« La crise économique est causée par l'impérialisme américain. Par des investissements massifs de capitaux, de sinistres manipulations du marché et la collaboration avec les gouvernements fédéral et provinciaux, les monopoles américains détruisent les petits agriculteurs, les petits producteurs de lait, petits propriétaires et entreprises. Les investissements américains accrus et le pillage des ressources naturelles du Québec par les monopoles ont créé des milliers de chômeurs partout au pays. Les monopoles américains liés au 'Kentucky Fried Chicken' ont détruit les petites fermes avicoles de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et ont construit d'énormes fermes [...] pour le marché de Montréal. À Sherbrooke, la compagnie de lait Carnation a liquidé les petits producteurs laitiers régionaux, contribuant grandement à la lutte contre le sentiment anti-impérialiste dans toute la région. Récemment, les investissements américains dans l'industrie des pâtes et papiers ont liquidé plus de 100 petites usines par an et la production a été reprise par de grands monopoles mécanisés qui n'embauchent qu'un petit pourcentage des travailleurs mis à pied. La même situation existe dans les mines de minerai de fer et l'extraction de l'amiante. « Aujourd'hui, face à la crise économique chez nous, les impérialistes américains n'ont pas renouvelé les contrats avec des entreprises [...] situées au Québec, préférant les donner à leurs propres usines en difficulté aux États-Unis. Ainsi, plus de 9000 travailleurs sont mis à pied à Montréal seulement, chez Canadair, United Aircraft, Marconi et Northern Electric. « Le pillage économique et le contrôle du Québec par les États-Unis et l'impérialisme ont entraîné des difficultés et une misère indicibles. Plus de 15 % de la population active est sans emploi. Dans certaines régions comme Trois-Rivières, Saint-Jean et Saint-Jérôme, le chômage a atteint de 40 à 50 % de la population active. Dans les quartiers populaires de Montréal, comme Saint-Henri et Saint-Jacques, le taux de chômage atteint presque 50 %[1]. »
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Les jeunes remplissent l'aréna Paul Sauvé à Montréal en appui à la libération nationale du Québec en 1970, à la veille de la proclamation de la Loi sur les mesures de guerre. |
À la veille du 16 octobre, quand l'armée est déployée dans les rues, des milliers de jeunes et d'étudiants se lèvent à l'aréna Paul Sauvé à Montréal et à l'Université de Montréal pour saluer l'esprit de combat des patriotes québécois et en réponse à la répression sans précédent.
« À bas le fascisme ! », « Nous sommes tous du FLQ - venez nous chercher ! », résonnent parmi les slogans et mots d'ordre. D'autres rassemblements ont lieu à Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières et ailleurs. Partout au Canada, des manifestations d'appui à la lutte du peuple du Québec pour la souveraineté ont lieu – à Vancouver, Toronto, Calgary, Winnipeg et ailleurs. Il y a une vigoureuse opposition aux activités terroristes de répression et aux arrestations visant les militants, les personnes progressistes et le PCC(M-L), qui avait été fondé à Montréal en mars 1970.
Toutes ces conditions de travail et de vie soulèvent la colère et l'opposition du peuple qui aspire à bâtir son projet d'édification nationale, pour un Québec moderne indépendant qui n'est pas sous la gouverne d'un État anglo-canadien et de l'impérialisme américain et ses ambitions guerrières. Les Québécois voient la nécessité de conquérir le pouvoir politique et économique et de bâtir la nation du Québec sur tous les plans, pour que les Québécois ne soient plus, comme le dit le poète national Félix Leclerc, « porteurs d'eau, scieurs de bois, locataires et chômeurs dans notre propre pays ».
Dans l'ensemble, on peut dire que cela montre qu'il y avait des conditions révolutionnaires au Québec et au Canada à l'époque, dans lesquelles les idées communistes gagnaient rapidement du terrain dans la conscience des travailleurs et de la jeunesse. Les journaux de l'époque témoignent du fait que le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste), ses organisations précurseures et ses ailes jeunesse étaient au coeur des actions, intervenant de façon active et organisée pour avancer la lutte du peuple du Québec pour son droit de décider de ses propres affaires.
C'est pour écraser la lutte du peuple qui était en effervescence à tous les niveaux et poursuivre son ordre du jour de soumission du peuple québécois au plan d'expansion de l'impérialisme américain que le gouvernement Trudeau a fait adopter la Loi sur les mesures de guerre le 16 octobre 1970. C'était aussi la preuve de la soumission de l'État canadien aux agences de renseignement de l'impérialisme américain et de l'OTAN qui poursuivaient l'opération Chaos dont l'objectif était d'infiltrer et même monter des groupes et elles-mêmes participer à des activités terroristes pour ensuite blâmer le peuple et justifier la répression.
Les activités du FLQ ont été utilisées pour justifier la proclamation des mesures de guerre les plus draconiennes jamais appliquées en temps de paix. C'est à cela que Trudeau a voulu s'attaquer : briser le mouvement organisé des travailleurs et du peuple qui réclamaient justice et des conditions de travail et de vie décentes. Et il n'a pas agi seul, il a agi de connivence avec la CIA et son « Opération Chaos » menée à l'échelle mondiale qui comprenait, entre autres, des attaques terroristes organisées par l'État, des coups d'État, des assassinats, des disparitions et une propagande anticommuniste enragée de pair avec d'autres opérations. Le gouvernement canadien a agi sous les pressions et les ordres des impérialistes américains.
1. « Rien ne sauvera les réactionnaires de la catastrophe économique et politique », Le Quotidien du Canada populaire, 20 novembre 1970
2. « L'initiative révolutionnaire du people vaincra à coup sûr les fanfaronnades des réactionnaires anglo-canadiens ! », Déclaration de l'exécutif national du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) sur la Loi sur les mesures de guerre et la Loi sur l'ordre public, la situation au Canada et au Québec et les tâches du Parti, Ligne de masse, 10 décembre 1970
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 63 - 10 octobre 2020
Lien de l'article:
Les conditions économiques et politiques à la veille de la crise d'Octobre 1970
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