Les manifestations pour la reddition de comptes, le définancement et le contrôle de la police se poursuivent


Les manifestations se poursuivent le 26 octobre 2020 à Louisville, Kentucky, pour exiger
justice pour Breonna Taylor.

Les manifestations partout aux États-Unis se poursuivent alors que la colère continue de grandir face aux homicides commis par les policiers sur une base raciste et contre le refus des gouvernements de porter des accusations contre la police. D'une seule voix et par millions, les gens n'ont pas arrêté de dire que pour qu'il y ait justice, il faut une reddition de comptes à tous les niveaux d'autorité, la police, les maires, les gouverneurs, le Congrès, le président et les tribunaux. Partout, dans les villes et dans les communautés, les gens revendiquent le pouvoir d'avoir eux-mêmes le contrôle de la santé et de la sécurité. Les appels à définancer et démilitariser la police et à augmenter le financement des services sociaux sont généralisés, y compris de couper dans le financement du Pentagone. Le peuple assume sa responsabilité sociale alors qu'une ville après l'autre réagit aux injustices, peu importe où elles se manifestent, comme cela s'est produit pour George Floyd et maintenant pour Breonna Taylor et pour plusieurs autres.

Louisville, au Kentucky, a joué un rôle de premier plan cette semaine alors que les manifestants exigent que justice soit faite pour Breonna Taylor, la technicienne d'urgence médicale afro-américaine tuée à son domicile sous une rafale de 32 balles. Une descente a eu lieu dans sa maison vers 1 heure du matin, la police ayant menti au sujet de son implication dans une affaire de drogues afin de pouvoir obtenir un mandat, car le suspect avait déjà été appréhendé. L'autopsie a révélé que Breonna Taylor n'avait pas d'alcool ou de drogue dans son système et aucune drogue n'a été trouvée chez elle. Les gens sont furieux que les deux policiers directement impliqués dans sa mort n'aient pas été accusés, et qu'un troisième, Brett Hankison, a été accusé seulement de « mise en danger non intentionnelle », et que personne n'a été tenu responsable de sa mort. Puisque l'obtention du mandat repose sur des mensonges, tout ce qui en découle est aussi illégal.


Louisville, Kentucky, 27 septembre 2020

Un des grands jurés au procès de Breonna Taylor a maintenant fait une démarche auprès des tribunaux pour que tous les enregistrements, les procès-verbaux, les preuves et les instructions présentés au grand jury par le procureur général soient rendus publics. Ceci comprend la liberté de discuter de ce qui n'a pas eu lieu lors du procès devant grand jury, y compris « toutes les accusations potentielles et les défendeurs qui ont été ou n'ont pas été présentés ».

Ce juré a été choqué de voir le procureur général du Kentucky (PG) Daniel Cameron blâmer les jurés pour ne pas avoir mis en accusation les officiers de police impliqués dans la mort de Breonna. Il les a utilisés comme bouclier pour faire dévier la question de la redevabilité et de la responsabilité en ce qui concerne l'absence d'accusations. L'avocat du juré a écrit dans sa déclaration que « l'histoire entière et la vérité absolue de comment cette affaire a été conduite du début à la fin est maintenant une question de grand intérêt public et est devenue une grande partie de la discussion sur la confiance du public qui se mène dans tout le pays. »

Le juré a aussi demandé au tribunal de permettre à tous les jurés de prendre la parole et d'être protégés d'une accusation possible d'outrage au tribunal pour avoir rendu public ce matériel. Les procédures de Grand Jury sont secrètes et les jurés ne sont pas autorisés à en parler.

En plus des demandes du juré, le juge qui entend la cause pour Hankison a demandé que l'enregistrement des procédures du Grand Jury soit rendu public. Le procureur général Cameron l'a fait le 2 octobre. C'est le minimum qui pouvait être fait et le juré demande avec raison qu'on aille beaucoup plus loin.

Rendre le tout public montrera sans aucun doute la présentation insuffisante et pro-police de l'État, ce qui empêche essentiellement les jurés de porter d'autres accusations. Par exemple, l'État a affirmé que le mandat était légal; il a probablement demandé pourquoi 32 coups de fusil étaient « nécessaires », pourquoi des méthodes non létales n'ont pas été utilisées, pourquoi aucun effort n'a été fait pour s'annoncer une fois à l'intérieur au lieu de tirer sur Taylor et son compagnon, Kenneth Walker, lui-même Afro-américain.

La juste position du juré a été applaudie. Ses efforts et ceux des manifestants ont forcé le procureur général à admettre qu'il n'avait recommandé aucun chef d'accusation contre les deux policiers. Il a dit que leurs actions étaient « raisonnables », car ils agissaient en « légitime défense ». La justification donnée était que Walker, autorisé à porter une arme à feu, avait tiré une fois. Avant de le faire, il avait appelé le 911 pour dire qu'il y avait eu un cambriolage dans la maison. Lui et de nombreux voisins ont déclaré que les policiers ne s'étaient pas annoncés et avaient fait irruption la nuit, armés et bien protégés.

Dans les deux heures suivant la mort de Taylor aux mains de la police, Kenny Walker a été arrêté et accusé de tentative de meurtre. Il a ensuite été libéré et les accusations ont été abandonnées, mais elles peuvent être rétablies. Il a intenté une action en justice, affirmant qu'il défendait Breonna Taylor et se défendait lui-même. Reconnaissant la nécessité d'une reddition de comptes plus large, la poursuite vise le procureur général Cameron, le gouvernement de la région métropolitaine de Louisville, le maire Greg Fischer, 13 policiers de Louisville, l'ancien chef Steve Conrad et le chef intérimaire Rob Schroeder. La poursuite dit que la police « a menacé la vie de Kenny, a détenu illégalement Kenny, l'a interrogé sous de faux prétextes, a ignoré son récit corroboré par des voisins, puis a arrêté et emprisonné Kenny ». Son avocat dit avoir la preuve que Walker n'est pas celui qui a blessé un des officiers, sur qui on a tiré à l'aide d'un pistolet 9 mm. C'est plutôt Hankison, qui avait en sa possession un pistolet 9 mm, qui l'a fait. Il a ajouté que les preuves montrent que le coup de feu qui a blessé le policier n'a pas été tiré immédiatement, comme le prétend la police, mais plus d'une minute et demie après le début du raid.

De nombreuses manifestations ont demandé que les lois et les politiques qui régissent les policiers et qui permettent l'impunité généralisée pour les crimes racistes de la police soient éliminées, comme un geste minimum qui doit être posé. Les structures existantes au sein de la société tant au niveau de la sécurité que de l'économie et de la politique garantissent l'inégalité, non seulement devant la loi, mais bien plus largement, dans tous les aspects de la vie. Sinon, comment les policiers de tout le pays peuvent-ils utiliser systématiquement la même justification de « légitime défense » ou de « crainte » pour leur vie pour des meurtres totalement injustifiés ? Comment les élus et les avocats du gouvernement peuvent-ils tous convenir qu'une telle impunité est « légale » ? Au fur et à mesure que les actions progressent, la conscience que les structures de gouvernance existantes ne peuvent pas assurer l'égalité, la justice ou la responsabilité s'accroît de même que la conscience de combler le besoin de nouvelles institutions dans lesquelles c'est le peuple qui prend les décisions.



Louisville, Kentucky, 26 septembre 2020

Actions partout aux États-Unis du 25 septembre au 2 octobre

Seattle, Washington


Portland, Oregon

Mémorial pour Patrick Kimmons, qui a été abattu par la police de Portland en 2018.
Le 30 septembre 2020 a également marqué le 115e jour de manifestations.


Mobilisation de masse à Portland, Oregon, pour affirmer que la vie des Noirs compte en même temps qu'un rassemblement des « Proud Boys » dans cette ville le 26 septembre 2020

Sacramento, Californie


Los Angeles, Californie


San Diego, Californie

Denver, Colorado

Chicago Illinois
Mémorial pour Laquan McDonald, tué par la police de Chicago en 2014. Quatre cents ballons ont été libérés pour marquer les 400 jours qu'il a fallu pour que la vérité soit révélée sur les circonstances de sa mort.


Des jeunes dressent une table d'information le 26 septembre 2020 appelant à la fin de la brutalité policière et à la mise en place d'un comité de responsabilisation de la police civile.



Kirksville, Mississippi


Nashville, Tennessee


Graham, Caroline du Nord


Atlanta, Géorgie


Boston, Massachusetts

Rochester, New York


New York, New York

Manifestation le 2 octobre 2020 pour l'abolition de la police de l'immigration et des
douanes et pour exiger la libération de tous les détenus et la fin des détentions, de l'espionnage et des abus. Sur la bannière est inscrit le nom de tous ceux qui sont morts sous la garde du service d'immigration.


Des militants du logement demandent au maire Cuomo de prolonger le moratoire sur les expulsions, car beaucoup sont sans abri pendant la pandémie et la crise économique en cours, le 1er octobre 2020.


Manifestation contre la violence et l'impunité policières, le 26 septembre 2020

Washington, DC

Manifestation pour la reconnaissance des droits des LGBTQ+ le 2 octobre 2020 après la nouvelle nomination à la Cour suprême

Miami, Floride

(Voice of Revolution. Photos : Alton Photo, N. Galindo, S. Arizona, E. Uhn, Faria, D.V. Media, S. Olmos, Pupular Mobilization Portland, Alosha, Think Bleu, E. Herrera, C. Borealis, Naira, Good Kids Mad City, M. Dupre, Shania, photo-essays-dp, A. Crider, A. Matlock, U. Ewulonu, J. Degner, A.R. Walker, NYC Protest Updates, NYC Communities for Change, Peoples Truth Radio)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 62 - 3 octobre 2020

Lien de l'article:
Les manifestations pour la reddition de comptes, le définancement et le contrôle de la police se poursuivent


    

Site Web:  www.pccml.ca   Courriel:  redaction@cpcml.ca