Vaste mouvement d'opposition en
Alberta à la violence raciste
Dénonçons la protection de la violence raciste par l'État!
- Peggy Morton -
Manifestation à Calgary, le 3 juin 2020,
une d'une série de manifestations qui se
sont tenues en Alberta suite à la mort de George
Floyd, pour demander la fin de la
violence et de l'impunité policières.
Les membres de Red Deer contre le racisme ont
organisé un rassemblement à Red Deer le 20
septembre, où sont intervenus des orateurs de
l'Alberta rurale contre le racisme (RAAR) et de
l'Alliance noire et autochtone de l'Alberta
(ANAA). Plusieurs de ces événements ont été
organisés récemment dans les régions rurales de
l'Alberta pour qu'il y ait des discussions dans la
communauté et pour élever la voix contre le
racisme, dont deux événements réussis à Red Deer.
Le 20 septembre cependant, des groupes
racistes en provenance de plusieurs villes
albertaines sont venus à Red Deer, ont attaqué le
rassemblement, commis des voies de fait contre les
participants, et forcé l'annulation de
l'événement.
Une attaque semblable a eu lieu le 10
septembre à Ponoka, où un conducteur a foncé avec
sa voiture sur les manifestants, blessant une des
personnes. La GRC a refusé de mener une enquête.
Une conférence de presse du 14 septembre pour
dénoncer cette attaque a été interrompue par des
individus qui hurlaient des épithètes racistes. Le
porte-parole de la GRC a dit à un journaliste qui
le questionnait sur le rôle que la GRC avait joué
à la conférence de presse a dit : « Est-ce
que vous insinuez que la voix d'un groupe est plus
importante que celle de l'autre ? Parce que
ce n'est pas le cas. Nous laissons tout le monde
dire ce qu'ils ont à dire le plus pacifiquement
possible. C'est ainsi que ce pays
fonctionne. »
Les organisateurs de l'événement du 10
septembre ont aussi parlé du harcèlement constant,
des menaces de mort et de violence, y compris la
violence armée, au sujet desquels la GRC a refusé
d'enquêter.
L'État soutient qu'il s'agit de «
manifestants » et de «
contre-manifestants » qui se livrent à une «
confrontation ». Une des organisatrices de
l'événement du 20 septembre a dénoncé le fait
qu'on dise d'elle qu'elle est une «
contestataire ». Elle est une citoyenne
préoccupée qui participe à l'organisation de
discussions publiques afin de trouver des
solutions aux vrais problèmes, a-t-elle dit. Le
but des soi-disant contre-manifestants était de
mettre fin au rassemblement et d'empêcher la
discussion publique.
Lorsque la violence sert à arrêter la discussion
politique et à empêcher de trouver une solution
aux problèmes, parler de « manifestants » et
de « contre-manifestants » vise à
délibérément semer la confusion sur ce qui se
passe vraiment. Cette façon de penser est
irrationnelle et montre le rôle que joue l'État
dans la propagation de la confusion sur qui fait
la promotion du racisme et de la violence, qui
sont fomentés et organisés par l'État.
La GRC a aussi d'abord refusé de faire enquête
sur les attaques du 20 septembre, mais
lorsque la vidéo de l'attaque est devenue virale,
elle a publié un communiqué de presse le 23
septembre qui affirme : « Au moment où des
manifestants se préparaient à l'événement et avant
que la GRC n'arrive sur les lieux tel que prévu,
une échauffourée a éclaté entre deux groupes
différents de manifestants, où un homme a
prétendument attaqué un autre homme. Une vidéo de
cet incident a été enregistrée avant que la GRC de
Red Deer n'arrive sur les lieux et ce sont des
personnes sur les lieux qui ont montré la vidéo
aux agents ». Le seul fait vérifiable de
cette déclaration est que la GRC était totalement
absente quand l'attaque raciste a eu lieu.
Le ministre albertain de la Justice, Kaycee Madu,
a dit que la GRC l'avait informé que les agents
avaient été en retard parce que les organisateurs
avaient changé l'endroit du rassemblement. Kisha
Daniels, une cofondatrice d'Alliance noire et
autochtone Alberta, a répondu que la GRC savait
très bien que le lieu avait été changé à la suite
des menaces de violence. Le surintendant de la GRC
de Red Deer, Gerard Grobmeier, a ensuite prétendu
que les organisateurs étaient « arrivés plus
tôt ». Les organisateurs affirment qu'ils ont
informé la GRC qu'ils avaient reçu des menaces de
mort et de violence, y compris par des armes à
feu. Une vidéo avait été publiée en ligne montrant
les « préparatifs » pour une attaque. La GRC
avait fini par s'engager à être là une heure avant
le début du rassemblement, mais n'a pas tenu
parole.
Une des organisatrices du rassemblement, Cheryl
Jaime Baptiste, a dit à Global News que lorsque la
GRC est arrivée, les agents n'ont fait « aucun
effort pour intervenir et c'est
inexcusable ». Les organisatrices ont aussi
affirmé que la police n'a rien fait pour faire
respecter une ordonnance d'interdiction. S'il est
vrai qu'il n'y a rien de nouveau dans ces
agissements – considérant l'histoire raciste
de la GRC depuis les premiers jours jusqu'à
aujourd'hui – sa complicité dans ces attaques
n'est pas moins répréhensible. Ce qui est clair,
c'est que la GRC est complice de ces attaques
violentes menées par des voyous racistes et les
facilite.
« Tous les Albertains, peu importe leur race,
leur religion ou leur croyance, ont le droit de
vivre leur vie en paix, et je dénonce tout
comportement de sectarisme et
d'intolérance », a dit le ministre de la
Justice Madu lors d'une conférence de presse
le 22 septembre.
Madu ne dit pas que proférer des menaces de mort,
commettre une agression avec un véhicule et violer
une ordonnance d'interdiction sont des infractions
criminelles et que leurs auteurs seront activement
traduits en justice. Il prétend que la question en
est une de « sectarisme et d'intolérance »,
mettant de côté les crimes réels qui y ont été
commis. C'est de l'hypocrisie pure et simple de la
part du ministre lorsqu'on sait que le
gouvernement Kenney lui-même a lancé l'appel à des
actions de vigilantisme contre les peuples
autochtones et les Canadiens solidaires des
Wet'suwet'en, alors qu'il accusait les peuples
autochtones d'« endommager irrémédiablement
l'économie » et adoptait la loi 1 qui
cible spécifiquement la défense des droits
autochtones, de leurs terres et de leurs lois. Non
seulement attaque-t-il sans cesse les droits, mais
il a délibérément tenté de faire diversion pour ne
pas s'occuper des problèmes politiques et
économiques auxquels le peuple est confronté, au
lieu de fournir des solutions. Ceux qui cherchent
à trouver des solutions sont la cible d'attaques
organisées par l'État.
Pour ce qui est du gouvernement Trudeau, il se
prépare à adopter une législation au nom de
combattre les discours haineux, qui ciblera ceux
et celles qui luttent pour leurs droits. La
vice-première ministre Chrystia Freeland affirme
que les « vignes et les mauvaises herbes »
qu'elle décrit comme étant les « prêcheurs de la
haine, les populistes en colère de l'extrême
droite et de l'extrême gauche » qui « s'en
prennent à des groupes comme le nôtre »,
c'est-à-dire ceux qui ont usurpé le pouvoir
politique et économique et empêchent le peuple de
s'investir de pouvoir, doivent être éradiquées.
Un bon exemple de comment l'État intervient pour
attaquer les forces progressistes sous
couvert de lutter contre la « haine » ou à«
l'extrémisme » a été donné lors d'une conférence
de presse le 24 septembre par une porte-parole des
organisateurs des actions dans l'Alberta rurale. À
Canmore, les organisateurs s'étaient fait dire que
si des « contre-manifestants » se présentaient,
l'événement serait annulé. La menace on ne peut
plus claire est que les victimes de violence
seront accusées d'« inciter la violence »,
a-t-elle dit.
En revanche, les représentants municipaux de
Lacombe ont salué un événement prévu dans cette
ville et ont dit que si des groupes racistes
venaient dans leur ville pour attaquer le
rassemblement, les résidents de la place eux-mêmes
les pourchasseraient et les expulseraient. C'est
l'esprit qui anime les Canadiens déterminés à
mettre fin à toutes formes de crime haineux. Les
attaques qui ont eu lieu à Red Deer et à Ponoka
ont été dénoncées de toutes parts. Non seulement
doit-on s'opposer résolument à de telles attaques,
mais ceux qui sont au pouvoir doivent rendre des
comptes pour les attaques et la violence racistes
de ceux qu'ils protègent et qu'ils incitent
eux-mêmes à l'action. Les attaques contre le droit
de conscience et de parole visent à supprimer les
efforts exercés par le peuple pour s'investir du
pouvoir pour que les droits de tous et toutes
soient enchâssés et garantis.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 62 - 3 octobre 2020
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