Les monuments officiels en
hommage aux racistes, nazis et fascistes
Les Canadiens s'opposent aux monuments
commémoratifs nazis
- Dougal MacDonald -
Le 6 juillet, des inconnus ont peint «
Le communisme va gagner » et trois symboles de la
faucille et
du marteau sur une clôture du chantier du «
Monument aux victimes du communisme » à Ottawa.
Plusieurs réactionnaires ont hurlé que les mots
écrits à la peinture aérosol
était un crime haineux, ce qui est ridicule et une
piètre tentative de cacher le fait que c'est le
monument
lui-même qui est le crime haineux. En fait,
celui-ci est
basé sur la définition hitlérienne du
communisme qui comme ennemi principal de
l'humanité doit
être anéanti. Ainsi, s'il est censé
rendre hommage aux prétendues victimes du
communisme, le
monument est en fait un monument honorant les
nazis et les fascistes
qui ont combattu les communistes, les mêmes
communistes qui
ont conduit à la libération du monde contre les
hitlériens et leurs alliés et qui ont fait de
nombreuses autres contributions indélébiles
à un monde meilleur.
Aux alentours du 21 juin, lors d'un incident
similaire, les mots « monument de la guerre nazi »
ont été écrits à la
peinture aérosol sur un cénotaphe
situé dans le cimetière ukrainien St-Volodymyr
à Oakville, commémorant les soldats de la 14e
division de la Waffen SS. (Il y a aussi une statue
dédiée à la 14e division la Waffen SS
dans un cimetière d'Edmonton.) Le tribunal
militaire de
Nuremberg à la conclusion de la Deuxième Guerre
mondiale a déclaré la Waffen-SS, qui
était sous le commandement direct de Heinrich
Himmler, une
organisation criminelle. Cependant, en 1950, à la
demande de
la Grande-Bretagne, le Canada laissait encore
entrer près de
2 000 membres de cette organisation comme
immigrants, sans
égard à leurs sinistres
antécédents. En 1985, une commission
d'enquête sur les criminels de guerre au Canada a
été lancée par le gouvernement
Mulroney. Finalement, la conclusion ridicule de
l'enquête de
la Commission Deschênes a été qu'aucun
criminel de guerre n'a été poursuivi avec
succès, même si plusieurs d'entre eux pouvaient en
fait être identifiés par leur nom.
La police
régionale d'Oakville a d'abord déclaré
que la peinture en aérosol du 21 juin du
cénotaphe était un « crime haineux
», mais a dû s'excuser lorsqu'elle a
été interrogée par des
défenseurs des droits humains qui demandaient
comment
l'opposition au nazisme pouvait être
considérée comme un crime haineux. Sur Twitter,
le chef de la police locale a approuvé un message
appelant
au retrait du monument. Le maire d'Oakville, Rob
Burton, a
déclaré : « Personnellement, cela me
répugne, car j'ai des membres de ma famille qui
sont morts
en combattant les nazis. Si les lois ontariennes
m'autorisaient
à le faire retirer, il aurait disparu il y a 14
ans.
» Le Guardian, dans un article du 17
juillet sur le cénotaphe d'Oakville, note des
liens clairs
entre la Waffen SS et les crimes de guerre : « La
14e
division était composée de nationalistes
ukrainiens qui ont rejoint les nazis pendant la
Deuxième
Guerre mondiale. On pense que des membres de cette
division ont
assassiné des femmes et des enfants polonais,
ainsi que des
Juifs. » De nombreux chercheurs valident ces
affirmations[1].
Deux autres
statues se trouvent à Edmonton commémorant les
Ukrainiens qui ont combattu avec les forces de
l'Allemagne nazie. L'une
d'elles, financée en partie par les contribuables
canadiens,
est celle du collaborateur nazi Roman
Choukhevytch,
érigée au milieu des années 1970. Les
9 et 10 décembre 2019, des inconnus ont écrit
à la peinture aérosol « racaille nazie
» sur le buste de Roman Choukhevytch. Auparavant,
le 15
novembre 2019, Daniel Moser avait fourni des faits
importants sur Roman
Choukhevytch dans l'Alberta Jewish News :
« Après la fin de son association formelle avec
l'Allemagne nazie, Roman Choukhevytch a continué
de
commettre des meurtres de nature antisémite. En
1943,
déclarant son indépendance tout en maintenant son
allégeance à l'Allemagne nazie, Roman
Choukhevytch a été le commandant
suprême de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne
(UPA) nouvellement créée dont la
première priorité était de
créer un pays ukrainien homogène sur le plan
ethnique. L'UPA est responsable du massacre de 60
000 à 100
000 personnes d'origine polonaise, de
milliers de juifs et
bien d'autres. » Ceux qui veulent falsifier
l'histoire et
blanchir leurs propres crimes nient évidemment
tout cela et
insistent pour faire de Roman Choukhevytch un
héros qui a
combattu pour la liberté.
Un autre incident antérieur important
et connexe a été la
révélation en mars 2017 du fait que le
grand-père de la vice-première ministre du
Canada, Chrystia Freeland, Michael Chomiak, était
un
collaborateur et propagandiste nazi en Pologne
occupée
durant la guerre de 1940 à 1945. Beaucoup de
choses peuvent
être dites à ce sujet[2], mais notons
ici
que Chrystia Freeland a dissimulé le fait qu'il
était un collaborateur et qu'elle l'appelle
toujours un
« combattant de la liberté ».
Interrogée à ce sujet, elle a choisi de
détourner l'attention et a plutôt
blâmé les Russes pour avoir
prétendument répandu de fausses nouvelles durant
la campagne électorale pour faire dérailler la
démocratie canadienne. Encore plus
dégoûtant, c'était de voir une cabale
de journalistes, de professeurs et d'experts de
toutes sortes se porter
à sa défense. On a voulu éviter
à tout prix que les Canadiens se mettent à
questionner les positions du gouvernement libéral
de
Chrystia Freeland : défendent-il l'idéal de
démocratie que les Canadiens chérissent ? Est-ce
la démocratie pour laquelle ils ont versé leur
sang en combattant les nazis et leurs
collaborateurs pendant la
Deuxième Guerre mondiale ?
Le projet du monument commémoratif aux
« victimes du communisme » à Ottawa, que
les libéraux sont tellement pressés de terminer,
a été proposé pour la
première fois au gouvernement Harper en 2008
après que Jason Kenney, alors secrétaire
d'État au Multiculturalisme et maintenant premier
ministre
de l'Alberta, a été approché par
l'ambassadeur de la République tchèque, Pavel
Vosalik. Ce n'est pas par hasard qu'en 2009 la
Chambre des communes du
Canada a adopté à l'unanimité une
résolution désignant le 23 août comme
la Journée nationale de commémoration des
victimes du communisme et du nazisme. Il convient
également
de noter que les États-Unis ont terminé en 2007
la construction de leur propre monument
anticommuniste,
inauguré par le criminel de guerre George W. Bush.
En raison
de l'opposition continue des gens de partout au
Canada, la construction
du monument commémoratif à Ottawa a
été retardée à plusieurs
reprises, la taille du monument a dû être
réduite et l'emplacement a été
contesté. Suite à la défaite de Harper
en 2015, le gouvernement Trudeau a relancé le
projet et le
design a été choisi en juin 2018. Le monument est
actuellement en construction dans l'atelier de
l'architecte et sera
installé au Jardin des provinces et territoires
une fois
terminé.
Le groupe douteux à l'origine du
monument s'appelle Tribute to Liberty (TTL -
Hommage à la
liberté), dont la trésorière et ex-présidente est
Alide Forstmanis,
aidée par son mari Talis. Les liens de TTL avec
les
collaborateurs lettons et leur haine des
communistes et des juifs sont
connus et vérifiables. Pendant l'occupation nazie
de la
Lettonie, le père de Talis Forstmanis, Fricis,
était rédacteur technique dans une maison
d'édition antisémite et anticommuniste
appelée Zelta abele et, comme le grand-père de
Freeland, Michael Chomiak, il a également
travaillé pour un journal nazi appelé Tevija
(Patrie). Tevitja était le seul journal
publié en Lettonie sous l,occupation nazie de
juillet 1941
à octobre 1944. La couverture du premier numéro
comprenait une photo d'Adolf Hitler avec la
mention : «
Désormais, la Lettonie est libérée des
communistes et des juifs ». Les numéros suivants
comportaient de la propagande antisémite,
antisoviétique et anticommuniste et des citations
d'Hitler
et de Goebbels. Aujourd'hui, Talis Forstmanis est
trésorier
de la branche canadienne de Daugavas Vanagi, une
organisation
fondée par et pour les vétérans
lettons des Waffen-SS qui ont combattu pour
l'Allemagne nazie et se
sont enfuis vers des régions de l'Allemagne nazie
contrôlées plus tard par les
États-Unis. La Lettonie est maintenant un foyer de
résurgence néonazie en Europe.
TTL a d'abord tenté de recueillir des
fonds auprès du public canadien pour financer son
honteux
projet commémoratif, mais ce fut un échec total
en raison de l'opposition de Canadiens de tous les
horizons. Toute la
campagne de financement a été un échec
lamentable, bien que ses partisans aient prétendu
que
« tous les Canadiens » sont pour le monument.
Donc,
en définitive, le projet était si «
populaire » que TTL a dû finalement opter pour un
financement de l'État. Le coût du monument
commémoratif prévu par le gouvernement Harper
était initialement de plus de 5 millions de
dollars, puis
ramené à 3 millions de dollars en 2015. Le
gouvernement Trudeau a réduit davantage le coût et
remis 1,5 million de dollars au projet privé, en
plus de 500
000 dollars « pour la conception ». TTL demande
toujours des dons sur son site Web. Le design
final du monument est le
résultat d'un concours entre cinq architectes qui
s'est
terminé en juin 2018 avec la sélection d'un
groupe dirigé par l'architecte torontois Paul
Raff.
Il est important de se poser la question
suivante
: qui sont les soi-disant victimes du communisme à
qui le
monument au Canada est censé rendre hommage ?
Incluent-elles
tous ces soi-disant nationalistes et « combattants
de la
liberté » qui ont activement collaboré
avec les nazis dans les pays occupés pour lutter
contre
l'Union soviétique et qui ont massacré des civils
dans ces pays pendant la guerre antifasciste ?
Incluent-elles Hitler,
Goebbels, Himmler et leurs sbires qui ont tué plus
de 50
millions de personnes au nom de la lutte contre la
«
conspiration judéo-bolchevique » pour finalement
être vaincus de façon décisive sur le
champ de bataille par l'Union soviétique, la
résistance communiste et les peuples des pays
occupés ? Ou l'identité des victimes
restera-t-elle vague et se contentera-t-on de
citer le nombre fictif
qui ne finit pas de grossir dans les tirades de
Donald Trump, Boris
Johnson et de leurs semblables ?
Le monument aux « victimes du
communisme » proposé pour le Canada s'inspire de
celui déjà construit aux États-Unis.
Il fait partie de la campagne en cours en Europe
et en
Amérique du Nord pour falsifier l'histoire,
bloquer la voie
au progrès de la société,
empêcher le renouveau démocratique et dissimuler
et poursuivre les crimes de l'impérialisme
anglo-américain contre la classe ouvrière et les
peuples du monde. Il ne s'agit pas simplement
d'une tentative de
construire un monument commémoratif unique, c'est
une
campagne organisée pour renverser le verdict des
peuples qui
ont condamné il y a longtemps le nazisme, le
fascisme et le
militarisme et les ont relégués à la
poubelle de l'histoire. S'il faut un monument au
Canada, il doit
être à la mémoire des millions de
personnes dans le monde victimes de la démocratie
de la
guerre froide, massacrées par ceux qui ont usurpé
le pouvoir pour protéger et promouvoir leurs
intérêts antipeuple. Il n'est certainement pas
dans l'intérêt des Canadiens ou des peuples du
monde d'avoir des monuments consacrés aux
prétendues « victimes du communisme »
cyniquement conçus pour dissimuler une tentative
revancharde
et ignoble de réhabiliter les ennemis
déclarés des peuples.
Notes
1. Voir
Littman, Sol, Pure Soldiers or Sinister Legion,
Black Rose, Toronto, 2003
2. Voir
le LML
du 18 mars 2017 consacré
à ce sujet
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 49 - 1er
août 2020
Lien de l'article:
Les
monuments officiels en
hommage aux racistes, nazis et fascistes: Les
Canadiens s'opposent aux monuments commémoratifs
nazis - Dougal MacDonald
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