Le problème d'investir le peuple du pouvoir persiste

À l'instar de tous les partis cartellisés, le premier ministre élu, John Horgan, affirme qu'il a reçu un mandat du peuple de la Colombie-Britannique pour gouverner comme il l'entend, même si, au mieux, son gouvernement n'a reçu que 45,08 % des voix (au 29 octobre), avec un taux de participation dérisoire de 52,4 % des électeurs admissibles. Son soi-disant mandat repose donc sur les votes de 23,62 % des électeurs admissibles.

De plus, de nombreux électeurs parmi ce 23,62 %, étaient fortement en désaccord avec le déclenchement des élections en pleine pandémie et trouvaient que cette décision était opportuniste, antidémocratique et un simple coup de force. Tant le déclenchement des élections que la campagne électorale ont montré un mépris et une indifférence face à la situation difficile parmi le peuple, causée par les pertes d'emploi, les pressions exercées sur les professionnels et les travailleurs de la santé, les enseignants et les travailleurs en éducation, les étudiants et les parents, le problème des itinérants et la crise croissante des opioïdes ainsi que les craintes très réelles d'une résurgence de la COVID-19 et de la répétition des décès tragiques, de la souffrance et de l'isolement des résidents des établissements de soins de longue durée. Beaucoup ont voté avec réticence pour le NPD parce qu'ils craignaient qu'un gouvernement libéral ne soit encore plus brutal.

On ne peut certainement pas parler d'un consentement des gouvernés pour le programme NPD.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, le gouvernement minoritaire du NPD a été un représentant docile et prédisposé à servir les intérêts financiers privés internationaux qui convoitent les ressources naturelles et humaines de la Colombie-Britannique, comme on peut le voir, entre autres, avec les projets de LNG Canada et du barrage du Site C. Le 22 octobre, le Globe and Mail a publié une entrevue avec John Horgan dans laquelle ce dernier expliquait que sa décision de déclencher les élections avait été influencée par les conseils qu'il avait demandés au président et chef de la direction de Jim Pattison Group, la deuxième plus grande société privée du Canada ayant des intérêts dans toutes les grandes industries de la Colombie-Britannique. Ni l'exécutif du NPD ni les membres ni les députés n'ont été mobilisés dans la décision de déclencher les élections.

La décision a été prise par le premier ministre et une poignée de conseillers non élus. Il est indéniable que le sentiment d'aliénation des électeurs envers le processus politique est plus répandu que jamais, en raison de l'élection elle-même et de la marginalisation du corps politique qui n'a pas son mot à dire sur les questions qui le concernent. C'est particulièrement ressenti par les travailleurs de la santé et les familles des résidents en soins de longue durée, les enseignants et les autres travailleurs de l'éducation et les travailleurs de l'industrie hôtelière qui manifestent avec force contre l'échec du gouvernement à assumer la responsabilité sociale des décisions annoncées. Les travailleurs ont été complètement écartés de la riposte à la pandémie et sont devenus la cible des ordres venant d'en haut.

Alors que certains espèrent que, maintenant que le NPD est majoritaire, il peut être persuadé d'agir dans l'intérêt du peuple et de l'environnement, les plans du gouvernement de John Horgan sont déjà inscrits dans le « Plan de relance » publié quelques jours avant le déclenchement des élections[1]. C'est une continuation de l'ordre du jour néolibéral antisocial selon lequel la sécurité et la prospérité de la Colombie-Britannique dépendent des stratagèmes pour payer les riches, de l'appui à l'entreprise privée, de la poursuite des projets qui remettent des milliards de dollars aux monopoles mondiaux, une voie qui s'est déjà avérée désastreuse pour l'environnement, pour une économie indépendante et qui viole les droits ancestraux des peuples autochtones.

La grande majorité des Britanno-Colombiens a été exclue de la décision de tenir des élections, de toute discussion sur les problèmes auxquels fait face le corps politique et les solutions qui favoriseraient le peuple. Cette expérience fait ressortir, une fois de plus, la nécessité de nouvelles dispositions, du renouveau politique pour mettre fin à la marginalisation du peuple et d'une nouvelle direction pour l'économie fondée sur la satisfaction des besoins du peuple.

Note

1. « La restructuration des arrangements étatiques pour renforcer l'économie provinciale qui paie les riches », K.C. Adams, LML, 3 octobre 2020


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 67 - 31 octobre 2020

Lien de l'article:
Le problème d'investir le peuple du pouvoir persiste


    

Site Web:  www.pccml.ca   Courriel:  redaction@cpcml.ca