Le pacte de non-agression
soviéto-allemand du 23 août 1939
Les falsifications sur les origines de la Deuxième Guerre mondiale
- Dougal MacDonald -
Piquetage d'information contre la glorification du
nazisme à Ottawa le 21 août 2020
Le gouvernement canadien a déclaré le 23 août
Journée du Ruban noir pour répandre des mensonges
qui accusent l'ancienne Union soviétique d'avoir
déclenché la Deuxième Guerre mondiale. L'Union
soviétique a signé un pacte de non-agression avec
l'Allemagne d'Hitler le 23 août 1939, et le
gouvernement canadien affirme qu'il s'agissait
d'une « alliance militaire » pour mener une action
militaire commune contre un pays tiers. Le pacte
ne contenait pas une telle entente. L'entente
était seulement que les deux pays ne
s'attaqueraient pas.
Accuser l'Union soviétique d'avoir déclenché la
Deuxième Guerre mondiale sert également à
détourner l'attention des faits concernant les
accords de Munich que les Britanniques et les
Français ont signés avec l'Allemagne hitlérienne
le 30 septembre 1938, lesquels ont cédé la région
des Sudètes en Tchécoslovaquie à l'Allemagne et
ont donné le feu vert à l'Allemagne et aux
hitlériens pour s'emparer de la Tchécoslovaquie,
envahir la Pologne et perpétrer les crimes de
guerre et les atrocités qu'ils ont commis contre
les peuples d'Europe pendant la Deuxième Guerre
mondiale.
Aujourd'hui encore,
les réactionnaires utilisent l'anniversaire du
pacte de non-agression non pas pour acclamer la
grande victoire des peuples du monde sur
l'Allemagne nazie, mais pour calomnier les grands
exploits de l'Union soviétique en répétant des
affirmations qui falsifient l'histoire. Le premier
ministre Justin Trudeau s'est déshonoré lorsque,
le 23 août 2019, il a qualifié la signature du
pacte Molotov-Ribbentrop de « sombre anniversaire
». Il a dit, sans aucun sentiment de honte : «
Signé entre l'Union soviétique et l'Allemagne
nazie en 1939 pour diviser l'Europe centrale et
orientale, ce pacte tristement célèbre a ouvert la
voie aux atrocités effroyables perpétrées par ces
régimes. »
Quel est l'objectif de cette assimilation du
combat implacable de l'Union soviétique pour
vaincre l'agression nazie aux crimes de guerre
nazis ? Dans les faits, les deux principaux
facteurs qui ont conduit à la Deuxième Guerre
mondiale déclenchée par l'Allemagne nazie sont les
énormes investissements américains pour
reconstruire l'économie allemande, à commencer par
le plan Dawes de 1924, dirigé par J.P. Morgan,
avec lequel a été financée la reconstruction
industrielle de l'Allemagne, en particulier la
reconstruction de son industrie de guerre, et la
politique perfide d'apaisement envers l'Allemagne,
une politique de renoncement à la sécurité
collective qui a été suivie par le Royaume-Uni et
la France, avec l'accord tacite du Canada, tandis
que les États-Unis s'affairaient à financer la
production de guerre de l'Allemagne.
Les grands mensonges concernant la prétendue
alliance germano-soviétique ont commencé en
janvier 1948 avec la publication par le
Département d'État des États-Unis, en
collaboration avec les ministères des affaires
étrangères britannique et français, de documents
extraits des notes du journal de fonctionnaires
hitlériens, ce qui a déclenché une nouvelle vague
de calomnies et de mensonges en rapport avec le
pacte de non-agression Molotov-Ribbentrop. Nous
sommes censés ignorer que les documents allemands
étaient tous écrits à partir du point de vue du
gouvernement de Hitler et n'ont pas fait l'objet
d'une vérification indépendante. Il s'agissait
d'une campagne délibérée de guerre froide contre
l'Union soviétique menée par les États-Unis et ses
alliés pour masquer leurs propres actions infâmes
de l'après-guerre.
L'Union soviétique n'a pas traité ces mensonges à
la légère, le Bureau d'information soviétique a
publié presque immédiatement un document très
important pour les réfuter : la note «
Falsificateurs de l'histoire »[1]. Aujourd'hui,
ces mêmes mensonges sur le pacte
Molotov-Ribbentrop ne doivent pas non plus être
traités avec indifférence. Ils visent à présenter
les valeurs de ceux qui sont animés par des
croyances idéologiques étroites comme étant des
valeurs canadiennes. En fait, les promoteurs de la
Journée du Ruban noir sont les descendants des
mêmes forces nazies qui ont semé la mort et la
destruction dans toute l'Europe. Ils présentent
leurs ancêtres, qui étaient des collaborateurs
nazis qui ont envoyé les Juifs, les Polonais, les
Roms et plusieurs autres à la mort dans des camps
de concentration, comme étant des combattants de
la liberté parce qu'ils ont combattu le
communisme. Leurs valeurs ne sont pas des valeurs
canadiennes.
Un monument qui épouse ces valeurs basées sur des
croyances idéologiques anticommunistes étroites
dans un espace appelé Jardin des provinces et des
territoires n'a pas sa place. Les Canadiens ont
combattu pendant la Deuxième Guerre mondiale pour
vaincre les nazis. Ils ont sacrifié leurs vies
pour remporter la liberté, la démocratie et la
paix. Leurs fils et filles n'avaient que de
l'admiration pour les sacrifices consentis par les
communistes dirigés par l'Union soviétique.
Déclarer que nous avons besoin d'un monument aux «
victimes du communisme » et non aux victimes du
fascisme et du nazisme et des guerres d'agression
impérialiste des États-Unis, de leurs coups
d'État, de leurs sanctions et de leurs crimes
contre l'humanité depuis les temps coloniaux, est
indigne de ce que les Canadiens chérissent.
Si signer un pacte de non-agression en 1939 était
« aider Hitler », alors les Anglais et les
Français avaient aidé déjà Hitler pendant au moins
un an en signant de tels pactes l'année précédente
et la Pologne « aidait Hitler » depuis 1934. Il
est également significatif que ces mêmes
réactionnaires ne mentionnent jamais le rôle
pronazi répugnant de sociétés américaines comme
Ford, General Motors, Standard Oil, Texaco, Dupont
et IT&T qui ont fourni à la machine de guerre
nazie des équipements et du matériel essentiels
qui ont rendu possible leur invasion de l'Europe[2].
La Grande-Bretagne et la France ont signé une
déclaration commune de non-agression avec
l'Allemagne en 1938, sans oublier la signature du
« Pacte d'entente et de collaboration » de 1933
peu de temps après l'accession d'Hitler au
pouvoir. La Pologne a signé un pacte de
non-agression avec les nazis en 1934, cinq ans
avant l'Union soviétique, mais ce pacte n'est
jamais mentionné comme cause de guerre. De toutes
les grandes puissances non agressives de l'Europe,
l'Union soviétique a été la dernière à accepter un
pacte avec les Allemands, une décision à laquelle
elle a été contrainte par le rejet de la sécurité
collective par la Grande-Bretagne et la France.
Les événements de 1938, avant et après
l'occupation de l'Autriche par Hitler, en mars,
montrent que, comme elle l'avait fait quelques
années plus tôt, l'Union soviétique a fait de
nombreux efforts pour persuader l'Angleterre et la
France de maintenir une assistance mutuelle
collective, et en particulier de prendre des
mesures pour défendre la Tchécoslovaquie contre
une agression. L'Union soviétique était non
seulement disposée à se joindre à la France pour
défendre la Tchécoslovaquie, si la France tenait
sa parole, mais aussi, dans le cas d'un refus de
la France, elle était prête à défendre seule la
Tchécoslovaquie[3].
Tous les efforts de l'Union soviétique pour
construire la sécurité collective ont été rejetés
par les Britanniques, les Français et les
Américains. La Grande-Bretagne et la France ont
refusé de signer tout pacte d'assistance mutuelle
collective avec l'Union soviétique parce que leurs
dirigeants espéraient toujours que l'Allemagne
attaquerait et détruirait l'Union soviétique. Un
dernier effort de l'Union soviétique en avril 1939
a de nouveau été rejeté, même si les sondages dans
les deux pays montraient un soutien populaire
massif à un pacte d'assistance mutuelle. Au lieu
de cela, la Grande-Bretagne et la France ont signé
les accords de trahison de Munich du 30 septembre
1938 avec l'Allemagne et l'Italie, qui ont permis
à l'Allemagne de démembrer la Tchécoslovaquie et
d'incorporer les Sudètes, ordonnaient aux Tchèques
de ne pas résister à l'agression nazie et
donnaient aux nazis le feu vert pour lancer leurs
attaques dans toute l'Europe.
Les réactionnaires ne veulent jamais discuter
des accords de Munich, car ils étaient une
trahison si honteuse des peuples du monde que même
Winston Churchill, au parlement britannique, a
déclaré au premier ministre Chamberlain : « Vous
aviez le choix entre la guerre et le déshonneur.
Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la
guerre. » Il est indéniable que face à la trahison
britannique et française, l'Union soviétique
n'avait d'autre choix que de prendre toutes les
mesures en son pouvoir pour se défendre et
défendre la cause de la paix.
De gauche à droite : Chamberlain, Daladier,
Hitler, Mussolini et Ciano lors de la signature
des accords de Munich en 1938
Tous ces faits sont vérifiables. Ils se trouvent
dans les rapports, discours, comptes rendus et
documents de l'époque. Pour ne donner qu'un
exemple de la politique d'apaisement envers
Hitler, on peut lire dans le Mémo #8604, envoyé à
Moscou de Prague par les services de renseignement
russes quelques jours avant la signature des
accords de Munich : « Le 19 septembre,
l'ambassadeur britannique, Newton, et
l'ambassadeur français, De Lacroix ont transmis à
Milan Hodza [premier ministre tchécoslovaque], au
nom de Chamberlain et de Daladier, les
dispositions suivantes, respectueusement : ‘Guidés
par les nobles principes de préservation de la
paix en Europe, ils estiment nécessaire de
rattacher les Sudètes à l'Allemagne. Un système de
pactes d'assistance mutuelle entre la
Tchécoslovaquie et d'autres pays devraient être
annulés.' »[4].
Cette trahison du peuple tchèque, qui a conduit à
l'occupation allemande, aurait été « guidée par
les nobles principes de la préservation de la
paix ». Pourtant, moins d'un an après avoir
envahi la Tchécoslovaquie, l'Allemagne envahissait
la Pologne, le Danemark, la Norvège, la Belgique,
les Pays-Bas et la France et bombardait la
Grande-Bretagne.
Un autre mensonge souvent répété est que l'Union
soviétique et l'Allemagne nazie avaient convenu
dans le pacte Molotov-Ribbentrop de « se partager
la Pologne », affirmant faussement à nouveau que
le pacte comprenait un engagement à mener une
action militaire commune contre un pays tiers.
Alors que les nazis ont envahi la Pologne le 1er
septembre 1939, commettant l'un des pires crimes
de guerre que le monde n'ait jamais connu,
massacrant près de six millions de personnes, le
rôle de l'Union soviétique était totalement
différent. L'armée soviétique est entrée en
territoire polonais le 17 septembre, seulement
après l'effondrement de l'État polonais, après la
désintégration de l'armée polonaise, après que le
gouvernement a cessé de fonctionner et que ses
dirigeants ont fui le pays. De plus, l'Union
soviétique est entrée dans les territoires de
l'Ukraine et de la Biélorussie qui faisaient
partie de la Russie soviétique jusqu'à ce que la
Pologne les annexe par la force pendant la guerre
russo-polonaise de 1919-1921. La Pologne à cette
époque faisait partie de l'alliance des 14 pays
impérialistes, dont le Canada, qui ont envahi la
République soviétique socialiste naissante pour
tenter de l'étrangler, mais n'y sont pas parvenus.
Environ 8 % seulement des habitants de l'Ukraine
et de la Biélorussie étaient d'origine polonaise.
Quel a été le résultat de l'entrée de l'armée
soviétique en Pologne ? « Grâce à l'intervention
opportune de l'Union soviétique dans ces
territoires qui avaient appartenu à l'État
polonais maintenant effondré, Hitler a dû accepter
une ligne de démarcation entre ses troupes et
l'Armée rouge bien à l'ouest de la frontière
russo-polonaise[5].
» L'Armée rouge a sauvé des millions d'habitants
d'Ukraine, de Biélorussie et de Pologne du sort
qu'Hitler a fait subir au peuple polonais. Même
Winston Churchill, un réactionnaire endurci, a
justifié publiquement l'entrée des Soviétiques en
Pologne orientale comme étant nécessaire non
seulement pour la sécurité des peuples de Pologne
et d'Union soviétique, mais pour les peuples des
États baltes et de l'Ukraine. Le 1er
octobre 1939, Churchill a déclaré à la
radio : « Que les armées russes se tiennent
sur cette ligne [la ligne Curzon] était clairement
nécessaire pour la sécurité de la Russie devant la
menace nazie. Un front de l'Est a été créé que
l'Allemagne nazie n'ose pas attaquer. Quand Herr
von Ribbentrop est allé à Moscou la semaine
dernière, c'était pour apprendre et accepter le
fait que les desseins nazis sur les pays baltes et
sur l'Ukraine doivent s'arrêter. »
Et, bien sûr, c'est l'Armée rouge soviétique qui,
en janvier 1945, a été le fer de lance de la
libération finale de la Pologne de l'occupation
nazie, libérant Varsovie puis perçant les
formidables défenses nazies sur la Vistule-Oder
qui marquait la frontière de la Pologne et de
l'Allemagne. Le succès complet de cette opération
a créé les conditions favorables à l'entrée en
Allemagne le 20 janvier et à l'avancée au
coeur de l'Allemagne, à l'élimination des forces
nazies, à la prise de Berlin et à la défaite
définitive du IIIe Reich.
L'Armée rouge soviétique libère la Pologne en
1945.
Reconnaissant cette immense contribution,
le 6 février 1945, le président et le
premier ministre de la Pologne écrivirent à
Staline : « Le peuple polonais n'oubliera
jamais qu'à l'époque la plus difficile et la plus
éprouvante de son histoire, il a reçu une aide
fraternelle du peuple soviétique, non seulement
sous forme de sang et d'armes de l'Armée rouge,
mais aussi de pain, ainsi qu'une aide considérable
de nature économique[6]. »
Les agissements infâmes des Anglo-Américains et
des Français dans le dos de l'Union soviétique ont
provoqué la destruction des éléments de sécurité
collective établis contre l'Allemagne nazie. Ce
sont les accords de Munich, l'acte de lâcheté
ultime, signés par la Grande-Bretagne, la France,
l'Allemagne et l'Italie qui ont mené à la Deuxième
Guerre mondiale, au massacre de millions de
personnes et à l'holocauste européen. Le verdict
de l'histoire confirme la vérité au sujet de la
trahison anglo-américaine et française des peuples
du monde et au sujet du rôle héroïque de l'Union
soviétique et de Staline dans la victoire sur les
nazis. Aucun falsificateur de l'histoire ne peut
changer ces faits.
Environ 50 millions de personnes sont mortes et 35
millions ont été blessées sérieusement pendant la
Guerre antifasciste, pendant laquelle les peuples
de l'Union soviétique ont subi la plus grande
partie des pertes. Telle est la vérité sur cette
question.
Notes
1. Falsificateurs de
l'histoire, Bureau soviétique d'information
auprès du Conseil des ministres de l'U.R.S.S.,
Moscou, 1948
2. Voir par exemple Black,
Edwin, Nazi Nexus : America's Corporate
Connections to Hitler's Holocaust, Dialogue
Press, Washington DC, 2009, et Pauwels,
Jacques, Big Business and Hitler, James
Lorimer, Toronto,2009.
3. Staline « avait prévu
déployer un million de soldats contre Hitler si la
Grande-Bretagne et la France acceptaient le
pacte » : Staline était « prêt à envoyer
plus d'un million de soldats soviétiques à la
frontière allemande pour dissuader l'agression
hitlérienne juste avant la Deuxième Guerre
mondiale », Nick Holdsworth, Telegraph,
Londres, 18 octobre 2008.
4. « Accords de Munich
de 1938 : Moscou ouvre ses archives
secrètes », Valeri Iarmolenko, RIA
Novosti, 30 septembre 2008
5. « Les Causes et les
leçons de la Seconde Guerre mondiale »,
Hardial Bains, Institut MELS, Toronto, 1990
6. « World War II :
Decisive Battles of the Soviet Army », V.
Larionov, N. Yeronin, B. Solovyov, V. Timokhovich,
Moscou, Progress Publishers, 1984.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 54 - 22 août 2020
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soviéto-allemand du 23 août 1939: Les falsifications sur les origines de la Deuxième Guerre mondiale - Dougal MacDonald
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