La crise dans l'industrie du transport aérien

Il faut donner à l'industrie du transport aérien un objectif d'édification nationale

Les travailleurs du transport aérien manifestent sur la colline du Parlement pour demander que le gouvernement fédéral prenne des mesures pour sauver l'aviation canadienne le 20 octobre 2020.

Une nouvelle direction et un nouvel objectif pour le secteur du transport aérien, qui commencent par l'édification nationale au service du peuple, sont nécessaires

La crise actuelle qui frappe le secteur du transport aérien est la cinquième du siècle. Le 11 septembre 2001, les attaques contre les tours jumelles et le Pentagone aux États-Unis, et l'éclosion du SRAS en 2003 ont perturbé le secteur du transport aérien, en particulier Air Canada. Puis, il y a eu la crise économique générale de 2008-2009 suivie de l'effondrement des prix du pétrole en 2014 et la crise qui se poursuit dans le secteur pétrolier qui a durement frappé l'Alberta et la Saskatchewan.

La crise de 2020 est la plus sévère jusqu'à maintenant. Elle montre la nécessité d'une nouvelle direction et d'un nouvel objectif pour le secteur qui rompent avec les crises récurrentes et la main de fer des cartels mondiaux d'investissement et leur obsession du profit privé maximum avant toute chose. Le secteur du transport aérien est un élément clé de l'édification nationale moderne, en particulier au Canada qui possède un vaste territoire, des régions économiques distinctes d'un océan à l'autre, qui font du commerce les unes avec les autres et avec le monde, et dont une grande partie de la population a de la famille et d'autres relations à l'échelle du Canada et à l'étranger. L'industrie du transport aérien a besoin de coopération et d'un objectif large qui sert le peuple, l'économie et la société, et non les intérêts privés concurrents actuels des riches du monde cherchant à s'enrichir.

Avant la pandémie et la crise économique qui a suivi en 2020, plus de 50 000 travailleurs étaient employés directement par les compagnies aériennes du Canada, comme agents de bord, pilotes, bagagistes, au service à la clientèle, à l'entretien, dans les centres d'appel et dans la sécurité. Aujourd'hui, seule une fraction de ce nombre est toujours employée et au travail. Les grands aéroports de Montréal, Toronto, Ottawa, Calgary et Vancouver avaient tous des milliers de travailleurs avant la pandémie, mais aujourd'hui ils ressemblent à des villes fantômes. La crise a aussi affecté de façon indirecte des milliers d'autres travailleurs du tourisme, de l'hôtellerie, de la restauration et du taxi.


Manifestation à l'Aéroport Pearson de Toronto, le 30 octobre 2020

Les causes de la crise dans le secteur du transport aérien sont à la fois objectives et subjectives. La pandémie de la COVID-19 a précipité la crise immédiate, mais la manière dont les compagnies aériennes de propriété et de contrôle privés ont réagi à la pandémie a aggravé la crise. La réponse a été conditionnée par l'objectif étroit et la panique de ceux qui contrôlent non seulement des compagnies aériennes, mais également la politique, et par la contradiction sous-jacente entre la force productive socialisée du secteur et son contrôle privé par les oligarques en concurrence les uns avec les autres.

L'élite dirigeante en contrôle considère la classe ouvrière comme un ennemi et un objet à exploiter et non pas comme le facteur humain déterminant qui peut et doit être mobilisé pour vaincre la pandémie et résoudre les problèmes économiques et sociaux. La réponse réactionnaire des riches qui contrôlent et possèdent les secteurs économiques principaux est conditionnée par leur conception selon laquelle la classe ouvrière est un coût de production et un objet à exploiter et à mettre au rancart à volonté. Leur mégalomanie est si intense qu'ils croient que c'est seulement si les riches s'enrichissent que l'économie prospérera et qu'une partie de leur surcroît de richesse se répandra parmi les gens sous forme d'emplois et par leur charité philanthropique. Leur objectif étroit de profit privé ne leur permet pas de voir ou de saisir qu'il faut placer le secteur du transport aérien en mode d'urgence afin de garder les travailleurs actifs et en production pour le bien de l'économie socialisée et pour le bien commun. Au lieu de cela, les intérêts privés qui contrôlent le secteur se sont démenés pour sauver leurs fortunes privées et se sont engagés dans le saccage de la force productive tout en mendiant pour des mesures de sauvetage à même les fonds publics.

La réponse de l'élite dominante du secteur du transport aérien à la pandémie a été de mettre les travailleurs à pied et de réduire les vols. Ils ont refusé de mobiliser leurs travailleurs pour qu'ils participent consciemment et continuent de voler d'une manière responsable et sécuritaire avec plus de vols, moins de passagers et toutes les précautions physiques additionnelles que les scientifiques et les travailleurs eux-mêmes jugent nécessaires.


Manifestation des travailleurs du transport aérien de Montréal, le 30 octobre 2020.

Ceux en contrôle ont plutôt conspiré avec leurs représentants au gouvernement fédéral pour payer à certains de leurs travailleurs une fraction de leur salaire normal pour qu'ils ne travaillent pas et restent en contact avec eux pour les utiliser au besoin alors que les autres ont été licenciés. Cette action intéressée des riches a engendré beaucoup d'anxiété, d'insécurité et de difficultés parmi les travailleurs du transport aérien au moment où on a le plus besoin de leur expertise et de leur sens de responsabilité sociale au travail afin que l'industrie continue de produire et serve l'économie, le peuple et la société.

Les riches qui contrôlent le secteur exigent en outre des mesures publiques de sauvetage comme des prêts à faible taux d'intérêt, l'achat par le gouvernement d'actions dans leurs compagnies privées et d'autres stratagèmes pour payer les riches. Ces demandes sont mises de l'avant sans que rien n'ait été fait pour résoudre le problème de comment produire durant l'urgence sanitaire. En fait, l'élite dirigeante a délibérément organisé l'effondrement de l'industrie, comme le démontrent les données. Elle a demandé que le gouvernement paie à ses travailleurs une allocation afin qu'ils ne travaillent pas, et maintenant, en réponse à ses actions criminelles de saccage, elle demande des deniers publics pour sauvegarder ses intérêts privés afin qu'elle puisse continuer de l'ancienne manière.

Pourquoi devrait-on récompenser par des fonds publics des actions intéressées aussi irresponsables socialement ? Les oligarques du transport aérien ont démontré de manière concrète qu'ils sont incapables de résoudre les problèmes et sont détachés des conditions actuelles et de la nécessité d'une nouvelle direction. Ils sont aveuglés par leur cupidité et leur haine des travailleurs et de la société. Ils méritent de se faire confisquer leur position de propriété et de contrôle et d'être jetés à la poubelle de l'histoire.

Le refus de mobiliser la classe ouvrière de tout le pays pour soutenir collectivement la responsabilité sociale les uns envers les autres et envers la société et pour s'attaquer à la pandémie en ayant recours à la science et aux moyens de production avancés disponibles a mené à une aggravation de la crise économique et à une résurgence de la pandémie.

En cette ère moderne, aucun problème économique, politique ou social ne peut être résolu sans la mobilisation de la classe ouvrière pour s'attaquer au problème en déployant le facteur humain/conscience sociale. Cela requiert une nouvelle direction et un nouvel objectif pour l'économie qui soutiennent le bien public et l'édification nationale pour se soutenir l'un l'autre et servir la société en général dans un esprit d'avantage réciproque et de coopération.

Le contrôle, la direction et l'objectif des oligarques mondiaux visant à se faire concurrence pour le profit privé maximum afin de s'enrichir par l'expropriation de la valeur que les travailleurs produisent et leur exploitation socialement irresponsable des ressources naturelles sont obsolètes, totalement discrédités et en contradiction avec les forces productives socialisées. Elles mènent à des crises destructrices récurrentes et à la guerre.

Les travailleurs et leurs collectifs doivent intensifier leur lutte pour prendre le contrôle de la situation pour le bien de la nation, du peuple, de l'économie et de la société. C'est le temps maintenant de bâtir le Nouveau !

(Photos : ALPA Canada, SCFP, section locale 2002 d'Unifor)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 72 - 14 novembre 2020

Lien de l'article:
La crise dans l'industrie du transport aérien: Il faut donner à l'industrie du transport aérien un objectif d'édification nationale - K.C. Adams


    

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