Le plan de relance de l'économie
de la Colombie-Britannique
La restructuration des arrangements étatiques pour renforcer l'économie provinciale qui paie les riches
- K.C. Adams -
Le 17 septembre, juste avant le
déclenchement des élections provinciales
du 24 octobre 2020, le gouvernement de
la Colombie-Britannique a publié un plan de
relance économique intitulé « Stronger BC for
Everyone » (Une Colombie-Britannique plus
forte pour tous). Ce plan est la continuation de
l'offensive néolibérale antisociale dont le but
est de restructurer l'État pour renforcer les
stratagèmes pour payer les riches dans le système
impérialiste d'États dominé par les États-Unis.
Ce plan
contient de nombreuses mesures pour payer les
riches qui en fait politisent les intérêts privés.
En d'autres termes, les changements structurels du
plan renforcent la prise de contrôle du pouvoir
décisionnel des fonctions exécutives et
législatives par les oligarques mondiaux les plus
dominants. L'économie socialisée et les ressources
humaines et naturelles de la Colombie-Britannique
leur appartiennent et ils n'acceptent aucune
limite quant à ce qu'ils peuvent en faire. Il n'y
a rien dans ce plan qui laisse penser à une
alternative prosociale à la domination de
l'économie par de puissants intérêts privés
mondiaux.
Mettre l'économie et le domaine politique sous
l'autorité d'intérêts privés semble une évidence.
La création d'emplois, les salaires et les
avantages sociaux des travailleurs ainsi que les
programmes sociaux et les mesures pour protéger et
assainir l'environnement sont tous présentés dans
le jargon néolibéral de ceux qui détiennent et
contrôlent l'économie. Dans ce plan, il est répété
continuellement que la voie de la reprise après la
crise consiste à fournir à l'entreprise privée des
fonds publics provinciaux et fédéraux. Selon le
gouvernement, l'avenir est entre les mains des
riches et de leur pouvoir décisionnel avec lequel
ils contrôlent l'économie, et des gouvernements
qui s'assurent que les oligarques aient les fonds
publics, le pouvoir politique et les institutions
étatiques nécessaires pour exploiter la classe
ouvrière et utiliser à leur avantage les immenses
ressources naturelles de la province.
Plusieurs points importants sont absents du plan
de relance. Il manque une analyse des raisons pour
lesquelles les crises économiques sont une
caractéristique récurrente de l'économie de la
Colombie-Britannique, tant les crises générales
que les crises particulières à certains secteurs
de la Colombie-Britannique, comme la foresterie.
Le gouvernement dit qu'il représente les
travailleurs et une orientation sociale-démocrate,
mais nulle part dans le plan il n'essaie
d'expliquer pourquoi l'économie s'écroule
périodiquement ni pourquoi la pauvreté reste une
caractéristique constante.
L'absence d'enquête et de discussion sur
l'origine des crises et des problèmes économiques
récurrents conduit à l'acceptation de l'échec
actuel de la direction de l'économie et à la
politisation d'intérêts privés qui sont en
contrôle à tous les niveaux. L'absence d'enquête
et d'analyse entraîne également la pensée
politique vers le point de vue erroné selon lequel
des travailleurs qui luttent doivent être des
spectateurs impuissants de leur propre destin et
se contenter de choisir entre les bonnes et les
mauvaises politiques des partis cartellisés de
l'élite au pouvoir. Cela empêche la classe
ouvrière de bâtir ses propres organisations
indépendantes, surtout ses organisations
politiques, et de développer sa propre pensée, sa
théorie, son analyse, ses points de référence et
son programme politique et de s'engager dans des
actions pour défendre ce qui lui appartient de
droit. L'exigence d'arrêter de payer les riches et
d'augmenter les investissements dans les
programmes sociaux fait partie intégrante de la
lutte pour s'investir du pouvoir et de
l'épanouissement de la personnalité démocratique
qui naissent des actions pour défendre les droits
de tous et de toutes.
En l'absence d'enquête et de discussion sur une
nouvelle direction, le gouvernement du NPD va de
l'avant à toute vitesse avec des programmes pour
payer les riches qui se sont révélés être un échec
complet, comme le montre la crise actuelle. Les
mesures du plan visant à politiser les intérêts
privés sont d'une ampleur stupéfiante. Le
gouvernement promeut avec insistance la position
néolibérale selon laquelle, en payant les riches,
une partie de la richesse générée finira par
profiter aux travailleurs. Le soutien de
l'entreprise privée avec des fonds publics
s'inscrit dans la ligne néolibérale erronée selon
laquelle c'est la seule façon de créer des
emplois, de développer l'économie et de générer de
la valeur pour soutenir les programmes sociaux,
même si cela s'est avéré faux et que les riches
s'enrichissent davantage et les problèmes sociaux
et de l'environnent naturel s'aggravent.
L'économie de la Colombie-Britannique est plus
que jamais intégrée à l'économie de guerre
américaine et entre les griffes de l'oligarchie
mondiale. Le plan de relance du NPD est une
tentative de bloquer la discussion sur la
nécessité d'une nouvelle direction de l'économie
pour changer son but, pour que son but soit de
satisfaire les besoins du peuple et de la société.
La nouvelle direction de l'économie affirme le
développement de la coopération et de l'avantage
réciproque de tous ses secteurs et parties par une
planification opposée à la concurrence
destructrice et à la recherche du profit privé
maximum de l'impérialisme. La nouvelle direction
vise à utiliser l'énorme capacité productive de la
production moderne et du commerce international
pour répondre aux besoins et au bien-être de
l'ensemble de l'humanité sans guerre ni
exploitation, pour humaniser l'environnement
naturel et social et faire du Canada une zone de
paix.
Un aspect qui est aussi absent du plan de relance
est les deux plus grands projets public-privé
actuellement en cours. Le premier est le barrage
du site C et la centrale électrique sur la rivière
de la Paix, avec des lignes de transport
d'électricité pour alimenter les mines, les puits
de gaz et les usines de GNL contrôlées par les
riches du monde entier. Le deuxième est le projet
LNG Canada, d'extraction du gaz par fracturation
hydraulique dans le nord-est de la
Colombie-Britannique, de construction du gazoduc
Coastal GasLink, très contesté, à travers des
terres autochtones non cédées, jusqu'à Kitimat sur
la côte ouest, et la construction d'une usine de
GNL et d'un nouveau terminal portuaire. Ces
projets sur des terres autochtones non cédées sont
des projets très controversés de plusieurs
milliards de dollars pour payer les riches du
monde entier et accroître leur emprise sur le
Canada.
Un autre aspect
absent du plan est le fait que le gouvernement
emprunte de l'argent à des prêteurs privés, ce qui
entraîne une dette énorme envers eux, qui siphonne
continuellement une valeur énorme de l'économie
par le service de la dette. Cette année, le
gouvernement de la Colombie-Britannique prévoit un
déficit de 12,8 milliards de dollars. Il
prévoit de vendre des obligations d'une valeur
de 18,5 milliards de dollars à des
investisseurs institutionnels pour couvrir le
déficit et refinancer les emprunts qui arrivent à
échéance.
Le déficit de cette année devrait porter la dette
provinciale actuelle envers les prêteurs privés
à 87,9 milliards de dollars. Les intérêts
annuels payés aux prêteurs s'élèvent à près
de 3 milliards de dollars. Aucun gouvernement
de la Colombie-Britannique n'a jamais proposé ou
même discuté d'une alternative aux emprunts auprès
de prêteurs privés, qui est en fait une autre
forme de paiement des riches qui devrait être
interdite parce qu'inutile, socialement
irresponsable et même criminelle.
Le plan de relance fournit des détails sur la
manière dont les fonds publics seront canalisés
pour soutenir l'entreprise privée à tous les
niveaux. Il contient un plan directeur sur la
manière dont les oligarques mondiaux prennent des
mesures pour structurer l'État afin que l'économie
de la Colombie-Britannique garantisse que les
fonds publics collectifs soient constamment
utilisés pour payer les riches et détournés du
financement des programmes sociaux. Ce plan
directeur écarte l'idée de faire du développement
des entreprises et des services publics l'épine
dorsale du renouveau de l'économie.
Les
fonds publics destinés à soutenir l'économie
impérialiste ont également pour but d'entretenir
une couche de propriétaires de petites et moyennes
entreprises, d'intellectuels et de certains
dirigeants syndicaux qui devront se rallier à
l'oligarchie impérialiste mondiale contre la
classe ouvrière et les peuples autochtones.
L'objectif général du jargon néolibéral est de les
convaincre que leur avenir et celui des
Britanno-Colombiens ne peuvent exister que dans
les limites de « bonnes politiques ». Aucune
alternative ne doit être envisagée, et surtout pas
celle d'une nouvelle direction de l'économie qui
briserait l'emprise des oligarques mondiaux sur
leur vie et leur avenir et qui bâtirait un nouvel
État qui affirme ses responsabilités sociales
envers le peuple et la Terre Mère.
Les travailleurs ont maintenant trente ans
d'expérience avec l'offensive antisociale et son
dogme néolibéral. Ils ne doivent pas se laisser
tromper par le charabia des Justin Trudeau, John
Horgan et autres partisans des stratagèmes pour
payer des riches. Le point de départ du renouveau
économique est la nécessité d'une nouvelle
direction de l'économie pour arrêter de payer les
riches et augmenter les investissements dans les
programmes sociaux.
Note
Pour des extraits du plan de relance économique
du gouvernement de la Colombie-Britannique avec
commentaires (en anglais), cliquez ici.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 62 - 3 octobre 2020
Lien de l'article:
Le plan de relance de l'économie
de la Colombie-Britannique: La restructuration des arrangements étatiques pour renforcer l'économie provinciale qui paie les riches - K.C. Adams
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