D'un océan à l'autre, des manifestations revendiquent des écoles sécuritaires, le définancement de la police et l'investissement dans les communautés

Marche pour des écoles sécuritaires, New York, 3 août 2020

Les actions menées à l'échelle des États-Unis la semaine dernière continuent d'exprimer les préoccupations du peuple face à l'état des choses au pays, au fait que la pandémie du coronavirus est hors de contrôle, que les écoles rouvrent malgré les conditions non sécuritaires et que les États-Unis sont devenus une véritable tyrannie marquée par le recours sans limites aux agences de police à tous les niveaux contre les manifestants. Pendant ce temps les riches s'enrichissent et le sort des pauvres ne fait que s'aggraver, surtout avec un taux de chômage sans précédent et la multiplication des difficultés dans la vie des gens.

Les appels au définancement des services de police et à l'utilisation de ces sommes pour financer les programmes sociaux dont les communautés ont besoin fusent de partout. De nombreuses actions ont lieu pour revendiquer des écoles sécuritaires par le retrait de la police des écoles et par des mesures qui préviennent la propagation de la COVID-19. Les enseignants et les travailleurs de l'éducation exigent que les écoles rouvrent « uniquement si c'est sécuritaire » et que le financement soit accordé pour rendre la réouverture sécuritaire. Ils soulignent que sans espace, du personnel et de l'équipement additionnels, et sans une ventilation adéquate, la réouverture des écoles va causer des décès parmi les étudiants, les enseignants et d'autres personnes à qui ils vont transmettre le virus. L'appel commence à rallier : le seul nombre de décès acceptable est zéro.

Des actions ont été organisées par des travailleurs de l'éducation, des parents et d'autres personnes dans plus de 35 endroits à l'échelle du pays le 3 août. Le Syndicat national des infirmières unies (NNU) a tenu une journée d'action dans tout le pays le 5 août pour réclamer de la protection face au coronavirus. Pendant ce temps, les manifestations de masse contre la brutalité et l'impunité policières se sont poursuivies dans une résistance vaillante à la violence et à la répression accrues de la police.

Alors que les écoles commencent à rouvrir à l'échelle du pays, la présidente de la Fédération américaine des enseignants (AFT) a réitéré dans un discours le 28 juillet les propositions de la fédération en vue de la réouverture des écoles, qui placent la sécurité des étudiants, des enseignants et des travailleurs de l'éducation au-dessus de toute autre considération. Elle a dénoncé le manque de financement pour certains conseils scolaires où les écoles sont surpeuplées et où il manque de ventilation adéquate et de savon dans les toilettes. Elle a dit que le financement des écoles pendant la pandémie est resté bloqué au Sénat.

« Ces fonds auraient dû être distribués aux communautés il y a des mois. Comment Mitch McConnell peut-il avoir le culot d'entraver et de retarder ce financement ? Et comment Donald Trump peut-il oser tweeter, en lettres majuscules, 'LES ÉCOLES DOIVENT ROUVRIR À L'AUTOMNE ! ! !' ? Sans plan. Sans financement. Et sans savoir de quoi il parle.

« Quelle hypocrisie que d'annuler la convention républicaine de Jacksonville en Floride à cause des risques pour les délégués rassemblés dans ce point chaud du coronavirus alors qu'il réclame que les enfants et les enseignants se rassemblent dans ce même point chaud.

« Pourquoi quiconque aurait-il confiance en Trump sur la réouverture des écoles, alors qu'il a mal géré tout le reste en ce qui concerne le coronavirus ? Pourquoi quiconque aurait-il confiance en Betsy DeVos [secrétaire à l'Éducation] qui n'a aucune crédibilité au sujet même du fonctionnement des écoles ? Pourquoi quiconque essaierait-il de rouvrir les écoles par la force et les menaces, sans plan et sans ressources ? À moins de vouloir simplement créer le chaos pour que la réouverture soit un échec.

« Avant la résurgence du virus et avant les menaces brutales de Trump et de DeVos  d'ouvrir ou sinon', 76 % des membres de l'AFT ont répondu par sondage qu'ils étaient prêts à revenir dans les établissements scolaires si les garanties de sécurité sont en place. Maintenant, ils ont peur et ils sont en colère. Plusieurs démissionnent, prennent leur retraite ou font leur testament. Les parents eux aussi ont peur et sont en colère. Un sondage récent de l'Associated Press montre que la majorité des Américains pensent que les édifices scolaires peuvent rouvrir uniquement si des modifications majeures sont faites ou alors il faut revenir à l'éducation à distance.

« Parlons franchement : tout comme nous l'avons fait avec nos travailleurs de la santé, nous allons lutter sur tous les fronts pour la sécurité de nos étudiants et de leurs éducateurs. Et si les autorités ne protègent pas la sécurité et la santé de ceux que nous représentons et que nous servons, comme l'a voté notre conseil exécutif la semaine dernière, rien n'est exclus, mobilisation et manifestations, négociations, griefs et poursuites devant les tribunaux, ou, si nécessaire et avec l'autorisation d'un syndicat local, en dernier recours, des grèves pour la sécurité.

« Nous sommes à la 11e heure. Nous avons besoin des ressources maintenant. [...] »

Dans la même veine, le Syndicat national des infirmières unies (NNU) a organisé une journée d'action à l'échelle du pays le 5 août, avec 200 actions dans et devant des hôpitaux dans au moins 16 États et à Washington « pour demander que nos dirigeants élus, le gouvernement et les employeurs d'hôpitaux posent des gestes immédiats pour sauver des vies ».

« Les infirmières savent que l'injustice sociale, économique et raciale généralisée au pays a tué nos patients depuis le début. La COVID-19 fait juste nous obliger à nous attaquer à ces problèmes en tant que société, a dit Bonnie Castillo, infirmière autorisée et directrice exécutive du NNU. Ces éclosions récentes de la COVID et les infections et les décès non contrôlés, le refus des employeurs de protéger nos infirmières et les autres travailleurs, les taux de chômage outrageusement élevés et la faim, la répression totalitaire des manifestants - chaque crise dont nous sommes maintenant témoins vient du fait que la vie humaine passe après le profit. »

Le NNU écrit que les infirmières autorisées « réclament que le Sénat adopte la Loi pour les héros, un projet de loi en attente qu'elles appuient et qui non seulement protégerait les travailleurs de la santé et les autres travailleurs essentiels en garantissant la production au pays des ÉPI en vertu de la Loi sur la production de défense et en chargeant l'Administration fédérale de la santé et de la sécurité au travail d'établir une norme temporaire d'urgence sur les maladies infectieuses, mais qui fournirait une aide économique dont on a désespérément besoin sous forme de paiements en liquidités, de prestations de chômage élargies et de subsides pour la garde d'enfants jusqu'à la fin de 2020 pour les familles au bord du précipice ».

« Les infirmières sont toujours en péril, a dit Mary C. Turner, une infirmière autorisée aux soins intensifs et présidente de l'Association des infirmières du Minnesota dont les membres participent aux actions. Nous réutilisons encore des ÉPI qui devaient être jetés. Nous nous occupons toujours en même temps de patients ayant la COVID et de patients qui ne l'ont pas. Et nous luttons encore pour nous protéger afin de protéger nos patients. »

« La COVID a mis en lumière tout ce qui ne va pas dans notre système, a dit Zenei Cortez, infirmière autorisée et présidente du NNU. La vieille façon de faire est un immense échec. Il est temps maintenant d'envisager un monde qui repose sur les valeurs de bienveillance, de compassion et d'esprit communautaire des infirmières. »


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 52 - 10 août 2020

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