Victoire retentissante du peuple aux élections boliviennes

La mobilisation de masse chasse du pouvoir les forces du coup d'État réactionnaire


Le président élu Luis Arce (quatrième à partir de la gauche) et le vice-président élu David Choquehuanca (cinquième à partir de la gauche)

Le 23 octobre, cinq jours après la tenue d'une élection générale en Bolivie, les résultats officiels tant attendus ont été annoncés par l'Organe électoral plurinational du pays. Ils ont confirmé et dépassé ce que les sondages avaient prédit le 18 octobre : une victoire écrasante au premier tour pour Luis Arce, le candidat à la présidence du Mouvement vers le socialisme  instrument politique pour la souveraineté des peuples (MAS-IPSP)  et son candidat à la vice-présidence David Choquehuanca. Luis Arce devient le président avec 55,1 % des voix, une majorité de près de 27 points sur le deuxième, Carlos Mesa (Communauté civique), qui a obtenu 28,3 %. Luis Fernando Camacho (Nous Croyons) a terminé troisième avec 14 % des voix, suivi de Chi Hyun Chung (Front pour la victoire), avec 1,55 % des voix et Feliciano Mamani (Parti de l'action nationale de Bolivie) avec 0.51 %. Presque 70 % des votes faits à l'extérieur de la Bolivie sont allés à Louis Acre.

Tant Mesa, un ancien président de la Bolivie qui aurait été le candidat préféré des États-Unis, que Camacho, membre d'une riche famille de Santa Cruz ayant des liens avec des gangs paramilitaires racistes appelés « comités civiques », ont participé au coup d'État de novembre dernier contre le président Evo Morales avec un brouhaha au sujet d'une fraude pour assurer sa réélection sans aucune preuve à l'appui.


Evo Morales le 18 octobre 2020 lors d'une célébration de la victoire électorale du MAS-IPSP
à Buenos Aires, Argentine

Lors de l'élection de cette année, le MAS-IPSP a conservé sa majorité dans les deux chambres de l'Assemblée législative plurinationale, remportant 73 des 130 sièges à la Chambre des représentants et 21 des 36 sièges au Sénat. Le nouveau gouvernement sera assermenté le 8 novembre. Les grandes célébrations publiques ont déjà commencé le samedi 24 octobre après l'annonce des résultats officiels.

La participation aux élections a été estimée à un peu plus de 88,4 % des électeurs inscrits. Salvador Romero, le président du Tribunal suprême électoral (TSE), a qualifié la participation d'historique en Bolivie et la plus importante de toute l'Amérique latine à ce jour au XIXe siècle, surtout pour un vote qui a eu lieu au milieu d'une pandémie. Le taux de participation moyen aux élections en Bolivie, où le vote est obligatoire, est d'environ 80 %, a-t-il dit.

Des observateurs électoraux ont été envoyés en Bolivie, pendant que d'autres travaillaient à distance depuis l'extérieur du pays, par les Nations unies, l'Union européenne, le Centre Carter aux États-Unis, la Conférence permanente des partis politiques latino-américains (COPPAAL) et le Parlement sud-américain (Parlasur). Parmi les autres qui ont été accrédités, il y a une délégation de parlementaires argentins, une équipe de journalistes mobilisée par le groupe antiguerre américain Code Pink et une délégation de l'Internationale progressiste. L'Organisation des États amériains (OÉA) a insulté le peuple bolivien en envoyant une mission d'observation dirigée par le même individu, un ancien ministre des Affaires étrangères du Costa Rica, qui a dirigé la mission ayant ouvert la porte au coup d'État de l'année dernière. Le Canada a contribué au financement et fourni un certain nombre d'observateurs à la mission de l'OÉA de cette année, comme il l'avait fait l'année dernière. Peu de temps avant le jour des élections, alors que Luis Arce et David Choquehuanca possédaient une forte avance dans tous les sondages, le secrétaire général de l'OÉA, Luis Almagro, a commencé à répandre le bruit au sujet d'une possible « nouvelle fraude électorale » en Bolivie, ce qui signale son intention de se réessayer plus tard.

Almagro doit être déçu. Aucune des missions d'observation électorale nationales ou internationales, y compris celle de l'OÉA, ni les représentants des partis ayant des candidats à l'élection n'ont déclaré avoir des doutes sur l'élection ou les résultats. La présidente de facto du gouvernement putschiste, Jeanine Añez, ainsi que d'autres ennemis jurés du MAS, y compris d'autres candidats à la présidence, ont reconnu la victoire de Luis Arce et Davi Choquehuanca, concédant leur propre défaite sans attendre les résultats officiels. Le fait que les mêmes tendances de vote en faveur du MAS aient émergé dans cette élection que lors des années précédentes, et se soient accentuées par un plus grand nombre de voix cette fois-ci, est un argument solide contre les accusations de porte-paroles de l'impérialisme américain selon qui Evo Morales a remporté l'élection de l'année dernière par « fraude ». Cela donne plutôt du poids à l'opinion exprimée par beaucoup aujourd'hui, selon laquelle la seule fraude était celle que l'OÉA a utilisée pour perpétrer ses actions contre le peuple bolivien.

La lutte tenace menée par les travailleurs et les mouvements sociaux boliviens, dont de nombreuses organisations de femmes et autochtones rassemblées autour du MAS, pour exiger que le gouvernement putschiste organise une nouvelle élection sans délai, en est une preuve supplémentaire. Il en est de même de la participation massive et enthousiaste à des rassemblements soutenant les candidats du MAS aux postes de président et de vice-président à l'approche des élections; du nombre sans précédent de personnes qui ont voté aux élections de cette année et pour qui elles ont voté massivement.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a envoyé une lettre de félicitations au président élu Luis Arce, au vice-président élu David Choquehuanca, au président du MAS-IPSP Evo Morales et au peuple bolivien pour leur victoire éclatante aux élections générales du 18 octobre. Cette victoire donnera un nouvel élan au peuple dans sa lutte pour non seulement défendre sa victoire mais aussi s'unir autour de leur projet d'édification d'un État plurinational de Bolivie souverain et indépendant dans lequel les droits de tous, et pas seulement de quelques privilégiés, sont affirmés, où c'est le peuple bolivien et non une puissance étrangère hégémonique ou un groupe de puissances qui décide des affaires de la nation, y compris la direction de l'économie et la politique étrangère du pays, afin que la Bolivie contribue à nouveau à faire de l'Amérique latine et des Caraïbes une zone de paix.

Jallalla Bolivia !


Piquetage au Canada en appui au peuple bolivien

Le jour même des élections en Bolivie du 18 octobre, plus de 25 activistes ont tenu un piquetage à l'initiative du Mouvement québécois pour la paix devant le consulat des États-Unis. Ils se sont opposés à l'ingérence étrangère en Bolivie, en appui à la lutte du peuple bolivien pour son émancipation. Les pancartes et slogans exprimaient cet esprit : « Non à toute ingérence étrangère en Bolivie ! », « Laissez le peuple de Bolivie décider ! », « Canada, États-Unis, ne touchez pas à la Bolivie ! », « Plein soutien au peuple bolivien pour son émancipation ! » ainsi que « Bolivia, si ! Yankee, no ! » et plusieurs autres. Tout au long de l'action de plus de deux heures, on entendait le klaxon des voitures en guise d'appui. Les passants ont salué l'action, certains dénonçant le rôle du Canada en tant qu'homme de main des États-Unis pour s'ingérer dans les affaires internes des pays d'Amérique latine. D'autres ont pointé du doigt le Groupe de Lima et l'Organisation des États américains qui fomentent des troubles au service des visées américaines.

(Photos : MAS, E. Morales, LML)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 65 - 24 octobre 2020

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Victoire retentissante du peuple aux élections boliviennes: La mobilisation de masse chasse du pouvoir les forces du coup d'État réactionnaire - Claude Brunelle


    

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