Alberta
La criminalité de la privatisation des soins de santé
- Barbara Biley -
Le ministre de la Santé de l'Alberta, Tyler
Shandro, a annoncé, lors d'une conférence de
presse le 13 octobre, que le gouvernement
procédait au licenciement de 11000
travailleurs de la santé à la suite de la
privatisation de services, y compris les
buanderies, les laboratoires, les services
alimentaires et les services environnementaux.
L'annonce fait partie du mandat de privatisation
de la santé que les monopoles ont donné aux
gouvernements de détruire toute trace d'une
autorité publique qui reconnaît et défend la
responsabilité de l'État pour le bien-être de la
population. Cette restructuration place toute la
prise de décision et la réglementation entre les
mains des intérêts privés qui fournissent des «
services » pour un profit, et ce profit est
garanti par l'État avec des fonds publics.
L'annonce révèle encore une fois la corruption et
la criminalité de la privatisation de la santé,
parmi les programmes sociaux et fonctions d'État
qui sont privatisés.
Par l'octroi de contrats commerciaux, le
gouvernement confie les services à des entreprises
privées qui établissent des normes sur la
réduction des « coûts », notamment les
salaires, la qualité et la quantité de biens et
services et qui ne sont responsables que devant
les actionnaires et non devant le peuple qui est
l'autorité publique.
La privatisation détruit également les rapports
dans le système de soins de santé et déplace la
prise de décision de la ligne de front vers le
siège des entreprises, loin des endroits où les
soins de santé sont fournis et sans aucune idée
des besoins aux premières lignes. Lorsque les
services d'entretien ménager sont privatisés, par
exemple, le travail du nettoyeur est décidé à
partir d'un siège social. En cas d'urgence, comme
dans un service d'urgence, un médecin ou une
infirmière employé par l'autorité sanitaire ne
peut pas demander à un nettoyeur employé par une
entreprise privée de quitter une tâche de routine
pour désinfecter une zone qui est urgemment
nécessaire pour les soins des patients. Une telle
demande doit être communiquée au bureau de
l'entreprise privée où l'affectation peut ou non
être communiquée à un travailleur et certainement
pas en temps opportun. C'est l'une des plus
grandes plaintes que les travailleurs de la santé
ont avec les services privatisés, à savoir qu'ils
détruisent l'équipe de soins de santé qui est
essentielle aux soins des patients.
Le mantra de tous les partis cartellisés est que
peu importe que les soins de santé soient fournis
par une entreprise privée ou par une autorité
publique, tout ce qui compte c'est qu'ils soient
de bonne qualité. Or, c'est précisément la « bonne
qualité » des soins de santé qui est sacrifiée
pour servir un intérêt privé étroit et éliminer le
facteur humain de toute prise de décision.
Lorsque le secteur privé assure l'entretien
ménager, les conditions de travail et les salaires
des travailleurs sont inférieurs aux normes du
système public et la qualité de la formation, de
l'équipement et des fournitures est réduite. Une
conséquence des bas salaires et des mauvaises
conditions de travail est le roulement constant du
personnel, ce qui aggrave encore la pénurie de
personnel qualifié. Une étude menée par des
responsables de la santé publique en
Colombie-Britannique sur une éclosion de C.
difficile qui a coûté la vie à de nombreux
patients dans un hôpital a révélé que les normes
et la formation médiocres et le roulement constant
du personnel étaient un facteur important qui
contribue à la difficulté de l'hôpital à maîtriser
l'éclosion et aux vies perdues.
Les travailleurs savent que c'est le cas de
l'entretien ménager privatisé à tous les niveaux
et qu'il en va de même pour les autres services
sous-traités. La qualité en souffre et l'autorité
publique n'a aucun contrôle car celle-ci a été
remise à l'opérateur privé.
L'opposition du peuple à la privatisation est si
grande et l'annonce de la privatisation des
services de santé au milieu d'une pandémie est si
flagrante que le ministre de la Santé a dû
prétendre que tout cela est fait pour veiller au
bien de la population. Le gouvernement Kenney n'a
pas seulement reporté la mise en uvre de
certaines mesures sous prétexte de préparation d
'«analyses de rentabilisation» pour les services
environnementaux et alimentaires en 2022 et 2023.
En annonçant les plans du gouvernement de
privatiser davantage les services de buanderie et
de laboratoire, le ministre de la Santé a mis a
surtout parlé de l'abolition de postes de cadres,
comme si cela rendait le démantèlement de la santé
plus acceptable pour les travailleurs - qui
à la fois perdent leur emploi et doivent se
contenter d'un système restructuré sur lequel ils
n'ont aucun contrôle.
Le ministre de la Santé Shandro a déclaré que «
la pandémie a tout changé. En conséquence,
les Services de Santé de l'Alberta (SSA) ont
été avisés de procéder prudemment, en mettant les
soins des patients au-dessus de tout. Dans un
premier temps, SSA ont reçu l'ordre d'éliminer au
moins 100 postes de direction et de procéder
avec la sous-traitance annoncée précédemment.
Cette approche nous permettra de trouver le juste
équilibre entre le soutien en réponse à la COVID
-19 et la situation financière difficile de
l'Alberta. »
Le fait est que les plans qui sont actuellement
mis en oeuvre sont ceux qui ont toujours été à
l'ordre du jour du gouvernement de payer les
riches. C'est honteux de la part de Shandro de
dire que les soins aux patients sont placés
au-dessus de tout. Procéder à ce démantèlement
dans la situation actuelle, où le système de santé
est affaibli et tous les travailleurs épuisés par
des décennies de destruction néolibérale,
provoquera un chaos inimaginable et coûtera des
vies. Il est clair que le calcul est que les
restrictions imposées par la pandémie, avec les
lois déjà adoptées pour criminaliser toute
personne qui perturbe les « infrastructures
critiques », ont créé une situation propice
pour procéder à cette vaste restructuration
antisociale destructrice qui transformera de
manière irréversible le système de soins de santé.
La criminalité de
la privatisation des soins de santé est montrée
par les souffrances et les décès lors de la
première vague de la pandémie dans les
établissements de soins de longue durée où les
pires situations et les plus hauts taux de décès
se sont produits dans les établissements privés
pour le profit. C'est dans ce secteur que les
effets de la privatisation et de la destruction
d'une autorité publique qui prend la
responsabilité de fixer et de faire appliquer des
normes sont les plus évidents.
Aucune mesure n'a été prise pour corriger la
situation car les cas de COVID-19 augmentent. La
solution n'est évidemment pas de privatiser
davantage et les gouvernements de donner plus
d'argent aux opérateurs privés, ce que les
gouvernements proposent comme une «
solution », une solution exigée par les
opérateurs privés eux-mêmes.
Les travailleurs et les familles ont proposé à
maintes reprises des mesures qui changeraient la
situation dans les soins de longue durée. Ces
mesures sont toutes fondées sur le principe que
les besoins des personnes âgées et des
travailleurs qui s'occupent d'elles doivent être
reconnus et affirmés et qu'il faut mettre fin à
tous les stratagèmes pour payer les riches et
augmenter les investissements dans ce secteur et
dans tous les aspects du système de soins de
santé.
Ces plans du gouvernement de Jason Kenney
révèlent en outre la nécessité pour les
travailleurs et leurs organisations d'assumer
cette responsabilité sociale à laquelle le
gouvernement Kenney renonce, de dénoncer ces plans
et de mobiliser l'opinion publique contre les
compressions dans les services de soins de santé
et la privatisation en proposant des solutions aux
problèmes du système de santé, qui favorisent le
peuple et obligent le gouvernement à rendre des
comptes.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 64 - 17 octobre 2020
Lien de l'article:
: La criminalité de la privatisation des soins de santé - Barbara Biley
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