas à éliminer les gouvernements de guerre et les économies de guerre et tout ce qu'ils signifient au pays et à l'étranger.

Les Canadiens exigent que le Canada sorte de l'OTAN et de NORAD comme fondement d'une nouvelle direction des relations étrangères et d'une économie qui s'appuie sur ses propres forces et sur l'entreprise publique afin de garantir les droits de tous et de toutes. Toutes les tentatives d'imposer l'OTAN au corps politique comme étant une « valeur canadienne » et encore plus comme une partie intégrante des institutions décisionnelles, vont à l'encontre de ce que veulent les Canadiens. Criminaliser leur opposition en disant qu'elle constitue une « ingérence étrangère » montre l'ampleur du désespoir des cercles dirigeants, car aucun des arguments qu'ils mettent de l'avant ne peut justifier leur économie et leurs arrangements de guerre. Malgré les efforts de l'Association canadienne pour l'OTAN, dont le Parlement canadien s'est fait l'écho, d'imposer le point de vue que l'opposition des Canadiens à l'OTAN constitue de l'ingérence étrangère dans les affaires intérieures du Canada, cela n'est pas accepté. Criminaliser les positions et la voix des Canadiens en disant qu'ils sont, volontairement ou non, « dupes de la Russie » ou des « agents des Chinois » ou autres choses du genre, ne fera qu'aggraver la crise dans laquelle les cercles dirigeants sont plongés.

Le spectre de la Chine est une fois de plus dans la ligne de mire du FHSI pour servir cette fin. C'est absolument méprisable. Conformément à son initiative tapageuse visant à présenter un plan concerté et stratégique transatlantique contre la Chine et la République populaire démocratique de Corée, le sujet de discussion dominant des sessions qui sont diffusées est « La démocratie contre la Chine : le grand jeu ». Cela évoque de façon délibérée la quête eurocentrique du XIX e siècle de l'impérialisme anglo-américain appelée « Le grand jeu » pour dominer l'Asie, ses peuples et leur vaste richesse minérale, et la « mission civilisatrice de l'homme blanc ». Cela ne fait que révéler l'étendue de la banqueroute de l'impérialisme parce que nous sommes au XXIe siècle et non au XIXe siècle et qu'il y a longtemps que la Chine s'est levée. En dépit des efforts des impérialistes américains et de leurs hommes de main, ils ne sont pas capables d'échapper à l'histoire et les peuples n'accepteront pas que la force et la violence soient utilisées pour régler les problèmes en faveur des intérêts impérialistes rivaux.


Tony Seed prend la parole à un rassemblement antiguerre à l'extérieur du Forum d'Halifax sur la sécurité internationale en novembre 2012. Des rassemblements ont été organisés chaque année depuis le début des forums.

Une des questions importantes qui est discutée au FHSI et parmi les cercles dominants concerne le discours sur les « guerres sans fin », aussi appelées les « guerres éternelles ». Il ne s'agit pas d'une fin de l'agression et de l'ingérence, mais d'une nouvelle forme pour celles-ci. Joe Biden et Donald Trump ont tous deux parlé démagogiquement contre les « guerres sans fin » pendant les élections aux États-Unis. La voie de Donald Trump de la destruction ouverte, du recours à la force et de l'élimination de l'état de droit, n'a pas réussi à unir les factions rivales, y compris les forces armées. L'équipe Biden, comme ce fut le cas de Barack Obama qui a mis de l'avant sa doctrine de la guerre des drones après la guerre contre la terreur et la guerre préventive de George Bush reposant sur le « bien contre le mal », a besoin d'un cadre juridique et théorique pour justifier l'injustifiable. C'est également le cas du Canada : justifier en droit la violation ouverte des droits que l'empire américain pratique couramment.

Le fantasme de Joe Biden hante aussi le gouvernement Trudeau : transcender les conditions en imposant une autorité qui ne correspond pas aux besoins de l'époque. Ils ont besoin d'une justification pour réprimer l'agitation intérieure grandissante et unifier les factions rivales de l'élite dominante des États-Unis et unifier aussi les « alliés » du bloc de l'OTAN, qui sont divisés et fragmentés sur la base de leurs propres intérêts privés. Il n'existe pas de consensus autour des demandes des États-Unis d'augmenter les dépenses militaires, de sauvegarder l'hégémonie des États-Unis et de perpétuer les notions de guerre froide de « sécurité collective » et de « partenariat transatlantique ». Leur « coalition des volontaires », obtenue par la coercition et composée d'une trentaine de pays seulement sur les 193 pays membres des Nations unies, ne gagne pas de terrain, mais est au contraire de plus en plus isolée et dénoncée. Au moment où le Groupe des 77 et le Mouvement des non-alignés agissent dans le cadre des Nations unies et de l'état de droit international tel qu'établi dans la période de l'après-guerre alors que l'OTAN ne le fait pas, les conflits ne peuvent que s'accroître. L'OTAN est une alliance militaire voyou qui bafoue l'état de droit international et dont les activités agressives sont dénoncées par la majorité des peuples du monde, qui la qualifient d'« Organisation terroriste de l'Atlantique Nord ».

Le Marxiste-Léniniste publie un supplément cette semaine qui fournit de l'information sur l'ordre du jour du 12e Forum d'Halifax sur la sécurité internationale.

(Photos : LML, R. Devet)

Supplément
Forum belliciste d'Halifax sur la sécurité internationale 


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 74 - 21 novembre 2020

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