Le vol de fonds publics pour payer
les riches
Le gouvernement donne des millions à l'entreprise privée américaine Ford Motor Limitée
- Centre ouvrier du PCC(M-L) -
Lors d'une cérémonie simultanée à Ottawa et à
Oakville le 8 octobre, le premier ministre du
Canada Justin Trudeau et le premier ministre de
l'Ontario Doug Ford ont annoncé un immense
stratagème pour payer les riches : un don
de 590 millions de dollars à l'entreprise
américaine mondiale Ford Motor Limitée. Les deux
ont vanté les mérites de cette subvention pour
payer les riches qui satisfait aux demandes de
l'oligarchie financière mondiale dominée par les
États-Unis et sans quoi elle aurait refusé de
poursuivre la production en Ontario.
L'élite politique insiste pour que tout virage de
la production de véhicules à propulsion à base
d'hydrocarbures vers des véhicules à batterie se
fasse en fonction de la direction impérialiste
actuelle de l'économie et serve ceux qui en ont le
contrôle. Elle soutient que le changement doit
s'effectuer sous le diktat des oligarques qui sont
les propriétaires des entreprises de production et
de distribution des véhicules et doit servir leurs
intérêts privés. La classe ouvrière est privée de
toute voix au chapitre et brimée dans son droit
d'intervenir et de discuter d'une direction
alternative pour arrêter de payer les riches et
bâtir des entreprises publiques de production et
de distribution de véhicules sous le contrôle des
Canadiens.
On dit à ceux qui travaillent à l'emploi de ces
oligarques mondiaux d'accepter leurs conditions
d'emploi sans négociations et d'applaudir le
pillage du trésor public par leurs employeurs. On
leur dit que s'ils obéissent et acceptent leur
position de subalterne dans les relations sociales
avec leurs employeurs, ils auront des emplois et
la sécurité, que ceux-ci dépendent de la richesse
accumulée et des entreprises privées des
oligarques mondiaux. Aucune autre direction de
l'économie n'est envisagée ou discutée.
La classe ouvrière se fait dire que son avenir ne
peut être garanti que si le pouvoir, le privilège
et la richesse de l'oligarchie mondiale sont
consolidés avec l'argent du trésor public et sans
opposition de la part de la classe ouvrière.
L'élite
dirigeante pratique l'aveuglement volontaire sur
ce que révèlent les relations sociales entre les
humains et entre les humains et la nature.
Celles-ci comprennent, mais non exclusivement, les
divisions de la société en classes et les
objectifs et intérêts opposés des impérialistes et
de la classe ouvrière. Dans le contexte du mode de
production actuel, la classe ouvrière est dans un
rapport social inéquitable avec ceux qui possèdent
et contrôlent l'économie. Les travailleurs
produisent la valeur et les propriétaires
impérialistes l'exproprient à des fins privées.
Leur position de propriétaires leur donne le
contrôle de l'économie, de ses entreprises et du
produit social, ce qui veut dire en pratique le
contrôle des producteurs et de leur sort.
Les relations révèlent aussi qu'un changement
dans la méthode de production ou dans le produit
social ne change en rien le rapport social
inéquitable entre les travailleurs et les
propriétaires impérialistes, tout comme elle ne
change en rien le mode de production ni la classe
sociale qui a le contrôle. Le but des
impérialistes, qui est de réaliser le profit privé
maximum à même l'expropriation de la valeur que
les travailleurs produisent, reste le même, que
les véhicules que les travailleurs produisent
soient à essence ou à batterie. La dictature que
les oligarques exercent sur la classe ouvrière et
la société reste la même. Les oligarques décident
de tout et les travailleurs doivent obéir.
Mais les relations sociales révèlent aussi le
désir des travailleurs d'exercer un contrôle sur
les décisions qui affectent leur vie. C'est
pourquoi l'offensive la plus brutale est la
désinformation d'État qui prône que l'obéissance
engendre des emplois et des avantages sociaux
sécurisés à condition de ne pas rouspéter et de
surtout ne pas remettre en cause les stratagèmes
pour payer les riches et la consolidation du
contrôle, du pouvoir, de la richesse et du
privilège réservés à l'oligarchie. Sinon, les
oligarques mondiaux menacent de détruire les
usines, le moyen de subsistance et l'économie
locale des travailleurs, comme ils l'ont fait en
maintes occasions, par exemple à Oshawa à l'usine
de GM et à Oakville et Windsor, où Ford menace de
fermer ses usines. Le Canada dans son ensemble a
souffert de la destruction du secteur
manufacturier lorsque les oligarques mondiaux ont
décidé de déménager la production ailleurs dans
leurs empires mondiaux.
Les gouvernements fédéral et ontarien et d'autres
promoteurs de cette entente parlent au nom des
riches et de leur ploutocratie. En fait, l'«
investissement » en question garantit les
fortunes des oligarques qui sont les propriétaires
de Ford et qui le contrôlent. Sans le travail de
la classe ouvrière, sans son rôle dans la
production, aucune valeur ne serait créée que les
propriétaires pourraient exproprier. Pour les
impérialistes, la seule raison de produire des
véhicules, qu'ils soient à l'essence ou
électriques, est de profiter de ce que les
travailleurs produisent. Pour ce qui est des
oligarques de la compagnie Ford, pendant un siècle
ils se sont enrichis avec la production de
véhicules à essence fabriqués par les travailleurs
et maintenant ils envisagent de s'enrichir avec la
production de véhicules électriques fabriqués par
les travailleurs. Pour les riches, c'est du pareil
au même, aussi longtemps que la classe ouvrière
continue de produire la valeur qu'ils peuvent
exproprier et aussi longtemps que l'État continue
de leur donner des fonds publics pour soutenir
leurs profits.
Embellir le rapport social inéquitable en parlant
de « sécurité d'emploi », c'est insulter la
classe ouvrière et le peuple du Canada. Le défi
posé aux travailleurs dans la défense de leurs
droits et de leurs réclamations et dans la
concrétisation d'une nouvelle direction et d'un
nouveau but pour l'économie sous le contrôle des
producteurs de fait est de mettre de l'avant le
mot d'ordre : Arrêtez de payer les
riches ; augmentez les investissements dans
les programmes sociaux !
Ce qu'ils ont dit
Le communiqué du gouvernement Trudeau annonçant
le stratagème pour payer les riches de Ford :
« La reconversion de l'usine de montage d'Oakville
en une usine de fabrication de véhicules
électriques à batterie (VEB) reflète bien
l'engagement du gouvernement du Canada à l'égard
de la croissance durable. Cette transition nous
permettra de faire de l'industrie automobile
innovatrice du Canada un chef de file mondial dans
la fabrication de VEB. [...]
« Le gouvernement du Canada et le gouvernement de
l'Ontario sont déterminés à travailler avec des
partenaires du secteur canadien de l'automobile,
dont Ford et Unifor, pour attirer les
investissements, notamment dans les technologies à
zéro émission, et pour faire en sorte que notre
secteur de l'automobile demeure l'un des plus
concurrentiels au monde. »
Et à cette fin, nous vous remettons, US Ford
Motor Limitée, 590 millions de dollars à même
les fonds publics.
Le premier ministre Ford a vanté les mérites de
la politique de l'Ontario de s'agenouiller devant
la dictature et la pression des impérialistes
américains en déclarant : « De concert avec
nos partenaires fédéraux, nous sommes fiers
d'investir près de 300 millions de dollars en
appui à la production de véhicules de la prochaine
génération fabriqués en Ontario et d'assurer des
milliers d'emplois bien rémunérés à travers la
province pour de nombreuses années. »
Dans un communiqué, Chrystia Freeland, la
vice-première ministre et ministre des Finances,
se porte à la défense du néolibéralisme et de la
position du Canada au sein du système impérialiste
d'États dirigé par les États-Unis : « Notre
gouvernement est déterminé à faire des
investissements qui créent de bons emplois pour la
classe moyenne et qui donnent au Canada un
avantage concurrentiel dans l'économie propre de
l'avenir. »
Navdeep Bains, le ministre de l'Innovation, des
Sciences et de l'Industrie, a dit essentiellement
la même chose : « Cet investissement établira
le Canada comme un chef de file mondial dans la
fabrication de véhicules électriques à batterie et
garantira 5 400 bons emplois verts pour
des milliers de travailleurs canadiens de la
classe moyenne dans le secteur de l'automobile.
[...] Ford du Canada Limitée fait partie
intégrante de la transition du Canada vers un
avenir fondé sur l'énergie électrique qui nous
permettra de profiter d'une croissance durable,
d'emplois sûrs et d'un leadership mondial. »
Le ministre du Développement économique de
l'Ontario Vic Fedeli a salué l'entente tripartite
sous la dictature des oligarques mondiaux en
disant : « Grâce à des partenariats
stratégiques avec le gouvernement, l'Ontario est
aujourd'hui à la fine pointe du progrès. Cette
collaboration continue entre l'industrie, le
gouvernement et les travailleurs sera essentielle
pour relever les immenses défis économiques liés à
la COVID-19 et pour bâtir l'avenir. »
Jerry Dias, le président national d'Unifor qui
était présent à la conférence de presse à Ottawa,
a dit : « Le gouvernement du Canada comprend
que l'industrie de l'automobile est essentielle à
la relance de notre économie. Le premier ministre
mérite nos félicitations pour la vision et le
leadership dont il fait preuve en réalisant cet
important investissement qui garantira des emplois
de qualité pour nos membres pour les décennies à
venir. »
(Photos : LML)
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 64 - 17 octobre 2020
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