Le peuple chilien persiste dans sa
lutte pour la reconnaissance de ses droits
Le plébiscite sur la nouvelle constitution et le premier anniversaire de la révolte contre le régime néolibéral de Pinera
- Nick Lin -
Marche du 8 septembre 2020 en appui à
une nouvelle constitution.
Un an après l'éclatement, le 18
octobre 2019, de la révolte populaire contre
le gouvernement du milliardaire Sebastian Pinera
et son saccage néolibéral, le peuple chilien
continue de se mobiliser et de s'organiser pour
réaliser le changement politique et économique
qu'il exige. Il continue de mettre de l'avant ses
principales revendications pour une nouvelle
constitution et pour la démission du président
Pinera en raison des mesures économiques
antisociales, de la corruption et de la répression
brutale du peuple par son gouvernement.
LML salue le peuple chilien qui continue
de défendre ses revendications face à une
répression massive et aux difficultés occasionnées
par la pandémie, et lance un appel à tous
d'appuyer sa juste cause.
Le plébiscite du 25 octobre sur une
nouvelle constitution
Le 25 octobre aura lieu un plébiscite sur
une nouvelle constitution. Ce dernier devait avoir
lieu en avril, mais en raison de la pandémie le
vote a été reporté au 25 octobre. Le 15
novembre 2019, les actions de masse soutenues du
peuple ont franchi une étape préliminaire dans
l'établissement de la nouvelle constitution,
lorsque les députés du Congrès national ont
convenu qu'un plébiscite pour une nouvelle
constitution devrait être organisé.
La constitution actuelle du pays a été rédigée
en 1980 et y sont enchâssés des arrangements
économiques néolibéraux et des politiques
réactionnaires adoptés au cours de la dictature de
Pinochet, bien que celle-ci ait pris fin
en 1990[1].
Le plébiscite soumettra la question aux Chiliens
à savoir s'ils veulent une nouvelle constitution
et, si oui, si elle doit être rédigée par les
Chiliens eux-mêmes ou par une démarche conjointe
de citoyens et de législateurs. S'il est décidé
d'avoir une nouvelle constitution, un autre vote
aurait lieu le 11 avril 2021 (en
conjonction avec les élections municipales et
gouvernementales) où seraient élus les membres de
la convention constitutionnelle responsable de la
rédaction de la nouvelle constitution. Un
troisième scrutin aurait lieu en 2022 pour
décider de l'adoption de la nouvelle constitution.
Un mois avant le scrutin, un groupe de partis
politiques et d'organisations favorables à une
nouvelle constitution ont lancé une initiative
appelée « Nous approuvons un Chili dans la
dignité » pour faire connaître un manifeste
prônant que la nouvelle constitution doit
enchâsser les droits tels que le droit de vote
pour les personnes à partir de l'âge de 16
ans, le droit à une éducation publique gratuite et
de qualité à tous les niveaux, la création d'un
système de sécurité sociale avec un financement
tripartite et une couverture universelle, le droit
au logement, le droit à la santé et beaucoup
d'autres revendications.
Le 20 octobre, Marcos Barraza, l'ancien
ministre du Développement social au sein du
gouvernement de Michelle Bachelet, a fait valoir
qu'une victoire du plébiscite ne veut pas
nécessairement dire que ceux qui ont avantage à
maintenir le statu quo seront défaits, et qu'il
relève des forces progressistes de bien refléter
les droits sociaux dans la nouvelle constitution.
Il a ajouté que l'une des principales stratégies
des personnes qui désirent conserver la
constitution actuelle dans sa presque totalité est
de présenter le plébiscite comme un simple
exercice démocratique sans réel impact sur la vie
du peuple.
Selon les agences de nouvelles, les récents
sondages indiquent que 72 % de la
population est favorable à une nouvelle
constitution.
Des manifestations de masse pour souligner le
premier
anniversaire de la révolte populaire
Le 18 octobre, des dizaines de milliers de
personnes se sont ralliées au square central de
Santiago, Plaza Baquedano, rebaptisé par le peuple
le Square de la Dignité –
un symbole de leurs aspirations pour des
arrangements prosociaux –
pour souligner un an de manifestations durant
lesquelles des millions de gens sont descendus
dans la rue. L'action de masse a été organisée
malgré la répression continuelle du mouvement
populaire par le gouvernement, et le déploiement
de 40 000 carabiniers, la force policière
nationale, armés de canons à eau et de gaz
lacrymogènes, aient été déployés contre les
manifestants.
Les manifestations, qui ont commencé tôt le
matin, ont mis de l'avant les revendications du
plébiscite du 25 octobre, tout en commémorant
tous ceux qui ont été tués, blessés, torturés et
abusés par les forces de sécurité de l'État au
cours de la dernière année.
Les chiffres compilés par le Congrès
nord-américain sur l'Amérique latine indiquent
qu'à la fin de février, 36 personnes avaient
été tuées dans les
manifestations, 11 564 blessées
et 28 000 détenues. Selon l'Institut national
chilien des droits humains (INDH), 964
personnes ont été blessées par des balles en
caoutchouc, y compris 222 ayant subi des
blessures aux yeux. La Société chilienne de
l'ophtalmologie déclare que c'est le nombre le
plus élevé de telles blessures subies dans des
manifestations ou dans des zones de conflits à
l'échelle mondiale.
Le 3 octobre, une vidéo montre un carabinier
en train de pousser dans la rivière Mapocho un
jeune de 16 ans du haut du pont Plo Nono à
Santiago, ce qui a enclenché des manifestations de
masse exigeant la démission du chef des
carabineros, le général Mario Rozas. La police a
d'abord prétendu que le jeune avait sauté dans la
rivière de son propre gré, mais l'agent a plus
tard été accusé de tentative de meurtre.
Note
1. Un
article du 10 décembre 2019 de Camila
Osorio dans le New Yorker dit que la
constitution actuelle « fut finalisée
en 1980 et approuvée par un plébiscite qui
a été grandement perçu comme frauduleux. Des
partis politiques de gauche avaient été
interdits, et les forces armées étaient les
'garants' de l'État. Le chapitre quatorze
fournit l'élément clé : tout amendement de
la constitution doit être approuvé par trois
membres du Congrès sur cinq. Si le président met
son veto à un amendement, il faut les trois
quarts des votes du Congrès pour le défaire. Si
le président n'impose son veto qu'à certains
articles d'une réforme, le Congrès doit avoir
les deux tiers de la majorité pour le défaire.
Si une réforme réussit à surmonter tous ces
obstacles, elle devra tout de même être soumise
à l'étude d'un tribunal constitutionnel, qui a
le pouvoir de la rejeter. [...]
« Un aspect particulièrement
important du nouveau processus était que
d'importantes majorités étaient requises pour
contester les politiques économiques
néolibérales que la junte avait mises en oeuvre.
Avec l'aide d'économistes qui prônent le
libre-marché et qui ont étudié sous Milton
Friedman à l'Université de Chicago, Pinochet a
coupé dans les dépenses publiques, déréglementé
les banques, dégelé les taux d'intérêt, et
privatisé les systèmes de santé, d'éducation et
de pensions. »
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 65 - 24 octobre 2020
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Le peuple chilien persiste dans sa
lutte pour la reconnaissance de ses droits: Le plébiscite sur la nouvelle constitution et le premier anniversaire de la révolte contre le régime néolibéral de Pinera - Nick Lin
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