Les grandes banques empochent des frais de gestion élevés des programmes américains et canadiens de lutte contre la pandémie
Le paiement de
frais par les gouvernements à des banques privées
pour administrer des programmes publics qui
servent des objectifs antisociaux privés, tout
comme dans le scandale de l'organisme de charité
UNIS et plus généralement avec l'utilisation de
fonds publics dans des stratagèmes pour payer les
riches, est un autre exemple de la prise de
contrôle des gouvernements par des intérêts privés
pour s'enrichir, eux et leurs entreprises privées.
Les ressources gouvernementales sont utilisées
pour soutenir les entreprises privées au lieu
d'investir dans des entreprises publiques pour le
bien-être, la stabilité et la sécurité de tous. Le
Canada et les États-Unis ont besoin d'une nouvelle
direction prosociale comprenant des banques
publiques sous le contrôle du peuple et tenues de
rendre compte de leurs actes.
Dans la crise actuelle, les gouvernements paient
des frais importants aux grandes banques pour
qu'elles administrent la distribution des fonds
publics liés aux mesures de lutte contre la
pandémie à des entreprises privées. Pour les
banques, les frais sont une bénédiction puisque
leurs revenus d'investissements ont diminué avec
l'augmentation des faillites et des mauvaises
créances, en particulier parmi les petites
entreprises. Outre les importants profits qu'elles
encaissent, ces frais d'administration facturés
aux gouvernements permettent aux banques privées
de payer leurs dépenses courantes, comme le loyer,
l'électricité, etc., de conserver leur personnel
et de poursuivre leurs activités privées. Ces
subventions aux entreprises privées et les frais
facturés par les banques privées sont devenus des
pratiques normales pour soutenir un système
économique qui a fait son temps et a besoin d'une
nouvelle direction.
Jusqu'à 24,6 milliards de dollars payés en
frais jusqu'à présent
De nombreuses institutions financières
canadiennes exercent leurs activités dans
l'ensemble des États-Unis des oligopoles
d'Amérique du Nord. Quatre des plus grandes
banques canadiennes profitent des frais facturés
aux gouvernements américain et canadien pour
administrer les subventions que l'État distribue
aux entreprises privées comme mesures de pandémie.
Le gouvernement américain a embauché les services
de filiales de banques canadiennes, entre autres,
pour administrer les prêts publics dans le cadre
du programme d'aide aux petites entreprises appelé
Paycheck Protection Program (PPP).
Le PPP est habilité à accorder 660 milliards
de dollars de prêts à des entreprises privées.
Plutôt que de confier le travail à un service
public, qui comprendrait des banques publiques, le
gouvernement américain verse aux grandes banques
privées des frais pouvant atteindre 5 %
du montant des prêts administrés sur une période
de deux à trois ans. Les banques américaines et
canadiennes ont collectivement administré 520
milliards de dollars de prêts dans le cadre du PPP
jusqu'à présent et facturé des frais aux
gouvernements en conséquence.
La Banque Toronto-Dominion a été la banque
canadienne la plus active. Sa filiale américaine,
TD Bank, a déjà accumulé cette année des frais de
traitement de 238 à 398 millions de
dollars jusqu'à présent. Les frais ne sont que des
estimations, car ils n'ont pas encore été
entièrement reconnus ou rendus publics. La Banque
TD a administré des prêts PPP d'une valeur d'au
moins 8,2 milliards de dollars et
jusqu'à 12,1 milliards de dollars par
l'intermédiaire de son vaste réseau de services
bancaires de détail dans l'est des États-Unis.
BMO Harris Bank, filiale de la Banque de
Montréal, a perçu entre 91 millions de
dollars et 175 millions de dollars en honoraires.
On estime que la City National Bank, propriété
exclusive de la Banque Royale du Canada, a
encaissé entre 89 et 177 millions de
dollars de frais.
CIBC Bank USA, la filiale américaine de la Banque
canadienne impériale de commerce, a perçu
de 29 millions de dollars à 64 millions
de dollars en frais.
Lorsque les fonds PPP sont décaissés aux
entreprises, les banques reçoivent des frais de
traitement de 5 % pour les prêts
inférieurs à 350 000 dollars,
de 3 % pour les prêts de 350 000
à 2 millions de dollars et de 1 %
pour les prêts de plus de 2 millions de
dollars. Les estimés des frais sont basés sur une
évaluation de l'étendue des prêts PPP puisque les
données du gouvernement américain ne donnent que
les montants exacts pour les prêts de moins
de 150 000 dollars.
Le montant des
frais payés aux grandes banques américaines qui
distribuent des fonds dans le cadre du PPP est
estimé à ce jour entre 14,3 milliards de dollars
et 24,6 milliards de dollars. Ces milliards
de dollars de frais ont suscité des critiques,
notamment pour ce qui est des trois plus grandes
banques américaines –
JPMorgan Chase & Co., Bank of America Corp. et
Wells Fargo –, bien que la TD
Bank ne soit pas loin derrière pour ce qui est du
montant perçu.
Les banques privées soutiennent qu'elles ont
besoin de facturer des frais importants pour
couvrir leurs frais d'administration et le
porte-parole de la Banque de Montréal, Paul
Gammal, va jusqu'à dire, avec le plus grand
sérieux, que les banques ont besoin de cet argent
« pour aider à soutenir nos dons de charité qui
ont augmenté et notre engagement continu envers
les entreprises appartenant à des minorités et les
quartiers mal desservis ». La multiplication
des oeuvres de bienfaisance est devenue une
poursuite intéressée et moralisatrice de
l'oligarchie impérialiste. Elle prêche l'évangile
de la philanthropie en utilisant sa propre
richesse privée et le contrôle de la richesse
collective du peuple pour supplanter les
programmes sociaux et services publics gérés par
le gouvernement. Les organismes de bienfaisance
sont à la fois une forme et une idéologie
utilisées pour bloquer toute tendance au contrôle
du peuple sur l'économie et toute revendication
d'une nouvelle direction prosociale pour arrêter
de payer les riches et augmenter les
investissements dans les programmes sociaux, les
services publics et les entreprises publiques sous
le contrôle des travailleurs.
Les frais facturés au gouvernement canadien
Au Canada, le total des frais versés jusqu'à
présent aux banques privées et aux coopératives de
crédit administrant le Compte d'urgence pour les
entreprises canadiennes (CUEC) est estimé
à 110 millions de dollars. À ce jour, le
gouvernement, par l'intermédiaire du CUEC, a
accordé des prêts d'une valeur de 27,6
milliards de dollars à des milliers d'entreprises
privées. Le CUEC permet aux entreprises
d'emprunter jusqu'à 40 000 $ sans
intérêt jusqu'à la fin de 2022, le quart à
remboursement conditionnel. Les banques reçoivent
0,4 % du solde impayé de chaque prêt par an.
Ce que les banques privées reçoivent en frais
d'administration pour les programmes publics leur
sert à soutenir leurs entreprises privées et leur
contrôle de l'économie.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 47 - 25 juillet 2020
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