L'unité anti-impérialiste est la tactique et la stratégie de la victoire
- Le président
cubain Miguel Diaz-Canel -
Discours par visioconférence
lors de la Réunion de dirigeants à l'occasion
du 30e anniversaire de la création du Forum de Sao
Paulo le 28 juillet. Ont également
participé à la rencontre le président
Nicolas Maduro de la République bolivarienne du Venezuela,
le président Daniel Ortega et la vice-présidente
Rosario Murillo du Nicaragua et Monica Valente, secrétaire
exécutive du Forum de Sao Paulo.
Chers Nicolas, Daniel, Rosario et Monica,
Frères et soeurs des forces politiques
qui suivent cette visioconférence avec
intérêt,
Je suis accompagné du camarade
José Ramon Machado Ventura, deuxième
secrétaire du Comité central de notre Parti, et
du camarade Bruno Rodriguez, ministre des Relations
extérieures de la République de Cuba et membre de
notre Bureau politique.
Merci, Daniel, pour vos paroles ; merci,
Maduro, pour vos paroles, pour le livre et pour la belle
vidéo sur Chavez.
Il y a trente ans, les prophètes du
désespoir, les enthousiastes du marché, les
porte-paroles de la pensée unique ont voulu faire croire au
monde que l'Histoire était révolue.
Et nous sommes là, les
défenseurs insoumis de l'espoir et d'un autre monde
possible, célébrant les 30 ans d'une
étreinte qui fait déjà partie de
l'histoire.
Nous célébrons aujourd'hui
le 30e anniversaire du Forum de Sao Paulo, une idée
née du génie politique de Fidel et d'un
protagoniste exceptionnel de cet exploit unitaire : le
frère Lula, ancien président et leader de la
gauche brésilienne et latino-américaine.
Fidel Castro Ruz et Luiz Inacio Lula da Silva
Lorsque l'Union soviétique et le camp
socialiste en Europe de l'Est se sont
désintégrés et que leurs fossoyeurs
ont entrepris d'enterrer les idées de liberté de
la gauche de ce côté du monde, la
création du Forum de Sao Paulo fut comme un coup
porté au navire qui semblait partir à la
dérive.
Les forces politiques révolutionnaires,
progressistes et démocratiques d'Amérique latine
et des Caraïbes ont convergé dans cet espace
d'accord légitime et de construction de l'unité
de la gauche pour l'émancipation et l'intégration
de nos peuples contre la doctrine Monroe et ses alliés sur
le continent.
La marche de l'Histoire n'a pas pu être
interrompue. Les idéaux socialistes ont
été ravivés dans l'«
arrière-cour » de l'empire avec leur
propre personnalité et leur propre force. Aujourd'hui, il
est juste de reconnaître le travail du camarade Lula et des
dirigeants du Parti des travailleurs du Brésil à
la tête du Secrétariat exécutif du
Forum de Sao Paulo.
Cette célébration nous
permet également de remercier le Forum de Sao Paulo pour son
soutien permanent au peuple cubain et surtout pour la campagne de
solidarité en faveur de la levée du blocus
exercé contre Cuba qu'il a menée cette
année.
Cette rencontre virtuelle coïncide avec
le 66e anniversaire de la naissance d'un ami cher de Cuba que
Fidel a décrit comme le meilleur ami de Cuba et de tous les
peuples qui luttent : le commandant Hugo Rafael Chavez Frias
qui, au Forum de Sao Paulo en 2012, nous a invités
à poser « sans crainte la pierre angulaire de la
libération de l'Amérique du Sud, de
l'Amérique latine, des Caraïbes et du
monde ».
L'exemple invincible de Chavez nous invite
désormais à poursuivre la lutte, avec
fermeté et optimisme, convaincus qu'il n'y a pas
d'obstacles, aussi difficiles qu'ils puissent paraître, que
nos peuples, unis, ne puissent surmonter, comme le prouvent aujourd'hui
le Venezuela, le Nicaragua et Cuba.
« Des médecins et non des
bombes », s'est exclamé un jour Fidel,
répondant à la ridicule prétention
impériale de soumettre les peuples par des guerres et des
menaces d'intervention contre 60 ou plus « coins
sombres du monde ».
Et nous assistons aujourd'hui à la
confirmation de ses paroles, au milieu du drame humain le plus complexe
de la planète en temps réel.
Même les armes les plus puissantes et
les plus sophistiquées n'ont pas réussi
à enrayer la nouvelle pandémie de coronavirus. Au
contraire, l'essence réelle et antihumaine du capital est
devenue plus visible et plus terrifiante, avec l'exaltation du
marché et son essor incontrôlé sous les
règles impitoyables du
néolibéralisme : des gouvernements qui
assistent impuissants à l'effondrement de leur
système de santé, incapables de sauver des
millions de vies, même celles que l'on croyait hors de danger
dans le puissant, agité et brutal empire du Nord qui nous
méprise.
La région des Amériques est
aujourd'hui le triste épicentre de la pandémie.
Les politiques néolibérales de nombreux
gouvernements qui s'attachent à sauver le marché
au détriment de la vie humaine rendent impossible de
prévoir le moment où le contrôle
définitif de la maladie sera possible. La propagation du
virus est un fait, si l'on sait que le premier million de cas a
mis 96 jours pour arriver, et le dernier
seulement 16. Les paradigmes néolibéraux
sont tombés dans le discrédit absolu. Que cela
plaise ou non à leurs fidèles partisans,
l'histoire de leur expérience économique est sur
le point de se terminer ou l'existence humaine sera encore plus
compromise.
Face à l'urgence incontestable que
représente la pandémie pour tous, le gouvernement
des États-Unis n'a pas renoncé à ses
plans hégémoniques pour la région, il
a relancé la doctrine Monroe et le maccarthysme, il a
intensifié l'ingérence ainsi que la menace du
recours à la force et la promotion de la judiciarisation de
la politique contre les dirigeants et les organisations de gauche et
progressistes.
Alors que des milliers de personnes meurent chaque
jour sur le territoire de l'empire, les locataires actuels de la
Maison-Blanche exercent une pression permanente sur les gouvernements
qui ne leur sont pas subordonnés et ils sont soutenus par
les laquais régionaux qui agissent dans leur
intérêt.
Dans ce scénario ignoble se distinguent
les actions d'ingérence et les violations du Droit
international que l'impérialisme commet contre la
République bolivarienne du Venezuela. Nous les condamnons et
les rejetons avec la même véhémence
avec laquelle nous ratifions notre solidarité avec notre
frère le président légitime Nicolas
Maduro Moros et l'Union civico-militaire qui défendent la
souveraineté de leur pays.
Nous réaffirmons également
notre solidarité avec le gouvernement et le peuple
sandiniste, dirigé par le commandant Daniel Ortega, et
rejetons les mesures coercitives unilatérales qui menacent
la paix, le bien-être, la justice et le
développement du peuple nicaraguayen.
Nous ratifions, une fois de plus, notre
attachement le plus strict à la Proclamation de
l'Amérique latine et des Caraïbes comme Zone de
paix, signée par les chefs d'État et de
gouvernement d'Amérique latine et des Caraïbes en
janvier 2014 à La Havane, et
réitérons notre engagement
indéfectible en faveur de l'éradication du
colonialisme jusqu'à ce que la dette envers les peuples
vivant encore sous le statut colonial soit acquittée.
Chers frères,
Je parle au nom de la Cuba souveraine,
révolutionnaire et solidaire qui ne se laissera jamais
soumettre ni par la séduction ni par la force : la
patrie de Marti, Fidel et Raul.
Je parle au nom d'un peuple
héroïque et noble qui, il y a 60 ans, a
résisté au plus cruel et génocidaire
des blocus, un siège économique, commercial et
financier qui nous est imposé par la plus grande puissance
mondiale et qui s'est intensifié en plein milieu de la lutte
contre la pandémie, avec une traque implacable et
écoeurante qui n'a pas renoncé au plan de nous
rendre par la faim et les pénuries.
Sous la direction du Parti, le gouvernement de
notre petite nation soumise à un blocus, avec les
organisations politiques, de masse et sociales et son peuple, a
contrôlé et est en train de vaincre, sans
excès de confiance, la COVID-19.
Cette victoire qui inclut notre engagement
à la rendre durable dans le temps est le fruit de la
volonté d'un État socialiste qui place
l'être humain au centre de ses politiques, avec un
système de santé gratuit et universel, et
l'intelligence concertée et dévouée
des professionnels et des travailleurs de la santé, des
sciences, et des industries biotechnologie et pharmaceutique.
Après plus de quatre mois de lutte
active contre la pandémie, nous déplorons
à Cuba la perte de 87 vies pour cette cause, mais
nous sommes réconfortés et encouragés
par le fait qu'aucun enfant, aucune femme enceinte, aucun
médecin et aucun travailleur de la santé n'est
décédé.
Des succès incontestables ont
été obtenus grâce à l'action
coordonnée de notre système de santé
et du réseau d'institutions scientifiques du pays, en
intégrant l'expérience accumulée
pendant 60 ans de science et de médecine
révolutionnaires aux mesures adoptées par le
gouvernement.
Pour l'étape post-COVID-19, nous avons
approuvé une stratégie qui devrait nous permettre
de revenir progressivement, pas à pas et de
manière asymétrique, à la nouvelle
normalité des activités productives et sociales.
Le Bureau politique du Parti, lors d'une
réunion présidée par son premier
secrétaire, le général
d'armée Raul Castro Ruz, a approuvé la
stratégie économique pour faire face aux effets
négatifs de la pandémie, nous relever et
atteindre des niveaux adéquats de développement
et de bien-être de tout notre peuple, sans abandonner aucun
citoyen à son sort.
Comme je l'ai souligné
récemment, ces résultats semblent avoir mis nos
adversaires très mal à l'aise.
L'agressivité du gouvernement des États-Unis
à l'égard de l'Île s'accroît,
tout comme ses plans de subversion politique et idéologique,
avec des actions visant à discréditer les
dirigeants cubains et le travail de notre gouvernement,
parallèlement aux tentatives permanentes de créer
une explosion sociale et de promouvoir des tendances oppositionnelles
au sein de nos institutions.
Nous sommes aux prises avec des plans
très bien conçus et lourdement
financés pour agir avec une férocité
et une impunité sans précédent sur les
multiples plateformes qui composent la scène
médiatique contemporaine complexe. Nous ne sommes pas
surpris. Les stratégies de manipulation, de distorsion de la
réalité et de tromperie qui sont
utilisées quotidiennement pour confondre et
démobiliser les combattants sociaux et les habitants de
notre région ne sont pas différentes.
Mais nous sommes un peuple de la trempe de Fidel
qui a éliminé très tôt le
mot « reddition » de son dictionnaire
politique.
Nous connaissons et affrontons l'ennemi
déclaré et agressif sans nous dévier
de nos priorités politiques et sociales, sans nous
éloigner d'un millimètre de la vocation de
solidarité, cultivée par Fidel et la
Révolution, avec l'aide d'autres peuples frères
qui, comme l'a affirmé le Che, réclament le
soutien de nos modestes efforts.
Quarante-cinq brigades Henry Reeve
spécialisées dans la lutte contre les
catastrophes et les grandes épidémies travaillent
aujourd'hui dans 38 pays et territoires,
avec 3 772 membres – dont 2 399
femmes – qui
ont traité plus de 250 000 patients dans
le cadre de la lutte contre la COVID-19 et sauvé plus
de 8 000 vies. En outre, 28 000
coopérants de la santé dans 58 pays se
sont joints aux efforts nationaux et locaux pour lutter contre la
maladie, prenant en charge plus de 83 268 patients
atteints de COVID-19 et sauvant 13 636 vies
à ce jour.
L'altruisme de nos professionnels de la
santé dérange l'empire qui, au lieu de s'occuper
de la grave situation de ses citoyens infectés,
déclenche une campagne de discrédit contre la
coopération médicale cubaine.
Cette guerre inutile ne pourra pas
détruire ou plonger dans l'oubli l'oeuvre humaine en faveur
de la vie accomplie par nos professionnels et qui suscite l'admiration
et le respect de millions de personnes reconnaissantes dans le monde
entier. C'est pourquoi tant de personnes sur la planète
encouragent le mouvement en faveur de l'attribution du prix Nobel de la
paix au Contingent Henry Reeve.
Dans cette bataille, il convient de souligner la
collaboration fraternelle entre la Révolution bolivarienne
du Venezuela, la Révolution sandiniste du Nicaragua et la
Révolution cubaine, trois révolutions dont les
gouvernements se consacrent entièrement à sauver
des vies et à assurer le bien-être de leur peuple
respectif ; trois révolutions qui, face
à l'assaut brutal de l'empire et de la droite
néolibérale alliée au continent, ont
su se défendre avec intégration et
fermeté et préserver, dans des conditions
très difficiles, l'indépendance, la
souveraineté et la dignité de la patrie de
Bolivar et Chavez, de Sandino et Carlos Fonseca, de Marti et de Fidel.
Cette expérience confirme que seules la
coopération et la solidarité internationales
permettront de sauver l'humanité de cette crise sans
précédent dans l'histoire du monde.
La préface du « Consensus de
notre Amérique », un document issu de
l'expérience de lutte du Forum de Sao Paulo, est
dédiée au leader de la Révolution
cubaine et souligne : « Parmi les incommensurables
exemples que Fidel a laissés en héritage aux
révolutionnaires d'Amérique latine et des
Caraïbes, deux exemples se distinguent qui se sont
avérés décisifs dans les luttes de nos
peuples, de nos partis et de nos mouvements. Ce sont l'unité
et un internationalisme conséquent. »
Fidèle à son
héritage et face à la
réalité difficile que nous vivons, le peuple
cubain continue à construire un socialisme
prospère et durable avec comme prémisse, comme
l'a souligné le général
d'armée Raul Castro Ruz : «
L'enseignement permanent de Fidel est que oui, c'est possible, que
l'Homme est capable de surmonter les conditions les plus difficiles
s'il ne perd pas sa volonté de gagner, s'il fait une
évaluation correcte de chaque situation et s'il ne renonce
pas à ses principes justes et nobles. »
Chers frères,
Depuis Cuba, nous continuerons sur la voie de
l'indépendance et de la souveraineté, avec le
peuple comme principal protagoniste. Aucune pandémie, aucun
blocus, aucune pression impériale ne nous feront changer de
cap.
Nous appelons les forces politiques qui composent
le Forum de Sao Paulo à se mobiliser ensemble pour faire
face aux nouveaux défis, avec les mouvements sociaux et
populaires et les intellectuels de gauche.
L'indépendance réelle et
définitive de Notre Amérique dépend du
caractère, de la force et de la raison de nos luttes
actuelles.
Nous continuerons, avec le Forum de Sao Paulo,
à contribuer à l'unité et à
l'intégration de l'Amérique latine et des
Caraïbes.
Les peuples font l'histoire, même si
d'autres l'écrivent. Aucun empire ne peut
décréter sa fin alors qu'il reste encore des
chaînes à briser, des murs à abattre,
des exclusions et des abus à combattre.
Pour la vie et l'indépendance de notre
peuple ; pour l'héritage de nos fondateurs qui nous
ont appris que même dans les conditions les plus difficiles,
ce fut toujours possible, c'est toujours possible et ce sera toujours
possible ; pour les nouvelles
générations qui ont suivi, comme l'a
expliqué Maduro ; pour l'unité
anti-impérialiste qui est la tactique et la
stratégie de la victoire : Nous lutterons, nous
vivrons et nous vaincrons ! (Applaudissements)
(Granma, 30
juillet 2020)
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 49 - 1er
août 2020
Lien de l'article:
L'unité anti-impérialiste est la tactique et la stratégie de la victoire - Le président
cubain Miguel Diaz-Canel
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