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Mettons fin à l'exploitation et au mauvais traitement des étudiants internationaux

Le 20 octobre, le gouvernement Trudeau a levé les restrictions de voyage pour les étudiants internationaux venant au Canada pour étudier. La seule condition est qu'ils détiennent un permis d'études valide et que l'établissement d'enseignement désigné auquel ils sont inscrits ait un plan d'intervention immédiate en réponse à la COVID-19, approuvé par la province.

Pourquoi cela se fait-il ? Au cours de l'été, on a signalé qu'il y avait eu une baisse de 22 % des permis d'études émis par le gouvernement aux étudiants étrangers, ce qui aurait une incidence sur les budgets de toutes les universités et collèges du Canada. Alors que les gouvernements continuent de sous-financer les établissements publics d'enseignement postsecondaire dans le contexte de l'offensive antisociale, les universités et les collèges sont de plus en plus dépendants des frais de scolarité élevés imposés aux étudiants étrangers.

Par exemple, à l'Université de Toronto, qui se présente dans le monde entier comme la meilleure université au Canada, les étudiants internationaux représentent 30 % du total des effectifs étudiants. La plupart espèrent rester au Canada. Ils contribuent pour près d'un milliard de dollars au fonctionnement de l'université, soit un tiers de son budget. Pour avoir le privilège de fréquenter l'Université de Toronto, un étudiant international de premier cycle qui poursuit un baccalauréat en arts ou en sciences paie plus de 40 000 dollars par année tandis qu'un étudiant canadien paie 6 200 dollars. En général, les étudiants internationaux qui fréquentent les universités et collèges canadiens paient de deux à six fois les frais de scolarité que les étudiants canadiens paient pour les mêmes programmes. Dans une interview accordée au journal du campus The Varsity en février 2019, le président de l'Université de Toronto, Meric Gertler, a déclaré que les frais de scolarité des étudiants internationaux sont calculés pour couvrir « tous les coûts associés à l'éducation de ces étudiants », sans révéler quels sont « tous les coûts ».

Actuellement, les étudiants de l'Inde, de la Chine, de la République de Corée, du Brésil et du Vietnam constituent la plus grande cohorte d'étudiants internationaux au Canada. Étudiants migrants unis (MSU), une organisation de défense nationale pour les étudiants internationaux au Canada, note qu'il y a 721 000 titulaires de permis d'études au Canada, ainsi que quelque 500 000 titulaires de permis de travail de troisième cycle qui, ensemble, contribuent pour près de 30 milliards de dollars à l'économie canadienne. Ils sont pris au piège d'une arnaque que l'État canadien a créé pour assurer une source de main-d'oeuvre bon marché aux monopoles canadiens et aux oligarques financiers, ainsi qu'une source de revenus pour subventionner le fonctionnement des collèges et universités canadiens. Le gouvernement canadien, de concert avec les établissements postsecondaires et les « consultants » non réglementés du monde entier, facturent aux étudiants de grosses sommes d'argent pour le « privilège » d'étudier au Canada.

Lorsque les étudiants internationaux arrivent au Canada, ils doivent se débrouiller seuls dès le premier jour. Les règles et les politiques régissant la capacité des étudiants internationaux à travailler au Canada sont restrictives. Un exemple est celui de Jobandeep Sandhu, un étudiant du Pendjab en génie mécanique au Collège Canadore, campus de Mississauga, qui a été arrêté par la police alors qu'il conduisait un camion de Montréal à Toronto. C'était en décembre 2017, alors qu'il était à 10 jours de recevoir son diplôme. Par la suite, il a été constaté qu'il travaillait plus que les 20 heures par semaine autorisées. Il avait accumulé près de 27 000 dollars en frais de scolarité et autres frais afférents et a été contraint de travailler de plus longues heures. En dépit d'une large opposition, y compris une pétition adressée au ministre fédéral de l'Immigration de l'époque, Ahmed Hussen, signée par plus de 50 000 personnes qui appelait le gouvernement canadien à permettre à Jobandeep Sandhu de rester au Canada, il a été expulsé en juin 2019 pour « infraction à la loi ».

Statistique Canada a rapporté en 2019 que les étudiants internationaux qui trouvent du travail après l'obtention de leur diplôme gagnaient moins que leurs homologues canadiens six ans après l'obtention de leur diplôme. Une enquête de 2018 du Bureau canadien de l'éducation internationale a révélé que près de 60 % des étudiants internationaux au Canada interrogés étaient au chômage et avaient de la difficulté à trouver du travail dans des domaines qui leur permettraient d'accumuler suffisamment de points pour demander la résidence permanente. Et c'était avant la COVID-19 !

Comme Étudiants migrants unis, la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants et d'autres organisations l'ont souligné, depuis le début de la pandémie de la COVID-19 au Canada, les étudiants internationaux ont été davantage victimes du manque total de soutien du gouvernement fédéral. Pourtant, en mai de cette année, afin de continuer à voler les étudiants étrangers, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a statué qu'à la lumière de la pandémie de la COVID-19, les étudiants internationaux peuvent étudier en ligne dans les universités et collèges canadiens sans que cela compromette leur admissibilité à un permis de travail postdiplôme.

C'est inadmissible. Les libéraux de Trudeau ont officialisé l'exploitation et les mauvais traitements des étudiants internationaux dans leur Stratégie en matière d'éducation internationale (2019-2024) pour augmenter considérablement le nombre d'étudiants étrangers au Canada. Lorsque le plan a été annoncé, le ministre de la Diversification du commerce international, Jim Carr, a déclaré :

« L'éducation internationale est un pilier essentiel de la compétitivité à long terme du Canada. Les Canadiens qui étudient à l'étranger sont exposés à des cultures et à des idées nouvelles, ce qui stimule leur capacité à innover et développe chez eux d'importantes compétences interculturelles. Quant aux étudiants étrangers qui étudient au Canada, ils procurent à notre pays les mêmes avantages. S'ils choisissent d'immigrer au Canada, ils contribuent à la réussite économique du pays. Ceux qui choisissent de retourner dans leur pays resteront toute leur vie des ambassadeurs du Canada et des valeurs canadiennes. »

Les Canadiens ne veulent pas que les étudiants internationaux soient exploités et maltraités au nom de l'amélioration de la « compétitivité à long terme du Canada ». Ils ne veulent pas que les étudiants internationaux soient déracinés des pays qui les ont élevés et emmenés au Canada où leurs droits fondamentaux sont niés, comme c'est le cas actuellement dans le cas de la pandémie. C'est une abomination de créer un chemin vers la citoyenneté qui est essentiellement truqué contre la majorité des étudiants internationaux au Canada qui, même avant la COVID-19, étaient incapables de trouver le travail qui leur permettrait de se qualifier pour la résidence permanente et la citoyenneté. Le processus de citoyenneté devrait commencer dès que les étudiants internationaux arrivent, en reconnaissance du fait qu'ils contribuent au Canada dès leur arrivée ici.

(Sources : Gouvernement du Canada, Globe and Mail, Migrant Students United, The Varsity. Photos : LML, Alliance des travailleurs migrants, B.S. Walters)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 72 - 14 novembre 2020

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