Les actes répréhensibles du gouvernement et la condamnation des innocents : le rôle des procureurs, de la police et des autres forces de l'ordre (extraits)
- Registre national des
disculpations -
Voici des extraits de la préface d'une étude
publiée le 1er septembre par le Registre
national des disculpations. Cette étude
contribue au tableau d'ensemble des injustices
commises contre les Afro-Américains et les
minorités nationales par le système juridique
américain, sans compter les incidents continus
de brutalité policière.
Ce qui suit est un rapport sur le rôle que
jouent les cas officiels d'actes répréhensibles
dans la condamnation de personnes innocentes. Nous
discutons de cas qui se trouvent dans le Registre
national des disculpations, une archive en ligne
continue qui comprend toutes les disculpations
connues aux États-Unis depuis 1989 - 2 663 à ce
jour. Ce rapport décrit les actes répréhensibles
dans les premières 2 400 disculpations rapportées
dans le registre, publiées le 27 février 2019.
De façon générale, un cas répertorié de «
disculpation » est celui d'une personne accusée
d'un crime et qui est officiellement et
entièrement innocenté à la lumière de nouvelles
preuves de son innocence. [...]
Le rapport se limite aux actes répréhensibles de
représentants officiels du gouvernement qui ont
joué un rôle dans la condamnation
prononcée à tort contre des accusés qui ont
éventuellement été innocentés – des actes
répréhensibles par lesquels ont été falsifiés les
éléments de preuve servant à déterminer la
culpabilité ou l'innocence de l'accusé.
Concrètement, ce sont des actes répréhensibles où
des éléments de preuve peu fiables, voire même
trompeurs ou faux sont présentés pour établir
faussement la culpabilité de l'accusé, ou les
vrais éléments de preuve d'innocence de l'accusé
sont dissimulés, falsifiés ou minés.
Il y a trois ans, le registre a publié un
rapport – La question raciale et les
condamnations injustifiées aux États-Unis.
Nous avons trouvé, entre autres points communs,
que la probabilité qu'une personne noire condamnée
pour meurtre soit innocente était de 50 % plus
élevée que pour d'autres individus condamnés pour
meurtre, et que la probabilité que des personnes
noires innocentes soient condamnées pour des
crimes reliés à la drogue était près de 12 fois
plus élevée que pour des personnes blanches
innocentes. Certaines de ces disparités sont le
résultat des formes d'actes répréhensibles que
nous étudions ici, et d'autres, non.
Les actes répréhensibles dans l'obtention et la
présentation de preuves contribuent grandement à
la disparité raciale dans les cas de disculpation
pour meurtre, comme nous le verrons. D'autre part,
les nombreuses disparités dans les disculpations
liées à la drogue relèvent surtout d'actes
répréhensibles dont nous ne parlons pas dans ce
rapport – ceux touchant à la discrimination
raciale dans le choix des personnes qu'on arrête
et qu'on fouille pour des drogues, ce qu'on
appelle communément le « profilage racial ».
Le rapport décrit plusieurs formes d'actes
répréhensibles commis lors des enquêtes et des
procès. Certains d'entre eux sont toujours
délibérés, certains ne sont que rarement ou jamais
délibérés et d'autres peuvent être délibérés ou
pas.
Dans le rapport, les myriades de formes d'actes
répréhensibles sont regroupées en cinq catégories
générales, en gros dans l'ordre chronologique
d'une affaire pénale, de l'enquête initiale à la
condamnation : la subornation de témoin ; des
actes répréhensibles lors de l'interrogatoire des
suspects ; la fabrication de preuves ; la
dissimulation de preuves à décharge ; les actes
répréhensibles lors du procès.
La plupart des cas d'actes répréhensibles que
nous discutons ont été commis par des policiers et
des procureurs. Nous répertorions aussi les actes
répréhensibles d'analystes en science
médico-légale dans une minorité de cas, le plus
souvent des cas de viol et d'agression sexuelle,
et de travailleurs des services d'aide à l'enfance
dans près d'un quart des cas d'abus sexuel des
enfants.
Nous avons observé les tendances suivantes :
- Les actes répréhensibles de personnes en
position d'autorité ont contribué à la
condamnation injustifiée de 54 % des défendeurs
qui ont plus tard été innocentés. En général, le
taux d'actes répréhensibles est plus élevé dans
le cas des crimes plus graves.
- Il y a eu dissimulation de preuves à
décharge – la forme la plus fréquente d'acte
répréhensible – dans 44 % des disculpations.
- Les disculpés noirs étaient quelque peu plus
susceptibles que les blancs d'être victimes
d'actes répréhensibles (57 % contre 52 %), mais
cette marge est beaucoup plus grande pour les
disculpations pour meurtre (78 % contre 64 %) –
en particulier dans les cas de condamnation à
mort (87 % contre 68 %) et pour les crimes
reliés à la drogue (47 % contre 22 %).
- Des policiers ont commis des actes
répréhensibles dans 35 % des cas. Ils ont été
responsables de la plupart des cas de
subornation de témoins, d'actes répréhensibles
lors d'interrogatoires et de fabrication de
preuves – et plus particulièrement la
dissimulation de preuves pouvant innocenter
l'accusé et le parjure lors des procès.
- Des procureurs ont commis des actes
répréhensibles dans 30 % des cas. Ils ont été
responsables de la plupart des dissimulations de
preuves pouvant innocenter l'accusé et d'actes
répréhensibles lors des procès, ainsi que de
participation considérable à la subornation de
témoins.
- Dans les procès devant les tribunaux
d'États, les procureurs et la police ont commis
à peu près le même nombre d'actes
répréhensibles, mais dans les cas de
disculpation fédérale, les procureurs ont commis
deux fois plus d'actes répréhensibles que la
police. Dans les disculpations fédérales pour
crimes économiques, les procureurs ont commis
sept fois plus d'actes répréhensibles que la
police.
Nous avons aussi examiné les mesures
disciplinaires prises contre les représentants de
l'autorité ayant commis des actes répréhensibles.
Ces mesures étaient très rares pour tous les
niveaux de représentants de l'autorité et encore
plus rares pour les procureurs.
Nous avons tenté de déterminer si les actes
répréhensibles contribuant aux condamnations
prononcées à tort sont devenus plus fréquents
depuis les 15 à 20 dernières années. Pour la
plupart des formes d'actes répréhensibles, nous ne
pouvons rien prédire à long terme, mais nous
voyons déjà de fortes indications que la fréquence
de certaines formes d'actes répréhensibles est en
baisse : la violence et les autres actes
répréhensibles lors d'interrogatoires ; les
interrogatoires abusifs d'enfants dans les cas
d'abus sexuel faits aux enfants ; et la
falsification de preuves médico-légales. En
revanche, le nombre de disculpations pour crimes
économiques fédéraux impliquant les actes
répréhensibles de procureurs est à la hausse.
Dans la dernière section, nous examinons ce qui
a mené les représentants en autorité à commettre
des actes répréhensibles. Nous en concluons que
les principales causes sont des pratiques
répandues qui permettent ou récompensent les
mauvais comportements, le manque de ressources
permettant de mener de meilleures enquêtes et le
leadership défaillant des personnes aux postes de
commande. Nous discutons des différents recours
possibles, que ce soit des règlements spécifiques
ou des changements dans les pratiques, tant au
niveau des villes, des comtés, des États ou du
pays dans son ensemble. [...]
Pour lire le rapport en entier, cliquer ici
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 59 - 19 septembre 2020
Lien de l'article:
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