Les sauvetages gouvernementaux de l'industrie aux États-Unis


Manifestations des agents de bord à Chicago, en Illinois, pour demander une extension du programme de protection de la paie (AFA)

La nécessité d'une nouvelle direction qui sert le peuple et
non le profit privé des riches

L'échec colossal de l'élite dominante des États-Unis à faire face à la pandémie a contribué à une crise dans l'industrie du transport aérien qui, selon toutes les indications, se poursuivra pendant l'hiver. Les gens ne voyagent pas, par peur de contracter le virus ou en raison des restrictions gouvernementales. En fait, la crise économique résulte de l'incapacité ou plutôt du refus de l'élite dominante de mobiliser la classe ouvrière, le facteur humain/conscience sociale, pour faire face à l'urgence sanitaire. Cette réticence est ancrée dans le rapport social hostile et injuste que ceux qui possèdent et contrôlent les moyens de production ont avec la classe ouvrière. L'élite dominante considère tout développement du facteur humain/conscience sociale de la classe ouvrière comme le début d'un pouvoir entre les mains des travailleurs et une menace à la domination économique, politique et sociale continue de l'oligarchie super riche, la classe impérialiste.

La crise du transport aérien

Les rapports des compagnies aériennes pour le troisième trimestre (juillet, août, septembre) révèlent que la situation ne s'est pas améliorée depuis le printemps. Le volume de passagers chez les grandes compagnies aériennes des États-Unis a baissé de 65 % par rapport à ceux de l'an dernier. American Airlines (AA), Southwest Airlines et Alaska Airlines ont toutes rapporté que leur revenu brut d'exploitation a chuté de 70 % au troisième trimestre par rapport à la même période l'an dernier. United et Delta font état également de pertes trimestrielles de revenu brut de près de 80 % comparé à l'an dernier. Tous les transporteurs disent qu'ils perdent collectivement environ 200 millions de dollars par jour parce qu'ils sont incapables de réaliser (vendre) même le nombre réduit de sièges de passagers disponibles[1].

AA rapporte une perte de 2,4 milliards au troisième trimestre, tandis que Southwest a perdu plus de 1,1 milliard et Alaska plus de 430 millions. Les compagnies aériennes disent qu'elles vont collectivement ramener leur production (capacité ou sièges de passagers disponibles) pour le reste de l'année à juste 30 % de la production de l'an dernier.

Les compagnies de l'industrie du transport aérien ont demandé à des milliers de travailleurs de l'industrie de prendre des indemnités de départ ou d'accepter des coupures de salaires. Rien qu'en septembre, United et AA ont mis à pied plus de 32 000 travailleurs. Les reportages ne parlent que de mises à pied, même lorsque le gouvernement offre des subventions aux entreprises pour garder les travailleurs à leur emploi. Un comité du Congrès a indiqué le 9 octobre que le département des Finances des États-Unis a permis aux compagnies d'aviation de garder les fonds d'aide qui devaient être remis aux travailleurs. Le journaliste de Business Insider, Tyler Sonnemaker, écrit : « La mauvaise gestion de l'administration Trump d'un programme de sauvetage face au coronavirus que le Congrès avait créé pour préserver les emplois dans l'aviation a plutôt mené à 16 655 mises à pied dans l'industrie tout en surpayant les entreprises qui licenciaient les travailleurs, selon une enquête effectuée par le Congrès plus tôt pendant le mois[2]. »

Les conditions concrètes des forces productives du secteur du transport aérien ont forcé une discussion sur leur situation au sein de l'économie et sur la nécessité d'une nouvelle direction. Des voix se font entendre pour déclarer que l'industrie du transport aérien devrait être déclarée un bien public administré par une autorité publique avec comme objectif de servir le peuple et l'économie et être redevable au peuple. La discussion se développe selon laquelle l'industrie du transport aérien est un moyen de production nécessaire ou une infrastructure publique de l'économie moderne, un service public en fait qui doit être stable et ne pas être sujet à des crises récurrentes, comme il l'est présentement entre les mains d'intérêts privés qui se font concurrence.

Le sens général de la discussion est qu'un service public doit servir le public en tant qu'infrastructure importante d'une économie moderne, surtout dans un pays aussi vaste que les États-Unis. Un service public, un moyen de production moderne, ne devrait pas être entre les mains d'intérêts privés rivaux dont l'objectif est le profit privé maximum. La propriété dans les mains d'intérêts se faisant concurrence, chacun ayant comme but le profit privé maximum, est en contradiction avec le but de servir les intérêts collectifs du peuple et de l'économie.

Le sauvetage gouvernemental pour payer les riches en faveur des compagnies aériennes des États-Unis

Il est rapporté que les compagnies aériennes des États-Unis ont reçu 60 milliards de dollars en aide financière dans le cadre de la Loi sur l'aide, le secours et la sécurité économique relative au coronavirus  Loi CARES (Coronavirus Aid, Relief, and Economic Security Act CARES Act) de 2 billions de dollars. Il faut noter que la Loi CARES est entrée en vigueur et a versé des milliards de dollars aux entreprises, alors que le Programme de sauvetage des actifs à risque (Troubled Asset Relief Program, le TARP) et le sauvetage séparé de Fannie Mae et Freddie Mac qui s'élève à 700 milliards de dollars sont toujours en vigueur[3].

La portion de la Loi CARES dédiée au secteur du transporteur aérien comprend 25 milliards de dollars de subventions pour les entreprises du secteur, dont une portion est consacrée au paiement des travailleurs pour éviter qu'ils soient mis à pied. Cet aspect du programme a été très critiqué comme étant rempli de trous[4]. Un autre 25 milliards est constitué de prêts pour les plus grandes compagnies aériennes de transport de passagers et un autre 10 milliards est constitué de subventions et de prêts pour les transporteurs aériens de marchandises et les sous-traitants de l'aviation[5].

Le Congrès américain était en train de négocier une extension et une augmentation du programme de subventions de 25 milliards de dollars pour les compagnies aériennes et le programme séparé de 25 milliards en prêts aux compagnies aériennes, aux ateliers certifiés de réparation et aux agents de billetterie, mais les pourparlers ont été reportés après les élections du 3 novembre à cause de l'âpre lutte entre les factions rivales de l'élite dominante et leurs partis cartellisés pour le contrôle du gouvernement et du trésor public.

L'expropriation de la nouvelle valeur réalisée par l'élite des compagnies aériennes pour payer les riches

Dans un article du New York Times, Roger Lowenstein révèle la pratique des compagnies aériennes de payer leurs actionnaires et leurs dirigeants à partir de la nouvelle valeur réalisée plutôt que de la garder comme une assurance pour parer à une crise inévitable ou pour rénover l'industrie. Roger Lowenstein considère que la pratique impérialiste de payer les riches par le rachat d'actions ou de vastes paiements à leurs cadres est antisociale. Les mêmes compagnies aériennes qui se sont engagées dans ces pratiques avant la pandémie demandent maintenant des sauvetages gouvernementaux, ce qui montre que les stratagèmes pour payer les riches sous des formes diverses existent en temps « normal » de même que pendant les crises.

Roger Lowenstein rappelle à ses lecteurs les crises récurrentes dans le secteur et précise qu'on peut prédire avec certitude que l'argent réalisé à même la nouvelle valeur réalisée sera bientôt nécessaire pour les « mauvais jours » de crise comme la pandémie. Il écrit qu'au lieu de mettre de l'argent de côté pour les « mauvais jours », « de 2014 à 2019, les quatre grands transporteurs (American, Delta, United et Southwest) ont dépensé 42 milliards de dollars en rachat d'actions dans l'espoir d'améliorer le prix de leurs actions ».

Lowenstein souligne que pendant une période où la nouvelle valeur réalisée est vaste, les compagnies aériennes devraient consacrer des fonds au réinvestissement ou comme mesures d'assurance au lieu d'offrir aux détenteurs d'actions de plus hauts prix par des rachats et de verser de grosses primes aux dirigeants principaux. L'auteur souhaite quelque chose qui est en contradiction avec l'objectif de ceux qui possèdent et contrôlent l'économie et qui peut uniquement se produire si les travailleurs l'imposent.

En plus de payer les riches par des rachats d'actions et des paiements extravagants aux cadres dirigeants, les compagnies aériennes ont fait des emprunts massifs dans la période qui a précédé la pandémie. Elles ont augmenté collectivement leur endettement d'environ 56 % entre 2014 et 2019. Par exemple, pendant cette période où la nouvelle valeur réalisée a été considérable, AA a augmenté sa dette active de 18 milliards à 33 milliards de dollars.

Roger Lowenstein écrit : « Cette frénésie d'emprunt a servi la stratégie de levier financier de Wall Street pour augmenter le risque. Temporairement cela a fonctionné; le prix des actions des compagnies aériennes a augmenté. Et le prix des actions a joué un grand rôle dans la paie des dirigeants principaux. Pendant ces six années, les cadres des quatre transporteurs ont empoché presque 340 millions en ventes d'actions. Le PDG d'American Airlines, Doug Parker, a été le grand gagnant, avec des ventes d'actions totalisant 150 millions de dollars. Et ces chiffres n'incluent pas les actions reçues, mais non encore vendues. »

Il faut se rappeler que le service de la dette des compagnies aériennes provient de l'expropriation d'une partie de la nouvelle valeur réalisée que les travailleurs du transport aérien produisent. Le service de la dette se poursuit, que le revenu brut et la nouvelle valeur réalisée demeurent élevés ou s'effondrent comme c'est le cas pendant la crise actuelle. Le service de la dette pendant une baisse de la nouvelle valeur réalisée signifie une baisse du profit disponible pour les dirigeants principaux, les rachats d'actions et les dividendes. C'est alors que d'autres stratagèmes pour payer les riches entrent en scène. Diverses formes pour payer les riches sont régulièrement utilisées pour s'occuper du service de la dette pendant une crise, comme les mesures de sauvetage de la part des gouvernements, l'intervention de la Réserve fédérale pour rendre disponible de l'argent bon marché ou la protection contre la faillite conférée par le Chapitre 11.

Roger Lowenstein écrit ce qui suit au sujet des sauvetages des compagnies aériennes par les gouvernements : « L'argument en faveur d'un sauvetage repose sur la prémisse que les compagnies aériennes sont importantes pour la sécurité nationale. Mais les sauvetages sauvent les actionnaires. Les actifs – les avions, les gares, etc. – perdurent en dépit des changements de propriétaires. L'histoire de l'industrie est pleine de banqueroutes et pourtant les avions continuent de voler. L'autre argument est que les sauvetages préservent un plus haut niveau de force de travail qu'il serait autrement possible de maintenir puisque les revenus ont chuté. »

Roger Lowenstein réfute cet argument et suggère une alternative tout en donnant peu de détails sur comment cela pourrait être fait, à part suggérer que les représentants des oligarques au Congrès devraient le faire même s'ils sont les architectes réguliers des stratagèmes pour payer les riches. Il écrit : « Si et quand le trafic aérien reprend, les niveaux d'employés vont reprendre eux aussi. En attendant, il vaudrait mieux faire parvenir les chèques directement aux gens, jusqu'à ce qu'ils trouvent du travail dans des secteurs qui sont en croissance. Si les dirigeants exécutifs ne sont pas prêts à renoncer à leurs gains, le Congrès peut s'emparer de tout transporteur qui échoue, renvoyer le directeur général et exploiter l'entreprise comme bien public. Mettons fin à cette farce par laquelle les compagnies aériennes sont des entreprises qui prennent des risques dans les bons jours et sont le fardeau du public dans les mauvais jours. »

L'industrie du transport aérien comprend aussi la production de ses instruments de production fixes les plus importants, les avions commerciaux et les aéroports. Les deniers publics subventionnent de façon substantielle ces deux moyens de production fixes. Le versement de fonds publics pour les avions à des entreprises comme Boeing, et pour les aéroports, réduit le prix de marché que les compagnies aériennes doivent payer.

Boeing fait face à une âpre concurrence du cartel européen Airbus, qu'il accuse de recevoir des subsides gouvernementaux qui réduisent le prix de marché de ses avions commerciaux. Les prix plus bas pour les moyens de production contribuent à réduire le montant des investissements en valeur fixe des compagnies aériennes, ce qui augmente leur taux de profit. La production d'avions, qui est aussi intimement liée à l'économie de guerre, et les aéroports devraient faire partie d'un bien public qui fonctionne dans l'intérêt du public afin de servir le peuple et l'économie. Ils ne devraient pas être la cible de l'intérêt privé, des stratagèmes pour payer les riches et des fauteurs de guerre impérialistes.

Le professeur Roger Lowenstein a le mérite de suggérer une direction et un objectif alternatifs pour l'industrie du transport aérien sans toutefois concrétiser son opinion d'une manière pratique. Toute direction alternative doit confronter le contrôle économique, politique et social de l'oligarchie mondiale, des impérialistes. La classe ouvrière est la seule classe qui est capable de produire une alternative prosociale crédible. À cet égard, une nouvelle direction comprend nécessairement la mobilisation de la classe ouvrière pour défendre et réclamer ce qui lui revient de droit et confronter les problèmes réels du secteur avec des solutions réelles en périodes de stabilité comme en période de crise, comme c'est le cas maintenant avec l'urgence sanitaire.

Le sauvetage fédéral des compagnies aériennes en 2001 et le recours au Chapitre 11 sur la protection de la faillite

Pour sauver les compagnies aériennes en 2001, le président George Bush a promulgué la Loi sur la sécurité et la stabilisation du transport aérien (Air Transportation Safety and Stabilization Act) qui a versé des fonds publics aux compagnies aériennes pour les « indemniser » pour la réduction de leur revenu brut à la suite des attentats du 11 septembre. La Loi a fourni 5 milliards de dollars de subventions et 10 milliards de dollars de garanties de prêts et d'autres instruments de crédit fédéral.

Le Chapitre 11 sur la protection de la faillite

La protection du Chapitre 11 de la loi sur les faillites fonctionne comme un stratagème pour payer les riches. Les grandes compagnies aériennes y ont eu recours à plusieurs reprises depuis le début du siècle. Entre 2002 et 2011, American, Delta, Frontier, Northwest, United et U.S. Airways se sont toutes placées sous la protection du Chapitre 11[6].

Dans un article du Washington Post intitulé « Les compagnies aériennes des États-Unis n'ont pas besoin d'un sauvetage pour continuer de fonctionner », Richard Squire a écrit : « Elles ont toutes [les compagnies aériennes sous le Chapitre 11] continué de voler, et toutes en sont ressorties intactes. (Certaines ont été consolidées depuis par des fusions). La plupart de leurs clients ne s'en sont même pas aperçus. »

Richard Squire écrit : « Une fois qu'une entreprise publique [c'est-à- dire une entreprise cotée en bourse et non une entreprise publique par opposition à une entreprise privée – Note du LML] se place sous la protection du Chapitre 11, elle a rarement du mal à lever de nouveaux crédits pour couvrir ses dépenses d'exploitation, comme la paie. Ce fut le cas même pendant la crise financière de 2007-2009, lorsque, malgré la rareté générale du crédit, les prêts de faillite privée ont atteint un nouveau sommet. Les prêts de faillite aux compagnies placées sous le Chapitre 11 sont très sûrs parce que le Code des faillites donne au prêteur de faillite une réclamation de haute priorité sur les actifs. Et les prêteurs bancaires potentiels regorgent maintenant [en 2020] de liquidités, grâce aux interventions de la Réserve fédérale sur les marchés ces dernières semaines. »

Richard Squire fait remarquer : « Les compagnies aériennes ne sont pas à court de liquidités parce que leurs dettes arrivent à échéance plus tôt que prévu. Elles épuisent leurs liquidités parce que leurs revenus sont beaucoup plus bas que prévu. C'est un problème de solvabilité, pas de liquidités. Les pertes sont inévitables. La seule question est si Washington laisse les investisseurs privés se débrouiller avec les pertes ou les refile aux contribuables. »

Il ajoute : « Le président a aussi déclaré qu'il veut appuyer les compagnies aériennes parce qu'elles 'ne sont pas responsables' de la crise actuelle. Peut-être, mais les investisseurs d'une industrie doivent assumer leur responsabilité pour ses coûts sociaux directs. Sinon, l'industrie devient trop vaste tout en sous-investissant en ce qui concerne les précautions. Nul doute que les compagnies aériennes fournissent un service valable socialement. C'est à cause du risque d'une plus grande propagation que les gouvernements interdisent les vols internationaux et que le public fuit les cabines d'avion surpeuplées. La baisse de revenus qui en résulte pour l'industrie est l'expression d'un risque commercial inhérent au service que vendent les entreprises aériennes. Ce sont les investisseurs des compagnies aériennes, et non les contribuables, qui doivent porter le fardeau des pertes qui en résultent. »

Richard Squire écrit aussi que les compagnies aériennes exercent un chantage pour pousser le public à croire que c'est seulement par des manoeuvres pour payer les riches que « des mesures draconiennes comme les licenciements » peuvent être évitées. Dans une lettre commune aux dirigeants politiques du Congrès en septembre, les compagnies ont averti que si elles ne reçoivent pas immédiatement le 29 milliards de dollars additionnels en subventions « de protection de la paie » et un autre « 29 milliards en prêts ou garanties de prêts », il pourrait y avoir des mises à pied massives de même que des faillites. Bien sûr, les intérêts privés en contrôle ne suggéreront jamais une nouvelle direction pour l'industrie pour en faire un bien public ayant un nouvel objectif prosocial de servir le peuple et l'économie. Au lieu de cela, elles réclament des manoeuvres pour payer les riches afin de renforcer leur pouvoir, leur richesse et leurs privilèges de classe impérialiste privés.

Notes

1. La situation en Europe est similaire avec IAG, un cartel d'investissement mondial qui contrôle British Airways, Iberia et d'autres compagnies aériennes et intérêts industriels et financiers. IAG rapporte que ses compagnies aériennes ont connu un déclin en revenu brut de plus de 80 % au troisième trimestre comparé à il y a un an et que ses avions sont régulièrement à moitié pleins.

2. Le Business Insider écrit : « Le programme de protection de la paie [PSP], qui a été établi par la Loi CARES et s'est terminé ce mois-ci, a chargé le département américain du Trésor d'allouer 3 milliards de dollars U.S. aux entrepreneurs de l'aviation pour éviter des mises à pied non nécessaires alors que la pandémie a cloué les avions au sol.

« L'argent était censé couvrir la liste de paie des entreprises pendant six mois, jusqu'au 30 septembre, en échange de quoi les bénéficiaires devaient garder les travailleurs à leur emploi pendant ces six mois.

« Mais les 'délais' et 'l'approche perverse' du département du Trésor dans la mise en application du PSP ont encouragé les compagnies à congédier les travailleurs pendant qu'elles attendaient les fonds, a conclu le Comité spécial de la Chambre sur la crise du coronavirus dans un rapport publié le 9 octobre. [...]

« 'Ces délais ont poussé au moins 15 entrepreneurs de l'aviation différents à mettre à pied au moins 16 655 employés avant que les ententes n'entrent en vigueur, soit plus de 15 % de la force de travail actuelle engagée par les entrepreneurs de l'aviation', lit-on dans le rapport. »

Pour lire le rapport de la Chambre, cliquer ici

« Tyler Sonnemaker souligne que le département du Trésor américain a 'laissé les compagnies continuer à mettre à pied les travailleurs pendant que leurs demandes de PSP étaient traitées.' Selon le rapport, la décision a 'eu l'effet pervers d'inciter les compagnies à mettre à pied ou à mettre en congé des travailleurs avant d'appliquer l'entente' et à 'stocker l'argent au lieu de réengager les travailleurs mis à pied.'

« Swissport, Gate Gourmet et Flying Food Fare font partie des compagnies liées à l'industrie de l'aviation qui, selon le rapport, ont mis à pied des travailleurs tout en acceptant des fonds d'aide relatifs au coronavirus, et certaines compagnies ont utilisé les fonds pour payer leurs plus hauts dirigeants exécutifs. Le rapport souligne que Flying Food, par exemple, a reçu plus de 85 millions de dollars des contribuables et a 'rétabli le plein salaire des principaux dirigeants exécutifs et cadres' bien que plusieurs autres personnes de la compagnie étaient mises à pied. », a écrit Alternet.

Le bulletin ProPublica donne des exemples de ces pratiques dans un article particulièrement poignant qu'on peut lire en cliquant ici

3. ProPublica écrit qu'au 12 août 2020, les sauvetages TARP et de Fannie Mae et Freddie Mac en 2008 ont fourni 634 millions en fonds publics à 982 entreprises bénéficiaires. Le bulletin tient une liste de sauvetages attribués à ces centaines de compagnies qui reçoivent des fonds publics des deux programmes et de ce qui a été et n'a pas été remboursé. La liste des sauvetages est disponible ici

4. « L'administration Trump a laissé les compagnies aériennes mettre à pied plus de 16 500 travailleurs pendant qu'elles recevaient des fonds de secours liés au coronavirus dont certains ont été utilisés pour payer leurs plus hauts dirigeants exécutifs  selon un rapport du Congrès », écrit Tyler Sonnemaker dans le numéro du 20 octobre 2020 de Business Insider.

5. Jusqu'à maintenant, plusieurs gros transporteurs ont reçu plus de 12 milliards de dollars par le biais du programme de sauvetage de CARES. American Airlines a reçu 5,8 milliards, United 5 milliards, Alaska 992 millions, JetBlue Airways 936 millions, Frontier Airlines 205 millions, Hawaiian Airlines 292 millions et SkyWest 438 millions.

Cinq compagnies aériennes ont conclu une entente avec le département du Trésor pour une portion du 25 milliards de dollars de prêts fédéraux pendant la pandémie : American Airlines, Hawaiian Airlines, SkyWest Airlines, Spirit Airlines and Frontier Airlines.

Le printemps dernier, U.S. Airlines a commencé à recevoir des portions d'un 25 milliards de dollars additionnels de subventions pour couvrir les salaires des travailleurs. Les transporteurs de fret ont reçu un montant additionnel de 4 milliards. Des discussions étaient en cours au Congrès pour prolonger ce programme jusqu'en mars prochain, mais la lutte électorale entre les partis cartellisés des riches a forcé le report de la décision.

Une liste des centaines de compagnies aériennes qui ont déjà reçu leur soutien de la paie du gouvernement fédéral est disponible ici.

Le département du Trésor américain écrit :

« Paiements du programme de protection de la paie

« La section 4112 du Coronavirus Aid, Relief and Economic Security Act (CARES Act) autorise le département du Trésor à fournir 32 milliards de dollars pour indemniser les travailleurs de l'industrie de l'aviation et préserver leurs emplois.

« Le Programme de protection de la paie, en vertu de la Section A, du Titre IV, du Sous-Titre B de la Loi CARES protège la paie en vigueur chez les transporteurs de passagers, les transporteurs de fret et certains entrepreneurs pour la continuation du paiement du salaire des employés, des salaires de ceux qui sont à salaire fixe et des avantages sociaux. Un montant total pouvant atteindre 25 milliards est disponible pour les transporteurs aériens de passagers, 4 milliards pour les transporteurs aériens de fret et 3 milliards pour certains entrepreneurs. »

6. Le Chapitre 11 est semblable à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) de protection de la faillite pour les entreprises au Canada. Les travailleurs canadiens connaissent très bien la sinistre LACC qui est souvent utilisée pour attaquer leurs pensions et leurs avantages sociaux, et pour permettre de façon générale aux riches en contrôle de sortir aussi indemnes que possible d'une crise réelle ou inventée. L'aciérie Stelco de Hamilton en Ontario a inventé une faillite en vertu de la LACC en 2004, que la section locale 1005 du Syndicat des Métallos a dénoncée comme une vaste fraude pour payer les riches. On peut lire l'histoire de cette lutte dans les pages du Marxiste-Léniniste de cette période.

Les riches en contrôle d'une compagnie placée sous la protection de la LACC, de même que ceux responsables du processus de faillite comme le cartel Ernst & Young Global Limited, ont recours au processus pour s'enrichir eux-mêmes, attaquer la classe ouvrière et forcer des investisseurs rivaux à renoncer à une partie de leur investissement dans la compagnie placée sous la protection de la LACC, ou à subir un régime minceur selon l'acception populaire.

Une fois que les travailleurs et certains créanciers ont subi ce « régime minceur » par le biais du Chapitre 11 ou de la LACC, des compagnies comme les entreprises aériennes des États-Unis, émergent alors de la protection de la faillite et continuent leurs activités. D'autres compagnies sous la protection de la faillite peuvent être dissoutes et ce sont les riches en contrôle qui s'emparent de la part du lion des actifs tandis que les travailleurs ramassent leur vie à petits morceaux sans sécurité d'emploi, et sans les avantages sociaux et les pensions qu'ils ont mis des années à amasser.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 72 - 14 novembre 2020

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Les sauvetages gouvernementaux de l'industrie aux États-Unis


    

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