Des vigiles partout au Québec pour les victimes de racisme

Justice pour Joyce Echaquan


Vigile devant la demeure de Joyce Echaquan après son décès à l'hôpital le 28 septembre 2020

Le lundi 28 septembre, Joyce Echaquan, une jeune femme atikamekw de Manawan dans Lanaudière, âgée de 37 ans et mère de 7 enfants, est décédée au Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière (CISSS de Lanaudière) à Joliette dans des circonstances troublantes. Elle avait été admise quelques jours plus tôt pour des douleurs à l'estomac. Le 28 septembre, elle s'est filmée en direct sur Facebook alors qu'elle lançait un appel à l'aide et se sentait mourir. Au lieu de recevoir les soins dont elle avait besoin, elle a été ostracisée. On entend sur la vidéo des propos racistes et dénigrants à son endroit tenus par une infirmière et une préposée aux bénéficiaires présentes dans sa chambre. Sa vidéo montre également qu'elle était attachée et des rapports indiquent qu'on lui a administré de la morphine. Joyce est décédée peu après. Dans les jours qui ont suivi la tragédie, deux membres du personnel impliquées ont été congédiées et au moins deux enquêtes sont en cours, une menée à l'interne par le CISSS de Lanaudière et une autre par le coroner.

Partout au Québec et au Canada, le peuple a réagi vivement, attristé et indigné, à la vidéo qui a fait le tour du monde. De nombreuses vigiles ont été organisées en solidarité avec la famille Echaquan et les communautés autochtones dès le lendemain et les jours suivants à Joliette, à Québec devant l'Assemblée nationale, à Pikogan en Abitibi, à Cookshire-Eaton en Estrie, à Uashat près de Sept-Îles, sur le territoire non cédé du Nitassinan au Saguenay, à Sherbrooke, à Pessamit près de Baie-Comeau, au Lac-Simon en Outaouais, à Ottawa et ailleurs. Des vigiles virtuelles ont aussi été organisées. De nombreuses organisations autochtones, de défense de droits ainsi que des syndicats ont dénoncé le traitement qui a été infligé à Joyce. Ce samedi, le 3 octobre, une manifestation Justice pour Joyce se tient à Montréal ainsi qu'une marche de guérison à Québec.

Cette tragédie survient quelques jours à peine avant la tenue, le 4 octobre 2020, de la 15e Vigile commémorative annuelle des Soeurs par l'esprit. Celle-ci a été initiée en 2006, pour rendre hommage aux plus de 4000 femmes autochtones disparues et assassinées et réclamer justice et des vigiles sont prévues, virtuelles et physiques au Québec et au Canada. Le nom de Joyce Echaquan sera sur toutes les lèvres.

Cette tragédie se produit également un an après le dépôt, le 30 septembre 2019, du rapport de la Commission Viens, la Commission d'enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec : écoute, réconciliation et progrès[1]. La Commission avait été mise sur pied le 21 décembre 2016 à la suite des allégations d'abus sexuel de la part de huit officiers de la Sûreté du Québec (SQ) contre des femmes autochtones de Val-d'Or en octobre 2016. Parmi les 142 recommandations se trouve celle qui demande explicitement l'accroissement de l'accès aux services de santé et aux services sociaux, tant en milieu urbain qu'en milieu autochtone.

Le Rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées a également été publié en juin 2019[2]. Il demande que le Canada soutienne les droits de tous et de toutes et abolisse la notion de droits qui repose sur les privilèges et la discrimination envers ceux et celles qui sont dans une position inférieure dans l'échelon du pouvoir.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) transmet ses plus sincères condoléances à la famille de Joyce Echaquan de même qu'à la communauté Atikamekh pour la perte d'un être cher dans des conditions aussi inhumaines. Justice doit être rendue pour Joyce Echaquan et sa famille, pour toutes les femmes disparues et assassinées et leur famille et pour les peuples autochtones, leurs organisations et leurs alliés partout au pays.

Amos, Québec

Mistassini, Québec

À l'hôpital d'Alma (à gauche), Québec et devant l'Assemblée nationale à Québec


Cookshire-Eaton, Estrie, Québec

Pessamit près de Baie-Comeau, Québec


Joliette, Québec

Ushaw, Québec



Ottawa, Ontario

Notes

1. « La Commission d'enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics rend son rapport public », 30 septembre 2019

2. Rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées

(Photos : Justice pour Joyce, Martial Pinette, Arna Moar, Anne-Claire St-Onge, Thérèse Dubé, Nataly Ottawa, Association des étudiants et étudiantes autochtones de l'Université Laval)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 62 - 3 octobre 2020

Lien de l'article:
Des vigiles partout au Québec pour les victimes de racisme: Justice pour Joyce Echaquan - Christine Dandenault


    

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