À titre d'information

Feuillet d'information sur la décision Marshall


La Première Nation Sipekne'katik se rassemble à Saulnierville, Nouvelle-Écosse, le 17 septembre 2020, pour célébrer l'ouverture de la première pêche de subsistance modérée Mi'kmaq, 20 ans après la décision R. c.. Marshall.

Que disent les décisions Marshall ? En septembre 1999, dans l'affaire Donald Marshall, la Cour suprême du Canada a statué qu'une série de traités signés entre 1760 et 1761 par les Mi'kmaq et la Couronne britannique étaient toujours valides.

Connus sous le nom de traités de paix et d'amitié, ils prévoient que les Mi'kmaq ont le droit de récolter et de vendre du poisson, des animaux sauvages, des fruits et baies sauvages pour assurer une subsistance convenable

Dans une deuxième décision, rendue en novembre 1999, la Cour a « clarifié » sa décision antérieure. Ensemble, ces deux décisions sont appelées Marshall 1 et Marshall 2.

Qu'est-ce qu'une « subsistance convenable » ?

La clause la plus importante des traités de 1760 et 1761 est la soi-disant « clause de maisons de troc » qui, selon la Cour suprême, signifie, dans le contexte actuel, un droit à un moyen de subsistance convenable. La « clause de maisons de troc » promettait aux Mi'kmaq (et aux Wolastoqiyik et Peskotomuhkati) que des maisons de troc ou postes de traite gérés par le gouvernement seraient établis pour permettre aux Mi'kmaq de vendre leurs produits comme la viande, les fourrures, les plumes et le poisson. En retour, les Mi'kmaq, les Wolastoqiyik et les Peskotomuhkati ont promis de ne faire du commerce que dans les maisons de troc.

Selon la Cour suprême, la promesse d'un poste de traite et la promesse de ne faire du commerce que dans une maison de troc équivaut à un droit « de commercer pour se procurer les biens nécessaires » (les marchandises européennes dont, en 1760-1761, les Mi'kmaq en sont venus à dépendre) et non un droit général de faire du commerce pour des gains économiques importants.

« La notion de 'subsistance convenable' s'entend des choses essentielles comme 'la nourriture, le vêtement et le logement, complétées par quelques commodités de la vie', mais non de l'accumulation de richesses ... » (Marshall 1, article 59)

Les traités signés en 1760-1761 par les Mi'kmaq et la Couronne britannique sont toujours valides.

Est-ce que toutes les ressources naturelles et
les aliments sont couverts par les traités ?

Non. Les Mi'kmaq ont le droit continu de récolter et de vendre tous les types de produits que les Mi'kmaq commerçaient dans les années 1760. Les articles qui peuvent être récoltés et vendus pour gagner une subsistance convenable ne s'étendent pas, par exemple, aux grumes. La Cour suprême du Canada dans R. c. Bernard; R. c. Marshall (« l'affaire de l'exploitation forestière ») a conclu que lorsque les traités ont été signés, il y avait tellement de bois disponible pour le bois d'oeuvre que les nouveaux colons n'avaient pas besoin d'acheter du bois aux Mi'kmaq pour construire des maisons, des granges, des hangars, etc.

Elle a conclu que, bien que les traités protègent les droits des Mi'kmaw de récolter et de disposer de certains articles, la coupe et la vente de grumes (exploitation commerciale du bois) n'étaient pas protégées en tant qu'« évolution logique » d'une activité commerciale traditionnelle.

Où le droit de traité à une subsistance convenable peut-il être exercé ?

Alors que la Cour suprême a qualifié les traités de 1760-1761 de « traités locaux » exercés par des Mi'kmaq ayant l'autorité communautaire, la territorialité des traités de 1760 et 1761 n'est pas claire et l'approche de l'Assemblée des chefs Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse est que tous les Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse ont les mêmes droits dans toute la province.

Est-ce qu'il y a des limites au droit à une subsistance
convenable issu de traité ?

Oui. La Cour suprême a indiqué que l'exercice des droits issus de traités, comme l'exercice des droits ancestraux, peut être limité.

La Couronne peut limiter ou enfreindre le droit à un moyen de subsistance modéré, mais il doit y avoir un objectif public primordial pour limiter l'exercice du droit  comme la conservation ou la sécurité publique. Toute atteinte doit être le minimum nécessaire pour atteindre l'objectif public et le groupe autochtone doit être consulté avant que la limitation du droit ne soit imposée. Une compensation doit être prévue en cas d'infraction. Ceci est connu sous le nom de « arguments justificatifs »; autrement dit, la Couronne doit démontrer que les limites qu'elle impose au droit issu de traité sont justifiées parce que c'est la seule façon d'atteindre l'objectif public primordial.

Les ressources qui sont récoltées pour obtenir un moyen de subsistance convenable doivent être équitablement partagées avec les non-Mi'kmaq.

À propos du bureau de négociation Kwilmu'kw Maw-klusuaqn

Le bureau de négociation Kwilmu'kw Maw-klusuaqn (KMKNO) travaille au nom de l'Assemblée des chefs Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse dans le cadre des négociations et des consultations entre les Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse, la province de la Nouvelle-Écosse et le gouvernement du Canada.

KMKNO a été développé par les Mi'kmaq pour les Mi'kmaq.

Le but de ces négociations et consultations est de mettre en oeuvre nos droits ancestraux et issus de traités signés par nos ancêtres dans les années 1700.

(www.mikmaqrights.com, Juin 2019. Photos : Mi'kmaq Rights Initiative, J. Gruben)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 67 - 31 octobre 2020

Lien de l'article:
: Feuillet d'information sur la décision Marshall - Le bureau de négociation Kwilmu'kw Ma


    

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