À propos des événements en cours
aux États-Unis
Trump, les élections et un processus politique dysfonctionnel
- Kathleen Chandler -
À propos de la lettre de
la sénatrice Warren contre les déploiements
des forces policières fédérales et des
réactions au Tweet de Trump sur un report de
l'élection
La sénatrice démocrate Elizabeth Warren, qui
représente l'État du Massachusetts, a envoyé
le 28 juillet une lettre aux chefs des
départements de la Défense, de la Justice, de la
Sécurité intérieure et de l'Intérieur les appelant
à ne pas déployer l'armée et les diverses forces
fédérales sous leur contrôle contre les
manifestants qui protestent contre la brutalité
policière raciste et pour exiger l'égalité, la
justice et la paix. En plus d'exprimer les
préoccupations de nombreux membres de l'élite
dirigeante concernant le déploiement par Trump des
forces fédérales à Portland en Oregon, et dans
d'autres villes, elle soulève des questions
concernant l'élection présidentielle de 2020
et le refus persistant de Trump « de rassurer le
pays sur le fait qu'il respectera la volonté des
électeurs » et quittera pacifiquement ses
fonctions s'il est défait. Cela aboutirait à « une
mise à l'épreuve sans précédent de la démocratie
américaine », écrit-elle. Elle cite un
article du Washington Post ayant pour
titre : « L'assaut de Trump contre
l'intégrité électorale amène à se demander :
que se passerait-il s'il refusait d'accepter une
défaite ? »
L'affaire est
maintenant le sujet d'amples spéculations dans les
journaux, parmi les professeurs et les groupes de
réflexion, et de craintes qu'une violente guerre
civile n'éclate.
La lettre de la sénatrice, et notamment le fait
qu'elle l'adresse également aux militaires,
montrent le désespoir et l'impuissance actuels de
la classe dirigeante américaine qui vit
l'humiliation totale. Cela équivaut à appeler les
militaires à refuser de suivre les ordres du
commandant en chef s'ils devaient être mobilisés
pendant les élections. La perspective d'un refus
est déjà très préoccupante compte tenu des
divisions ouvertes qui se sont manifestées au sein
des forces militaires lors de l'élection
précédente. Certains militaires s'étaient
prononcés publiquement en faveur de Clinton et
d'autres en faveur de Trump, malgré le fait que
les militaires sont censés rester neutres et
servir tous les présidents quel qu'il soit et quel
que soit le parti qu'il ou elle dit représenter.
À la suite de la publication de la lettre
d'Elizabeth Warren, Trump a fait des déclarations
qui ont donné raison à ceux qui s'inquiètent de ce
qu'il arrivera s'il croit que la campagne
électorale ou les résultats de l'élection ne lui
sont pas favorables. Trump a écrit sur
Twitter : « Avec le vote universel par
correspondance (et non le vote par procuration, ce
qui est bien), 2020 sera l'élection la plus
INEXACTE et FRAUDULEUSE de l'histoire. Ce sera une
grande honte pour les États-Unis. Il faut retarder
l'élection jusqu'à ce que les gens puissent voter
correctement et en toute
sécurité ? ? ? »
L'idée qu'il pourrait retarder les élections a
tout de suite provoqué les réactions des élus, des
constitutionnalistes et d'autres qui ont tous
affirmé que Trump ne pouvait le faire légalement.
Ce serait inconstitutionnel car seul le Congrès a
le pouvoir de changer la date de l'élection[1].
La proposition - ou la menace - de Trump de
retarder les élections peut être vue comme une
provocation délibérée pour jauger les réactions.
Tâter le terrain est une façon de déterminer
comment les limitations internes et externes de
ceux qui détiennent le pouvoir peuvent être
repoussées.
Même le constitutionnaliste Steven Calabresi de
l'organisation conservatrice Federalist Society,
considéré comme un proche allié de Trump, a écrit
un éditorial dans le New York Times dans
lequel il affirme que les élections ne peuvent pas
être retardées. Exprimant le point de vue de
nombreux intervenants, Calabresi écrit : «
Tous les républicains du Congrès doivent dire au
président Trump qu'il ne peut pas reporter les
élections fédérales. Cela serait illégal,
inconstitutionnel et sans précédent dans
l'histoire américaine. » « Quiconque dit le
contraire ne devrait plus jamais être élu au
Congrès », ajoute-t-il. Puis il appelle à la
destitution et à la révocation de Trump, ce à quoi
il s'était précédemment opposé.
Si la plupart des intervenants sont d'avis que
Trump ne peut pas retarder les élections parce que
ce serait « illégal, inconstitutionnel et sans
précédent », il reste que cela soulève
plusieurs questions très pertinentes : S'il
le fait, qui l'arrêtera ? Et avec quelles
forces armées ? Quelles forces armées Trump
pourrait-il rallier en prévision d'un déploiement
pour retarder les élections ou contester les
résultats annoncés des élections ? Comment
les conditions sont-elles créées pour un tel
déploiement ? Quel sera le prétexte ?
Bien que Trump se
dise lui-même président de la loi et de l'ordre,
la présidence Trump a clairement indiqué à
plusieurs reprises que l'actuel gouvernement
n'était pas un gouvernement de l'état de droit, ni
au pays ni à l'étranger. Son gouvernement
fonctionne uniquement sur la base des pouvoirs de
police commandés par la présidence qui fait comme
bon lui semble devant l'impuissance du Congrès et
des tribunaux à contrôler les pouvoirs
présidentiels. L'utilisation des forces armées
contre le peuple américain est la définition même
de la tyrannie, non de la loi et de l'ordre. La
tyrannie est ce que la Constitution américaine et
l'ensemble de ses institutions sont censées
prévenir. Le peuple d'un océan à l'autre s'oppose
vaillamment à cette tyrannie, jour après jour
après jour. Il mérite une explication.
L'explication de ce qui se passe est dans le fait
que les prises de décision ne se font plus là où
le prévoit la Constitution. Le pouvoir de décision
aux États-Unis, à tous les niveaux, a été usurpé
par des intérêts privés étroits qui ont pris
directement les rênes du pouvoir. Ils sont
simultanément engagés dans des combats rangés
entre eux pour le contrôle de toutes les
ressources au pays et à l'étranger et dans un
effort concerté pour écraser la rébellion du
peuple qui réclame le changement. Ils veulent
désespérément que la crise économique américaine
se règle en leur faveur, mais ils veulent
également s'assurer de ne pas perdre le statut de
« nation indispensable » à l'étranger. Mais
tant que le contrôle est recherché à travers le
déploiement des pouvoirs de police, chacun de
leurs gestes ne fait que renforcer l'anarchie, la
violence et la destruction des forces productives.
Les dangers auxquels sont confrontés les peuples
aux États-Unis et dans le monde exigent leur
entière attention, vigilance et réponse, en
partant de ce qu'ils identifient eux-mêmes comme
étant leurs propres intérêts.
Un état d'anarchie prévaut dans lequel aucun de
ces groupes de puissants intérêts privés étroits
n'accepte un processus décisionnel au-dessus du
sien. Ils ont formé des oligopoles qui
fonctionnent comme des coalitions et des cartels.
Ils se sont emparés du bureau de la présidence et
exigent que le président puisse agir en toute
impunité. Ils veulent avoir le pouvoir d'agir sans
être contraints par les lois et les dispositions
constitutionnelles existantes. Trump a été choisi
comme président comme quelqu'un qui ne faisait pas
partie des arrangements établis et qui a juré de
briser en toute impunité les liens qui le
soumettent aux anciens arrangements. Les intérêts
privés étroits n'acceptent aucune limitation de
leur pouvoir d'agir opportunément et prétendent
que c'est dans l'intérêt de l'économie et ainsi de
suite.
Les actions de
Trump à la frontière sud des États-Unis, notamment
la séparation des familles et la détention des
enfants, les interdictions imposées aux musulmans
et au droit d'asile, les opérations policières de
nettoyage au square Lafayette le 1er juin,
les déploiements actuels des forces fédérales pour
réprimer la résistance, toutes ces actions sont
considérées par beaucoup comme
inconstitutionnelles et contre la loi. La
sénatrice Warren elle-même demande à connaître le
fondement juridique derrière les déploiements en
cours de forces fédérales.
Cependant, s'il est vrai qu'elles sont
inconstitutionnelles et contraires à la loi, ce
que révèle la situation actuelle est que la
Constitution elle-même n'est pas capable de
contenir les intérêts privés qui ont en ce moment
usurpé le pouvoir. Ces intérêts privés étroits ne
négocient pas, ils ne veulent rien savoir des
règlements qui limitent leurs pouvoirs. Ils
s'enrichissent en frappant quand le fer
est chaud dans l'anarchie et le chaos qu'ils
créent. Ce sont les raisons pour lesquelles la
fortune des plus riches parmi les plus riches
s'est multipliée si rapidement au cours de la
pandémie.
La lettre de Warren sur les déploiements
fédéraux
Les forces fédérales déployées à Portland, en
Oregon, le 28 juillet 2020
Se référant à l'exercice des pouvoirs de police
lors du déploiement ordonné par Trump dans
différentes villes, la sénatrice Elizabeth Warren
exprime une préoccupation que partage une section
des cercles dirigeants américains, à savoir que
les actions de Trump ne font pas disparaître la
résistance du peuple, mais divisent davantage,
plutôt que d'unir, la bureaucratie militaire et
les différentes agences de police. Quand on sait
que le président a la tâche spécifique de
préserver l'union tout en gardant le peuple soumis
et à l'écart du pouvoir, ces échecs sont un
problème sérieux pour les cercles dirigeants.
En faisant appel aux chefs de cabinet et en
incluant l'armée, Elizabeth Warren tente d'unir
ces forces pour refuser les déploiements fédéraux
et, par conséquent, rejeter « la loi et
l'ordre » de Trump et l'utilisation de la
force comme moyen de sortir de la crise.
« Vous êtes tous responsables du commandement des
troupes militaires ou civiles et du personnel
chargé de l'application des lois de vos agences.
Je vous exhorte à ne pas autoriser l'utilisation
de ce personnel placé sous votre commandement ou
votre supervision dans de futures actions
nationales contre des personnes exerçant leur
droit de manifester », écrit-elle.
Le danger inhérent à cette proposition est qu'un
tel refus de la part des chefs de cabinet et des
services de police et/ou de l'armée, qui
représentent une force énorme, ce refus ouvert
d'exécuter les ordres du commandant en chef
pourrait également déclencher une guerre civile
ouverte et violente. C'est ce que la classe
dirigeante dans son ensemble veut éviter.
Cela montre que le
danger de guerre civile demeure malgré les appels
à faire respecter la Constitution et à ne pas
utiliser l'armée au pays, ce qui constitue la
tyrannie, et à ne pas déployer de forces fédérales
dans des juridictions non fédérales sans
l'autorisation des autorités des États et des
autorités locales. Cela montre également que le
processus et les institutions démocratiques
actuels ont perdu leur utilité. Ils sont censés
fournir les moyens par lesquels les contradictions
dans les rangs des intérêts privés peuvent être
résolues tout en les unissant dans leur volonté
d'imposer leur domination au peuple. Une
constitution moderne et un processus démocratique
moderne sont nécessaires. Cela ne peut être
réalisé que par le peuples uni dans l'action pour
s'investir du pouvoir. Une telle constitution
consacrera les droits tels que définis par le
peuple, non par les riches. Elle codifiera les
processus de prise de décision démocratique pour
qu'ils permettent de mener à bien la lutte pour la
justice, les droits et la paix. Cela mettra fin
aux dispositions actuelles qui protègent la
propriété privée, l'esclavage salarié, le travail
en servitude, le travail pénitentiaire et
l'esclavage pur et simple d'êtres humains partout
dans le monde, et qui définissent les droits sur
cette base.
Dans sa lettre, la sénatrice Warren soulève le
problème des différents conflits entre
l'administration fédérale et les forces étatiques
et locales et affirme que le déploiement fédéral
se fait « en dépit d'une opposition claire des
gouverneurs, des maires et des citoyens qui
exercent leurs droits consacrés par le premier
amendement ». Elle parle de la violation des
droits résultant de l'utilisation de gaz
lacrymogènes, du ciblage des journalistes, etc.,
puis aborde dans ce contexte le sujet de
l'élection présidentielle :
« Ces attaques - dans lesquelles le président
semble utiliser les forces du département de la
Sécurité intérieure (DHS) comme une 'escouade de
fiers-à-bras' (goon squad), selon les propos d'un
ancien directeur par intérim de l'Immigration et
des douanes - surviennent environ 100 jours
avant l'élection. »
« L'utilisation partisane des forces de l'ordre
fédérales paramilitaires au niveau national,
poursuit-elle, sonne l'alarme sur le respect de la
loi et des précédents par le président, et à
savoir s'il prendra d'autres mesures, plus
dangereuses et scandaleuses encore, pour opposer
les forces fédérales à leur propre peuple dans les
mois et les jours qui précéderont et suivront
l'élection présidentielle de 2020. La
possibilité que le président Trump mette en action
les forces nationales comme une 'milice
personnelle' (comme l'a dit l'ancien secrétaire à
la Sécurité intérieure Tom Ridge) est encore plus
inquiétante étant donné son refus persistant de
rassurer le pays qu'il respectera la volonté des
électeurs et quittera pacifiquement ses fonctions.
[...] J'écris donc pour vous demander l'assurance
que vous ne permettrez pas aux forces militaires
ou civiles sous votre contrôle d'être utilisées
par le président pour réprimer la dissidence et la
démocratie. »
Elle ajoute : « Le déploiement de forces
paramilitaires fédérales contre des civils est un
embarras historique pour notre nation et nuit à la
position des États-Unis dans le monde. »
Sa conclusion n'est cependant pas rationnelle
étant donné la réalité actuelle d'un gouvernement
de pouvoirs de police qui, par définition, ne suit
aucune règle d'engagement[2] et que les
institutions cruciales telles que le Congrès, les
tribunaux et les élections, sont dysfonctionnelles
pour ce qui est de leur rôle de résoudre les
problèmes auxquels est confrontée la classe
dirigeante.
Warren demande aux
chefs de cabinet d'« identifier les autorités
légales statutaires et réglementaires spécifiques
qui autorisent telle agence ou unité » à
procéder à des arrestations, à utiliser la force,
à contrôler les foules, etc. Elle demande à
nouveau : « Allez-vous vous engager à refuser
de déployer l'armée ou les forces de l'ordre
fédérales sous votre contrôle contre des
manifestants pacifiques ou contre des Américains
en général avant les élections de novembre, et à
refuser de les déployer d'une manière destinée à
intimider les électeurs le 3 novembre ?
Si le président Trump perd l'élection et refuse de
quitter ses fonctions pacifiquement,
refuserez-vous de déployer les forces de l'ordre
militaires ou fédérales sous votre contrôle à
l'appui de son mépris de la volonté des
électeurs ? » Elle conclut : «
C'est une question urgente pour la démocratie
américaine et pour la sécurité des Américains qui
manifestent pacifiquement dans leurs communautés
et je vous demande donc de me donner des
engagements écrits au plus tard le 3
août. »
Reste à voir si elle aura des réponses. En tant
que sénatrice, elle n'a aucun pouvoir d'exécution
à cet égard et peu de possibilité à convoquer une
audience du Congrès. À l'heure actuelle, le
procureur général William Barr, qui dirige le
département de la Justice, et Chad Wolf, qui
dirige la Sécurité intérieure (DHS), seraient
prêts à exécuter les ordres de Trump contre le
peuple. Barr est particulièrement favorable à
l'augmentation des pouvoirs du président. Mais le
FBI, les marshals et les chefs des nombreuses
agences du DHS, telles que la Drug Enforcement
Administration (DEA) et le Bureau des alcools,
tabacs, armes à feu et explosifs (ATF), ne sont
peut-être pas si prêts à le faire dans le contexte
d'une élection contestée et d'une crise
généralisée qui s'approfondit rapidement. Déjà, de
nombreux employés du DHS se sont opposés au
déploiement actuel contre les manifestants dans de
nombreuses villes, le qualifiant de «
manifestement inconstitutionnel », une «
descente dans l'anarchie » qui ne fait
qu'accroître la méfiance du public à l'égard du
DHS.
Il en va de même
pour de nombreux gardes nationaux appelés par les
gouverneurs à réprimer les manifestants. Un
certain nombre d'entre eux ont refusé
catégoriquement, tandis que d'autres ont exprimé
leur désaccord. Témoignant devant le Congrès en
rapport avec les événements du 1er juin au square
Lafayette à Washington, le commandant Adam
DeMarco, en service actif, responsable de la Garde
nationale, a dit : « D'après mon observation,
ces manifestants - nos concitoyens américains -
étaient engagés dans l'expression pacifique de
leurs droits consacrés par le premier amendement.
[...] Pourtant, ils ont été soumis à une escalade
non provoquée et à un usage excessif de la
force », ce qu'il dit avoir trouvé très
troublant.
Il convient de garder à l'esprit que les
déploiements de forces fédérales par Trump, y
compris de diverses agences de police, sont en
partie un exercice de formation à un usage brutal
et illégal de la force contre des personnes
défendant leurs droits. Une dissidence
significative au sein de ces forces est une source
d'inquiétude pour les cercles dirigeants et un
facteur positif pour la résistance. Le chef du DHS
Chad Wolf a déclaré que son département prévoyait
des « troubles » jusqu'en novembre.
Un potentiel de guerre civile
Après que Trump a menacé d'utiliser l'armée, en
plus de la police militaire et de la Garde
nationale déployées à Washington, y compris au
square Lafayette, le secrétaire à la Défense Mark
Esper avait également placé au début de
juin 1600 soldats de la 82e division
aéroportée de l'armée en état d'alerte dans des
bases voisines. Au même moment, le 3 juin, il
a exprimé ses inquiétudes quant à l'utilisation de
l'armée à des fins intérieures. Lorsque Trump a
menacé d'utiliser la Loi sur l'insurrection pour
justifier son action, Esper a déclaré
publiquement :
« La possibilité d'utiliser des forces en service
actif dans un rôle d'application de la loi ne
devrait être envisagée qu'en dernier ressort et
uniquement dans les situations les plus urgentes
et les plus graves. »
« Nous ne sommes pas dans l'une de ces situations
actuellement. Je ne soutiens pas l'invocation de
la Loi sur l'insurrection », a-t-il
ajouté.
Doit-on supposer qu'un report des élections ou
une contestation des résultats constitue « une de
ces situations » ? Ou Esper
rejoindra-t-il des gens comme l'ancien secrétaire
général à la Défense James Mattis dans leur
opposition à Trump ?
Par ailleurs, Trump n'est pas le seul à invoquer
une possible utilisation de l'armée. Joe Biden,
candidat à la nomination démocrate à la
présidence, laisse également entendre que la force
militaire pourrait être utilisée. En juin, Biden a
déclaré que si Trump perdait et refusait de
quitter ses fonctions, il était « absolument
convaincu » que l'armée « l'escorterait de la
Maison-Blanche avec grande diligence ». « Ma
plus grande inquiétude, ajoutait-il, est que ce
président va essayer de voler cette élection.
C'est un gars qui a dit que tous les bulletins de
vote par correspondance sont frauduleux. »
Il est donc évident que tout ce qui concerne le
processus électoral actuel est affaire de
différends qui ouvrent la voie à la contestation
des résultats. Loin de permettre de déterminer qui
gouvernera le prochain mandat présidentiel, le
processus électoral est lui-même en crise.
L'ancien président Obama est allé jusqu'à
consacrer une partie de son éloge funèbre au
défunt sénateur John Lewis à une plaidoirie en
faveur de toutes sortes de changements sur le
déroulement de l'élection dans trois mois[3].
L'appel ouvert à la
défiance de la sénatrice Warren aux chefs de
cabinet et de l'armée, les nombreux conflits
publics entre et au sein de la présidence,
l'armée, le Congrès et les forces étatiques et
locales et les commentaires répétés à propos d'une
« mise à l'épreuve sans précédent » de la
démocratie américaine indiquent que la campagne
électorale ou la contestation des résultats de
l'élection pourraient être l'occasion d'une guerre
civile violente et/ou d'une autre invasion à
l'étranger.
Alors que la résistance se renforce et prend de
l'ampleur, il y a une prise de conscience parmi le
peuple que les institutions démocratiques et la
Constitution américaines ne le servent pas - ce
qui est bien connu depuis très longtemps - mais
aussi qu'elles ne lui sont d'aucun recours. Il ne
peut s'appuyer sur elles pour régler les
contradictions dans les rangs des cercles
dirigeants ou entre les cercles dirigeants et le
peuple qui réclame des arrangements modernes qui
correspondent à l'époque actuelle et répondent à
ses besoins.
Le refus du peuple de se laisser détourner par
les cercles dirigeants et le fait qu'il reste
fidèle à ses objectifs de justice, d'égalité, de
sécurité et de paix en s'appuyant sur ses propres
efforts inspirent confiance et continuent de
montrer la voie à suivre.
Notes
1. 1. L'article II de la
Constitution donne au Congrès le pouvoir de
choisir le moment de l'élection générale. Une loi
fédérale de 1845 a fixé la date au premier mardi
suivant le premier lundi de novembre.
Il faudrait une modification de la loi fédérale
pour déplacer cette date. Cela veut dire une loi
adoptée par le Congrès, signée par le président et
sujette à des contestations judiciaires.
De plus, la Constitution stipule que le nouveau
Congrès doit être assermenté le 3 janvier et que
le mandat du nouveau président doit débuter le 20
janvier. Ces dates ne peuvent être changées par
l'adoption d'une loi ordinaire.
2. Règles
d'engagement : les directives émises par une
autorité militaire spécifiant les circonstances et
les limites dans lesquelles les forces engageront
le combat avec l'ennemi.
3. Procès-verbal de l'éloge
funèbre du président Barack Obama en hommage à
John Lewis à l'église baptiste Ebenezer, à Atlanta
en Géorgie, 30 juillet 2020.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 52 - 10 août 2020
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À propos des événements en cours
aux États-Unis: Trump, les élections et un processus politique dysfonctionnel - Kathleen Chandler
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