La crise du transport aérien en données crues


Les travailleurs du transport aérien à Halifax demandent des mesures gouvernementales,
le 9 novembre 2020. (Section locale 2002 d'Unifor)

Le revenu brut des transporteurs aériens a chuté de manière dramatique pendant la première partie de l'année 2020; le nombre de passagers a diminué de 90 % en un an de juillet à juillet. NAV CANADA, le cartel privé qui contrôle le trafic aérien, rapporte que le trafic aérien dans tout le pays en septembre était inférieur de 62,6 % à ce qu'il était il y a un an, et le fret aérien représente un haut pourcentage du trafic. On peut dire que ces chiffres terribles sont en grande partie auto-imposés par ceux en contrôle. Ils proviennent de la contradiction entre le contrôle privé de ceux en contrôle et en concurrence les uns avec les autres dans une industrie qui est entièrement socialisée et interconnectée avec le reste de l'économie et qui a besoin de coopération pour l'avantage réciproque de tous. Le secteur du transport aérien, comme toutes les industries de base, a besoin d'une nouvelle direction et d'un nouvel objectif qui servent le peuple, l'économie et la société et sont sous le contrôle de ceux qui font le travail.

Air Canada

Depuis le milieu du mois de mars, le plus grand transporteur aérien du pays, Air Canada, a réduit son programme de vols de plus de 90 % et cloué au sol plus de 200 des 332 avions de sa flotte. À la même période, elle a mis à pied 1 500 employés. Elle a coupé son service international de 150 aéroports à seulement cinq. Le revenu brut des ventes de billets et de services à Air Canada a chuté de 604 millions de dollars ou de 16 % au premier trimestre de 2020 par rapport à l'année précédente. La compagnie dit avoir dépensé 22 millions de dollars en liquidités par jour en mars. Elle a rapporté une perte de 1,55 milliard pendant son premier trimestre, comparé à un profit de 345 millions au même trimestre l'an dernier. Air Canada a déclaré qu'elle s'attendait à une baisse des dépenses en liquidités parce qu'elle met fin à la plupart de ses vols sauf les vols de fret.

Telle est la vision arriérée et destructrice des oligarques dominants. Ils voient uniquement les « dépenses en liquidités » de ce qu'ils considèrent leur propre argent lorsqu'ils produisent un service nécessaire dans une situation d'urgence. Ils ne voient aucune valeur à mobiliser la classe ouvrière pour travailler et produire, bien qu'à un niveau moindre, pendant la pandémie. Ils crient à tue-tête. Pourquoi produire si le profit maximum est hors de portée et que nous flambons de l'argent qui nous appartient ? C'est le public qui doit flamber son argent pour payer les travailleurs à ne pas travailler !

Lorsqu'ils font face aux difficultés d'une urgence sanitaire, les riches oligarques agissent désespérément pour sauver leurs fortunes privées. Ils voient dans la destruction des occasions de sauver leur peau, de réclamer des deniers publics et même d'étendre leurs empires comme comptent secrètement le faire les oligarques d'Air Canada avec leur proposition d'acheter Air Transat à la moitié du prix qu'ils ont offert avant la pandémie.

Le deuxième trimestre d'Air Canada : Les résultats du deuxième trimestre de 2020 d'Air Canada montrent que le revenu brut est tombé de 4,738 milliards de dollars au deuxième trimestre de 2019 à 527 millions au deuxième trimestre de cette année, soit une baisse de 4,211 milliards ou 89 %. Seul le revenu du transport de fret a augmenté par rapport à l'an dernier de 52 % pour atteindre 269 millions. Le total des passagers transportés a chuté de 96 % par rapport au deuxième trimestre de 2019. La perte opérationnelle pour le trimestre a atteint 1,555 milliard de dollars comparé à un revenu d'exploitation de 422 millions au deuxième trimestre de 2019, soit une baisse de presque 2 milliards de dollars. À ce stade, Air Canada avait réduit ses effectifs de plus de la moitié – soit un total de 20 000 postes – par des mises à pied, l'attrition et des retraités anticipées.

Annulation de dessertes : Au mois de juin, Air Canada a annoncé la suspension complète de services de 30 lignes régionales. Les lignes annulées, sans qu'il n'y ait quelque plan de les répartir, sont les suivantes :

Provinces atlantiques : Deer Lake – Goose Bay, Deer Lake – St. John's, Fredericton – Halifax, Fredericton – Ottawa, Moncton – Halifax, Saint John – Halifax, Charlottetown – Halifax, Moncton – Ottawa, Gander – Goose Bay, Gander – St. John's, Bathurst – Montréal, Wabush – Goose Bay, Wabush – Sept-Iles, Goose Bay – St. John's.

Québec : Baie-Comeau – Montréal, Baie-Comeau – Mont-Joli, Gaspé – Iles-de-la-Madeleine, Gaspé – Québec; Sept-Îles – Québec; Val d'Or – Montréal, Mont-Joli – Montréal, Rouyn-Noranda – Val-d'Or.

Ontario : Kingston – Toronto, London – Ottawa, North Bay – Toronto, Windsor – Montréal.

Ouest canadien : Regina – Winnipeg, Regina – Saskatoon, Regina –Ottawa, Saskatoon – Ottawa.

Fermeture des escales à des aéroports régionaux : Air Canada a fermé ses escales dans les aéroports régionaux suivants :

Bathurst, Nouveau-Brunswick
Wabush, Terre-Neuve-et-Labrador
Québec : Gaspé, Baie-Comeau, Mont-Joli, Val-d'Or
Ontario : Kingston, North Bay

WestJet

WestJet, le deuxième plus grand transporteur canadien, a immobilisé plus tôt cette année 140 de ses 181 avions et a mis à pied plus de 9 500 de ses 14 000 employés. La destruction du service a causé une baisse de 95 % des voyages de passagers chez le transporteur, surtout en direction et en provenance de l'Alberta.

WestJet a aussi éliminé 80 % de ses vols vers les provinces atlantiques. Il a suspendu complètement ses services à Moncton, Fredericton, Sydney et Charlottetown et réduit de manière considérable ses vols vers Halifax et St. John's. Il a mis fin à tous ses vols entre Toronto et Québec.

Les autres transporteurs

Porter Airlines de Toronto a immobilisé toute sa flotte d'avions le 21 mars et dit maintenant que la suspension va se poursuivre au moins jusqu'au 15 décembre.

Air Transat a mis fin à presque toutes ses activités et a fermé son escale de Vancouver.

Sunwing et d'autres transporteurs régionaux plus petits au pays ont essentiellement suspendu leur service aérien.

NAV CANADA

Cette année, le contrôleur national du trafic aérien NAV CANADA, qui est un cartel privé des plus gros transporteurs aériens et d'autres, a mis à pied jusqu'à maintenant 720 de ses 4 600 travailleurs.

NAV CANADA a annoncé en mai qu'il augmenterait ses prix de 29,5 %, ce qui est entré en vigueur en septembre. Les nouveaux frais comprennent l'augmentation des prix des billets d'environ 100 dollars pour un vol-voyage d'une famille de 4 personnes. NAV CANADA a fait porter le blâme de la hausse sur l'absence d'un plus grand appui du gouvernement, mais il n'a pas spécifié, en tant qu'entreprise privée, quel appui il attend du trésor public.

Le président et chef de la direction Neil Wilson a écrit ceci dans un communiqué de presse à ce moment-là : « NAV CANADA reconnaît que cette augmentation survient à un moment où ses clients se trouvent également dans des circonstances exceptionnellement difficiles en raison de la pandémie. Avant de proposer cette mesure tarifaire, NAV CANADA a examiné activement toutes les solutions de rechange possibles, y compris l'aide gouvernementale, et elle continuera de les étudier et de les utiliser afin de réduire au minimum ou d'éviter l'augmentation proposée. »

NAV CANADA est une entreprise privée qui possède et exploite le système de navigation aérienne civile du Canada (FSNA) pour le compte des transporteurs privés. Son travail comprend le contrôle de la circulation aérienne, l'information de vol, les exposés météorologiques, l'information aéronautique, les services consultatifs d'aéroport et les aides électroniques à la navigation. Ces responsabilités étaient assumées par Transports Canada avant qu'elles soient privatisées en 1996. Le gouvernement fédéral du Parti libéral de Jean Chrétien a transféré le FSNA de Transports Canada à NAV CANADA pour des frais de privatisation de 1,5 milliard de dollars. La direction cartellisée qui a pris le contrôle du FSNA est composée de quatre directeurs de grands transporteurs aériens, un de l'aviation générale et commerciale, trois du gouvernement fédéral et deux des syndicats d'employés.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 72 - 14 novembre 2020

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